Category: Syndical

  • CGSP-Enseignement Anvers: Victoire de la gauche syndicale

    Pas moins de 800 militants de la régionale d’Anvers de la CGSP-Enseignement ont participé à l’assemblée de jeudi 18 mars. La réunion était importante car il s’agissait de renouveler l’exécutif régional élu pour quatre ans. L’exécutif sortant se caractérisait par une certaine combativité et des prises de position à gauche. A contre-courant de la droite de la bureaucratie syndicale et de la nouvelle secrétaire Nadine Maréchal qui, au cours des derniers mois, a mené toute une série de manoeuvre contre Frank Maerten (l’ancien secrétaire) et son «clan de la petite gauche».

    Un militant de la CGSP-Enseignement d’Anvers

    La droite de l’appareil a fait appel aux vérificateurs des comptes pour passer au crible uniquement les comptes des quatre dernières années (la période de Frank Maerten). Dans la mesure où l’exécutif régional précédent était composé d’enseignants de la ville, la bureaucratie essaie de montrer que les intérêts de l’enseignement de la Communauté flamande n’étaient pas défendus. Les mensonges et rumeurs propagés par l’appareil ont été démentis en assemblée générale par les enseignants de la Communauté.

    La nouvelle secrétaire et son comité bidon, soutenu par le SP.a, ont montré leur vrai visage. Au cours de la première semaine de son entrée en fonction, Nadine Maréchal a licencié deux permanents parce qu’ils avaient des positions à gauche. Une pétition a été lancée parmi les militants de base qui ont tout de suite compris les manoeuvres de l’aile droite, soutenue par la social-démocratie, contre le syndicalisme de combat. A l’issue du vote, une majorité s’est dégagée pour la reconduction d’un nouvel Exécutif régional de gauche.

  • Mia Devits s’en va. Bon débarras!

    «Je ne tolérerai jamais que certains se servent de l’organisation syndicale à des fins politiques» a clamé Mia De Vits en juin 2002 quand elle est devenue présidente de la FGTB. Moins de deux ans plus tard, en pleine campagne pour les élections sociales, elle déserte la FGTB pour faire carrière au parlement européen.. sur la liste du SP.a de son ami Frank Vandenbroucke qui vient de lancer une nouvelle attaque contre les chômeurs.

    Guy Van Sinoy

    Le départ précipité de Mia De Vits est l’occasion de revenir sur sa carrière syndicale. Entrée comme universitaire il y a une trentaine d’années au bureau d’études de la FGTB, elle a fait toute sa carrière dans l’appareil, n’a jamais été déléguée syndicale, ni candidate aux élections sociales, n’a jamais organisé une grève ni un piquet sur son entreprise.

    Il y a trois ans, alors qu’il était encore président de la FGTB, Michel Nollet avait annoncé à la presse que Mia De Vits lui «succèderait». Comme dans les dynasties! La question n’avait pas encore été évoquée dans les instances du syndicat. Au congrès de juin 2002, comme elle était seule candidate, Mia De Vits est devenue d’office présidente, sans vote. D’emblée elle annonça son intention de lutter «contre l’extrême-gauche et l’extrême-droite». Quelques semaines plus tard elle lançait une offensive hargneuse contre la FGTB de Bruxelles en faisant liquider Albert Faust et Anne-Marie Appelmans qui s’étaient notamment opposés à De Vits en refusant la régionalisation des conventions collectives. Pour opérer un tournant encore plus à droite et faire avaler aux militants de nouvelles mesures asociales, l’appareil de la FGTB devait se débarrasser de sa propre aile gauche.

    Mia De Vits a justifié son départ en invoquant l’hostilité de l’Interrégionale wallonne à la «modernisation» et le «machisme». D’une manière générale les appareils syndicaux, tant FGTB que CSC, sont peu démocratiques et laissent peu de place aux femmes. La lutte pour la démocratie syndicale est aussi une lutte pour que les femmes soient mieux représentées à tous les niveaux. Mais on ne peut avaliser au nom du «féminisme» les prises de position d’une Mia De Vits ou d’une Margaret Thatcher. La pseudo «modernisation» cache la volonté de certains respon-sables de l’ABVV de transformer leur syndicat en organisation de services avec des antennes locales pour concurrencer le réseau de l’ACV. Un tel virage signifierait la fin du syndicalisme de lutte et de négociations et la perte de pouvoir des centrales syndicales (SETCa, CMB, CGSP, Centrale générale) au profit des régionales FGTB. C’est une des raisons pour lesquelles Mia De Vits a perdu le soutien des centrales syndicales et a finalement jeté l’éponge. Les responsables FGTB maintiendront une unité de façade jusqu’aux élections sociales. Mais après la bataille reprendra entre régionales et centrales.

