Category: Syndical

  • STIB. Un projet d’accord qui en dit long…

    Début avril, un envoi postal anonyme arrive dans la boîte postale du MAS. L’enveloppe contient un projet d’accord entre la direction de la STIB et les secrétaires des trois syndicats (CGSP, CCSP, CGSLB).Le document n’est pas récent (17 décembre 2004), mais trois points attirent l’attention : c’est un projet de convention sur le «mode de règlement des conflits» ; à la mi-décembre les affiliés de la CGSP étaient en plein conflit social ; personne parmi les travailleurs de la STIB n’a entendu parler de ce projet d’accord resté secret. Plus pour longtemps cependant car le MAS a décidé de le rendre public en le publiant sur son site et en diffusant un bulletin d’information aux travailleurs de la STIB (La Planchette).

    Guy Van Sinoy

    Une mise sous tutelle du droit de grève

    Ce projet constitue une mise sous tutelle du droit de grève et de l’autonomie syndicale. Il prévoit la création d’un bureau paritaire de conciliation chargé d’intervenir lorsqu’une partie dénonce une convention, lors de l’application du statut de la délégation syndicale et des crédits d’heures syndicaux, lors du dépôt d’un préavis de grève ou d’action. Pourquoi créer un tel bureau alors qu’il est possible d’avoir recours à un conciliateur social du ministère? Pourquoi soumettre à cet organe paritaire l’application du statut syndical alors que celui-ci est bétonné dans la convention nationale n°5 («le temps et les facilités nécessaires pour les délégués syndicaux») ?

    Avant le dépôt d’un préavis, le bureau devra impérativement se réunir. Si le préavis est déposé (car le but est évidemment d’empêcher ou de retarder au maximum le dépôt du préavis) celui-ci doit être adressé à l’employeur, mais aussi au bureau (sans doute pour permettre à celui-ci de juger du bien fondé du préavis).

    Le projet prévoit que si UN des éléments n’est pas respecté, la grève sera considérée comme «sauvage», non reconnue et non indemnisée par les syndicats et ceux-ci doivent «appeler leurs affiliés à reprendre le travail sur le champ».

    Une telle convention signifierait que les syndicats perdent leur autonomie pour reconnaître ou non un mouvement de grève (puisque le non respect de la procédure dicte le tout). Par la même occasion, cela transformerait automatiquement les responsables syndicaux en hommes de main du patron chargés de casser la grève.

    Sanctions contre les délégués et contre les travailleurs

    Le projet prévoit des sanctions contre les délégués syndicaux (diminution du nombre de crédits d’heures syndicaux) si la procédure n’est pas respectée.

    L’article 12 mérite qu’on le cite en entier : «Tout jour de grève, reconnue ou non, ne fait pas l’objet de paiement, sous réserve d’autres sanctions que l’employeur pourrait prendre, allant jusqu’au licenciement.» Au moment où, partout dans le mouvement syndical, on proteste contre les atteintes au droit de grève (notamment contre les astreintes décidées par les tribunaux), on trouve à la STIB un patron et des secrétaires syndicaux qui préparent en cachette un projet de convention avec des sanctions contre les grévistes (même si la grève est reconnue!)… pouvant aller jusqu’au licenciement!

    Grâce à de tels irresponsables syndicaux, la direction de la STIB n’aurait même plus besoin d’aller au tribunal pour imposer des astreintes puisque la convention admet le principe de sanctions contre les grévistes. Comment un travailleur, licencié pour fait de grève, pourra-t-il faire admettre par le tribunal du travail que son licenciement est abusif si une convention prévoit en cas de grève «des sanctions pouvant aller jusqu’au licenciement»?

    Il faut nettoyer les écuries

    Nous avons déjà écrit que lors des 6 jours de grève à la STIB, entre octobre et janvier derniers, les secrétaires de la CCSP et de la CGSLB avaient ouvertement trahi la lutte en s’opposant à la grève. Nous avons aussi écrit que le secrétaire de la CGSP aurait sans doute souhaité faire de même, mais n’était pas de taille à affronter le mouvement de révolte de sa base et avait préféré laisser pourrir le mouvement pour l’étouffer. Nous en avons maintenant la confirmation. En pleine grève, ces briseurs de grève préparaient une convention en cachette pour empêcher de futures actions..

    Ce projet en dit long sur l’intégration des secrétaires syndicaux de la STIB, complètement inféodés à l’employeur. Il appelle d’autres questions. Dans quelle mesure sont-ils encore indépendants du patron ? Quelle est leur salaire? Touchent-ils des jetons de présence au conseil d’administration et au conseil de gestion ? Combien ? C’est une question de démocratie syndicale.

    Mais cela va au-delà de la STIB. Car si un tel projet d’accord venait à être signé, cela ferait un précédent. Les secrétaires syndicaux de la STIB resteraient sans doute discrets sur ce qu’ils ont signé, mais pas mal de bureaux d’avocats patronaux y verraient matière à jurisprudence à faire appliquer dans d’autres secteurs. Il faut une réponse ferme. On ne peut pas brader le droit de grève conquis de haute lutte. Interpellez les secrétaires syndicaux concernés pour leur demander des comptes ! (*)


    (*) CGSP : Alex Vonck, rue du Congrès 17, 1000 Bruxelles / CCSP : Jean-Pierre Naniot, rue Plétinckx 19, 1000 Bruxelles / CGSLB : Chris Dreesen, Boulevard Baudouin 11 – 1000 Bruxelles

  • Conventions collectives. Revendications salariales: les patrons l’ont bien cherché!

    Conventions collectives.

    L’Accord Interprofessionnel (AIP) continue à faire des vagues. Les grèves dans l’alimentation et le non-marchand sont à peine, voire pas encore, terminées qu’un préavis de grève vient d’être déposé pour le 21 avril par le secteur du papier et du carton. Le lendemain, c’est le secteur du métal qui débraye pour la première fois depuis 1959. Les travailleurs et les syndicats de divers secteurs revendiquent de meilleures conditions de travail et veulent sauvegarder leurs droits à la pension. Ce qui frappe, c’est la place importante qui est faite aux revendications salariales.

    Eric Byl

    Les patrons l’ont cherché. Wilfried Steentjes, conseiller en placements, écrit: «Les investisseurs européens sont submergés de profits en hausse ces derniers temps. Ce n’est pas un secteur spécifique mais pratiquement toutes les entreprises.» Il poursuit : «Les fortes hausses des profits sont dues à la stricte maîtrise des coûts. L’argent s’entasse dans les entreprises. Nous retrouvons cela dans les bilans plus vigoureux et les augmentations des dividendes. De plus, les entreprises empruntent de moins en moins, ce que nous retrouvons dans les cours élevés des obligations d’entreprise.» Enfin, il évoque – en termes choisis – le fait que les entreprises masquent leurs profits aux yeux du fisc et des travailleurs en accélérant l’amortissement des investissements. «En 2002, les amortissements des investissements ont même crû jusqu’à 140%. Des amortissements d’une telle ampleur ne sont pas chose courante pour des investissements réalisés. Il est donc logique que les profits s’accélèrent les années suivantes. Les profits, mesurés en % du Produit national brut, n’ont jamais été aussi élevés en 75 ans.»

