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Category: Syndical
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Non à l’Arizona – un plan d’action sérieux s’impose !
« Les ingrédients qui sont au buffet c’est avec ça qu’on va cuisiner », dit De Wever sans être contredit par les autres partis de l’Arizona. Nous savons ce qui nous attend : « l’austérité la plus sévère depuis les années 1980 » qui veut nous faire travailler plus longtemps, nous imposer plus de flexibilité, attaquer les salaires, réduire fortement les pensions des fonctionnaires et restreindre l’accès à la pension minimum, s’attaquer aux chômeurs et aux malades, saper notre force d’organisation et notre droit de manifester. Un buffet qui sera amer pour la classe ouvrière !
Ces mesures ne sont pas prises parce qu’il n’y a « pas d’autre solution », mais parce qu’après des années de bénéfices records, les grandes entreprises veulent nous faire payer le prix de la transition écologique et des tensions géopolitiques. Leur système de production est à l’origine du ralentissement économique, mais ils veulent nous en faire payer le coût !
Il y a des milliards dans les paradis fiscaux, les gros actionnaires se réjouissent d’être encore plus choyés, des milliards sont disponibles pour la guerre et la destruction, mais nous devrions assainir parce qu’il n’y a pas d’autre moyen ! Georges-Louis Bouchez a déclaré lors de la réception du Nouvel An de son parti : « Les réformes que nous voulons ne vont pas faire mal, elles vont faire la vertu. » « Le paradis des riches est fait de l’enfer des pauvres », disait déjà Victor Hugo.
Que faire ?
Il faut des actions, mais aussi de la stratégie. Après l’action du 13 décembre, aujourd’hui ce n’est pas seulement une manifestation, mais une grève des chemins de fer et de l’enseignement, maintenant aussi du côté néerlandophone. Et ce, avant même que le gouvernement fédéral ne soit formé ! Cela montre la colère et la volonté d’agir. Nous sommes plus forts avec un plan d’action qui active la force de nos collègues. Un plan qui indique clairement dans chaque lieu de travail ce que De Wever et Bouchez nous réservent comme pourriture et ce que nous devons faire pour la contrer.
Avec quel ‘buffet’ d’actions pourrions-nous riposter : journaux d’information accessibles, webinaire, page spéciale sur les réseaux sociaux, mais surtout convaincre les collègues, les ami.e.s, collectivement et individuellement, assemblées du personnel, assemblées des militant.es. par secteur et/ou région, manifestations locales, grandes manifestations nationales, journées de grève provinciales et/ou sectorielles, journées de grève nationale. La pression et l’organisation de la base à travers des assemblées générales d’entreprise ou des assemblées régionales sont nécessaires pour éviter que la direction du syndicat ne décide seule des actions. Les assemblées de lutte et des réseaux de syndicalistes combatifs peuvent y contribuer.
Nous sommes à un tournant : la bourgeoisie tente d’assurer sa propre position. Depuis 2014, il y a eu de nombreux mouvements, notamment contre le racisme et le sexisme, pour le climat et contre le génocide. Une nouvelle génération d’activistes est en train d’émerger. Le mouvement syndical peut tirer des enseignements de ces mouvements et transposer ces expériences sur le lieu de travail. La droite parle de « guerres culturelles », mais elle mène une guerre contre notre classe sociale. Nous devons y répondre par des luttes adaptées aux enjeux. Les luttes se renforcent mutuellement. Les comités d’action et de mobilisation ouverts contre l’Arizona, comme celui mis en place à Bruxelles par Commune Colère, sont d’excellentes initiatives et méritent d’être suivis.
L’attaque contre nos conditions de travail et de vie s’est accompagnée d’une augmentation de l’autoritarisme (contre le droit de protester et de s’organiser), d’une accentuation de la militarisation avec des investissements dans la défense, et d’un accroissement de la division de notre classe sociale particulièrement à l’aide du racisme et de la transphobie. L’Arizona prépare une augmentation de la répression et un soutien continu au génocide en Palestine. De Wever et Bouchez sont des partisans déclarés du colonialisme sioniste et du génocide. La lutte contre cela est une partie essentielle de l’opposition à l’Arizona. Une manifestation nationale pour la Palestine aura lieu le 26 janvier, n’hésitez pas à y participer avec des collègues ou des amis !
CALENDRIER D’ACTION
- 26 janvier : manifestation nationale contre le génocide en Palestine
- 8 mars : actions dans le cadre de la Journée internationale des droits des femmes
- Le 7 janvier, 120 personnes ont participé à une assemblée de lutte à Bruxelles, dont de nombreux jeunes et nouveaux militants. L’objectif est de renforcer et de coordonner les luttes de chacun.e. Des appels sont lancés pour renforcer les piquets de grève de l’enseignement francophone à la fin du mois de janvier.
Plan d’urgence sociale
Pas d’attaques, mais des pensions plus élevées et une baisse de l’âge de la retraite !
Notre point de départ est ce dont la classe travailleuse a besoin pour vivre décemment.
Des conditions de travail réalistes grâce à des réductions collectives du temps de travail sans perte de salaire et avec des embauches supplémentaires pour réduire la charge de travail. Faire de la semaine de 32 heures le nouveau temps plein, avec un salaire à temps plein. Un travail faisable signifie également ne pas travailler jusqu’à l’épuisement. Travailler jusqu’à 67 ans n’est pas possible. La pension doit être ramenée à 60 ans ! Préservons les RCC, le crédit-temps fin de carrière et le crédit-temps !
Nous devrions pouvoir vivre d’une pension. Dans une maison de repos, on paie en moyenne 2200 euros, une pension minimale de 1500 euros n’est donc pas suffisante. Il faut revaloriser toutes les pensions, la pension minimale doit être plus accessible à tous, et en même temps développer drastiquement les soins publics aux personnes âgées pour faire baisser les prix. Non à l’attaque sur les retraites des fonctionnaires, généraliser au contraire ces retraites à tou.te.s les travailleur.se.s !
Défendez nos services publics et nos salaires !
Un plan massif d’investissement public dans les services publics est nécessaire non seulement pour réduire la charge de travail dans le secteur, mais aussi pour développer les services.
Pour joindre les deux bouts, nous avons besoin de salaires et des allocations sociales plus élevés. Il ne faut pas jouer avec l’indice, mais le rétablir pleinement pour que les salaires suivent l’augmentation des prix. Nous devenons plus productifs, mais cela ne se traduit pas par une augmentation des salaires. Brisez la loi sur les salaires ! Des salaires et des allocations plus élevés devraient soutenir notre pouvoir d’achat. Non au gel des salaires pendant quatre ans !
Reprendre contrôle sur notre industrie
Il Laissons-nous notre industrie aux actionnaires et aux PDG qui, aujourd’hui, jettent la main-d’œuvre à la poubelle et liquident le savoir-faire technique ? Il faut un plan national public pour le maintien et le développement de la production industrielle et des emplois qui l’accompagnent (sans concessions sur les salaires et les conditions de travail). Les personnes qui travaillent dans ces secteurs et la population dans son ensemble sont les mieux placées pour déterminer les besoins, y compris un cadre de vie qui ne passe pas de l’inondation à l’ouragan et à l’incendie de forêt ; ce sont aussi les personnes qui savent le mieux comment tout produire.
Il faut un plan d’urgence sociale. En construisant notre relation de force, nous avons besoin de ce plan d’urgence sociale et, par nos actions, nous pouvons créer les conditions pour le mettre en œuvre efficacement. En ce qui nous concerne, cela signifie que tout le système capitaliste doit disparaître pour laisser place à quelque chose de beaucoup plus démocratique : une société socialiste dans laquelle l’économie est planifiée démocratiquement pour le bien des personnes et de la planète.
