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Category: FGTB
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Bruxelles. Rassemblement en faveur d’un salaire minimum de 14 euros de l’heure

La campagne de la FGTB “Fight for €14” s’inspire directement des lutte menées aux Etats-Unis en faveur d’un salaire minimum de 15 dollars de l’heure. Chaque année a lieu une journée mondiale #FF15, soutenue par les organisations syndicales internationales EFFAT et UITA. Cette journée a pris place ce 12 novembre et plusieurs centaines de militants se sont donc rassemblés à Bruxelles ce mardi matin pour défendre l’augmentation du salaire minimum.
Ce combat difficile qui a débuté dans la restauration rapide s’est mené à l’aide de campagnes de terrain dans de nombreuses villes et régions. En 2015, Seattle fut la première grande ville à instaurer ce salaire minimum, une victoire dans laquelle Socialist Alternative, son élue au conseil de ville Kshama Sawant (qui vient tout juste d’être réélue), et leur campagne “15NOW” ont joué un rôle crucial. Cette mesure s’est traduite par un transfert de 3 milliards de dollars des riches vers les pauvres sans entraîner de pertes d’emplois : au cours de la première année suivant l’introduction de la mesure, il y a eu une augmentation du nombre d’emplois de 2,5 % et le salaire moyen dans la ville a augmenté de 3,5 %. Ces chiffres étaient supérieurs à la moyenne nationale.
En Belgique, le salaire minimum scandaleusement bas : 9,65€ brut / heure. Avoir un emploi ne garantit pas de vivre dignement : 230,000 salariés – soit 5% de la population active – sont considérés comme pauvre et 15% des employés gagnent moins de 2.300€ brut/mois (environ 1,400€ net). Ces chiffres alarmants et les nombreuses attaques des gouvernements sur nos conditions de vie et de travail aggravent le phénomène. Ces mesures touchent, de plus, davantage les femmes. Cette campagne de la FGTB est donc une excellente chose mais, pour obtenir des victoires en entreprises ou par secteur, il va falloir construire un rapport de forces sur le terrain !
C’est ce que le PSL a défendu dans son tract (en savoir plus) et son intervention, à l’aide de deux exemples actuels. Le personnel des services publics locaux bruxellois se bat ainsi pour l’abolition du barème le plus bas et pour une augmentation de 10% de tous les autres à l’aide d’assemblées du personnel, d’arrêts de travail et maintenant de grèves plus longues. Une campagne est également en cours à l’Université de Gand où seule une petite partie du personnel gagne moins de 14 €/h, mais des milliers de signatures ont été recueillies auprès de l’ensemble du personnel et des étudiants. Si la direction ne change pas son fusil d’épaule, le personnel entrera ici aussi en action.
Le Parti Socialiste de Lutte soutient pleinement la campagne de la FGTB « Fight for €14 » en y participant et en formulant des propositions constructives. Si vous voulez en savoir plus ou nous soutenir, contactez-nous et re-joignez-nous !








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Rassemblement pour les 14€/h : nos augmentations ne doivent pas être payées par la sécu!

Dans le cadre de sa campagne pour un salaire minimum de 14€/h (2300€/mois), la FGTB organise tous les 14 de chaque mois des actions et rassemblements. Ce lundi 14 octobre, une centaine de syndicalistes s’étaient donnés rendez-vous aux portes de la FEB.
Par Nico M. (Bruxelles)
C’est aussi dans la cadre des négociations au sein du groupe des 10 avec le patronat que la FGTB a organisé ce rassemblement. Un accord pourrait être signé ce mercredi au sein de cette instance pour une augmentation du salaire minimum de 3.5% (1.1% maintenant, puis 2.4% en avril 2020). L’accord prévoit notamment des diminution de charges patronales pour compenser. La FGTB entend qu’elles soient temporaires et compensées autre part pour ne pas payer cette augmentation par un transfert de la sécurité sociale.
Ces 3.5% sont un pas en avant et une étape. Avec un salaire minimum autour de 1600€ aujourd’hui, il faudrait une augmentation de plus de 40% pour atteindre les 14€/h revendiqués par la FGTB et donner ainsi des perspectives d’avenir décentes à des dizaine de milliers de travailleurs mal rémunérés.
La FGTB a raison et Robert Vertenueil l’a encore appuyé hier matin: il faut montrer à la FEB que nous restons vigilants. En effet depuis des années, quand une amélioration était arrachée elle était payée et financée par la collectivité en baisse de charges ou en primes versées directement par le public. Pour éviter ces mécanismes qui pillent nos services publics et ne remettent pas en cause les inégales redistribution de richesses, les négociations ne suffiront pas il faut construire un rapport de force. Ce dont nous aurions besoin c’est un plan d’action discuté largement en Assemblées générales sur les lieux de travail et voté afin d’impliquer le plus largement possible chaque collègues. Vertenueil le disait en septembre concernant le déficit de la sécu et son financement : « il ne faudra pas s’étonner de nous trouver dans la rue et devant les entreprises. On ne va pas laisser détruire cette cathédrale de la protection sociale. Elle a été érigée parce que les travailleurs ont accepté de laisser une part de leur salaire dans une caisse de solidarité. Elle leur appartient ».
Pour le salaire minimum de 14€, construire un mouvement social large, massif en faisant appel à l’arme de la grève sera crucial. FEB et patronat chercherons toujours, avec leur soutien dans les partis traditionnels, à reporter la facture sur le dos de la collectivité. Un tel plan d’action pourrait aller mettre au centre des discussions, dans chaque délégations, le « plan national d’urgence » présenté par R. Vertenueil fin août (Le Soir) :
« Il pèse 3,5 milliards d’euros et comporte cinq axes.
1). Revoir en profondeur la loi sur la formation des salaires, en finir avec la norme salariale contraignante, relancer le pouvoir d’achat des travailleurs.
2). Relever les minima sociaux au-delà du seuil de pauvreté, égal à 1.180 euros par mois : 90 % des minima en Belgique se trouvent sous le seuil.