    Le MAS et ses militants syndicaux défendent l’unité de la FGTB, un syndicalisme de combat démocratique, un syndicalisme qui informe les travailleurs, les mobilise et les prépare à la lutte, où tout responsable doit être élu et révocable, et dont le salaire ne dépasse pas le salaire moyen d’un travailleur.

    Rejoignez-nous pour mener cette lutte!

  • Pré-accord à la SNCB

    Correspondant

    Un pré-accord est finalement intervenu sur le plan d’entreprise de la SNCB. D’ici 2005 il ne restera plus que 38.000 postes de travail. Il est prévu que les plus de 55 ans pourront partir en prépension à 75% du salaire brut pour les catégories de salaire les plus basses et à 57 ans avec 65% du salaire brut pour les autres catégories. A première vue Karel Vinck, le manager de la SNCB, et les responsables syndicaux sont tombés d’accord.

    Aucun accord n’est encore intervenu sur la flexibilité, les changements du règlement de travail et la reconversion. Ce sera discuté en commission paritaire. Il faudra sans doute attendre après les élections pour l’application de ces mesures.

    Un accord doit encore intervenir sur la scission de la SNCB entre l’infrastructure et l’exploitation du matériel roulant. Pour le personnel il est crucial qu’il y ait des garanties pour le maintien d’un seul statut et d’un même cadre social.

  • Interview de Silvio Marra, ex-délégué sécurité en sidérurgie

    Interview de Silvio Marra, ex-délégué sécurité en sidérurgie

    A LIEGE SE déroule un procès consécutif à un accident grave survenu à la Cokerie d’Arcelor (ex-Cockerill-Sambre). L’accident a fait 3 morts et 26 blessés. Une demi douzaine de travailleurs (cadres, agents de maîtrise, employés, ouvriers) se retrouvent sur le banc des accusés. Mais pas les dirigeants de l’entreprise. Nous avons interrogé Silvio Marra, ancien délégué principal en Sécurité et Hygiène aux Forges de Clabecq.

    Propos recueillis par Guy Van Sinoy

    – Alternative Socialiste: Silvio, en tant que militant, comment vois-tu les problèmes de sécurité au travail, en particulier en sidérurgie?

    – Silvio Marra: Un accident mortel dans une usine qui occupe plusieurs centaines de travailleurs crée un certain mécontentement, une certaine mobilisation. L’intérêt est d’utiliser cette mobilisation, cette énergie sociale pour la réinjecter dans la prévention des accidents de travail. Il faut utiliser l’émotion provoquée par les accidents pour éviter de nouveaux accidents, pour impulser la prévention.

    Evidemment le patron hésite toujours. Chaque fois qu’il peut l’éviter, il ne fait pas d’investissements de prévention. Donc faire la prévention des accidents c’est l’obliger à faire les investissements nécessaires pour rendre les machines les plus sûres possibles.

    Ensuite, il faut primo: un personnel d’encadrement formé et qui ai suivi des cours. Secundo: du personnel de maîtrise (contremaîtres, brigadiers) ayant suivi une formation théorie et pratique en matière de prévention, et qui soit capable d’analyser les accidents. Tertio: les ouvriers doivent aussi être impliqués. Qui doit animer tout cela? En principe c’est la délégation syndicale sécurité et hygiène: faire participer le personnel en organisant, par exemple, des assemblées quand c’est nécessaire et de toute façon en tenant un dialogue constant pour la prévention des accidents.

    A Clabecq nous avions réussi à réduire assez bien les accidents: le taux de gravité et le taux de fréquence ont été réduits par 5. Mais à chaque accident, nous avons organisé des petites assemblées, tenu des débats avec les travailleurs pour les faire participer, pour déterminer ensemble les causes de l’accident, pour faire participer les contremaîtres et les cadres, et pour créer le rapport de forces suffisant pour améliorer les machines, la formation, la participation et le comportement du personnel.

    Dans une entreprise où on trouve du personnel découragé, inorganisé syndicalement, qui va être le catalyseur pour mener le combat pour la prévention des accidents? Ce ne peut être que les militants syndicaux qui ont une conscience et une formation politique. S’il n’y a pas de militants qui rêvent d’un autre monde, qui ont envie d’une autre société, cela devient des campagnes occasionnelles, puis de la routine et la situation ne s’améliore pas.

