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  • Réforme ou révolte ? Comment la traite des esclaves a-t-elle été abolie ?

    Le commerce des esclaves entre la côte occidentale de l’Afrique et les Amériques, qui s’est étalée sur une période de 300 à 400 ans, a été une des périodes les plus barbares de toute l’histoire de l’exploitation. La capture et la vente d’Africains a fait des commerçants d’esclaves et de leurs mécènes des hommes riches ; leurs clients utilisaient le travail de leurs esclaves afin de s’enrichir à leur tour.

    Hugo Pierre, Socialist Party (CIO-Angleterre et Pays de Galles)

    L’accumulation de cette richesse a joué un rôle majeur dans le développement du capitalisme en Europe. Mais les souffrances infligées aux esclaves étaient immenses, et l’héritage de ce commerce est toujours bien vivant parmi nous. Cette migration forcée et brutale a été très différente par rapport aux formes d’esclavage qui existaient en Europe et en Afrique au Moyen-Âge ou même à l’Antiquité.

    Nous avons des preuves que les marchés aux esclaves qui existaient à ces époques dans diverses régions d’Europe et d’Afrique étaient surtout utilisées en tant que moyens de punition, en particulier de débiteurs, ou pour l’utilisation de prisonniers de guerre. Aux Antilles, on a tout d’abord déporté des esclaves européens afin de les faire travailler dans les plantations qui produisaient les cultures et les biens destinés à la consommation européenne.

    Ceci s’avéra bien problématique pour les propriétaires, puisque certains s’échappaient et n’étaient plus retrouvés, ou refusaient de se remettre à travailler. Même l’utilisation de serviteurs contractuels – des gens qui échangeaient une dette ou leur libération de service en échange d’une période de travail aux Amériques – était un problème pour leurs « propriétaires », puisque souvent les contrats étaient rompus.

    L’utilisation par les Portugais d’esclaves en provenance d’Afrique occidentale fut presque accidentelle, mais ceci devint la méthode préférée d’approvisionnement en main d’oeuvre pour le système de plantations aux Amériques tout au long du 17ème siècle.

    Les propriétaires des plantations développèrent un système basé sur la violence afin de réprimer les esprits de leurs captifs déjà désorientés et facilement identifiables, et une idéologie, le racisme, afin de s’octroyer la supériorité et la justification de leurs actions. Il est estimé que, grâce à la vente de 2,5 millions d’Africains, les marchands d’esclaves britanniques obtinrent 12 millions de livres de profits (l’équivalent de 900 millions de livres actuelles).

    Les vies des Africains capturés étaient perçues comme autant de « marchandises » périssables par les marchands et les planteurs. De nombreux mouraient au cours du « passage » entre l’Afrique et les Amériques – dans certains cas, jusqu’à 45% des membres d’une « cargaison » mouraient au cours du voyage, mais en moyenne ce chiffre tournait autour de 30%.

    L’espérance de vie sur la plantation n’était guère meilleure. En 1764, la Barbade comptait 70 706 esclaves, 41 840 autres furent amenés par négrier jusqu’en 1780. Le décompte des eclaves en 1783 révélait que ce chiffre avait baissé de 62 258 unités au cours des neuf années écoulées.

    Un commerce mortel

    Ce commerce d’humains n’était pas effectué que par la Grande-Bretagne, même au 18ème siècle, mais la richesse qui en découla créa de puissants partisans en faveur de sa poursuite. Il est dit qu’en conséquence de ce commerce, la ville de Bristol toute entière devint une cité de petits commerçants.

    Liverpool fut transformée d’un petit village de pêcheurs en un lieu de commerce international, sa population passant de 5000 personnes en 1700 à 34 000 en 1779. Sur une période de soixante ans, 229 525 Africains furent embarqués sur des vaisseaux esclavagistes à partir de ce port. La propriété n’était souvent pas détenue par un individu, mais par un groupe d’actionnaires composé de petits commerçants et de marchands, avides de s’octroyer une part des profits.

    La traite des esclaves n’était pas sans danger pour ceux qui s’y adonnaient. Les captifs eux-mêmes ne prenaient pas à la légère leur condition d’esclaves. Nous disposons de nombreux récits de vaisseaux dévastés par les esclaves surgis de leurs cales, avec même dans un cas la capture du vaisseau tout entier par les esclaves, après qu’ils aient jeté tout l’équipage à la mer.

    Le système esclavagiste pratiqué dans les plantations requérait la formation d’une milice locale afin de le réguler, et l’utilisation fréquente de la Marine afin de mettre un terme à de graves troubles. Une des premières révoltes d’esclaves à la Barbade, en 1683, incluait un appel à l’unité dans la rébellion de tous les esclaves, rédigé en anglais.

    A la Jamaïque, il ne se passait que rarement une décennie sans une nouvelle rébellion, qui menaçait souvent l’ensemble du système des plantations. Dans certains cas, un accord de paix était obtenu avec les rebelles en leur permettant de gérer leurs propres communautés.

    Afin d’effectivement obtenir le renversement de l’esclavage, la riposte des esclaves devait être renforcée par d’autres forces de classes au sein du centre impérial lui-même. A ce sujet, en cette année du deux-centième anniversaire de l’abolition du commerce des esclaves, on parlera beaucoup du rôle de William Wilberforce, présenté comme le militant qui abolit la traite des esclaves grâce à un travail parlementaire acharné et diligent. En conséquence, Melvin Bragg, le présentateur de la BBC, a récemment consacré cet homme comme étant le plus grand de tous les politiciens anglais.

    Des arguments lui furent donnés par son ami proche, William Pitt le Jeune, Premier Ministre de l’époque, selon qui l’esclavage devait être aboli parce que bien plus coûteux que l’utilisation d’ouvriers. Le point de vue de Pitt était celui d’un disciple de l’économiste du marché libre, Adam Smith, à la suite de la Guerre d’Indépendance qui avait induit la perte des colonies britanniques en Amérique.