3). Il faut relever les pensions – nous avons les pensions parmi les plus basses d’Europe – à un minimum de 1.500 euros, dont coût 2,2 milliards. Et il faut reconsidérer la hausse de l’âge légal de la pension à 67 ans, alors que l’espérance de vie en bonne santé est à 64 ans.
4). Relever le salaire minimum à 14 euros l’heure, ou 2.300 par mois.
5). Il faut investir dans le social et en faveur du climat. Attention à l’endettement du pays ? Une grosse part de notre endettement est dû au sauvetage des banques, on a payé pour leur incompétence ».

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Condamnation du droit de manifester à Anvers : Ripostons par une campagne de masse !

C’est une surprise : le tribunal correctionnel d’Anvers a condamné vendredi à une simple déclaration de culpabilité le président de la section anversoise de la FGTB, Bruno Verlaeckt, pour « entrave méchante à la circulation » lors du blocage du port d’Anvers au cours d’une action syndicale en 2016. Sa « responsabilité personnelle » dans ce « crime » revient à son rôle de président de la FGTB d’Anvers et du fait qu’il était la personne de contact avec la police. Le deuxième accusé, Tom Devoght, militant de la FGTB, a été acquitté parce que sa participation personnelle au piquet n’a pas été démontrée. La simple déclaration de culpabilité signifie que Bruno Verlaeckt n’est pas condamné, il est toutefois contraint à payer la moitié des frais de la procédure.
Par Geert Cool
« Entrave méchante à la circulation »
Le juge a estimé que l’article 406 du Code pénal sur « entrave malveillante à la circulation » pouvait en effet être appliqué dans le cadre d’actions syndicales, même si cela a été explicitement exclu lors de la préparation de l’article à l’époque. Le juge a déclaré qu’il y a des limites aux libertés d’expression et de manifestation, mais aussi au droit de grève. En particulier, le fait que le l’autorisation n’avait pas été sollicitée et que le blocage du port n’avait pas été communiqué à l’avance à la police a été fortement critiqué. C’est évidemment absurde : le droit à l’action collective inclut les actions de protestation non sollicitées. Devrions-nous demander aux autorités contre quoi nus pouvons manifester, si les manifestations sont autorisées et sous quelle forme ?
A la suite de ce jugement, la secrétaire générale de la FGTB Miranda Ulens a souligné à juste titre que ce raisonnement était très dangereux car toute forme de protestation pouvait mener à une condamnation. Lors d’une action de parents, d’enseignants et d’écoliers dans une école, là aussi, une partie de la rue est occupée. Si cela est le fait d’une action spontanée, selon le tribunal qui condamne Bruno Verlaeckt, cela peut conduire à une condamnation. Le juge a déclaré que l’organisation d’un blocage entraîne des embouteillages, ce qui constitue toujours une des « circonstances potentiellement dangereuses ». Où donc se trouve la condamnation des autorités du pays dont la politique de mobilité est responsable d’embouteillages quotidiens dans les rings d’Anvers et de Bruxelles par exemple ?

Une fois de plus, la salle était trop petite pour les nombreuses personnes venues défendre le droit de manifester. Le militant de la FGTB Tom Devoght a été acquitté parce que sa participation personnelle au barrage routier n’a pas été prouvée. Le juge a fait remarquer qu’il ne s’opposait qu’à la résistance contre l’intervention policière et qu’il ne peut être considéré que comme un « fauteur de troubles ». Selon le juge, il n’y avait pas de photos ou d’images vidéo dont on peut déduire un rôle personnel dans le barrage routier. C’est remarquable, selon le juge, la responsabilité personnelle de Bruno Verlaeckt dans le blocage a été démontrée par le simple fait qu’il se trouve à la tête de la régionale anversoise de la FGTB et a donc été impliqué dans les réunions préparatoires de la grève et qu’il a été la personne de contact sur place. Il aurait incité au blocage et l’aurait organisé. Il s’agit d’un dangereux précédent dans lequel la responsabilité pénale est très largement interprétée. Il suffit de d’appeler à entrer en action pour être considéré comme un criminel. Non à la criminalisation de la résistance sociale !
Ce jugement pose deux problèmes majeurs : (1) l’interprétation de l’article 406 du Code pénal, dans lequel faire obstruction à la circulation au cours d’une action collective peut conduire à une condamnation et (2) le fait qu’une fonction de responsable est exercée et impliquée dans l’organisation d’une action conduit à une forme de « responsabilité pénale objective ». Après la décision, l’avocat Jos Van der Velpen a annoncé qu’un recours de principe serait introduit contre cette décision de principe.
Un objectif évident : réduire au silence la résistance syndicale
Ce que visait l’intervention policière contre les grévistes le 24 juin 2016 était clair : réprimer les actions syndicales contre la politique du gouvernement de droite. Le procès qui a suivi était également de nature politique. Le dossier a été laissé ouvert pendant longtemps, mais a finalement été approfondi afin d’en arriver à une condamnation de principe. Qui y avait un intérêt ? L’establishment politique et le conseil communal anversois dirigé par Bart De Wever (N-VA) en premier lieu. Un tribunal peut maintenant servir à cela. Le tribunal a également reconnu que le délai raisonnable avait été dépassé, mais a déclaré que cela n’avait pas eu d’incidence négative sur les défendeurs dans cette affaire.
La droite veut que les syndicats « réfléchissent avec elle à la logique de la politique d’austérité », a fait remarquer Bruno Verlaeckt à la fin du procès. Il a ajouté qu’une attaque contre le droit de manifester touche tous ceux que défendent les syndicats : les travailleurs, les allocataires sociaux, les pensionnés, etc. Le silence de la résistance syndicale, et donc des syndicats eux-mêmes, ne peut être accepté.
Il nous faut un appel à la mobilisation lié à une stratégie syndicale pour défendre le droit à l’action collective. Il est possible de mobiliser lors des audiences d’appel, mais peut-être que les protestations pourraient également être dirigées plus directement contre les architectes politiques de la répression et du procès : le conseil communal d’Anvers et plus spécifiquement la N-VA.
