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  • Non au racisme. Tout qui nous divise, nous affaiblit

    Aux élections du 10 juin, le Vlaams Belang n’a pas réussi à continuer sa progression. À Bruxelles, Anvers, Gand et Malines, il a même reculé. Du côté francophone, le Front National, lui aussi, stagne et chute même par rapport aux régionales de 2004. Au même moment, le Front National de Jean-Marie Le Pen a fortement chuté lors des élections législatives françaises pour se retrouver avec à peine 4% des suffrages. La lutte contre l’extrême-droite et le racisme est-elle finie ? La campagne antifasciste Blokbuster n’est pas de cet avis.

    Aux élections communales d’octobre 2006, le Vlaams Belang ne s’est développé que de façon limitée à Anvers (33,5% tout de même… !). Nombreux sont ceux à avoir espéré alors qu’il s’agissait là du début de l’effritement du VB. Cette fois, Dewinter & C° n’ont que peu progressé: 19% en Flandre contre 18% en 2003 et 24% en 2004, en perdant même un siège à la Chambre à Anvers. Du côté francophone, le FN est resté stable à un petit 6%, sans aucune croissance.

    Ces résultats électoraux ne sont hélas pas révélateurs d’une moindre ouverture dans la société aux idées et aux arguments racistes. Cela ne signifie pas non plus que le VB s’est heurté à son “plafond”. Durant ces élections, les arguments du VB ont été repris par d’autres alors que sa propre campagne était « douce ». Dans les faits, c’est la moindre démarcation du VB vis-à-vis des autres partis qui a limité sa croissance.

    Une menace persistante

    Début juin, un jeune Marocain s’est fait tirer dessus à Lokeren. Un peu tard, les médias ont accordé beaucoup d’attention au chien d’un employeur qui grognait systématiquement sur les gens de couleurs, sans que ce patron en soit choqué. Un Noir avait d’ailleurs été refusé dans l’entreprise sur cette base. Autre affaire qui a rempli les colonnes des journaux, cette entreprise de sécurité qui refusait d’embaucher des immigrés et qui avait conclu un accord avec un sollicitant rejeté pour éviter plus de publicité négative.

    En d’autres mots, le racisme est toujours présent et la politique de division menée par la bourgeoisie et ses politiciens n’améliore rien. D’un côté, les patrons disent qu’il y a pénurie de travailleurs, ce qui leur permet de réclamer un accès plus facile à des travailleurs étrangers – évidemment meilleur marché. De l’autre côté, la répression contre les étrangers continue, de même que l’exploitation par les marchands de sommeil, l’obligation de se tourner vers le travail en noir,… Quand la presse a annoncé que dans les filiales anversoises de Quick des sans-papiers travaillaient pour 3,3 EUR de l’heure, était-ce vraiment une surprise ?

    A côté de la présence de préjugés racistes qui n’existent pas qu’au Vlaams Belang, l’extrême-droite profite du rejet du système et de la recherche d’alternative parmi de larges couches d’électeurs. L’aversion envers les partis traditionnels reste grande, ce qui offre toujours à l’extrême-droite la possibilité de revenir et de casser ses prétendus “plafonds” électoraux.

    Où est l’alternative ?

    Le Vlaams Belang et le Front National peuvent-il être bloqués définitivement ? Le racisme peut-il être brisé ? OUI. Mais tant que la recherche d’alternative aux problèmes que rencontre la population reste limitée à des solutions individuelles, l’espace existe pour les arguments racistes. Il est toujours plus simple et plus « évident » de frapper vers le bas un grand nombre de victimes que de lutter vers le haut contre les responsables de la politique de casse sociale tant rejetée.

    C’est contre cette casse sociale, contre le démantèlement de nos acquis sociaux, qu’il est nécessaire de s’organiser, ensemble, au-delà des origines ethniques ou religieuses de chacun, et de construire une véritable alternative. C’est dans ce sens que la campagne Blokbuster soutient le Comité pour une Autre Politique (CAP) qui peut être un pas en avant vers la création d’un nouveau parti des travailleurs, qui aurait une importance cruciale pour les luttes de la population. C’est en renforçant la résistance active, en renforçant chaque mouvement de lutte, que la meilleure réponse peut être donnée au mécontentement passif qui conduit souvent à un vote d’extrême-droite. La véritable menace pour le VB, le FN et les autres forces populistes réside dans la construction d’un tel instrument aux mains des travailleurs.

  • La droite a-t-elle gagné sur le long terme ?

    Suite aux résultats des dernières élections en élections présidentielles en France, aux résultats des législatives belges,… certains parlent “d’un vent de droite qui souffle sur l’Europe”. La « droite décomplexée » est-elle l’avenir de l’Europe ? Y-a-t-il effectivement moins de place pour la solidarité ? Qu’expriment ces victoires de forces ouvertement de droite ?

    Peter Delsing

    La faillite de la social-démocratie

    En 1981, lorsqu’il a été élu président de la république française, Mitterand croyait encore que certaines activités économiques devaient être aux mains de la communauté. Il a ainsi nationalisé différentes banques et quelques groupes industriels. Son programme voulait plus s’en prendre aux grandes fortunes au profit des gens ordinaires.

    C’était un programme classique du réformisme: l’idée que les services publics, dans une certaine mesure, doivent protéger et être élargis, que l’élite riche doit être plus imposée en faveur de la majorité,… bref, que des acquis durables peuvent être obtenus sans changer directement de système.

    La crise du capitalisme depuis 1974-75 a cependant instauré une pression pour une politique de casse sociale, pression renforcée par la chute du Mur en 1989. La social-démocratie dans l’Europe entière alors pris un sérieux coup de barre à droite. Les réformes sociales de la période d’après-guerre sont alors devenues des « contre-réformes » asociales à la sauce moderne. La chute du stalinisme, caricature totalitaire du véritable socialisme, a été utilisée abusivement pour une offensive sournoise de la bourgeoisie.