    Les managers s’en mettent plein les poches

    Les profits vertigineux sont de bonnes nouvelles pour les managers et pour les actionnaires. Ainsi Belgacom verse 720 millions d’euros, 75% de son bénéfice total, aux actionnaires. Chez Picanol en Flandre Occidentale, le chef d’entreprise Jan Coene est parti avec 20 millions d’euros en 3 ans sur un bénéfice total après impôt de 46,5 millions d’euros pour la même période. Dans nombre de cas, le management et les actionnaires pillent les richesses produites par les travailleurs. L’exemple le plus récent est celui de Roover, menacé de fermeture. Quatre «dirigeants» y ont subtilisé 58 millions d’euros. Entretemps, le fonds de pension des travailleurs accuse un déficit inexplicable de 600 millions d’euros.

    La norme de 4,5% peut être dépassée

    Les travailleurs revendiquent leur part. Mais ils doivent le faire avec les mains liées dans dos puisqu’un Accord interprofessionnel a été décidé au niveau national qui ne prévoit qu’une norme salariale indicative de 4,5% en 2 ans. Après l’indexation, les augmentations barémique des employés, la hausse de productivité, il ne reste plus rien pour une véritable augmentation.

    Dans le pétrole, la chimie, le non-ferrugineux, l’alimentation et le bois, des accords sectoriels ont été conclus. Dans la chimie, la norme salariale peut être dépassée légèrement si on y inclut les conventions d’entreprise. Ce ne sont que des miettes. En 2002, le bénéfice de BASF à Anvers était de 284 millions d’euros, soit quelque 80.000 euros par travailleur. C’est loin d’être une exception dans le secteur. Dans le non-ferrugineux, on en est resté à 4,3% plus une prime d’entreprise. Dans le secteur du bois et des meubles, l’augmentation nominale des salaires n’excède pas 4%.

    Dans le secteur du papier et du carton, les patrons exigent encore plus de flexibilité et une marge salariale de seulement 3,7%. Le comité paritaire se réunit le 19 avril, 2 jours avant l’échéance du préavis de grève. Dans les 15 plus grosses entreprises, totalisant 5.000 travailleurs, la grève se prépare. Entretemps, Febeltex, l’organisation patronale du textile, veut limiter la hausse salariale à l’indexation. Elle refuse d’augmenter de 1% sa participation au fonds social du textile. Il n’y a pas encore de préavis de grève pour les 35.000 travailleurs du textile, mais les syndicats ont mis le patronat en garde.

    C’est surtout dans le métal qu’on va à la confrontation. Agoria n’offre que 4% et une prime de 0,5% liée aux résultats. De plus, elle songe à des CCT provinciales afin de diviser le secteur. Le lundi 18 avril, la CMB organise des grèves et des interruptions de travail dans 150 entreprises, le lendemain elle met la pression sur les négociations avec une manifestation devant les bâtiments d’Agoria et le vendredi 22 avril tout le secteur part en grève en front commun !

    Dans le secteur tertiaire

    Dans le secteur de la distribution, les pourparlers se déroulent «péniblement». Dans les banques, les assurances et la Commission paritaire nationale auxiliaire pour Employés, la grève menace. Dans le non-marchand, Cornelis, le dirigeant de la LBC, vient de mettre en garde le gouvernement flamand. S’il n’y a pas d’accord d’ici le 6 mai, le secteur flamand partira en grève pour une durée indéterminée dès le 9 mai! Puisque le gouvernement fédéral refuse de tenir ses promesses envers le secteur fédéral, cela pourrait déboucher sur une grève de tous les secteurs du non-marchand.

    L’agression du patronat et de ses laquais politiques se heurte à la résistance des travailleurs. Le gouvernement et sa politique de droite ne doivent leur salut qu’au refus des dirigeants syndicaux de mobiliser tous les secteurs à la fois. Mais l’emprise des dirigeants syndicaux sur la base n’est pas absolu. Aidez-nous à lutter pour des syndicats combatifs où c’est la base qui donne ses consignes à la direction et non l’inverse et qui sont complètement indépendants du patronat et de ses représentants politiques, y compris ceux du PS, du SP.a et du CD&V.

  • Bas les pattes des prépensions!

    Là où certains verraient un bien, les patrons font mine de vouloir prévenir une catastrophe. L’Union européenne martèle en effet depuis des années que les taux d’emploi en Europe sont trop faibles par rapport à ceux des principaux pays concurrents. Résultat : partout, l’âge de départ à la retraite, le montant de la pension, les durées de cotisation,…sont modifiés systématiquement au détriment des salariés. Mais si les taux d’emploi sont trop faibles, pourquoi ne pas engager les dizaines de milliers de jeunes qui aboutissent au chômage chaque année?

    Cédric Gérôme

    En Belgique aussi, cela fait maintenant plus d’un an que gouvernement, patrons et médias balaient idéologiquement le terrain pour s’atteler au rallongement de l’âge de la retraite et au tronçonnage de nos prépensions. Sur le ton d’un alarmisme démesuré, tous se rejoignent pour affirmer que « si on veut que le système de pensions et celui des soins de santé restent viables, il faut augmenter le taux d’emploi des actifs sous peine d’être obligé de relever les cotisations sociales à un niveau intenable » (La Libre Belgique, 09/04/2005). Comme s’il ne s’agissait que d’un problème technique, sans conséquences pour l’ensemble de la société.

    Le phénomène du « papy-boom » sert dans ce débat d’argument massue, et prétend donner à ces affirmations un caractère incontestable. Cependant, même si le vieillissement de la population est réel, on occulte sciemment le fait qu’en Belgique comme ailleurs, la productivité a considérablement augmenté elle aussi; par conséquent, non seulement il y a suffisamment d’argent pour payer les pensions, mais il y en a même plus qu’avant. Le tout est d’aller le chercher là où il se trouve : dans les poches des grands patrons et des actionnaires. Electrabel affiche un bénéfice net de près d’un milliard d’euros. Fortis est en tête du classement avec un bénéfice de 3,358 milliards d’euros. Tandis que les profits des entreprises ont explosé au cours de ces dernières années, les travailleurs ont vu leur part du gâteau fondre comme neige au soleil. Et c’est de nouveau à eux que l’on demande de « faire des sacrifices »… Pas étonnant qu’en Grèce, en Autriche, en France et en Italie, la réforme des pensions ait provoqué des mouvements de masse, y compris des grèves générales. Solide leçon pour le gouvernement belge qui, après les nombreuses grèves et mouvements de lutte de ces derniers mois, marche sur des œufs. L’objectif du gouvernement et du patronat est d’augmenter de cinq ans l’âge effectif de la sortie de carrière, ainsi que de porter un premier coup de sabre aux prépensions. Mais la manière d’appliquer cette nouvelle offensive sur les acquis des travailleurs ne fait pas l’unanimité au sein du gouvernement. Voilà pourquoi le débat sur les fins de carrière est de nouveau reporté, pour la conférence de printemps qui aura lieu en mai. Certains n’hésitent pas à faire preuve d’une démagogie sans borne pour faire avaler la pilule aux travailleurs.