Il a été souligné à juste titre que la FGTB n’accepte pas cette condamnation et les violations du droit de manifester. Pour faire valoir nos droits, nous devrons les utiliser. Pour ce faire, nous ne pouvons compter que sur nos propres forces : la mobilisation et une large participation à la construction d’une relation de force que la Cour d’appel ne pourra ignorer.
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Rassemblement au tribunal correctionnel d’Anvers : bas les pattes du droit de grève!
Deux membres du personnel de la FGTB d’Anvers, dont le président de la régionale Bruno Verlaeckt, sont poursuivis pour avoir participé à un piquet de grève pendant la grève du 24 juin 2016. Ils sont accusés « entrave méchante à la circulation » (article 406 du Code pénal), article dont l’ensemble de l’interprétation indique pourtant qu’il ne s’applique pas aux piquets de grève. Ces deux camarades risquent une peine d’emprisonnement de 6 mois.Pendant la grève du 24 juin 2016, les voies d’accès à la Sceldelaan, qui mène au port d’Anvers, avaient été bloquées par des piquets de grève. Ces derniers avaient été organisés de telle sorte que la sécurité des entreprises pétrochimiques le long de l’Escaut soit garantie, comme c’est la tradition depuis de nombreuses années déjà. Le 24 juin 2016 cependant, des moyens policiers importants ont été déployés pour démanteler les piquets de grève.
Qui a pris la décision de changer de cap ? La réponse est claire : le conseil communal d’Anvers et le bourgmestre Bart De Wever tout particulièrement. Il a lui-même déclaré par la suite que l’intervention policière aurait été différente s’il y avait eu plusieurs centaines de grévistes sur place. Cela réfute totalement les discours selon lesquels il ne s’agirait que d’un débat juridique. Il s’agissait d’une attaque contre le droit de grève, un acte politique délibéré suivi d’une persécution politique.
Le procès ne se déroule que maintenant, presque deux ans après les faits. Il a fallu tant de temps au procureur général ? Le dossier aurait été perdu un certain temps. Cette période n’a, il est vrai, pas été utilisée pour mener une enquête approfondie : les seules déclarations de témoins présents place ont été ajoutées par la défense ! Le procureur général n’a visiblement pas jugé nécessaire de parler à divers participants.
Les éléments douteux ne manquent pas. Bruno Verlaeckt est poursuivi parce qu’en tant que président de la FGTB d’Anvers, il a été l’instigateur de la grève. Le deuxième militant, Tom, est poursuivi sans que la police ou le ministère public ne fournissent aucun fait. N’est-il plus nécessaire aujourd’hui de réfuter la présomption d’innocence ? Les deux syndicalistes auraient incité à l’action collective. Ce n’est toutefois pas interdit. De plus, cela est internationalement reconnu comme faisant partie des droits humains. Dans ce cas, le procureur semble faire tout son possible pour contourner ces droits humains, car ce sont des syndicalistes qui s’opposent collectivement à la politique antisociale du gouvernement. Il s’agit d’un procès politique dont les grandes lignes semblent être définies par la N-VA.Lors de la session de ce 15 juin, des centaines de militants étaient présents pour soutenir leurs deux camarades. Cette solidarité est venue de tout le pays, même de Wallonie et, ce qui est très important, d’un groupe de militants de la CSC et même de quelques membres de de la CGSLB. Cette solidarité est importante : quiconque touche l’un d’entre nous nous touche tous. Aujourd’hui, l’affaire a été entendue et la décision sera prise le 29 juin. Il se peut qu’une procédure d’appel suive (la probabilité que l’establishment en reste à un acquittement est limitée et, en cas de condamnation, d’autres procédures judiciaires devront bien entendu être engagées). Cela signifie qu’il pourrait y avoir de nouvelles mobilisations. Défendre le droit de grève, c’est défendre le droit de manifester et défendre la résistance sociale contre les politiques antisociales. Nous devrons être présents.
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Manifestation de la CGSP à Namur. Défendre les services publics et préparer la grève du 10 octobre

Plusieurs milliers de personnes ont participé ce mercredi 20 septembre à la manifestation «Grogne au grognon» organisée par la CGSP dans les rues de Namur. Cette action était organisée pour s’opposer aux politiques de destruction des services publics menées par le gouvernement fédéral et la nouvelle coalition gouvernementale wallonne : instauration d’un service minimum, précarisation de l’emploi statutaire et contractuel, augmentation de la flexibilité, recours aux intérimaires dans la Fonction publique, diminution des dotations aux provinces,… De nombreuses délégations de fonctionnaires venus de toute la Wallonie étaient présentes, et notamment beaucoup de travailleurs du FOREM et des TEC, ceux-ci provenant de dépôts de l’ensemble de la Région.
L’appel à la grève du 10 octobre, lancé à l’origine par les cheminots s’opposant aux réformes qui visent à nouveau à briser les conditions de travail, les pensions et le droit de grève, y a été largement relayé par la direction syndicale. L’atmosphère combattive ainsi que la présence de milliers de personnes, largement plus de 2.000 sur une attente préalable de 1.000 à 1.500, exprime la volonté de relancer un processus de résistance, malgré le scepticisme bien compréhensible existant parmi certains quant à la suite à donner à cette mobilisation.
Une équipe de militants du PSL y a notamment proposé l’autocollant « GRÈVE 10/10 – JE SUIS SOLIDAIRE » aux militants ; du matériel édité par ‘Libre Parcours’ – réseau de militants combattifs du transport public – pour stimuler la solidarité autour de cette grève et la lutte contre l’offensive antisociale des autorités et des médias dominants. Les manifestants en ont pris une dizaine à la fois pour pouvoir en distribuer à leurs collègues ; à ceux présents à la manif mais également à ceux qui ne pourraient éventuellement pas participer à la grève du 10 octobre.