    Une politique néo-libérale peut-elle être de “gauche”?

    Les anciens “partis de gauche” se sont de plus en plus compromis dans des gouvernements de casse sociale, néo-libéraux. Logique adoptée : même en cas de stagnation de la croissance économique, les bénéfices doivent continuer à augmenter. Les salaires en font les frais, tout comme les dépenses sociales (retraites, allocations), tandis que La Poste, les télécommunications, l’électricité… doivent être soldées au privé. La pauvreté et l’insécurité face à l’avenir augmentent fatalement.

    Pire encore, SPa et PS (dans une moindre mesure) n’ont pas seulement accepté la casse sociale, ils en ont été le fer de lance pour nombre de privatisations, pour le “suivi” – lire: la chasse – des chômeurs, pour la suppression du droit à la prépension, pour l’enseignement élitiste, … tout en présentant ces mesures comme « progressites » et même « sociales » ! Les travailleurs et les syndicats sont d’un coup devenus « conservateurs ». Différents médias ont même présenté la coalition violette comme « le gouvernement le plus à gauche ».

    Quand une telle confusion règne sur ce qu’est la droite et la gauche, quand on constate quelle politique asociale a été portée par la « gauche » officielle – y compris les verts -… Comment la droite peut-elle être pire ?

    De plus, tous les partis qui ont gagné ces élections ont fait campagne bien plus sur le “changement” et l’opposition au gouvernement violet (ou au PS dans le cas du MR) que sur leur véritable programme économique. Est-ce vraiment révélateur d’un virage à droite dans les esprits ?

    “Gauche, droite, gauche, droite,…” La direction est la même !

    À défaut d’une alternative de masse pour les travailleurs, et avec la faillite du réformisme, aucune solution collective ne peut se répandre largement et par la force des choses, se sont les solutions individuelles qui se renforcent.

    C’est ce qui explique le score de Sarkozy en France aux présidentielles et qui s’est exprimé par le slogan « ceux qui travaillent plus doivent gagner plus », mêlé à des propos sécuritaires populistes. L’original – Sarkozy – a été plus attractif et crédible que la pâle copie de Ségolène Royal.

    Mais les travailleurs et les jeunes n’ont pas besoin de moins de sécurité sociale, mais de plus. Déjà au deuxième tour des élections législatives françaises, la vague bleue de l’UMP a relativement put être contenue suite à la proposition d’introduire une « TVA sociale » (une augmentation de la TVA pour financer les baisses de taxes pour les riches).

    Face à l’instabilité du système, la réalité rattapera les illusions.

  • Pendant ce temps, en Chine…

    On parle beaucoup de la Chine ces derniers temps. La presse relate régulièrement les voyages de nos « représentants » qui ont pris l’habitude d’aller y « vendre » notre pays dans l’espoir de conclure investissements et contrats juteux.

    Gilles

    Il est aussi fort souvent question ces dernières années de l’émergence d’une « classe moyenne » de cadres et de salariés du secteur privé dans la capitale et les grandes villes côtières et de l’opulence des nouveaux riches qui ont fait fortune grâce à « l’ouverture du pays » (la Chine compte aujourd’hui environ 250.000 millionnaires en $). L’exemple chinois est également fréquemment employé pour justifier les nombreux chantages à la délocalisation que nous devons subir, avec l’argument que les travailleurs chinois se contentent d’un salaire beaucoup plus bas, travaillent beaucoup plus longtemps et dans des conditions bien pires. Enfin, il reste ceux, de moins en moins nombreux il est vrai, qui pensent que la Chine reste un « modèle à suivre » et la preuve vivante du « triomphe socialiste ».

    Mais dans tous les cas, ce que la société et les médias actuels tendent à occulter, est le fait qu’un grand nombre de Chinois ne sont pas heureux de leur situation. Et qu’ils luttent, eux aussi, pour une vie meilleure, et depuis longtemps.

    Un pays d’injustices

    La petite récession du début de cette année a touché beaucoup de Chinois : plus de 100 millions de personnes possèdent actuellement des actions, nombre qui croit actuellement en moyenne de 1 million par semaine, puisque les gens espèrent ainsi faire fructifier leurs économies (la banque n’étant pas jugée assez fiable) alors que les prix continuent à monter (le prix du porc a par exemple augmenté de 30% l’an dernier).

    Dans les campagnes, le gouvernement vend des terres (d’Etat) à des entreprises étrangères, sans se soucier du fait que ces terres sont occupées par des villages établis là depuis des siècles. Les populations sont donc déplacées à coups d’opérations militaires. De telles «expropriations» ont également été employées pour « faire de la place » pour la construction du nouveau stade olympique à Pékin.

    Dans la foulée, le gouvernement a interdit la culture du riz dans la province de Pékin, sous prétexte qu’il fallait éviter toute coupure d’eau pendant les JO de 2008. Des chantiers préparant les JO ont été bloqués pendant plusieurs semaines par une occupation d’autoroute qui a eu lieu près d’une ville de la taille de Paris, avant que l’armée soit finalement appelée pour disperser les barrages.

    Ces luttes tendent à se développer avec les années. Le vent de réformes et de privatisations qui a soufflé sur la Chine au cours du dernier quart de siècle n’a pas été accompagné par une hausse significative du niveau de vie pour l’ensemble dela population. Une minorité s’est fortement enrichie, le niveau de vie des salariés des grandes villes a un peu progressé, celui des centaines de millions de paysans et des dizaines de millions de travailleurs migrants (qui ont quitté les campagnes dans l’espoir de trouver du travail dans les villes et qui s’entassent dans des bidonvilles en subsistant par le travail au noir) a stagné voire baissé.