Venez aux assemblées de lutte des syndicalistes, antiracistes, féministes… à Bruxelles. Suivez nos médias (journal, site, médias sociaux), contactez-nous pour devenir actif dans la lutte pour le changement de société socialiste.
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“Nous ne pouvons nous permettre ni l’attentisme, ni la division”
Lors de la manifestation des secteurs publics et du non-marchand du 7 novembre dernier, trois fois plus de monde étaient dans la rue qu’initialement attendu : plus de 30.000 personnes ! Colère et inquiétude se mêlaient dans la foule dynamique au vu des sombres projets des divers gouvernements, dont l’un des axes est de ne considérer le travail social que comme un outil de contrôle sur les plus précaires. Parmi les différents blocs, celui de Travail social en lutte / Sociaal werk in actie était particulièrement combatif. Nous sommes revenus sur cette mobilisation avec Simon, travailleur social depuis presque dix ans et l’un des animateurs du bloc.
Le CPAS est le dernier filet de solidarité qui existe : les personnes qui y font appel n’ont aucune autre possibilité de revenu. Il y a beaucoup à dire sur le fonctionnement des CPAS, mais il est clair que c’est un outil essentiel pour combattre la pauvreté et qu’il est nécessaire de le financer à la hauteur des besoins. Le refinancement des CPAS est la première préoccupation des collègues, car chacun comprend que d’un financement convenable dépendent nos conditions de travail, la stabilité de nos contrats, mais aussi la qualité de l’aide que nous pourrons apporter aux allocataires sociaux.
Avec les camarades de l’équipe syndicale du CPAS où je travaille, nous avons averti dès avant les élections communales sur le danger que représente la coalition Arizona: ce gouvernement prépare des coupes importantes dans les budgets là où il nous faudrait des moyens supplémentaires. C’est d’autant plus vrai que la super note de De Wever prévoit la limitation dans le temps des allocations de chômage. À quelle porte pensez-vous que les exclus du chômage iront frapper pour obtenir un revenu de remplacement ? Les exclusions du chômage, cela signifie un engorgement dans les services des CPAS et une charge supplémentaire au budget des communes, dont les CPAS dépendent.
La manifestation du 7 novembre est un premier pas pour faire pression sur le futur gouvernement. Il est rare que les salarié.e.s du secteur public et du privé se retrouvent côte à côte. Dans notre secteur, c’est pourtant essentiel, car les conditions de travail des un.e.s impactent fortement celles des autres. Les directions syndicales nous promettent que cette manifestation ne restera pas sans lendemain, et c’est en effet nécessaire : il nous faut dès maintenant préparer les prochaines actions au moyen d’assemblées générales qui mêlent les travailleurs sociaux du secteur public et de l’associatif. Nous ne pouvons-nous permettre ni l’attentisme, ni la division.
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CGSP ALR: “Situation de crise au sein des CPAS Bruxellois”
Communiqué de la CGSP-ALR Bruxelles
La CGSP-ALR Bruxelles représentant les travailleurs des services sociaux des 19 CPAS souhaite réagir au reportage de l’émission Pano diffusé sur la VRT Één, qui met en lumière une problématique générale existante au sein de la majorité de nos CPAS bruxellois que nous dénonçons depuis plusieurs années déjà en front commun syndical : la surcharge de travail exceptionnelle des assistants sociaux du CPAS, et les conséquences dramatiques notamment liées au désinvestissement total pour ces services d’aide de première ligne. La CGSP avait déjà publiée ces constats en 2021 suite à une enquête auprès des travailleurs sociaux bruxellois.
Une surcharge de travail insoutenable
Les assistants sociaux des CPAS bruxellois doivent traiter un nombre de dossiers toujours plus élevé, biensupérieur à la moyenne observée en Flandre ou en Wallonie. Cette situation touche également le personnel administratif qui les soutient, aggravant un climat de travail déjà difficile. Depuis plusieurs années, le sous-financement criant, le manque de personnel et la surcharge de travail
qui en découle engendre des conséquences alarmantes :- Turnover accru : la plupart des assistants sociaux expérimentés quittent les CPAS, laissant un vide en termes de compétences et d’accompagnement pour les nouveaux arrivants. Cette tendance s’amplifie, avec un personnel qui s’épuise rapidement ou tombe malade.
- Manque de perspectives et mal-être du personnel : l’absence de solutions pour réduire la charge de travail affecte gravement le bien-être du personnel et rend les CPAS incapables de fidéliser des agents compétents sur le long terme. En outre, les délais de traitement des demandes (parfois au-delà des délais légaux) génèrent du mécontentement voire de l’agressivité de la part des usagers, mettant en danger tous les acteurs concernés.
- Les travailleurs sociaux, débordés, ne sont matériellement tout simplement pas en mesure de respecter en détail toutes les étapes essentielles de l’enquête sociale, ce qui entraîne des erreurs structurelles, notamment causés par une augmentation du travail administratif (ex. PIIS) et la complexification de législation.
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Incompétences et non-action
Les autorités politiques, à tout les niveaux, ont été informés de cette situation par les organisations syndicales et elles en ont toute conscience depuis des années déjà. Les constats ci-dessus ont été confirmés il y a plus de deux ans déjà lors de plusieurs assemblées générales organisées en front commun syndical avec les travailleurs sociaux des CPAS bruxellois.
Depuis deux ans, nous avons régulièrement évoqué cette situation extrêmement problématique à tous les niveaux politiques nécessaires, en marge des mouvements d’action et de grève : nous avons rencontré à plusieurs reprises Mme Karine Lalieux (Ministre fédérale sortante de l’Intégration sociale), M. Vervoort (Ministre-Président), M. Clerfayt (Ministre des Pouvoirs locaux sortant) et M. Zian (Président de la Fédération des CPAS bruxellois). Sans oublier les bourgmestres et les présidents de CPAS que nous rencontrons mensuellement en concertation locale. Toutes ces personnes, sans exception, ont soutenu les revendications des travailleurs. Toutefois, les uns après les autres, sans exception, se sont déclarés incompétents et ont renvoyé la balle à un niveau politique inférieur ou supérieur. En bref : tout le monde est d’accord avec nous, mais personne ne se dit être compétent ni vouloir agir.
Depuis lors, la situation sur le terrain se détériore de jour en jour : des travailleurs démissionnent parce qu’ils ne peuvent plus faire face à la charge de travail, tombent en burnout ou en maladie suite à quoi le travail supplémentaire retombe sur leurs collègues. Le sous-financement a des donc des conséquences négatives sur la santé des travailleurs ! A cela s’ajoute le manque d’investissements financiers (tant régionaux que fédéraux) pendant plus de 15 ans dans les CPAS et les autres pouvoirs locaux bruxellois a comme conséquence que ces métiers ne sont que très peu attractifs, impliquant des difficultés dans le recrutement. Après des années de luttes et de combats, les travailleurs des communes et des CPAS ont obtenu, en 2021, des maigres valorisations barémiques, très insuffisantes pour compenser les deux dernières décennies de sous-investissement complets dans les institutions locales.
Enfer social pour les travailleurs, paradis fiscal pour les riches !
