Category: Enseignement

  • “Je suis enseignant et j’en saigne’’ L’état de l’enseignement en dit beaucoup sur celui de la société…

    En mai dernier, les travailleurs de l’enseignement étaient plus de 12.000 dans les rues de Liège, soit plus d’un enseignant sur 10, et la moitié du corps enseignant francophone était en grève… pour la première fois depuis 1996 ! Il faut dire que les raisons d’être en colère ne manquent pas.

    Par une correspondante, article tiré de l’édition de juin de Lutte Socialiste

    Des conditions de travail déplorables

    La goutte d’eau qui a fait déborder le vase, ce sont les attaques contre la DPPR (disponibilité précédant la pension de retraite) visant à la faire passer de 55 ans à 58 ans (au passage, le gouvernement de la communauté française économiserait 60 millions d’euros par an). Pour les travailleurs, c’en est trop.

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    Depuis l’écriture de cet article pour notre édition de juin, un accord a été signé entre le gouvernement de la Communauté française et les directions syndicales. Ce dernier ne comporte que de très légers changement aux proposition précédemment rejetées et qui avait mis en grève un prof sur deux.

    Ce projet d’accord doit être refusé et la lutte doit se poursuivre pour un refinancement public massif de l’enseignement.

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    Beaucoup estiment que les politiciens traditionnels ont été incapables de valoriser le métier et d’accorder de meilleures conditions de travail, et que la moindre des choses est au moins de les laisser partir quand ils ne se jugent plus assez motivés. Une enseignante nous explique ainsi : ‘‘on peut doubler mon salaire, ça ne changera rien, je ne tiendrai quand même pas le coup jusque 58 ans.’’

    C’est que les profs doivent faire face à des classes surpeuplées, du matériel inadéquat, une infrastructure régulièrement déplorable, une grosse charge de travail (avec les devoirs, les préparations, les voyage scolaires, les réunions de parents, les activités extrascolaires, etc.), le changement constant des programmes,… pour un tout petit salaire. Bref, les moyens qui manquent à l’enseignement le font plus ressembler à un système de garderie qu’à un système éducatif. Le ras-le-bol est général, il est impossible de faire son boulot comme il le faudrait, sans parler du manque de considération de la profession. Dans ces conditions, il est logique d’avoir des difficultés pour trouver la relève… et de la garder ! En Communauté française, en moyenne, deux jeunes profs sur cinq abandonnent l’école après cinq ans, faute de tenir le coup. Du coup, beaucoup de profs ne sont pas remplacés quand ils sont malades à cause de la pénurie et certains élèves restent des semaines, voire des mois, sans un de leur professeur et, donc, sans cours.

    Un manque de moyens scandaleux

    Les mesures d’austérité depuis les années ‘80 ainsi que la loi de financement des communautés ont imposé, dans toutes les communautés, une diminution des moyens dévolus à l’enseignement. En 1980, plus de 7% du Produit Intérieur Brut (PIB) étaient encore consacrés à l’enseignement. Aujourd’hui, il s’agit de moins de 5,5%, soit une économie de quelques 6 milliards d’euros par an…

    Toutes les mesures qui se sont abattues sur l’enseignement ont tenté d’éluder ce problème, ou de trouver l’argent par un tour de passe-passe, à l’instar du fameux décret Robin des bois, prévoyant de diminuer de 8 millions d’euros les subsides des 60% des écoles les plus ‘’riches’’ pour les donner aux 25% des écoles les plus pauvres. Comme si, après tant d’années d’attaques budgétaires sur les services publics (dont l’enseignement), il restait encore quelque chose de “trop” dans les caisses… La coalition Olivier se déchire aujourd’hui au sujet de l’avenir de ce décret (qui se décidera fin juin), après l’avoir pourtant tous approuvé, mais cela cache mal le manque de volonté des partis traditionnels d’aller chercher l’argent là ou il est. Surtout, cela cache mal leur malaise après la réussite de la grève des profs du 5 mai et après la manifestation des directeurs de l’enseignement libre en avril (est-ce un hasard si c’est le CDh qui a voulu lâcher la mesure ?)

    Allons chercher l’argent là où il est !

    Absence de moyens ? Manque de marge pour les enseignants ? Le gouvernement n’a eu aucun problème à débourser 22 milliards d’euros pour les grands actionnaires des banques (en plus de 79 milliards d’euros de garanties). Lors de la manifestation du 5 mai dernier, une banderole faisait d’ailleurs très justement le parallèle à ce sujet : “20 milliards pour les banques en un WE, 20 d’austérité dans l’enseignement”. Le gouvernement a aussi donné près de 9 milliards d’€ de diminution de charge aux grands patrons en 2010 et les grosses entreprises payent extrêmement peu d’impôts en Belgique. Les intérêts notionnels sont revenus à 5,7 milliards d’euros en 2009 et la fraude fiscale est estimée entre 16 et 20 milliards d’euros pour 2009. C’est loin d’être la crise pour tout le monde ! Les moyens existent dans ce pays, et ils doivent être recherchés pour refinancer publiquement l’enseignement, au nord comme au sud du pays. Revenir aux 7% du PIB serait un bon premier pas. Mais pour cela, nous devrons lutter et ne pas nous laisser endormir par les beaux discours. En 1990, le mouvement avait débuté avant les vacances, mais la ‘‘pause’’ avait été utilisée pour poursuivre les discussions. A la rentrée, la lutte avait repris de plus belle. C’est cela qu’il nous faut maintenant préparer, les semaines à venir doivent servir à une large discussion démocratique pour un plan d’action offensif. La mobilisation et la participation à la journée de grève du 5 mai illustre on ne peut plus nettement que la volonté de lutter est bel et bien présente !

    Il nous faudra toutefois également poser la question d’un prolongement politique pour nos luttes. Nous ne devons rien attendre des partis traditionnels, comme le PS et le CDh l’ont déjà démontré à de nombreuses reprises dans l’enseignement. Contre ces partis de l’establishment, nous devons commencer à discuter dès aujourd’hui des pas à poser en vue de la création d’un nouveau parti des travailleurs, avec et autour de la base syndicale.