    La répression policière est toujours aussi forte et il n’existe toujours aucune liberté démocratique. Les syndicats sont obligatoires dans toutes les entreprises, (y compris la multinationale américaine Walmart, qui n’a jamais autorisé de syndicats dans aucune de ses autres filiales !) mais ce sont des appareils de contrôle de l’Etat sur les travailleurs bien plus que de vrais syndicats.

    Au début de ce mois de juin 2007, 2.000 étudiants ont combattu la police dans les rues de Zhengzhou après que des policiers aient été observés en train de battre une étudiante qui se voyait contrainte de vendre des marchandises dans la rue (sans licence, évidemment) afin de financer ses études (en Chine, le minerval universitaire coûte plus de 1.000 dollars par an – bien plus que le salaire annuel d’un travailleur – conséquence de dix ans de « libéralisation » de l’enseignement). Qu’un « fait divers » de ce genre soit capable de mobiliser spontanément une telle foule révèle bien l’ampleur de la crise sociale qui se déroule en ce moment en Chine. Et ce n’est pas un cas isolé : il y a un an, dans la même ville, 10.000 étudiants s’étaient déjà révoltés et avaient dans la foulée détruit certains bureaux de l’université.

    En mai 2007, ce sont plus de 20.000 personnes qui ont manifesté à Xiamen contre le plan de construction d’une usine hautement polluante près de leur ville (les normes de sécurité demandent que les usines de ce type soient établi à 100 km de toute habitation !). Le pouvoir a tout fait pour empêcher la manifestation : les directeurs d’école ont menacé de virer les étudiants qui s’y rendraient, le Parti Communiste a déclaré qu’il punirait tous les participants et les rayerait de sa liste de membres, etc. La manif’ a quand même été un énorme succès, et ceci grâce à l’essor des nouvelles technologies de communication : plus d’un million de SMS de mobilisation ont été envoyés dans les deux mois précédant la manif !

    Pour empêcher de nouvelles manifestations, cette ville de 1,5 million d’habitants a été transformée en un véritable camp militaire. Cependant, le gouvernement a dû déclarer qu’il était « prêt à reconsidérer le projet ».

    Des mouvements de masse dans tout le pays

    Le régime chinois est en fait terrifié à l’idée que de tels mouvements, rendus publics notamment grâce à internet, se répandent dans tout le pays. Il a récemment avoué que, durant les 9 premiers mois de 2006, le pays a connu un nombre de 17.900 « incidents de masse », ce qui représente, il est vrai, une baisse de 22% par rapport à 2005. Au moment même où avait lieu la manifestation de Xiamen, les émeutes contre la loi de l’enfant unique ont repris dans la province rurale de Guangxi. Dans cette province, ce sont 50.000 personnes, dans plusieurs villages, qui ont attaqué les bureaux de police, allant jusqu’à démolir le QG d’un gouvernement régional. La même semaine, à Yentai – une ville industrielle de la province de Shandong – 2.000 pensionnés de l’Etat et de l’armée ont protesté contre le non-paiement de leur pension.

    Pour juguler le mécontentement, le gouvernement emploie 40.000 « policiers du web » pour bannir tous les sites jugés « illégaux» à l’aide des logiciels et accords passés avec Microsoft et Cisco (pour un budget de plusieurs milliards de dollars chaque année).

    La solution passe par une nouvelle révolution

    Aux demandes de rompre avec la loi du parti unique et les mesures totalitaires, le gouvernement chinois a toujours tenté de justifier son monopole par de grandes phrases du style « les valeurs de la démocratie occidentale sont contraires à la culture chinoise ».

    En réalité, le gouvernement chinois veut restaurer le capitalisme en Chine, avec une nouvelle classe capitaliste directement issue des bureaucrates qui dirigent aujourd’hui le pays – exactement comme c’est le cas aujourd’hui en Russie. Mais ils veulent éviter un éclatement du pays – à cause des disparités énormes entre les villes côtières en plein développement et les campgnes de l’intérieur du pays, du mécontentement existant dans les minorités nationales, des risques de crise économique importante qui pourraient suivre des changements trop brusques,… C’est pourquoi "l’ouverture" ne se fait que de manière graduelle et les dirigeants veulent maintenir à tout prix le contrôle du pays par le biais du Parti Communiste.

    De plus, le gouvernement sait que la moindre ouverture démocratique dans son système mènerait inévitablement à une crise sociale de plus en plus grande – avec encore plus d’émeutes, de manifestations et d’organisations populaires autonomes. La porte doit donc à tout prix rester fermée aux revendications démocratiques, le temps de contenir la pression qui monte. Mais au plus le verrou tient, au plus la pression monte et au plus l’éruption risque d’être violente.

    La Chine est donc un pays en pleine transition où le secteur privé se développe rapidement, où des investissements étrangers arrivent en masse tandis que des groupes capitalistes chinois pénètrent sur le marché mondial mais où de larges pans de l’économie appartiennent (encore) à l’Etat, le tout encadré par un Etat et un Parti fortement bureaucratisés.

    Quoi qu’il en soit, les travailleurs et les nations opprimées de Chine n’ont rien à attendre ni du capitalisme, ni de la vieille bureaucratie « communiste » de l’Etat, ni des notables des anciennes structures traditionnelles (clergé bouddhiste, imams des zones musulmanes, Dalaï Lama et autres partisans du retour à un Etat féodal). L’ économie planifiée doit être maintenue et renforcée, mais surtout mise sous le contrôle réel de la population à travers ses propres organes de gestion. Les luttes qui se développent un peu partout à travers tout le pays renforcent ces possibilités d’organisation à la base.