    C’est le cas de cet économiste de l’UCL, Sergio Perelman, qui affirme que « Si on remet les vieux sur le marché du travail, il y aura un effet bénéfique pour toute l’économie et donc sur l’emploi des jeunes». Effets bénéfiques? Un rapport publié par l’Organisation internationale du travail (OIT) révèle que le nombre de travailleurs morts dans l’exercice de leur métier dépasse, par an, les deux millions.

    Plutôt que de retarder l’âge de la retraite, il faut faciliter l’emploi de tous durant la vie active et permettre aux plus âgés de couler leurs vieux jours dignement. Mais pour cela, il faut changer de politique. Notamment en partageant le travail entre tous, avec maintien du salaire. Il faut stopper l’attaque contre les pensions et les prépensions. Aux côtés de syndicats combatifs, il faut un parti doté d’un vrai programme socialiste. C’est ce que nous construisons avec le MAS-LSP. Rejoignez-nous dans ce combat!

  • AIS Genk. Agression patronale contre un piquet de grève

    Chez AIS, une petite entreprise de peinture de Genk, un travailleur a été licencié car il avait osé se rendre auprès du syndicat avec une série de plaintes du personnel. Huit travailleurs de la PME, sur onze, ont alors débrayé pour s’opposer au licenciement. L’employeur est brutalement passé à l’attaque. Il a introduit une requête unilatérale au tribunal pour imposer des astreintes aux grévistes. Ceux-ci doivent payer 750 euros si l’accès à l’entreprise est refusé aux non-grévistes. Manifestement, le patron trouvait que ce n’était pas encore suffisamment musclé.

    Luc Wendelen et Tina De Greef

    Le 13 avril, lors d’une action de soutien aux travailleurs en grève, menée par la FGTB, le patron a foncé à toute allure avec sa voiture sur le piquet de grève. Quatre travailleurs ont été blessés. Le patron a été arrêté. La grève est menée contre le licenciement, mais aussi pour obtenir du matériel de sécurité et de meilleures conditions de travail. Dans une entreprise industrielle de peinture, les mesures concernant la sécurité et la protection du personnel ne sont effectivement pas un luxe superflu.

    Les travailleurs d’AIS doivent travailler dans des conditions épouvantables. Nous avons discuté avec un ouvrier gréviste: “Nous devons manger, nous doucher et aller aux toilettes dans le même petit baraquement où nous ne pouvons pas une seule fois y ranger nos vêtements tellement la puanteur pénètre partout. Il n’y a qu’une serviette éponge par semaine pour quatre ouvriers! Il manque des gants (qui coûtent 1,25 euro la paire), des masques et des casques. Il n’y a pas de chauffage et la porte doit rester ouverte. Pour avoir un minimum de lumière, nous devons parfois travailler dans des températures en-dessous de zéro. La poussière n’est pas aspirée après le sablage, le frein à main du charriot élévateur ne fonctionne pas, les câbles électriques doivent se trouver à 80 cm en-dessous du sol, mais sont partiellement nus…”

    Les ouvriers en grève exigent que le licenciement soit annulé. Ils revendiquent en outre un environnement de travail plus sûr et l’application de la convention collective sectorielle, qui stipule que des primes doivent être payées pour le travail insalubre. Pour finir, les travailleurs exigent le droit à une représentation syndicale dans l’entreprise. Effectivement, la situation intolérable chez AIS à Genk montre, une fois de plus, la nécessité d’une présence syndicale organisée dans les petites entreprises. C’est absolument indispensable pour répondre à l’extrémisme des patrons comme celui d’AIS à Genk.

  • SETCa/BHV : de plus en plus glauque

    Au SETCa de Bruxelles-Hal-Vilvorde, la purge de tous les militants contestataires, entamée lors de l’élimination d’Albert Faust en juillet 2002, continue. On ne compte plus les militants éjectés de leur délégation syndicale ou du comité exécutif (dernier en date : Polo Marcus, compagnon de route de Faust). Au comité exécutif du 22 février, deux secrétaires qui pèsent lourd, Van der Smissen et Frissen (inculpé de détournement de primes syndicales, mais néanmoins candidat au poste de secrétaire général du SETCa-BHV) ont proposé une modification des statuts qui donne encore plus de pouvoir aux secrétaires et dépouille le comité exécutif de beaucoup de ses compétences (notamment fixer le salaire des secrétaires).

    Au passage, les secrétaires s’octroient une indemnité mensuelle de 1.000 euros de frais généraux (en plus des frais de voiture). Malgré les protestations des opposants, les ¾ des délégués présents ont voté pour le projet (Van der Smissen avait interdit de déposer des amendements !). En fin de séance, quand tout le monde se lève pour sortir, un secrétaire annonce que les règles de désignation des mandats au congrès qui doit avaliser les nouveaux statuts sont changées.

    Ecœuré par le comportement dictatorial de Van der Smissen et de Frissen, Fabien Pierre, un délégué oppositionnel qui avait annoncé sa candidature contre celle de Frissen, se lève et fait le salut nazi à leur encontre. Il est immédiatement accusé d’être fasciste et fait l’objet d’une procédure d’exclusion du syndicat. Cerise sur le gâteau : Frissen a abreuvé d’injures sexistes une déléguée (pensionnée) des grands magasins.

  • Non-marchand: Bilan d’un mouvement social historique

    Non-marchand: Bilan d’un mouvement social historique

    Après une grève historique de 12 jours, les syndicats du non-marchand ont approuvé le 7 mars le pré-accord pour le secteur des soins de santé fédéraux. Bien que cet accord soit bien en-deça du cahier de revendications initial, c’est la première fois depuis longtemps qu’une lutte débouche sur une extension plutôt que sur la préservation d’acquis. Les effets n’ont pas tardé à se faire sentir. Depuis lors, le secteur de l’alimentation est passé à l’offensive, les ministères flamands sont entrés en action contre le gel des recrutements et même les syndicats de l’enseignement se sont réveillés.

    Eric Byl

    Les syndicats du non-marchand ont mené des actions pendant 14 mois. En décembre 2003, ils rédigaient un cahier de revendications commun à tout le secteur après avoir consulté 15.000 travailleurs. On y réclamait notamment 25.000 emplois supplémentaires, la semaine des 36 heures, un 13ème mois complet, une prolongation de la convention 45+ et la prépension à 57 ans. La facture se montait à 3,7 milliards d’euros. Ces revendications n’avaient rien d’excessif. 25.000 emplois supplémentaires dans un secteur qui compte 460.000 travailleurs, ça ne représente qu’une augmentation d’à peine 5% du personnel. Le gouvernement n’a que le mot vieillissement à la bouche pour nous convaincre de travailler plus longtemps. Mais il n’en tient pas compte dès lors que le secteur revendique des moyens supplémentaires.