  • [PHOTOS] Rassemblement d’enseignants à Liège

    Aujourd’hui matin, entre 7h30 et 8h30, un rassemblement de profs en front commun syndical a eu lieu à Liège, boulevard d’Avroy, devant la statue de Charlemagne. Plus d’une centaine d’enseignants étaient présents. Dans les discussions que nous avons pu avoir avec les travailleurs, on sentait une grande impatience d’actions de plus grandes ampleurs, à la rentrée, dans la lignée de la journée de grève du 5 mai dernier, où la manifestation avait attiré plus de 5.000 personnes à Liège.

    Par Mandy

  • Rassemblement des enseignants en front commun à Bruxelles

    Ils étaient environ 150 en début d’après midi à manifester en cortège de la place de la Liberté à la rue de l’Enseignement. Tout un symbole… Après le 5 mai dernier, où plus de 12.000 travailleurs de l’enseignement avaient manifesté à Liège (une grève qui était une première depuis 1996), le rassemblement d’aujourd’hui voulait ”maintenir la pression sur le pouvoir politique”.

    Le Front Commun bruxellois de l’enseignement (CGSP-enseignement, SETCa-SEL et CSC-enseignement) défendait particulièrement les fins de carrière (DPPR) contre les proposition du gouvernement de la communauté française (qui veut augmenter l’âge d’accès à la prépension de 55 à 58 ans, soit une économie de 60 millions d’euros par an), le soutien aux jeunes enseignants, l’encadrement des élèves avec assez d’auxiliaires d’éducation et de puéricultrices, la réduction d’élèves par classe et une revalorisation salariale.

    C’est certain, les raisons de la colère sont multiples. A côté de cette fameuse attaque sur la possibilité de DPPR, de façon plus globale, l’enseignement souffre d’un manque de moyen chronique aux tristes conséquences : manque d’écoles, classes surpeuplées, manque de personnel, bâtiments scolaires délabrés et multiplication des préfabriqués,… Quant à la qualité de l’enseignement dans de telles conditions ; les études PISA démontrent chaque année que l’enseignement en Belgique est le plus inégalitaire de l’OCDE. De plus, la durée de carrière moyenne des nouveaux enseignants est d’à peine 5 ans. Ces chiffres démontrent à quel point la profession est aujourd’hui peu valorisée et à quel point le secteur manque cruellement de financement.

    Depuis 1980, le budget de l’enseignement se réduit comme une peau de chagrin. En 1980, le gouvernement consacrait encore plus de 7% du PIB à l’enseignement, aujourd’hui il s’agit de moins de 5,5%. Cela équivaut à quelque 6 milliards d’euros d’économies par ans…

    Toutes les mesures qui se sont abattues dans l’enseignement ont tenté d’éluder ce problème, ou de trouver l’argent par un tour de passe-passe comme celui du décret Robin des bois prévoyant de diminuer de 8 millions d’euros les subsides des 60% des écoles les plus ‘’riches’’ pour les donner aux 25% des écoles les plus pauvres. Comme si, après tant d’années d’attaques budgétaires sur les services publics (dont l’enseignement), il restait encore quelque chose de “trop” dans les caisses… La coalition Olivier (PS-CDh-Ecolo) se déchire aujourd’hui au sujet de l’avenir de ce décret après l’avoir tous approuvé et surtout après le succès de la mobilisation du 5 mai, mais cela ne cache pas leur manque de volonté d’aller chercher l’argent là ou il est.

    Le gouvernement n’a eu aucun problème à débourser 22 milliards d’euros pour les grands actionnaires des banques (en plus de 79 milliards d’euros de garanties). Lors de la manifestation du 5 mai dernier, une banderole faisait d’ailleurs très justement le parallèle à ce sujet (“20 milliards pour les banques en un WE, 20 d’austérité dans l’enseignement”). Le gouvernement a aussi donné près de 9 milliards d’€ de diminution de charge aux grands patrons en 2010 et les grosses entreprises payent extrêmement peu d’impôts en Belgique. Les intérets notionnels sont revenus à 5,7 milliards d’euros en 2009 et la fraude fiscale est estimée entre 16 et 20 milliards d’euros pour 2009. C’est loin d’être la crise pour tout le monde ! Les moyens existent dans ce pays, et ils doivent être recherché pour refinancer publiquement l’enseignement, au nord comme au sud du pays.

    Revenir au 7% du PIB serait un bon premier pas. Mais pour cela, nous devrons lutter et ne pas nous laisser endormir par les beaux discours. En 1990, le mouvement avait débuté avant les vacances, mais la ‘‘pause’’ avait été utilisée pour poursuivre les discussions. A la rentrée, la lutte avait repris de plus belle. C’est cela qu’il nous faut maintenant préparer, les semaines à venir doivent servir à une large discussion démocratique pour un plan d’action offensif. La mobilisation et la participation à la journée de grève du 5 mai illustre on ne peut plus nettement que la volonté de lutter est présente!

    Il nous faudra aussi poser la question d’un prolongement politique pour nos luttes. Nous ne devons rien attendre des partis traditionnels. Contre ces partis de l’establishment, ces partis qui préfèrent caresser les spéculateurs dans le sens du poil plutôt que de défendre les intérêts de tous les travailleurs, nous devons commencer à discuter de la création d’un nouveau parti des travailleurs, avec et autour de la base syndicale.

  • Grève dans l’enseignement : Stop au massacre de l’éducation !

    Ce 5 mai 2011, les enseignants francophones partent en grève après avoir effectué deux arrêts de travail les 30 novembre et 15 mars derniers. Les raisons de la colère enseignante sont multiples.

    Par une correspondante

    Tout d’abord, la ministre de l’enseignement a décidé de reculer de 3 ans la possibilité de DPPR (système de Disponibilités Précédant la Pension de Retraite). Ensuite, nous pointons du doigt le manque drastique de budget qui se réduit comme une peau de chagrin, et nous exigeons une revalorisation salariale.

    Nous nous opposons également à un autre plan de la ministre visant à réduire le budget de l’enseignement. Il s’agit du plan ‘‘Robin des bois’’, qui prévoit de réduire les subsides alloués à 60% des écoles (déjà pauvres), pour les attribuer à 25% d’autres encore plus pauvres.

    Enfin, la ministre, pour s’assurer d’avoir les voix lors de la table des négociations, s’est arrangée pour modifier la composition des négociateurs en y incluant les pouvoirs organisateurs des écoles.