    La Chine tremble. Elle pourrait fort bien être le foyer de nouveaux soubresauts dont les répercussions se feront inévitablement sentir au niveau mondial.

  • SP.a et PS : la faillite du réformisme

    Avec un recul global de 700.000 voix, la coalition violette sort grande perdante des élections du 10 juin. C’est surtout la social-démocratie qui a perdu près d’un tiers de ses électeurs (quelque 500.000 voix). Sanctionnée à cause du Pacte des Générations? De la droitisation de la société ? De l’augmentation du nombre des pauvres ? Des scandales à répétition à Charleroi ? On peut songer à 1001 raisons, bonnes ou moins bonnes. Nous ne les écartons pas mais nous pensons qu’il y a une cause plus profonde à cette sanction.

    Eric Byl

    Des réformes de l’Etat-Providence…

    Le mouvement ouvrier a jadis pu faire reculer l’inégalité dans la société. Rappelons-nous la semaine des 8 heures, les cotisations patronales obligatoires aux pensions des ouvriers en 1924 et des employés en 1925. Les congés payés annuels en 1936.

    Après la Deuxième Guerre mondiale, l’affaiblissement de la bourgeoisie et la radicalisation du mouvement ouvrier ont mené à une nouvelle vague de réformes en échange de la paix sociale. De 1944 à 1949, il y a eu pas moins de 7 gouvernements, dont 5 avec les communistes, et tous avec les socialistes. Leur but ? Empêcher la révolution en associant les dirigeants ouvriers à la gestion de la société capitaliste et en faisant une série de concessions. Et non des moindres. L’Arrêté-Loi de 1944 oblige les patrons et les salariés à verser une partie du salaire à l’Office national de Sécurité sociale. En 1945 sont établis un impôt de 5% sur le capital, une augmentation salariale généralisée de 20%, l’indexation des salaires, les négociations paritaires obligatoires sur les salaires et les conditions de travail avec reconnaissance des syndicats dans les entreprises, les secteurs et au niveau national.

    C’étaient là les bases de l’Etat-Providence qui ont permis aux pouvoirs publics de stimuler le pouvoir d’achat pour relancer l’économie. De 1967 à 1977, le salaire horaire a crû en moyenne de 12,7% par an en Belgique! Il y avait un quasi-plein emploi et un haut taux de syndicalisation (90% en Belgique). D’où l’idée qu’on pouvait humaniser peu à peu le capitalisme pour en arriver à une société plus égalitaire sur le plan social. Cette illusion a été dissipée à partir de la fin des années ’70 : le marché ne parvenait plus absorber suffisamment vite de nouveaux produits, les entreprises voyaient s’éroder leurs profits et patronat et gouvernements ont mis en oeuvre des restructurations et des mesures d’économie pour sauvegarder le système. …aux contre-réformes qui le minent

    Depuis lors, les acquis sociaux ont été remis en cause, d’abord progressivement, ensuite à un rythme toujours plus soutenu. Les profits des entreprises ont ét rétablis, les managers ont reçu des salaires fabuleux pour réduire les coûts de production tandis que les pauvres et les exclus se multipliaient. Les partis sociaux-démocrates ont essayé de dorer la pilule : le PS en se servant des institutions publiques au service de son propre public, quitte à prendre quelques libertés avec la loi, le SP.a en essayant d’emballer la régression sociale d’une façon plus acceptable. Cela devait se payer. Le PS se traîne de scandale en scandale. Le SP.a n’est plus vu comme le parti qui applique la régression sociale avec un gant de velours, mais comme celui qui la conçoit. Cela illustre l’absence d’alternative de la social-démocratie qui se prosterne devant la logique du profit de la droite parce qu’elle ne croit plus elle-même dans la possibilité d’imposer des réformes.

    Résultat: toutes les réformes d’après-guerre sont menacées. L’index est vidé de son contenu par l’introduction de l’index-santé et la modification de la composition du panel des produits pris en compte au détriment des consommateurs. La loi sur la sauvegarde de la compétitivité jugule fortement les salaires. Les cadeaux fiscaux aux entreprises minent la sécurité sociale. Le droit de grève est remis en cause avec des requêtes unilatérales, des astreintes et bientôt l’introduction d’un service minimum. La progressivité de l’impôt qui veut que les plus hauts revenus soient proportionnellement les plus taxés est mise à mal par les hausses de TVA qui sont les mêmes pour tous. La concertation sociale est de plus en plus remise en cause.

    Quelle alternative?

    Sur base des premières expériences du mouvement ouvrier, Rosa Luxemburg écrivait déjà au début du 20e siècle que toute concession arrachée par le mouvement ouvrier sous le capitalisme serait inévitablement remise en cause dès que le rapport de force changerait.

    Aujourd’hui, la social-démocratie et les directions syndicales ne veulent pas organiser la lutte parce qu’elles réalisent très bien que la bourgeoisie est bien moins timorée aujourd’hui qu’il y a 30 ans. A l’époque, celle-ci acceptait encore de faire des concessions auxquelles elle n’est plus disposée aujourd’hui parce que le capitalisme a augmenté la concurrence à un point tel que toute concession sociale est sanctionnée sans pitié par la concurrence. La soif de profit des capitalistes mène aujourd’hui à de telles catastrophes sociales, économiques et écologiques qu’on ne peut plus en limiter l’ampleur par des réformes. C’est d’après nous la cause fondamentale de la sanction électorale subie par la social-démocratie, même si elle peut toujours se rétablir temporairement et partiellement dans les élections futures.

