Category: Syndical

  • Luttes sociales à nouveau à l’ordre du jour

    Le 2 octobre se sont déroulés deux manifestations de masse des travailleurs l’une à Berlin et l’autre à Amsterdam. Des centaines de milliers de travailleurs vont défiler pour s’opposer aux attaques contre leur niveau de vie. Les gouvernements sont déterminés à répondre aux exigences patronales, à pratiquer des coupes budgétaires dans les dépenses sociales, à raboter les salaires, à faire payer la crise aux travailleurs.

    Els Deschoemacker

    En Allemagne comme aux Pays-Bas ce sont les programmes d’austérité les plus sévères depuis la seconde Guerre mondiale. Et ce n’est qu’un début. Les patrons profitent de la crise pour mettre encore plus le couteau sous la gorge des travailleurs. A Volkswagen les salaires on été gelés pour deux ans sous peine de supprimer 30.000 postes de travail. Chez Opel il est aussi question de revenir aux 40 heures sans hausse de salaire.

    Tout cela ne passe pas comme une lettre à la poste. En Allemagne, chaque lundi soir, des manifestations de masse se déroulent dans de nombreuses villes contre les mesures Hartz IV destinées à radier en masse les chômeurs. Le gouvernement Schröder veut contraindre les chômeurs à accepter n’importe quel emploi à n’importe quelle condition. C’est surtout dans l’ex-Allemagne de l’Est que les manifestants sont nombreux car le retour au capitalisme y a provoqué à une extension galopante du chômage et de la pauvreté.

    Les mouvements de grèves se développent aux Pays-Bas. Une grève régionale a eu lieu à Rotterdam à l’initiative de «De Maat is vol!» (La coupe est pleine!), un mouvement d’opposition des dockers contre la passivité de la direction syndicale.

    Un des plus grands ports du monde a été à l’arrêt, ainsi que les services publics et quelques entreprises privées. Les syndicats attendaient 20.000 participants à la manifestation, il y en a eu 60.000. Aujourd’hui tout le monde se prépare à une deuxième grève régionale, cette fois à Amsterdam. Vu le succès de la précédente et la combativité des travailleurs, on s’attend à une amplification de la grève. Ce mouvement met aujourd’hui en avant la revendication d’une grève générale!

    Pour le patronat et le gouvernement belges: «Etant donné qu’en Allemagne et aux Pays-Bas les gouvernants ont pris de solides mesures d’austérité la Belgique devra suivre pour maintenir “notre” position concurrentielle par rapport aux pays voisins». Mais évidemment le patronat et le gouvernement belges voudraient imiter les programmes d’austérité des pays voisins sans importer les mobilisations sociales. La FEB a mis au point une note stratégique habile où les provocations sont évitées: modération salariale au lieu de blocage des salaires, allongement du temps de travail au lieu de 40 heures hebdomadaires, suppression de la réglementation sur les pensions anticipées au lieu de suppression des prépensions. La FEB a clairement tiré les leçons du SP.a et du PS. L’austérité doit être faite, mais ne doit pas être perçue comme une attaque.

  • Travailler plus longtemps pour le même salaire?

    Emploi

    LES DERNIERS mois ont été féconds en exigences patronales, toutes plus exorbitantes les unes que les autres. Semaine de 40 heures sans augmentation de salaire; suppression des prépensions; gel des salaires; assouplissement des heures supplémentaires; annualisation du temps de travail; des crédits-temps à payer de notre poche;… La bourgeoisie belge s’apprête à emboîter le pas aux Pays-Bas et à l’Allemagne qui imposent des mesures d’austérité «historiques». Le patronat belge ne veut pas être en reste.

    Peter Delsing

    Chez Siemens en Allemagne, les syndicats ont été mis au pied du mur en juin: soit le passage des 35 heures aux 40 heures/semaine sans augmentation de salaire, soit la délocalisation en Hongrie avec la perte de 2000 emplois à la clé. La direction syndicale s’y est finalement résignée. Daimler Chrysler et Thomas Cook ont aussitôt emboîté le pas à Siemens. En France et aux Pays-Bas aussi, les patrons «brisent les tabous». En Belgique, la FEB (Fédération des Entreprises de Belgique) pense également qu’il faut «débattre» de la semaine de 40 heures sans augmentation de salaire. Paul Soete, administrateur-délégué d’Agoria, assène que «nous devons choisir entre travailler plus ou perdre notre emploi»(1).