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Un dangereux précédent: 17 syndicalistes liégeois de la FGTB traduits en justice

Le droit démocratique à l’action collective est encore une fois compromis. Le parquet de Liège veut traduire en justice 17 syndicalistes de la FGTB, parmi lesquels le secrétaire général de l’Interrégionale wallonne de la FGTB Thierry Bodson, pour un blocage routier effectué dans le cadre de la grève du 19 octobre 2015. A l’époque, les événements avaient donné lieu à une monumentale vague de propagande anti-grève dans les médias dominants.
L’hôpital de HermallesousArgenteau (CHC, Centre Hospitalier Chrétien) avait déposé plainte pour homicide involontaire d’une touriste danoise qui n’avait pas survécu à une opération tardive, prétendument suite au blocage organisé par des militants de la FGTB. A l’époque, très peu de monde a attiré l’attention sur le fait que l’hôpital n’avait pas jugé utile de prendre des mesures à l’occasion de la grève, en s’appuyant sur le fait que la CSC ne faisait pas grève. Les médias n’ont bien entendu pas saisi cette occasion pour alimenter le débat sur la médecine par prestation, qui entrave pourtant ouvertement la collaboration entre divers hôpitaux et médecins spécialistes. N’y avait-il pas d’autre médecin disponible dans la région ? D’autre part, les embouteillages sont quotidiens, tout particulièrement à cet endroit à l’époque, mais personne n’a jugé bon de condamné les autorités et leur politique de mobilité catastrophique…
Cette attaque menée contre des grévistes à titre individuel et contre des dirigeants syndicaux est une attaque menée contre les droits démocratiques de chacun. Le droit européen confirme le droit à l’action collective, ce qui comprend le droit d’instaurer des piquets de grève et même des barrages routiers.
L’objectif suivi par cette action en justice est de limiter les possibilités des travailleurs de se défendre. Mais n’entretenons aucune illusion, même si la contestation ne s’exprimait plus que de manière à n’être plus visible par personne, cela n’empêcherait pas les médias de poursuivre leur campagne de propagande antisociale. Charles Michel et sa bande veulent brimer toute forme d’opposition à leur politique antisociale sous prétexte qu’ils disposent d’une majorité parlementaire. Comme si la démocratie pouvait être réduite à un bulletin de vote tous les quatre ans ! Ce n’est pas la première fois que des syndicalistes sont traînés devant les tribunaux de cette manière : ce fut aussi le cas d’un groupe de travailleurs des Forges de Clagbecq à la fin des années 1990. Ces derniers ont finalement été relaxés après une longue campagne (malheureusement sans le soutien de la direction de la FGTB).
Cette poursuite judiciaire entamée contre 17 syndicalistes est un précédent dangereux auquel doit s’opposer l’ensemble du mouvement des travailleurs. Ce n’est pas seulement de ce cas précis dont il est question, il s’agit de la défense du droit à l’action collective de manière générale. Il nous faut une campagne nationale sérieuse contre ce procès politique qui vise à imposer le silence à la résistance sociale. De cette manière, il nous serait possible de repousser les arguments de la droite et de remettre à l’avant plan l’opposition à ce gouvernement raciste et austéritaire.
Voici ci-dessous l’article que nous avions publié à l’époque des faits.
L’establishment essaye de criminaliser le mouvement syndical
Avec 100.000 personnes, la manifestation du 7 octobre fut un succès. Pareil pour la grève lancée par la FGTB Liège-Huy-Waremme et la FGTB-Verviers le 19 octobre. Tout comme l’attention médiatique s’était concentrée sur les troubles en marge de la manifestation des 150.000 du 6 novembre 2014, le blocage spontané de l’autoroute E40 a reçu les qualificatifs ‘‘d’apocalypse’’ (Sudpresse) ou encore de ‘‘délinquance en vareuse rouge’’ (La Libre).
Par Fabian et Nico (octobre 2015)
La criminalisation du mouvement social est une pratique bien rodée pour discréditer la lutte. Ceux qui viennent manifester pour la première fois sont souvent marqués par la brutalité policière. Les manières de faire dégénérer une manifestation ne manquent pas en instrumentalisant la frustration de certains militants, si nécessaire avec l’aide de provocateurs. Il suffit de penser aux arrestations du 7 octobre, notamment commises par des agents portant foulards et autres insignes syndicaux.
Avec la grève du 19 octobre à Liège, il était clair à l’avance que le moindre prétexte soit utilisé pour taper sur l’ensemble du mouvement des travailleurs et insister sur la division du front commun. Le blocage de l’autoroute E40 a ainsi été utilisé pour criminaliser les grévistes. Et les choses ont encore empiré lorsque l’on a appris le décès d’une patiente au CHC (Centre Hospitalier Chrétien) d’Hermalle. Le CHC a porté plainte contre X pour homicide involontaire, se basant sur le fait que le chirurgien qui devait l’opérer avait été bloqué un moment par le barrage. Qu’il n’y ait eu qu’un seul médecin disponible, cela montre la gravité des pénuries dans les soins de santé. Et cela clarifie aussi que la médecine par prestation entrave la collaboration entre les divers hôpitaux et les médecins spécialistes. Evidemment, ce n’est pas ce qui est retenu à droite. Le député libéral David Clarinval a même reproché aux élus du PTB d’avoir du sang sur leurs mains!
Le syndicat des employés de la FGTB, le SETCa, a tenu à préciser divers points dans une lettre envoyée à ses affiliés. Premièrement, le CHC est justement le commanditaire d’un chantier où, tôt le matin du 19 octobre, les grévistes avaient découvert des travailleurs indiens exploités et vivant dans des containers. Les médias ont été quasiment muets sur ce point pourtant des plus scandaleux et l’attention a ensuite été déviée sur le blocage, à quelques centaines de mètres de là. La lettre rappelle aussi que ‘‘les coupes drastiques dans le financement des soins de santé de ces dernières années (…) poussent les différents acteurs à faire des économies constantes dans un univers de plus en plus concurrentiel. Combien de décès dus à ce sous-financement et à ses économies décidées par le politique ?’’ L’hôpital avait aussi refusé d’établir un service minimum, considérant qu’il ne subirait aucune perturbation, du fait que la CSC n’était pas en grève.
