Category: Enseignement

  • Sacré cœur de Mons : ‘‘Une finesse digne d’une multinationale briseuse de grève’’

    C’est de cette manière qu’un journaliste de L’Avenir s’est exprimé en raison de l’attitude de la direction de l’école du Sacré Cœur de Mons qui n’a pas hésité à… envoyer un huissier de justice contre des élèves ! Ceux-ci protestaient contre les problèmes d’infrastructure et de communication dans leur école. Le personnel lui aussi ne manque pas de griefs contre la direction. Nous en avons discuté avec Stéphanie, enseignante au Sacré-cœur et déléguée syndicale SETCa-Sel.

    ‘‘L’action des élèves fin janvier s’explique par l’état déplorable de l’école. Il n’y a qu’une poignée de toilettes pour 1000 élèves et elles sont dans un tel état que certains élèves se retiennent jusqu’à midi pour partir et utiliser les toilettes du McDonald. Le local d’étude est un préau, une solution provisoire qui dure depuis plus de deux ans, où volent des pigeons, où il fait souvent froid et qui se trouve de plus juste à côté de la cour de récréation. Parfois, ils doivent étudier alors que les plus petits jouent et crient juste à côté. On pourrait aussi parler des vestiaires déplorables et de bien d’autres choses.

    ‘‘La grève était une mini manifestation suivie d’un refus d’entrer dans l’école durant la première heure de cours, la plupart des manifestants étant bâillonnés avec du ruban adhésif. Ensuite, les élèves sont rentrés dans les bâtiments et ont scandé des slogans dans la cour de récréation. Là, des huissiers sont intervenus pour prendre l’identité des grévistes ! Trois représentants ont été reçus par la direction, accompagné par un membre du Pouvoir Organisateur et des huissiers. Mais cette action a été plus prolifique que 100 heures de sciences sociales : les élèves sont restés solidaires en passant à travers l’épreuve de la répression. Cela n’a fait que radicaliser les professeurs, car dans notre école, nous sommes proches de nos élèves.

    ‘‘Précédemment, les profs s’étaient réunis lors d’une journée pédagogique début décembre pour discuter des multiples problèmes liés à l’infrastructure, mais aussi à la gestion générale de l’école (changements dans l’organisation de la session d’examens, organisation de la rentrée scolaire,…). La journée pédagogique a permis de discuter de tout cela tous ensemble, dans un esprit constructif, en cherchant des pistes de solution. Nous avons mandatés une équipe pour rédiger une lettre à la direction et au pouvoir organisateur (PO). La majorité du personnel a signé cette lettre.

    ‘‘Mais alors que nous avions simplement listé ce qui n’allait pas, le directeur a réagi comme s’il s’agissait d’une agression. Deux enseignantes ont été convoquées pour une audition disciplinaire sous le motif de manque de considération envers le directeur. L’une avait simplement posé une question, comme une dizaine d’autres collègues, et l’autre avait détourné un pull de Noël pour exprimer son mécontentement vis-à-vis d’une réorganisation des examens qui nuisait aux congés de Noël.

    ‘‘Suite à cela, il y a eu des réactions de solidarité et des arrêts de travail se sont organisés. Après l’intervention des huissiers, la grande revendication est devenue le départ du directeur. Il est évident que personne ne s’imagine travailler avec lui après tout cela. Pendant les différents arrêts de travail, nous avons pris le temps de discuter des différentes pistes d’action possibles. Mettre tout notre espoir dans la main du Pouvoir organisateur, pour prendre des mesures pour écarter le directeur, ou construire un rapport de force. Nous avons choisi la deuxième option et, début février, nous avons voté en faveur de la grève. Le 20 février les collègues ont décidé de se croiser les bras, mettant ainsi à exécution leur préavis de grève. Au piquet de grève, des parents et des élèves étaient présents pour manifester leur soutien.

    ‘‘Même si le conflit est toujours en cours et que nous n’en connaissons pas encore le dénouement final : des étapes importantes ont été franchies : la création d’une unité parmi le personnel, une syndicalisation massive, la compréhension qu’il faut s’organiser pour obtenir quelque chose. On ne doit pas reposer sur des instances diverses et variées pour obtenir quelque chose : le personnel ne peut compter que sur lui-même, sa détermination et son implication. Les problèmes de gestion et d’infrastructure ne sont pas des problèmes isolés, comme l’ont encore démontré en février les actions tenues à Bruxelles à l’Athénée Royal Toots Thielemans et à l’Athénée Royal Andrée Thomas. Il s’agit d’un problème généralisé. Des grèves aussi bien du personnel que des élèves vont très probablement se généraliser.’’

  • Un refinancement public pour un enseignement gratuit, de qualité et accessible à tous!

    La ministre de l’éducation, Marie-Martine Schyns est-elle en train de sauver l’enseignement francophone grâce au Pacte pour un enseignement d’excellence ?

    L’enseignement, une priorité qui n’en est toujours pas une

    Tous les membres du personnel sont trop souvent sur les rotules. Les infrastructures s’écroulent. Les élèves doivent redoubler ou sont exclus faute de solution ou d’accompagnement adapté.

    En 2015, un article de La Libre montrait que 34,74% des absences des enseignants étaient dues à des raisons psychiatriques ou psychologiques (1), trop souvent liées au stress qu’engendre le métier. D’ailleurs, nombreux sont les enseignants qui décident de changer de profession : 40 % des profs arrêtent dans les 5 premières années (2) et 19 % quittent l’enseignement dès la première année (3). Et pourtant, rien n’est mis en place pour aider les membres du personnel dans leur travail. Il ne faut pas que de la volonté pour mettre en place un enseignement de qualité. Il faut bien plus ! Bien plus que 6,55% du PIB (4). Car avec aussi peu de financement, les écoles ont toujours trop peu de personnel et les infrastructures ne suivent pas : il pleut dans certaines écoles, des plafonds s’effondrent, des préfabriqués sont construits pour accueillir des classes (5),…

    Un personnel insuffisant est également synonyme d’un nombre trop grand d’élèves par classe : depuis 2011, un décret fixe le maximum à 24 élèves au premier degré, 29 au deuxième degré, 32 au 3ème degré (6) mais la réalité peut être bien pire. De plus, d’après de nombreuses études, les inégalités socio-économiques sont renforcées dans l’enseignement belge (7) et le pays est montré du doigt parce qu’il ne met pas tout en oeuvre pour les diminuer.

    Aussi, le « Pacte d’Excellence » et ses plans de pilotage sont une charge supplémentaire pour les enseignants qui travaillent déjà en moyenne 41h/semaine (selon une étude de la KUL (8)). Ces plans de pilotage veulent des « résultats » et des « objectifs précis » comme si nos élèves étaient des machines, sans tenir compte du caractère humain et subjectif de l’apprentissage, ni des réalités de terrain.

    Et pour nous former à ce nouveau pacte, il faudrait en plus que nous participions à des formations pendant les vacances ! Vous savez, ces moments qui servent à préparer ses cours, se reposer, faire autre chose de sa vie que travailler ? Dans le même ordre d’idées, pour pallier à la pénurie des enseignants, ils veulent nous proposer de faire des heures supplémentaires, alors que nous sommes déjà crevés et que tout le monde a envie d’accepter, puisque tout le monde a besoin d’argent : ils profitent donc des salaires trop bas pour nous diviser et nous épuiser encore plus.