Entretemps, la situation ne ferait que s’aggraver : sous prétexte de devoir rembourser la dette publique belge, la limitation dans le temps des allocations de chômage est prévue par le futur gouvernement de droite. Les CPAS bruxellois estiment que près de 30.000 exclus du chômage pourront potentiellement demander une aide sociale supplémentaire les deux années à venir. Résultat : des milliers de dossiers supplémentaires, avec encore moins de travailleurs sociaux pour les gérer. Les victimes demeurent les
bénéficiaires et les travailleurs.La CGSP ALR refuse d’accepter que certains utilisent cette situation de crise pour imposer leur propre agenda politique en attaquant les CPAS – patrimoine de ceux qui en n’ont pas -, les travailleurs sociaux et en présentant les personnes les plus précarisées comme des « profiteurs ». Exclure un chômeur n’a jamais enrichi aucun travailleur, au contraire, ne l’oublions pas !
La réalité dans les CPAS bruxellois est donc connue mais provient de choix politiques dont les enjeux sont la justice sociale et fiscale : alors que la réelle fraude sociale en Belgique équivaut à près de 350 millions € par an, la fraude fiscale, elle, monte à 30 milliards € par an (sans parler de l’évasion fiscale de près de 400 milliards € par an). On comprend aisément dès lors que l’objectif réel des politiques de droite n’est pas de chercher l’argent là où il est (dans la récupération fiscale auprès des grandes entreprises par ex) mais de désinvestir les services publics, précariser ses travailleurs et ses usagers, dégrader les conditions de travail, détricoter la sécurité sociale… de manière à faire pression pour diminuer les salaires et ainsi augmenter les profits de la classe patronale. Les politiques d’austérité budgétaire passées et à venir vont contre les intérêts des travailleurs, asphyxient nos CPAS et les services publics (volontairement délaissés en vue de privatisations futures) et instituent une véritable « chasse aux pauvres ».
Nos revendications : refinancement pérenne et amélioration des conditions de travail
Face à cette situation intenable, nous réitérons les nombreuses demandes émises à tous les niveaux politiques par le front commun syndical depuis plusieurs années déjà. Il y a urgence !
- La mise en place de la réduction collective du temps de travail à 30h/sem en 4 jours
- Le refinancement pérenne des CPAS par les instances régionales et fédérales
- Le renforcement des équipes pour réduire la charge de travail afin d’améliorer la qualité du service et le bien-être des travailleurs ainsi que l’engagement de travailleurs dans les services de support (administratifs dédiés, RH, informatique…)
- Simplifier et harmoniser les réglementations issues de différents pouvoirs qui régissent le fonctionnement des CPAS ainsi que les législations sur le DIS (supprimer l’obligation des PIIS).
- Le remboursement du RIS à 100% par le fédéral
- Revalorisation des fonctions et des salaires dans les pouvoirs locaux bruxellois
- La statutarisation des travailleurs afin de garantir aux citoyens l’équité et la neutralité du service
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Violentes attaques de l’Arizona – Une résistance acharnée s’impose !
Attention aux voleurs ! L’Arizona veut nous faire les poches !
Les versions successives de la “supernote” ont toutes été brutales et inacceptables. Attaques contre nos salaires, nos pensions, nos conditions de travail, notre protection sociale, frappant particulièrement les femmes… Les politiques qui attaquent les personnes issues de l’immigration, les chômeur.se.s et les malades servent d’écran de fumée pour tenter de nous frapper toustes plus durement.
Ces attaques inédites seraient soi-disant “nécessaires” en raison du budget et des dettes publiques qui ont tellement augmenté parce que les gouvernements ont invariablement fait des cadeaux aux plus riches. Ce n’est pas notre crise, nous n’allons pas la payer !
Le patronat n’attend pas la formation du gouvernement pour passer à l’offensive. Les travailleur.se.s sont mis.e.s à l’écart en permanence, et pas seulement dans les secteurs les plus touchés. Les emplois bien protégés et bien rémunérés cèdent la place à des emplois précaires. Les restructurations et l’austérité se succèdent à un rythme effréné. Plus personne n’est à l’abri. Les secteurs dans lesquels les investissements publics sont urgents, comme les soins de santé, les transports publics et l’éducation, subissent déjà les effets des coupes budgétaires. La lutte est nécessaire, sinon l’extrême droite jouera sur les frustrations et les mécontentements pour semer les divisions et la haine. Avec pour conséquence encore plus de misère et une défense encore plus brutale des intérêts des grands patrons – il suffit de regarder les États-Unis avec Trump et son BFF Elon Musk.
Un plan d’action s’impose ! Les attaques ne sont pas symboliques, notre réponse ne doit pas l’être non plus
La mobilisation des travailleur.se.s et de leurs syndicats est essentielle pour arrêter l’Arizona. Des journées d’action ponctuelles, comme celles prévues les 13 janvier et 13 février, peuvent sensibiliser à un problème particulier, mais il faut aller beaucoup plus loin. Nous manquons d’une stratégie pour organiser réellement notre lutte. L’approche actuelle des directions syndicales n’est pas à la hauteur des enjeux !
Pour construire un mouvement plus large et de plus longue durée, nous avons besoin d’un plan d’action. Cela signifie un plan avec des actions connues suffisamment à l’avance et chaque fois en progression vers l’action suivante, en augmentant également la méthode d’action jusqu’à notre arme centrale de la grève générale avec laquelle nous mettons tout à plat – et répétons cela pour une période plus longue si nécessaire. Un tel plan d’action peut rassembler toutes les formes de résistance et de lutte, y compris par exemple la protestation de masse contre le génocide à Gaza, en un puissant mouvement. De cette manière, nous parvenons à des actions qui sont soutenues par l’ensemble de la société.
On a vu en 2014 comment un plan d’action avec une concentration militante, une grande manifestation, des journées de grève provinciales et enfin une grève générale nationale ont fait trembler le gouvernement de droite Michel – De Wever. Ce mouvement a attiré des jeunes, des artistes, des indépendant.e.s, des agriculteur.trice.s et d’autres. Il a renforcé les syndicats, notre position dans l’opinion publique et a contribué à la percée du PTB, ce qui fait qu’aujourd’hui, des camarades syndicalistes et des activistes sont élus dans tous les parlements.
Un deuxième plan d’action, plus dur et plus large, s’imposait alors, mais les directions syndicales ont été effrayées par notre force et se sont réfugiées aux tables de négociation où, finalement, rien n’a été obtenu. Le contrôle démocratique de notre lutte est essentiel pour éviter cela, surtout à un moment où les attaques sont plus dures qu’en 2014 et où notre résistance doit l’être aussi.
Les assemblées du personnel, les réseaux de syndicalistes militants, la construction d’une solidarité active dans d’autres mouvements de protestation sont cruciaux pour cela. À Bruxelles, le collectif Commune Colère a pris l’initiative d’une “assemblée de lutte” avec des syndicalistes de différents syndicats et secteurs, des militant.e.s féministes, antiracistes, écologiques… afin de préparer ensemble la lutte à venir. C’est une excellente initiative qui mérite d’être reproduite dans tout le pays !
-> Prochaine Assemblée de Lutte à Bruxelles : 7 janvier, 18h30 au DK (rue de Danemark 70, St-Gilles)
Le potentiel de lutte est là. La manifestation des secteurs de la santé et du secteur public du 7 novembre a été trois fois plus importante que prévu. La grève de l’enseignement francophone du 26 novembre a été très bien suivie. Même la manifestation contre la fermeture d’Audi en septembre a été importante, alors qu’il n’y avait pas de stratégie. Pendant ce temps, les grandes manifestations contre le génocide à Gaza ont rassemblé des dizaines de milliers de personnes. Nous pouvons renforcer notre solidarité en défilant avec nos collègues contre le génocide, ou en organisant des actions ciblées sur notre lieu de travail, comme le personnel soignant du CHU St Pierre qui a organisé une action de solidarité pour la Palestine sur une pause midi.
Bref : mettons-nous ‘en mode lutte’ dès maintenant. Pas pour de simples actions ou marches symboliques, mais pour une lutte existentielle pour notre avenir !