    – AS: Justement à Arcelor le calendrier de fermeture de la phase à chaud est non seulement établi mais accepté par les directions syndicales. Est-ce que cela génère une climat social favorable pour travailler en sécurité?

    – SM: Dans une situation de restructuration, le fatalisme commence à s’installer tant du point de vue politique que du point de vue de la sécurité. Cela dépend une fois de plus de la conscience politique des militants syndicaux. Ils sont l’avant-garde des travailleurs. Même si ça va mal, malgré les difficultés financières et économiques, malgré l’annonce d’une prochaine fermeture, il faut continuer la prévention des accidents comme si l’entreprise allait continuer. Il ne faut jamais dire «Puisque maintenant on va fermer, on ne sait plus rien faire…» car alors c’est la catastrophe. C’est la situation la plus dangereuse qui puisse exister dans une entreprise: si on laisse tomber les bras, les accidents se multiplient.

    – AS: Au palais de justice de Liège ce sont des «petits» sur le banc des accusés. A ma connaissance c’est la première fois qu’on poursuit des ouvriers a propos d’un accident du travail. Est-ce que la responsabilité principale n’incombe pas à la direction de l’entreprise?

    – SM: La gestion d’une entreprise, dans tous ses aspects, dépend de la direction. Celle-ci est responsable sur le plan financier, technique, commercial et de la sécurité. Le patron est légalement LE responsable de l’entreprise. S’il y a sur le banc des accusés quelques ouvriers, contre-maîtres et petits cadres sans que la direction ne soit inquiétée, c’est le reflet d’une volonté politique de ne pas vouloir aller jusqu’au fond des choses, de ne pas aboutir à la vérité. Car tout ce qui se passe dans une entreprise est sous la responsabilité de la direction générale. D’autant plus qu’un accident de travail n’arrive pas comme cela sans prévenir. Il y a toujours des signes prémonitoires, des signaux avertisseurs, des feux clignotants qui s’allument. S’il y a dans l’entreprise des gens sensibilisés à la sécurité, ils perçoivent ces signaux. La direction générale doit aussi détecter ces signaux et elle a l’obligation légale d’intervenir AVANT l’accident.

  • La LBC à la pointe de la mobilisation

    Quelque 16.000 travailleurs du secteur non marchand ont manifesté à Bruxelles le 16 février. Les travailleurs de ce secteur entendent mettre le gouvernement sous pression avant de négocier leur cahier de revendications (voir Alternative socialiste n°87). Le gouvernement, de son côté, entend faire traîner les négociations dans des groupes de travail jusqu’après les élections du 13 juin.

    Eric Byl

    Les organisations syndicales doivent donc mettre la pression si elles veulent éviter d’être menée en bateau. Le 16 février 75% des manifestants étaient des affiliés de la CSC (LBC ou CNE). Un peu moins de 20% étaient des affiliés du SETCa, le reste des affiliés du syndicat libéral. Le cortège de la CSC était très combatif. Par contre des militants du SETCa estimaient que leur syndicat avait peu mobilisé. Le tract du MAS a été bien accueilli, particulièrement auprès des militants de la CSC.

    A la base on commence à perdre patience. Selon un militant du SETCa, les salaires dans le non marchand sont en moyenne inférieurs de 17% à ceux d’autres secteurs. C’est d’ailleurs confirmé par une étu-de de l’HIVA (un institut d’études du monde du travail dépendant de l’université de Louvain). Cette étude montre que – même sans tenir compte des différences de salaires liées à l’ancienneté, au sexe, au niveau d’études – les infirmier(e)s, soignant(e)s et éducateur(trice)s ont un salaire moindre que des diplômés de même niveau (9%) dans d’autres secteurs. Le cahier de revendications porte notamment sur le remplacement de la prime de fin d’année par un 13e mois et une augmentation des primes de prestations inconfortables.

    Dans la convention signée en 2000 figure notamment la pré-pension à 57 ans et un aménagement de fin de carrière permettant de réduire ses prestations à partir de 45 ans. Le gouvernement flamand n’a jamais appliqué cela à la lettre. La LBC exige la création de 25.000 postes de travail par la réduction du temps de travail à 36 heures sans perte de salaire et l’embauche de 5% de personnel supplémentaire.

    Afin de donner du corps à la mobilisation et de couper court aux manoeuvres du gouvernement, la LBC organisera chaque mardi une action de sensibilisation devant les cabinets ministériels concernés. La CSC appelle aussi à une manifestation nationale le jeudi 1er avril. En mars, trois manifestations sont prévues contre les mesu-res de Frank Vandenbroucke à l’égard des chômeurs, des manifestations hebdomadaires du non marchand et une manifestation contre l’occupation de l’Irak le 20 mars. Il n’est donc pas étonnant que la tension monte au sein du gouvernement à l’approche des élections.