    Entre temps, le décret « directeur » va permettre d’engager toutes les personnes porteuses d’un titre pédagogique, même sans expérience dans l’enseignement, pour être à la tête des écoles. Tout cela nous donne l’impression, voire la certitude qu’ils sont en train de privatiser l’enseignement (cf. également la division du PO et PR).

    Il semblerait qu’il faille rappeler au gouvernement les priorités pour qu’un enseignement soit de qualité ! Il nous faut un enseignement financé par le public et qui ne dépende en aucun cas du privé ! Il nous faut un refinancement à hauteur de minimum 7% du PIB comme dans les années 80, mais cela ne doit être qu’un début. Grâce à ce refinancement, nous pourrions avoir une augmentation de salaires de tous les membres du personnel à hauteur de minimum 14€ de l’heure (soit min. 2300€ brut/mois), nous pourrions engager du personnel à tous les niveaux (éducateurs, enseignants, secrétaires, logopèdes, médiateurs, membres du PMS,…) et nous pourrions également avoir de meilleures infrastructures, dignes d’un enseignement de qualité. Enfin, nous rappelons que pour enseigner correctement et faire de la différenciation d’apprentissage, il faut avoir maximum 15 élèves par classe.

    Des arrêts de travail ont été organisés dans certaines écoles de Wallonie et de Bruxelles lors de la semaine du 18 mars, dans le but de préparer le rassemblement en front commun de ce mercredi 3 avril (14h30) avec comme revendication principale la revalorisation de la prime de fin d’année à hauteur de 90% du salaire (et non plus 70%). La CGSP donne également à ses affiliés un préavis de grève pour la matinée du mercredi et élargit les revendications au rejet des décrets du Pacte cités ci-dessus et à la taille des classes trop élevée. Rejoignons-nous dans les piquets de grève que certaines écoles mettront en place à partir de 8h du matin et retrouvons tous les collègues à 11h devant le ministère de l’enseignement (Place Surlet de Chokier) pour dire non à ce Pacte et oui à un refinancement public.

    Ne nous arrêtons pas là ! Ce n’est qu’un début, il faut continuer le combat pour un enseignement de qualité, réellement gratuit et financé par le public à hauteur de 7% du PIB. Continuons à faire pression pour que le prochain gouvernement entende notre colère, entende les conditions dans lesquelles nous travaillons et dans lesquelles les élèves étudient. Continuons les assemblées du personnel pour s’informer. Il nous faut un plan d’action qui soit audacieux et en front commun et il nous le faut : maintenant ! C’est une bonne chose que l’action de ce mercredi soit en front commun, ensemble nous sommes plus forts.

    Toutefois, nous ne devons pas nous arrêter à la demande d’une prime de fin d’année plus élevée. Le temps qui nous reste avant les élections et la formation d’un nouveau gouvernement doit être mis à profit pour informer nos collègues, discuter de nos revendications dans les écoles et les syndicats et élaborer un plan pour les obtenir. Plus de ressources pour l’éducation ne seront disponibles que si nous forçons les gouvernements à les libérer, l’argent est là avec les grandes entreprises et leurs actionnaires. Si nous voulons un enseignement centré sur les élèves et les enseignants, nous devrons lutter non seulement pour plus de ressources, mais aussi pour une autre société, une société socialiste.

    Nous revendiquons :

    • 7% du PIB sous forme de fonds publics pour l’enseignement.
    • Une augmentation de salaires de tous les membres du personnel à hauteur de minimum 14€ de l’heure (soit min. 2300€ brut/mois).
    • Plus de personnel (éducateurs, enseignants, secrétaires, logopèdes, médiateurs, membres du PMS,…).
    • De meilleures infrastructures.
    • Un maximum de 15 élèves par classe.
    • Un enseignement gratuit et démocratique.

    Rendez-vous mercredi 3 avril :

    • Piquets de grève dans certaines écoles
    • 11h : Sit-in contre le Pacte d’Excellence (Place Surlet de Chokier à Madou)
    • 14h30 : Rassemblement en front commun pour l’augmentation de la prime de fin d’année (Place Surlet de Chokier à Madou)

    NOTES :

    1) https://www.lalibre.be/actu/belgique/chez-les-profs-un-tiers-des-absences-sont-liees-au-stress-587bc7fbcd708a17d566b0f9
    2) https://formations.siep.be/actus/40-des-enseignants-quittent-le-metier-dans-les-cinq-premieres-annees/
    3) https://www.lesoir.be/art/235903/article/actualite/belgique/2013-05-02/plus-19-des-jeunes-enseignants-abandonnent-lors-1re-annee
    4) http://data.uis.unesco.org/index.aspx?queryid=181&lang=fr (2015)
    5) https://www.rtl.be/info/regions/hainaut/des-parents-en-colere-a-boussu-leurs-enfants-suivent-les-cours-dans-des-containers-1094910.aspx ), https://www.dhnet.be/regions/bruxelles/saint-gilles-prefabrique-des-classes-51b752d1e4b0de6db9792a7a
    6) https://www.enseignons.be/2011/11/30/taille-des-classes-les-plafonds-sont-fixes/
    7) http://inegalites.be/L-ecole-en-Belgique-renforce-les
    8) https://www.galilee.be/system/files/uploads/colloque_pacte_cattonar_atelier5_2mai2017.pdf

  • Interview de Jo Coulier, président de la CGSP-Enseignement flamande

    « Cela fait plus de 30 ans que l’on impose des économies dans l’enseignement alors que nous sommes dans une soi-disant économie de la connaissance. »

    Dans beaucoup d’écoles flamandes, on a vu flotter une banderole revendiquant ‘‘plus de moyens pour l’enseignement’’. Lutte Socialiste a discuté avec Jo Coulier, président de la CGSP-Enseignement flamande, au sujet des raisons de cette action.

    Peux-tu nous donner un peu plus d’explications ?

    “Lors de son entrée en fonction, la ministre de l’enseignement flamand Hilde Crevits (CD&V) a annoncé l’ouverture d’un débat portant sur la problématique des carrières dans l’enseignement. Beaucoup de professeurs jettent l’éponge dans les cinq années qui suivent le début de leur carrière. Il est généralement admis que cette profession est trop peu attractive.

    “Entre-temps, il a peu été question de débat. Les organisations professionnelles du corps enseignant et les syndicats sont trop peu écoutés. En revanche, toutes sortes de prétendus experts donnent leur avis, leurs propositions allant de la suppression des nominations à la différenciation des traitements, etc. La création de ‘‘fonctions de support’’ est également une proposition récurrente. La plupart du temps, ces fonctions de support reposent sur une charge de travail accrue (par le biais de réunions, rapports et évaluations, entres autres) plutôt que sur un réel soutien à la profession.

    “Pour le dire clairement: les propositions sur la table risquent de rendre la profession encore moins attrayante parce qu’on passe à côté de l’essence-même du problème, c’est-à-dire la forte charge de travail pour le personnel.”

    Les profs ont quand même beaucoup de congés. Comment est-il possible qu’il y ait un problème de charge de travail ?

    “Une manière de neutraliser un adversaire est de le ridiculiser. A chaque polémique, qu’il s’agisse des salaires, des pensions ou de la charge de travail, le personnel enseignant a droit à la même rengaine : ils n’ont pas à se plaindre avec tous leurs congés.

