Category: Enseignement

  • Que faire face à la violence scolaire?

    Ces dernières semaines, on a pu lire dans la presse une profusion d’articles sur la montée de la violence gratuite, notamment dans les transports publics et dans l’enseignement. Je suis délégué syndical dans une école qui a été citée dans les journaux pour la violence qui y règne entre élèves et personnel.

    Par Micha Teller, enseignant à Deurne

    Les médias ne prennent pas en compte que la violence n’est en réalité que le sommet de l’iceberg. Depuis des années, le personnel revendique plus de moyens pour pouvoir éviter ce type de conflit. Le personnel est menacé (physiquement) presque chaque semaine et les nombreuses dépressions ces dernières années parmi le personnel ont rendu la situation presque intenable.

    Il est souvent dit, à tort, que les organisations de gauche nient ou minimisent l’existence de tels comportements asociaux. Les socialistes tentent au contraire de replacer ces comportements dans leur contexte de frustrations et de manque de perspectives pour différents groupes de la population.

    Quand on parle de violence, il faut regarder dans quel environnement elle prend place. Mon école se situe dans l’un des quartiers les plus pauvres d’Anvers, Deurne-Nord. Les autorités anversoises parlent de diversité, mais on y voit en fait une même pauvreté sous différentes couleurs. Des jeunes d’origine marocaine, turque ou romanichelle arrivent en masse dans les statistiques de chômage, déjà loin d’être jolies. A Anvers, le chômage touche 17% de la population, et, parmi ceux-ci, 41% sont d’origine non-européenne.

    Presque 60% des écoliers anversois sont d’origine étrangère et dans certaines écoles professionnelles communales, pour 90% des jeunes, le néerlandais n’est que la deuxième ou la troisième langue. Presque la moitié de ces jeunes quittent l’école sans diplôme.

    Face à un mur

    Après un nouvel incident dans mon école, le personnel a débrayé pour exiger une négociation avec l’échevin de l’enseignement (SP.a).

    Une délégation du personnel a informé l’échevin, a écouté sa réponse et… est revenue les mains vides. Elle n’a trouvé aucune compréhension ni volonté d’aider l’école. Pour l’échevin, le problème était un cas individuel, suggérant même que le personnel réagissait de façon “incorrecte” face à la violence et devait donc suivre des “cours de perfectionnement”. Avec de telles déclarations hypocrites, la situation ne peut pas évoluer d’un pouce.

    Notre demande pour plus de moyens pour l’enseignement ne peut que rencontrer un mur d’hostilité. Depuis des années, nous assistons à des assainissements, plus particulièrement dans les secteurs qui ne sont pas économiquement intéressants. “Ce qui ne rapporte pas doit pourrir” semble être la logique suivie.

    Cela se remarque dans l’enseignement professionnel communal. Depuis des années, il est connu que l’orientation professionnelle “Techniques de bureau et de vente” ne mène à rien. Le “passage au monde des entreprises” signifie dans la pratique un cadeau de main-d’oeuvre presque gratuit durant les stages et les années de spécialisation. Les opportunités d’emploi par la suite sont quasiment inexistantes. La situation est identique pour beaucoup d’autres orientations. Pour l’échevin, les écoles doivent résoudre cela elles-mêmes…

    Plus de moyens pour l’enseignement!

    La délégation a demandé des moyens supplémentaires pour pouvoir embaucher plus d’enseignants afin de limiter ainsi la grandeur des classes, plus de moyens pour l’accompagnement psychosocial des élèves et un membre du personnel administratif en plus pour que les enseignants n’aient à s’occuper que de leur boulot de base. La réponse de l’échevin était claire et simple : “non”.

    Il ne s’agit que d’un exemple mais qui illustre clairement l’attitude des partis traditionnels envers les problèmes quotidiens des travailleurs.

    Le personnel et les jeunes doivent, avec leurs organisations syndicales, démasquer les politiciens et montrer les véritables causes de la violence : l’absence de perspectives dans le système actuel. Les syndicats doivent exiger un renforcement des moyens et du personnel accordés aux écoles pour l’enseignement, l’administration et les centres PMS. Pour cela, ils doivent élaborer un plan d’action avec les délégués et le personnel.

    L’année dernière, la CGSP-Enseignement flamande a constaté que 80% du personnel était prêt à passer à l’action mais rien n’a été organisé. Il faut pourtant un meilleur rapport de forces pour en finir avec des conditions de travail parfois horribles. Ou alors attend-on simplement le prochain « accident » ?

