Category: Privé divers

  • La grève du personnel soignant a été également bien suivie dans les hôpitaux du Namurois

    En plus des travailleurs organisés dans les trois principaux syndicats (CNE et SETCa Non Marchand et CGSLB), de nombreux travailleurs non syndiqués étaient également solidaires du mouvement.

    Par Jeremy (Namur)

    Les responsables syndicaux interrogés au cours du rassemblement de jeudi matin devant l’hôpital universitaire Ste-Élisabeth mettent en avant l’écart entre les moyens nécessaires pour assurer des soins de qualité des patients et ceux effectivement consentis par la direction. Un écart qui les pousse à des cadences infernales pour soutenir le rythme des prises en charge.

    « Je n’ai droit qu’à 4 min par patient, nous explique un infirmier en radiologie, ce compris la désinfection complète du local jusqu’aux poignées de porte. L’autre jour, une patiente venue pour un examen en oncologie a fondu en larmes devant moi sur le coup du stress après deux semaines d’attente pour avoir une place pour une inspection préventive en radio. Pendant que j’essayais de la soutenir, le médecin dans le fond de la pièce tapait le cadrant de sa montre pour me signaler que le temps presse. Nous n’avons plus le temps de nous occuper de l’humain. »

    Un autre nous explique la réaction de son chef de service au moment de lui faire part de sa fatigue liée à sa surcharge de travail : « fatigué de quoi ? Maintenant tu dois être habitué, non ? » Dans l’esprit de la direction, l’état d’urgence est devenu la nouvelle norme.
    Le personnel organisé dans les syndicats déplore notamment que le fonds « Blouses blanches » débloqué en 2019 n’ait jusqu’ici pas été employé pour améliorer structurellement les conditions de travail par le recrutement de personnel dans des emplois réellement utiles sur le terrain. Une mauvaise gestion aggravée par le manque de vision à long terme permettant de pallier aux difficultés de recrutement de personnel infirmier dans le secteur par une revalorisation de la fonction et l’embauche de personnel de soutien en attendant l’arrivée de jeunes infirmiers sur le marché de l’emploi.

    Le soutien au mouvement atteint une ampleur encore jamais vue, ce qui a contraint la direction à la réquisition forcée de membres du personnel en grève avec arrêt de réquisition formelle adressé par la province. Ce qui n’a pas empêché le personnel réquisitionné de se joindre aux rassemblements pendant leurs temps de pause pour montrer à quel point le personnel, bien que fatigué, est plus que jamais déterminé !

    Cette journée de grève très bien suivie en Wallonie et à Bruxelles est un succès sur lequel construire pour arracher un refinancement public massif des soins de santé !

  • Pas de profits sur nos vies ! Plus de 3.000 personnes à Bruxelles pour la santé

    Après un mois de mai plutôt maussade, le soleil était de la partie hier pour accompagner la deuxième Grande manifestation de la santé organisée par le groupe d’action militant La Santé en Lutte. « Une ambiance festive, déterminée, revendicative », comme l’explique le collectif.

    L’appel international pour la santé dans lequel prenait place cette mobilisation a réuni plus de 60 collectifs et syndicats. En Italie, en Espagne, en France et au Royaume uni, les gens sont sortis dans la rue pour défendre les soins de santé ! Ce 29 mai a donc marqué le début potentiel d’une coordination internationale combative dans les soins de santé.

    En Belgique, au côté de La Santé en Lutte, des dizaines d’organisations, dont plusieurs structures syndicales, se sont impliquées dans cette mobilisation exigeant un refinancement des soins de santé, de meilleures conditions de travail et une hausse des bas salaire. On retrouvait bien entendu des membres du personnel soignant dans la foule, mais aussi des enseignants dans une délégation « Ecole en lutte », des sans-papiers, des activistes féministes, des travailleurs sociaux, des militants pour le droit au logement,… Après de nombreuses prises de paroles qui ont illustré toute la diversité des collectifs réunis, le rassemblement est parti en manifestation de la Place Albertine vers la gare du midi. L’air de rien, c’était le premier cortège de cette taille depuis la manifestation à l’occasion de la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes en mars 2020…

    Cette mobilisation était la deuxième mobilisation d’ampleur de La Santé en Lutte, après un rassemblement en septembre qui avait réuni plus de 7000 personnes. Le contexte était différent à l’époque, avant que ne se déclenche le deuxième confinement dont nous ne commençons qu’à peine à sortir. La mobilisation avait également à l’époque pu se dérouler durant plus longtemps. Peut-être des gens se sont-ils également souvenus de la répression policière brutale qui avait marqué la fin du rassemblement sans autre but que d’intimider la protestation sociale. Mais la donnée la plus importante, c’est très certainement que le personnel soignant est tout simplement à bout après plus d’un an d’efforts incroyables en dépit du mépris des autorités.

    Comme l’explique La Santé en Lutte : « Pour faire face à la pandémie l’État prête aux hôpitaux, ceux-ci vont donc devoir rembourser ! La santé de la population à crédit !? En réalité, la volonté de restreindre les budgets de la santé reste la même. Où sont les moyens supplémentaires après trois vagues de contaminations !? La pression à la rentabilité quoiqu’il en coûte humainement se maintient sur les institutions et sur le personnel. À la clé, nous voyons déjà sur le terrain des menaces de licenciement et des fermetures de maisons de repos. En résumé : pression sur les effectifs, cacahuètes pour les salaires et marchandisation toujours en cours… La santé vite applaudie, vite oubliée… »

    Nous rejoignons totalement ce constat. Il nous faut un refinancement public massif du secteur des soins, avec contrôle démocratique sur l’allocation des budgets ! Et soyons clairs : la situation n’est pas meilleure dans les logements sociaux, l’enseignement et les autres services publics. Là aussi, il nous faut un sérieux refinancement public.