    Le problème est que la seule alternative possible, une transformation socialiste de la société, a été discréditée au plus haut point par les caricatures staliniennes de l’Est. Et que le moyen d’y arriver, la révolution, a été perverti par certains en soutien au terrorisme, à la guerilla urbaine et au pillage pur et simple.

    Face à la crise que connaît la social-démocratie, le MAS veut redonner vie à une véritable alternative au capitalisme. C’est-à-dire une société socialiste démocratique où la production est organisée en fonction des besoins de la population et non de la soif de profit d’une minorité de capitalistes. Et une révolution qui n’est pas une orgie de violence gratuite mais l’irruption consciente de la grande majorité de la population sur la scène politique et sociale pour prendre elle-même en main la gestion de la société.

  • Contre le capitalisme : résistance internationale!

    Début juin, les dirigeants des 7 pays les plus riches au monde, plus la Russie, se sont réunis à Heiligendamm, en Allemagne pour discuter de la politique climatique,de la situation dans le Tiers-Monde, de l’Irak,… Contre ce rassemblement censé décider de notre avenir, des dizaines de milliers de personnes ont protesté à proximité du sommet, la plus grande manifestation attirant 80.000 participants.

    Liesje Ulburghs

    Né des actions spectaculaires contre le sommet de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) à Seattle en 1999, le mouvement anti-globalisation a connu son apogée lors des mobilisations contre les réunions à l’été 2001 de l’Union Européenne à Göteborg et du G8 à Gênes. Le contre-sommet de cette année a de nouveau fait fureur.

    La colère légitime des innombrables participants à la contestation s’est exprimée par un grand nombre de manifestations et d’actions directes. Ainsi, au début du sommet, 10.000 activistes ont mis en place des barrages qui, 24 heures plus tard, tenaient toujours bon et ont ainsi entraîné bien des difficultés pour les collaborateurs des dirigeants du G8 qui cherchaient à rejoindre leurs maîtres. A travers ces actions et manifestations, c’est toute une couche importante de jeunes et de travailleurs qui ont affirmé que Blair, Bush, Poutine et consors – courageusement cachés derrière 16.000 policiers et une clôture de 11 kilomètres – ne sont pas représentatifs des opinions et des intérêts de la majorité de la population.

    Et, de fait, Ils sont en effet aux ordres d’une infime élite détentrice des moyens de production et dont la richesse repose sur l’exploitation du travail du reste de la population aux quatre coins de la planète. La logique capitaliste pousse les patrons à rechercher des profits sans cesse croissants et à économiser sur les « frais de production » (nos salaires et nos conditions de travail).

    Les riches plus riches, les pauvres plus pauvres

    Les énormes richesses produites à travers le monde sont accaparées par ces parasites tandis que 30.000 enfants meurent chaque jour de faim et que la moitié de la population mondiale doit vivre avec moins de 1,5 euro par jour.

    Et cela ne fait qu’empirer ! Ces vingt dernières années, les 5% les plus pauvres de la population mondiale ont perdu 25% de leur revenu réel. Ce n’est pas perdu pour tout le monde, les 20% les plus riches ont ainsi obtenu 12% en plus. En Belgique non plus, les gens ordinaires ne profitent guère de la croissance économique. Les conditions de travail et le pouvoir d’achat souffrent, 15% des Belges vivent dans la pauvreté. Les acquis sociaux qui nous viennent des luttes du passé fondent à vue d’oeil.

    Peu de gens croient encore que des organismes comme le G8 peuvent améliorer les choses. Bush s’est par exemple prononcé dès avant le sommet contre les (faibles) propositions faites pour combattre le réchauffement climatique, aucun objectif concret n’a donc pu être déterminé. De toutes façon, on sait à quoi s’en tenir avec ses promesses Celles faites au sommet de 2005 pour lutter contre la pauvreté dans le monde n’ont toujours débouché sur rien de concret. Cette fois, les « maîtres du monde » ont dit qu’ils allaient tenir leurs engagements. Pourquoi maintenant et pas avant ? Dans ces réunions, on examine surtout comment maintenir les inégalités dans l’intérêt du capital et comment les faire avaler au monde extérieur.

    Le capitalisme remis en question

    Les années qui ont suivi la chute du Mur et l’effondrement de l’Union Soviétique ont été marquées par un reflux des luttes et de l’idée qu’il est possible de changer en profondeur la société, jusqu’à ce que la progression du mouvement anti-globalisation lancé par de jeunes radicalisés remette à nouveau en question l’impitoyable logique du capitalisme.

    Au fil des années et à l’occasion des différents sommets du G8, de l’Organisation Mondiale du Commerce ou encore de l’Union Européenne, toute une gamme d’actions ont été testées pour que les protestations puissent s’exprimer et troubler ces sommets. Mais, malgré les nombreux barrages routiers, les actions directes et les manifestations, la même politique en faveur d’une plus riches continue à être menée et les protestations sont royalement ignorées. C’est que ces actions ne touchent pas les capitalistes là où ça leur fait mal. La base économique du capitalisme – la production des travailleurs – reste à l’extérieur des stratégies de protestation. La nécessité de créer un rapport de forces reposant sur l’unité et la mobilisation des travailleurs doit être bien comprise pour pouvoir jeter bas le capitalisme .

    La résistance de la jeunesse n’est souvent que l’annonce d’une lutte plus généralisée. Cette fois-ci aussi, la montée du mouvement anti-globalisation au début des années 2000 a été suivie par une mobilisation massive à l ‘échelle mondiale contre la guerre de Bush en Irak en 2003 mais aussi par un mouvement plus large de lutte contre les conséquences de la politique de casse sociale. La montée des luttes populaires et le tournant à gauche en Amérique Latine, les luttes massives dans l’enseignement en France et en Grèce,… montrent les opportunités qui existent pour réunir les jeunes radicalisés et le mouvement ouvrier, qui seul a le pouvoir économique de provoquer un changement structurel.