    Les profits des entreprises ont fortement augmenté sur base de la hausse de la flexibilité et de la généralisation de conditions de travail malsaines. Cela entraîne une hausse des frais médicaux. Les patrons et le gouvernement sont d’accord d’encaisser les profits, mais pas qu’on leur présente la facture des soins de santé qui va de pair. Un groupe de plus en plus restreint doit abattre un volume de travail de plus en plus imposant. Le personnel est au bout du rouleau. Le gouvernement en est bien conscient, d’où le système de fin de carrière qui prévoit des jours de congés supplémentaires à partir de 45 ans. La prépension à 57 ans et l’extension du système de fin de carrière à tous les membres du personnel n’ont donc rien d’un luxe superflu.

    Une étude du HIVA (haute école du travail liée à la CSC flamande) a démontré que les salaires du non-marchand sont inférieurs de 10,5% en moyenne à ceux des fonctions similaires dans d’autres secteurs. Un 13ème mois complet ne ferait que compenser partiellement ce retard.

    Après 13 mois d’actions, le gouvernement était prêt à négocier. Entre-temps, les syndicats avaient fortement réduit leurs revendications. Il n’était ainsi plus question des 36 heures. Le cahier de revendications n’était plus que de 520 millions d’euros au moment où les négociations ont commencé. A titre de comparaison, c’est moins que les 700 millions d’euros que Belgacom veut verser cette année à ses actionnaires ou autant que ce que le gouvernement fédéral a mis sur la table pour soustraire le capital à risque au fisc.

    Mais c’était encore de trop pour le gouvernement qui ne voulait pas lâcher plus de 375 millions d’euros en 5 ans. Ceci a été rejeté le 22 février par les syndicats. Au Setca/BBTK, les militants ont à peine été consultés. Dans les comités professionnels les secrétaires ont déclaré après coup que la LBC accepterait l’accord et que ça n’avait donc plus de sens de continuer la grève. Par ailleurs, la fraction sociale-démocrate au sein du Setca/BBTK prétendait que la LBC ne faisait grève que parce que le CD&V et le CDh ne siégeaient pas au gouvernement fédéral. Pourtant la LBC faisait aussi grève dans les secteurs flamands malgré que la ministre CD&V de la santé provenait de ses propres rangs. Résultat: 66% du Setca/BBTK a voté pour la reprise du travail. Même le secteur non-marchand de la CGSLB libérale a voté à 75% contre l’accord. La LBC a consulté 350 militants et délégués à ses Etats-Généraux. Seuls 2 présents ont voté pour ce préaccord.

    “Grève au finish”

    Après le rejet de la proposition du gouvernement par la LBC, Walter Cornelis a déclaré que la coupe était pleine. Il a appelé à la " grève au finish " à partir du 24 février. Non seulement les militants syndicaux, mais pratiquement tout le personnel était enthousiaste à l’idée de participer à une lutte que les dirigeants syndicaux n’allaient cette fois pas stopper à mi-chemin. Au début des actions, dont le coup d’envoi fut donné par la concentration de militants en front commun à la salle de la Madeleine en décembre 2003, la mobilisation se limitait le plus souvent à des délégués renforcés par un groupe stable de manifestants.

    Cela a changé à partir du 24 février. Pour la première fois, des couches plus larges du personnel étaient impliquées. Dans plusieurs hôpitaux, des assemblées du personnel ont eu lieu, y compris pour les réquisitionnés. Ailleurs, des comités de grève ont été mis sur pied. Les travailleurs ne se sentent vraiment impliqués que s’ils peuvent participer aux décisions.

    La ministre de l’emploi, Freya Vanden Bossche (Spa), ne voulait pas négocier sous la pression d’une grève, mais son extension rapide l’a vite ramenée à la raison. Alors que les actions et les grèves s’élargissaient, que la conscience et la combativité croissaient et que les travailleurs étaient de plus en plus nombreux à rejoindre la lutte, … le gouvernement négociait un nouveau préaccord avec les syndicats pour un montant de 471 millions d’euros. Y figuraient notamment : la conversion de contrats ouvriers en contrats d’employés, une extension considérable du système de fin de carrière, une légère augmentation de la prime "d’attractivité" de 300 à 400 euros, une hausse dérisoire de 50% à 56% de la prime de compensation pour les prestations irrégulières et un supplément pour le cadre moyen. Concernant l’emploi: une augmentation des normes pour les soins et l’infirmerie, valable pour 3.432 emplois à temps plein (ETP) dans les hôpitaux. Dans le ROB/RVT 2.613 ETP, soit 80 dans les soins à domicile, 205 dans les soins psychiatriques et 900 pour compenser le système de fin de carrière. Total: 7230 ETP.

    Le gouvernement était manifestement pressé d’arriver à un accord. A tel point qu’il a fait des concessions qui doivent encore être avalisées par les employeurs pour être valables. Becoprivé, une organisation patronale en Wallonie et à Bruxelles, a déjà déclaré avoir des problèmes avec 5 points du préaccord et non des moindres. A l’heure où ces lignes sont écrites, l’accord des employeurs n’était pas encore acquis.

    Le "finish" était plus proche des attentes

    Beaucoup de travailleurs, motivés par la position dure de la LBC, ont été déçus de voir les actions s’arrêter soudainement sans qu’on prenne la peine de consulter ces couches larges qui s’étaient mises en branle. Beaucoup considéraient l’acceptation quasi unanime de l’accord par la LBC comme "incompréhensible" voire comme une "trahison". Les infirmières, surtout, se sentaient abandonnées. Il est manifeste que, sous pression de la base, la direction de la LBC avait suscité des attentes qu’il n’avait nullement l’intention d’honorer. La désillusion dans la direction du Setca était déjà un fait depuis le 22 février, ce qui se traduisait par une combativité accrue et une attitude plus critique des affiliés envers leur propre direction syndicale.

    Paradoxalement, Walter Cornelis a pu faire accepter cet accord en s’appuyant sur l’autorité qu’il avait acquise par sa fermeté lors du préaccord précédent du 22 février. A la LBC, l’accord (du 7 mars) a été voté lors d’Etats-Généraux: un grand meeting de 500 délégués et militants avec micro ouvert où chacun a une voix. Au Setca/BBTK, l’accord a été approuvé par le comité fédéral, composé principalement de secrétaires et de permanents, à l’exception de quelques sections dont Bruxelles-Hal-Vilvorde qui a d’ailleurs voté contre. Le vote se fait par section et n’est pas reporté à la proportionnelle, mais selon le principe "the winner takes it all" (le vainqueur gagne tout). Sous la pression du gouvernement, il fallait que l’accord soit approuvé à tout prix le lundi 7 mars. Le vote a donc fait l’objet de manipulation subtiles et moins subtiles. Au Setca/BBTK, le texte (qui est relativement long et détaillé) n’a été donné aux délégués qu’au début de la réunion. Il était donc impossible de le discuter de manière sérieuse.

    La LBC à fait encore mieux: les militants n’ont reçu le texte qu’après le vote (l’excuse étant que l’on était encore en train de le copier). Nous dépendions donc de la présentation powerpoint et du commentaire de la direction syndicale.