    Le PSL/LSP est intervenu dans l’événement avec plusieurs stands où notre matériel politique était proposé tandis que des militantes et militants passaient dans la foule proposer notre mensuel, Lutte Socialiste, ou le tract de la Campagne ROSA édité pour l’occasion qui soulignait que des victoires sont possibles par la lutte, sur base de l’obtention du salaire minimum de 14 euros de l’heure à l’université de Gand. Quand le rassemblement est devenu manifestation, nous avons constitué une délégation combative et dynamique. « De l’argent, il y en a, dans les caisses du patronat, et l’argent, on le prendra, dans les caisses du patronat ! »

    Cette journée fut donc une belle réussite, qui en appelle d’autres ! Espérons qu’elle permettre d’atténuer la frilosité qui règne dans certains sommets syndicaux vis-à-vis de l’initiative très importante que constitue La Santé en Lutte.

    Rencontres avec La Santé en Lutte :

    Photos de Liesbeth

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    Photos de Nico

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    Photos de Virginie, Marina et Dali Live

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  • La santé pour tous ? Impossible sous le capitalisme !

    La catastrophe des soins de santé est devenue douloureusement évidente depuis que la pandémie fait rage. Il est impossible d’estimer combien de vies auraient pu être sauvées sans les dégâts causés par des décennies de mesures d’austérité dans les soins de santé. Avant même que n’éclate la pandémie, l’exaspération du personnel était déjà endémique en raison de la charge de travail trop élevée, des salaires trop bas, des ressources insuffisantes pour assurer des soins de qualité à toutes et tous. Déjà à l’époque, une partie de la population a dû reporter ses soins pour des raisons financières, non seulement les soins spécialisés, mais aussi des soins de base. Ne parlons même pas des parents pauvres du secteur tels que la santé mentale ou l’aide aux personnes handicapées, où les listes d’attente sont tellement longues qu’il faut souvent patienter des mois, voire des années.

    Par Anja Deschoemacker, article du mensuel Lutte Socialiste

    La pandémie a douloureusement souligné la nécessité d’un refinancement majeur et d’une revalorisation du secteur. Le monde politique tente par tous les moyens de prétendre qu’il s’agit de « besoins temporaires » et que seules suffisent les primes et les augmentations de budget temporaires. En réalité il faut réviser le secteur de fond en comble pour que le personnel soignant puisse se rendre au travail sans appréhension et qu’aucun patient ne soit laissé de côté. Le point de départ, c’est de bannir la logique de profit des soins de santé.
    Des soins de santé efficaces : des soins organisés par le public !

    Revaloriser les soins primaires

    Contrairement à plusieurs pays européens, les soins primaires en Belgique sont restés aux mains de médecins indépendants. Comme tous les prestataires de soins de santé, les médecins généralistes ont été débordés pendant la pandémie. Nombre d’entre eux ont dû travailler jusque tard dans la nuit pour maintenir leurs dossiers à jour. Même avant, pas mal de généralistes avaient des horaires anormalement chargés, mais leurs revenus en dépendent. Quant aux soins infirmiers à domicile, ils sont répartis entre différents services et prestataires de soins privés. La pénurie d’infirmiers signifie que les heures de travail peuvent atteindre des niveaux inouïs faute de trouver du personnel.

    Pour la population, le caractère privé des soins primaires signifie que la manière dont vos besoins peuvent être satisfaits dépend de l’endroit où vous vivez. Heureusement, il est désormais possible de n’avoir à payer que le ticket modérateur, mais pour les médecins généralistes, c’est une charge administrative supplémentaire. Des soins primaires publics permettraient de rendre ces soins gratuits, en supprimant toutes les barrières financières pour celles et ceux qui ont besoin d’être soignés. Pour les médecins, cela signifierait qu’ils ne devraient plus être disponibles 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, qu’ils pourraient eux-mêmes tomber malades sans devoir continuer à travailler, qu’ils pourraient laisser la charge administrative au personnel administratif, qu’ils pourraient suivre des cours pour se perfectionner sans perdre de revenu, etc.

    Un système de soins de santé primaires fortement développé, accessible à toutes et tous, qui attribue un rôle important aux médecins généralistes dans l’ensemble du processus de soins de santé et offre un salaire décent à tous les travailleurs du secteur jouerait un rôle préventif important au sein de toutes les couches de la population, y compris les plus pauvres. Le développement d’un réseau dense de centres de santé de quartier, couvrant tous les aspects des soins primaires, serait bénéfique pour les usagers et les travailleurs de la santé, ainsi que pour la société dans son ensemble. En cas d’épidémie, une action rapide et efficace serait également possible, par exemple pour une recherche efficace des contacts et une stratégie de dépistage et de vaccination.

    Un réseau public coordonné d’hôpitaux

    Une grande partie des hôpitaux étaient déjà dans le rouge avant la pandémie faute de financement public. En fonction des revenus complémentaires, cela pousse l’ensemble du système à encourager les services techniques qui « se rémunèrent » (mais imposent également des coûts supplémentaires aux patients et à l’assurance maladie) mais ne répondent pas nécessairement aux besoins réels en matière de soins de santé. La concurrence entre les différents groupes hospitaliers (publics, non-marchand, privés) va dans le même sens.