Ensuite, le CHC a reconnu dans la presse ne pas prétendre qu’il y a eu un lien de cause à effet entre le blocage et la mort de la patiente mais qu’il voulait ‘‘ouvrir un débat sur les limites du droit de grève’’. Donc après avoir porté des accusations très graves envers les militants syndicaux, le CHC dévoile sa véritable intention… à savoir limiter le droit de grève. On peut difficilement être plus clair.
Quelques jours plus tard, la députée N-VA Zuhal Demir a déclaré en ‘‘avoir soupé des syndicats’’ et a saisi l’occasion pour demander de ‘‘repréciser le droit de grève dans la loi’’ et… de soumettre les syndicats à ‘‘la responsabilité juridique’’! Cette revendication n’était défendue que par l’extrême droite par le passé, avec l’idée de briser les syndicats en les rendant juridiquement responsables des actes de chacun de leurs affiliés et en les obligeants à dévoiler leurs comptes et plus précisément les montants de leurs caisses de grève. Philippe Godfroid, président de l’Union des classes moyennes (UCM) a abondé dans le même sens.
Ce blocage spontané s’explique car ‘‘les travailleurs sont exaspérés parce qu’ils ne sont pas entendus, ni par le gouvernement ni par le patronat’’, a déclaré Marc Goblet, le secrétaire général de la FGTB. C’est vrai. Mais bon nombre sont aussi exaspérés par le temps qui a été perdu après la grève générale nationale du 15 décembre. Nous avions l’occasion de faire chuter ce gouvernement des riches et l’occasion a été gâchée. Encore aujourd’hui, rien de précis n’émerge quant à la stratégie syndicale suivie pour balayer l’austérité. Si la colère justifiée des travailleurs ne peut s’exprimer dans un plan d’action sérieux et crescendo, avec des objectifs clairs, jusqu’à la chute du gouvernement, alors celle-ci s’exprimera autrement. A partir de maintenant, il ne faut pas faiblir face à l’offensive de la droite sur l’opinion publique, mais au contraire serrer les rangs et riposter de manière organisée et sérieuse.
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Grève du 24/06: Quelques questions posées aux grévistes à Bruxelles
Ce vendredi 24/06 une grève générale s’est déroulée en Belgique à l’appel de la FGTB, rejointe par quelques centrales francophones de la CSC. Plusieurs camarades du PSL son intervenus sur les différents piquets de grève en y faisant une interview composée de quatre questions auprès des travailleurs.
1) Cette grève fait partie d’un plan d’action plus large avec des manifestations, des réunions du personnel et d’autres grèves. Que signifie cette grève, cette lutte, pour vous, sur cette entreprise ?
Pour Majiid, délégué CGSP à l’Atelier TGV de Forest, c’est toute la politique antisociale du gouvernement qui doit être visée. La flexibilité joue énormément à l’atelier. Le TGV roule jusqu’à 300 km à l’heure. On ne peut s’imaginer un accident à cette vitesse. Comme une voiture, les rames du TGV ont besoin d’entretien, mais l’enjeu est plus important encore. Les amortisseurs par exemple ne sont plus fiables après 3 ans. Beaucoup de pannes sont détectées en connectant l’ordinateur, d’autres sont exclusivement mécaniques. Aujourd’hui, le client met énormément de pression pour que les rames soient disponibles le plus vite possible. A ce rythme-là, impossible de garantir que des accidents ne se produiront pas d’ici les prochaines 5 années. Soyez-en certain, personne ne veut cela.

Photo : metallos.be (site des métallos Wallonie-Bruxelles de la FGTB) Pour Didier, travailleur de super transport, le mouvement a besoin d’un nouveau souffle pour rebondir et d’un meilleur dialogue entre les directions syndicales et la base des travailleurs ainsi qu’entre les travailleurs et les usagers.
Pour Philippe, travailleur à Audi Forest, c’est avant tout une lutte pour de meilleures conditions de travail avec par exemple comme revendication la réduction collective du temps de travail sans perte de salaire pour avoir une meilleur qualité de vie et pouvoir accorder plus de temps à sa famille ou à soi-même.
Chez AutoVision, Amine nous donne une même vision de ce que représente la lutte à ses yeux et au sein de l’entreprise dans laquelle il travaille : pour une alternative politique et surtout pour une alternative sociale. Sur ce dernier piquet, nous avons même reçu un tract des travailleurs qui mettait en avant leurs propres revendications (plus de sécurité sociale, retour à la pension à 65 ans , fiscalité équitable et diminution collective du temps de travail).
2) Le gouvernement a déjà dit que, cet été, il annoncerait de nouvelles mesures d’austérité, pour environ 3 milliards d’euros. Pensez-vous que ce gouvernement est préparé à faire des concessions fondamentales ? Si non, pensez-vous que nous sommes capables de le faire tomber et de quoi avons-nous besoin pour cela ? Par exemple : la grande manifestation du 29 septembre et la grève du 7 octobre doivent-elles être le début d’un mouvement de grèves jusqu’à la chute du gouvernement ?
Majid rappelle que la veille de la grève, Olivier Chastel avait déclaré que cette dernière n’aurait aucun effet sur le gouvernement. Il pense donc qu’il faut des actions plus fortes, tous ensemble, comme lors des manifestations du 6 novembre 2014 et du 24 mai 2016. Il pense aussi que le 29 septembre et le 7 octobre, la CSC sera solidement présente elle aussi.
Pour Didier , aucune concession n’est possible avec ce gouvernement, qui n’est pas capable d’appliquer une politique juste et correcte. Il nous dit aussi que, pour lui, il est tout à fait possible de faire tomber le gouvernement , que cela a déjà été fait dans d’autres pays et que c’est aussi possible si les syndicats et militants se mobilisent encore plus et motivent leurs collègues ou/et proches.