    “Ma mère était institutrice maternelle et je peux vous garantir qu’elle prestait plus de 38 heures par semaine. Pendant les semaines d’école, les enseignants prestent beaucoup d’heures mais, même pendant les vacances, ils consacrent une partie de leur temps aux préparations. Les vacances sont, en fait, des périodes pendant lesquelles les heures supplémentaires prestées (collectivement) sont récupérées. Une étude scientifique a montré que les professeurs de la VUB (Vrije Universiteit Brussel, Université libre néerlandophone de Bruxelles) travaillent plus de 53 heures par semaine.

    “Cela n’a tout de même pas empêché un ancien ministre de déclarer qu’ils devraient travailler plus durement pour compenser le manque de personnel – en raison de l’austérité.”

    Le problème, ce serait donc l’austérité ?

    “Oui, mais pas seulement. Cela fait plus de 30 ans qu’on impose des économies dans l’enseignement alors que nous vivons dans une soi-disant économie de la connaissance et que les exigences imposées à l’enseignement sont de plus en plus grandes.

    “Outre le fait de fournir des enseignants (hautement) qualifiés, l’enseignement doit également veiller à l’éducation, s’occuper de problèmes de société comme la lutte contre les discriminations et récemment, s’est encore ajoutée la prévention du ‘‘radicalisme’’. L’enseignant doit, en fait, être une sorte de superman ou de wonderwoman alors que la profession est de moins en moins valorisée.

    “Après la ratification du traité des Nations Unies dans lequel l’enseignement inclusif est devenu un droit, l’enseignant doit maintenant en plus veiller à l’intégration des jeunes ayant des besoins spécifiques grâce au fameux décret M.’’

    En quoi consiste ce décret et êtes-vous contre l’enseignement inclusif ?

    “Le ‘‘décret M’’ régit l’approche de l’Enseignement flamand à l’égard des élèves qui, en raison d’une incapacité, d’une déficience ou d’un handicap, ne sont pas en mesure de suivre simplement les cours dans une école de l’enseignement ordinaire, en leur permettant d’y avoir accès. En tant que syndicat, nous ne sommes pas opposés à l’enseignement inclusif. En revanche, nous sommes contre le fait que des enseignants de l’enseignement traditionnel déjà débordés reçoivent une charge de travail supplémentaire parce que des enfants nécessitant des soins aboutissent dans leur classe. Si cette mesure était combinée à des classes plus petites et adaptées avec une assistance visant à délivrer des soins dignes de ce nom, il n’y aurait pas de problème. Mais c’est précisément là que le bât blesse. Sans compter que le ‘‘décret M’’ disloque le fonctionnement des écoles spéciales étant donné que les moyens sont maintenant dispersés. C’est tout une expertise qui risque d’être perdue. ”

    La solution ne serait-elle pas tout simplement de disposer de plus de moyens ?

    ‘‘Ce serait, en effet, un bon début. Mais le gouvernement flamand ne veut rien entendre à ce sujet. La ministre de l’enseignement a cherché une solution ‘‘créative’’. Elle s’est dit : si nous faisons prester 22 heures à tous les professeurs de l’enseignement secondaire qui ont un horaire de 20 ou 21 heures, nous économisons près de 3.000 jobs dans l’enseignement, des moyens qui pourraient être utilisés ailleurs. En d’autres termes, comme les politiciens ne veulent pas cracher les moyens financiers nécessaires, les professeurs du secondaire doivent travailler jusqu’à 10% de plus pour le même salaire. Cela a, à juste titre, provoqué une certaine colère parmi les professeurs, qui subissent déjà une charge de travail trop élevée. Avec cette proposition, c’est le retour à la case départ : au lieu de rendre la profession plus attractive, c’est l’inverse qui se produit. Après une large consultation des affiliés, il est clairement ressorti que les enseignants en avaient marre.”

    Vous avez mené une action avec des banderoles. Est-ce vraiment le meilleur moyen de faire pression ? Pourquoi ne pas être entré en grève ?

    “Chaque secteur a sa spécificité. Si les ouvriers de Volvo arrêtent le travail, il n’y aura personne pour réclamer leurs services devant la porte de l’usine. Si les enseignants arrêtent le travail, ils sont immédiatement confrontés aux parents qui travaillent et ne savent pas où mettre leurs enfants.

    ‘‘On trouve un grand sens du devoir parmi les professeurs, comme c’est d’ailleurs le cas dans d’autres professions, et il ne faut pas sous-estimer l’impact du chantage affectif. Lors d’une grève, les médias dépeignent directement ces grévistes qui ont déjà trois mois de congé par an comme des fainéants surpayés qui s’en prennent au ‘‘Flamand qui travaille durement’’. Ils feraient mieux de parler du manque de garderie… C’est pourquoi, nous avons opté pour une campagne de sensibilisation pour expliquer clairement ce dont il s’agit. Mais ces banderoles pendues dans le plus d’écoles possible n’étaient que la première étape d’un plan de mobilisation.”

    Comment se déroule l’action ?

    “Nous en sommes à plus de 1000 banderoles et le nombre augmente. Dans plusieurs écoles, la direction interdit d’en placer une. Depuis la fin des vacances de Pâques, d’autres instruments sont utilisés : on propose notamment des marque-pages pour poursuivre la sensibilisation.

    “Mais le plan d’action est pour l’instant un peu mis en veille. La ministre a, en effet, communiqué le 16 mars dernier que les mesures étaient suspendues et nous attendrons de voir les résultats d’une enquête sur la charge de travail qui a entre-temps été demandée.

    “Nous pouvons très clairement affirmer que l’action a connu son premier succès. Alors que la ministre voulait initialement tout simplement imposer son plan, la mobilisation syndicale a repoussé ce dernier au frigo. Nous devons encore voir comment les choses vont évoluer, mais les syndicats doivent saisir ce moment pour poursuivre et accentuer la discussion dans les écoles et préparer les enseignants à, si nécessaire, partir en action de manière plus énergique.

    ‘‘Il faut surtout retenir que si la ministre a fait un pas de côté, c’est grâce à la protestation du personnel et cela montre qu’une lutte de masse a du sens. A suivre donc.”

  • Le Pacte d’Excellence, un Pacte McKinsey ?

    Notre enseignement est malade. Les inégalités scolaires sont catastrophiques en Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB). Les études PISA révèlent que l’écart entre les 25% d’élèves les plus favorisés et les 25% les plus défavorisés équivaut à 3 années d’étude (PISA 2015). Le nombre de burn-out (épuisements professionnels) parmi les enseignants est en augmentation, avec 36% des absences dues au stress au travail (RTBF, 16/01/2016). Les pénuries dans l’enseignement sont également criantes : les 20.000 places manquantes d’ici 2022 n’en sont qu’un exemple (Le Soir 10/9/2016). Une réforme de l’enseignement peut dès lors sembler nécessaire. Le Pacte d’Excellence en discussion depuis deux ans est-il à la hauteur des défis ? Nous oriente-t-il vers un enseignement de qualité pour tous ?

    Par Emily (Namur)

    Co-construit ou téléguidé ?