    En comparaison avec beaucoup d’autres secteurs, cet accord du non-marchand est un pas en avant important. Si on regarde les besoins du secteur et la rapidité avec laquelle le gouvernement – dès que la grève s’est corsée – à du céder, on voit non seulement qu’il fallait mais qu’on pouvait obtenir davantage. Les sympathisants du MAS dans le non-marchand publient un journal pour le secteur sous le nom "Hypertension". Nous sommes actifs à la LBC, à la CNE, au Setca/BBTK et à la CGSP. Vous voulez lutter pour des syndicats démocratiques et combatifs? Contactez-nous.

  • Enseignement Flamand. Stop à la destruction!

    Le 20 avril, les trois syndicats organisent un rassemblement devant le ministère de l’Enseignement flamand à Bruxelles. Il est question d’une action symbolique, mais la colère du personnel enseignant montre que la réalité est plus profonde. Malgré la précédente ratification d’une convention collective, la direction syndicale est très vite débordée par ses propres militants qui veulent passer à l’action contre les mesures prévues.

    Militant CGSP-enseignement

    Cela fait 20 ans que les mesures d’austérités sont menées, notamment dans l’enseignement secondaire. Cela a laissé des traces: 1/3 des bâtiments scolaires sont déficients en matière d’hygiène et de sécurité, et des classes supérieures à 30 élèves sont monnaie courante. De plus, les professeurs se plaignent de l’énorme pression exercée sur leur emploi. On attend d’eux qu’ils enseignent, mais aussi d’être assistant social, psychologue, employé administratif,…

    Le ministre de l’Enseignement Vandenbroucke était conscient que ses mesures d’austérité n’arrivaient absolument pas au bon moment et qu’il devait les encadrer. C’est pourquoi il a réalisé une étude de marché sur l’enseignement via la Fondation Roi Baudouin. Les résultats de cette enquête sont mieux connus sous le nom de "Accent op talent". Un certain nombre de priorités sont établies pour l’enseignement dans la période qui vient. "L’accent" n’est pas mis sur plus de moyens, mais sur des projets précis qui doivent changer l’aspect "ringard" de l’enseignement. Donc le ministre ne veut pas investir dans l’enseignement professionnel pour atteindre l’égalité des chances, mais les écoles doivent s’acquitter de leur financement en prenant des initiatives qui vont dans le sens voulu par les entreprises.

    La tendance actuelle poussant les écoles à aller chercher des investisseurs privés est renforcée par les mesures d’austérité prévues par Vandenbroucke.

    Tout d’abord, à partir de septembre 2005, il y aura moins d’enseignants embauchés parce que les moyens ad hoc sont calculés sur base d’un chiffre datant d’un an et demi. Néanmoins, il est prouvé qu’une des plus importantes causes de la diminution qualitative de l’enseignement repose sur la dimension "problématique" des classes. Cette mesure va amplifier fortement l’évolution négative de l’enseignement.

    De plus, 5% d’économies vont être faits sur le personnel administratif. Dans certains secrétariats, des emplois vont de toute façon disparaître et la flexibilité actuelle du personnel administratif va s’accroître. La paperasserie sera prise en charge par les enseignants euxmêmes…

    Il est également prévu d’économiser 2% sur les CLB (centre pour l’accompagnement des élèves, anciennement PMS), ce qui équivaut à un montant de 284.000 euros. Le CLB est responsable de l’accompagnement des élèves dans le sens large du terme; de l’assistance médicale à la résolution de conflits entre le personnel et les élèves. Dans une période où les problèmes sociaux s’accumulent dans les écoles, cette mesure d’austérité est tout bonnement crapuleuse.

    Toutes ces mesures d’austérité s’élèvent déjà à un montant de 51 millions d’euros, bien plus donc que les 38 millions annoncés à l’origine. L’argent supplémentaire va servir à soutenir les initiatives du ministre Vandenbroucke comme "Accent op talent". Et c’est le personnel de l’enseignement qui va évidemment payer la note des initiatives du ministre!

    Le MAS/LSP sera présent au rassemblement du 20 avril. Nous interviendrons avec un tract qui condamne ces mesures d’austérité et qui propose un plan d’action. Il est très important d’être présent à cette action, mais pas seulement avec des enseignants. Des délégations étudiantes combatives peuvent montrer que la lutte contre les économie dans l’enseignement doit se faire de façon unifiée. Seul un programme avançant la nécessité d’étendre la lutte à d’autres secteurs pourra signifier une rupture avec la politique antisociale du gouvernement.

    Rendez-vous : mercredi 20 avril. 15h / Ministère de l’Enseignement flamand / Bâtiment Hendrik Conscience, boulevard Roi Albert II, n°15 / Bruxelles (près de la gare du Nord)

  • Attention! Droit de grève en danger

    La Planchette. Bulletin d’information aux travailleurs de la STIB, diffusé par le Mouvement pour une Alternative Socialiste (MAS) – n°1 – avril 2005


    Version pdf:

    Travailleurs de la STIB. Entre octobre 2004 et le 10 janvier 2005, vous avez été nombreux à faire plusieurs journées de grève pour l’amélioration des conditions de travail (manque de personnel, matériel en mauvais état, temps de parcours trop court,… ). Malgré la mésentente entre syndicats, vous avez pu obtenir certaines améliorations: les temps de parcours de certaines lignes ont notamment été allongés. Mais on constate que plus le temps passe plus on revient progressivement à la même situation qu’avant.

    Projet de convention sur le règlement des conflits

    Un «vent favorable» nous a amené un projet de convention, daté du 17/12/2004 (donc en plein mouvement de grève en décembre dernier), entre la direction de la STIB et les secrétaires des 3 syndicats (Vonck, Naniot, Dreesen). Ce projet menace gravement le droit de grève à la STIB. Nous vous présentons les points les plus importants de ce projet de convention.

    Création d’un «Bureau de conciliation» permanent

    Le point 4 du projet de convention prévoit de créer un «Bureau de conciliation» spécialement pour la STIB. Il est prévu que ce «Bureau de conciliation» (7 représentants syndicaux, 7 de la direction, 1 conciliateur) doit se réunir AVANT et PENDANT une grève.

    Commentaire du MAS: C’est donc quelque chose de nouveau. Habituellement, lors d’une grève, l’une ou l’autre partie peut toujours faire appel à un conciliateur du Ministère de l’Emploi. Il n’y a aucune obligation légale de créer un tel «Bureau de conciliation» permanent, spécialement pour la STIB.

    Réunion de ce «Bureau de conciliation» avant le dépôt de tout préavis

    Le point 5 du projet prévoit que si un syndicat veut déposer un préavis de grève, il faut D’ABORD une réunion du «Bureau de conciliation». Ce Bureau pourra être convoqué simplement par fax (article 8), alors que le dépôt d’un préavis de grève doit se faire par la lettre recommandée auprès de l’employeur et du «Bureau de conciliation».