  • La politique social-démocrate menace l’unité de la FGTB

    LES QUELQUES semaines qui nous séparent des élections risquent bien de n’être qu’un avantgoût des luttes qui vont prendre place lors de la rentrée et déjà il est évident que l’appareil syndical est divisé. De plus, le résultat des élections régionales aura une influence sur la combativité des syndicats.

    Vincent Devaux

    En Flandre, les quatre principaux partis (VLD, CD&V/N-VA, SP.a/Spirit, Vlaams Blok) sont au coude à coude, le CD&V/N-VA (aux thèses nationalistes et séparatistes évidentes) ayant toutefois une longueur d’avance. En Wallonie le PS prend incontestablement la tête, suivi du MR ; le CDH et Ecolo perdant encore quelques plumes. Cependant, beaucoup de choses peuvent encore se passer avant les élections comme le montre l’actualité, et les «négligences» de Daniel Ducarme et de Richard Fourneaux risquent bien de donner du grain à moudre à l’extrême-droite. Tout cela sans compter les déclarations enflammées entre le MR et le CDH et le chaos provoqué par le vote sur le port du voile au VLD. En Wallonie le PS continue sa percée en se donnant l’image d’un parti responsable, si l’on excepte Anne-Marie Lizin et ses prises de positions honteuses contre le port du voile dans les écoles. Dans tous les cas, la situation économique et les mesures qui vont être prises les prochains mois vont provoquer une pression à la base de la classe ouvrière au sein des syndicats.

    Les tensions sont déjà bien visibles entre l’aile flamande et l’aile wallonne de la FGTB. Des permanents syndicaux wallons se plaignent, depuis que Mia de Vits est à la présidence du syndicat, de ne plus avoir de marge de maoeuvres pour s’opposer aux mesures que prennent le SP.a et le PS au sein du gouvernement. La rumeur persistante mais non confirmée selon laquelle Mia de Vits se porterait candidate sur la liste SP.a pour les Européennes est une indication des divisions au sein de l’appareil. Si son départ peut effectivement diminuer temporairement les frictions, cellesci sont beaucoup plus profondes et dépendantes de la situation socio-économique. Les contradictions vont resurgir quand les luttes émergeront et il ne fait aucun doute que le gouvernement va devoir prendre des mesures pour s’aligner sur ses voisins afin de maintenir son économie à flot, c’estàdire en faisant des cadeaux à la bourgeoisie la récente réduction de la taxe sur les gros consommateurs d’électricité en est un bon exemple et en s’attaquant aux acquis de la classe ouvrière. Nous ne nous retrouverons plus comme dans le passé avec des bourgeois toutpuissants s’appuyant, pour gouverner, sur le syndicat chrétien, comme c’était le cas à l’époque avec le PSC/ CVP. L’interrégionale flamande de la FGTB est liée au parti de Steve Stevaert, connoté d’un certain «Blairisme» et est soucieux de ne pas mettre des bâtons dans les roues de son partenaire. On ne doit donc pas s’attendre à ce qu’elle ouvre les hostilités. La CSC en Flandre, par contre, aura les mains libres pour s’opposer aux attaques qui ne vont pas manquer d’avoir lieu en automne.

    Les mesures prisent par Vandenbroucke contre les chômeurs ont fait l’objet de longues critiques de la part de l’interrégionale wallonne de la FGTB et cela afin dans un premier temps de faire pression sur le PS. Les actions contre les mesures Vandenbroucke ont déjà eu lieu en Wallonie et à Bruxelles par la FGTB de Charleroi et de Liège/Huy/Waremme et des actions sont prévues prochainement (voir article en page 1). Une pareille réaction ne s’est pas vue du côté flamand. De même on peut noter une plus grande combativité du syndicat chrétien. Déjà maintenant la LBC (Centrale CSC pour les employés du côté néerlandophone) a annoncé plusieurs manifestations dans le secteur non marchand avant les élections. L’échec des négociations entre le front commun syndical des enseignants (CGSP, CSC) et Christian Dupont le ministre (PS) de la Fonction publique relatives aux négociations salariales des enseignants jusqu’en 2010 pourrait également mener à des grèves dans ce secteur en mars. Tout cela va amener de nouvelles discussions dans les instances de la FGTB et cristalliser les différends.