    En réalité, la principale préoccupation de Pitt était le fait que les négriers vendaient une grande partie de leurs esclaves aux colonies françaises, en particulier celle de Saint-Domingue (Haïti), renforçant par là une puissance rivale. En 1787, Wilberforce rejoignit la campagne déjà existante et connue sous le nom de Société pour l’Abolition, qui était essentiellement un groupe d epression.

    Wilberforce dépensa la plupart de son énergie en rédaction de législation parlementaire. L’humeur de la jeune classe ouvrière et des pauvres était en faveur d’un changement radical. Parmi eux, se trouvaient approximativement 10 000 noirs – anciens esclaves, serviteurs et fugitifs. Le gouvernement Pitt n’avait pu parvenir à mettre en avant des réformes constitutionnelles, en particulier sur le plan électoral (à cette époque, seule une petite minorité de la population avait le droit de vote) – il considérait l’abolition comme un moyen de détourner l’attention.

    Mais dans l’espace d’un an, le lancement d’une pétition, couplée à des rassemblements de masse dans les villes, petites et grandes, organisés par d’anciens esclaves tels qu’Olaudah Equiano, venus raconter leur vécu, s’articula autour des préoccupations globales des masses ouvrières et pauvres.

    A Manchester, 10 000 hommes (les femmes n’étaient pas encouragées à signer la pétition, bien qu’elles trecherchaient souvent à le faire) signèrent la pétition – plus de la moitié de la population mâle adulte de la ville. Malgré cela, la première action de Wilberforce au Parlement fut refusée par la Chambre des Communes en 1789. Mais de plus grands événements allaient intervenir.

    La révolution française

    A partir des années 1870, la colonie française de Saint-Domingue était devenue la plus prospère des îles des Caraïbes. Elle produisait plus de sucre, de café et de tabac qu’aucune autre, non seulement en termes de quantité, mais aussi de qualité. Ceci permit à la France et aux marchands impliqués dans lîle de s’enrichir.

    De la même manière que Liverpool, Bristol et London s’étaient développées sur base du commerce des esclaves, les villes de Nantes, Bordeaux et Marseille grandissaient. En 1789, les tensions sous-jacentes entre la richesse de la nouvelle classe de marchands et la monarchie explosèrent en un mouvement de masse, avec la prise de la Bastille et le début de la Révolution française.

    Cette révolution fut le signal de la fin du féodalisme en France, et posa les bases d’une société capitaliste moderne. Bien que cette révolution n’était pas une révolution socialiste, mais bourgeoise, ce furent les masses pauvres, les sans-culottes, qui menèrent le processus révolutionnaire de plus en plus en avant.

    Dans les colonies, la révolution divisa les Blancs en différents camps. Les métis libres et parfois riches de Saint-Domingue (qu’on appelait les « mulâtres ») choisirent leur camp, et firent pression pour obtenir plus de droits. Les Blancs déclenchèrent contre eux et contre la majorité noire de la population la terreur et la violence. Mais les divisions entre les Blancs fournirent à tous les autres l’occasion de dresser la bannière de la liberté.

    En particulier, à la fin de 1789, les « mulâtres » demandèrent à l’Assemblée Constitutante en France d’être traités comme des égaux par rapport aux Blancs. Ils désiraient toujours avoir accès à de la main d’oeuvre sur leur île, et par conséquent ne demandèrent pas de droits pour les Noirs.

    L’Assemblée était alors dominée par l’aile droite de la révolution, qui désirait obtenir des droits pour les nouveaux riches capitalistes, mais était terrifiée par le potentiel des masses qui avaient saccagé la Bastille. Après beaucoup d’hésitations, seule une minorité des métis purent obtenir des droits.

    Mais les divisions parmi les classes dirigeantes – la royauté et l’aristocratie contre la nouvelle couche émergente de capitalsites –, comme dans toute révolution, allait donner confiance aux masses. Ceci se vérifia pour les ouvriers et paysans de France mais aussi pour les Noirs de Saint-Domingue, qui croyaient à la nécessité de faire pression pour leurs revendications, mais cette fois-ci, jusqu’au bout.

    A partir de 1791, Saint-Domingue explosa et une guerre de classe débuta, qui sépara aussi les Blancs, les Noirs et les métis. Très rapidement, Toussaint L’Ouverture émergea en tant que dirigeant des esclaves. Son armée emprunta de très nombreuses différentes routes et positions afin de se battre pour l’émancipation.

    Mais la France révolutionnaire était aussi attaquée sur le plan international. Parmi les agresseurs se trouvait l’impérialisme britannique, qui luttait contre les Français pour l’hégémonie dans les Antilles, et qui lança une guerre en vue de conquérir les possessions françaises, en particulier Saint-Domingue.

    Saint-Domingue étant dans les faits divisée sous le contrôle de trois forces différentes, et devant faire face à l’invasion britannique, le nouveau gouverneur n’avait d’autre option que de déclarer l’abolition totale de l’esclavage, en 1793, et de mettre sous ses ordres l’armée de Toussain L’Ouverture. Les masses en France s’étaient également mises en branle pour défendre leurs intérêts, et en 1794 l’Assemblée, maintenant contrôlée par les Jacobins – la gauche – abolit l’esclavage.

    Révolte dans les Antilles

    Le drame de la révolution fut dans son ensemble joué à Saint-Domingue. Mais les conséquences de la Révolution française ébranlèrent l’ensemble des Antilles françaises : des révoltes d’esclaves se produisirent à la Martinique, en Guadeloupe, et à Tobago. La bannière « Liberté, égalité, fraternité » inspira les esclaves.

    A Sainte-Lucie, les esclaves prirent le contrôle de l’île de 1795 à 1796, après en avoir expulsé les troupes britanniques. Une fois que la Grande-Bretagne eût repris le contrôle, elle obtint la « paix » en acceptant de transformer l’armée d’esclaves en un régiment Ouest-Africain. La Marseillaise était toujours chantée par les jeunes dans les villages dans les années 30 et 40 !