L’Arizona doit partir, un plan d’urgence sociale est nécessaire !
Les plans de l’Arizona s’ajoutent à des années de déficits et de politiques néolibérales. Nous ne pouvons pas supporter de nouvelles coupes budgétaires ; au contraire, nous avons besoin d’investissements publics drastiques dans les services publics et les infrastructures. Les investissements dans les soins de santé, l’éducation et les transports publics doivent être à la hauteur des besoins. Pour contrer l’abandon des malades, la charge de travail doit être réduite et un meilleur équilibre entre travail et loisirs est nécessaire. Revendiquons une réduction collective du temps de travail pour un maximum de 32 heures par semaine, avec maintien du salaire et recrutement supplémentaire. L’Arizona veut faire le contraire en abolissant le RCC, en rendant le crédit-temps fin de carrière et les autres formes de diminution de travail moins attrayantes et en instaurant un système de malus pour les pensions. Nous disons : retraite à 65 ans maximum ! Préservons les RCC, le crédit-temps fin de carrière et le crédit-temps !
Il vaut mieux ne pas laisser notre industrie aux actionnaires et aux PDG qui aujourd’hui jettent la main-d’œuvre à la poubelle et liquident le savoir-faire technique. Un défi tel qu’une sérieuse transition écologique tout en préservant les emplois (sans concessions sur les salaires et les conditions de travail) est clairement hors de portée des patrons et de leur soif de profit. Il faut un plan national public pour le maintien et le développement de la production industrielle et des emplois qui l’accompagnent. Les personnes qui travaillent dans ces secteurs et la population dans son ensemble sont les mieux placées pour déterminer les besoins, y compris un cadre de vie qui ne passe pas de l’inondation à l’ouragan et à l’incendie de forêt ; ce sont aussi les personnes qui savent le mieux comment tout produire.
Bref, un plan d’urgence sociale est nécessaire. Nous ne l’obtiendrons pas en demandant gentiment, mais seulement en organisant sérieusement notre lutte ! Les assemblées du personnel, les assemblées générales et les réseaux d’activistes peuvent étoffer ce plan d’urgence et le lier aux revendications de notre lutte.
Lutte révolutionnaire contre le système d’oppression et d’exploitation
Lutter contre les attaques contre notre niveau de vie, nos conditions de travail et notre protection sociale signifie également défendre la lutte des militant.e.s pour le climat, des agriculteur.trice.s, des personnes sans papiers et de toustes celleux qui s’opposent à l’oppression (sexisme, racisme, LGBTQIA+phobie…). Une coordination est nécessaire entre les syndicats et les autres mouvements sociaux pour être plus forts ensemble.
L’oppression est intrinsèquement liée à la logique capitaliste qui exige la division pour maintenir l’inégalité économique et sociale. Il faut un projet commun pour unir la classe travailleuse dans toute sa diversité dans la solidarité pour gagner la lutte contre chaque forme d’exploitation et d’oppression.
Cette lutte ne s’arrête pas aux frontières, une solidarité internationale est nécessaire. La lutte des peuples palestinien et libanais contre la violence coloniale, impérialiste et capitaliste dont ils sont victimes est aussi la nôtre.
Le capitalisme est une impasse de misère. Leur système est cassé et irréparable. Pour le bien de la majorité de la population et de la planète, il faut un autre système – une société socialiste dans laquelle nous prenons notre avenir en main. Travaillons dans ce sens, rejoignez le PSL !
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Enseignant: oui! En saignant: non!
La grève de ce mardi dans les écoles de la Fédération Wallonie-Bruxelles est probablement “le début d’un combat qui va être long”, a estimé le secrétaire général de la CSC Enseignement, Roland Lahaye, sur La Première. “Il y a longtemps que je n’ai pas vu une telle mobilisation spontanée de la part des équipes et des écoles”, a-t-il affirmé le syndicaliste. Des écoles habituellement réfractaires à la grève sont pratiquement à l’arrêt, “parce que tous les profs se sentent concernés et prennent conscience de la casse qu’on annonce dans l’enseignement.”
“Une déclaration de guerre”, c’est comme ça que les syndicats de l’enseignement ont qualifié le décret-programme qui accompagne le projet de budget pour 2025. Déjà auparavant, les problèmes s’accumulaient sans être résolus. Et maintenant, la nouvelle coalition MR-Engagés à la Fédération Wallonie-Bruxelles s’apprête à tourner un couteau plus grand encore dans la plaie du personnel enseignant, administratif et technique des écoles. La journée de grève du 26 novembre est une première réponse sous cette nouvelle législature. Une grève de 48h est prévue pour fin janvier, ainsi qu’une semaine en mars. Nous sommes toustes d’accord là-dessus : arrêtons de juste aligner les journées de grèves et manifs ; il faut durcir la lutte ! C’est aussi la meilleure manière de convaincre les collègues démoralisé.e.s.

Le gouvernement MR-Engagés attaque l’ensemble des services publics, à la région comme à la FWB où les mêmes partis règnent, et ils s’apprêtent à faire de même au Fédéral. Le Budget 2025 préparé par la droite s’annonce violent tout azimut, et l’enseignement s’en prend plein la gueule, comme d’habitude. L’attaque prévoit notamment la fin de la staturisation au profit de contrats à durée indéterminée, et la réduction des budgets pour l’enseignement qualifiant, pour les organismes publics, pour les établissements supérieurs, et pour les bâtiments scolaires.
Le gouvernement s’apprête à procéder à un rationnement qui rendrait fier Elon Musk, le fraîchement nommé par Trump à la tête du “département de l’Efficacité gouvernementale”. Si ça passe, ça va être une sérieuse détérioration des conditions de travail et du statut du personnel, et donc une détérioration de la qualité et l’accessibilité de l’enseignement. À court terme, des centaines d’emplois seront supprimés ; à terme, des milliers, notamment sur base des fermetures d’options “peu peuplées” de l’enseignement qualifiant, des 3èmes techniques de qualification et des 3èmes professionnelles, des 7èmes techniques de qualification et de certaines 7ème professionnelles…
Pour eux, l’école doit être un produit rentable. La volonté est flagrante de faire correspondre l’école au monde de l’entreprise, comme en témoignent la co-création par les entreprises des épreuves qualifiantes ainsi qu’un stage en entreprises de 5 jours dans le tronc commun. Pour le primaire, le gouvernement a annoncé vouloir “réévaluer” la gratuité. Ce catalogue des horreurs doit nous obliger à être plus radicaux et plus organisés que jamais.
Ne nous laissons pas faire
La volonté d’aller un cran plus loin est bien là, c’est ce qui ressort des assemblées générales du personnel. Plus loin que les manifestations disparates sans réel plan ni perspective pour le mouvement. Un tel plan s’est déjà produit par le passé avec l’enchaînement de grèves et de manifestations dans plusieurs grandes villes et qui a terminé en apothéose à Liège avec plus de 15.000 personnes, soit plus de 12% de l’ensemble du personnel.
L’appel des syndicats “pour une plus grande collaboration entre les employeurs, les gouvernements et les travailleurs” n’est pas à la hauteur des enjeux pour la mobilisation aujourd’hui. Ce gouvernement ne nous épargnera rien, le seul élément qui pourra l’arrêter c’est une mobilisation massive et radicale des travailleur.se.s., de tous les secteurs.
1 – Continuons et élargissons la politique d’assemblées générales pour garder les collègues en action, leur permettre de discuter les propositions et le programme ainsi que la stratégie pour gagner. Dans une école du centre-ville de Liège, un sondage en fin d’assemblée générale sur la Déclaration de politique communautaire (DPC) donnait la grève illimitée en 1re position dans les modes d’action. L’enthousiasme ne manque pas face à ces attaques.