    Les études PISA démontrent chaque année que l’enseignement en Belgique est le plus inégalitaire de l’OCDE. De plus, la durée de carrière moyenne des nouveaux enseignants est d’à peine 5 ans. Ces chiffres démontrent à quel point la profession est aujourd’hui peu valorisée et à quel point le secteur manque cruellement de financement. La grève du 5 mai ne peut se suffire en elle-même pour contrer le plan d’attaque de la ministre.

    Elle doit être le début d’un plan d’action pour non seulement arrêter la machine de destruction de l’enseignement, mais également pour exiger un refinancement public massif de ce secteur, à hauteur de 7 % du PIB comme c’était le cas dans les années ‘80.

  • [PHOTOS] Enseignement : Journée de grève et manifestation en front commun syndical

    Ce jeudi, plus de 12.000 travailleurs du personnel enseignant ont défilé dans les rues de Liège. Tous les réseaux et tous les niveaux étaient appelés à manifester, et tous ont bien répondu à l’appel! Ils revendiquaient des avancées en matière de salaire, de fin de carrière et de conditions de travail. Il faut maintenant maintenir la pression, et construire le mouvement avec un plan d’action offensif. La mobilisation d’aujourd’hui ne doit être qu’un premier pas!

    Le PSL était présent, avec également des étudiants du secondaire des Etudiants de Gauche Actifs. Nous avons pu compter sur un très bon écho à nos idées, et avons par exemple vendu 76 exemplaires de notre mensuel ”Lutte Socialiste”.

    Par Nico

  • Enseignement : inégalités sociales et violence… voilà le résultat de leur politique

    Alors que les politiciens traditionnels mettent ce thème en avant lors de chaque élections, le constat est sans appel pour les élèves : inégalités, échec scolaire massif et redoublement, violence (16 actes de violences par jours, dont 1 acte à caractère sexuel par jour dans nos écoles),… et sans appel pour le personnel : réduction du personnel, attaque contre les acquis sociaux, délabrement des écoles, difficulté d’exercer son métier par manque de cohérence des programmes,… Un petit état des lieux des maux qui touchent notre système éducatif.

    Par Alain (Namur)

    Le thème de l’enseignement est cher aux yeux de la classe des travailleurs. Les luttes menées pour l’instruction publique et pour la démocratisation de celle-ci ont l’été avec l’espoir que l’école permettrait l’ascension sociale et l’émancipation face à l’exploitation. Les politiques de coupes budgétaires menées ces dernières décennies nous montrent combien la lutte pour un enseignement de qualité accessible à tous, reste plus que jamais d’actualité.

    L’inégalité structurelle de l’enseignement

    Entre les buts et valeurs défendus par le décret-mission de 1997 qui cadre les objectifs généraux de l’enseignement en Communauté française et la réalité vécue par les élèves et le personnel, il n’y a pas seulement un monde de différence mais bien des galaxies…

    L’enseignement en communauté Française est l’un des plus inégalitaires au monde. Au test Pisa, la Belgique trône en tête de l’inégalité. Les données de cette étude ont été analysées par Nico Hirrt de l’APED (Appel pour une école démocratique). On y découvre sans surprise que selon l’origine socio-économique de l’élève les résultats aux tests sont plus ou moins bons. Notre système d’enseignement est celui pour lequel l’écart entre les élèves riches et pauvres est le plus grand.

    En Belgique, seuls 56% des élèves de 15 ans sont à l’heure. Le redoublement en Belgique est utilisé comme un outil de sélection sociale. En effet, la majorité des redoublants sont réorientés dans une autre filière. Quand on y regarde de plus près, on constate que pour les élèves du décile le plus pauvre, 65% sont en retard scolaire à 15 ans, contre 18% pour le décile le plus riche.

    Lorsque l’on parle de filière d’enseignement, là encore il faut voire que celle-ci sont socialement marquées. Ainsi, les élèves du décile le plus riche sont encore à 83% dans la filière générale alors que seulement 11% du décile le plus pauvre reste dans le général ! Ce qui conduit l’Aped à parler d’un enseignement de classe.

    La violence scolaire conséquence d’un système inégalitaire

    La violence en milieu scolaire est un thème que les médias aiment mettre en avant. Lorsqu’un prof ou un élève se fait agresser violemment, la presse en fait ses choux gras. Ce faisant, elle déforme la réalité. Les actes de violences commis contre les biens et les personnes et qui sont pénalement répréhensibles constituent plus l’exception que la norme. Par contre, les moqueries, les injures, l’exclusion sociale sont le plus souvent le lot quotidien des élèves, surtout des plus jeunes d’entre eux, et du personnel.

    D’où vient cette violence, plusieurs études ce sont penchées sur cette question et les conclusions de leurs recherches vont dans le même sens : encore une fois, l’inégalité sociale.

    Selon l’établissement que l’on fréquente et le public scolaire qui compose l’école, on est plus ou moins confronté aux problèmes de la violence. Les recherches indiquent que «parmi les effets liés à la composition des écoles, l’élément qui revient le plus souvent est le niveau moyen de retard des élèves. Plus la proportion de doubleur dans un établissement est élevée, plus l’équipe éducative rapporte une fréquence élevée d’atteinte contre les biens, d’atteintes physiques, d’incivilités et d’absentéisme. Peut-être des élèves disqualifiés par le système scolaire adhèrent’ ils moins facilement aux normes de celui-ci…’’

    Des effets se marquent aussi concernant la répartition des élèves par filière pour les atteintes contre les biens et les atteintes verbales contre l’équipe éducative. Les chercheurs constatent aussi que les équipes éducatives rapportent plus de problème lorsque la proportion d’élèves issus de l’immigration est plus importante. Ils mettent en avant l’hypothèse que les professeurs ne seraient pas suffisamment formés pour gérer la multi-culturalité. De plus ils pointent un possible écart entre le milieu social des enseignants et celui des élèves.

    La compétition et la mise en concurrence, ça ne marche pas en économie ni en éducation.

    Les chercheurs qui étudient les phénomènes de violence en milieu scolaire rapportent qu’on enregistre plus d’actes de violence lorsque les pratiques pédagogiques sont basées sur la concurrence et la compétition. Lorsque l’on met en avant des pratiques pédagogiques qui visent à la coopération et à la gestion collective, moins d’actes de violence sont rapportés.