    Les travailleurs et les radicaux britanniques reprirent eux aussi la bannière de la Révolution française, et soutinrent Tom Paine lorsque celui-ci rédigea ses Droits de l’Homme.

    La guerre contre la France affaiblit le soutien parlementaire en faveur de l’abolition. A cette époque comme maintenant, le Parlement décréta une série de mesures répressives afin de faire taire l’opposition à la guerre qui vivait parmi la classe ouvrière et les pauvres. En 1795, en l’espace de trois semaines, trois manifestations fortes de plus de 150 000 personnes défilèrent sous les slogans de « A bas Pitt ! », « Non à la guerre ! », « A bas le roi ! ».

    Wilberforce soutint la politique étrangère de Pitt contre la France, de même que sa politique intérieure de répression. A ce moment, il ne fit que maintenir ses suggestions visant à ouvrir un débat sur l’abolition au Parlement.

    La révolution en France devait encore connaître de nombreuses vicissitudes. Dix ans après qu’elle ait débuté, Napoléon Bonaparte arriva au pouvoir. De nombreux gains de la révolution en faveur des sans-culottes furent annulés, mais le passage d’un système de propriété féodale à un système de propriété capitaliste fut maintenu.

    Napoléon réinstaura l’esclavage, mais Toussaint L’Ouverture avait prédit la réaction des esclaves de Saint-Domingue dès 1797 dans une lettre au Directoire français :

    « Pensent-ils que des hommes qui ont été capables d’apprécier la bénédiction de la liberté vont calmement la leur voir arrachée ? Ils ne supportaient leurs chaînes que tant qu’ils ne connaissaient pas d’autre condition de vie plus heureuse que l’esclavage. Mais aujourd’hui, alors qu’ils l’ont quittée, quand bien même ils disposeraient d’un millier de vies, ils les sacrifieraient toutes plutôt que d’être à nouveau contraints à l’esclavage. »

    Les masses noires de Saint-Domingue lancèrent une insurrection qui allait mener à la fin de la tutelle française et à l’indépendance. Le joyau colonial de la France, que la Grande-Bretagne avait tenté de lui voler, resterait exempt de l’esclavage.

    Le mouvement radical en Grande-Bretagne reflua vers la voie parlementaire. A partir de 1806, des parlementaires plus radicaux (bien que capitalistes) furent élus au Parlement. L’impérialisme britannique, libéré de la lutte pour Saint-Domingue, se tourna de plus en plus vers les richesses de l’Inde plutôt que vers celles des Caraïbes.

    Qui plus est, la flotte française, décimée à Saint-Domingue, ne représentait plus la même menace pour la politique et les intérêts britanniques. Aux Antilles, il était clair que la menace de révolte constante allait accroître par l’import continu de nouveaux esclaves en provenance d’Afrique. La loi d’Abolition de l’Esclavage fut signée en 1807, pour être mise en application en 1808.

    L’héritage du mouvement

    Des dizaines de milliers d’Africains furent encore capturés et vendus pendant des décennies. On trouva rapidement des lacunes dans la Loi, et le recours à des activités illégales telles que l’utilisation de contrebandiers, de fronts étrangers pour les marchands britanniques, de même que toute une série d’autres mécanismes, permirent aux colons de satisfaire leur soif de main d’oeuvre pour leurs plantations.

    Mais le commerce des esclaves et l’esclavage lui-même furent finalement abolis en Grande-Bretagne en 1833 par l’action de la classe ouvrière et les révoltes et la résistance continues des Noirs maintenus en captivité.

    Aujourd’hui, la classe dirigeante ne peut même pas souffrir de devoir faire des excuses pour les atrocités de l’esclavage, de peur d’être assaillie de demandes de réparations.

    En 1833, vingt millions de livres (l’équivalent de 1,5 milliards de livres actuelles) furent offertes aux propriétaires d’esclaves en compensation. L’héritage dévastateur laissé par l’esclavage – l’idéologie raciste, la destruction des civilisations et communautés africaines, la mort et la déportation de 10 à 30 millions de gens, la destruction de la vie des familles noires dans les colonies – persiste encore de nos jours.

    Toutefois, l’héritage laissé par le mouvement pour l’abolition consiste en la preuve que les masses, et en particulier la classe ouvrière et les pauvres – Noirs comme Blancs – peuvent lutter ensemble pour obtenir des changements décisifs. De nos jours, seul le contrôle socialiste, la distribution et l’utilisation démocratique de l’énorme richesse qui existe partout dans le monde peuvent mettre un terme à leur exploitation et à leur divison de manière décisive.


    « Victimes de l’avarice »

    « Enfin, lorsque le vaisseau dans lequel nous nous trouvions eût chargé toute sa cargaison, ils s’apprêtèrent, avec de nombreux bruits effrayants, et nous fûmes tous placés sous le pont, de sorte que nous ne puissions pas voir comment ils manoeuvraient leur embarcation. Mais cette déception était le moindre de mes soucis.

    La puanteur de la cale, alors que nous étions encore sur la côte, était si intolérable, si répugnante, qu’il était dangereux pour nous d’y demeurer même pour une courte période, et certains d’entre nous avaient reçu l’autorisation de rester sur le pont pour y profiter de l’air frais ; mais maintenant que l’ensemble de la cargaison du vaisseau y était confinée, l’air y devint absolument pestilentiel.

    L’étroitesse de l’endroit et la chaleur du climat, ajoutées au nombre de gens dans le vaisseau, qui était si plein que chacun y avait à peine assez d’espace que pour se retourner, nous suffoquèrent presque.

    Ceci produisit une copieuse perspiration, de sorte que l’air devint bientôt inapte pour la respiration, chargé d’odeurs répugnantes, et amena une maladie parmi les esclaves, parmi lesquels de nombreux périrent, devenant par là victimes de l’avarice irréfléchie, si on me permet de l’appeler ainsi, de leurs acheteurs. »

    Olaudah Equiano, ex-esclave et militant anti-esclavage

  • La Flandre se droitise-t-elle définitivement ?