2 – Munissons-nous d’un programme politique : un programme de rupture avec la politique austéritaire. Défendons par exemple une taxation des plus riches à travers une taxe récurrente sur les fortunes. Une telle taxe pourrait rapporter jusqu’à 10 milliards d’euros par an. Ça permettrait de financer un enseignement et des services publics à la hauteur des besoins. Notamment à travers un plan de rénovation massive des bâtiments scolaires ainsi que l’engagement de personnel avec un statut qui permet une réelle indépendance face aux directions et à l’arbitraire politique : le statut de fonctionnaires.
Pour que ce combat soit victorieux, il faudra y lier des revendications offensives qui clarifient qu’il s’agit avant tout de l’avenir des jeunes générations et de l’enseignement émancipateur qu’elles méritent : avec des classes plus petites (dans lesquelles il ne pleut pas…) et suffisamment d’encadrement pédagogique avec des conditions de travail propices à accompagner l’épanouissement des élèves. Ne nous laissons pas prendre au piège : repoussons les attaques et arrachons plus de moyens, notamment pour plus de collègues !
De premières photos de Bruxelles et Liège









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Bruges. L’hôpital St-Jan doit rester public!
Des soins de santé accessibles et abordables? Impossible sans une expansion du secteur public
La centrale professionnelle de la FGTB ACOD-LRB (l’équivalent néerlandophone de la CGSP-ALR) de Flandre occidentale résiste aux attaques contre les soins de santé et le personnel de l’hôpital académique AZ Sint-Jan de Bruges (le plus grand de la province) avec une campagne exemplaire. Il s’agit du dernier hôpital public de Flandre occidentale. Nous nous sommes entretenus avec Stan Geernaert, président des jeunes de la LRB, militant de l’ACOD et employé au service des urgences de l’AZ Sint-Jan.
Propos recueillis par Andrej
Comment en est-on arrivé à ce que l’hôpital Sint-Jan soit le dernier hôpital public de la province?
“Le 1er novembre 2023, le dernier hôpital public d’Ostende a été privatisé. L’hôpital Henri Serruys d’Ostende s’est détaché de l’AZ Sint-Jan de Bruges et a fusionné avec l’AZ Damiaan pour former un grand hôpital ostendais.
“Depuis la privatisation de Serruys, la qualité des soins est sérieusement mise à mal. Le 18 avril, la VRT a publié un article dans lequel des témoins parlent d’une atmosphère toxique et d’une méfiance généralisée. De nombreux travailleurs sont déjà partis depuis la fusion et les réductions de personnel pour cause de maladie sont incalculables. La charge de travail a également augmenté de façon spectaculaire, les équipes sont trop petites et il n’y a presque plus de marge pour prendre congé ou pour remplacer un collègue malade.
“Récemment, une agence externe a effectué un audit du service des urgences de l’hôpital Damiaan, qui s’est avéré extrêmement critique. La qualité des soins et la sécurité des patients sont compromises. L’accent est mis sur l’accroissement du nombre de traitements, en y consacrant moins de temps, avec un financement reposant sur la performance et non sur la qualité des soins. L’audit dénonce aussi le chaos régnant et émet de sérieuses réserves quant à la direction du service d’urgence unifié. La direction fait la sourde oreille et le travail acharné du personnel n’est pas apprécié à sa juste valeur.”
Dans cette voie se dirige l’hôpital Sint-Jan?
“L‘an dernier, l’agitation régnait déjà au sein du conseil communal lorsque la question de la fusion et de la privatisation éventuelle de l’AZ Sint-Jan a été soulevée. La réponse du bourgmestre Dirk de Fauw (CD&V) illustrait la pression favorable à la privatisation au sein du pilier catholique.
“Un hôpital public unifié à Bruges est certainement possible et autorisé, mais nous continuerons à nous opposer à une privatisation. Nous refusons un scénario similaire, ou pire, à celui d’Ostende. C’est pourquoi nous avons lancé une campagne en faveur de soins publics conséquents pour toutes et tous, reposant sur le bien-être et non la recherche de profits !
“La campagne a été lancée par une grève à Bruges lors du 1er Mai. Le 3 juin, la FGTB a mené une action à l’AZ Sint-Jan, peu avant les élections du 9 juin et ce n’était pas un hasard. La Commission européenne veut que la Belgique économise 30 milliards d’euros et il est question d’en trouver une grande partie dans les soins de santé. 30 milliards d’euros, c’est trois fois le budget annuel des hôpitaux! Avec la droite, les soins de santé seront saignés. Avec une politique de gauche, nous irons chercher l’argent là où il est.”
Pourquoi les soins publics sont-ils si importants aujourd’hui ?
“Si on laisse faire le prochain gouvernement, la facture sera très salée pour tous les travailleurs, les chômeurs, les personnes handicapées et toutes les familles de notre pays. De nombreuses personnes reportent déjà des soins médicaux parce qu’elles craignent la facture. En 2023, elles seront 90.000! Les dépenses de santé absorbent une part importante du budget familial des personnes malades. Les maisons de repos sont quasiment inabordables (2.200€/mois en moyenne, hors médicaments) avec une pension moyenne de 1900€/mois. Les médecins généralistes sont débordés et ne savent plus s’occuper correctement des patients.

“Les mesures d’austérité encouragent la privatisation des soins de santé! Pourtant, un hôpital public est la meilleure garantie de soins abordables. La présence d’un hôpital public a un effet régulateur. S’il y a des soins publics à proximité, cela fera baisser tous les prix dans la région. Les soins privés sont aux mains d’entrepreneurs privés, de certaines grandes entreprises. Il s’agit là d’une grande différence dans l’approche des soins de santé. Il y a la logique du profit, qui prévaut principalement dans les établissements de santé privés. Mais il y a aussi la sécurité des patients et la qualité des soins. Ces éléments sont évidemment prioritaires dans les soins de santé publics.
“Lorsque nous parlons de sécurité des patients et de qualité des soins, nous constatons que dans certains centres publics, la dotation en personnel est supérieure à la norme d’environ 30%. Cela signifie qu’en plus de la norme de 100% fixée par l’INAMI, il y a 30% supplémentaires. Dans les maisons de repos qui dépendent des villes et des communes, les anciennes maisons de repos du CPAS, la dotation en personnel est supérieure à la norme d’environ 30%. Dans les maisons de repos qui dépendent d’une ASBL, où l’on se trouve déjà en présence d’acteurs privés, ce taux varie autour de 15%. Il ne s’agit là que du montant encore subventionné par le gouvernement. Dans les véritables acteurs privés, les organisations à but lucratif, il n’y a pas de personnel supérieur à la normale.
“La charge de travail dans une maison de repos ou un hôpital privé est donc beaucoup plus importante. Il y a beaucoup moins de marge pour les personnes qui abandonnent pour cause de maladie ou d’autres absences, comme les congés. Dans le secteur public, la marge est plus grande et il y a donc plus de mains au chevet des patients.
“Pour le personnel, il existe également des différences entre les secteurs public et privé. Cela dépend de votre statut et il y a des différences locales. Si un syndicat bien implanté fait son travail, les conditions que le personnel peut faire respecter collectivement sont meilleures.”
La campagne “Pas de profit, mais du bien-être” (Niet winst maar welzijn) vise à préserver le caractère public de l’hôpital Sint-Jan, mais appelle aussi plus largement à davantage de soins publics.
