Category: Enseignement

  • Faire crever les profs parce qu’on a sauvé les banquiers, c‘est NON!

    Faire travailler les profs plus (jusqu’à deux heures de cours en plus par semaine) et plus longtemps (en reportant la possibilité de partir en prépension de 55 ans à 58 ans). Voilà la brillante idée de Simonet pour faire des économies et « lutter contre la crise ».

    Tract du PSL

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    De la suite dans les idées…

    Ce plan n’est pas une «erreur de parcours». Ce n’est au contraire que le dernier en date des mauvais coups que les gouvernements successifs ont infligés à l’enseignement.

    Dans les années ’90, Di Rupo et Onkelinx ont déjà saigné l’enseignement sous prétexte d’économies. Nous avons perdu plus de 6.000 emplois. Nous payons encore tous les jours les conséquences de ces mesures avec l’augmentation du nombre d’élèves par classe, la dégradation des bâtiments, le manque de matériel,…

    Donner plus d’heures de cours sans être payés plus, cela s’appelle une escroquerie. Cela veut aussi dire que la charge de travail va devenir encore plus dure, alors que beaucoup d’entre nous – et particulièrement les jeunes – sont déjà surchargés de travail. Et cela signifie qu’une série de profs temporaires vont valser au chômage.

    Travailler jusqu’à 58 ans, cela veut dire que des profs souvent stressés, fatigués voire même démotivés vont devoir continuer à enseigner, avec à la clé une nouvelle diminution de la qualité de l’enseignement – alors qu’il serait tellement plus utile qu’ils puissent dès 50 ans s’occuper de transmettre leur savoir aux jeunes profs. Cela signifie aussi que des jeunes profs, qui ont déjà dur de trouver une place aujourd’hui, auront encore plus difficile d’entrer dans la vie active et de commencer à faire des projets d’avenir. Et cela signifie aussi une nouvelle hausse du chômage.

    Réduire les dépenses prévues dans une série de secteurs (aides financières pour les familles en difficultés, réduction du coût des trajets en train, prévention des accidents de travail,…), c’est d’abord s’asseoir sur une série de promesses électorales (mais ça, on en a un peu l’habitude), mais c’est surtout préparer une nouvelle détérioration des conditions de travail et un renforcement des inégalités face à l’enseignement.

    Moins de deux mois après la formation des gouvernements régionaux et communautaires, les belles intentions sont donc parties en fumée. Il ne reste plus qu’une volée de sacrifices imposés aux profs.

    En octobre, le nouveau gouvernement soi-disant «de gauche» PS-Ecolo-cdH décidera de l’ampleur des coupes budgétaires dans l’enseignement… mais pas uniquement.

    Car le plan d’économies de Simonet donne un avant-goût de ce que tous les gouvernements – fédéral, régionaux et communautaires – nous préparent pour la rentrée : prendre dans nos poches tout ce qu’ils pourront y gratter afin de remplir les caisses qu’ils ont vidées ces derniers mois pour sauver banquiers et actionnaires.

    Dans les années ‘70, la part du PIB belge (Produit Intérieur Brut = le montant des biens et des services produits en une année) consacrée à l’enseignement atteignait 7%. Aujourd’hui, elle est tombée à quasiment 5% (une différence qui équivaut à près de 6 milliards d’euros par an!). Ou est passé l’argent?

    Les gouvernements successifs ont mené une politique néolibérale de cadeaux et d’avantages pour les patrons des entreprises avec l’argent de la collectivité. La sécurité sociale a connu elle aussi les mêmes ponctions. Et aujourd’hui, les caisses sont censées être vides, mais il n’a pourtant pas fallu longtemps pour trouver 85 milliards d’euros (selon le Fonds Monétaire International) pour sauver les actionnaires des banques.

    La première réponse syndicale a été rapide et à la hauteur de l’attaque. Les assemblées de ce jeudi doivent servir à informer et mobiliser les collègues. Mais il ne faut pas en rester là.

    Une vraie mobilisation organisée par nos syndicats pourra certainement faire reculer Simonet.