    Pour le personnel, cela signifie qu’il y a une pression constante sur les dépenses, avec des catégories entières de personnel qui ne touchent même pas 14 euros de l’heure (et peinent donc à vivre décemment) et une lourde charge de travail en raison de la pénurie de personnel. Pour celles et ceux qui ont besoin de soins, cela signifie des listes d’attente et un accès inégal aux soins de qualité.

    Dans l’ensemble, cela signifie qu’aucune vision globale des besoins n’est développée pour garantir que toutes les formes de soins nécessaires soient également accessibles partout. Juste avant la pandémie, la réduction du nombre de maternités a donné lieu à un vaste débat dans les médias, opposant l’argument de la rentabilité à la nécessité d’une maternité de proximité.

    Cela soulève également la question de ce qui constitue des soins nécessaires. Aujourd’hui, de nombreux patients, y compris des mères et des bébés, doivent rentrer au domicile alors qu’ils et elles ont encore besoin de soins à l’hôpital car les soins professionnels à domicile sont insuffisamment organisés. Ces soins retombent bien souvent sur les familles, le plus souvent sur les épaules des femmes. Un service national de soins de santé pourrait développer une vue d’ensemble des soins hospitaliers et des soins à domicile et veiller à ce que les aidants informels reçoivent le soutien nécessaire et ne doivent pas organiser leur vie entière en fonction de ces soins informels.

    Le profit est incompatible avec des soins de qualité accessibles

    Ce n’est pas une coïncidence si c’est dans les maisons de soins résidentielles que la pénurie de personnel a entraîné le plus de décès. Plus encore que dans d’autres établissements de soins, le personnel testé positivement devait rester sur place et il fallait faire appel à des bénévoles pour garantir les soins. Cette situation affligeante contraste fortement avec le coût élevé pour les résidents, en moyenne près du double de la pension moyenne !

    Même avant la pandémie, il était clair que ce prix de revient élevé ne permettait pas d’obtenir des soins de qualité. Les maisons de repos et de soin privées ont beaucoup moins de personnel par nombre de résidents que celles du public, qui disposent pourtant elles aussi d’un personnel insuffisant. La qualité de vie des résidents, en termes d’emploi du temps, de repas sains et frais et de traitement humain, est bien moins prioritaire que les bénéfices qui finiront dans les poches des actionnaires. Maintenant que la pandémie a entraîné un faible taux d’occupation, plusieurs groupes d’investissement menacent de se retirer à moins que le gouvernement ne prenne en charge les frais des lits vacants.
    C’est une utilisation absurde des ressources que de permettre au secteur privé de conserver des bénéfices, alors que ces ressources seraient beaucoup plus durables et iraient effectivement aux soins et non aux actionnaires si elles étaient dépensées dans le cadre d’un service public. Dans les services privatisés, les bénéfices sont toujours privés, mais les coûts sont transférés au public autant que possible.

    Les soins de santé ne sont rentables que s’ils ne sont pas destinés à tout le monde et si les intérêts du patient et du système de santé public au sens large sont secondaires. La seule façon de garantir que les soins de santé fonctionnent dans l’intérêt de la population et puissent mobiliser suffisamment de personnel pour organiser des soins de qualité grâce à de bonnes conditions de travail, c’est de revaloriser substantiellement le secteur en tant que service public, coordonné tant au niveau national que local.

    Le 29 mai, nous descendrons à nouveau dans la rue à Bruxelles et nous continuerons à nous battre pour toute amélioration qui pourra être obtenue. Nous devons continuer et faire pression pour obtenir plus de ressources dans le domaine des soins de santé et soutenir pleinement La Santé et Lutte / Zorg in Actie dans ce sens.

    L’existence de ces ressources est évidente si l’on considère les chiffres des bénéfices de l’industrie pharmaceutique. Ces profits sont réalisés sur le dos de l’assurance maladie et des patients du monde entier. Elles sont faites en ne donnant tout simplement pas à tous l’accès aux soins nécessaires, ce qui, dans le contexte de la pandémie, signifie qu’il n’y a pas de fin en vue, mais que de nouvelles vagues apparaissent constamment. Si la pandémie nous apprend quelque chose, c’est que des soins de santé entièrement publics et dotés de ressources adéquates – y compris, donc, une industrie pharmaceutique nationalisée sous le contrôle des travailleurs et des utilisateurs – sont une nécessité urgente pour l’ensemble de l’humanité.

  • La lutte paie ! La menace de grève porte ses fruits chez Lidl

    Les relations sociales au sein de la chaîne de supermarchés Lidl sont mauvaises depuis un certain temps déjà. C’est le résultat d’une équation malsaine : un chiffre d’affaires maximal avec le moins de personnel possible. La charge de travail est insupportable et le personnel exige une solution depuis des années. Il y a trois ans, une vague de grève a eu lieu chez Lidl, mais les problèmes demeurent. La crise sanitaire est venue aggraver la charge de travail alors que le personnel risquait sa santé. Quasiment aucun vendeur ne gagne 14 euros de l’heure alors que le propriétaire Dieter Schwarz touche un milliard d’euros par an.

    La direction de Lidl a d’abord fait une proposition bien trop faible pour le personnel. Il ne s’agissait que de mesures temporaires telles que le maintien de stewards (c’est-à-dire des étudiants non formés) dans les magasins pendant les week-ends et durant les vacances, et le report des réorganisations de magasins. Le SETCa/BBTK a menacé de se mettre en grève, ce qui a poussé la direction a tout de même mettre davantage sur la table de négociation. La principale revendication du syndicat socialiste était de prévoir au planning 28 heures de main-d’œuvre supplémentaire par semaine et par magasin. La direction souhaitait reporter cette mesure jusqu’au calcul du temps nécessaire pour chaque acte du travail du personnel. Ce calcul est actuellement en vigueur dans huit magasins.