    Liste Dedecker à 16%, Vlaams Belang à 15%,…

    La liste Dedecker connaît une forte croissance au nord du pays. Dans les sondages de ces derniers mois, elle est au coude à coude avec le Vlaams Belang et le dépasse même: le Vlaams Belang est à 15% tandis que la liste Dedecker fait 16%, loin devant les socialistes et les Verts. Le Belang est donc détrôné du Top 3 des grands partis flamands (qui réunit maintenant le CD&V, l’Open VLD et la LDD). Si ce score se confirme aux régionales de juin, la LDD aurait ainsi doublé ses voix par rapport au score réalisé aux fédérales de juin 2007.

    Jean-Marie Dedecker, l’ancien entraîneur de l’équipe nationale de Judo, est célèbre depuis longtemps pour son caractère bien trempé. Sa liste ne tient d’ailleurs en majeure partie que sur son aura ainsi que sa rhétorique anti-establishment. Ses attaques contre la gestion politique actuelle font écho à la colère et au ressentiment largement présents dans la population.

    Quoiqu’en disent les nombreux discours sur la Flandre riche et dynamique, tout le monde n’en profite pas : le chômage atteint 6,8% et est en augmentation rapide, particulièrement parmi les jeunes ; 11% des Flamands (soit 647.000 personnes) vivent en dessous du seuil de pauvreté, l’emploi précaire et à temps partiel a fortement augmenté ces dernières années,… Et la crise est déjà en train de mettre à mal la « réussite flamande ». Les partis traditionnels n’ont aucune solution concrète à proposer, une aubaine qu’exploitent le Vlaams Belang et la Liste Dedecker. Mais hors de question pour eux de s’attaquer à la politique socio-économique des partis établis, ils vont eux-mêmes beaucoup plus loin dans les attaques contre les acquis du mouvement ouvrier. Il ne reste plus donc qu’à se démarquer par la surenchère communautaire, l’anti-élitisme et l’exacerbation de la haine raciste.

    Au niveau électoral, le Vlaams Belang a perdu beaucoup de voix au profit de la liste Dedecker. Cela démontre que les voix du VB n’étaient pas un vote d’adhésion totale à ses idées extrémistes, ce que nous avons toujours expliqué. Depuis les années ‘90, la part d’électeurs flottants (ceux qui font du «shopping électoral» et votent souvent de façon différente d’élection en élection) a augmenté, particulièrement en Flandre. Dans les partis traditionnels, cela a renforcé les stratégies de communication orientées vers «l’homme de la rue» qui privilégient les hommes plutôt que les idées et les programmes. Tout cela a ouvert la voie au populisme. Ce populisme est un élément plus important pour le VB que son programme politique radical.

    La liste Dedecker affirmait encore l’an dernier vouloir gouverner avec le Vlaams Belang. Cette année, leur préférence va vers le CD&V et l’OpenVLD, soit les deux plus grands partis flamands. Une participation gouvernementale ne changerait rien au programme bleu foncé de la Liste Dedecker, mais l’exercice du pouvoir à long terme conduira inexorablement au déclin électoral de celle-ci, qui a un programme socio-économique encore plus agressif vis-à-vis des travailleurs et des allocataires sociaux que celui des partis traditionnels (elle veut encore augmenter les baisses de charge pour les patrons, limiter les allocations de chômage dans le temps, ne plus indexer les salaires que sur base du net et non du brut,…) . Une bonne performance de la LDD pourrait par contre mener à une nouvelle droitisation du Vlaams Belang et à la radicalisation de certains groupuscules néofascistes liés au Vlaams Belang comme Voorpost, le NSV, la NSA,…

    Et en Belgique Francophone ?

    Le danger du populisme de droite n’existe pas qu’au nord du pays. Le mécontentement contre la politique traditionnelle existe aussi et est illustrée par le fait qu’un parti-fantôme comme le FN (sans structure, sans véritables militants, sans travail réel,…) arrive tout de même à dépasser les 5% sans rien faire. Le problème qui se pose à un populiste de droite est qu’il doit se faire remarquer au maximum tout en s’assurant un soutien populaire avec des propositions unilatéralement favorables aux riches ! Dedecker parle ainsi le moins possible de son projet socio-économique et attaque le plus possible les autres partis. Ce ne sont pas les occasions qui manquent en Wallonie après les différents scandales qui ont récemment égratigné les partis établis (et pas seulement le PS).

    On a beaucoup parlé de Rudy Aernout et de son LiDé, mais il s’y est pris comme un manche. Lui qui était déjà plus vu comme un technocrate que comme le « bon pote avec qui boire une chope » (ce qui est un peu l’image de Dedecker) a ouvertement parlé en long et en large de son programme socio-économique de droite avec des attaques contre les chômeurs (qui tombent mal à un moment de crise économique) saupoudrées de blagues douteuses sur la misère des gens. Et en termes d’anti-establishment, là aussi, il a fait fausse route et n’a pas mis longtemps avant de rejoindre le MR.

    Aernout a pu bénéficier d’une large couverture médiatique, mais ses méthodes malhabiles et ouvertement opportunistes ne lui ont apporté qu’un extrêmement faible 0,4% d’intentions de vote dans le premier sondage où il était question de lui. Cela ne signifie aucunement que le danger est écarté. Tant qu’aucune force de gauche ne saura orienter le mécontentement de la population vers une lutte active et collective contre les vrais responsables de la misère (les patrons, les actionnaires et les politiciens traditionnels), une force populiste aura toujours un espace pour se développer.

  • Irlande du Nord: Des milliers de personnes dans les rues à l’appel des syndicats dontre les meurtres et le sectarisme

    Environ 10.000 personnes se sont rassemblées au Belfast City Hall ce 11 mars tandis que des milliers d’autres ont protesté à Derry, Newry, Lisburn et Downpatrick contre les meurtres de la dissidence de l’IRA (l’IRA-Véritable) et contre le danger d’une recrudescence des tensions sectaires.