    Le pacte est présenté par la ministre de l’Enseignement, Marie-Martine Schyns (cdH), comme une large réforme de l’enseignement obligatoire dont les mesures seraient ‘‘co-construites entre les différents acteurs du monde éducatif’’ (Résumé introductif du Pacte d’Excellence (1)).

    Un intrus s’est pourtant discrètement invité à la table: l’entreprise McKinsey. Cette multinationale de la consultance semble être à la manœuvre depuis le début. Après une réunion confidentielle 6 mois avant le début du processus avec Joëlle Milquet (ex-ministre de l’Enseignement, cdH) aboutissant à une note confidentielle ressemblant étrangement au Pacte, McKinsey a remporté l’appel d’offres pour établir le diagnostic. Elle s’est ensuite retrouvée à la manœuvre durant la phase de ‘‘co-construction’’ où elle fut chargée, au fur et à mesure des réunions, de synthétiser les propositions des acteurs de terrains et d’en calculer le rapport coût/efficacité à la manière du privé. Le vocabulaire et les méthodes managériales du privé – ainsi que l’idéologie que cela implique – ont pris une place de premier plan, comme expliqué dans l’enquête de la journaliste Laurence Van Ruymbeke (émission Vox Pop, Arte (2)). Le pacte prévoit, par exemple, la mise sur pied de plans d’évaluation des enseignants à la manière du privé, dont les critères restent encore très flous.

    Mais ce n’est pas le contrat de consultance en tant que tel qui intéresse McKinsey. Recruté pour un premier rapport à hauteur de 38.000 euros, le gouvernement a ensuite été informé que ce montant ne couvrait pas la totalité des prestations à effectuer par McKinsey mais que le reste des prestations serait couvert par un mécénat de McKinsey Belgique et d’autres acteurs. Le journal L’Echo parle d’un montant de 8 millions d’euros… (L’Echo, 18/5/2016).

    Comme elle le fait dans d’autres pays, cette entreprise veut se rendre indispensable dans le secteur en étant seule à détenir certaines données et en élaborant des modèles d’enseignement utilitaristes favorables à leurs autres clients. L’idée est de mettre en place les premiers jalons d’une privatisation de l’enseignement, ce dont son directeur belge, Étienne Denoël, est ouvertement favorable.

    A combien revient ce pacte ?

    À ce sujet, le Pacte d’Excellence a le mérite d’être clair : ‘‘Nous avons eu à cœur d’inscrire nos propositions dans les réalités budgétaires de la Fédération Wallonie-Bruxelles en tenant compte du fait que globalement notre enseignement est suffisamment financé si on le compare aux pays qui nous entourent. Les réformes que nous proposons impliquent des dépenses nouvelles de l’ordre de 300 millions d’euros, dont 230 à 250 millions seront financés en rythme de croisière par des réorientations au sein du budget actuel de l’enseignement.’’ (Résumé introductif du pacte)

    Une série de mesures semblent plutôt intéressantes comme un tronc commun plus long ou la limitation du redoublement. Mais lorsque l’on se penche sur la manière d’envisager leurs mises en œuvre naissent diverses inquiétudes. Le socle du projet parait bien plus déterminé par des ‘‘impératifs’’ budgétaires plutôt que par l’émancipation des jeunes et la réduction des inégalités.

    Ainsi, le tronc commun jusqu’à 15 ans permettrait, entre autres, aux jeunes de savoir plus précisément ce qui les intéresse avant de s’orienter vers une filière. Mais encore faut-il, durant ce tronc commun, donner un avant-goût des différentes orientations à travers un enseignement général – polytechnique et artistique (avec les investissements en matériel que cela suppose) – et non pas prolonger l’enseignement général d’un an – avec ses plus grosses classes et moins de matériel. De manière globale, le pacte va par ailleurs diminuer l’encadrement par élève, en termes d’équivalents temps pleins.

    Le redoublement, principal outil de remédiations en FWB, est peu efficace aux dires des pédagogues. Il a également un coût exorbitant (320 millions d’euros) que le gouvernement compte réduire de moitié. Toutefois, le pacte manque d’outil pour pallier les difficultés scolaires : il ne prévoit pas de plus petites classes pour permettre aux enseignants de donner plus d’attention à chaque élève et la remédiation semble organisée sur le dos des enseignants.

    Non à un enseignement au service du privé

    On peut difficilement être contre les bonnes intentions mises en avant dans le plan. Cependant, les méthodes du nouveau management sont dangereuses pour notre enseignement. Un plan massif de rénovation des bâtiments scolaires (isolation, remplacement des chaudières trop vétustes,…) est indispensable pour de bonnes conditions d’étude et de travail. Cela permettra à terme de faire des économies, mais cela nécessite aujourd’hui de réinvestir dans l’enseignement. Sans de plus petites classes et un réel plan de remédiassions pour lutter contre le redoublement et le décrochage scolaire (ce qui permettra également des économies), les jeunes enseignants continueront de fuir ce métier après quelques années et la réussite scolaire des jeunes continuera de dépendre largement de leur milieu familial. Un édito de L’Echo (3/12/2016) a d’ailleurs récemment souligné que si les parents ne jouent pas un rôle plus important dans l’enseignement, le pacte restera lettre morte.

    Luttons pour un réinvestissement public dans l’enseignement pour qu’il soit de qualité, pour tous !

    Notes:
    1) http://www.pactedexcellence.be/
    2) http://www.skolo.org/spip.php?article1897&lang=fr

  • [TÉMOIGNAGES] Enseignant, le plus beau métier du monde?


    p7enseignementfr

    Une rentrée ordinaire ? Pas vraiment.

    Cette année pour nombre d’enseignants, septembre a rimé davantage avec incertitude que les années précédentes. Pourtant, de toute évidence, les rentrées sont pour beaucoup d’entre nous toujours sous forme de gros points d’interrogation. Chaque fois, la question est de savoir si cette on pourra encore rempiler dans la même école et ce jusqu’en juin.

    Par Laure (Bruxelles)

    C’est le lot annuel de la plupart des profs : un contrat de septembre à juin chaque année, sans savoir si l’établissement nous comptera encore parmi ses dévoués travailleurs l’année d’après, sans pouvoir se projeter, ni s’investir, malgré les beaux projets que nous voudrions mettre en place …
    Mais cette rentrée est particulière. Certains d’entre nous (c’est mon cas et celui de plusieurs collègues) n’ont toujours pas signé de contrat. Nous continuons pourtant de prester nos heures. On nous a déjà signifié que le salaire ne tomberait pas cette fin de mois. Cela implique que lorsque nous serons censés percevoir notre dû, et que nous pourrons prouver que nous n’avons pas été payés, là seulement nous pourrons faire une demande à la direction de l’école pour une avance…

    La ‘‘réforme des titres et fonctions’’

    Mais ce n’est pas tout. Aujourd’hui, beaucoup d’entre nous ne savent toujours pas ce qu’ils enseigneront comme matière le mois prochain. En attendant, on fait ce qu’on peut, c’est à dire ce qu’on a toujours fait. On donne des matières qui, peut-être, ne nous seront plus attribuées le mois prochain. Allez savoir… C’est la “grande” réorganisation!… Disons plutôt, la grande désorganisation!
    C’est ce qui s’appelle la ‘‘réforme des titres et fonctions’’ : une réforme pondue de toute évidence par des ‘‘experts’’ qui ne connaissent rien aux réalités de terrain et qui essaient sans doute de prouver qu’ils ne sont pas payés à ne rien faire (peut-être vaudrait-il mieux)… Ça c’est la version la plus naïve de cet inquiétant bordel.