    Pour cela, nous pensons qu’il faut :

    • lancer une large campagne d’informationauprès des élèves et des étudiants, des parents et de l’ensemble de la population pour montrer les conséquences désastreuses des mesures de Simonet;
    • mettre en avant un programme de revendicationspour refinancer l’enseignement (en revenant à un budget égal à 7% du PIB);
    • organiser une journée de grève tous réseaux et niveaux confondus avant la fin septembre pour montrer notre détermination.
    • se tenir prêt à participer à des actions plus larges parce que les enseignants ne seront pas les seules cibles des divers gouvernements en cette rentrée.

    Plus que jamais «Tous ensemble!»


    Vous voulez rire, Madame Onkelinx ?

    Vous venez de déclarer que «Si j’avais été à leur place, j’aurais fait comme les enseignants, j’aurais contesté [les mesures que je prenais comme ministre]».

    C’est bien gentil de votre part de nous faire savoir que, vous aussi, vous auriez refusé les milliers de pertes d’emploi que vos mesures d’austérité ont provoqué.

    Mais permettez-nous de vous poser une autre question. «Si vous aviez été vraiment socialiste, n’auriez-vous pas essayé de trouver l’argent ailleurs que chez les enseignants ?».

    Il est frappant de voir à quel point la logique des mesures proposées par Simonet aujourd’hui va dans le même sens que celles que les ministres PS mettaient en oeuvre il y a une dizaine d’années.

    Pour se défendre, les enseignants et les autres travailleurs ne peuvent décidément pas faire confiance aux partis de l’Olivier.

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    Vous cherchez de l’argent, Madame Simonet ?

    Vous et vos collègues êtes à la recherche d’argent. Plutôt que d’économiser sur le dos des profs et des élèves, nous vous proposons plutôt d’aller chercher l’argent chez ceux qui en ont les moyens.

    Vous voulez quelques idées ?

    • Réprimer réellement la fraude fiscale (estimée à 30 milliards par an)
    • Etablir un impôt sur les gosses fortunes
    • Supprimer les intérêts notionnels et autres cadeaux aux patrons et aux banques
    • Aller chercher du côté du patronat et des actionnaires. Si vous l’avez oublié, les 20 plus grandes entreprises belges cotées en Bourse ont réalisé ensemble 29 milliards de bénéfices en 2007. S’ils ont les moyens de distribuer super-bonus et parachutes dorés à leurs managers et à leurs actionnaires, ils peuvent bien payer pour la communauté!
  • Action pour plus de moyens pour l’enseignement supérieur – Reportage photo

    Ce mardi 18 novembre, une action s’est déroulée au ministère de l’enseignement du gouvernement flamand menée par des membres du personnel et des étudiants de la VUB (université néérlandophone de Bruxelles). A la base de cette protestation se trouvait la décision du ministre de ne pas indexer les moyens accordés à l’enseignement supérieur contrairement à ce qu’il avait promis. Environ 80 personnes ont participé à l’action de protestation.

    Frederik

  • Action pour plus de moyens pour l’enseignement supérieur – Reportage photo (2)

    Ce mardi 18 novembre, une action s’est déroulée au ministère de l’enseignement du gouvernement flamand menée par des membres du personnel et des étudiants de la VUB (université néérlandophone de Bruxelles). A la base de cette protestation se trouvait la décision du ministre de ne pas indexer les moyens accordés à l’enseignement supérieur contrairement à ce qu’il avait promis. Environ 80 personnes ont participé à l’action de protestation.

    Nico

  • Un enseignement gratuit et de qualité !

    Renforcer le pouvoir d’achat par un salaire étudiant et…

    Le début d’une nouvelle année scolaire peut peser très lourd financièrement pour beaucoup d’étudiants et pour leurs parents. Il n’y a pas seulement les minervals à payer mais aussi des syllabus et des livres, le loyer et la garantie pour un kot,… La diminution du pouvoir d’achat risque de réduire dans beaucoup de ménages la possibilité de faire des études supérieures. Les Etudiants de Gauche Actifs (EGA – l’organisation étudiante du MAS) s’opposent à cela. C’est pourquoi nous participons à « Respacte », une campagne large contre la hausse des frais d’études.