    Le problème avec cette logique de concurrence, c’est qu’on n’en voit pas la fin. En Pologne, le salaire mensuel moyen est de 460 euros. Faudra-t-il s’y aligner?

    Si le phénomène de la délocalisation est réel, il ne faut cependant pas le surestimer. Dans son rapport annuel de 2003, la Banque Nationale dit que les 10 nouveaux Etats-membres de l’UE – à l’exception de la Slovénie – ont une balance commerciale déficitaire. La BN ajoute que les investissements étrangers directs en Europe de l’Est (donc y compris les délocalisations) «commencent à se raréfier». Les investissements directs de l’UE y ont baissé successivement en 2002 et 2003. Les menaces de délocalisation ne sont souvent rien d’autre qu’un chantage mensonger des patrons.

    Dans une tribune de La Libre Belgique, Paul Soete va droit au but: «Mais revenir par exemple dans les secteurs de l’industrie technologique à 40 heures, permettrait de réduire le coût horaire moyen de 7,4%».(2) Les patrons veulent diminuer leurs coûts – à nos frais – pour rester compétitifs vis-à-vis de la concurrence internationale.

    Dans les pays concurrents, on dit la même chose aux travailleurs. Nous ne pouvons pas faire nôtre la logique de profit et de concurrence des patrons sous peine de perdre tous nos acquis. La politique néo-libérale de baisse des allocations et des salaires réels, de flexibilité à outrance, de hausse de la pression du travail,… est à l’oeuvre depuis les années ’80. La grande majorité des salariés, des chômeurs, des pensionnés,… ont vu reculer leur pouvoir d’achat et leurs conditions de vie et de travail. Après 25 ans de politique néo-libérale de régression sociale, les patrons et leurs gouvernements n’ont rien trouvé de mieux qu’un plan d’austérité encore plus drastique. Quel aveu d’échec !

    La Belgique est le pays le plus productif au monde à l’exception des Etats-Unis. Un allongement de la semaine de travail ne fera qu’augmenter le stress. Ce n’est pas ça non plus qui va aider les gens à trouver du travail alors qu’il y avait à la fin de l’année passée 1.143.500 allocataires à charge de l’ONEm. Certains patrons, comme ceux de l’industrie automobile où le marché est déjà saturé, proposent le «gel des salaires» comme alternative à l’allongement de la semaine de travail. Soete (Agoria) et De Muelenaere (Confédération du Bâtiment) plaident en choeur pour l’annualisation du temps de travail. De Muelenaere le dit sans ambages: «C’en est fini des horaires hebdomadaires uniformes pendant toute l’année». (3)

    Herwig Jorissen, qui est pourtant une figure droitière de la FGTB, a dit que l’allongement de la semaine de travail n’était «pas négociable». (4) Cela reflète la pression de la base. Chez Marechal Ketin à Liège, le personnel a rejeté à l’unanimité une proposition de la direction en ce sens. Chez Volkswagen à Forest en revanche, la FGTB tente d’éviter 200 licenciements en liant la baisse du temps de travail à une baisse des charges salariales pour le patron. Cela sape pourtant les fondements de la sécurité sociale qui serait déjà confrontée à un déficit d’un milliard d’euros.

    Les patrons se servent de l’allongement de la semaine de travail comme d’un bélier pour battre en brèche tous les acquis sociaux. Si la logique du capitalisme est incompatible avec les besoins de la majorité de la population, alors il faut en finir avec elle. Nous devons remettre à l’ordre du jour la vieille revendication syndicale de la semaine des 32h avec embauche compensatoire obligatoire pour commencer à résorber le chômage. Sans perte de salaire: on a déjà pris plus qu’assez dans nos poches pendant 25 ans. Seule la formation d’une tendance combative au sein des syndicats, prolongée sur le plan politique par un nouveau parti ouvrier avec des dizaines de milliers de travailleurs et de jeunes dans ses rangs, permettra d’en finir avec les profits d’une petite élite et l’enrichissement d’une minorité au détriment de la grande majorité.