    Des voix dans la FGTB wallonne marquent clairement leur raslebol du suivisme de Mia De Vits vis-à-vis de Frank Vandenbroucke. Dans quel sens cela va évoluer reste difficile à dire, mais il n’est pas impossible qu’une lutte asymétrique se développe de chaque côté de la frontière linguistique. Il ne faut pas oublier la situation économique en Wallonie, où le niveau de vie est plus modeste et le taux de chômage très important, mais où également la classe ouvrière est plus ancrée dans les traditions, ce qui mène à des conditions de lutte plus acharnées qu’en Flandre. Par ces luttes, même si ce n’est pas l’option la plus probable, il n’est pas impossible de voir une scission de la FGTB. Nous sommes bien entendus opposés à une telle scission sur base communautaire. Mais il faut bien voir qua la fraction SP.a menée par Mia De Vits aurait une responsabilité écrasante dans une telle dérive.

  • La libéralisation ne fera pas d’étincelles pour tout le monde!

    Le marché de l’électricité en Flandre a été libéralisé le 1er juillet 2003, ce qui signifie que tout le monde peut choisir «librement» son fournisseur d’électricité. La Wallonie et Bruxelles suivront plus tard. La libéralisation du marché ne signifie pas plus de concurrence et une baisse des prix comme le prédisaient certains, mais bien l’exclusion et une facture plus élevée pour la plupart des gens.

    Koen Van Brabandt

    Celui qui ne peut plus payer à temps sa facture d’électricité recevra bientôt une lettre d’Electrabel, Luminus ou Nuon – quelques unes des firmes qui fournissent de l’électricité. La libéralisation leur permet en effet de refuser désormais des clients. Bien-sûr, les politiciens s’empresseront de dire qu’il n’en est pas du tout question, que tout le monde aura droit à une quantité minimale d’électricité. Les mauvais payeurs se verront imposer un limitateur de puissance (6 ampères). Largement insuffisant pour faire fonctionner des appareils élémentaires comme une machine à laver ou un frigo. On se doute déjà de ce qui attend ceux qui se seront retrouvés une fois sur une liste noire. Ils auront toutes les peines du monde à retrouver accès à un fournisseur d’électricité.

    Mais même pour celui qui n’a pas de problèmes de payement, la libéralisation ne sera pas une bonne chose. Pour commencer, il va être sollicité de tous côtés par les différents opérateurs qui l’assureront tous, sans aucun moyen de le vérifier, qu’ils sont le moins cher. En outre, il n’y aura le plus souvent pas de baisse de prix. Fientje Moermans, la ministre compétente, a beau dire que le consommateur doit être assez dynamique pour changer son comportement et choisir le moins cher. Vous pouvez toujours essayer de vous y retrou-ver dans tous ces différents contrats.

    En fin de compte, la libéralisation coûtera plus cher sauf pour les grandes entreprises! Le gouvernement va leur faire un énième cadeau: les 350 plus gros consommateurs seront en effet dispensés d’une redevance que tous les autres devront payer. Le gouvernement impose cette redevance pour dédommager les communes qui perdront une partie de leurs recettes suite à la libéralisation. En effet, c’était jadis les communes qui fournissaient l’électricité à travers les inter-communales. D’après Luminus, cette taxe supplémentaire ferait grimper la facture d’électricité de 4,5% par an.

    Celui qui a encore l’illusion que la libéralisation imposée par l’Europe est une bonne chose devra déchanter une fois de plus. Le gouvernement accorde aux multinationales un «maximum à facturer» pour leur électricité – tiens tiens, n’est-ce pas une aide d’état? – les travailleurs et leurs familles payent le prix plein. Et n’oublions pas qu’Electrabel tire depuis des années d’énormes bénéfices de nos besoins en électricité.

  • Service public privatisé. “Je prèfère encore courir derrière le camion!”

    Service public privatisé

    Dans pas mal de communes, le ramassage des ordures ménagères est confié depuis quelques années à des firmes privées dont l’objectif est de faire du profit et non de rendre un service à la population. Bon nombre d’habitants l’ont ressenti dans leur portefeuille: sacs payants, hausse de la taxe annuelle,…Bien entendu, un sac à 1 euro, cela pèse plus sur le budget d’un pensionné ou d’un chômeur que sur celui d’un notaire. Et les travailleurs qui collectent les déchets? Nous avons interrogé Jean, qui travaille dans une firme privée de ramassage des poubelles.

    Tu travailles chez Biffa. C’est une société privée ou une intercommunale?