    L’école comme produit de la société de classe

    Le système capitaliste est structurellement inégalitaire. Il n’est donc pas étonnant que l’école – qui est une institution du système – reflète l’inégalité que l’on constate dans le système de production. En tant que socialistes de lutte, nous ne pensons pas qu’on puisse créer une société égalitaire à partir de l’école uniquement. C’est pourquoi nous ne pensons pas que les mesures qui visent à instaurer l’égalité par décret peuvent changer la situation. Nous pensons que seule la lutte de classe menée par le personnel (enseignant et non-enseignant) et les élèves pour plus de moyens publics, liée à la lutte de l’ensemble des travailleurs et des jeunes pour une société où l’on produit en fonction des besoins sociaux, peut permettre de réellement s’attaquer aux maux qui rongent notre école.

    Le décret mixité constitue un exemple à ce sujet. Ces dernières années, les différents ministres qui se sont succédés à l’éducation en communauté française ont mis en avant des décrets visant à instaurer l’égalité dans les inscriptions pour le secondaire, peut-être animés de bonnes intentions, et souvent conseillés par des pédagogues progressistes de tendances idéaliste et soutenus par les syndicats (notamment la CGSP). Selon des sondages, 80% des directeurs liés à la CEGEC disent que ces décrets n’ont pas rencontré l’objectif affiché… Alors que l’inégalité trouve ses racines dans les bases matérielles de la société, décréter l’égalité et la mixité à l’école alors qu’elle fait défaut en termes de salaire, d’accès à l’emploi, de logement, de qualité de soins… est totalement illusoire. Cela a en plus crispé des fractions de la bourgeoisies et de la petite bourgeoisie qui voyaient d’un mauvais œil que l’on touche à leur plate-bande, mais aussi une partie des couches moyenne qui ont eu peur que ces mesures ne diminue la qualité d’enseignement de leurs école d’élites. L’ASBL-ELEVES qui regroupe des parents et des enseignants opposés à ce décret s’est d’ailleurs illustrée dans la presse par la voie d’une de ces porte- parole, psycho-pédagogue, qui disait qu’on ne rend pas compte du traumatisme pour un enfant blanc qui est dans une école de noirs ou d’un enfant noir dans une école de blancs… L’esprit de la ségrégation raciale n’est alors plus très loin dans le chef de cette asbl !

    La ministre est revenue à la charge en ce début d’année avec son décret Robin des bois qui consiste à prendre aux écoles dites ‘‘riches’’ des moyens pour les donner aux écoles dites ‘‘pauvres’’. En juin de l’année dernière, la mobilisation syndicale en période électorale avait forcé la ministre à mettre de côté ce plan. Nous disions alors au PSL que la victoire obtenue n’était que temporaire et fortement conjoncturelle. Sans mesure structurelle de refinancement, il était clair que ce genre de plan allait se représenter.

    Pour cette année, la communauté Française affiche un déficit de 600 millions d’euros. Au début de la législature régionale, pas mal de coupes dans différents services ont été mises en applications. Ici pour Robin des bois, suite au mécontentement syndical, la ministre qui voulait que le mécanisme se chiffre à 35 millions a redescendu la note à 7 millions de transferts. Cela ne sera absolument pas assez pour répondre aux besoins des écoles en difficulté, mais ce sera en tout bien assez pour diminuer la qualité de l’encadrement dans les écoles donneuses. Ainsi, à Champion (une école de Namur), le directeur se plaignait de devoir perdre des heures de remédiation qui permettaient aux élèves de revoir la matière en petit groupe. Nul doute que seuls alors les plus fortunés d’entre eux pourront se permettre d’aller prendre des cours particuliers… Même dans cette école dite ‘‘riche’’ et réputée de la province de Namur, dans le primaire, l’école demande des frais de garderie pour le temps de midi afin de payer la personne qui s’occupe des enfants. Les parents qui font un véritable effort pour scolariser leurs enfants dans une bonne école, malgré leurs moyens limités, seront donc les premiers touchés par le décret.

    Des reculs sociaux qui ne rencontrent aucune opposition résolue

    Avec la communautarisation de l’enseignement, les travailleurs du secteur ont perdu une bonne partie de leur force de frappe. Les luttes qui avant se déroulaient sur le plan national et contre le même ministre ont lieu au niveau communautaire à des rythmes différents.

    La coalition Olivier a mis tout son savoir faire pour faire aller la machine du progrès vers l’arrière en reculant de 3 ans la possibilité de DPPR, la ministre Simonet a osé s’attaquer à un acquis social important pour le secteur. En effet, la pénibilité du travail d’enseignant qui fait que en moyenne 1 enseignant sur 3 arrête la fonction après 5 ans leur avait permis de dételer plutôt. Sans améliorer les conditions dans lesquelles s’effectuent la profession, la ministre a repoussé l’âge qui était fixé à 55 ans jusqu’à 58. Elle a été aidée par une direction syndicale qui n’a pas un seul instant voulu s’opposer à cette mesure, préférant négocier des mois et des mois (de novembre à presque fin mars) sans jamais vouloir construire de rapport de force, avec seulement 2 heures d’arrêt de travail sur toute la période de négociation, et sans profiter de la colère générale dans tous les secteurs contre l’AIP pour demander plus de moyen public pour l’enseignement.

    La direction syndicale a demandé un os à ronger, pour pouvoir dire à sa base que l’accord n’était finalement pas si mauvais… La ministre Simonet a elle-même déclaré que les négociateurs syndicaux étaient très responsables au vu du fait qu’on repoussait de 3 ans le départ en prépension et que seules 2 heures d’arrêt de travail a été organisée… Au final, les profs auront 120 euros la première année et 60 euros l’année suivante ans comme augmentation de prime de fin d’année. Au vu de l’inflation, ce ne sera qu’un pis-aller…

    L’accord a cependant été très mal reçu de la base qui a rejeté l’accord en grande majorité et a appelé à des actions prévues ce 5 mai. Une direction de combat aurait profité de l’atmosphère de lutte qui montait durant le mois de mars pour ne pas effectuer des mouvements isolés, mais la stratégie de la cgsp a consisté à s’abstenir pour l’AIP et à ne pas mobiliser pour des actions, ce qui ne va sûrement pas être très payant. La ministre et le gouvernement sont résolus à faire passer l’accord. La Ministre s’est assurée avoir des voix avec elle en modifiant la composition des négociateurs (en y incluant les pouvoirs organisateurs des écoles). Le gouvernement de la communauté française se sentent donc l’autorité pour appliquer l’accord. De plus, en l’absence de rapport de force suffisant, la ministre pourra se targuer d’avoir fait des pseudos concessions aux requêtes syndicales en passant d’un accord d’une enveloppe de 10 millions à une enveloppe de 34 millions.