“Oui, c’est important que l’hôpital reste public pour des raisons d’accessibilité financière. Nous refusons la médecine de classe, où certaines personnes doivent faire une croix sur certains soins. Les soins doivent être accessibles et abordables. Cela exige de développer les soins publics.
“Les services publics sont le moteur de la société. La vie quotidienne ne peut se dérouler sans les efforts de ces milliers de personnes qui assurent les transports publics, l’éducation, les soins de santé, la culture et bien d’autres choses encore. Les collectivités locales jouent un rôle crucial car elles sont très proches des citoyens et sont actives dans nombre de ces domaines, tels que l’éducation et les soins. Les soins en particulier sont très importants, parce qu’une société qui ne se préoccupe pas des autres n’est pas une société.
“Les soins sont le ciment qui maintient tout ensemble. Si nous ne prenons pas soin des gens, il n’y aura pas assez de personnes ayant l’énergie et la force de faire leur travail quotidien. En ce sens, les soins relèvent de ce que l’on appelle le travail reproductif. C’est tout le travail qui assure la survie de notre société au quotidien.”
Comment gagner cette bataille ?
“Nous devons penser de manière beaucoup plus stratégique en tant que syndicat. Qui sont nos collaborateurs, quels sont nos objectifs et quelles ressources déployons-nous pour atteindre ces objectifs ? Notre objectif pour le secteur des soins de santé est très clair : préserver et développer les infrastructures et les équipements de soins de santé publics. Nous voulons une meilleure accessibilité et une augmentation de l’offre. Comment nous battre pour cela? Nous devons rallier l’opinion publique à notre cause, notamment par le biais de campagnes.
“La campagne “Pas de profit, mais du bien-être” a été lancée en Flandre occidentale, mais je pense qu’elle doit aller plus loin. La plupart des gens s’opposent à la commercialisation et à la privatisation des soins : il faut les impliquer dans notre lutte. Il faut redoubler d’efforts en matière de communication et de campagnes dans la société au sens large, dans l’espace public. Mais aussi sur le lieu de travail lui-même. C’est là que nous pouvons nous organiser au mieux contre les forces de la privatisation qui sont très puissantes, ne nous faisons pas d’illusions à ce sujet. D’où l’importance du syndicat.
“L’ACOD LRB a demandé une déclaration d’engagement aux députés et aux mandataires locaux en faveur d’un maximum d’efforts pour renforcer les soins publics et refuser leur privatisation ou leur marchandisation. Nous avons obtenu environ 270 signatures de toute la Flandre, de nombreuses villes centrales importantes, d’un certain nombre de personnalités de premier plan, des partis progressistes, mais aussi de milieux parfois inattendus, parfois d’autres partis, ainsi que de nombreuses personnes issues de listes locales qui ont soutenu cette proposition.
“Cela montre clairement qu’en tant que syndicat, nous sommes un facteur important dans ce combat. De nombreux décideurs politiques le reconnaissent en signant notre déclaration d’engagement. Mais nous devrons entrer en action. Nous avons besoin les uns des autres, des forces progressistes de ce pays, du côté politique, mais aussi de la société civile. Ensemble, nous nous battrons pour obtenir les services publics que nous méritons en tant que société.”
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Luttons pour une société qui repose sur les soins aux autres, pas sur les profits
Un bricolage à la marge ? Insuffisant !
- Des investissements publics à hauteur des besoins dans les soins et l’aide sociale
- Prenons soin du personnel soignant : réduction collective du temps de travail à 32
heures par semaine, sans perte de salaire et avec des embauches compensatoires - Repoussons les attaques de l’Arizona contre les pensions, les salaires, les services
publics et les personnes les plus vulnérables - Pour un plan d’action en escalade avec des manifestations et des grèves pour
imposer un changement radical - Le système capitaliste est pourri jusqu’à la moelle : il nous faut une société qui ne
laisse personne de côté
Le manque de moyens est alarmant et permanent, la pression sur notre secteur des soins et de l’aide sociale ne fait qu’empirer. Les nouveaux et futurs gouvernements, quel que soit le niveau de pouvoir, n’ont aucune intention d’allouer les fonds nécessaires aux divers services ainsi que pour de bonnes conditions de travail. En Flandre, le milliard d’euros promis n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan face au sous-investissement structurel.
Tract distribué ce 7 novembre à l’occasion de la manifestation des secteurs publics et non marchands du socio-culturel, des soins de santé et du bien-être.
Durant la pandémie, les autorités ont prétendu rejoindre les applaudissements de la population pour l’héroïsme du personnel des soins. Depuis lors, tout s’est aggravé. Le manque de collègues conduit à une gestion plus autoritaire dans tous les secteurs.
Stop à la répression et à l’oppression ! Investissement dans l’aide sociale et la santé !
Le sous-financement force le secteur social à jouer un rôle de police pour gérer la pénurie. De quel côté sommes-nous ?
Cette manifestation le dit haut et fort : le bricolage à la marge est insuffisant. Il faut une résistance coordonnée face à la politique de tous les gouvernements, avec la mobilisation de néerlandophones et de francophones, du personnel des secteurs public et privé, du secteur des soins et de celui de l’aide sociale. C’est par la lutte que nous pouvons donner la meilleure expression de notre solidarité. C’est par la lutte que nous pouvons organiser la colère des collègues pour imposer le changement nécessaire.
D’un secteur à l’autre : construire l’unité d’action !
Une seule manifestation ne suffira pas pour nous imposer face aux décideurs politiques. Ils ne nous écouterons que lorsqu’ils ne pourront plus détourner le regard. Des concessions de leur part n’arriveront que s’ils craignent le mouvement. La construction d’un tel rapport de force est possible en intensifiant nos actions et en les élargissant. Nous avons besoin d’un plan d’action en escalade qui nous conduise à des actions de plus en plus fortes en impliquant davantage de collègues, en mobilisant les bénéficiaires de nos services et en mobilisant la classe travailleuse dans toute sa diversité contre les politiques antisociales. C’est par une lutte résolue que nous pouvons donner le ton du débat public et construire un rapport de force.
L’importance d’agir de la sorte dépasse largement nos secteurs. Les perspectives pour le futur gouvernement fédéral sont terribles. Ce sera Halloween toute l’année pour les travailleur.euse.s afin de permettre aux capitalistes de fêter Noël toute l’année. Pensions, salaires, services publics, chômeurs, malades… rien ne sera laissé intact. Pour De Wever et Bouchez, il n’y a pas d’autre choix. Leur “choix” est clair : cajoler les grandes entreprises et les super-riches. Stop au hold-up social, stoppons l’Arizona !
Les populistes de droite capitalisent sur les problèmes sociaux et l’insécurité après les avoir eux-mêmes organisés. Les politiques qui excluent favorisent les problèmes de toxicomanie, de pauvreté, de violence… Où vont se retrouver les personnes exclues du chômage ? Certaines au CPAS, d’autres dans la rue. La droite veut en plus transformer le secteur social en un appareil policier reposant sur le contrôle. Notre sécurité sociale est une protection pour l’ensemble de la classe travailleuse, mais c’est aussi un moyen de maintenir un lien avec la société. Protégeons notre sécurité sociale ! Celui qui touche à l’un.e d’entre nous nous touche tous.tes !
Répondre à la droite : changer fondamentalement la société !
Nos revendications représentent la diversité de nos secteurs et lieux de travail. Mais elles se rejoignent autour d’une même question : quel type de société voulons-nous ? Une société froide où les secteurs du soin sont une usine dirigée par des managers autoritaires ? Ou une société où les innombrables talents et capacités de chacun.e peuvent être pleinement développés, une société où les services à la population sont plus nombreux et plus accessibles ?