  • Les propositions d’Arena passent mal auprès des enseignants

    Le refinancement de l’enseignement, c’est un peu comme la comète de Halley : ça revient périodiquement, on en parle beaucoup mais personne ne le voit venir.

    Simon Hupkens

    Novembre a vu la reprise des négociations entre les syndicats des enseignants et les ministres Arena et Simonet (respectivement en charge de l’enseignement obligatoire et du supérieur) en vue de la conclusion de l’accord social 2007-2008. Mais, comme le disait récemment Michel Vrancken, dirigeant de la CGSP-Enseignement : « un accord sectoriel, c’est aller grapiller l’une ou l’autre chose tous les deux ans et non refaire le monde ». Marie Arena (PS) a présenté ses propositions en un texte de huit pages, dont cinq consacrées au récapitulatif de ce qui a déjà été fourni comme effort précédemment! Devant la maigreur du reste du document (qui propose surtout des aménagements techniques et un budget plus que chiche de 5 millions seulement), les délégués syndicaux ont fait grise mine.

    Ce qu’ils attendaient était surtout deux gestes de la ministre : un renfort de personnel au 1er degré du secondaire et la réduction du délai de remplacement des profs malades (10 jours actuellement).

    Pour mettre un peu de pression sur leurs patronnes, les syndicats enseignants ont organisé quelques actions locales et un arrêt de travail d’information le 16 novembre, ce qui a permis à tout le monde de revenir à la table des négociations avec un « petit plus » de la part des ministres : la Région wallonne serait prête à aider financièrement la Communauté française (dont l’enseignement est, de loin, la plus grosse dépense) si un accord aboutit. Les ministres avancent aussi un petit peu sur les revendications : 9 jours de délai pour les remplacements en septembre 2007 et 8 jours un an plus tard, léger renforcement du personnel au 1er degré. Pas de quoi faire des bonds de joie.

    Mais pour obtenir plus, il faudrait que les syndicats se donnent un objectif un peu plus ambitieux que « grapiller l’une ou l’autre petite chose » et essaient de mobiliser en conséquence…

  • ULB : encore des solutions néolibérales au problèmes de financement !

    Face à un budget public limité, la direction de l’ULB prend une nouvelle fois des mesures libérales pour combler le manque d’argent nécessaire au développement de l’institution. Après la privatisation de nombreux services sur l’université (restaurants, foyer étudiant, service de nettoyage et maintenant la sécurité, …), l’ULB a prévu en Conseil d’administration (C.A.) de vendre une grande partie des terrains du campus de la Plaine (échéance le 31 décembre) et de privatiser les logements étudiants.

    En parallèle les autorités relance le projet d’une carte multifonctions coûteuse (plus de 500 000€ la première année puis plus de 60 000€ chaque année) et dangereuse (contrôle des accès, base de données élargies et centralisée concernant les utilisateurs). Ces mesures ne résorberont aucunement les problèmes financiers de l’ULB à long terme (une fois les terrains vendus et l’argent dépensé), et la sicafisation des logements étudiants nous fera perdre à terme la propriété de ce service aux étudiants. L’année prochaine, les problèmes seront les mêmes, allons nous devoir alors subir une nouvelle hausse du minerval ?

    En opposition à cela, un mouvement universitaire est parti en votant en Assemblée Générale (16 octobre) le rejet de ces trois projets puis en envahissant le C.A. du même jour, empêchant ainsi leur application. A la suite de cela, le mouvement a par contre était ralenti par une mauvaise direction bureaucratique incapable de convaincre et d’impliquer dans un mouvement combatif les étudiants venus en masse aux A.G. (1500 le 16, 600 le 19/10). Les A.G. non démocratiques notamment ont éloigné les étudiants des prises de décision sur la direction du mouvement et les actions à entreprendre. Il en est ressorti un essoufflement de la mobilisation et un manque de coordination entre les actions isolées. Devant une telle situation, nous avons toujours mis en avant la constitution d’un comité d’organisation ouvert à tous, capable d’organiser la lutte.

    Depuis la semaine de la Toussaint, les différentes organisations et étudiants actifs dans le mouvement se sont mis d’accord sur la composition d’un tel comité qui a été approuvé par l’A.G. du 9 novembre. De cette même A.G. plusieurs choses sont ressorties. Premièrement, une première journée de grève bloquante a été votée pour le jeudi 16 novembre. Il est important de comprendre que pour faire valoir nos revendications nous devons tous ensemble construire un rapport de force conséquent pour faire pression sur les autorités qui nous tournent le dos et attaquent nos conditions d’études et de travail sur les campus.