    (1) De Morgen, 19/8/2004

    (2) La Libre Belgique, 12/8/2004

    (3) De Standaard, 25/8/2004

    (4) De Morgen, 19/8/2004

  • TOUS ENSEMBLE POUR UN REFINANCEMENT PUBLIC DE L’ENSEIGNEMENT !

    Depuis 1996, le budget de la Communauté française pour les Hautes Ecoles est gelé, ne tenant donc pas compte de l’augmentation du nombre d’étudiants (ce sont 7118 élèves de plus qui y étudient actuellement!). Ce qui a pour conséquence la dégradation des conditions de travail et d’étude (classes surpeuplées, pénurie de professeurs, horaires de fou et manque de matériel…), une démotivation des profs et une augmentation du taux d’échecs !

    Tract EGA

    Le problème du financement touche l’ensemble de l’enseignement supérieur : on a vu notamment, dans les universités, l’augmentation du minerval intermédiaire, décidée par la ministre Dupuis (PS). A l’ULB, le fractionnement du payement de minerval a disparu. Cette situation s’inscrit tout à fait dans le cadre du processus de Bologne, et plus largement dans celui de la privatisation des services publics (poste, sncb,…). Le budget du gouvernement consacré à l’enseignement est passé de 7% en ‘80 à 5.9% du PIB aujourd’hui. L’ensemble des acquis des travailleurs sont attaqués par le patronat qui veut maintenir ses profits (services sociaux pour les étudiants, mise en place des 40 heures( et plus), chasse aux chômeurs, pensions, licenciements massifs,…).

    TOUS ces services sont des acquis gagnés par les luttes. Seul un mouvement unifié combatif permettra qu’on ne nous les reprenne pas. Ripostons ensemble à l’attaque globale dont nous faisons les frais, en unissant nos luttes à celles du monde du travail! Organisons sur nos écoles l’union entre les étudiants, les profs et le personnel!

    EGA/ ALS est une organisation étudiante anti-capitaliste présente sur toutes les universités et certaines Hautes Ecoles de Belgique. Nous luttons contre l’enseignement élitiste, contre la privatisation générale des services publics, contre toutes les formes de discriminations (sexisme, racisme…) qui reflètent les malaises d’un système qui est incapable de résoudre les problèmes sociaux. C’ est pourquoi EGA/ALS veut discuter et lutter pour une alternative à cette société en crise, une alternative socialiste.Nous voulons développer un rapport de force pour s’opposer à l’ ensemble des attaques néo-libérales. Construisons ensemble un instrument de lutte ! Rejoins–nous !

    Luttons pour un enseignement gratuit, de qualité et accessible à tous !

    Refinancement massif de l’ enseignement à tous les niveaux !

    Stop au processus de Bologne !

    Stop à la casse des services publics !

    Participe au Congrès national d’EGA/ ALS, ce 9 octobre.

    Mobilise avec nous pour la Marche des Jeunes pour l’emploi !

  • Energie: Libéraliser pour payer plus cher

    Comme nous l’avions prédit, la libéralisation en Flandre du marché de l’énergie n’a pas provoqué une baisse des prix, bien au contraire! Selon un récent sondage de TestAchats, il ressort que depuis la libéralisation, une famille dépense en moyenne 50 euros de plus mensuellement pour se fournir en électricité.

    Karel Mortier

    Pour la plupart des utilisateurs, le gaz naturel est également plus cher qu’avant. De plus, avant la libéralisation, les communes percevaient annuellement quelques 250 millions d’euros; mais depuis la libéralisation, ces rentrées ont quasiment disparu. Dès lors, un certain nombre de villes et de communes ont augmenté les taxes et sabré dans le budget des services sociaux afin de compenser les pertes.

    Une cause importante de la montée des prix de l’énergie est la position quasi monopoliste d’Electrabel. D’après Luc Barbé, le chef de cabinet de l’ancien secrétaire d’Etat à l’énergie Olivier Deleuze (Ecolo), l’actuel gouvernement devrait garder délibérément les prix de l’énergie élevés en Belgique afin qu’Electrabel puisse utiliser ces revenus pour s’agrandir à l’étranger. De cette manière, il pourrait écraser ses concurrents qui finiraient par crouler sous les dettes.