    Rapport et photo d’un correspondant à Belfast

    De nombreuses banderoles syndicales ont recouvert la manifestation. Le Socialist Party, notre section-soeur, était le seul groupe politique présent avec une banderole. Nos pancartes avec le slogan “No more killings – For workers’ unity” (“Stop aux meurtres – pour l’unité des travailleurs”) ont reçu beaucoup d’attentions des média locaux et internationaux.

    Le Socialist Party avait fait une édition spéciale de son journal qui a eu beaucoup de succès, 600 exemplaires ont été très vite vendus. Il est aussi apparu dans les nouvelles de la BBC et en première page du Financial Times. Les auto-collants du Socialist Party ont aussi été très populaires.

    L’idée d’une alternative politique de masse a reçu du soutien également, un parti de la classe des travailleurs et des jeunes qui lutterait contre la casse sociale, pour de meilleurs salaires et contre la destruction de services publics. Tous les partis sectaires au parlement régional sont complices des politiques d’austérité.

  • Le chômage explose, les revenus de Mr. Mittal aussi

    Si, malgré la crise et le chômage, vous espérez mener la belle vie et palper rapidement quelques millions d’euros, il semble que le plus simple est d’acheter un billet à l’Euromillion. Vous devriez plutôt essayer de devenir patron d’ArcelorMittal. Même si tout s’écroule autour de vous, vous pourriez quand même empocher 500 millions d’euros en 2009.

    Par Jean Peltier

    Le secteur de l’acier a été un des premiers secteurs industriels touchés par la crise. La production mondiale avait atteint un record historique de 1,3 milliards de tonnes en 2007 et il semblait possible de l’égaler en 2008… jusqu’au moment où les effets de la crise financière ont atteint de plein fouet l’industrie. Depuis lors, la demande est en net recul et la production en chute libre : – 25% en décembre dernier. Partout, les grands groupes sidérurgiques mettent leurs entreprises une après l’autre au ralenti ou carrément à l’arrêt. En moyenne, des outils qui frôlaient la surchauffe il y a encore huit mois ne tournent plus en moyenne qu’à 50% de leurs capacités.

    Si aujourd’hui ArcelorMittal n’a encore planifié aucune fermeture définitive en Belgique, tous les investissements sont gelés et la direction a décidé d’accélérer l’application du plan « Speed Up » qui doit permettre d’épargner 250 millions d’euros. Ici comme ailleurs, la vraie question est : qui va payer ? Et la réponse des patrons d’ArcelorMittal n’est évidemment pas différente de celle des autres patrons.

    La première fournée de mesures a été la mise au chômage technique partiel de milliers d’ouvriers, des plans de départs volontaires pour les employés (puisque ceux-ci ne peuvent pas être mis au chômage technique, au grand déplaisir des patrons), l’arrêt des recrutements et le non-renouvellement des contrats temporaires. Pour ces travailleurs et leurs familles, et pour tous ceux qui travaillent dans la sous-traitance, ces mesures signifient des pertes de centaines, voire de milliers d’euros pour l’année.

    Pendant ce temps, ArcelorMittal continue à soigner ses actionnaires. En 2008, ils avaient reçu 7 milliards de dividendes. Ils n’en recevront en 2009 que 1,2 milliard d’euros… dont 500 millions pour le grand patron Lakshi Mittal qui possède à lui tout seul 44% des actions de son groupe. Charité bien ordonnée commence par soi-même…

    Pourquoi les travailleurs devraient-ils accepter que des entreprises payent des dividendes aux actionnaires quand des dizaines de milliers de travailleurs doivent se serrer la ceinture? Et que l’Etat continue à accorder des cadeaux fiscaux de tous ordres à des entreprises qui licencient à tour de bras tout en continuant à engraisser des actionnaires ? Voilà de bonnes questions à poser – si possible rapidement et dans la rue.

  • Blokbuster proteste auprès de la ville de Maastricht

    Dimanche dernier s’est tenue une manifestation antifasciste à Maastricht à laquelle a participé une délégation de Blokbuster, notre campagne antifasciste flamande. Blokbuster a écrit une lettre de protestation à la ville de Maastricht car, sur décision du bourgmestre, environ 300 antifascistes ont été détenus pendant des heures, sans aucun droit et sans que la moindre procédure n’ait été entamée. Pendant que les anti-racistes étaient encerclés par la police, l’extrême-droite a pu défilé dans la ville.

    Lettre de Blokbuster et quelques photos de la manifestation


    Monsieur,

    Dimanche dernier, nous avons été détenus avec un grand groupe d’anti-racistes dans votre ville, sans aucune justification, et nous voulons réagir. Nous avons été enfermés pendant des heures sans une seule information dans un petit bout d’une place sur les rives de la Meuse.

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    Photo de Voorpost-Nederland en 2005. Le caractère néonazi de ce groupuscule est difficile à nier…
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    La ville Maastricht est entre autres connue pour son rôle européen. Nous savons déjà que la libre circulation des services est utilisée pour miner nos salaires et que la libre circulation des personnes ne vaut pas pour les sans-papiers. Mais, apparemment, la libre circulation des personnes ne s’applique pas non plus dans la ville de Maastricht elle-même.

    Nous trouvons aussi assez hypocrite que les autorités occidentales critiquent les pays qui ne respectent pas les droits démocratiques et arrêtent des gens sans raison alors qu’elles font la même chose. Aucune procédure administrative n’a été entamée contre les militants bloqués contre leur gré durant des heures sans aucune disposition de base (hygiène, boissons, nourriture,…). Selon les agents qui nous détenus, cette décision est venue de vous.