Pour Philipe non plus, ce gouvernement ne fera aucune concession et, pour lui aussi, le travail de mobilisation est plus qu’important. Mais il développe aussi un point sur le fait que c’est aux grands patrons super-riches qu’il faut s’en prendre pour les obliger à redistribuer les richesses équitablement.
Pour Amine , tout dépend du rapport de force. S’il est assez fort, le gouvernement n’aura pas d’autre choix que de faire marche arrière. Ici, Amine nous dit que nous avons besoin de nous inspirer de ce qui a déjà pris place, en nous citant les révoltes du Maghreb , les Indignés d’Espagne et, plus récemment, le mouvement en France pour utiliser le mouvement de masse comme base de la lutte.
3) Nous pensons qu’il y a une grande base potentielle pour porter ces actions du 29 septembre et du 7 octobre s’il y a une bonne manifestation et une bonne mobilisation. Comment se déroulent la mobilisation, la discussion et l’organisation du plan d’action sur votre lieu de travail ? Avez-vous eu des réunions du personnel ? Cela pourrait-il être un moyen pour mobiliser encore plus vers septembre ?
Majid a déjà commencé à parler du 29 septembre et du 7 octobre. Lors des 8 jours de grève chez les cheminots, les assemblées du personnel étaient quotidiennes. Aujourd’hui, la présence au piquet est un peu moindre puisqu’il fallait bien permettre aux grévistes de souffler en mettant un petit pas en arrière. Pourtant, beaucoup sont restés chez eux, à peine 3% des cheminots sont au boulot à Bruxelles.
Dans l’entreprise ou travail Didier, l’information circule bien et les délégués syndicaux et militants font bien leur travail. La plupart du temps, une bonne partie du personnel est tenue au courant des différentes grèves et manifestations. Didier pense donc que , comme d’habitude , la mobilisation sera faite pour la manifestation du 29 septembre et la grève du 7 octobre.
Philippe nous dit que des assemblées et des distribution de tract sont effectuées hors des heure de travail pour mobiliser le personnel. Il nous dit aussi qu’il faut qu’un travail fort soit fait par les syndicats, vert comme rouge, pour organiser de meilleures actions.
Chez AutoVision, les délégués syndicaux suivent généralement la centrale, tout en gardant une certaine indépendance interne sur le contenu de leurs tracts.
Les travailleurs d’AutoVision et d’Audi font également des assemblées du personnel une fois par an, et , plusieurs fois dans l’année chez AutoVision.
4) La question qui revient le plus, c’est de savoir quelle alternative existe si on fait tomber le gouvernement. N’a-t-on pas besoin aussi, du côté syndical, d’une arme politique dans les mains de la classe des travailleurs ? D’un parti de lutte qui pourrait être une plateforme pour les différentes tendance au sein du mouvement ouvrier, ouvert aux nouveaux mouvements sociaux, au PTB et à d’autre force de gauche radicale, y compris le PSL ?
Pour Didier, il serait bien que le syndicalisme revienne à une tradition plus révolutionnaire et d’avoir une « fédération » des travailleurs pour impliquer le plus de personnes possible dans la politique.
Phillippe, lui, nous dit qu’il serait important d’avoir un front de gauche qui défend et représente les travailleurs car il ne sera pas évident de faire tomber ce gouvernement qui s’en prend sans cesse aux travailleurs sans une solidarité et une union des différentes forces déjà présentes.
Il nous faut un gouvernement de transition, nous dit Amine, avec les syndicats et les forces de gauche et mouvement sociaux pour préparer un nouveaux gouvernement.
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[PHOTOS] Grève du 24/06: tournée des piquets à Liège
Quelques photos (de Julie, Cathy et Simon) de la tournée des piquets de grève en région liégeoise à l’occasion de la grève nationale appelée par la FGTB dans le cadre du nouveau plan d’action syndical contre le gouvernement Michel.
Après la grève du 24 mai, comment poursuivre la construction du plan d’action vers la manifestation du 29/09 et la grève générale nationale du 07/10 ? Quelles leçons tirer des forces et faiblesses du plan d’action de 2014 et des débuts de ce nouveau plan d’action syndical ? Quelle place accorder aux Assemblées Générales du personnel dans la lutte ? Comment construire le soutien autour du noyau des syndicalistes les plus combattifs ?
Venez en discuter ce mercredi 29 juin, 18h30 au Centre culturel “Le Zénith” (15, Rue Jean d’Outremeuse 4000 Liège), avec des militants syndicaux de la FGTB et de la CSC et notamment GUSTAVE DACHE lors de notre café syndical “Comment renverser ce gouvernement de malheur ?”
Gustave est un vétéran du mouvement ouvrier à Charleroi. Métallo durant des années, il a été délégué à Caterpillar et à Citroën et a également très activement participé à la grande grève générale de l’hiver 1960-61. Il est l’auteur des livres “La grève générale insurrectionnelle et révolutionnaire de l’hiver 1960/61” et de ‘‘Témoignage pour un syndicalisme de combat anticapitaliste et démocratique’’ publiés par les éditions Marxisme.be.
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Attaque politique contre le droit de grève au port d'Anvers
Les autorités de la ville recourent aux forces armées du patronat
Au port d’Anvers, le droit démocratique de mener une action collective qui, selon la législation européenne, permet également la tenue de piquets de grève et inclut même les barrages routiers, a été violemment attaqué par la police en cette journée de grève nationale à l’appel de la FGTB. Les grands moyens ont été utilisés: différentes équipes de robocops, canons à eau et autres matériels peu communs. Dans quel objectif ? briser le droit de grève.
Rapport et photos de Geert Cool
Le conseil communal de droite et le gouvernement fédéral du même acabit veulent s’en prendre depuis déjà longtemps au droit de grève. Bart De Wever & Co n’ont pas pu supporter que la zone portuaire d’Anvers soit à nouveau bloquée par une action de grève, de façon responsable et organisée par un personnel formé pour assurer la sécurité dans cette zone industrielle. La grève nationale de la FGTB de ce 24 juin a donc été l’occasion de briser ce blocage par la répression. C’est effectivement ce qui a été fait. C’est aux syndicalistes de veiller à ce que cela soit éviter aux actions suivantes par une bonne évaluation de la situation.