    Vers une orientation plus large

    Pour progresser, le mouvement anti-globalisation ne peut pas se replier sur lui-même et ne prêcher que des convaincus. Mais ces dernières années, les différents Forums Sociaux se sont de plus en plus tournés vers des ateliers de discussion avec des thèmes et des slogans très vagues. A tel point que les PS ont pu participer de manière de plus en plus présente à ces réflexions alors qu’ils n’hésitent pas à mettre en oeuvre cette même politique néo-libérale contestée par les Forums Sociaux. Nous n’avons pas besoin de vagues groupes de discussion pas plus que d’actions prétendument « radicales » isolées (comme celles des Black Blocks anarchistes) qui contribuent actuellement à dissuader les couches plus larges d’entrer en action. Nous avons besoin au contraire d’un programme concret et de campagnes de masse capables de forger des liens solides entre jeunes et travailleurs.

    Les récentes attaques du gouvernement d’Angela Merkel ont conduit, dans les jours précédant le sommet du G8, à une grève de Deutsche Telekom. Cette grève a même menacé l’organisation pratique du sommet. Malheureusement, il n’y a eu aucune unité entre la protestation des jeunes contre le G8 et ces actions de grève. Ce n’est pourtant que par l’intermédiaire d’actions communes autour de thèmes concrets que le mouvement anti-globalisation pourra donner suite aux slogans vagues comme “un autre monde est possible” et gagner la sympathie de larges couches de travailleurs.

  • Quand Electrabel prétend éclairer notre lanterne…

    Je viens de recevoir un courrier d’Electrabel. La lettre d’accompagnement a pour titre « Electrabel vous informe sur l’évolution des prix et vous aide à faire des économies ». Mais la suite est beaucoup moins engageante.

    Thierry Pierret

    La lettre évoque d’abord la hausse continuelle du prix de l’énergie avant d’ajouter en gras: « Electrabel vous en a préservé jusqu’ici, ce que nous continuons à faire pour l’électricité ». Cette précaution de langage est aussitôt suivie de l’annonce de la hausse du prix du gaz naturel sous prétexte « d’adapter le prix de votre gaz naturel aux conditions des marchés sur lesquels nous nous approvisionnons ». Nous n’en saurons pas davantage sur ces marchés et conditions. On aurait pourtant bien voulu savoir pourquoi Electrabel augmente le prix du gaz à un moment où le prix des énergies fossiles (dont le gaz) est en baisse depuis plusieurs mois…

    Mais Electrabel, bon prince, nous propose des « solutions concrètes » pour faire des économies d’énergie et d’argent. Elle propose ainsi un contrat « EnergyPlus » qui devrait nous faire économiser 2% du prix du gaz et de l’électricité. Puis elle nous offre même la possiblité de contrôler notre consommation mensuelle grâce à un service gratuit, le consomètre. Et si vous payez par domiciliation, vous recevez encore une réduction annuelle de 10 euros. Une série de tableaux s’ensuivent, qui sont censés nous éclairer sur les tarifs du gaz et de l’électricité. La grille des tarifs de l’électricité ne favorise pas vraiment les économies d’énergie. Celui qui consomme moins de 2000 Kw par an payera 8,53 euros le Kw/heure au tarif normal. En revanche, celui qui consomme plus de 20.000 Kw par an ne payera que 7,30 euros le Kw/heure. Electrabel voudrait favoriser les entreprises au détriment des ménages qu’il ne s’y prendrait pas autrement…

    …il nous fait prendre des vessies pour des lanternes !

    Et la hausse de 20% du prix du gaz à partir du 1er septembre annoncée avec fracas par Electrabel? D’après Jean-Pierre Hansen, topmanager d’Electrabel, il ne s’agissait que de la hausse du prix de base. Mais le prix du gaz indexé (sur quoi ?) n’augmenterait que de 3% cette année. Il ne s’agirait donc, à l’en croire, que d’une erreur de communication… Il promet que la facture mensuelle n’augmentera pas entre septembre et la facture annuelle (dont il ne dit rien…). Il promet également que la hausse de la facture mensuelle pour l’année prochaine sera « modérée » (mais qu’entend-il par là ?). Enfin, il ne donne aucune garantie pour les années suivantes.

    On compare parfois l’électricité à une fée. On pourra désormais faire de même pour le gaz. La fée Electrabel a transformé comme par enchantement une hausse de 20% en une hausse de 3%. Une hausse de 3% qui devient une économie de 2% grâce à EnergyPlus. Bref, rien que du bonheur ! De qui se moque-t-on ? En vérité, Electrabel augmente ses prix pour satisfaire les exigences de profits des actionnaires de la multinationale Suez dont elle n’est qu’une filiale. Si Electrabel nie cela, qu’il rende alors publics sa comptabilité et les conditions des marchés où il s’approvisionne. Que les consommateurs puissent juger sur pièce !

    Le MAS exige qu’Electrabel soit placé sous le contrôle conjoint des pouvoirs publics, des consommateurs et du personnel. C’est le seul moyen d’avoir une politique énergétique transparente, qui soit au service de la population et qui respecte l’environnement.

  • Action du CAP à Schaerbeek

    Le CAP de Bruxelles poursuit sa campagne contre le remplacement prévu du bureau de poste de la Place communale à Schaerbeek par un point-poste dans un GB tout proche.