    Dans ce dossier aussi, le fédéralisme joue en défaveur des travailleurs, la ministre prétexte du fait que le passage de 55 à 58 ans de la DPPR a été fait en Flandre sans régime de transition. Elle joue ainsi habilement sur la différence du rythme de la lutte et le développement inégal du niveau de conscience de plus, elle omet de dire qu’en Flandre, les enseignants ont été revalorisés et gagnent mieux leur vie qu’en Communauté française.

    Avec les tensions actuelles dans le système économique, croire en une amélioration possible des conditions de vie des travailleurs et des jeunes sur base d’un redémarrage de l’activité économique est un doux rêve. L’Etat fédéral va sûrement transférer de nouvelles compétences aux entités fédérées sans les pourvoir de moyens, ce qui aura comme effet de régionaliser une partie de l’austérité… Dans cette situation, les prochains accords sectoriels dans l’enseignement seront de la même teneur, voire pire, que ce qui est sur la table aujourd’hui. La seule solution pour que l’école rencontre les aspirations des élèves et des travailleurs de ces secteurs, c’est que ceux-ci s’organisent et luttent pour forcer les politiciens à aller chercher l’argent.

    Mais même cet objectif atteint, les contradictions qui traversent la société capitaliste et qui sont engendrés par elle ne disparaîtront qu’avec la disparition du système lui-même. Si toi aussi tu as envie de te battre pour un enseignement où l’on ne nous apprends pas seulement la soumission aux normes en vigueur mais bien d’un enseignement qui permette une véritable éducation aux connaissances scientifiques, littéraires et artistique crées par la société, rejoins nous dans le combat pour une société socialiste.

  • Le personnel de l’enseignement communal anversois à quelques mauvaises notes à donner…

    Ce 23 mars, sur les 5.400 membres que comprend le personnel de l’enseignement communal à Anvers, pas moins de 1.300 personnes ont manifesté (selon les chiffres de la police). L’action était bien organisée et la présence particulièrement importante. Les réformes actuelles minent encore plus le statut du personnel, déjà surmené.

    Par un correspondant

    Le personnel veut tirer des oreilles

    L’an dernier, en mai, une action avait déjà eu lieu. L’échevin responsable Voorhamme (SP.a, un ancien secrétaire syndical) avait, avec le soutien de son parti et des ‘‘écologistes’’, instauré un management privé dans l’enseignement communal pour le refonder sur le modèle des entreprises.

    Le nouveau dirigeant Frank Noten avait alors déclaré: “Mon ambition est de faire de l’enseignement communal anversois LA référence en Flandre. Cela demande une professionnalisation de l’enseignement communal.” Cela s’est fait avec une structure faite de subdivisions supervisées par des managers.

    Malgré les promesses de ne pas toucher au statut du personnel, cela a bel et bien fini par arriver. Les propositions qui sont arrivées aux responsables syndicaux parlaient de donner des charges scolaires au personnel non-enseignant, de la possibilité d’employer le personnel les week-ends et durant cinq jours des vacances d’été, d’adaptations à l’évaluation du personnel,… De plus, la ville voulait en finir avec sa dotation à l’enseignement communal, qui représente aujourd’hui un bon 25% des moyens de cet enseignement. Et tout cela, bien entendu, en plus des réformes qui prennent déjà place dans l’enseignement flamand.

    Organiser la résistance

    Le personnel n’est pas resté assis les bras croisés et une campagne d’information a été menée vers tous le personnel concerné. Un réseau syndical des délégués, qui n’existait pas dans les petites écoles primaires, a été construit. La plupart des écoles ont connu des séances d’information, accompagnées d’interruptions de travail en de nombreux endroits. Un groupe facebook a aussi été lancé, avec rapidement 700 membres. Une argumentation particulièrement forte quant à son contenu a été élaborée pour réagir à toutes les attaques de la direction et de ses amis dans les médias. La Gazet van Antwerpen avait ainsi publié un éditorial particulièrement nauséabond sous le titre: “Iedereen moet flexibeler werken, dus ook het onderwijs” (‘‘tout le monde doit travailler de façon plus flexible, donc l’enseignement aussi’’). Avant la grève, tout le personnel avait encore reçu cet article de la part de la direction ! Elle espérait probablement que cela soit considéré autrement que comme un affront…

    La direction avait fixé une deadline pour le 16 mars, mais sans donner de nouvelles. Sur ce a été organisée l’assemblée syndicale la plus fournie depuis de très nombreuses années, et il a été voté quasi unanimement de partir en grève. Le syndicat est très clairement sorti renforcé de cette campagne et de la manifestation.

    Une manifestation combative

    Après la manifestation réussie du 23 mars, il faut réunir à nouveau le personnel et renforcer son organisation. Dans les plus grandes écoles secondaires, il est parfois plus difficile d’atteindre tout le monde, parce qu’il y a plus de personnel et que la direction (y compris la direction de l’école) a parfois plus facile à semer la division parmi le personnel. Pour aller à l’encontre de cela, les militants syndicaux peuvent maintenant se baser sur la réussite de cette manifestation.

    Si la direction ne retire pas les propositions en jeu, la lutte se poursuivra. Le mécontentement est grand et la résistance organisée ira en se renforçant.

  • Enseignement supérieur : Sous-investissement et manque de personnel

    “Les professeurs aussi doivent travailler plus durement”. Il ne manque pas de culot le ministre flamand de l’enseignement supérieur ! C’est en ces termes que Pascal Smet (SP.a) a réagi aux déclarations des recteurs des universités de Louvain (KUL) et de Gand (UG) concernant le manque de professeurs. A l’UG, si le nombre d’étudiants a grimpé de plus d’un tiers en dix ans, le personnel n’a augmenté que de 5%… Le recteur de l’UG dit avoir besoin de 20% de professeurs en plus, celui de la KUL réclame une augmentation de 10%.