Les quatre piquets organisés par la Centrale Générale dans la zone portuaire ont été brisés, un par un, par une force de police impressionnante. L’intervention était soigneusement préparée. Qui a donné les ordres pour sa préparation et son exécution? Qui assume la responsabilité politique de cette violation du droit à l’action collective? Le président de la FGTB-Anvers, Bruno Verlaeckt, a même été arrêté et détenu pendant quatre heures. Un pays où un dirigeant syndical en lutte contre la politique du gouvernement est arrêté par ordre de ce même gouvernement fait davantage penser à une dictature qu’à une démocratie. Ce gouvernement ne laisse non seulement pas de place à la concertation, il veut aussi décider de la manière dont la résistance sociale devrait se pencher sur sa politique: tranquillement et dans des endroits où personne ne le remarque. Dans une cellule de police par exemple.La droit de grève repose sur l’installation de piquets de grève. Même la mise en place de barrages routiers fait partie du droit à l’action collective. Le port d’Anvers connait depuis déjà des décennies des piquets de grève aux quatre points d’accès à la Scheldenlaan (l’avenue centrale). Ce 24 juin, les choses n’étaient pas différentes. La décision de les briser est une décision politique qui vise directement le droit de grève de tous les travailleurs. Cela n’a rien à voir avec la fluidité du trafic : tout était beaucoup plus calme avant l’intervention de la police. Les grévistes s’étaient assurés que tous ceux qui se trouvaient dans le port pouvaient le quitter, les files ne prenaient pas beaucoup de temps. L’intervention policière a duré longtemps, entrainant de longs embouteillages. Rien à voir avec le trafic donc. Mais tout avec une attaque contre le droit de grève.
Il faut riposter. Après l’été, de nouvelles grèves et manifestations suivront. Utilisons l’été pour soigneusement préparer nos actions et considérablement augmenter la mobilisation tout en réfléchissant à la meilleure manière de bloquer la zone portuaire toute entière sans être relativement facilement repoussés par la police comme ce fut le cas aujourd’hui. Quatre piquets avec une cinquantaine de syndicalistes chacun peuvent être vite dispersés. Mais des dizaines de piquets de grève similaires? Notre arme principale est notre nombre. Mobilisons la de manière optimale.
C’est sur base de la mobilisation et de l’organisation que nous avons arrachés nos droits démocratiques actuels, nous allons les défendre de la même façon contre les forces armées des patrons et ceux qui décident de les utiliser.
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Grève du 19 octobre : une réussite à Verviers également
Ce lundi, la FGTB de Verviers et de la communauté germanophone a pu se réjouir du succès de la grève tournante dans la région verviétoise : transports publics à l’arrêt, entreprises et services publics bloqués, les piquets sont effectivement assurés. N’en déplaise aux médias et commentateurs traditionnels, c’est bien dans les récits de parcours professionnels que la « violence » a trouvé sa plus pure expression. De ces histoires, c’est probablement le soi-disant « blocage » à toute alternative qui cause le plus de souffrance. La « prise d’otage », c’est celle que le patronat opère envers ses salariés en enfonçant ceux-ci dans des conditions de travail de plus en plus déplorables. Avec un contrat précaire sur la tempe, il affaiblit toute résistance.Par Sébastien (Liège)
De la gare au zoning industriel des Plenesses, du centre au complexe commercial « Crescend’eau », une équipe du PSL et des Etudiants de Gauche Actifs (EGA, branche étudiante du PSL) a parcouru les piquets de grève. En plus de se montrer solidaire des travailleurs en grève, notre équipe a souhaité discuté des conditions de travail en vigueur dans les différents secteurs rencontrés. Surtout, nous avons voulu débattre du chemin parcouru depuis le succès du plan d’action syndical de l’automne 2014, de ses forces et ses faiblesses, et du chemin qu’il conviendrait de prendre à présent. A cet effet, qu’ils viennent de Bpost à Thimister-Clermont, de l’enseignement à Spa, du service chômage de Verviers, de la CSC ou de la FGTB, les enseignements que tirent les militants syndicaux sont lourds de sens.
La promotion d’une génération émergente de délégués syndicaux combatifs
Après autant d’années de combat, certains délégués syndicaux avouent eux-mêmes ressentir une forme de fatalisme ou de lassitude. A cet égard, certains se souviennent des années ’90 qui fut une période difficile pour tous militants de gauche. C’est d’ailleurs suite à ce constat qu’une militante de la CGSP et deux délégués syndicaux présents au piquet de Crescend’eau se sont réjouis de noter qu’une relève combative semblait prendre place. Il suffit de discuter avec Jérôme, qui travaille depuis maintenant sept ans chez Bpost, pour s’en convaincre. Celui-ci a décidé de se présenter comme délégué syndical il y a maintenant… un an. Oui, en automne 2014. L’historique plan d’action syndical qui se déroulait à ce moment semble avoir eu un effet loin d’être négligeable : la formation d’une nouvelle génération de travailleurs à la lutte syndicale, à la préparation et la tenue de piquets de grève. Cette tradition, loin d’avoir été abandonnée dans les méandres du XXème siècle, fut renouvelée à travers des forces prêtes non seulement à combattre ce gouvernement, mais également à croire en une alternative excluant toutes forces politiques ayant trempé dans l’application de l’austérité.
Toutefois, les critiques portent aussi sur les directions syndicales. En effet, la rancœur des militants provoquée par le silence de leur direction au lendemain de la grande grève générale est toujours vive. Jérôme n’hésite pas à avancer que « la direction est clairement un frein au mouvement entrepris par la base ». Daniel, délégué syndical CSC également à Bpost, confirme : « pour nous, une journée de grève dans le vent, c’est une perte de salaire mais, pour eux [la direction, ndlr.], cela justifie leur salaire et les conforte le cul dans le beurre ».