    La menace d’une grève, malheureusement uniquement par le SETCa/BBTK, a obligé la direction à céder. Des employés supplémentaires seront recrutés afin que l’équipe volante, qui intervient dans les magasins où de nombreuses personnes sont malades ou absentes, soit effectivement composée du nombre prédéterminé de membres du personnel. Ces recrutements supplémentaires doivent être effectués avant le 9 juin. En outre, dans tous les magasins, 28 heures de travail supplémentaires par semaine seront accordées jusqu’à la fin du mois de septembre. Entre-temps, des négociations seront menées sur la manière d’aborder la charge de travail, en se basant notamment sur les résultats de ce calcul du temps de travail actuellement en cours dans huit magasins. Entre-temps, l’attribution d’heures de travail supplémentaires aux membres du personnel et/ou le recrutement de nouveaux collègues ont commencé à partir du 10 mai. L’inclusion de délais précis dans la proposition était importante : trop souvent, la direction fait des promesses non tenues ensuite.

    La grève du 8 mai a été annulée et une paix sociale a été annoncée jusqu’au 30 septembre, à condition que les promesses faites par la direction soient tenues. Ce résultat n’aurait pas été possible sans l’expérience du personnel et de la direction avec la vague de grève de 2018. Cette expérience a démontré que, contrairement aux promesses de la direction, une menace de grève ne se limite pas à des paroles en l’air. Une position déterminée reposant sur la lutte est payante !

  • Trois vagues Covid plus tard : où en est la revalorisation des soins de santé ?

    29 mai : Grande Manifestation de la Santé, acte 2, Bruxelles central, 15h

    Nous appelons tous nos lecteurs à noter la date du 29 mai dans leur agenda. C’est la date de la deuxième Grande Manifestation de la Santé, organisée par La Santé en Lutte avec le soutien de divers co-organisateurs. Venez manifester, mais ne vous arrêtez pas là : demandez à vos collègues, votre famille et vos amis de vous accompagner et demandez-leur de mobiliser d’autres à leur tour. Soutenez davantage La Santé en Lutte de toutes les manières possibles, leur courage et leur détermination constituent un exemple qui mérite d’être suivi !

    Par Anja Deschoemacker

    Les choses ne vont pas bien dans le domaine des soins de santé et même la fin de la pandémie – si elle arrive un jour avec cette stratégie de vaccination taillée sur mesure pour les grandes entreprises pharmaceutiques – ne résoudra pas les problèmes existants. La situation était déjà mauvaise avant la pandémie et elle n’a fait qu’empirer depuis. Quelques gouttes d’eau dans le désert ne vont pas suffire !

    Des soins de santé accessibles et de qualité : le fruit de décennies de luttes des travailleurs

    L’accès aux soins de santé est une question centrale depuis le tout début de la lutte des travailleurs, les premières caisses mutuelles existant déjà au sein des premières organisations ouvrières dans notre pays. La lutte pour le développement des hôpitaux publics et l’accessibilité des soins de première ligne a été l’un des fers de lance des premiers élus socialistes. Ce sont les travailleurs et les pauvres qui en bénéficient le plus, car les riches sont en mesure de payer des soins coûteux.

    Après la Seconde Guerre mondiale, un système d’assurance obligatoire a finalement été mis en place dans le cadre de la création de la sécurité sociale. Des décennies de lutte ouvrière ont été nécessaires pour faire entrer suffisamment de fonds dans les caisses de la sécurité sociale et pour construire le système de soins de santé de telle sorte que, dans les années 1980, les responsables politiques belges pouvaient se vanter d’avoir « les meilleurs soins de santé du monde ».

    En réalité, la Belgique n’a jamais pu rivaliser avec les pays qui ont développé un système de soins de santé entièrement public, y compris un système de soins de première ligne gratuits pour les usagers. Mais ce qu’il faut retenir, c’est que ce sont précisément les mêmes responsables politiques vantards qui se sont approprié les décennies de lutte pour des soins de santé accessibles qui ont commencé à organiser leur dégradation structurelle.

    L’arrivée des décennies de politiques néolibérales

    À partir du début des années 1990, une série d’exercices de réduction des coûts a débuté et s’est poursuivie jusqu’à aujourd’hui. Les quelque 4 milliards d’euros supplémentaires consacrés aux soins de santé depuis l’été dernier ne sont donc qu’une goutte d’eau dans le désert. La réduction du ratio infirmières/patients a été très loin. Par exemple, le financement des hôpitaux ne permet qu’une infirmière pour 11 patients, contre une infirmière pour 8 patients en moyenne dans l’Union européenne et une pour 5 patients en Norvège (données de 2019).

    La colossale charge de travail qui en résulte, associée aux faibles salaires, signifie que les infirmières connaissent souvent des maladies de longue durée et que la durée moyenne de la carrière d’une infirmière n’est que de 7 ans. Les conséquences sont également pernicieuses pour les patients : déjà en 2014, une recherche européenne a calculé que pour chaque patient supplémentaire, les patients ont 7 % de risque en plus de mourir dans les 30 jours suivant une opération (de routine). Pourtant, le gouvernement de l’époque, avec Maggie De Block à la santé, a imposé de nouvelles économies budgétaires !

    De plus, les coupes budgétaires successives ont massivement réduit l’accès aux soins. Selon une enquête réalisée par Solidaris en septembre 2020, 46,9 % des personnes reportent au moins une fois des soins nécessaires pour des raisons financières, ce chiffre atteignant 52,6% chez les femmes et 60,5% dans les foyers monoparentaux.