    Ensuite, on a pu voir que le mouvement a perdu son soutient large de la première A.G. rarement atteint dans le passé. On peut y voir ici un manque d’information sur la portée de ces attaques et sur la nécessité de lutter. Nous vivons aujourd’hui les applications des politiques néolibérales menées en Belgique mais aussi partout en Europe.

    Le décret de Bologne notamment vise à instaurer une harmonisation de l’enseignement supérieur à l’échelle de l’Europe. Derrière cette réforme c’est un enseignement voué à la rentabilité, comme un simple produit de marché, qu’on nous impose. Ce qui se traduit par une marchandisation et une compétitivité entre différentes institutions ainsi que par la privatisation des services. Dans cette optique on essaye de nous imposer une université de prestige, capable de rivaliser avec les autres universités européennes. Les dépenses inutiles comme une carte multiservices mais aussi l’évacuation des services moins rentables (-363 000€ dans le budget social de l’ULB) rentrent dans ce plan pour construire une université élitiste et prestigieuse accessible à une minorité privilégiée. L’université se formate aux demandes du marché pour satisfaire encore un peu plus les patrons capitalistes. De plus aucun parti traditionnel ne nous défendra puisqu’ils défendent tous cette vision et ces politiques néolibérales. Il nous faut donc construire un mouvement de lutte combatif capable de faire valoir nos revendications et fonder un nouveau parti des jeunes et des travailleurs, à gauche d’écolo et du PS pour défendre les intérêts de la population.

    Les étudiants ne sont pas les seuls à subir ces attaques, c’est pourquoi il nous faut élargir ce combat aux travailleurs mais aussi aux autres universités, hautes écoles et à l’ensemble des secteurs de l’enseignement. Il était urgent d’élargir les revendications du mouvement à un refinancement public de l’enseignement à 7% du PIB minimum (votée à l’A.G. du 9 novembre)! Nos revendications doivent être claires et non négociables !

    Etudiants et travailleurs ensembles pour la sauvegarde de nos acquis, pour un enseignement de qualité, gratuit, accessible à tous !

  • MANIFESTATION VENDREDI 27/10 à 14h

    Tract EGA

    Vous avez sans doute vu ou participé aux appels de 2 assemblées générales les 16 et 19 octobre. Le 16, le BEA avait appelé les étudiants à se réunir pour voter contre 3 projets qui risquaient de passer au Conseil d’Administration. Ces 3 projets sont les suivants :

    • Introduction d’une carte électronique pour tous les étudiants et le personnel, lisible à distance et reliée à une base de données centralisée. Coût : + de 500 000€ la première année, puis + de 60 000 chaque année (rappelons que l’an passé, + de 300 000 € ont été supprimés du budget social !) ;
    • Vente d’une grande partie des terrains et de certains bâtiments de la Plaine. (afin de pouvoir financer la construction de nouveaux auditoires, mais en réalité à la place des infrastructures sportives) ;
    • Privatisation et mise en bourse des logements étudiants.

    Les autorités prétextent le manque de financement de la part de la Communauté française. Mais plutôt que d’appeler la communauté universitaire à exiger plus de moyens, la direction préfère attaquer une fois de plus les conditions de vie, de travail et d’études sur l’université, en appliquant des mesures néolibérales dictées par le décret de Bologne (vers un enseignement élitiste, rentable, compétitif …).

    Il y a effectivement un manque crucial de financement dans l’enseignement (de même que dans tous les services publics). Dans les année ’70, le budget consacré à l’enseignement représentait plus de 7% du PIB, tandis qu’aujourd’hui -avec un nombre d’étudiants qui ne fait qu’augmenter chaque année- le budget ne représente que 4,9 % du PIB.

    Ce n’est pas une situation nouvelle : il y a 2 ans, les Hautes Ecoles sont parties en grève et ont manifesté à cause du manque de financement qui dégradait complètement leurs conditions d’études. Après 6 semaines de grève, la Fédération des Etudiants Francophones est allée négocier quelques miettes à la Communauté française. De plus, ce mouvement est resté isolé aux seules Hautes Ecoles. Cet exemple doit nous aider à construire le mouvement qui a démarré à l’ULB. Nous ne devons pas nous arrêter aux premières négociations entre représentants étudiants et autorités, nous devons lutter jusqu’au rejet définitif des trois dossiers. Ensuite il est crucial d’élargir le mouvement à toute la communauté universitaire à l’ULB puis à l’ensemble de écoles, lycées, universités, hautes écoles, …