    Par Jan Vlegels

    Faire plus avec moins

    Ces recteurs ont raison de parler du manque de professeurs mais, en réalité, la pénurie touche toutes les catégories de personnel, résultat du sous-financement chronique de l’enseignement supérieur. Depuis l’introduction du ‘‘financement par enveloppe’’ en 1991 (1994 pour les hautes écoles), chaque université reçoit une ‘‘enveloppe’’ annuelle comprenant les moyens avec lesquels elle doit s’en sortir. Une coupe budgétaire larvée a été appliquée par une sous-indexation conséquente de ces enveloppes.

    Ainsi le budget total – la somme de toutes les enveloppes – a, en termes réels, baissé de 10% au cours des 19 dernières années, tandis que le nombre d’étudiants a augmenté d’environ 50% (de 141.538 étudiants en 1993 à 207.954 en 2010), et on attend beaucoup plus sur le plan de la recherche.

    Il est donc plus que révoltant que le gouvernement flamand ait décidé fin 2009 de diminuer les allocations de fonctionnement pour les universités et les hautes écoles de 1,27% dès 2011, soit une restriction annuelle de 16 millions d’euros. A côté de cela, le ministre Lieten a diminué le budget pour les Sciences et l’Innovation de 3,4% en 2010 et la décision a été prise de ne pas payer la tranche de décembre 2010 du Fonds Spécial de Recherche (une partie de Sciences & Innovation), ce qui fait que l’université d’Anvers rate à nouveau 1 million d’euros.

    Le ministre tente de se sauver en se référant aux 20 millions d’euros qui ont été ajoutés aux enveloppes l’an dernier, sans toutefois mentionner que cette augmentation du budget ne sert qu’à compenser l’augmentation du nombre d’étudiants l’année passée. On entend aussi beaucoup parler des promesses à plus long terme faites par le précédent ministre, Vandenbroucke, promesses qui restent non tenues aujourd’hui encore.

    Le gouvernement organise la concurrence

    Une des conséquences des assainissements est que le nombre d’étudiants et de doctorants par professeur a fortement augmenté ces dernières années. Depuis 1995, le nombre d’étudiants a grimpé de 34,1% dans les universités et hautes écoles, alors que le personnel enseignant a baissé de 1,8%… Les universités comptent plus d’étudiants doctorants (Personnel Académique Spécial), mais ils sont occupés par la recherche au minimum 90% de leur temps. Dans les hautes écoles, la forte croissance du personnel enseignant temporaire est remarquable : 42,5% en plus depuis 1995, alors que le personnel enseignant a baissé de 24,3%.

    En 2008, sous le ministre Vandenbroucke, un nouveau décret de financement a été introduit, plaçant les universités en concurrence les unes avec les autres dans le but d’augmenter la productivité par chercheur et d’accorder moins d’argent au total. Désormais, la somme de l’enveloppe par université ne serait plus basée seulement sur les nombres d’étudiants, mais aussi sur les publications dans les revues scientifiques et les doctorats achevés. Conclusions : une lutte accrue entre institutions pour récupérer quelques miettes et une augmentation de la pression de travail.

    Des mauvaises conséquences pour la recherche et l’accompagnement

    Par le fait que de moins en moins de moyens publics vont vers l’enseignement supérieur, les universités sont de plus en plus dépendantes des fonds du secteur privé. A côté du fait que ces moyens sont sous la pression de la crise économique, il faut évidemment aussi se poser des questions quant à la garantie que la recherche financée par le privé puisse se faire en toute indépendance et que les universités ne se transforment pas en ‘‘centres d’étude’’ bons marchés pour le secteur privé. La qualité de la recherche scientifique est en danger. Le chercheur est évalué sur base du nombre d’articles publiés et de la mesure dont il/elle peut attirer des fonds. D’autres tâches fondamentales comme la discussion critique du travail de collègues, la formation de nouveaux chercheurs, les services à la société,… ne sont pas considérés et ne rapportent pas de subventions.

    Les universités et les hautes écoles n’ont pas été épargnées par les pertes d’emploi. Il ne s’agit pas directement de licenciements secs, mais plutôt du non remplacement après des départs, particulièrement dans le personnel administratif et technique pour qui la charge de travail devient insupportable. En plus, les assainissements s’effectuent sur tous les terrains possibles. Les prix des repas dans les restaurants étudiants d’Anvers ont augmenté ces trois dernières années de 28% pour les étudiants et de 58% pour le personnel ! On peut encore parler de la sous-traitance de l’entretien à des entreprises privées où les travailleurs ont des salaires très bas et de très mauvaises conditions de travail. Riposte !

    La rage et les frustrations au sujet des assainissements montent parmi le personnel, les étudiants et les autorités académiques. Pour l’instant, il existe encore une certaine compréhension envers la situation budgétaire difficile des différents niveaux de gouvernement, mais combien de temps cela va-t-il encore durer ? L’Etat perd des milliards d’euros avec les cadeaux fiscaux pour les entreprises et un taux d’imposition réel très bas pour les grosses sociétés, pourquoi l’enseignement doit-il en subir les conséquences ?

    Les premières protestations vont sans doute devenir visibles au cours de ces prochains mois en Flandre. Dans ces protestations, il sera très important de mettre en avant l’idée que les budgets publics pour l’enseignement doivent être revus à la hausse pour que l’enseignement reçoive à nouveau un financement public équivalent à 7% du Produit Intérieur Brut !

  • Rentrée des classes ? Ce n’est pas une évidence sous le capitalisme !