    Commentaire du MAS: Habituellement, un syndicat n’est pas obligé de passer par la conciliation avant de déposer un préavis de grève. Lors du dépôt de ce préavis, il faut adresser un recommandé à l’employeur pour l’avertir, mais jamais auprès d’un quelconque «Bureau de conciliation», puisque les conciliateurs du Ministère de l’Emploi n’interviennent pas de façon permanente, mais «à la carte» et à la demande d’une des parties.

    On voit tout de suite que ce «Bureau de conciliation» va surtout servir à empêcher le dépôt d’un préavis de grève et à faire traîner les choses en longueur.

    Pas d’indemnisation de la grève si ce «Bureau de conciliation» ne s’est pas réuni

    L’article 10.1 du projet de convention mérite qu’on le cite intégralement:

    «Constitue une grève sauvage, toute action déclenchée et se déroulant en dehors du respect d’une ou de plusieurs règles de procédure décrite dans ce projet de convention et par conséquent non reconnue par les syndicats.

    En cas de grève sauvage, les organisations syndicales signataires s’engagent à confirmer immédiatement la non reconnaissance de cette grève et à appeler leurs affiliés à reprendre le travail sur le champ.»

    Commentaire du MAS: Tout devient clair! Si les syndicats signent une telle convention, ils se lient les mains (et surtout ilslient les mains des travailleurs pour partir en grève): si UNE règle de procédure n’est pas respectée, la grève est considérée comme sauvage et n’est pas indemnisée par le syndicat. De plus il faut reprendre le travail sur le champ.

    Ce n’est pas à un «Bureau de conciliation» (paritaire) de reconnaître une grève, mais à l’assemblée des délégués de chaque syndicat de décider ou non de partir en grève et de reconnaître une grève

    . Est-ce que vous croyez que, réciproquement, Flaush accepterait de ne licencier personne ni d’infliger aucune sanction à un travailleur sans passer au préalable devant un tel «Bureau de conciliation»?

    Ce paragraphe 10.1 est vraiment un exemple de pure propagande patronale qui vise à faire croire qu’une grève spontanée (sans préavis) est une grève «sauvage». En réalité, une grève dite «sauvage» est une grève non reconnue par tous les syndicats (il suffit qu’un syndicat reconnaisse une grève et décide d’indemniser ses affiliés pour qu’elle cesse d’être «sauvage»). La reconnaissance d’une grève est du seul ressort du syndicat, et pas du conciliateur social… et encore moins de l’employeur.

    Mouvement spontané

    Le projet de convention prévoit aussi, à l’article 10.2, qu’un «mouvement spontané» ne sera pas considéré comme sauvage (arrêt de travail limité dans le temps d’un nombre limité de travailleurs suite à un événement extérieur imprévisible. Exemple: suite à une agression).

    Commentaire du MAS: Ce paragraphe sert à jeter un rideau de fumée devant le projet de convention anti-grève. D’abord, on parle bien ici de mouvement LIMITÉ dans le temps et en nombre. Le fait que de tels mouvements spontanés ne soient pas considérés comme «grève sauvage» apparaît comme une concession faite aux travailleurs. En réalité, ni l’employeur, ni les secrétaires syndicaux ne peuvent s’opposer à de telles actions légitimes suscitées par l’indignation des travailleurs.

    Notons aussi que, dans ce paragraphe, la STIB en profite pour se laver les mains devant les agressions en les présentant comme «imprévisibles». Légalement, tout employeur a l’obligation de prendre les mesures préventives pour éviter les accidents. Bien sûr on ne peut pas tout prévoir. Mais en matière d’agressions, la STIB doit aussi prendre des mesures préventives (par exemple avoir deux agents à bord du véhicule pour les endroits et les heures critiques).

    Sanctionscontre les délégués

    Le projet prévoit aussi que si une organisation syndicale ne respecte pas la procédure, ses délégués seront sanctionnés en diminuant le crédit d’heures que certains délégués ont (surtout les premiers délégués) pour s’occuper de leurs tâches syndicales.

    Commentaire du MAS: Non seulement ce projet d’accord prévoit un bâton contre les travailleurs (non paiement de l’indemnité de grève si on ne respecte pas la procédure du «Bureau de conciliation»), mais aussi contre les délégués (diminution des crédits d’heures).

    Les crédits d’heures ne sont pas une faveur faite par l’employeur mais une obligation légale prévue par la Convention nationale n°5 sur le statut de la délégation syndicale. Les délégués ont LE TEMPS ET LES FACILITÉS NÉCESSAIRES pour remplir leur mission (article 21 de la Convention nationale n°5).

    Sanctions contre les grévistes

    L’article 12 du projet prévoit que «tout jours de grève, reconnue ou non, ne fait pas l’objet de paiement du salaire, sous réserve d’autres sanctions que l’employeur pourrait prendre, allant jusqu’au licenciement».

    Commentaire du MAS: Pas besoin de faire une convention pour savoir que le salaire n’est pas payé quand on fait grève. Et d’ailleurs, ce n’est pas une «sanction». Un salaire n’est pas non plus une «récompense», mais la somme que l’employeur doit payer en échange du travail fourni. S’il n’y a pas de travail, il n’y a pas de salaire. Il est inacceptable qu’un projet de convention (à signer par les syndicats) associe la grève, RECONNUE ou NON, à des sanctions allant jusqu’au licenciement! LA GREVE EST UN DROIT que les travailleurs ont dû conquérir par la lutte.

    En conclusion

    Ce projet de convention doit être remis intégralement à sa place, là d’où il n’aurait jamais dû sortir: à la poubelle! Car si ce projet passe (même en partie), c’en est fini du droit de grève.

    Ce projet de convention aurait eu parfaitement sa place en Espagne avant les années 1970, à l’époque de Franco, où un système corporatiste paritaire réglait les conflits en prétendant que patrons et travailleurs avaient un intérêt commun.

    Travailleurs, vous savez bien que vous n’avez pas d’intérêt commun avec Flaush. Vous voulez de bonnes conditions de travail et un salaire convenable, lui veut faire rouler le maximum de véhicules possible avec le moins de personnel possible. Ce ne sont pas des intérêts communs, mais opposés. C’est pourquoi les travailleurs, organisés en syndicats, doivent pouvoir décider eux-mêmes d’une grève (quand, pourquoi, combien de temps) et pas un «Bureau de conciliation paritaire».

    Que faire?

    Les travailleurs de la STIB ne sont pas au courant de ce projet. La plupart des délégués non plus. Seuls les secrétaires, les permanents et quelques premiers délégués sont au courant.

    Les secrétaires syndicaux doivent des explications. Ils doivent notamment répondre aux questions suivantes:

    – Comment se fait-il qu’ils n’ont rien dit jusqu’à présent et que vous devez apprendre cette nouvelle par un tract du MAS?

    – Pourquoi ont-ils gardé le silence sur ce projet de convention?

    – Trouvent-ils normal de signer une convention qui lie les mains des travailleurs pour les empêcher de faire grève?

    – Trouvent-ils normal que pour des motifs de grève des sanctions soient prises contre les grévistes (licenciement éventuel) et contre les délégués (crédits d’heures)?

    – Trouvent-ils normal de MARQUER LEUR ACCORD, dans un texte commun avec le patron, sur ces sanctions?