    Pour les partis bourgeois, la baisse des prix de l’énergie reste cependant le principal argument en faveur de la libéralisation. Selon Steve Stevaert la libéralisation est «une bonne chose pour les gens» car ils devront moins payer de leur poche. Et maintenant qu’on en voit les résultats, la réponse de la social-démocratie est …libéralisons encore plus!

  • Minerval en hausse

    Le décret Dupuis, entrant en vigueur cette année, prévoit un nouveau minerval intermédiaire (plus cher que les 100 euros du taux boursier réservé aux étudiants les plus pauvres et moins que les 739 euros du taux plein). Le nouveau minerval intermédiaire passe de 277 euros à 430 euros.

    François Jacquet

    C’est donc une augmentation de 55%. Initialement, la différence entre le taux plein et le taux intermédiaire (462 euros) était financée par le service social de l’université tandis que maintenant, la nouvelle différence (309 euros) sera prise en charge par la Communauté française.

    Il est prévu que le service social ne paie pas la différence entre le nouveau et l’ancien minerval intermédiaire (153 euros). Même s’il le finançait, ce qui permettrait à l’étudiant de ne pas payer plus, l’unif ferait des économies. En outre, l’accessibilité au nouveau taux intermédiaire est plus restreinte et moins d’étudiants pourraient donc en bénéficier. Une fois de plus, les recteurs ont trouvé un moyen de faire des économies sur le dos des étudiants les plus démunis. EGA ne va pas rester passif face à l’augmentation générale progressive du minerval. Des mobilisations sont prévues pour le début de l’année académique. Luttez avec nous!

  • Réformes de Vandenbroucke dans l’enseignement en Flandre

    Réformes de Vandenbroucke dans l’enseignement en Flandre

    Le ministre flamand de l’Enseignement et de l’Emploi, Frank Vandenbroucke, n’a pas attendu le début de l’année scolaire pour annoncer des réformes drastiques dans l’enseignement. Il se base sur le rapport Accent op talent de la Fondation Roi Baudouin. Ce rapport est le fruit du travail d’une commission composée essentiellement de gens issus du monde de l’entreprise, du VDAB (l’équivalent flamand de l’ORBEm et du FOREm), des pouvoirs organisateurs de l’enseignement et des syndicats.

    Correspondant

    L’objectif exprimé était de lutter contre le manque de motivation des élèves de l’enseignement technique et professionnel. On voulait aussi limiter le nombre d’élèves en situation d’échec ou qui se retrouvent sans diplôme à l’issue de leur scolarité. On part du principe que la formation doit être orientée vers la pratique et offrir la perspective de décrocher un emploi. D’après le rapport, ça ne peut se faire qu’en étroite collaboration avec la vie en entreprise. Partant du principe que l’industrie lourde va de toute façon être délocalisée à l’Est ou au Sud, la commission ne voit de salut que dans «l’économie de design créative, innovatrice» de petites entreprises spécialisées «avec un fort concentré de connaissance». C’est pourquoi l’enseignement doit pouvoir réagir au quart de tour et s’adapter aux besoins spécifiques des entreprises. «Apprendre toute sa vie» pour s’adapter aux exigences d’un monde de l’entreprise en mutation continuelle et «apprendre à apprendre» sont devenus des leitmotifs.

    Casser l’organisation de l’enseignement

    Pour ce faire, toute l’organisation actuelle de l’enseignement doit être jetée par dessus-bord. C’en est fini des horaires fixes, du cloisonnement entre métiers, entre orientations, entre le général, le technique et le professionnel. Les écoles et surtout les directions doivent recevoir encore plus d’autonomie financière.

    Le salut par «l’économie de la connaissance»?

    La perspective d’une société de la connaissance post-industrielle n’est qu’une chimère. Les pays occidentaux n’ont pas le monopole du savoir-faire et il est plus facile de délocaliser la production à haute intensité de connaissance que l’industrie lourde.