    Le premier septembre rime avec rentrée des classes. Des centaines de milliers d’élèves retournent alors aux bancs scolaires, suivis quelques semaines plus tard par les étudiants du supérieur. Mais en conséquence de la continuelle insuffisance budgétaire de l’enseignement, envoyer ses enfants à l’école est devenu très cher, quand il y a une école où les inscrire…

    Par Tim (Bruxelles)

    Ces derniers mois, on a beaucoup parlé du problème des places dans les écoles, qu’elles soient wallonnes, bruxelloises ou flamandes. Dans l’enseignement bruxellois francophone, il faut construire pas moins de 79 nouvelles écoles pour le milieu de la décennie afin de faire face à l’afflux de nouveaux élèves et, pour l’enseignement néerlandophone de la capitale, il manque d’ores et déjà 3.000 places. On a beaucoup parlé en communauté française du décret mixité ou du décret inscription mais, en communauté flamande, la situation n’est pas meilleure, loin de là. A Anvers, ce n’est pas moins de 2.500 élèves qui n’ont pas réussi à s’inscrire dans une classe ! Dans la commune de Borgerhout, 34% des enfants n’ont pas trouvé de place en maternelle ! Et, des deux côtés de la frontière linguistique, les solutions proposées sont fantaisistes, la palme d’or revenant à la commune de Deinze (Flandre Orientale), où des caravanes ont été installées pour accueillir les élèves ! Pour des solutions durables – de nouvelles écoles de qualité avec suffisamment de professeurs – l’argent n’existe pas.

    Une des solutions proposée aujourd’hui est le Partenariat Public-Privé (PPP), où le privé construit ou rénove les écoles tandis que le gouvernement repaie à long terme. L’enseignement est ainsi devenu un marché fort lucratif et tant pis si les profits des entreprises de construction s’effectuent au détriment des frais des écoles et du gouvernement. En conséquence, beaucoup d’écoles sont devenues expertes en ‘comptabilité créative’ en économisant de l’argent en sous-traitant la cantine par exemple. Mais pour ces entreprises, encore une fois, les profits priment sur la santé des enfants. Une de ces entreprises spécialisée dans les cantines a ainsi un pudding aux bananes quasi uniquement composé de… maïzena et d’exhausteurs de goût ! C’est que les bananes sont si chères…

    Le manque chronique de financement pour l’enseignement se voit encore à d’autres niveaux. Le CRIOC (Centre de Recherche et d’Information des Organisations de Consommateurs) a ainsi calculé qu’en moyenne, une rentrée scolaire (fournitures, frais scolaires, habillement mais pas le cartable) allait cette année coûter 436 euros en maternelle, 339 euros en primaire, 609 euros en secondaire et 1.315 euros en supérieur… Le mois de septembre est une véritable catastrophe financière pour de nombreuses familles.

    Ces dernières années, les membres du PSL qui travaillent dans l’enseignement ont joué un rôle important dans les luttes revendiquant plus de moyens publics pour l’enseignement et contre différentes attaques. Beaucoup de nos membres sont des militants syndicaux combatifs et appréciés, actifs dans tous les syndicats, dans tous les réseaux et sur tous les niveaux. Avec notre organisation étudiante pour le secondaire et le supérieur, Etudiants de Gauche Actifs (EGA), nous sommes actifs dans toutes les grandes universités ainsi que dans plusieurs hautes écoles et écoles secondaires où nous jouons un rôle important dans la lutte pour un enseignement démocratique et de qualité.

    Notre revendication centrale est l’augmentation du financement public de l’enseignement, avec comme première étape 7% du Produit Intérieur Brut (le niveau du début des années ’80, contre 5% aujourd’hui).

    Cet argent est indispensable afin d’investir dans l’infrastructure scolaire, de diminuer la charge de travail du personnel en engageant plus de travailleurs et d’offrir un accompagnement convenable à chaque étudiant. On nous dit ‘il n’y a pas d’argent’, mais on a tout de même bien vite trouvé 25 milliards d’euros pour sauver les banques, et les profits des plus grandes entreprises belges atteignent les 15 milliards d’euros. D’autre part, chaque année, près de 9 milliards d’euros de cadeaux fiscaux sont donnés au patronat.

    Le manque des moyens dans l’enseignement est un choix politique. La priorité est de favoriser les profits des grandes entreprises et pas d’aller vers un enseignement démocratique et de qualité.

    Le PSL et EGA vont poursuivre leur lutte, rejoignez-nous !

  • DOSSIER: Enseignement – Trente années de désinvestissement

    Aujourd’hui, c’est la crise: les pertes d’emplois augmentent tous les jours, autant que les attaques contre les salaires de ceux qui travaillent encore. Les années ayant précédé la crise ont l’air d’une époque dorée, mais la situation de villes comme Bruxelles, Anvers et Gand éclaire crûment ces «années dorées». Visiblement, le paiement de la dette dans les années ’80 et ’90 n’a pu être réalisé que combiné à une incroyable négligence de l’infrastructure publique.

    Par Anja Deschoemacker

    Pénuries et divisions

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    Déficits en chiffres

    Bruxelles : du fait du développement démographique à Bruxelles, dans cinq ans, il manquera 15.000 places, 12.000 dans l’enseignement francophone et 3.000 dans l’enseignement néerlandophone. Entre 2008 et 2020, le nombre de jeunes entre 0 et 14 ans à Bruxelles va augmenter d’à peu près 50.000.

    Anvers : un quart des familles ne peuvent pas envoyer leurs enfants dans l’école de leur choix, les écoles ont déjà dû refuser 2.585 enfants. Au cours des deux prochaines décennies, la population des plus jeunes passera de 30.000 à 70.000.

    Gand : la moitié des 113 écoles gantoises sont déjà totalement remplies pour la première année maternelle (45% n’ont plus de places, seules 12% disposent encore de plus de 5 places pour les enfants qui débutent la maternelle).

    PPP: Profits privés et coûts publics

    Dans l’enseignement francophone et néerlandophone, des Partenariats Publics Privés ont été signés pour emprunter 1 milliard d’euros dans les deux cas à destination de l’infrastructure scolaire. Puisque le gouvernement n’a pas suffisamment de moyens, il emprunte au privé qui devient alors responsable du projet, de la construction, du financement et de l’entretien pour une période de 30 ans. Du côté francophone, le milliard emprunté devra à terme être remboursé 2,5 milliards…

    Ce principe n’est pas limité à l’enseignement (urbanisme, facilités sportives, bâtiments administratifs,…). A Bruxelles, un récent exemple a fait la une de la presse, celui de la station d’épuration d’Aquiris. En décembre, l’épuration gérée par la multinationale Veolia a foiré et pendant plus de deux semaines les eaux usées de plus d’un million de Bruxellois ont abouti dans un cours d’eau. Pour cette gestion, le gouvernement bruxellois devra payer 1,2 milliard d’euros en 20 ans pour une station qui aura coûté 360 millions d’euros…
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    Voilà la trame de fond sur laquelle se base la discussion sur le manque de places dans les écoles de plusieurs grandes villes, comme c’est surtout le cas à Bruxelles, Anvers et Gand.