    En réalité, il s’agit surtout de justifier la baisse de salaire d’un grand nombre d’enseignants qui exercent depuis des années sans avoir ‘‘le titre requis’’, le papier qui permettrait de justifier que l’on soit payé le même salaire que son collègue pour un même job. Autrement dit sans ce papier, on coûte 300 euros de moins à l’État que son collègue qui fait le même boulot.

    Ainsi nombre d’entre nous verront leur salaire amputé pour un temps plein s’ils continuent à donner les cours qu’ils enseignent depuis des années. De plus, jamais ils ne seront nommés et ils resteront donc sous contrat précaire toute leur carrière. Et pendant ce temps-là, nous sommes rentrés en classe depuis près d’un mois et nous ne savons toujours pas à quelle sauce on va être mangé. Enseigner dans de telles conditions ne peut avoir qu’un effet extrêmement néfaste sur la qualité de notre travail et les premiers à en pâtir sont les jeunes, bien évidemment.

    Un enseignement à deux vitesses

    À cela s’ajoute ma réalité en tant qu’enseignante dans un CEFA, une école professionnelle en alternance dans laquelle les ados travaillent la plupart du temps en entreprise et n’ont qu’un jour par semaine de cours généraux.

    Alors que nous sommes considérés au plus bas de l’échelle des établissements scolaires et que notre public se compose essentiellement de jeunes en décrochage, avec de grandes difficultés scolaires et/ou sociales, nous assistons à une élitisation de notre filière, une élitisation de l’enseignement considéré de dernière zone.

    Les programmes changent et les exigences dans les cours généraux sont pour beaucoup de nos jeunes bien trop élevées et totalement déconnectées, une fois de plus, de la pertinence, de la faisabilité, bref de la réalité de terrain que nous connaissons.

    Ainsi, le sens que je voyais à mon travail qui se trouvait surtout dans l’avancée de mes élèves, leur progression dans le parcours sinueux de l’école, leur émancipation, la courbe progressive de leur estime de soi, leur permettre de sortir de là avec un CDI, avec d’autres perspectives,… Tout cela est menacé, bientôt ces jeunes n’auront plus de possibilités de sortir avec un diplôme secondaire et un métier en poche.

    L’école qui ne voulait pas d’eux les rejette une seconde fois. Ils ne seront que de la chaire à patron. De la main-d’œuvre extrêmement précaire et bon marché.

    L’enseignement dans son ensemble est menacé, usé par les économies souhaitées dans les budgets alloués à l’enseignement d’une part, et d’autre part à la production de programmes et d’organisations totalement déconnectées de nos besoins et de la réalité du terrain.

    Il est grand temps que les enseignants se mobilisent pour arrêter cette machine de destruction massive des services publics. Je pense qu’on peut juger une société à la façon dont elle considère ses jeunes et leur avenir. Aujourd’hui, notre société en est à la phase terminale. Bref, j’étais motivée, puis j’ai fait ma rentrée.

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    “Les enseignants sont toujours en vacances…”

    Combien de fois n’a-t-on pas entendu cette rengaine? Pourtant, les chiffres sont éloquents : un enseignant sur trois quitte le métier au bout de 5 ans. Dans le même temps, dans certaines zones, on parle d’absentéisme sévère ou encore de pénurie de professeurs dans certains cours. Le métier d’enseignant ne semble pas avoir la cote et une partie importante de ceux qui s’y engagent prennent vite la poudre d’escampette. Pour quelles raisons?

    Par Sandra (Bruxelles)

    Une journée dans la peau d’une enseignante

    Lundi, 8h du matin. 25 paires d’yeux adorables me fixent avec attention et je sais que j’ai tout intérêt à les passionner dès la première minute….car sinon le chahut ne se fait pas attendre. J’arrive à le faire aujourd’hui, puisque la veille au soir, j’ai commencé à préparer mes cours vers 20h. Pleine d’enthousiasme, j’ai trouvé des textes magnifiques dans les livres que j’ai achetés moi-même, et j’ai imprimé le tout avec mon imprimante, à domicile.

    50 minutes plus tard, il sonne. Voilà 25 autres paires d’yeux devant ma classe, au taquet. Mais cette fois, c’est une classe du degré supérieur, donc c’est aussi un autre cours, d’autres préparations, d’autres recherches… Certains jours, j’ai 7 h de cours d’affilée. Parfois, entre deux cours, j’ai une heure de fourche… C’est une heure sans élève durant laquelle j’essaye de gagner du temps: faire des photocopies, préparer mon journal de classe, préparer et remettre la planification de l’année, préparer des interrogations, corriger des interrogations,…

    À midi-trente, c’est la pause, la pause caféine. Si je n’ai pas de réunion prévue durant mon temps de midi, je sors de l’école, à la recherche d’un peu de calme. Et puis ça recommence, je dois être à nouveau pleine d’entrain et de motivation jusqu’à 16h.

    Si je n’ai pas de soirée informative pour les parents, de conseil de classes ou de photocopies à faire pour le lendemain, je rentre directement à la maison. Les corrections attendront. Là, je suis fatiguée de ma journée intense…

    Oui mais voilà, je m’interroge. Étant donnés les conditions de travail actuelles, le nombre croissant d’élèves dans les classes – dans certaines écoles, parfois on flirte avec les 30 élèves à entasser dans un local, le manque de budget alloué à l’enseignement (en constante baisse), le manque de stabilité à l’emploi (renforcé par la réformes des titres et fonctions), les réformes concernant notamment les diplômes et les fonctions des professeurs, le grignotage dans les pensions,… je me demande : que deviendra l’enseignement ? Les enseignants? Les futurs enseignants ? Et, bien entendu, ceux qui sont au cœur de l’apprentissage, les élèves ?

    Un secteur sous pression constante

    Un professeur preste de 20 à 26 heures en classe, mais il va de soi que le nombre d’heures de travail réel est de loin supérieur. Selon la CSC, lorsqu’on prend en compte les préparations, les corrections, les conseils de classes, les réunions de parents, etc., un professeur travaille en moyenne 45 heures par semaine !

    En 2011, sous le gouvernement Di Rupo, plusieurs mesures avaient déjà été prises à l’encontre des pensions des travailleurs du service public, enseignants compris. Ces mesures réduisaient – voire dans certains cas supprimaient – le montant de la pension légale et reculaient l’âge de la pension, prématurée ou non. En 2016, le gouvernement Michel a annoncé à son tour une salve de nouvelles mesures touchant de plein fouet les travailleurs du secteur public. Un enseignant devra travailler plus, pour au final toucher moins !

    À l’heure actuelle, des questions demeurent : le métier de professeur sera-t-il reconnu comme métier “lourd” ou “pénible” pour pouvoir prétendre à une pension anticipée à la retraite? Est-il illogique de penser qu’un enseignant à l’âge de 60 ans n’est plus capable de s’impliquer autant qu’il le voudrait dans son métier?