    C’est privé à 100%. Biffa a des contrats avec les autorités locales pour ramasser les déchets. Là où j’ai travaillé, on était chargé de ramasser les sacs PMC (sacs bleus) dont le contenu est recyclable (canettes en métal, bouteilles en plastic, tetrapak,…). Normalement les sacs ne sont pas trop lourds, sauf quand les gens trichent en remplissant les boîtes avec plein de truc. Comme les sacs sont relativement légers on est seul derrière le camion. Tous les ménages ne trient pas. Il y a donc moins de sacs bleus. Ils sont moins lourds mais il faut cependant une bonne condition physique car on ne marche pas derrière le camion, mais on court toute la journée. Je dis bien «courir», car si on marche on ne rentre pas chez soi avant 10 heures du soir! D’après les mesurages qui ont été faits, un ramasseur de sacs PMC fait en moyenne une quarantaine de km à pied sur sa journée de travail. Quand la distance est trop longue entre les habitations je monte dans la cabine du camion. Celui-ci parcourt en moyenne une centaine de km sur la journée, y compris la distance pour aller au dépôt de Châtelet..

    Y a-t-il des travailleurs intérimaires?

    Oui. En principe pour boucher les trous (remplacer les malades, ceux qui sont en congé) mais certains intérimaires sont là tous les jours.

    Et le salaire?

    La firme chipote avec les barèmes. Nous sommes clas-sés dans la catégorie «transport routier», où les salaires sont plus bas qu’en «ramassage des déchets». Sur le plan salarial je suis considéré comme convoyeur et non comme ramasseur. Nous sommes donc payés moins que les ouvriers qui ramassent les ordures ménagères. En francs belges, j’avais environ 330F de l’heure plus une prime d’environ 35F de l’heure car nous n’avons pas de toilette ni de cantine. Le supplément pour les heures supplémentaires n’est payé qu’au delà de 10 heures de travail quotidien et non pas au delà de 8 heures, parce que dans le transport routier on considère qu’il y a des «heures d’attente».

    S’il n’y a pas de réfectoire ni de sanitaires prévus, comment faites-vous pour manger? Pour vous laver les mains?

    On mange dans le camion. On a un jerrycan d’eau pour se laver les mains. On travaille bien sûr avec des gants pour des raisons d’hygiène et pour éviter les coupures. Normalement on doit passer un examen médical. J’ai été convoqué plusieurs fois à l’examen mais je devais pour cela courir à Charleroi en dehors de mes heures de travail. Comme j’arrête ce travail dans quelques semaines, je n’aurai pas subi d’examen médical. J’ai seulement envoyé mon attestation de vaccination antitétanique.

    Y a-t-il une présence syndicale?

    J’en ai entendu parler, mais je n’ai jamais vu de délégué. Il faut dire que la firme est très étendue et a des activités diverses dans la collecte et le traitement des déchets. Ainsi au dépôt de Châtelet se trouve un centre de tri: des aimants sélectionnent les objets métalliques. Tout le reste est trié à la main par des travailleurs mal payés et qui sont toute la journée le nez dans les odeurs. Je préfère encore courir derrière le camion car là au moins on est à l’air.

    Par tous les temps?

    Oui. Le pire n’est pas le froid mais la pluie. Il n’y a pas de chômage intempéries prévu, comme dans le bâtiment. S’il pleut, les sacs doivent quand même être ramassés. On s’arrête parfois quelques minutes s’il drache trop fort. Mais si la pluie continue de tomber il faut bien recom-mencer à courir derrière le camion. On est trempé toute la journée. On a bien des protections mais qui prennent l’eau rapidement. Courir avec un ciré est intenable car on transpire tellement qu’on est alors mouillé à l’intérieur. On reçoit des vêtements de travail fluos, comme tous ceux qui travaillent le long des routes, mais seuls les travailleurs engagés directement par Biffa reçoivent des chaussures de sécurité. Pas les intérimaires!

    Propos recueillis par Guy Van Sinoy

  • Enseignement supérieur: Vers des universités d’élite en Europe

    Enseignement supérieur:

    EN ALLEMAGNE, le chancelier Gerhard Schröder prône la mise en place d’universités d’élite sur le modèle américain de Harvard, Standford et compagnies. Le secrétaire général du SPD (social-démocrate) confirme cette idée en avançant la nécessité d’avoir plus de prix Nobel. Le ministère de l’Enseignement supérieur allemand prépare pour cet été un système de notations internationales des universités afin de pouvoir comparer la compétitivité des unifs allemandes avec les universités européennes concurrentes.