    Allez trouver votre délégué pour lui demander des explications. Les permanents doivent rendre des comptes. Il faut organiser des assemblées syndicales à ce sujet et demander un VOTE de CONFIANCE (ou plutôt de défiance) envers les secrétaires syndicaux.

    Le MAS et les syndicats

    Le Mouvement pour une Alternative Socialiste est pour des syndicats forts, démocratiques et totalement indépendants du patron et de l’État.

    UNITÉ: Non aux querelles de chapelle! Les travailleurs ont besoin d’unité.

    DÉMOCRATIE SYNDICALE: Dans une entreprise la direction décide. Dans un syndicat cela doit être l’inverse: la base décide et les secrétaires ne doivent être là que pour appliquer ce que la base décide. Les secrétaires syndicaux et les délégués doivent être au service des travailleurs. Les assemblées syndicales doivent être ouvertes à tous les affiliés. Dans ces assemblées, après une discussion démocratique où chacun a pu s’exprimer, il faut un vote pour indiquer au secrétaire ce qu’il doit faire. Les secrétaires syndicaux, les permanents, les délégués doivent être élus par l’ensemble des affiliés.

    NON AU CARRIÉRISME: afin d’écarter les arrivistes qui veulent «faire carrière» dans le syndicat, le salaire des secrétaires et des permanents ne doit pas être supérieur au salaire moyen d’un travailleur de la STIB. Il n’est pas normal que les secrétaires et les permanents soient payés comme des cadres.

    LIBERTÉS SYNDICALES: stop aux sanctions contre les grévistes et contre les délégués! La convention nationale n°5 prévoit beaucoup de points non respectés par la STIB (droit au temps et aux facilités nécessaires pour les délégués, local syndical, assemblée du personnel sur le lieu de travail et pendant le temps de travail).

    Le texte complet de ce projet de convention:

  • Splintex – il faudra tirer les leçons !

    Entretien avec Gustave Dache. Un point de vue de classe sur le conflit

    Pour rappel, le 2 janvier, les 840 ouvriers de l’usine verrière AGC Automotive (ex-Splintex) à Fleurus apprenaient que la direction de leur entreprise mettait en place un plan de restructuration incluant le licenciement de 284 personnes. Les ouvriers sont alors spontanément entrés en action. Cette grève, qui a duré plus de cent jours, a montré la détermination des travailleurs, mais aussi l’acharnement patronal, aidé par ses laquais que sont la justice, la police et les médias.

    Vincent Devaux

    Cette lutte, par sa durée, la détermination des grévistes et l’intransigeance patronale, a dépassé le cadre de l’entreprise elle-même. Cette grève pose également de nombreuses questions sur le rôle et la stratégie de l’appareil syndical ; comment n’a t’il pas été possible d’obtenir plus avec toute la détermination des grévistes ? L’outil de la grève générale régionale, mis en avant très tôt dans le conflit par Gustave Dache et par le MAS, et relayé par de nombreux ouvriers n’a jamais été utilisé. Au travers de cet entretien avec Gustave, nous voulons poser les premiers jalons de l’analyse du conflit, même s’il est certain que nous y reviendrons plus tard de manière plus approfondie. Nous devrons en effet tirer les leçons de cette grève afin d’apporter des perspectives claires aux prochaines luttes, des outils nécessaires au mouvement ouvrier pour la période à venir.

    Gustave Dache a été un acteur dans le déroulement du conflit. Il a donné dans cette lutte son temps et son énergie pour défendre les ouvriers de Splintex en s’appuyant notamment sur son expérience mais également sur les meilleures traditions du mouvement ouvrier. Par le passé, Gustave a participé activement à la grève de 60-61. A l’époque il était responsable sur le plan local (Gilly) régional et national des Jeunes Gardes Socialistes (JGS) et militant syndical en verrerie (Glaverbel). Par la suite délégué syndical Métal (notamment Caterpillar), Gustave a participé a d’autres conflits, notamment Clabecq.

    Une défaite

    V.D. : Doit-on parler d’une victoire ou d’une défaite?

    G.D. : On doit appeler les choses par leur nom, nous avons affaire à une défaite. Il n’y aurait même qu’un seul licenciement, ce serait une défaite. Maintenant on doit en tirer les conclusions et les responsabilités. Je sais que de plus en plus de responsables syndicaux ont tendance à faire passer une défaite pour une victoire, surtout quand ils sont mis en cause, mais cela n’empêche que nous devons regarder la réalité en face si nous voulons éviter que de semblables défaites ne se répètent à l’avenir. Dans le cas d’AGC-Fleurus, c’est une défaite pour tout le mouvement ouvrier. La combativité des travailleurs d’AGC n’est surtout pas à mettre en cause, au contraire. Elle est digne de la combativité que la classe ouvrière développe depuis de nombreuses années en Belgique, notamment au travers de conflits tels que Renault et Clabecq. Ce n’est pas du côté des travailleurs qu’il faut chercher les causes de cette défaite mais du côté des appareils syndicaux réformistes et des partis politiques dits ‘de gauche’.

    V.D. : Penses-tu que l’Interprofessionnelle a fait tout ce qu’elle devait faire?

    G.D. : Il faudrait d’abord poser la question : qu’est-ce qu’une interprofessionnelle ? A mon avis c’est pour concentrer toutes les forces des différentes centrales pour peser dans tous les conflits. Devant les multinationales, il y a longtemps que le temps du corporatisme est révolu. Ici à Splintex, le conflit à été verrouillé par la centrale générale avec la bienveillance de tout l’appareil syndical, au nom de l’autonomie des centrales, afin que le conflit reste localisé à Fleurus. Et cela malgré la volonté des travailleurs pour l’étendre.

    Grève interprofessionnelle de 24 heures à Charleroi

    V.D. : Alors qu’aurait dû faire l’Interprofessionnelle ?

    G.D. : Les conséquences que pouvait avoir l’issue du conflit sur l’ensemble de la classe ouvrière imposaient de mettre toutes les forces syndicales dans la balance afin de faire le contrepoids à une position patronale intransigeante. Cinq semaines avant la fin du conflit, j’avais proposé 24 heures de grèves à l’Interprofessionnelle à Charleroi afin de créer un rapport de force en faveur des travailleurs. Dans les jours qui ont suivi cette proposition, plusieurs travailleurs de Splintex l’ont également proposées dans les assemblées du personnel d’AGC-Fleurus. Là également, cette proposition a été ignorée par la délégation syndicale. Les 24 heures proposées n’étaient pas une fin en soi mais le début d’actions plus longues.

    Je ne pense pas comme le sous-entendent certains camarades que ces 24 heures de grèves soient « la panacée », mais l’histoire du mouvement ouvrier nous enseigne que les patrons ne comprennent qu’un seul langage, le langage de l’action. Et ces 24 heures devaient être considérées comme un début. Faire une manifestation à Fleurus pour AGC après trois mois de grèves comme une fin en soi avec des remerciements de circonstances donnait l’impression d’un enterrement de première classe.

    V.D. Peux-tu expliquer les conséquences de cette défaite ?