Le capitalisme nous entraîne vers l’abîme au nom de la recherche de profits pour une infime minorité. Il sème la barbarie dans tous les domaines, de « notre » crise des soins à la promotion de la haine de l’autre (racisme, sexisme, LGBTQIA+phobie…), en passant par les catastrophes climatiques, les guerres et les génocides. Nous luttons au contraire pour une société anticapitaliste et socialiste où les moyens de production seront sous le contrôle démocratique et la propriété de la classe travailleuse afin que nous puissions utiliser les ressources et les richesses disponibles dans le cadre d’une planification rationnelle de l’économie. En bref : un bouleversement radical où la classe travailleuse, dans toute sa diversité, aura le contrôle de la société.
Contre les violences sexistes et sexuelles : manifestez avec nous le 24 novembre
« La honte doit changer de camp ». C’est ce qu’a déclaré Gisèle Pélicot, cette femme de 72 ans, lors du procès de 50 de ses violeurs. Cette affaire démontre à quel point la société est imprégnée de la culture du viol et de la violence de genre. En Belgique, plus de 11.000 plaintes pour viol ont été déposées en 2023, soit une moyenne de 30 par jour. Ce n’est qu’une fraction de cette violence ; 82 % des agressions sexuelles ne sont pas signalées. Pourquoi ? Par honte, par peur de ne pas être cru.e, par manque de conseils et de soins…
Nous pouvons faire changer la honte de camp par la lutte. Manifestez avec nous le 24 novembre à Bruxelles contre les violences sexistes et sexuelles et pour un investissement public massif dans les soins, l’enseignement et la prévention.
Stoppons le génocide !
Le génocide à Gaza touche l’ensemble de la population, y compris nos collègues soignants. Fin octobre, l’hôpital Al-Aqsa, au centre de Gaza, a été à nouveau bombardé alors que les réfugiés tentaient de survivre sous des tentes dans la cour. Le dernier hôpital encore en activité dans le nord de la bande de Gaza a été attaqué pour la 14e fois, emportant 44 médecins et infirmier.ère.s. La solidarité avec le personnel soignant de Gaza, de Cisjordanie et du Liban est nécessaire ! En mars, le personnel de l’hôpital Brugmann de Bruxelles a organisé une action pour exiger un cessez-le-feu immédiat et manifester sa solidarité avec ses collègues de Gaza. Une idée pour votre lieu de travail ?














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“La volonté d’action est telle que nous devons déterminer qui reste pour assurer l’activité de base”
Le 7 novembre, une manifestation sera organisée par les secteurs publics et non marchands du socio-culturel, soins de santé et du bien-être. Il s’agira de la première manifestation contre le manque de fonds alloués à tous les niveaux et dans toutes les régions. Nous avons recueillis quelques témoignages concernant la situation dans ces secteurs.
Dans quel secteur travailles-tu ? Es-tu impliqué dans le travail syndical ?
“Je travaille comme aide-soignant pour des personnes handicapées, dans le secteur non marchand.
– Pourquoi estimes-tu important de manifester le 7 novembre? Quelles sont les principales revendications des collègues?
“Au regard de ce qui est sur table pour la formation du futur gouvernement, il est clair que nous ne sommes pas à la veille d’investissements dans le secteur des soins de santé, c’est tout le contraire. Le secteur est extrêmement fragmenté et il est crucial de suivre ce qui se passe à chaque niveau politique. Pour la région flamande, avec comme ministre du Bien-être Caroline Gennez (Vooruit), nous devons être vigilants et présents en nombre à Bruxelles le 7 novembre, non seulement pour faire pression sur le gouvernement, mais aussi pour nous assurer que la direction syndicale prenne ce combat au sérieux.
“Nous travaillons au quotidien presque toujours en sous-effectif, nous ne pouvons pas faire plus que les soins de base tandis que les heures supplémentaires augmentent à mesure que les collègues quittent le navire en raison de la charge de travail. Il faut dire qu’il est souvent impossible de prendre des congés en raison du sous-effectif. La direction tente de se débrouiller, mais le fond du problème est structurel.
“Le “budget personnalisé” prévu à la Région flamande (où les personnes handicapées reçoivent une somme déterminée et choisissent ensuite où recevoir leurs soins, NDLR) semble constituer une avancée à première vue, mais il s’agit en réalité d’une politique d’austérité néolibérale. Les soins sont privatisés et les personnes handicapées sont contraintes d’organiser leurs propres soins, alors qu’il devrait s’agir d’une responsabilité collective. Les personnes handicapées et le personnel soignant ne sont pas entendus. Il est urgent de changer cette situation, mais les revendications adéquates manquent encore.
“Nous sommes tous à bout de nerfs. Travailler dans le secteur des soins est le plus beau métier qui soit, mais s’il n’y a pas de véritable réforme et d’investissement – pour une augmentation des salaires, une réduction du temps de travail sans perte de salaire et avec augmentation du personnel – le secteur va s’effondrer. Pendant la pandémie, les gens ont applaudi mais, aujourd’hui, nous sommes tout simplement sur les genoux. Les personnes dont nous nous occupons méritent les meilleurs soins, et cela n’est possible que si l’on s’occupe également de nous.”
– Qu’attends-tu de la manifestation ?
“La volonté de passer à l’action est forte, mais les directions syndicales font fort peu pour stimuler cela. Celle-ci semble se reposer sur la présence de Vooruit au gouvernement. Malgré tout, je m’attends à une très bonne participation.
“Nous vivons un moment historique: nous devons déterminer qui peut aller manifester et qui doit rester pour assurer l’activité de base. Cette manifestation pourrait représenter le point de départ d’un “automne chaud”. Ne perdons pas notre élan et, comme en 2014, construisons ensemble un rapport de forces efficace. Nous avons un besoin urgent d’un plan d’action interprofessionnel allant crescendo. Qu’attendent les directions syndicales?”
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Repoussons la menace avec un plan d’action et la construction d’un mouvement de masse!
Les négociations pour un gouvernement fédéral « Arizona » sont dans l’impasse. La « super-note » de De Wever a été balayée de la table. Non pas en raison des terribles attaques antisociales qu’elle comprenait, mais parce qu’une petite contribution symbolique de la part des plus riches était de trop pour le MR. L’entente était par contre unanime concernant la “nécessité” de mesures antisociales drastiques. Les négociations reprendront sérieusement une fois les élections communales passées.
Le député européen Johan Van Overtveldt (NVA) a explicitement déclaré au début de l’année politique à l’organisation patronale flamande Voka que la super note n’avait en rien disparu. “Si l’on veut réformer et assainir notre pays, il y a des choses que l’on ne peut pas éviter. Sinon, un accord de coalition n’a aucun sens”. Bart De Wever a lui-même été très clair : tout revient sur table le 14 octobre.
Le patronat partage le constat. Et en réclame davantage. Pierre Wunsch, gouverneur libéral de la Banque Nationale, a déclaré que la super-note n’était pas suffisante. “Il y a une volonté claire de mettre en œuvre certaines réformes”, s’est-il réjoui, avant de souligner qu’il fallait viser encore plus de mesures d’austérité et de nouveaux impôts. Aux frais de qui? Certainement pas de ses amis actionnaires.
Les propositions contenues dans la super note de De Wever sont révoltantes. La FGTB évoque “la plus grande régression sociale depuis 80 ans”, la CSC explique quant à elle que la super-note est “surtout super pour les super riches”. Tout cela est vrai. Attaques contre les malades, les chômeur.euse.s, les pensions, les salaires, la représentation des travailleurs, les services publics, le secteur des soins, la politique scientifique… c’est toute la classe travailleuse qui est frappée de plein fouet. L’énumération de la totalité de ce catalogue des horreurs nécessiterait d’y consacrer l’ensemble de ce journal.