    Il est pourtant regrettable que jusqu’ici, les AG se soient passées de manière complètement anti-démocratique. Ces AG ont pourtant rassemblé un grand nombre d’étudiants, une mobilisation rarement atteinte à l’ULB depuis des années. Ensuite, ce potentiel a été gâché, car il n a pu réellement s‘exprimer et se positionner vis-à-vis des points nouveaux avancés lors des débats. Pour les organisateurs, il fallait surtout faire une action dans l’immédiat plutôt que de construire un mouvement large et combatif bien organisé. Jeudi 19 octobre, au moment où la salle demandait à voter les revendications et les actions proposées, le BEA a coupé court au vote en proposant une série d’actions immédiates qui ont abouties à un rassemblement de 30 personnes devant le rectorat, alors que 600 personnes était présentes à l’AG. Il est impératif qu’un comité large prenne place et soit élu dans une assemblée générale pour organiser les futures actions et défendre les revendications votées par la communauté universitaire. Ce comité ne doit pas être limité, il doit être ouvert à tous et organisé démocratiquement.

    A terme, seule une grève élargie à tout les secteurs de l’enseignement peut imposer un rapport de force effectif pour nos revendications :

    • Pour un enseignement gratuit, de qualité pour tous !
    • Non aux privatisations des services publics !
    • Stop à la répression sur le campus !
    • Unité entre étudiants et travailleurs dans la lutte !
    • Reprise et contrôle des services privés sur l’ULB par la communauté universitaire!
    • Pour un refinancement public : 7% du PIB pour l’enseignement.
  • Le marché de l’enseignement bientôt accessible uniquement pour l’élite?

    L’enseignement toujours plus cher

    A l’aube des élections le ministre flamand de l’enseignement Frank Vandenbroucke (SP.a) a essayé de calmer les étudiants et le personnel. Il y a quelques semaines, le ministre a annoncé qu’à partir de 2010, l’enseignement supérieur recevra annuellement 100 millions d’euros de plus et que le personnel allait recevoir, entre autres, plus d’indemnités de congé (ce qui lui avait déjà été promis auparavant…).

    Christophe Michiels

    En théorie cela sonne bien, mais il ne suffit pas de revenir sur quelques mesures après une série de coupes d’austérité. Il est de plus en plus clair que la démocratisation de l’enseignement est violemment sous attaque.

    Trois ans après Bologne

    Cette année académique sera la troisième après la réforme de Bologne. Dans le cadre de celle-ci, les universités et les hautes écoles ont été réunies dans des associations, un nouveau système de crédit-points a été introduit et une structure de Bachelier-Maîtrise a été mise sur pied.

    Les réformes de Bologne visent essentiellement à la création d’un marché de l’enseignement européen concurrentiel avec le reste du monde. Cela n’est pas seulement notre avis, mais aussi celui du recteur de l’Université Catholique de Louvain au début de cette année académique. Mais pour lui, il ne s’agit pas d’une évolution néfaste.

    Le recteur a bel et bien critiqué le fait que trop d’universités existeront à l’avenir en connaissant une pénurie de moyens. Il souhaite donc assainir lui-même les différentes orientations et demander pour cela des moyens au secteur privé.

    “Rationaliser”?

    Le démantèlement des services publics s’appelle aujourd’hui la ‘rationalisation’. Hautes Ecoles et Universités doivent utiliser le plus “efficacement” possible les moyens dont ils disposent. A la KUB (Université Catholique flamande de Bruxelles), on en a vécu les conséquences concrètes : cette toute petite université qui n’est pas jugée assez “efficace” devra éliminer certains cours à partir de l’année académique prochaine. Qui plus est, la KUB devra s’allier à une grande association ou institution. Les victimes de cette”rationalisation” sont le personnel et les étudiants.

    Rationaliser signifie aussi qu’on doit faire plus avec moins de moyens. En 1980, 7% du PIB était alloué à l’enseignement, il s’agit maintenant de 4,9%. En fin de compte, on fait beaucoup moins avec moins de moyens…

    Etudier devient impayable

    En ce moment il y a un manque énorme de kots étudiants à bon marché, et pour la location des chambres pour étudiants à tarif social dans les universités, les files d’attente sont énormes. A Leuven, 4.000 chambres sont disponibles, mais 500 à 1.000 étudiants sont sur une liste d’attente. La VUB offre 1.300 chambres pour 9.000 étudiants, mais 250 attendent encore un logement. A Gand, 412 étudiants prennent leur mal en patience.