    Ces réformes n’ont d’autre but que de fournir une main d’oeuvre taillée sur mesure pour les entreprises en sacrifiant la formation générale sur l’autel du profit.

    Une collaboration plus étroite avec les entreprises signifie que celles-ci vont dominer l’école. L’entreprise sponsorise l’achat des machines et les pouvoirs publics payent le reste de la formation professionnelle: ils y trouvent tous les deux leur compte financièrement. L’autonomie locale ouvre la voie à la différenciation salariale et aux horaires flexibles. C’est la fin du statut du personnel et des nominations. Toute la question est de savoir si le sommet syndical va choisir de défendre l’enseignement ou d’avoir une discussion aimable avec le ministre autour d’une tasse de thé.

  • TEC Charleroi. La grève empêche un licenciement

    TEC Charleroi

    LA DIRECTION DU TEC de Charleroi voulait licencier un travailleur malade. Cinq jours de grève du personnel l’ont forcée à reculer.

    Jean Peltier

    Il y a quatre ans, un des chauffeurs a été victime d’un accident de travail. Reclassé comme magasinier, il a fait une rechute au début de l’année. Après 5 mois et 20 jours de congé de maladie, il a voulu reprendre le travail mais le médecin du travail lui a conseillé de prolonger son incapacité. Il a alors dépassé la période de six mois d’absence, ce qui a amené la direction à le licencier.

    Les travailleurs des quatre dépôts de la région de Charleroi ont immédiatement arrêté le travail en solidarité jeudi 5 août. La grève a été active: assemblée le vendredi, suivie d’une manifestation devant le siège social de la société, distribution de tracts sur le marché le dimanche pour informer la population et les travailleurs du privé des motifs de la grève, nouvelle assemblée le lundi. C’est lors de celle-ci que les responsables syndicaux ont annoncé que la direction cédait et que le travailleur serait réintégré.

    C’est un recul important qui a été imposé par le personnel au directeur Gilson. Celui-ci, membre connu du PS, se comporte comme un patron du privé, ne s’intéressant qu’à la rentabilité et se foutant pas mal de la santé des travailleurs. Lorsqu’il était directeur du CPAS de Charleroi, il y avait imposé de nombreux licenciements. Fraîchement arrivé au TEC, il voulait continuer sur sa lancée. Mais il est tombé sur un os. La solidarité active et la lutte décidée sont les meilleures armes pour lutter contre les licenciements.

  • De Lijn. Grève des employés bien suivie

    De Lijn

    Les projets de réforme du directeur général Ingrid Lieten (SP.a) visant à faire passer de nouveaux examens aux employés, provoque de vives réactions de la part des salariés de la société des transports publics.

    Un militant CGSP

    Le 26 juillet, les employés de De Lijn ont massivement fait grève contre ces projets de réforme. En Flandre Occidentale, les chauffeurs ont manifesté leur solidarité en refusant de rouler sans l’accompagnement de contrôleur.

    Le même jour, des délégations des employés de différentes provinces ont rendu visite aux services centraux à Malines pour un entretien avec Mme Lieten, puis à Mol pour discuter avec le président du conseil d’administration.

    Les propositions de réforme démantèlent les réglementations existantes et le statut des employés. Chaque membre du personnel devrait participer à un test de compétence où ses capacités seraient examinées. En théorie, c’est un beau principe: les gens se remettent à niveau si nécessaire. Hélas, en pratique chez De Lijn, on apprend déjà que de nombreuses personnes ne satisfont pas au profil requis à cause de leurs activités syndicales ou sur base des préférences personnelles du comité. Qui n’a pas de bons amis dans le comité doit donc s’attendre à occuper un poste au bas de l’échelle.

    Le fait que chacun doive postuler pour deux postes a pour conséquence que le personnel doit se battre pour deux places afin de s’en assurer une. La finalité est de faire pression sur les salaires et de diviser le personnel lors d’une grève future.

    Les propositions de réformes arrivent au mauvais moment. En effet, un projet d’analyse de toutes les fonctions pour avoir une meilleure vue d’ensemble de la situation est déjà lancé chez De Lijn. Beaucoup d’employés nourrissent l’espoir que cette analyse confirme la valeur de leur travail, requière une meilleure qualification que précédemment et améliore le traitement. Actuellement, il est juste prévu que les traitements actuels se maintiendront et une augmentation n’est évidemment plus envisageable.