    Le combat continue…

    La liste d’attaques à l’égard des enseignants et de questions que soulève l’enseignement est encore longue: suppression de la bonification du diplôme dans le calcul de la pension, pseudo-gratuité de l’enseignement, Pacte d’excellence,…

    Une chose est sûre: je continuerai à défendre mon métier, parce qu’il est, à mes yeux, encore et toujours, le plus beau du monde. Mais c’est un métier très exigeant et lourd qui implique une vision politique ambitieuse et à long terme, tant pour les enseignants que pour les élèves, adultes de demain.

  • Economiser jusqu’au moment où les universités ne sauront plus garder la tête hors de l’eau?

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    [VU DE FLANDRE] L’infrastructure de l’enseignement supérieur coûte 123 millions d’euros, le gouvernement en prévoit 28,6.

    Cet été il a été révélé que différentes universités flamandes doivent contracter des emprunts pour le maintien de leurs bâtiments. Après des années de manque de moyens, les réserves des universités ont complètement fondu. Le seul moyen de garder la tête hors de l’eau, c’est de faire usage des taux d’intérêt historiquement bas et d’emprunter. Un pis-aller, aucunement une solution à long terme.

    Article d’un syndicaliste de l’université de Gand

    Les universités de Bruxelles (VUB), Gand et Hasselt ont déjà emprunté pour l’entretien de l’infrastructure. La rénovation et la construction de bâtiments sont nécessaires au vu de la croissance du nombre d’étudiants. Le gouvernement flamand ne prévoit pourtant que 28,6 millions d’euros pour l’infrastructure des universités. En 2011, les cinq universités flamandes avaient besoin de 123 millions d’euros pour leur équipement et leurs bâtiments. Ils reçoivent cinq fois moins.

    De plus en plus d’économies

    Auparavant, ce fossé était comblé par des transferts de moyens initialement prévus ailleurs. Mais les mesures d’austérité sont passées par là et les universités trouvent de moins en moins de moyens à réallouer. Le gouvernement précédent avait économisé 120 millions d’euros dans l’enseignement supérieur. En deux ans le gouvernement actuel a brisé ce record : 50 millions en 2015 et 80 millions en 2016 (avec l’objectif de 400 millions en tout pour 2019). C’est prometteur pour le budget 2017 qui sera décidé cet automne. Les responsables des universités et hautes écoles continuent à espérer que les économies s’arrêtent. Entretemps, les emprunts servent à limiter la casse.

    La ministre de l’enseignement Hilde Crevits (CD&V) continue à nier le problème : ‘‘Les budgets des universités sont encore en équilibre, donc il n’y a pas de problème’’, a-t-elle affirmé après la discussion sur le budget régional en 2015. Le 18 mars 2016, les syndicats de l’enseignement supérieur flamand ont mené une action contre l’austérité. La ministre disait : ‘‘Je fais de mon mieux, mais nous vivons dans une période d’austérité.’’ Les efforts de la ‘‘ministre qui faisait de son mieux’’ livraient leur résultat un mois plus tard : des 130 millions d’euros économisés en deux ans, le gouvernement a rendu 2,5 millions d’euros. La ministre parlait de ‘‘revenir sur les économies’’. Elle pense vraiment que nous allons avaler cela ?

    Emprunts et moyens privés ne sont pas de solutions à long terme

    Il y a quand même au moins un ‘fou’ qui s’est fait tromper par le ministre: le recteur de l’université d’Anvers Alain Verschoren. Pendant que les autres recteurs ont expliqué la situation financière difficile de leur université pour expliquer qu’ils doivent faire des emprunts pour l’infrastructure, le recteur Verschoren déclarait que les moyens prévus par le gouvernement sont suffisants et que les universités doivent aller chercher des moyens privés. Est-ce que le recteur Anversois se réjouit déjà tellement de la fin de son mandat qu’il ne se soucie plus de ce que vit le personnel de son université ? N’est-il pas au courant de l’augmentation de la charge de travail, des conditions de travail toujours plus flexibles et de l’insuffisance de l’infrastructure ? Est-il aveugle aux chiffres ?

    Entre 1995 et 2000, le nombre d’étudiants est passé de 146.344 à 207.954, soit une augmentation de 42%. Au cours de la même période, le nombre d’employés avec des tâches d’enseignement (donc sans les chercheurs) est passé de 12.413 à 12.390. Le nombre de nouveaux doctorats à des universités Flamands a augmenté entre 1995 et 2012 de 600 à 1.650 par an, le nombre de publications a triplé entre 1992 et 2009. Entretemps, le gouvernement a continué à faire des économies. Pendant les élections pour un nouveau recteur à Anvers, le poulain de Verschoren, son vice-recteur Meeusen, a perdu d’une façon surprenante face à son challenger Herman Van Goethem. Un signe que la vision de Verschoren sur l’austérité n’était pas très populaire parmi le personnel et les étudiants ?

    Il nous faut une position nuancée sur la question des emprunts et des moyens de financement privés. Les économies de ce gouvernement imposent un lourd fardeau sur l’avenir de l’enseignement supérieur. En empruntant maintenant, les universités peuvent remettre les plus grands problèmes à dans quelques années. Sans les emprunts, il sera impossible de faire les investissements urgents et nécessaires. Il faut tenir compte de ce dilemme.

    Mais en même temps, il faut souligner que les emprunts ne sont pas une solution à long terme. Dans les années à venir, les emprunts devront être remboursés. A moyen terme, les universités risquent de ne plus avoir assez de moyens pour payer les échéances et faire de nouveaux investissements qui seront nécessaires. Sans refinancement public, les universités seront obligées de prendre des mesures d’austérité sans issue dans l’enseignement supérieur. Les problèmes actuels de la charge de travail, l’insuffisance de l’infrastructure et les hausses des minervaux ne vont faire que s’aggraver d’une façon drastique.

    Déjà organiser la résistance

    Les syndicats dans l’enseignement supérieur et un nombre d’organisations étudiantes comme les Etudiants de Gauche Actifs (EGA) commencent déjà à préparer la résistance. Ces dernières années, nous avons vu des actions contre l’augmentation du minerval. EGA a organisé des actions de lycéens à Gand. Toute une génération de lycéens a eu une expérience importante de résistance et de lutte contre l’austérité. Ils vont profiter de cette expérience dans les luttes à venir.

    Au début de l’année scolaire en 2015, les syndicats ont mené des actions. Ils avaient fait le bilan de la performance de l’enseignement supérieur et des moyens financiers prévus par le gouvernement flamand. L’enseignement peut présenter des chiffres de croissance spectaculaires, tant en nombre d’étudiants qu’en résultats de recherche. Toutefois, le financement public a continué de baisser. Le gouvernement reste en défaut sur ses propres engagements de 2000 avec les accords de Lisbonne. Ces accords stipulaient que le nombre d’étudiants devrait augmenter et que les résultats de la recherche devraient croître. Le personnel dans l’enseignement a fait sa part. Le gouvernement avait promis de passer à 2% du Produit Régional Brut pour l’enseignement supérieur. Pour 2015, cela signifiait une augmentation du budget de l’actuel 1,7 milliards d’euro à 3,8 milliards ! Ces chiffres montrent le sous-financement de l’enseignement supérieur.