Cette austérité draconienne rappelle immanquablement le néolibéralisme de Margaret Thatcher des années 1980. À cela s’ajoute une propagande qui fait porter la responsabilité de la pénurie de moyens aux réfugié.e.s, chômeur.euse.s et malades. C’est bien pratique pour détourner l’attention sur la concentration des richesses aux mains d’une petite minorité de capitalistes. Avec Bouchez et Francken, les politiques thatchériennes sont doublées d’une bonne dose de haine de l’autre que ne renierait pas Donald Trump.
Organisons la riposte dès maintenant!
Plus vite nous organiserons notre riposte contre ces projets, plus nous serons fort.e.s. Ces dernières années, le mouvement ouvrier a fait l’expérience de mouvements de lutte remarquables.
Le mouvement de 2014 contre le gouvernement de Charles Michel a montré la puissance d’un plan d’action en escalade. Ce gouvernement de droite dirigé par la N-VA et le MR était lui aussi uni dans sa détermination à s’en prendre aux salaires et aux pensions, entre autres. Une concentration syndicale militante fut le prélude à une manifestation nationale de masse, à une tournée de grèves provinciales et finalement à une grande grève générale nationale. Les dates étaient connues à l’avance, chaque journée d’action était un tremplin vers la prochaine. Le mouvement a gagné en enthousiasme et en puissance, attirant à lui le soutien des jeunes, des artistes, mais aussi d’une foule d’indépendant.e.s.
La manifestation de masse n’était pas un point final à la lutte, mais seulement le coup d’envoi d’un automne chaud, avec 150.000 participant.e.s. La grève générale nationale du 15 décembre 2014 fut la plus importante depuis des décennies. Les grèves étaient fortes, d’autant plus lorsqu’elles avaient été préparées par des assemblées du personnel. Cette implication de la base s’est également reflétée dans le nombre record de candidat.e.s aux élections sociales qui ont suivi, en 2016. Le mouvement a eu un impact majeur sur l’opinion publique: une large majorité de la population se prononçait dans tout le pays en faveur d’un impôt sur la fortune. Tout au long du mouvement, le PTB a renforcé son implantation au sein de la classe travailleuse et a posé les jalons d’une plus grande représentation dans les parlements et conseils communaux du pays.
Malheureusement, il n’y a pas eu de deuxième plan d’actions pour poursuivre la dynamique en la portant à un niveau plus élevé. Le gouvernement a vacillé, mais il a pu profiter du répit pour se remettre sur pied. Il ne pouvait toutefois pas faire ce qu’il voulait! Des actions de masse successives ont permis d’enrayer l’imposition d’un système de “pension à points”. L’élan vers ces actions avait été assuré par plusieurs initiatives, dont celle d’un “journal des pensions”, imprimé à plusieurs centaines de milliers d’exemplaires et largement distribué dans les entreprises et parmi le grand public.
Face à la pire régression sociale depuis 80 ans, revendiquer “plus d’équilibre” ne suffira pas. Journaux d’information, assemblées militantes régionales, assemblées du personnel… permettent de lancer un plan d’action avec des grèves soigneusement préparées pour repousser les attaques. Il faut des mots d’ordre à la hauteur des enjeux, reposant sur l’unité dans la lutte et la solidarité active.
Une faiblesse qui a également joué un rôle non négligeable dans l’absence d’un deuxième plan d’action après celui de fin 2014 était la question de l’alternative. Si nous limitons cette question à ce qui est possible aujourd’hui avec les partis dominants et dans le respect des règles budgétaires construites pour faire tourner la machine à profit, nous n’arriverons à rien. Avec un rapport de forces favorable, ce que la propagande capitaliste déclare impossible devient soudain possible. Ce n’est pas autrement que le mouvement ouvrier est parvenu à arracher le suffrage universel et la Sécurité sociale.
Nos revendications et notre alternative sont plus fortes si elles sont portées par le plus grand nombre possible de collègues. Lors des réunions du personnel, il ne faut pas seulement donner des informations et organiser les actions, c’est l’endroit idéal pour soulever ce qui est nécessaire comme mesure dans son entreprise, son secteur, son service public. C’est ainsi que l’on peut impliquer les collègues dans l’élaboration société qui répond aux besoins du terrain et non aux diktats du marché.
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Audi Forest. Et le personnel de la sous-traitance?
L’annonce de la fermeture prochaine de l’usine d’assemblage automobile Audi à Forest touche non seulement près de 3.000 ouvrier.ère.s de l’usine mais aussi des centaines de travailleur.euse.s occupé.e.s dans les firmes de sous-traitance sur le site même de l’entreprise.
Par Guy Van Sinoy
Les sociétés de sous-traitance concernées sont: DP World qui s’occupe de la réception des matières, de la gestion des entrepôts et des vidanges ainsi que de la préparation des commandes. Rhenus Automotive qui s’occupe de réceptionner les pièces et d’approvisionner la chaîne de production. Plastic Omnium en charge des équipements de carrosserie (pare-chocs, phares, radiateurs, etc.) Van Eupen Sesé, cette firme s’occupe de l’emballage. Des centaines d’ouvriers sont ainsi occupés sur le site par ces firmes de sous-traitance qui font partie intégrante du processus de production. À côté des métallos, il y a aussi le personnel du nettoyage ou des restaurants, essentiellement des femmes. Des 800 personnes qui travaillent dans la sous-traitance, il y en a environ 250 dans l’horeca ou le nettoyage. Autant dire que sans ce monde, aucun véhicule achevé ne sortirait des chaînes de l’usine de Forest.
Diviser… pour mieux exploiter
Le recours systématique à de la sous-traitance et aux travailleurs intérimaires (près de 300!) est une politique délibérée menée par Audi pour accroître le taux d’exploitation de la main-d’œuvre occupée. Car les conditions de travail et de rémunération ne sont pas les mêmes entre le personnel Audi et le personnel de la sous-traitance. Dans le mot « sous-traitance », un terme a son importance : le terme « sous ».
Quel sera le sort des ouvriers de la sous-traitance après la fermeture prévue en 2025 ? Nul ne le sait encore et c’est l’angoisse chez les ouvriers et ouvrières de la sous-traitance qui campent devant l’entrée de l’usine de Forest depuis plusieurs semaines.
La multinationale Audi prévoit de transférer la production de son modèle Q8 e-tron (prix catalogue en Belgique: 91.480 € TVAC) vers son usine de Puebla au Mexique (ouverte en 2026 et où les salaires sont plus bas qu’à Forest). Mais les frontières n’arrêtent pas la lutte des classes. En février dernier, les travailleurs et les travailleuses d’Audi Puebla ont arraché une augmentation de salaire de 7% et une augmentation des avantages sociaux pour 2024 de 3,2% après avoir mené une grève pendant près d’un mois !
Solidarité et unité
Les sous-traitants sont les oublié.e.s du conflit. Leur travail dépend à 100% d’Audi, mais ils ne sont pourtant pas pris en considération par la procédure de licenciement collectif de la loi Renault. En 2006, à l’époque de la grosse restructuration de ce qui était à l’époque VW Forest, les travailleurs sous-traitants ont obtenu beaucoup moins. Ici, quand la direction d’Audi a convoqué une assemblée du personnel fin août, le personnel des sous-traitants n’était pas convié. Cette division qui sert la direction doit être contrée par l’unité à la base : il nous faut un plan de bataille qui ne laisse personne de côté, ni chez Audi, ni chez les sous-traitants.