Dès lors, les élections sociales constitueront une période charnière. Celles-ci pourraient profiler et donner des responsabilités à ces nouvelles forces vives qui ont notamment gagné leur légitimité sur base de leur activité durant le plan d’action syndical. Nous l’exprimions en conclusion de notre tract distribué ce jour aux grévistes : « une chose est claire, les militants de base et les délégués doivent d’urgence mettre de l’ordre dans leurs rangs et assurer que les militants élus aux élections sociales soient des militants combatifs pour qui le travailleur constitue la préoccupation centrale, et qui osent le dire tel quel à leur secrétaire syndical. ».
Assemblées générales : «un véritable espace démocratique pour le débat d’idées et la prise de décision»
Malgré les difficultés du aux horaires de travail, les délégués et militants présents sur le piquet de Bpost ont souligné la nécessité d’organiser des assemblées générales. Malheureusement, la charge de travail, les pauses et le rythme effréné qui y sont en vigueur rendent difficiles leur organisation. Certains militants pensent néanmoins que leur syndicat devrait mettre davantage de pression pour créer ces espaces de discussions et d’organisation. Ils déplorent que leur dernière assemblée générale date d’avant le plan d’action de 2014 et qu’il n’y en aura qu’une la semaine prochaine, « peut-être ». Au-delà de leur manque criant, Jérôme ajoute que celles-ci doivent être un véritable espace pour le débat d’idées avec une consultation effective des travailleurs.
Il était assez illustratif que sur un des piquets du complexe commercial, une militante syndicale de la CGSP se soit montrée particulièrement enthousiaste à cette idée. Pour elle, il est clair que Facebook et autres réseaux sociaux ne doivent être qu’un complément à de réelles rencontres interprofessionnelles qui permettent de se rencontrer entre travailleurs et militants, nouer des liens, faciliter l’organisation des luttes et donner la parole à tous : « c’est tout simplement mon rêve », conclut-elle.
Comme nous l’avons expliqué dans notre tract, nous pensons effectivement que le plan d’action syndical fut un véritable succès. En accord avec ce qui a été précédemment dit, nous ajoutons que celui-ci aurait pu être décuplé en mobilisant les travailleurs au sein « d’assemblées générales, interprofessionnelles ainsi que sur les lieux de travail, ouvertes à tous pour y discuter du constat de l’échec de la concertation et de l’élaboration d’un plan d’action à la base pour réunir nos forces ». Cela permettrait de mobiliser concrètement au-delà des permanents, délégués syndicaux et militants combatifs habitués à descendre dans la rue et dresser un piquet lorsque c’est nécessaire.
« Il faut rompre avec les partis traditionnels. Mais, alors, qu’est-ce qu’on propose à la place ? »
Michaël, un des responsables du service chômage FGTB, rappelle que l’année 2008 lui a vraiment permis de voir les limites du système capitaliste. Les responsables de son service et lui-même l’ont concrètement constaté en 2009, suite à la hausse fulgurante des chômeurs (où il était par ailleurs constaté que les cohabitant(e)s, majoritairement des femmes, se retrouvaient financièrement dépendantes de leur conjoint et 80% des ménages monoparentaux étaient composés de femmes qui vivaient alors sous le seuil de pauvreté). « Aucune leçon n’a été tirée de la crise » déclare-t-il. Cela dit, à travers la paupérisation de la population qu’ils constatent au quotidien, ils sentent que le système actuel touche à sa fin. Michaël et ses collègues expliquent être eux-mêmes débordés par l’administration qui se complexifie au point de finir par s’y perdre. Imaginez alors ce qu’il en est pour les bénéficiaires ! D’après eux, le système actuel est un « système d’exclusion » : femmes, chômeurs, réfugiés ; tous forment une « armée de réserve » utilisée par le patronat pour diviser et faire pression sur nos droits et nos salaires.Très souvent, la question a porté sur le précédent plan d’action syndical et sa faramineuse retombée. La stratégie de la concertation sociale à un tel stade de la lutte a semblé inconcevable à beaucoup de militants. Pour Jean-Marc (travailleur à Bpost), le 15 décembre 2014, « nous étions à deux doigts de faire tomber ce gouvernement, mais les directions syndicales se sont dégonflées : je me suis senti trahi ». Jérôme précise que « les directions instrumentalisent le manque de solution comme prétexte pour ne rien faire ». Je ne veux ni du MR, ni du PS. Je recherche une alternative à gauche ». Daniel, permanent syndical FGTB à Bpost, explique également qu’il faut rompre avec les partis traditionnels, mais se questionne sur l’alternative à proposer.
Suivant ce même constat, à Crescend’eau, les grévistes se montrent clairs : on est à la recherche « d’un vrai gouvernement de gauche » ou « d’une nouvelle gauche ». De son côté, Guy (un autre responsable du service chômage) explique qu’après 25 ans au pouvoir, le PS a complètement oublié ses origines et ne partage plus les mêmes intérêts que la population. On ne peut dès lors plus compter sur lui. A travers notre participation aux piquets, aux discussions engagées et à la distribution de notre matériel, nous voulons contribuer à ce débat. Nous pensons que l’organisation d’assemblées générales telles que discutées ci-dessus constitue un premier pas pour réfléchir démocratiquement à une telle alternative.
Finalement, ce qui est flagrant, c’est la volonté de combattre qui existe bel et bien toujours. La manifestation du 7 octobre nous l’a encore prouvé. Ce qui est indiqué dans le tract distribué a été discuté et rediscuté aujourd’hui encore et cela représente un avertissement clair : « il faut que les directions syndicales prennent la lutte véritablement au sérieux et commencent à la structurer de façon convenable. Sinon, nous risquons de foncer droit dans le mur et de subir des défaites majeures. Nous espérons ne pas alors entendre dire ‘ce n’est pas de notre faute, c’est la base qui n’a pas voulu suivre’. »