    En septembre débuteront de nouvelles négociations entre direction et syndicats, mais les réactions des travailleurs du 26 juillet ont clairement montré qu’un changement des réglementations actuelles sans leur consultation est tout simplement hors de question.

  • Explosion du gazoduc à Ghislenghien. La fatalité a bon dos

    Explosion du gazoduc à Ghislenghien

    LE 30 JUILLET à 8h55 une conduite de gaz naturel sous haute pression (80 bars) passant sous le zoning industriel de Ghislenghien explose, fait 21 morts (à ce jour) et plus d’une centaine de blessés dont certains dans un état critique. Une colonne de flammes, haute de plusieurs dizaines de mètres, s’élève dans le ciel tandis que le morceau de conduite (3 tonnes) qui a explosé est projeté à 150 mètres. Sous l’effet de l’onde de chaleur les circuits électriques de bâtiments situés à plusieurs centaines de mètres de l’explosion fondent. Certaines victimes (travailleurs à l’ouvrage sur le zoning, pompiers, automobilistes circulant à proximité de la catastrophe) tentent de fuir la fournaise et seront retrouvées gisant dans les champs calcinés autour du zoning.

    Guy Van Sinoy

    L’enquête pour déterminer les causes de la catastrophe sera longue. Mais d’ores et déjà un certain nombre de faits sont accablants. Comment expliquer que l’on permette d’installer un zoning audessus d’un gazoduc à haute pression? L’alerte a été donnée à 8H30, mais aucune évacuation du site n’a été organisée. Les pompiers, policiers et techniciens d’Electrabel, envoyés sur le lieu du drame quelques dizaines de minutes plus tôt (on avait signalé une fuite de gaz) ignoraient qu’il s’agissait d’une conduite de 90 cm sous haute pression (plus de 400 m3 de gaz transportés par seconde sur une distance de 145 km!). Pire: le permis délivré en septembre 2003 à la société Diamant Boart (dont les installations en construction ont été anéanties par l’explosion) parlait de la présence d’une conduite de gaz dans le sous-sol mais on n’en trouvait pas la moindre trace dans la modification du plan de secteur de 1993. Le morceau de conduite qui a explosé porte les traces de griffes d’un engin de terrassement (pelleteuse, bulldozer).

    La Confédération de la Construction flamande (VCB) a demandé, à la suite de cette catastrophe, un inventaire complet et précis de toutes les canalisations souterraines qui sillonnent les trois régions du pays. Car sous le bitume c’est la jungle! Les sociétés de distribution (Belgacom, les sociétés de distribution d’eau, de gaz et d’électricité) interviennent de façon anarchique. Avec la libéralisation des marchés des télécommunications, du gaz et de l’électricité, le nombre de sociétés et d’organismes intervenant va augmenter et encore plus compliquer la gestion du sous-sol de notre pays qui compte déjà 400.000 km de conduites souterraines.

    La catastrophe de Ghislenghien est au transport du gaz ce que le naufrage de l’Erika est au transport du pétrole par bateau. Dans un monde où règnent l’anarchie capitaliste, les lois de la jungle, la course effrénée au profit il est utopique de croire que les compagnies privées sont disposées à produire et à transporter l’énergie (charbon, pétrole, électricité, gaz, nucléaire) en toute sécurité. Car cette sécurité a un prix et elle pèse lourd sur la rentabilité et les profits.

    La seule façon de garantir que la production, le stockage et la distribution de l’énergie se fassent en respectant l’environnement ainsi que la sécurité des travailleurs et des riverains est de nationaliser le secteur sous contrôle ouvrier et sous le contrôle de la population.

    Un dernier point était choquant. Les obsèques nationales des victimes, le 4 août, n’étaient organisées que pour 7 des victimes: 5 pompiers, un policier et un employé d’Electrabel. Pas pour les ouvriers de Diamant Boart tués sur leur lieu de travail. Pourquoi cette discrimination indécente? Toutes les victimes n’avaient-elles pas droit à la même considération?