    Les coûts à la hausse pour étudier mènent à une hausse du nombre d’étudiants forcés de travailler à côté de leurs études. Une étude comparative montre que les étudiants-salariés ont 40% moins de chances de réussir. L’année passée, 87% des étudiants ont travaillé face à 59% en 1999. L’année académique passée, 90,4% des étudiants de 18 ans ont travaillé (y compris pendant l’été). Il y a quatre ans, c’était encore 72,5 %.

    Les bourses d’étude ne suffisent pas en soi. La bourse moyenne dans l’enseignement supérieur s’élève à 1499 euros, mais seule une infime minorité se voit accorder cette bourse. Des 157.000 étudiants qui demandent une bourse, seuls 34.000 l’obtiennent (23% des étudiants).

    Dans l’enseignement secondaire, 72.000 des 435.000 lycéens reçoivent une bourse de 164 euros en moyenne par an. Il y a quinze ans, le nombre de lycéens ayant une bourse d’étude était encore de 106.000, mais les plafonds de revenus n’ont pas changé depuis 1991. Beaucoup de parents doivent emprunter au début de l’année scolaire pour payer l’instruction de leurs enfants.

    Dans l’enseignement primaire et secondaire, on ne peut pas demander officiellement des frais d’inscription. La Constitution stipule que l’accès à l’enseignement est gratuit jusqu’à la fin de l’obligation scolaire. Il y a en revanche des frais liés à l’enseignement qui augmentent au galop.

    Entre 1989 et 1999 les frais dans l’enseignement secondaire ont augmenté de 55% hors ‘inflation et de 68% dans l’enseignement primaire. En moyenne, les frais pour la première année du primaire sont de 389 euros, de 857 euros pour la première année du secondaire et de 1265 euros pour la sixième année du secondaire.

    L’école n’est pas une usine

    Ces tendances sont encore renforcées par les réformes de Bologne. Dans cette logique orientée vers le " libre " marché, les écoles sont considérées comme des insititutions qui doivent fournir une main-d’oeuvre toute prête. Les orientations à intérêt plutôt sociétal ou intellectuel sont délaissées.

    Pour l’enseignement supérieur, Vandenbroecke veut rendre plus chères les années de spécialisation. Les bourses, comme aux Etats-Unis, ne seront offertes qu’aux meilleurs des meilleurs et non pas aux jeunes brillants mais financièrement défavorisés.

    Cela entraînera que la majorité de la population aura accès à une formation de base et qu’un enseignement complémentaire ne sera accessible qu’à une élite d’étudiants riches ou hyperintelligents.

    Il faut une résistance!

    Les diverses mesures de Vandenbroecke ont été acceptées par une partie des directions syndicales. Cela restreint les possibilités de lancer des actions. Par contre, nous sommes d’avis que la résistance est toujours nécessaire. La lutte pour plus de moyens dans l’enseignement en haussant le budget gouvernemental jusqu’à 7% du PIB est une lutte pour notre avenir.

    Le 25 octobre, une action nationale sera organisée à Leuven. 14h Grote Markt Louvain. Action suivi par une réunion publique.

  • Il faut plus de moyens publics pour l'enseignement!

    Les différents gouvernements prétendent mener une politique sociale dans l’enseignement. Mais les primes de rentrée scolaire – bien qu’elles soient les bienvenues – ne suffisent pas pour cela. Car les divers projets de réformes dans l’enseignement, comme le plan Arena dans l’enseignement secondaire francophone ou les projets de Vandenbroucke dans l’enseignement supérieur flamand, ne vont pas dans l’intérêt des travailleurs ou des jeunes.

    Par un membre de la CGSP-Enseignement Anvers

    Le fossé entre les écoles riches et les écoles pauvres continue de s’agrandir. Le récent rapport PISA de l’OCDE (1) a montré le pourcentage d’écoles où existe une "segrégation sociale" est deux fois plus élevé en Belgique qu’en Finlande. Cela veut dire qu’il y a beaucoup plus d’écoles ayant un caractère clairement riche ou pauvre. C’est le cas de 47% de nos écoles secondaires, à comparer avec 27% en Finlande.

    Ségrégation sociale

    Ce fossé n’est pas sans importance pour les jeunes eux-mêmes. Le rapport PISA dit que les élèves des écoles "riches" ont un niveau qui est en moyenne 32,4% plus élevé que les élèves dans les écoles "pauvres". Cette ségrégation entre écoles riches et pauvres est donc aussi un obstacle sur le plan de l’enseignement pour les jeunes des milieux défavorisés.