    Intensifier la lutte pour un refinancement et une revalorisation massive des soins de santé

    La pandémie a douloureusement mis en évidence les conséquences de ces économies – il est évident pour tout le monde dans le secteur des soins que ces économies passées ont été le principal facteur du nombre élevé de décès dus à la pandémie. Les 4 milliards supplémentaires obtenus grâce à la lutte des travailleurs de la santé pendant la pandémie ne peuvent être considérés que comme un premier pas pour inverser la situation et aller vers des soins de qualité, accessibles et humains pour tous, avec des conditions de travail et des salaires décents pour tout le personnel.
    Après tout, si nous voulons résoudre la pénurie de personnel, des salaires plus élevés ne suffiront pas et certainement pas les concessions obtenues aujourd’hui. La charge de travail doit être réduite de manière drastique et les soins doivent être prodigués de manière humaine. Il faut donc abandonner l’idée que les soins doivent être “rentables” et que les institutions de soins sont gérées comme des usines. Sinon, les professionnels des soins continueront à quitter le secteur.

    Nous soutenons pleinement les revendications de La Santé en Lutte :

    Pour un refinancement des soins de santé :

    1. Investir dans les institutions de soins : plus de personnel dans toutes les catégories
    2. Renforcer les normes d’encadrement
    3. Mettre fin à la charge administrative
    4. Revaloriser les bas salaires et mettre fin aux contrats précaires
    5. Pour un contrôle démocratique des budgets par les travailleurs et les utilisateurs
    6. Pour des soins de qualité accessibles à tous
    7. Ouvrir les brevets sur les vaccins et sur la production pharmaceutique en général.

    Grâce à des actions ciblées, les travailleurs de la santé ont pu repousser plusieurs attaques et imposer plusieurs concessions l’année dernière. La prise de conscience de la nécessité de soins de santé adéquats par le grand public a considérablement modifié le rapport de force en défaveur des gouvernements. Le fait que ces gouvernements dépensent également des milliards pour maintenir l’économie à flot signifie également que l’argument utilisé au cours des décennies précédentes du néolibéralisme – « les caisses sont vides » – ne peut plus être utilisé.

    Nous sommes tous intéressés par la lutte des travailleurs des soins de santé, non seulement en tant qu’utilisateurs, mais aussi en tant que travailleurs d’autres secteurs. Transformer ce rapport de force en véritables victoires permettra à tous les travailleurs des services et professions essentiels, de l’éducation, des transports publics, de l’entretien et de la distribution,… de progresser.

    La Santé en Lutte est clair : tous les groupes de personnes oubliés par les gouvernements dans la crise – des jeunes aux personnes âgées qui ont dû enterrer leur vie sociale parce que sinon le système de santé s’effondrerait, des enseignants aux sans-papiers travaillant dans le secteur informel, des travailleurs essentiels aux chômeurs (temporaires),… toutes les victimes de la crise sont les bienvenues à la manifestation avec leurs propres revendications. Ce n’est qu’ensemble que nous pourrons gagner la bataille pour une société dans laquelle les soins et les services essentiels pour tous ont la priorité sur les profits de l’élite économique.

  • 29 mars : Retour en images sur une grève nationale réussie

    Nous avons déjà publié hier un rapport écrit de la grève (Grève nationale du 29 mars, un succès sur lequel construire), voici ici divers reportages-photos qui donnent un meilleur aperçu visuel de cette mobilisation. Les militantes et militants du PSL/LSP étaient présents sur les piquets soit auprès de leurs collègues, soit dans les diverses équipes qui ont effectué des tournées de solidarité en Wallonie, en Flandre et à Bruxelles.

    Vous voulez en savoir plus sur le PSL/LSP ? L’occasion idéale se présente ce samedi après midi avec notre meeting national en ligne “TO CHANGE THE SYSTEM, LET’S ORGANISE”.

    Bruxelles
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    Liège
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    Action de solidarité d’EGA à Liège en solidarité avec la grève
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    Région du Centre
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    Anvers
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  • Grève du 29 mars. Le personnel des supermarchés en action

    Lidl-Deurne (Anvers)

    Le personnel des supermarchés s’est mobilisé dans de nombreux endroits du pays. Dans ce secteur, les salaires sont traditionnellement bas. Parfois, même après dix ans, les travailleurs n’atteignent toujours pas un salaire horaire de 14 euros. La scandaleuse norme salariale de 0,4% et le refus d’augmenter les salaires les plus bas frappent durement le personnel des supermarchés qui travaille en mettant sa santé en danger depuis un an.

    Les chaînes de supermarchés ont réalisé d’énormes profits. Dans un tract distribué par le SETCA/BBTK chez Lidl se trouvait l’exemple du patron, Schwarz, qui s’enrichit d’un milliard d’euros chaque année, soit un montant mensuel de 83 millions d’euros. Une augmentation de salaire de 0,4 % signifie moins de 8 euros bruts par mois pour le personnel des magasins de la chaîne. Et qui sont celles et ceux qui ont gardé les magasins ouverts pendant toute la crise sanitaire ?

    Les mesures de sécurité dans le contexte de la pandémie ont suscité le mécontentement de certains magasins. Limiter le nombre de personnes dans un magasin tel qu’Ikea représente une toute autre chose que de restreindre le nombre de visiteurs dans un supermarché moyen. Dans un supermarché de, disons, 200 mètres carrés, avec rayonnages et caisses enregistreuses, il est souvent difficile de respecter la distance nécessaire entre personnes. Dans les magasins, la colère se concentre principalement sur les salaires et les conditions de travail, dont la difficulté d’obtenir un contrat de travail permanent, sans parler d’un contrat à temps plein. Mais ce sont bien sûr les bas salaires qui retiennent pour l’instant l’attention après une année très difficile.