    G.D. Malgré certaines améliorations financières et les prépensions, tout le plan patronal est passé, avec toutes les conséquences pour ceux qui n’ont pas été licencié, par exemple le passage de trois à cinq pauses, les changements de postes. Maintenant il faut mettre en évidence que les ouvriers sont rentrés battu dans l’entreprise et affaiblis par la destruction d’une partie de la base la plus combative et d’une partie des membres de la délégation syndicale, qui doit maintenant continuer à travailler dans un climat difficile. D’autant plus qu’une paix sociale a été signée et doit être respectée et que le nombre de délégués syndicaux a été fortement réduit.

    PS: contre les travailleurs

    V.D. Qu’a fait le PS durant le conflit ?

    G.D. Le PS n’a surtout pas été du côté des travailleurs ; au contraire. Avec le comité d’alerte*, ils s’étaient réuni pour faire libérer le directeur afin qu’il négocie ; mais quand la direction refusait de négocier, le comité n’est pas intervenu pour la contraindre à négocier. Jean-Claude Van Cauwenberg (ministre-président du gouvernement wallon ndlr.) a considéré la grève de Splintex comme une tache noire pour la Wallonie. La ministre de l’emploi et du travail Freya Van Den Bosche a autorisé l’intervention des robocops. La ministre de la justice n’a pas dit un seul mot contre les astreintes. Après toutes ces prises de positions de la part des politiciens du PS on doit considérer qu’ils sont occupés à jouer le rôle de médecin au chevet du capitalisme malade.

    (* Un comité d’alerte dont le but était d’éviter tout conflit spontané été constitué sous l’initiative d’Elio Di Rupo, à l’époque où il était informateur pour la formation du gouvernement. Ce comité est composé du Ministre de l’Economie et de l’Emploi Wallon – J.C. Marcourt- et des représentants syndicaux et patronaux)

    V.D. Qu’elle a été l’attitude de la presse dans ce conflit ?

    G.D. La presse en général a toujours donné des informations tendancieuses, elle a comme d’habitude mis en avant des arguments patronaux, allant jusqu’à noircir les travailleurs. En plus elle a surtout mis en avant la menace de fermeture de l’entreprise et des conséquences que cela pouvait avoir pour une région déjà durement touchée.

    V.D. Alors cette menace de fermeture, était-elle réelle ?

    G.D. Dans touts les conflits importants, cette menace revient toujours, pour peser sur la détermination des travailleurs. Les appareils syndicaux sont vite impressionnés par cet argument qui n’est dans la plupart des cas qu’une menace. Car quand un patron veut fermer, il ne fait pas de menace, il ferme. A Renault, il n’y a pas eu de menaces, ils ont fermé. Si les travailleurs se laissaient impressionner par ces menaces de fermeture, il n’y aurait plus aucune lutte pour empêcher les pertes d’emplois et l’on retournerait cent ans en arrière. Les travailleurs sont toujours disposés à mener la lutte indépendamment de toute menace.

    Eléments pour un syndicalisme de combat

    V.D. Peux-tu donner des éléments pour un syndicalisme de combat ?

    G.D. Tout d’abord, la première chose à faire (dans un conflit ndlr.), c’est l’élection d’un large comité de grève, élu en assemblée générale. Avec comme seul objectif la victoire de la grève. Ce comité doit être composé des travailleurs les plus déterminés, les plus dévoués à leur classe. Il peut y avoir des délégués syndicaux mais ils doivent être très minoritaires.

    Il doit y avoir une assemblée journalière avec un rapport fait à l’ensemble des travailleurs réunis en assemblée générale, qui est la seule instance de décision. Le comité de grève, quand le conflit prend des proportions importantes et qu’il est clair que c’est une question de rapport de force, ne doit pas hésiter à lancer le mot d’ordre d’occupation de l’usine pour ainsi créer un rapport de force en faveur des travailleurs en grève.

  • Pas touche à nos prépensions!

    Les syndicats ne doivent pas négocier le recul, mais organiser la résistance

    Les points de vue sur les prépensions sont tellement éloignées que les premières négociations prévues pour le 10 mars n’ont pas pu commencer. Le patronat utilise le vieillissement et le faible taux d’activité pour réclamer, entre autres, l’abolition de la prépension. Les syndicats disent, à juste titre, que le faible taux d’activité ne peut être résolu que par plus d’emplois et que les travailleurs ne peuvent pas être forcés de travailler plus longtemps alors qu’il y a plus de 600.000 chômeurs. Le gouvernement veut démanteler les prépensions, mais a peur des mouvements de masse éventuels.

    Anja Deschoemacker

    Le président de la CSC Luc Cortebeeck a déjà averti le gouvernement que ce genre d’attaque allait mener à «des actions dures», voire à une grève générale (De Standaard, 10/03/05). Les syndicats ont des propositions alternatives, par exemple l’augmentation du nombre d’emplois, surtout chez les jeunes, comme une manière de maintenir la sécurité sociale. Qui, à part le patronat, pourrait s’y opposer ? A côté de cela, les syndicats veulent lier le débat sur la fin de carrière à un financement alternatif de la sécurité sociale à travers une Cotisation Sociale Généralisée (CSG, une cotisation qui ne frappe pas seulement les revenus du travail).

    Et là, on va dans une direction dangereuse. La nécessité d’un financement alternatif de la sécurité sociale provient du fait que, dans le passé, le système a été démantelé en diminuant les cotisations soi-disant patronales. Le système actuel nécessite une procédure de concertation avec les syndicats pour changer les règles, mais rien n’empêchera un gouvernement de droite de modifier unilatéralement le taux de la CSG. A première vue, négocier un financement alternatif peut sembler une bonne solution, mais cela peut entraîner la fin de la sécurité sociale telle qu’on la connaît aujourd’hui, ce qui sera tout bénéfice pour le gouvernement et le patronat.

    La sécurité sociale est un acquis des luttes. Depuis la chute du Mur, ce système subit une pression croissante. Mais une large majorité de la population est attachée à la sécurité sociale et est disposée à lutter contre toute attaque.

    Les syndicats doivent mobiliser cette volonté d’action et le grand soutien dans l’opinion publique pour refuser toute mesure de démantèlement et faire respecter par le patronat les vieux accords, acquis et droits dans le cadre de la sécurité sociale. Ce ne sont pas les travailleurs qui souhaitent donner moins à la sécurité sociale, mais bien les patrons. Ils cherchent en fait à diminuer nos salaires !

    Ni augmentation du temps de travail, ni allongement de la carrière, mais abolition de tous les statuts précaires ! Imposons au patronat des boulots fixes et à temps plein ! Non à la libéralisation de La Poste et des chemins de fer, oui à des créations d’emplois dans les services publics présents et à venir ! Non aux boulots «soft», qui plus est mal payés, pour les travailleurs âgés (comme pour les femmes aujourd’hui), oui à la diminution du temps de travail pour tout le monde, sans perte de salaire et avec embauches compensatoires. Non à l’hyperflexibilité épuisante qui réserve les emplois bien payés (mais éreintants) aux hommes jeunes et en bonne condition !

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