    Nous protestons contre les mesures de cette sorte qui évoquent plutôt Guantanamo Bay qu’un Etat de droit démocratique. Les agents qui nous ont détenus nous ont affirmé que nous n’étions pas arrêtés. Nous n’avons toutefois pas disposé de notre liberté d’aller et de nous trouver où nous voulons. Apparemment, il existe à Maastricht quelque chose comme des gens "un peu arrêté" : effectivement en détention, mais que cela ne s’appelle une arrestation.

    Dit is een inbreuk op het democratisch recht om te manifesteren en dient enkel om betogers te intimideren en potentiële betogers af te schrikken. Wij zullen er niet aan twijfelen om dit optreden van uwentwege voor een breder publiek aan te klagen. Cela constitue une violation du droit démocratique de manifester. Cette mesure a pour but d’intimider et d’effrayer les manifestants et les potentiels futurs manifestants. Nous n’allons pas hésiter à dénoncer publiquement ces pratiques.

    Bien à vous,

    Geert Cool, au nom de Blokbuster


    Quelques photos

  • Manifestation antifasciste à Maastricht – Reportage photo

    Dimanche dernier s’est tenue une manifestation antifasciste à Maastricht à laquelle a participé une délégation de Blokbuster, notre campagne antifasciste flamande, contre une manifestation du groupuscule néonazi Voorpost. Sur décision du bourgmestre, environ 300 antifascistes ont été détenus pendant des heures, sans aucun droit et sans que la moindre procédure n’ait été entamée. Pendant que les anti-racistes étaient encerclés par la police, l’extrême-droite a pu défilé dans la ville.

    Frederik

  • A La Poste moderne … des conditions de travail du 19ème siècle

    Enfin, les dirigeants syndicaux reconnaissent que la coupe est pleine ! La libéralisation imposée par l’Europe n’est pas devenue une modernisation, mais un retour au 19ème siècle. Nous avons déjà perdu 8.000 des 40.000 postes de travail, soit 1 sur 5. Des centaines de bureaux sont fermés. La charge de travail est devenue inhumaine. Au lieu de préparer La Poste au futur, les actionnaires danois ont pris la fuite avec nos efforts. Chers dirigeants syndicaux, nous ne voulons pas laisser échapper un peu de vapeur; nous voulons par contre un plan d’action pour sauver une poste moderne, donc entièrement publique, et avec des conditions de travail humaines!

    Model 9, bulletin d’information et d’action de travailleurs de La Poste qui sympathisent avec les idées du PSL

    Version PDF de ce Model 9

  • Il y a des années, Modèle 9 avait averti du fait que la libéralisation allait se faire aux dépens de l’emploi et d’un rythme de travail inhumain. Modèle 9 est le journal d’action du personnel de La Poste adhérant ou sympathisant avec le Parti Socialiste de Lutte (PSL, ex-MAS). La majorité des postiers était d’accord avec nous, mais pensaient qu’après coup, ce serait supportable. Les dirigeants syndicaux espéraient pouvoir éviter le pire. Après trois générations de Géoroute, de fermeture de bureaux, de réorganisation, de cleaning, de Poststation etc. il est clair que ce n’est pas supportable. Si la coupe est pleine, c’est parce que les conditions de travail sont devenus insupportables.

    “Cette libéralisation se fera quand-même”, nous a-t-on dit. Il fallait “moderniser”, ne pas “s’accrocher de façon conservatrice aux acquis du passé”. Les journalistes, les politiciens et les patrons se répétaient sans arrêt. Et nous avions fait grève pour limiter les dégâts. Nous devions le faire les mains menottées, bureau après bureau, au lieu de le faire tous ensemble. Combien d’entre nous sont encore nommés? Nous avons concédé le travail en intérim, des contrats hebdomadaires, signés à la fin de la prestation. Maintenant ils veulent nous remplacer par des livreurs de poste à 500 € le mois.

    Nos dirigeants syndicaux ont raison, lorsqu’ils disent que « la coupe est pleine ». Mais ce ne sont pas seulement l’augmentation de la charge de travail aux guichets, l’outsourcing et la libéralisation « sauvage » à laquelle nous nous opposons. On nous a vendu jadis la libéralisation puisque des clauses sociales étaient prévues. Il faut malheureusement constater que la libéralisation, “sauvage” ou pas, mine non seulement les conditions de travail, mais menace la Poste elle-même. Maintenant que les actionnaires danois se sont enfuis avec la recette, La Poste est pour moitié aux mains d’un fonds d’investissement obscur qui demain, lorsque ce sera plus rentable ailleurs, pourra carrément retirer la prise. La libéralisation n’est pas moins risquée pour La Poste qu’elle ne l’était pour les banques!

    Le Parti Socialiste de Lutte présentera des listes lors du scrutin tant pour l’Europe que pour les Régions. Nous défendons les services publics et l’abolition des directives européennes de libéralisation…


    MODELE 9 SOUTIENT LES REVENDICATIONS SYNDICALES:

    • Une poste de qualité avec une vision pour l’avenir.
    • Un vrai statut « facteurs distributeurs » pour l’avenir.
    • Une poste en bonne santé et à nouveau au service de la population.
    • Des emplois décents et une rémunération honnête.
    • La compensation totale de la perte de revenus.

    Pour Modèle 9 ceci ne peut se faire dans le cadre d’une poste libéralisée, qu’il s’agisse d’une libéralisation « sauvage » ou « domestiquée ».

    • Un retour à une juste proportionnalité entre les rétributions du top management et les salaires les plus bas.
    • Un engagement politique qui respecte à nouveau les travailleurs afin qu’ils ne soient pas poussés vers la mendicité.

    La Poste doit redevenir un service public. Des managers excessivement rémunérés ne nous ont rien apportés. Une politique qui respecte les travailleurs en est une qui casse avec le libéralisation et annule les accords sur le niveau Européen concernant la libéralisation de la poste! Qu’attendent nos syndicats à revendiquer cela de nos politiciens ?

  • Obama sera-t-il à la hauteur ?