    Dans les magasins où la grève a pris place, les réactions des clients et des passants étaient nombreuses et positives envers les grévistes. Cela était remarquablement plus fort que lors de nombreuses grèves précédentes. Les clients savent bien que le personnel n’a pas économisé ses efforts ces derniers mois. De plus, la pression sur le pouvoir d’achat est présente auprès de chacune et chacun. Combien nous reste-t-il encore en poche après le loyer ou l’hypothèque ? Tout devient plus cher, mais nos revenus ne suivent pas. Un salaire minimum de 14 euros de l’heure serait à peine suffisant pour s’en sortir, mais même ce salaire minimum est inacceptable pour les actionnaires des grandes chaînes.

  • Grève nationale du 29 mars, un succès sur lequel construire

    A Liège, un des points forts fut le piquet de grève chez TAC (Technical Airborne Components), où 175 emplois sont menacés.
    Bruxelles

    Que cette grève était justifiée, c’était un fait. La proposition de marge d’augmentation salariale de 0,4% est une insulte, encore plus pour le personnel essentiel, dans la distribution par exemple, qui n’a cessé de prendre des risques alors que les patrons s’en est mis plein les poches. Quant à la colère et à la détermination de se battre, elles avaient été évidentes lors des journées d’actions de février, qui illustraient la pression issue de la base. Restait encore à savoir comment l’annonce des nouvelles restrictions liées au coronavirus la semaine dernière allait peser.

    Au final, le pays était bien à plat. La CSC et la FGTB soulignent la réussite de la grève, mais même Agoria, la fédération patronale des entreprises technologiques doit admettre : « Sept entreprises technologiques sur dix ont été touchées par la journée de grève nationale. » Chez Comeos, la fédération patronale du commerce, on le reconnaît aussi, tout en soulignant que la dynamique était plus forte en Wallonie et à Bruxelles.

    Il était évident que la dynamique n’était pas partout identique, dépendant de la ville ou du secteur d’activité. Comme le PSL/LSP l’a souligné dans ses articles et tracts de mobilisation vers la grève : « La lutte ne commencera pas partout au même niveau, c’est certain, cela n’a d’ailleurs jamais été le cas. Mais évitons de nous focaliser sur ce qui ne fonctionne pas. Soulignons plutôt les éléments positifs en cherchant à les généraliser. De cette manière, nous pourrons combattre le cynisme, assurer une base plus large au syndicalisme de combat et nous diriger vers des victoires.  »

    Plusieurs choses s’imposent parmi les éléments positifs. Tout d’abord, concernant la présence aux piquets de grève. Les camarades du PSL/LSP qui étaient présents aux piquets auprès de leurs collègues ou qui ont participé aux tournées de visites de solidarité en Wallonie, à Bruxelles et en Flandre ont pu constater que le port du masque et le respect des mesures sanitaires étaient de rigueur aux piquets. Aucune surprise, c’est bien souvent l’entrée en action des travailleurs eux-mêmes qui a imposé les premières mesures sanitaires en entreprises il y a un an et leur respect depuis lors. Mais il est évident que les appels de certains, y compris dans les sommets syndicaux, à rester chez soi pour la grève ont pesé, d’autant plus qu’ils ont lourdement été relayés dans les médias. Ce que nous avons pu constater, c’est que les endroits où cette approche a été enrayée étaient le plus souvent des lieux de travail habitués à la pratique des assemblées du personnel. Encore une fois, cela s’impose comme la meilleure manière d’informer et d’impliquer les collègues.

    Autre élément positif : la résonance qu’a pu avoir la revendication d’un salaire minimum de 14 euros de l’heure, y compris à la CSC où l’on a pu entendre des structures balayer la question par le passé en disant qu’il s’agissait « d’une revendication de la FGTB ». On a pu lire la revendications sur les pancartes et banderoles officielles (notamment présentée comme « le vaccin contre la crise sociale ») mais également comme ajout au marqueurs sur celles-ci ou sur du matériel fait main. Nos militantes et militants n’ont d’ailleurs pu que constater le vif intérêt suscité par la victoire obtenue il y a peu par la CGSP à l’université de Gand sur cette revendication (lire à ce sujet le tract de la Campagne ROSA distribué le 8 mars et ce témoignage de la délégation). Ce thème et la manière dont une relation de force favorable a été construite à Gand sont des sujet idéaux pour de problèmes réunions de délégation ou des assemblées du personnel.

    N’en restons pas là !

    Il faut construire sur cet élan et poursuivre la lutte, non seulement dans l’intérêt de ces négociations salariales, mais aussi pour consolider le syndicalisme de combat en prévision des difficile défis à venir. Nous avons toutes et tous encore en tête le plan d’action de 2014 contre le gouvernement Michel malheureusement stoppé du sommet après la réussite éclatante de la grève générale du 15 décembre. C’est un plan d’action de ce type qui doit être discuté et préparer de toute urgence. Cela illustrerait à quel point nous sommes sérieux auprès de couches de travailleurs qui manquent peut-être de confiance aujourd’hui envers la lutte. C’est aussi comme cela que nous pourrons totalement briser la norme salariale et la loi sur les salaires.