    Il faut donc continuer la lutte : nous devons organiser les étudiants et les membres du personnel contre l’austérité. Nous ne pouvons pas compter sur le bon esprit des gouvernements, il faut lutter. Des moyens, il y en a, l’austérité n’est qu’une expression de la réticence politique pour chercher des financements chez les multinationales, les spéculateurs ou les très riches au lieu de faire payer les travailleurs et leurs familles. Luttons pour utiliser les moyens pour les besoins réels de la société : enseignement et recherche de qualité, mais aussi des transports publics, des soins de santé, le logement,… En bref : une vie décente pour tout le monde.

  • Athénée d'Evere: des problèmes avec la direction surviennent durant la grève

    evereAvec cinq camarades, nous avons le piquet de l’Athénée Royal d’Evere ce vendredi 24 juin vers 9h du matin. À la demande de CGSP Enseignement, les directions des écoles secondaires de Bruxelles avaient déplacé tous les conseils de classe programmés pour ce vendredi à une date ultérieure. Il n’y a qu’à l’Athénée d’Evere que cela n’a pas été le cas. Etant donné que cette décision avait clairement pour but de briser la grève, les représentants syndicaux et les syndicalistes s’étaient donnés rendez-vous à 8h pour tenir piquet devant le parking de l’école. Ce piquet comprenait notamment la participation d’enseignants d’une école à proximité.

    Au cours des discussions entretenues avec les participants, il a vite été clair que la direction est connue pour régner par la terreur à l’école. Les enseignants de cette école qui se plaignent à leurs collègues d’autres écoles de la situation difficile qui prévaut à l’Athénée insistent systématiquement pour que leur nom ne soit pas mentionné par la suite. Les représentants syndicaux présents ont précisé que leur relation avec la direction est très difficile. Le piquet de grève d’hier matin a permis d’empêcher la tenue des conseils de classe à cette date, comme c’était le cas partout à Bruxelles. Les syndicalistes ont également pu avoir une conversation avec la direction.

    Comme l’a commenté un représentant syndical, cela est révélateur de la manière dont des actions nationales permettent souvent de faire émerger les problèmes internes à une école.

    Rapport: Sofie. Photo: Mario.

  • ULB. Grève du nettoyage pour défendre les délégués!

    02Ce matin, le personnel de nettoyage du campus Solbosch à l’ULB a débraillé. Les pressions régulières sur le personnel ont mené un des délégués syndicaux à avoir une crise cardiaque. Celle-ci fut la goutte de trop pour les travailleurs qui n’en peuvent plus.

    Par Julien (EGA-ULB) 

    En octobre 2015, avec EGA, nous avions participé à la dernière grève du nettoyage à l’ULB (de la CSC, qui regroupe la quasi-totalité du personnel, en particulier). Elle avait alors forcé la direction d’ISS à discuter des conditions de travail, du manque de personnel et de la pression. Cette dernière avait promis un changement et le personnel avait alors confiance. Une commission formée au lendemain de la grève avait ensuite révélé que les contrats d’une énorme partie du personnel n’était pas en règle.

    Mais, finalement, ISS continue d’utiliser les contrôles non pour améliorer la qualité du nettoyage mais pour faire reposer tous les problèmes sur le dos du personnel! Une travailleuse m’expliquait même que parfois, elle devait travailler plusieurs jours à l’eau, sans produits, car ISS fait des économies partout où c’est possible…

    05La faute vient aussi de l’ULB qui, pour le nettoyage des campus, organise un appel d’offre, fait jouer la concurrence, et embauche l’entreprise la moins chère: une sorte de “modèle kiwi” du nettoyage.

    Avec les élections sociales, ce sont les délégués qui se sont retrouvés particulièrement visés. Un des contrôleurs de l’ULB a d’abord cherché à participer de force à une réunion de la délégation syndicale il y a quelques semaines. ISS a ensuite poussé ses contrôleurs à suivre les délégués de près pour rapporter la moindre poussière restante. Pourquoi engager du personnel supplémentaire quand ont peut tirer encore plus de celui qu’on a? ISS connait une croissance de son chiffre d’affaires depuis plusieurs années, ce n’est pas pour rien.

    06Au piquet ce matin, 40 personnes étaient présentes. En plus des grévistes, quelques membres des Etudiants de Gauche Actifs (EGA) et de l’administration de l’ULB sont venus témoigner de leur solidarité avec le délégué qui, depuis, s’est remis de sa crise cardiaque. Prochaine étape: la manifestation nationale du 24 mai!

  • “Pour les élections sociales, nous sensibilisons par le contenu’’

    À la VUB (Vrije Universiteit Brussel), les 2.800 membres du personnel se prononceront à la mi-mai pour élire leur représentation syndicale. Bart Vandersteene en a discuté avec Jo Coulier, délégué FGTB depuis 1995, président du conseil national de la CGSP-Enseignement flamande (ACOD-Onderwijs) et membre du PSL.

    Tous les 4 ans, les travailleurs élisent leurs représentants au sein du comité d’entreprise et du Comité pour la prévention et la protection au travail. Comment la FGTB s’est-elle présentée à l’université pour ces élections ?

    ‘‘Nous avons 58 candidats. C’est le plus grand nombre de candidats que nous ayons connu et le résultat du très bon travail syndical mené avec intensité au cours de ces 20 dernières années. Nous avons une équipe de candidat plus diversifiée que jamais, toutes les catégories du personnel sont représentées, de la cafétéria au personnel académique, tous ensemble sur une même liste. 48% de nos candidats sont des femmes alors qu’elles représentent 41% du personnel. Ce grand mélange provient directement de l’accent que nous mettons sur un travail de fond et combatif.

    ‘‘Nous nous attendons à un bon résultat pour la FGTB, même si l’impact de certains facteurs est difficile à estimer. La CSC participe ainsi pour la première fois aux élections. En 2012, la FGTB avait recueilli près de 65% des voix, la CGSLB en recevant 29%, les autres votes étaient blancs ou nuls. Un résultat similaire cette année-ci attesterait du bon travail que nous avons fait.’’

    Comment menez-vous campagne ?

    ‘‘Contrairement à une tendance générale dans le syndicat qui accorde une attention plus particulière à la forme des campagnes, nous avons consciemment investi dans le fonds, le contenu, notamment par une brochure en cinq chapitres. [Cette brochure peut être consultée en ligne sur http://www.vub.ac.be/abvv/sites/default/files/programmabrochureVUB.pdf]

    ‘‘Nous commençons par la nécessité d’accroître les investissements publics dans l’enseignement supérieur pour contrer la logique d’économies budgétaires. L’investissement dans l’enseignement supérieur crée également des emplois, 80% des frais universitaires sont destinés au personnel. Dans le deuxième chapitre, nous listons les revendications des différentes catégories de personnel. Le troisième chapitre est consacré à la défense de la sécurité sociale et du fruit de notre travail collectif contre les idées libérales telles que la rémunération à la performance et l’assurance individuelle. Une autre partie aborde le bien-être au travail et nous concluons par un chapitre sur la nécessité absolue des syndicats.

    ‘‘Nous essayons de rencontrer l’ensemble du personnel avec cette brochure et d’entrer ainsi en discussion sur le rôle du syndicat et les principes défendus par notre délégation FGTB.’’

    Concrètement, qu’est-ce que cela signifie entre deux élections sociales ?