    L’élection du premier président «afro-américain », dans un pays dont l’histoire est marquée par le racisme, la ségrégation et l’esclavage, a éveillé les espoirs d’une large couche de la communauté noire. Surfant sur une opinion publique massivement hostile à la guerre en Irak et sur une crise économique qui a jeté le discrédit sur les politiques néo-libérales menées durant les années Bush, les accents « progressistes » du discours d’Obama ont fait mouche.

    Jalil (Etudiants de Gauche Actifs-ULB)

    Obama arrive pourtant au pouvoir avec en toile de fond la plus profonde crise économique que le capitalisme ai traversé depuis 1929, ce qui l’a rapidement forcé à dilapider l’essentiel de ses promesses électorales : il a prévenu que le système d’assurance-santé pour tous ne serait pas pour cette année. Surtout, face à l’hécatombe qui frappe le marché du travail (2,6 millions d’emplois ont disparu en 2008), ces promesses en termes de création d’emplois paraissent bien dérisoires. Avant d’être élu, il parlait de créer 5 millions d’ emplois. Une fois au pouvoir, le chiffre était retombé à 3 millions . C’est de la « sauvegarde » de 3 millions d’emplois dont il s’agit à présent…alors que le nombre officiel de chômeurs avoisine déjà les 11 millions !

    Sauver le capitalisme américain, sur le dos des travailleurs

    Obama a décidé de plafonner la rémunération des banquiers à 500 000 dollars. Cette mesure ne s’applique pourtant pas à ceux qui ont bénéficié du plan de sauvetage de Bush, comme les dirigeants de Merryll Linch qui ne seront pas contraints de revenir sur la distribution des 4 milliards de dollars qu’ils s’étaient accordés avant que leur banque soit absorbée par la Bank of America. De plus, les limites imposées ne concerneront pas les dividendes et elles seront levées lorsque les prêts de l’Etat auront été remboursés. Il ne s’agit pas, a déclaré Obama, d’une « prise de contrôle par l’Etat. L’initiative privée suivra son cours mais il faudra rendre des comptes et se montrer responsable».

    La notion de “sacrifice” est centrale dans les discours d’Obama : ce dernier se prépare à faire payer la crise sur le dos des travailleurs et des couches pauvres de la population. Le nouveau paquet de sauvetage de près de 800 milliards de dollars va tout au plus atténuer les effets de la crise, mais ne permettra pas d’enrayer la vague de fermetures d’entreprises et de licenciements de masse qui accompagnent la récession. Dans ce plan de relance, 40% des fonds seront destinés à de nouvelles baisses de taxes pour les entreprises et les classes moyennes. Au-delà de l’inefficacité avérée de telles mesures pour relancer l’économie, Obama montre par là sa volonté de tendre la main aux Républicains dans un objectif de réconciliation bipartisane ; le Washington News commentait récemment : “Le président élu propose des baisses de taxes qui pourraient faire rougir George W. Bush”…

    Le plan de relance d’Obama est avant tout destiné à sauver le capitalisme américain de la faillite, et non un plan destiné à venir en aide aux travailleurs et à leurs familles. Le déficit budgétaire pour l’année 2009 est estimé à 1,2 trillions de dollars (8,3 % du PIB) avant même la mise en oeuvre du plan de relance. Il est clair que, d’une manière ou d’une autre, ces dettes gigantesques vont devoir être repayées par la collectivité à un stade ultérieur, tandis que les capitalistes et les gros actionnaires continueront de s’octroyer de généreux profits.

    Obama : question de race ou question de classe ?

    Obama se profile habilement comme un successeur de figures historiques du mouvement noir comme Martin Luther King. De nombreux commentateurs nous présentent aujourd’hui l’élection d’Obama comme la réalisation du « rêve américain » et annoncent l’avènement d’une société « postraciale ». Pourtant , la politique réactionnaire d’une Condoleeza Rice ou d’un Colin Powell dans l’ancienne administration Bush illustrent que le racisme et l’oppression des noirs ne diminueront pas par la simple arrivée au pouvoir d’un président de couleur. Sarkozy a utilisé la même technique en insérant trois ministres « d’ouverture » dans son cabinet (Rahcida Dati, Fadela Amara et Rama Yade). Ce gouvernement continue néanmoins ces politiques d’austérité contre les acquis sociaux, une répression accrue contre les jeunes des quartiers populaires, les sans-papiers et le droit de grève.

    La population noire et immigrée traverse une situation sociale dramatique. Premières victimes de la crise, les noirs américains subissent de plein fouet le chômage de masse (l’an dernier, 20.000 noirs ont perdu leur emploi rien que dans le secteur automobile) et les expulsions de logement dues à la crise immobilière. Aujourd’hui, un adulte afro-américain sur quinze est en prison, et les discriminations contre les immigrés sont toujours aussi nombreuses que par le passé. Une enquête officielle provenant du FBI illustre même que les attaques et discriminations à caractère raciste ont tendance à augmenter dernièrement. La répression policière contre les jeunes afroaméricains nous a été rappelée par le récent meurtre d’un jeune afro-américain par un agent de la BART (la police des transports) à Oakland le soir du nouvel an.

    La pauvreté énorme de nombreux quartiers aux Etats-Unis et les incessantes discriminations touchant la population noire et immigrée ne pourront être combattue que par une lutte commune des travailleurs et des jeunes de toutes les origines pour l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail, et contre le capitalisme, qui se nourrit de la division et des problèmes sociaux. Telle est la principale leçon du mouvement pour les droits civiques. Cette leçon, Obama ne l’a pas faite sienne, enfermé qu’il est dans une logique capitaliste, et voulant transcender les divisions sociales au nom de « l’unité de la nation ».

    Vers une ère de paix ?

    Obama a été porté au pouvoir grâce notamment à son positionnement contre la guerre. La promesse de retrait des troupes du bourbier irakien dans les 16 mois a été un élément-clé pour remporter les primaires démocrates contre Hillary Clinton. La réalité est bien moins réjouissante, comme l’atteste la confirmation au secrétariat à la défense de Robert Gates, l’un des principaux va-t-en guerre de l’ancienne administration.