  • Albert Faust (1945 -2004)

    Albert Faust, ex-secrétaire général du SETCa de Bruxelles Hal Vilvorde et ex-président de la FGTB de Bruxelles est mort à l’âge de 59 ans ce dimanche 18 juillet 2004 à la suite d’une maladie incurable.

    Pour le MAS/LSP, Guy Van Sinoy

    Albert Faust avait pris depuis de nombreuses années des positions en pointe sur le terrain syndical, social et politique: mise sur pied d’une Commission des travailleurs immigrés dès les années 70, actions de solidarité contre le licenciement de délégués syndicaux employés ou ouvriers, occupation du siège de la FEB, organisation de fêtes de la FGTB le 1er Mai indépendamment du PS, soutien au peuple palestinien, campagnes contre le racisme et contre le fascisme, soutien au 13 de Clabecq, campagne de syndicalisation et de défense des travailleurs sans-papiers,…

    En juillet 2002, il avait été éliminé de façon anti-statutaire de ses responsabilités syndicales et licencié de façon illégale par le président national du SETCa national Christian Roland. Elimination anti-statutaire car Faust avait été élu par un congrès seul apte à le démettre de ses fonctions. Licencié de façon illégale car employé par le SETCa de Bruxelles Hal Vilvorde il ne pouvait être licencié par le SETCa national qui n’était pas son employeur.

    Pour réaliser ce coup de force, Christian Roland avait besoin de deux conditions: le feu vert de la FGTB nationale (car Faust était aussi président interprofessionnel de la FGTB de Bruxelles) et un appui au sein du SETCa de Bruxelles Hal Vilvorde. Il a trouvé cet appui auprès d’un certain nombre de secrétaires du SETCa BHV ligués dans une coalition sans principes: d’un côté des carriéristes prêts à tout, de l’autre des compagnons de route du PTB estimant être plus à gauche que Faust. Du côté de la FGTB nationale le feu vert avait déjà été donné par Mia De Vits quand elle avait annoncé lors de son arrivée à la présidence de la FGTB son intention de combattre au sein du syndicat «l’extrême gauche comme l’extrême droite». Le véritable enjeu pour la FGTB nationale était la reprise en main de la FGTB de Bruxelles jugée trop indépendante à l’égard du PS.

    Accusé de détournement de fonds par le tandem De Vits/Roland, Albert Faust avait d’emblée été placé par ses accusateurs dans une situation difficile car lors d’une conférence de presse Christian Roland n’avait pas hésité à communiquer à la presse des copies de documents comptables fragmentaires et invérifiables «semblant prouver» la mauvaise gestion de Faust. Le proverbe dit: «Il n’y a pas de fumée sans feu». Une fois publiés dans la presse, ces documents (vrais, fragmentaires ou carrément faux) avaient vite eu pour effet de jeter le trouble chez la masse des syndiqués. De surcroît la maladie foudroyante qui a frappé Albert l’a placé dans l’incapacité de se défendre.

    Pour l’appareil tenter de faire croire que Faust avait détourné des fonds était indispensable pour le discréditer car, de par son action militante en tant que responsable syndical, il était très populaire auprès de centaines de militants du SETCa de Bruxelles Hal Vilvorde et d’autres centrales.

    Le MAS/LSP ne partageait pas toujours les positions d’Albert Faust, mais il fallait se dresser sans réserves contre son élimination bureaucratique annonciatrice d’un tournant à droite de la FGTB et d’une nouvelle chasse aux sorcières. Dans les mois qui ont suivi l’élimination d’Albert Faust des dizaines de militants, de délégués, de permanents ou de membres du personnel du SETCa de Bruxelles Hal Vilvorde ont d’ailleurs été éliminés. Les responsables de ce gâchis devraient d’ailleurs tirer les conclusions de leur politique destructrice de l’organisation syndicale et démissionner.

    Le MAS/LSP salue la mémoire d’Albert Faust car c‘était un combattant du mouvement ouvrier – responsable syndical – comme on en trouve peu aujourd’hui. Il adresse aussi à tous les militants qui se sont dressés contre cette élimination bureaucratique et qui luttent pour un syndicalisme de combat et démocratique un salut fraternel.

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