    Boris Mallarme

    Les patrons applaudissent. Ils veulent d’un enseignement adapté au besoin du marché capable de concurrencer les établissements américains. La Table ronde des Industriels européens avance depuis 1989 que l’enseignement en Europe fournit une main-d’oeuvre trop critique, pas assez flexible, que trop de moyens sont consacrés aux études inutiles et que trop peu de jeunes font des études supérieures en rapport avec les besoins du patronat.

    Aux États-Unis, les universités décident quels étudiants elles admettent. Les droits d’inscription s’élèvent à des sommes atteignant plusieurs dizaines de milliers d’euros! Bref la sélection est extrême. Seul les génies et les gosses de riches ont accès aux unifs d’élite. Depuis des années les moyens consacrés à l’enseignement diminuent en Allemagne. On financera quelques unifs réservées à une élite au détriment de la masse des étudiants qui accéderont au reste des unifs qui dégénéreront de plus en plus en établissements poubelles.

    L’idée d’écoles supérieures pour l’élite ne touche pas que l’Allemagne. La déclaration de Bologne, signée par 29 ministres européens de l’Enseignement en 1999, vise à préparer les universités européennes à la compétition avec celles des États-Unis. L’harmonisation européenne des structures d’enseignement vise à mettre en concurrence les établissements et non à offrir une plus grande mobilité à la masse des étudiants. La mise en concurrence signifie que les formations jugées non rentables par les entreprises passeront progressivement à la trappe. Le stade final du processus est la création de «pôles d’excellence», où l’accès sera filtré par des minervals exorbitants. En Angleterre, un projet de loi permettant aux unifs d’augmenter les droits d’inscriptions à partir de 2006 sera voté dans les prochains jours. Les montants des frais scolaires pourront alors grimper jusqu’à 4.500 euros par an (Le plafond étant pour le moment de 1.656 euros). De nombreux étudiants à la suite de leurs études seront endettés de plusieurs dizaines de milliers d’euros. La dette serait effacée si elle n’a pas été payée entièrement après 25 ans. Cela rappelle les suggestions des économistes de l’UCL d’élever le minerval à 4.000 ou 6.000 euros à rembourser après les études.

    Seuls les étudiants les plus aisés capables de payer leurs frais de voyages, leurs logements, leurs droits d’inscription,… pourront étudier à l’étranger.

    Bologne conçoit une mobilité accrue pour ceux qui seront admis dans les futurs unifs d’élite étrangère et non pour tous. A côté de ces pôles d’excellence, il y aura des établissements de seconde zone, plus accessibles, mais dont la qualité laissera de plus en plus à désirer et dont les diplômes auront peu de valeur. C’est là qu’échoueront la masse des étudiants les moins fortunés.

    L’enseignement en Belgique suit cette tendance néo-libérale européenne.

    Le 3 janvier 2004, le gouvernement de la Communauté française a approuvé l’avant projet de décret dit de «Bologne» de la ministre de l’Enseignement supérieur Françoise Dupuis visant à mettre en place l’harmonisation européenne des structures (du coté flamand l’avant-projet de décret correspondant a été voté depuis le 5 juillet 2002). Ce décret remplace le système candis/licences (2+2) par 3 ans de baccalauréat et puis un an de maîtrise (3+1) ou deux ans pour une maîtrise spécialisée (3+2). Les écoles supérieures sont intégrées à ce système. Il faudra dès lors être capable de payer la cinquième années d’études pour avoir le diplôme de maître spécialisé qui vaudra évidemment plus sur le marché de l’emploi que celui de maître. L’autre grosse partie du décret concerne la constitution «d’académies», possible autour de l’ULB, de l’ULG et de l’UCL, associant plusieurs universités francophones du pays. Les universités pourront léguer à souhait à leur «académie», des parties de l’enseignement, de la recherche et des services qu’elles organisent. Ceci permet aux universités de rationaliser, de faire baisser les coûts de fonctionnement (moins d’administration, suppressions de filières, pertes d’emploi,…). Les universités sont en train de se constituer en pôle avec des écoles supérieures. Tout ceci a pour objet de tenter de développer un pôle d’excellence réservé à l’élite du côté francophone.

    La vague d’attaques au niveau européen contre les acquis en matière d’éducation visant à augmenter la sélection montre une fois de plus le caractère antisocial de l’Europe capitaliste. L’enseignement est l’un des thèmes de la campagne électorale du MAS pour les élections de juin. Le MAS combat l’idée d’un enseignement élitiste et défend un enseignement gratuit et de qualité à tous les niveaux. Etudiants de Gauche Actifs est solidaire de la campagne électorale du MAS qui est la seule opposition de gauche crédible qui défende nos droits d’étudiants.