    Pourquoi alors tous les parents n’envoient-ils pas leurs enfants dans des écoles riches? Parce que les obstacles sont nombreux. Dans certaines écoles, il y a des obstacles financiers importants, comme des prix d’inscription cachés, des coûts pour les livres et le matériel scolaire, des frais de transports,… Dans l’enseignement libre, les écoles demandent un ”sponsoring”aux parents qui représente une moyenne de 13% des frais totaux. Dans l’enseignement public, ce montant est limité à 3 ou 4%.

    Des obstacles sociaux limitent évidemment aussi le choix de l’école. Des parents moins qualifiés ont normalement moins d’attention pour la scolarité de leurs enfants. La place sur l’échelle de la formation dans l’enseignement en Belgique est presque héréditaire.

    Le résultat de tout cela est une croissance continue du nombre de jeunes ayant des problèmes dans l’enseignement. En 2006, un lycéen sur 3 avait un retard scolaire d’au moins un an tandis qu’un lycéen sur 8 quitte l’enseignement secondaire sans diplôme.

    Enseignement supérieur à deux vitesses

    Les années ’90 ont vu une saignée terrible dans l’enseignement secondaire francophone où les mesures successives de Di Rupo et Onkelinx ont coûté 6.000 postes de profs. Depuis 2005, de nouvelles mesures d’austérité dans l’enseignement secondaire ont été mises en oeuvre du côté néerlandophone. Le ministre de l’enseignement Frank Vandenbroucke a ainsi économisé 52 millions d’euros. 600 emplois ont disparu. Le budget pour le personnel technique a diminué de 5%.

    Cette année, le même Vandenbroucke a annoncé que l’enseignement supérieur allait recevoir 51 millions en plus. Mais ces moyens supplémentaires ne seront pas utilisés pour élargir les services ou pour engager plus de travailleurs. Ils profiteront surtout à un petit nombre d’institutions d”’élite” pour leur permettre de briller dans la concurrence entre univs au niveau européen. Les autres institutions devront par contre abolir certaines orientations, la KUB (Université Catholique de Bruxelles) est condamnée à disparaître et une concurrence aiguë va se développer entre les diverses institutions pour attirer les moyens financiers,… Cela va mener à un enseignement à deux vitesses : des institutions d’élite pour une minorité et des institutions sous-financées pour la majorité. (2)

    La manque d’investissements dans le secteur social des universités et des Hautes Ecoles est un obstacle en plus pour beaucoup d’étudiants. Beaucoup d’entre eux n’ont plus accès à une chambre bon marché de l’univ. Les listes d’attente sont longues (à Leuven par exemple il y a une liste d’attente de 500 à 1.000 étudiants pour les 4.000 chambres disponibles et déjà occupées).

    Lutte commune

    Face à la tactique de ”diviser pour régner” qu’affectionne Vandenbroucke (secondaire contre supérieur, CSC contre FGTB, écoles contre écoles,….), il est indispensable que les syndicats ripostent avec un plan d’action pour mobiliser tout l’enseignement. En janvier, la direction syndicale avait promis des actions mais, en mars, on n’avait encore rien vu.

    Heureusement la lutte a été lancée dans l’enseignement supérieur après une démarche de la délégation de la VUB (université libre de Bruxelles). Après des manifs réussies à Bruxelles, Anvers et Gand avant les examens, il y aura une nouvelle manif d’ampleur à Louvain le 25 octobre.

    Contre le ”diviser-pour-assainir”, il nous faut une réponse unifiée de tous les secteurs de l’enseignement. Il faut lutter pour plus de moyens. En 1980, 7% du PIB belge (produit intérieur brut) était utilisé pour l’enseignement ; aujourd’hui, il n’y a plus que 4,9%. Il faut ramener le budget pour l’enseignement à 7% pour garantir un enseignement de qualité pour tout le monde. La manif du 25 octobre à Louvain est importante, non seulement pour l’enseignement supérieur flamand, mais aussi pour tous les travailleurs dans l’enseignement, les étudiants et les lycéens. Et les francophones doivent être à leurs côtés, non seulement par solidarité mais aussi parce que le danger que des mesures du même type soient prises chez nous est bien réel.


    1. L’Organisation pour la Coopération et le Développement en Europe (OCDE) est une institution internationale qui appelle régulièrement les gouvernements européens à accentuer leur politique néo-libérale. Mais ses enquêtes PISA consacrées à l’enseignement fourmillent de renseignements intéressants sur les réalités du système d’enseignement en Europe et en Belgique.

    2. Les projets Vandenbroucke et les luttes dans l’enseignement supérieur flamand ont été analysés en détail dans les précédents numéros de l’Alternative Socialiste.

  • Il faut une résistance unifiée de l’enseignement !