    Nous avons commencé par une campagne d’information en distribuant un tract au marché et en faisant du porte à porte pour proposer aux habitants d eplacer une affichette à leur fenêtre. Cette campagne a porté ses fruits car le service clientèle de La Poste a été submergé d’appels téléphoniques.

    La campagne entre maintenant dans sa seconde phase, celle de l’action. Jeudi 7 juin, le CAP a organisé une petite action devant le bureau de poste concerné. Plusieurs habitants du quartier étaient présents. Ils ne comprenaient pas pourquoi La Poste ferme un bureau situé à un endroit aussi central que la Place communale. Plusieurs d’entre eux ont un compte postal et redoutent de devoir faire un long trajet pour retirer de l’argent de leur compte.

    La plupart des personnes présentes ont laissé leurs coordonnées pour participer à un comité d’action local. Certains ne cachaient pas leur scepticisme quant à nos chances de faire changer La Poste d’avis. Même si nos chances sont minces, nous allons quand même essayer.

    La décision de Carrefour de fermer 16 GB nous donne des arguments supplémentaires. En effet, que deviennent les points-postes situés dans les magasins qui ferment ? Seul le maintien d’un réseau étendu de bureaux de poste peut garantir un service postal de qualité et accessible à tous.

  • La Poste: Le service public poussé au suicide

    Depuis des années, la Commission européenne a entrepris la libéralisation par étapes du secteur des postes. Celle-ci devra être terminée en 2011. Cette décision a provoqué dans les services publics européens des postes une vague de restructurations destinées à permettre à chaque poste nationale de faire face à la concurrence annoncée. Ces restructurations se sont accompagnées, bien entendu, de leur lot de licenciements « secs » ou « en douceur ». Et ce n’est qu’un début.

    Simon Hupkens

    En 2011, ce sera au tour du dernier bastion que conservait le service public – les petits envois de moins de 50g – à être soumis à la concurrence. En clair, cela veut dire que le service public de la Poste ne sera plus le seul à gérer ces envois et qu’il sera possible de s’adresser à d’autres sociétés. La Commission européenne justifie cette mesure par la sacro-sainte équation « libéralisation = concurrence = baisse des prix ».

    Ce dogme libéral vient pourtant d’être une nouvelle fois mis à mal chez nous depuis que le secteur de l’énergie a été libéralisé. Les baisses de prix annoncées n’ont pas eu lieu et ce sont plutôt des factures augmentées que les ménages belges ont reçu dans leurs boites aux lettres. Le même phénomène devrait se produire avec les services postaux. Un exemple nous permet de l’affirmer : c’est celui de la Suède, un Etat pionnier en la matière.

    Depuis la libéralisation des petits envois postaux dans ce pays, les prix ont augmenté de plus de 90% pour les particuliers. Cela signifie que le consommateur normal doit payer son timbre quasiment deux fois plus cher (imaginez-vous un envoi banal facturé à 0,99€ au lieu de 0,52 €). Les sociétés privées de distribution du courrier qui sont apparues ont recourt à des travailleurs flexibles et sous-payés et utilisent de faux indépendants. La Poste publique, qui emploie des travailleurs à des salaires nettement supérieurs, n’a pas pu concurrencer ces sociétés privées, même en relevant ses prix. Elle a donc dû licencier une partie de son personnel.

    Dans les pays où les services postaux ont été libéralisés ou privatisés, on voit aussi apparaître une autre déviance, la poste à deux vitesses : les gros clients sont outrageusement privilégiés par rapport aux petits. Le courrier des entreprises est acheminé plus rapidement que celui des particuliers, le service est réduit à la campagne, là où la densité de population est trop faible pour assurer une rentabilité jugée suffisante par les entreprises privées. Le service public rendait possible la poste de qualité pour tous, la libéralisation rend les citoyens inégaux devant le service postal.

    La position du gouvernement belge face à la décision européenne est qu’il est « trop tôt » pour libéraliser les services postaux en 2011. La poste belge ne serait pas prête. Ce qui n’a pas empêché libéraux et socialistes de préparer La Poste à la concurrence, en faisant comme dans toute entreprise privée : ils ont ouvert le capital au privé étranger, réduit le personnel, augmenté la charge de travail des salariés restants (via les plans « Géoroute ») et réduit le service à la population (en fermant des centaines de petits bureaux).

    Que restera-t-il de la vocation de service public de La Poste lorsque celle-ci sera prête à voir débarquer la concurrence ?

  • Aucun gouvernement n’offre une chance de progrès pour les travailleurs et les pauvres

    Les élections sont terminées. En Flandre, le CD&V a gagné. L’humiliante défaite des partis sociaux-démocrates – PS et surtout SP.a – fait de la famille libérale la première du pays et du MR le plus grand parti en Wallonie et à Bruxelles. La droite a partout les clés en mains.

    Anja Deschoemacker

    Le triomphe pouvait se lire dans les yeux de Reynders et de Leterme. Toutefois, le CD&V/NVA refuse d’entrer dans un gouvernement sans avoir obtenu une réforme d’Etat d’ampleur ainsi que la scission de Bruxelles-Hal-Vilvorde tandis qu’aucun parti francophone n’est chaud pour cette nouvelle aventure communautaire.

    Le VOKA (l’organisation patronale flamande) et tous les partis flamands ont fait savoir avant les élections qu’ils jugeaient indispensable une régionalisation du marché de l’emploi afin de pouvoir le « moderniser ». Pourtant, les entreprises belges jouissent déjà actuellement d’une excellente position concurrentielle et engrangent des profits records. Et le MR rétorque qu’une modernisation est maintenant possible au niveau fédéral puisque le PS a (temporairement) perdu sa position dominante.