    ‘‘Nous réunissons régulièrement les délégués et nous invitons d’ailleurs souvent ceux qui le souhaitent à s’assoir avec nous pour discuter des revendications, des actions à mener,… Nous organisons de nombreuses séances d’information pour le personnel. Ces assemblées se déroulent sur le temps de midi, parfois avec des orateurs particuliers. Nous avons, par exemple, invité un représentant de Médecine Pour Le Peuple (MPLP) pour parler des dangers liés à l’amiante dans le cadre d’un dossier concret à la VUB. Il y a eu des séances d’information concernant l’emploi et le financement de l’enseignement supérieur, nous avons invité un expert de la situation politique aux États-Unis et nous avons même reçu un ancien député européen (Paul Murphy) pour parler de l’Union européenne. Cela a créé une culture de discussion parmi les membres de la FGTB qui sont de plus en plus impliqués. L’effet de ces assemblées est très positif.’’

    Quel impact les mesures d’austérité ont-elles sur l’université ? Quelle résistance cela entraine-t-il ?

    ‘‘Nous avons eu quelques actions très importantes à la VUB avec une très bonne participation aux manifestations et aux grèves, selon les normes de la VUB. Cela fait déjà longtemps que nous constatons les effets de la réduction progressive du financement public de l’enseignement supérieur sur le personnel et les étudiants. Mais d’un autre côté, nous avons pu obtenir satisfaction pour certaines revendications durant l’année écoulée. Ce fut le résultat d’une pression grandissante au cours de ces dernières années et de l’installation d’un nouveau conseil d’administration plus ouvert à nos arguments. Cela récompense la persévérance de notre travail syndical au cours du temps. Nous espérons en voir aussi le résultat au niveau des élections sociales.’’

  • “L’enseignement spécialisé confronté à des défis majeurs’’

    daphneElections sociales: Parole aux candidats.

    Les élections sociales se tiendront en mai. Toutes les entreprises qui comprennent plus de 50 travailleurs éliront des représentants du personnel pour le comité de prévention et de protection au travail (CPPT) et celles de plus de 100 travailleurs éliront également les membres du conseil d’entreprise. Aux précédentes élections sociales en 2012, il y a eu 125.116 candidats soit le double des élections communales, et 44.608 d’entre eux ont été élus. Pour ces élections, pas d’agences de publicité ni de coûteuses campagnes médiatiques : les délégués sont directement élus par leurs collègues sur base de leur dévouement quotidien.

    Certains secteurs de l’enseignement seront eux aussi concernés, notamment dans l’enseignement spécialisé dépendant du libre. Nous en avons discuté avec Daphné, candidate CSC aux élections sociales à Liège.

    Lutte Socialiste : peux-tu te présenter en quelques mots ? Pourquoi cette décision de te présenter aux élections sociales ?

    Daphné : ‘‘Cela fait maintenant 6 ans que j’ai le plaisir d’enseigner dans deux écoles d’enseignements spécialisé de la région de Liège, l’EPA (École Professionnelle d’Ans) et Saint Vincent Ferrer. C’est un boulot qui me passionne parce qu’il s’agit de donner les meilleures ‘‘armes’’ possibles à des élèves déjà fragilisés pour affronter leur vie future, qui s’annonce semée d’embûches et plus qu’incertaine. En tant que membre du PSL et fille de militant syndical métallo, c’était plutôt naturel de m’investir tôt ou tard. Mais j’ai également pu constater depuis le début de ma carrière le peu de reconnaissance dont bénéficie le spécialisé et le peu de moyens qui lui sont accordés, alors qu’il s’agit d’une structure de toute première importance d’un point de vue social.

    ‘‘Je constate les répercussions de ce manque de reconnaissance et de financement autant sur les équipes pédagogiques que sur les élèves. C’est une bonne raison pour s’investir syndicalement afin de contribuer à renverser la tendance.’’

    LS : Quelle est la situation syndicale dans ton secteur ?

    ‘‘Il n’y a plus de délégation syndicale depuis trois ans, presque quatre, dans mon implantation. Du reste, le spécialisé est assez peu représenté dans les instances syndicales. La priorité va dons être de reconstruire une présence et une tradition syndicale. Notre équipe de candidats veut mettre l’accent sur l’information régulière des militants et affiliés, c’est essentiel si on veut participation active de leur part.’’

    LS : Quels sont les difficultés auxquelles vous allez être confrontées selon toi ?

    ‘‘D’abord, le ‘‘pacte d’excellence’’ développé en ce moment par la ministre Milquet. Ce n’est clairement pas une bonne nouvelle pour l’enseignement en général, encore moins pour le spécialisé. Au sein d’une enveloppe fermée, on veut mettre des moyens dans le maternel, le primaire, le supérieur…Cela va fatalement se faire au détriment de l’enseignement secondaire. Ce n’est pas un secret, pour la ministre, le spécialisé est un secteur qui coûte cher. La tendance est donc de faire passer d’avantage d’élèves qui auraient besoin d’un encadrement spécialisé dans l’enseignement classique pour diminuer les coûts et, à terme, supprimer l’accès au spécialisé pour un certain type d’élèves qui en ont bien besoin. Ce n’est bon ni pour eux, ni pour les élèves qui suivent un enseignement classique : si un prof doit gérer dans sa classe des élèves avec des troubles du comportement en plus de ses autres élèves, cela va forcément avoir un impact sur la qualité de l’enseignement et le suivi de tous les élèves.

    ‘‘Dans les pistes lancées, on voudrait également étendre la journée des élèves. Cela pourrait être une bonne chose si, à nouveau, on ne fonctionnait pas avec une enveloppe fermée. On nous dit que ce ne sont pas les enseignants qui vont assurer les plages horaires supplémentaires mais alors qui ? Et comment va-t-on les financer ?

    ‘‘Pour le reste, on voit bien que ce plan a été lancé pour mettre la pression sur les enseignants. Ils voudraient également que les enseignants prestent 38h semaine, et donc faire nos prépas dans l’enceinte de l’école, ce qui au niveau de l’infrastructure et du matériel est impossible, il faut des ordinateurs, un espace calme et la certitude que les enseignants ne seront pas à disposition de l’école pour remplacer les profs absents et ainsi remettre à plus tard leurs préparations. L’objectif, c’est de faire passer l’idée qu’on fait enfin bosser les profs fainéants, alors que l’on cherche à nous contrôler d’avantage. A tout ça s’ajoute toutes les tracasseries administratives que l’on nous impose pour mieux nous contrôler, ils ne se rendent pas compte que c’est du temps en moins consacré aux élèves. C’est contre-productif.’’

    LS : Et comment allez-vous y répondre ?

    ‘‘L’enseignement spécialisé va être confronté dans les prochaines années à des défis majeurs. La seule solution pour garder une qualité d’enseignement et des conditions de travail correctes dans le secteur, c’est de réclamer un refinancement à hauteur des besoins réels, mais pour tout l’enseignement. Qu’on arrête de déshabiller Pierre pour habiller Paul. Allons chercher l’argent là où il se trouve, chez Electrabel et les grosses entreprises.

    ‘‘Il nous faut une base bien informée des enjeux. Pour notre part, dès que notre équipe sera en place après les élections sociales, nous comptons organiser un premier arrêt de travail pour une séance d’information. Nous espérons que ce sera la première d’une suite de réunions régulières où nous pourrons discuter et impliquer plus de collègues.’’

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