    La situation irakienne ne demande plus un tel contingent militaire car les intérêts américains en Irak sont maintenant protégés par le gouvernement fantoche mis en place par les USA. Cependant, la « sécurité » en Irak reste extrêmement précaire, et le plan de retrait reste conditionné à une évolution sur le terrain qui laisse supposer que non seulement un retrait rapide et unilatéral est tout sauf probable (les 16 mois se sont déjà transformés en 23 mois), mais laisserait en outre derrière lui un pays dévasté et en proie à des tensions explosives. L’objectif de doubler les effectifs militaires en Afghanistan permet lui aussi de nuancer les volontés « pacifistes » d’Obama.

    Le coup médiatique sur la fermeture de Guantanamo ne peut cacher les dizaines d’autres prisons sans droits éparpillées dans le monde comme Bagram en Afghanistan ou Diego Garcia, un territoire britannique situé dans l’océan Indien. Les ordres signés par Obama ne remettent pas en cause la procédure connue sous le nom d’« extradition extraordinaire », par laquelle les Etats-Unis ont, durant les années Bush, kidnappé des présumés terroristes et les ont envoyés dans des pays étrangers ou des prisons secrètes de la CIA pour les torturer. Le président ne s’est toujours pas expliqué non plus sur ce qu’il comptait faire avec le Patriot Act 1 et 2, qui limite les libertés individuelles au nom des lois anti-terroristes.

    Quant au conflit israélopalestinien, les seules prises de position publiques qu’Obama a prises sur le sujet visait à assurer son soutien inébranlable à la sécurité d’Israël, tout en ne soufflant mot sur l’occupation et les bombardements à Gaza. On se souvient également de son plaidoyer devant une association de lobby pro-israélienne aux USA, pour que Jérusalem devienne la “capitale indivisible d’Israël”. Le Congrès -à majorité démocrate- a quant à lui renouvelé pour 10 ans l’aide annuelle de 3 milliards de dollars à l’Etat d’Israël…Tout ça porte à croire qu’à part une plus grande dose de concertation avec les autres grandes puissances, la politique étrangère d’Obama au Moyen-Orient ne va pas subir de changements fondamentaux.

  • Impressionnant soutien pour l’idée d’une Marche pour l’Emploi et pour un nouveau parti des travailleurs

    Récolte de signatures de parrainage

    Hier matin, 6 membres du PSL ont milité au bâtiment de la FGTB dans la rue de Suède à St. Gilles, quartier bien connu de Bruxelles. Notre objectif était de populariser notre appel pour une marche pour l’emploi et de récolter des signatures de parrainage pour pouvoir nous présenter aux élections. 120 personnes ont remplis les formulaires, plus de cinquante d’entre eux ont acheté un exemplaire de notre journal et plus de quarante veulent être tenus au courant de nos activités…

    A chaque fin de mois, toute personne au chômage, économique ou autre, doit venir déposer ou chercher sa carte de pointage. L’inquiétude vis-à-vis de la recherche d’un emploi et de la possibilité d’en trouver un est énorme. La colère est générale lorsque l’on aborde les capitaux investis pour le sauvetage des banques alors que des milliers de personnes perdent leur emploi et doivent faire attention au risque de perdre leur allocation. La chasse aux chômeurs existe toujours, car il faut bien économiser n’est-ce pas ?

    L’appel lancé à l’intention du syndicat était sans équivoque: il nous faut d’urgence prendre une initiative pour stopper cette massive perte d’emplois! Sur le plan politique, nous avons absolument besoin d’œuvrer à la création d’un nouveau parti des travailleurs, capable de défendre les intérêts des travailleurs et de leurs familles. La récolte de signatures, la vente de notre mensuel et notre collecte ont été autant d’éléments révélateurs de la solidarité et de la combattivité qui existe dans la population.

  • Protestation contre les attaques sur le droit de grève

    Ce mercredi, environ 400 militants de la FGTB et de la CSC ont manifesté en front commun devant le palais de justice de Mons pour défendre le droit de grève et soutenir les avocats des Syndicats. Ces derniers étaient venus là pour défendre une requête en tierce opposition contre l’ordonnance prise le 24 octobre 2008 par le président du tribunal de première instance de Mons. Sur requête unilatérale du groupe Carrefour, le juge avait prononcé une ordonnance préventive interdisant aux travailleurs et à leurs délégués d’empêcher ou restreindre l’accès aux magasins de l’enseigne par des piquets de grève. Les huissiers pouvant ordonner à la police de déloger les grévistes et infliger des astreintes de 1000 €. (Pour plus de renseignement sur les raisons du conflit, voir cet article)

    Par Ben et Michel (Mons)

    400 militants en rouge et vert se sont rassemblés dès 10h à l’appel du front commun syndical. L’esprit, quoique bon enfant, était particulièrement combatif. Des délégations du Hainaut étaient présentes, mais aussi de Liège, de Bruxelles ou de Flandre : des travailleurs, des délégués, des permanents, des Métallo CSC, des CGSP, des affiliés de TRANSCOM, des chômeurs, des membres du SETCa et du BBTK, des pensionnés, des conjoint(e)s. Au-delà des frontières sectorielles, syndicales, communautaires, d’âge ou de statut professionnel, ces militants sont venus montrer aux juges et aux avocats patronaux que la grève est un droit, que la justice n’a pas à s’immiscer dans les conflits sociaux et que les travailleurs n’ont pas l’intention d’accepter que l’on s’attaque à leurs acquis sans broncher.

    Le message a été suffisamment clair : «On ne laissera personne remettre en cause ou restreindre, pour quelque raison que ce soit, notre droit à faire grève !»

    Et aux petits bourgeois, néolibéraux et autres populistes de droite qui hurlent à qui mieux-mieux que le travailleurs (wallon ?) n’aspire qu’à faire la grève pour ne rien foutre, une pancarte disait «Je ne vis pas pour faire la grève, je la fais pour vivre».

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