    Les patrons vont effectivement certainement utiliser la défaite du PS pour tenter d’en finir de manière plus brutale avec nombre de droits et d’acquis du mouvement ouvrier, comme le droit de grève dans les services publics, la sécurité sociale et l’accès aux pensions (on parle déjà d’un deuxième Pacte des Générations).

    Mais la population belge n’a pas voté à droite parce qu’un programme de droite est plus attractif. Il manque en fait une force réellement de gauche qui aurait, par exemple, défendu avec énergie les intérêts du million de travailleurs qui ont fait grève contre le Pacte des Générations. Juste avant les élections, une série de grèves ont cependant encore démontré que le mécontentement du mouvement ouvrier sommeille et peut à chaque instant éclater au grand jour si les actions sont crédibles et si le cahier de revendications vaut la peine de se battre. Un gouvernement sans le PS va-t-il pouvoir garder sous contrôle la base de la FGTB ? La direction de la CSC réussira-t-elle à maintenir son contrôle sur sa base une fois les premières mesures antisociales du gouvernement appliquées par le CD&V?

    Si le prochain gouvernement risque d’être instable, l’unité au sommet de la politique belge pour faire payer à la population les profits des actionnaires des grandes entreprises est néanmoins grande. Le thème d’opposition par excellence – chez les partis établis – sera bien plus le communautaire que le social. Nous ne devons pas nous attendre à ce que le PS et le SP.a rejoignent tout d’un coup le camp des travailleurs et des chômeurs et se mettent à agir pour les défendre, sauf sur l’un ou l’autre point si cela ne coûte pas grand chose. Puisque ces deux partis siègent toujours aux gouvernements régionaux et continueront à y mener une politique fondamentalement proche de celle du fédéral, les cadeaux aux patrons ne manqueront pas. Pour le reste, cela continuera à être à nous de nous serrer la ceinture.

    Le développement de nouveaux mouvements contre les plans d’austérité du prochain gouvernement est probable – et c’est là que devra être présent le CAP s’il veut se construire et devenir l’instrument de la résurrection politique des travailleurs. Il ne fait aucun doute que la réforme de l’Etat et les problèmes communautaires seront habilement utilisés comme excuse si le gouvernement tombe sur un tel mouvement.

    Plus que jamais, la nécessité unité du mouvement ouvrier à travers tout le pays va se faire sentir pour stopper l’offensive déjà annoncée. Construire une nouvelle expression politique sur le plan national sera tout aussi bien un résultat de cette unité qu’une condition de son existence.

  • Construisez une alternative politique avec le MAS

    Les derniers mois ont vu le MAS/LSP s’investir à fond dans la construction du Comité pour une autre politique (CAP). Les prochains mois nous verront continuer ce travail, notamment avec une mobilisation pour une nouvelle conférence nationale le week-end du 28 octobre.

    Lors de la campagne électorale du CAP, nous sommes entrés en contact avec des militants très enthousiastes et d’horizons divers. Nous avons beaucoup retiré de cette collaboration. Le MAS/LSP a lui-même fourni bon nombre de candidats et de militants pour la campagne.

    Il y avait 93 membres du MAS/LSP sur les 249 candidats du CAP pour le 10 juin. Pour ce qui est des 3 premiers candidats de toutes les listes, la part du MAS/LSP était plus faible (33% contre 37%). Nous n’avions la tête de liste que dans une province (Bart Vandersteene en Flandre orientale).

    Avec le MAS/LSP nous voulons oeuvrer à une alternative politique qui soit en mesure de jouer un rôle dans la résistance contre la régression sociale et qui rende plus concrète la nécessité de lui donner un prolongement politique. Depuis 1995, nous écrivons dans ce journal qu’il faut un nouveau parti des travailleurs. Nous voulons évidemment soutenir activement toute étape dans cette direction, d’où notre engagement résolu dans le CAP.

    Le fait d’avoir mené la discussion sur un nouveau parti des travailleurs pendant des années et d’avoir rendu cette idée plus concrète avec une pétition dès la manifestation du 28 octobre 2005 contre le Pacte des Générations, a sans doute eu un impact sur la mise sur pied d’une initiative encore relativement restreinte comme le CAP. Cela démontre en même temps que la construction du MAS/LSP et celle du CAP ne sont pas contadictoires, bien au contraire. Nous pensons que chaque renforcement du MAS/LSP est aussi un renforcement du CAP.

    Nombre de membres du CAP qui ne font pas partie du MAS/LSP nous ont fait part ces dernières semaines de leurs réactions positives quant à notre engagement pratique, nos positions politiques, notre enthousiasme,… Un élément récurrent dans ces commentaires positifs était l’émerveillement que suscitait la présence de jeunes enthousiastes au sein du MAS/LSP. Si les dernières années ont vu beaucoup de travailleurs et de militants syndicaux rejoindre nos rangs, il n’en est pas moins vrai que nous nous sommes efforcés de continuer à construire notre travail jeunes.

    Nous allons de nouveau entrer en contact avec beaucoup de jeunes à l’occasion des nombreux festivals d’été. Nous voulons y engager la discussion sur la lutte contre le racisme, la pollution de l’environnement et le capitalisme. Evidemment, nous voulons aussi convaincre le plus de jeunes possible de prendre une part active dans la résistance contre le capitalisme. On ne peut pas le faire en restant au balcon, mais en rejoignant le MAS/LSP. Avec un groupe de jeunes plus large, nous pouvons en outre insuffler un surcroît de dynamisme dans le CAP.

    Nous avons autant besoin d’une formation plus large comme le CAP pour renforcer les mouvements de lutte que d’un parti révolutionnaire comme le MAS/LSP qui participe loyalement au fonctionnement du CAP et y défend son programme. N’hésitez pas à devenir membre du MAS/LSP dès aujourd’hui!

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