    Les secteurs les plus forts, où les travailleurs sont mieux organisés, doivent utiliser leur rapport de force pour assister les autres et le salaire minimum de 14 euros de l’heure doit absolument être lié à la conclusion du moindre accord. Dans le secteur chimique ou pharmaceutique, où les salaires sont parfois élevés, il ne manque pas de syndicalistes qui comprennent qu’ils doivent se battre pour leurs camarades aux salaires les plus bas. Construire un tel rapport de force les aidera d’ailleurs à protéger leur propre emploi s’il est menacé.
    C’est pour TOUS les salaires et pour CHAQUE emploi que nous devons nous battre. Il nous faut un plan d’action sérieux, avec l’implication maximale de la base, pour rassembler toute la force du mouvement ouvrier et balancer la loi de 1996 à la poubelle tout en imposant le salaire minimum à 14 euros de l’heure et une norme salariale qui représente un MINIMUM d’augmentation salariale, pas un maximum. Si des entreprises se disent incapables de supporter les augmentations, qu’elles ouvrent d’abord leur comptabilité que cela puisse être vérifié. Quant à la menace d’une avalanche de licenciements, popularisons dès maintenant la revendication de la nationalisation sous contrôle des travailleuses et des travailleurs des entreprises qui ferment ou procèdent à des licenciements collectifs.

    BASF Anvers

    A Liège, les Etudiants de Gauche Actifs ont terminé leur tournée des piquets par une action devant les portes de l’ULg. Des membres de la CGSP, des Jeunes FGTB et des étudiants socialistes étaient également présents.
    Une de nos équipes à Bruxelles. Photo : Pol.

     

  • Lutter pour nos salaires avec un plan d’action qui n’abandonne personne

    Photo prise à Liège durant la grève de ce 29 mars.

    La bataille salariale met pression sur le gouvernement De Croo. L’accord de coalition (cosigné par le PS/SP.a et ECOLO/Groen) stipule que rien ne peut être modifié dans la loi de 1996 sur les salaires, à la grande joie des libéraux. Briser la scandaleuse norme salariale de 0,4 % exige de s’en prendre à cette loi. Et pour cela, nous ne devons compter que sur nos propres forces, celles mises en branle par la grève du 29 mars.

    Par Nicolas Croes, article tiré de l’édition d’avril de Lutte Socialiste

    Du côté patronal, cette grève est considérée comme une aberration (dans quel cas ne l’ont-ils pas dit ?). A l’Union wallonne des entreprises, on crie : « La grève du 29 mars, c’est un véritable scandale. On sort de la crise la plus importante qu’on ait eue depuis la deuxième guerre et on demande aux gens de faire grève pour qu’ils soient mieux payés? Il y a un décalage total entre les syndicats et l’ampleur de la crise. » Tout en prévenant : « Le jour où le chômage temporaire ne sera plus là, cela va saigner. » Mais pas question de s’apitoyer sur le sort des travailleurs qui seront jetés à la porte : l’UWE trouve que le coût d’un licenciement est trop important en Belgique et qu’il faudra s’attaquer à ce dossier.

    Les patrons tordent et déforment la réalité pour la faire coller à leurs intérêts. Des augmentations de salaires soutiendront évidemment infiniment plus l’Horeca et les petits commerces que les juteux dividendes versés aux actionnaires qui atterriront dans des paradis fiscaux. Ce n’est pas neuf, le patronat cherche bien plus la soumission que l’adhésion. Le chantage compense son manque d’argument. Vous voulez plus de salaire ? Il y aura encore plus de licenciements.

    Construire la solidarité

    De cette manière, les patrons espèrent nous diviser. La meilleure riposte est de construire une solide unité dans l’action qui repose sur la farouche détermination de ne laisser personne de côté. Pour cela, nous avons besoin de l’unité des travailleurs, francophones ou néerlandophones, rouges ou verts. La lutte ne commencera pas partout au même niveau, c’est certain, cela n’a d’ailleurs jamais été le cas. Mais évitons de nous focaliser sur ce qui ne fonctionne pas. Soulignons plutôt les éléments positifs en cherchant à les généraliser. De cette manière, nous pourrons combattre le cynisme, assurer une base plus large au syndicalisme de combat et nous diriger vers des victoires.

    Les directions syndicales, le PTB et Marc Goblet (député fédéral PS et ancien président de la FGTB) défendent une réforme de la loi sur les salaires de 1996 afin de rendre la norme salariale facultative et non plus contraignante, en supprimant les sanctions prévue pour son éventuel dépassement (voir en page 2). La logique est dangereuse, car elle suppose que plus peut être obtenu dans certains secteurs sans rien prévoir ailleurs, là où les conditions salariales sont souvent pires. La proposition peut toutefois être utilisée pour participer à la mobilisation de l’ardeur de la base syndicale et ainsi permettre d’aller plus loin.

    Les secteurs les plus forts, où les travailleurs sont mieux organisés, devraient utiliser leur rapport de force pour assister les autres. Le salaire minimum de 14 euros de l’heure devrait absolument être lié à la conclusion du moindre accord. Dans le secteur chimique ou pharmaceutique, où les salaires sont parfois élevés, il ne manque pas de syndicalistes qui comprennent qu’ils doivent se battre pour leurs camarades aux salaires les plus bas. Construire un tel rapport de force les aidera d’ailleurs à protéger leur propre emploi s’il est menacé.

    C’est pour TOUS les salaires et pour CHAQUE emploi que nous devons nous battre. Il nous faut un plan d’action sérieux, avec l’implication maximale de la base, pour rassembler toute la force du mouvement ouvrier et balancer la loi de 1996 à la poubelle tout en imposant le salaire minimum à 14 euros de l’heure et une norme salariale qui représente un MINIMUM d’augmentation salariale, pas un maximum. Si des entreprises se disent incapables de supporter les augmentations, qu’elles ouvrent d’abord leur comptabilité que cela puisse être vérifié. Quant à la menace d’une avalanche de licenciements, popularisons dès maintenant la revendication de la nationalisation sous contrôle des travailleuses et des travailleurs des entreprises qui ferment ou procèdent à des licenciements collectifs.