    Enseignement flamand : Vandenbroucke ne cède pas

    Malgré une résistance importante parmi les étudiants et les enseignants, le ministre de l’enseignement flamand Vandenbroucke (SP.a) reste déterminé à faire passer ses plans de restructuration de l’enseignement supérieur.

    Vandenbroucke veut faire émerger une ou deux universités d’élite (Louvain et Gand) capables de « jouer dans la cour des grands » au niveau européen en attirant subsides, étudiants et profs de premier rang et, dans le même mouvement, réduire les autres universités à un statut « local » (avec moins d’ambitions et surtout moins de subsides). Quant aux Hautes Ecoles, elles seraient satellisées autour des universités selon la même logique. Au départ, Vandenbroucke voulait augmenter les subsides de Gand et Louvain et réduire ceux des autres. Sous la pression des manifestations, il a cependant dû faire des concessions. Il a ainsi obtenu 51 millions d’euros supplémentaires du gouvernement flamand afin qu’aucune institution, mise à part la KUB (Université Catholique de Bruxelles), ne perde de moyens.

    Dans le projet initial de Vandenbroucke, le financement des univs et des Hautes Ecoles devait se faire désormais en fonction du nombre d’étudiants réussissant leur année (output) et non plus du nombre d’étudiants inscrits (input). VDB a fait une – microscopique – concession en acceptant de maintenir l’ancien système pour la première année d’étude (1ère baccalauréat). Quant à la suppression de certaines orientations, elle est maintenant du ressort des institutions elles-mêmes, mais le ministre pourra toujours s’en mêler si la « rationalisation » n’est pas « suffisante ».

    Malgré ces « concessions », les fondements de la réforme demeurent les mêmes. Le problème central reste toujours le manque général de moyens pour l’enseignement supérieur. Dans cette situation de pénurie, la concurrence entre les institutions pour disposer plus de moyens sera de plus en plus aiguë. Ensuite, le critère de l’ « output » va obliger toutes les institutions à privilégier les étudiants susceptibles de réussir leur année au détriment de ceux – étudiants qui doivent travailler en même temps, boursiers,… – dont on peut supposer à l’avance qu’ils auront des difficultés pour réussir leur année de cours en un an.

    Enfin, les universités et les écoles vont être amenées à faire payer une partie de plus en plus grande des frais par les étudiants et leur famille. Ainsi, le financement du 3e cycle (Master-après-master) ne sera plus pris en charge par la Communauté (et sera donc à charge de l’étudiant via un minerval astronomique), le financement pour une année complémentaire après le baccalauréat mais hors-master sera diminué de moitié, des santions contre les étudiants qui échouent trop souvent seront introduites,…

    Le nouveau plan de Vandenbroucke a déjà été accueilli négativement par la CGSP-Enseignement flamande. Sur base d’une motion de la délégation de la VUB, la centrale s’est prononcée contre le plan et en faveur d’actions. Elle a notamment envisagé une manifestation de l’enseignement supérieur le 25 octobre à Leuven, mais aussi la possibilité d’appeler à une grève de tout le personnel de tous les niveaux de l’enseignement le 6 octobre.

    Nous soutenons activement l’idée d’une telle grève le vendredi précédant les élections communales. Ce serait sûremement un signal puissant pour revendiquer plus de moyens pour l’enseignement et pour souligner l’unité du personnel, des lycéens et des étudiants.

    Il nous faut plus de moyens publics pour l’enseignement!

    En 1980, le gouvernement dépensait encore 7 % du PIB pour l’enseignement. Entretemps, ce pourcentage a chuté à 4,9 %. A cause de la « correction » des moyens de fonctionnement, les Hautes Ecoles perdront 35 millions d’euros et les universités 38 millions en 2006. Afin d’offrir un enseignement de qualité, il faut plus de moyens. Le retour à 7 % du PIB serait un bon début !

  • Vandenbroucke propose un “compromis” inacceptable

    Enseignement supérieur flamand

    Des milliers d’étudiants et de membres du personnel de l’enseignement supérieur flamand ont manifesté ces derniers mois contre les nouvelles propositions de financement du ministre Vandenbroucke. Ces propositions étaient une attaque frontale sur l’accès démocratique à l’enseignement supérieur et une préparation à sa privatisation future. Après les protestations d’ampleur contre son plan, le ministre avait retiré ses idées. Mais Vandenbroucke ne s’avoue pas si rapidement vaincu…

    Tim Joosen

    Le ministre a laissé l’initiative aux institutions de l’enseignement supérieur qui devraient élaborer un plan alternatif. Il espère en agissant de la sorte semer assez de division pour dévier l’attention des vrais problèmes, notamment que l’enseignement supérieur manque cruellement de moyens.