  • Faillite de la Sobelair. Les travailleurs laissés à leur détresse

    La faillite de la Sabena avait provoqué un choc important au sein du monde du travail: beaucoup de travailleurs y ont vu (avec raison) la conséquence de la privatisation et de la course au profit. Mais une partie plus large de la population avait été touchée et avait perçu la faillite de la Sabena comme la disparition d’un symbole national. Les travailleurs de la Sabena, et en particulier le personnel de cabine, avaient fait preuve d’une combativité résolue.

    Guy Van Sinoy

    Mais les directions syndicales n’étaient pas à la hauteur car elles n’avaient pas l’intention de mener une lutte de grande envergure pour sauvegarder l’emploi des travailleurs de la Sabena et des entreprises de sous-traitance. La manifestation nationale de solidarité organisée à Zaventem par les directions syndicales n’avait d’ailleurs pas eu pour but de lancer un mouvement de grèves allant en s’élargissant, mais seulement de montrer que les syndicats avaient «montré leur solidarité».

    Aujourd’hui les travailleurs de Sobelair sont bien seuls. D’abord parce que la Sobelair n’avait pas le prestige de la S-bena et qu’une large partie de la population n’accorde pas beaucoup d’importance à cette faillite. Ensuite parce qu’une partie des travailleurs de Sobelair sont des anciens de la Sabena et ont dû accepter une baisse de salaire de 25% pour être repris par Sobelair. Enfin parce qu’ils ont retenu de l’expérience de la Sabena que les directions syndicales ne sont capables de les soutenir qu’en organisant une manifestation symbolique au lieu de lancer une bataille pour le maintien de l’emploi avec une mobilisation d’autres secteurs.

    Le désarroi des travailleurs licenciés chez Sobelair fait peine à voir. A la fois ils dénoncent les manoeuvres de leur patron, l’affairiste Bruno Vastapane, tout en s’accrochant désespérément aux belles paroles des curateurs. Voir les travailleurs de la Sobelair applaudir les curateurs au lendemain de la faillite donne la mesure de leur désarroi. Nous ne sommes pas les apôtres de la violence. Mais il suffit de se rappeler la manière dont quelques travailleurs des Forges de Clabecq, poussés à bout par les huissiers qui les harcelaient, avaient traité les curateurs des Forges pour voir le gouffre qui sépare les travailleurs de la Sobelair de ceux de Clabecq. A Clabecq l’incident avec les curateurs n’avait rien arrangé: au contraire car les médias s’étaient jetés sur cet incident pour criminaliser les travailleurs des Forges et en particulier leurs délégués FGTB qui menaient le combat sur tous les fronts: contre les patrons, le gouvernement wallon et la bureaucratie syndicale. Les travailleurs des Forges de Clabecq avaient cependant compris que les curateurs ne sont pas là ni pour défendre l’emploi ni le sort des travailleurs mais pour solder l’entreprise et payer les créanciers. Dans le camp patronal, les vautours se pressent autour de la Sobelair pour la dépecer et acquérir à vil prix l’un ou l’autre bon morceau. Dans le camp syndical, les dirigeants syndicaux se font discrets.

    Partout dans le monde les travailleurs de l’aviation civile sont soumis à une dégradation brutale de leurs conditions de travail et de rémunération. Ainsi chez Ryanair le personnel de cabine doit nettoyer l’habitacle lors des escales. Dans son livre «Mike contre-attaque» (Stupid White Man), Michael Moore dénonce le fait que les pilotes d’American Eagle, une filiale d’American Airlines, ne gagnent que 16.800$ par an (soit l’équivalant 1.12O euros par mois!). La bourgeoisie, les gouvernements, le Fonds Monétaire International ne cessent d’invoquer le respect d’une logique: la rentabilité économique (le profit) des en-treprises. Mais les travailleurs ont une autre logique économi-que à respecter: celui de faire vivre leur famille! Dans cette bataille il n’y a pas d’espace pour une position intermédiaire entre les deux camps: soit on accepte avec résignation la logique capitaliste qui vous broie, soit on mène avec l’ensemble des travailleurs une résistance acharnée contre l’exploitation. Mais cette résistance ne peut être menée à bien qu’à deux conditions: renforcer le mouvement syndical à la base et y mener une lutte sans merci contre les dirigeants syndicaux qui acceptent la logique capitaliste.

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