  • Un plan d’action pour une réelle augmentation et un minimum de 14 €/h !

    Ne nous battons pas pour des miettes !

    On nous manque de respect, et la norme salariale le confirme une fois de plus. Il nous faut un plan d’action visant à augmenter tous les salaires et à mettre fin aux salaires de misère inférieurs à 14 euros brut de l’heure. En nous battant, nous pouvons gagner. Sans rien faire, nous avons déjà perdu !

    Brisons la camisole de force

    La loi sur les salaires nous impose une camisole de force qui empêche à ces derniers d’augmenter de plus de 0,4 % pour les deux prochaines années. Voilà ce que proposent les patrons puisque, comme ils le justifient, nous traversons la plus grande crise économique depuis la guerre. Ils jugent irresponsable de parler d’augmentations de salaire et d’entrer en grève. Et puisque les arguments manquent, ils recourent au chantage. Vous voulez un salaire plus élevé ? Alors il y aura des licenciements. Les médias traditionnels leur emboîtent le pas sans critiques. Il faut avouer qu’ils estiment déjà en temps normal que les grèves sont irresponsables.

    Mais nous sommes dans une période différente. Après la dernière crise économique, les mesures d’austérité et les cadeaux aux grandes entreprises et aux riches n’ont fait que rendre la reprise plus lente et plus difficile. La FEB propose pourtant la même recette dans ces négociations salariales. Cela n’a pas de sens. Le plan de relance américain de Joe Biden est très limité, mais il comprend un chèque de 1.400 dollars pour chaque Américain. Quel plan de relance les gouvernements de ce pays proposent-ils pour stimuler l’économie ? Abolir la loi sur les salaires pour mettre en œuvre une sérieuse augmentation des salaires pour toutes et tous ainsi qu’un salaire minimum de 14 euros brut de l’heure serait un bon premier pas !

    Mener la lutte

    Cela ne tombera pas du ciel, nous devons nous organiser et lutter. Chaque conquête sociale a été arrachée en nous organisant pour nous battre. Cela était et reste toujours possible, même en période de difficultés économiques. L’arme de la grève est essentielle car elle démontre qui produit les richesses : nous, la classe ouvrière !

    Les dirigeants syndicaux, le PTB et Marc Goblet (député du PS et ancien président de la FGTB) veulent rendre la norme salariale facultative au lieu d’obligatoire et assortie de sanctions en cas de dépassement, comme c’est le cas actuellement. Ce serait un pas en avant, surtout si cette loi est obtenue par la lutte dans la rue. Après la lutte, les secteurs les plus forts pourraient jouer le rôle de locomotive pour impliquer les secteurs à bas salaires. Si le débat sur le projet de loi Goblet-Hedebouw reste confiné au parlement, cela sera considéré comme une simple pression du PTB sur le PS. Les autres partis voteront alors tout simplement contre.

    Les actions d’aujourd’hui garantissent que le gouvernement et les patrons ne peuvent pas tout simplement dominer l’agenda. Mais il en faudra davantage. Une campagne d’information liée aux mobilisations permettrait d’accroître la pression extra-parlementaire. Hedebouw et Goblet, avec les syndicats, pourraient prendre des initiatives en cette direction avec des assemblées générales ouvertes dans toutes les régions suivies d’actions. Ces assemblées générales pourraient être utilisées pour élaborer une plate-forme de revendications basée sur les besoins des travailleurs et de leur famille, et non sur ce qui est acceptable pour l’establishment capitaliste.

    Les secteurs les plus forts, où les travailleurs sont mieux organisés, devraient utiliser leur rapport de force pour assister les autres. Le salaire minimum de 14 euros de l’heure devrait absolument être lié à la conclusion du moindre accord.

    Lutter pour tous les salaires et pour chaque emploi

    C’est pour TOUS les salaires et pour CHAQUE emploi que nous devons nous battre. Il nous faut un plan d’action sérieux, avec l’implication maximale de la base, pour rassembler toute la force du mouvement ouvrier et balancer la loi de 1996 à la poubelle tout en imposant le salaire minimum à 14 euros de l’heure et une norme salariale qui représente un MINIMUM d’augmentation salariale, pas un maximum.

    Si des entreprises se disent incapables de supporter les augmentations, qu’elles ouvrent d’abord leur comptabilité que cela puisse être vérifié. Face à la menace d’une avalanche de licenciements, ripostons par la nationalisation sous contrôle des travailleuses et des travailleurs des entreprises qui ferment ou procèdent à des licenciements collectifs. S’il n’y a pas assez de travail pour tout le monde, répartissons-le par la réduction collective du temps de travail sans perte de salaire et avec embauches compensatoires.

    La construction d’un rapport de forces est nécessaire non seulement pour remporter une victoire, mais aussi pour la défendre par la suite. En période de crise, toute réforme progressiste sera immédiatement mise sous pression. C’est pourquoi le PSL lie toujours la lutte pour de nouvelles conquêtes à la nécessité d’une alternative socialiste. Le socialisme n’est pas un mot à mentionner le 1er Mai, c’est au cœur de nos campagnes de tous les jours. Pour obtenir des salaires, des pensions et des services publics dignes de ce nom, la classe ouvrière doit gérer et contrôler l’économie par elle-même.

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