    Ce souhait a rapidement été réalisé par deux poids lourds de l’enseignement supérieur: l’ex-ministre de l’éducation Luc Van Den Bossche et l’ex-recteur de l’université de Louvain Oosterlinck, respectivement présidents des associations de l’université de Gand et de Louvain.

    Ils ont présenté leurs idées:à la presse: l’université catholique de Louvain reprendrait celle de Bruxelles tandis que l’université libre flamande de Bruxelles devrait fusionner avec l’université de Gand; un transfert de financement devrait également être effectué de l’enseignement secondaire vers l’enseignement supérieur qui doit, dernière chose, être mieux adapté aux besoins des entreprises.

    Selon Oosterlinck et Van Den Bossche, il ne peut rester que deux grandes associations; les leurs évidemment.

    Le “compromis”

    Vandenbroucke a dit que ses premières propositions n’étaient que des projets et, fin mai, est arrivée une “proposition de compromis”. Mais “compromis” est un bien grand mot. Le seul changement apporté aux projets originaux est que le modèle output (un financement par élève ayant réussi l’année et non par élève qui commence l’année) n’est pas appliqué… aux étudiants de première.

    Avec un financement “output”, les universités et les hautes écoles vont surtout s’orienter vers les étudiants dont les chances de réussite sont les plus grandes. La voie est ainsi ouverte à un enseignement à deux niveaux: d’un côté des institutions de pointe accessibles aux surdoués et aux étudiants riches, de l’autre des institutions de second rang pour la majorité des étudiants, avec moins de subsides à cause du modèle “output”.

    Le financement “output” n’assure donc pas un pourcentage de réussite plus grand, mais rend plus difficile encore l’accès à l’enseignement supérieur pour les étudiants issus d’un milieu peu aisé, pour les allochtones, pour les handicapés,…

    Cette “proposition de compromis” est inacceptable! La lutte doit être poursuivie! Nous ne pouvons pas nous limiter à refuser les propositions du gouvernement, nous avons aussi besoin d’un modèle de financement alternatif qui part des besoins des étudiants et du personnel et de l’accès démocratique à l’enseignement supérieur. Pour cela, il faut plus d’argent, et donc continuer les mobilisations. La proposition d’une manifestation le 25 octobre à Louvain est donc d’une grande importance.

    Il faut un mouvement généralisé dans l’enseignement -primaire, secondaire et supérieur – autour de la revendication d’avoir 7% du PIB pour l’enseignement. La lutte unifiée pour plus de moyens est la meilleure réponse aux tentatives de division!

  • Stop à la commercialisation de l'enseignement!

    Au tournant de la dernière décennie, la Table Ronde des Industriels européens, un des plus puissants lobbies du grand capital européen, a décidé qu’il fallait des réformes dans l’enseignement supérieur. L’enseignement supérieur, trop accessible, laissait sortir trop de diplômés. Il fallait être plus en phase avec les besoins des entreprises.

    Marijke Decamps

    En Flandre, l’américanisation de l’enseignement s’est déroulée en plusieurs phases. Il y a d’abord eu la Déclaration de Bologne uniformisant l’enseignement supérieur européen, à l’origine du système semestriel, du système des bachelors et des masters, des nouvelles dénominations des formations, du décret sur la flexibilité, de l’adaptation du système des points,… Aujourd’hui, c’est le volet financier qui est à l’ordre du jour, sous la baguette de Frank Vandenbroucke, le ministre de l’emploi et de l’enseignement.

    Cette réforme ne touchera pas que la génération actuelle d’étudiants et de personnel, elle déterminera la nature de l’enseignement supérieur pour les générations futures. Il y a là un choix de société à faire : réserver les moyens aux plus riches pour qu’ils le soient encore davantage ou bien les mettre à la disposition de la collectivité.

    Manif à Anvers couronnée de succès grâce à EGA!

    Suivant d’autres manifestations, un petit millier de manifestants ont défilé le 29 mars à Anvers à l’appel des trois syndicats, du VVS (équivalent flamand de la FEF) et d’EGA. La manif était très animée et nombre d’étudiants se sont glissés spontanément dans la délégation d’EGA. Nous avons canardé le plan Vandenbroucke et la politique néo-libérale à coups de slogans bien sentis. Après la manif, quelque 60 étudiants et membres du personnel ont participé à un meeting d’EGA pour discuter de la suite à donner au mouvement.

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