    Aujourd’hui, des milliers de familles connaissent l’incertitude de ne pas savoir si leurs enfants trouveront une place. Pour beaucoup, la solution est de perdre une demi-heure à une heure de plus pour aller déposer ses enfants, et la même chose en fin de journée. Il n’est donc pas étonnant que toutes sortes de mécanismes de division commencent à jouer.

    A Bruxelles, ce sont des tensions communautaires qu’entraîne cette situation, des parents bruxellois néerlandophones déclarent à la presse se sentir poussés hors de Bruxelles. Les politiciens responsables de l’enseignement flamand à Bruxelles et le ministre de l’Enseignement flamand parlent en guise de «solution» d’augmenter dans les écoles néerlandophones le nombre de places prioritaires pour les enfants néerlandophones. Ce n’est aucunement leur problème si la moitié des élèves de Bruxelles n’ont comme langue maternelle ni le néerlandais, ni le français. Le FDF, de son côté, fulmine contre le fait que, selon le nouveau décret de la Ministre de l’Enseignement francophone Simonet, les jeunes de la périphérie ne feraient pas partie des groupes prioritaires pour l’enseignement secondaire francophone à Bruxelles.

    A Anvers et à Gand, le Vlaams Belang et la Lijst Dedecker dénoncent que «notre propre peuple passe en dernier», mais ce ne sont pas les seuls. Le manque de places dans plusieurs écoles serait dû à la priorité accordée aux élèves de milieux défavorisés (avec donc une surreprésentation d’élèves issus des communautés immigrées). L’échevin de l’enseignement à Gand, Rudy Coddens (SP.a) a ainsi dénoncé à propos d’une école: «Cela provient aussi du fait que l’école, qui dans le temps était composée à 70% d’enfants blancs, accueille aujourd’hui surtout des enfants allochtones dans ses classes maternelles. A Gand, on ne peut donner la priorité à des enfants qui ne sont pas pauvres que lorsqu’il y a 57% enfants de milieux pauvres dans l’école en question.»

    D’un manque de place relatif avec des tentes devant les portes des écoles à «bonne réputation» ou dans les quartiers peuplés, on est passé maintenant à un manque de place absolu, surtout dans les grandes villes. Ailleurs, le manque de place relatif continue, et cela tant en Wallonie qu’à Bruxelles et en Flandre. Contre ces campings devant les écoles, les différents mécanismes d’inscription se suivent mais la situation est loin d’être résolue car les gouvernements n’accordent jamais plus de moyens. Ils ne font que fixer de nouvelles règles de priorité qui doivent sans cesse être adaptées afin d’endiguer leurs effets pervers.

    Depuis le début des années ‘80, il y a eu une politique de désinvestissement dans l’infrastructure de l’enseignement. L’ancien ministre de l’Enseignement flamand Luc Van den Bossche explique que c’était «puisque les pierres ne savent pas manifester, on a coupé là». Pour être honnête, il aurait dû dire qu’on a «surtout coupé là», parce qu’on avait aussi fortement sabré dans les conditions de travail du personnel avec des classes sans cesse plus grandes, etc. et cela partout en Belgique. Cette négligence a pour conséquence que le montant des investissements nécessaire au maintien de l’infrastructure existante est énorme.

    Il faut plus de moyens! 7%du PIB pour l’enseignement maintenant!

    Après le nouveau décret sur les inscriptions en communauté Française, Pascal Smet promet des changements dans le décret de l’enseignement flamand. Mais un changement de règles ne signifie pas plus de classes! Il faut simplement plus d’argent, et vite! Il n’en faut d’ailleurs pas seulement pour l’enseignement maternel et primaire – la pénurie d’aujourd’hui au niveau de l’accueil des enfants dans presque toutes les villes de Belgique se répercute à tous les niveaux d’enseignement suivants. La surprise actuelle qu’éprouvent les politiciens par rapport à la situation ne fait que démontrer à quel point ils continuent à négliger ce service essentiel – les enfants qui ne trouvent pas de place aujourd’hui sont nés il y a plusieurs années!

    Depuis des années, on sait très bien qu’il y aura des problèmes croissants dans l’enseignement. La politique d’austérité a conduit à une sélection brutale – selon l’enquête PISA, tant l’enseignement francophone que néerlandophone se trouvent parmi les champions de l’inégalité sociale. Le fait d’avoir des classes trop grandes à presque tous les niveaux de l’enseignement assure que seuls les meilleurs élèves et ceux qui peuvent avoir le plus de soutien des parents ont des chances réelles de pouvoir avoir un enseignement général et un accès aux professions les mieux payées. La pression sur les enfants pour qu’ils réussissent et la pression sur les parents afin de mettre tout en œuvre pour cela – certaines écoles primaires allant même jusqu’à offrir des cours privés payants pour les enfants – augmente tous les jours.

    Beaucoup de mères travaillent alors moins parce que leurs enfants «ont besoin de plus d’accompagnement». Elles payent individuellement le désinvestissement public avec leurs salaires et leurs futures pensions, qui seront revues à la baisse en conséquence.

    Dans le passé, la classe ouvrière s’est durement battue pour imposer l’enseignement à tous. Le patronat a toutefois submergé de tâches cet enseignement pour obtenir des travailleurs «tout faits». En même temps, ce patronat a limité au strict minimum les moyens consacrés à son fonctionnement. Un simple travailleur met la moitié de son salaire brut à disposition de la société (pour l’enseignement, les services publics, la sécurité sociale,…) mais de grosses entreprises payent un impôt sur leurs profits de moins de 10%.

    Si nous ne parvenons pas à changer tout cela par la lutte, la situation dans l’enseignement va continuer à pourrir – tout comme dans les transports publics, le maintien des routes, les services comme les maisons de repos et l’accueil des jeunes,… Pour cette lutte, nous ne pouvons pas compter sur les partis actuellement représentés au Parlement. Il est plus que jamais nécessaire de créer un nouveau parti des travailleurs, qui prenne sur lui de façon résolue la défense des travailleurs et de leurs familles, pour nous et pour nos enfants

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