    Respacte veut notamment organiser une nouvelle enquête pour chiffrer les vrais coûts des études supérieures. Une étude précédente de la FEF (Fédération des Etudiants Francophones) avait montré qu’un étudiant avec kot paie facilement entre 10.000 à 12.000 euros par année d’études, un étudiant qui vit à la maison entre 7.000 et 9.000 euros ! Mais tandis que le coût des études ne cesse de monter, les bourses d’études, elles, ne sont pas adaptées…

    Depuis la mise en oeuvre des réformes de Bologne, l’enseignement supérieur a connu une commercialisation poussée. Celle-ci favorise un petit groupe d’institutions « d’élite » avec, comme conséquence, que pour un certain nombre de formations master-après-master, les minervals atteignent déjà parfois 9.000 euros ! Ce n’est là que le premier pas vers des augmentations généralisées des minervals. EGA lutte pour un enseignement gratuit et de qualité.

    A coté des minervals, il y a encore les frais de transport, d’hébergement, de nourriture,… Les « réformateurs » néolibéraux de l’enseignement évoquent souvent la « mobilité » des étudiants quand ils plaident les avantages du regroupement des universités. Mais jamais ils ne parlent des moyens pour faciliter le transport des étudiants. Il existe des mesures limitées en matière de transports publics, mais elles devraient être élargies vers un transport public gratuit et de qualité pour tout le monde. Sur le plan du logement, EGA lutte pour plus de « kots » et de maisons sociales.

    Pour offrir une indépendance aux jeunes, il nous faut un salaire étudiant pour garantir que tout le monde puisse avoir accès aux études supérieures et y consacrer le temps nécessaire. Un jeune issu d’une famille qui doit faire de grands efforts pour qu’il puisse étudier est soumis à une forte pression et risque de choisir des études plus courtes et économiquement plus rentables plutôt que celles qui l’intéresseraient le plus.

    Si nous voulons rendre les études accessibles pour tout le monde, nous devrons rompre avec la logique néolibérale du marché qui veut transformer les universités et les hautes écoles en sous-traitants des grands multinationales. Pour cela, davantage de moyens publics pour l’enseignement sont nécessaires : augmenter le budget pour l’enseignement vers 7% du PIB serait déjà un beau début.

    Des revendications pareilles ne peuvent pas être coupées de la lutte du mouvement ouvrier contre la logique du capitalisme. Dans l’intérêt de tous les étudiants, le mouvement étudiant doit se lier avec les actions syndicales sur le pouvoir d’achat et y présenter ses revendications spécifiques.

    EGA est bien présent dans la lutte pour un enseignement gratuit et de qualité. N’hésite pas à nous rejoindre !


    Liens:

  • Des études de plus en plus chères… Bientôt uniquement pour les plus riches ? Plus de moyens publics pour l’enseignement!

    Des études de plus en plus chères…

    Bientôt uniquement pour les plus riches?

    Selon une étude de la FEF (Fédération des Etudiants Francophones), un étudiant kotteur paie en moyenne de 10.000 à 12.000 euros par an pour ses études. Les autres s’en sortent avec « seulement » 6.000 à 7.000 euros par an. Alors, les études, accessibles pour tous?

    Jeroen Demuynck

    Non ? Rien d’étonnant… L’enseignement n’a pas été épargné par la gestion néolibérale des partis traditionnels et subit le choc des réductions d’investissements publics. La logique de profit domine toujours plus. En 1980, 7% du Produit Intérieur Brut étaient consacrés à l’enseignement, mais ce pourcentage n’est plus aujourd’hui que de 4,9%. Bénéficier de l’enseignement n’est plus considéré comme un droit, mais plutôt comme un « investissement » dans son propre avenir.

    C’est particulièrement perceptible au niveau des droits d’inscription. Une étude du gouvernement flamand de 1999 a établit que les étudiants universitaires payaient 355 euros d’inscription en moyenne, pour 389 euros en moyenne pour les étudiants des hautes écoles. Aujourd’hui, il est demandé 535 euros en moyenne en Flandre et, en Wallonie, le minerval est de 721 euros en moyenne (universités) ou de 530 euros (hautes écoles). Vous trouvez ça cher ? Attendez de voir l’avenir que nous réserve un enseignement à la sauce anglo-saxonne, aux coûts d’inscription de plusieurs milliers d’euros…

    A côté des droits d’inscription, pour de nombreux étudiants, un kot est tout simplement devenu impayable. Selon l’étude citée précédemment, un kot coûtait en Flandre de 1.859 à 1.945 euros par an il y a dix ans. Aujourd’hui, il s’agit de 3.120 euros en moyenne et de 3.150 euros en Wallonie. Et c’est encore plus cher à Bruxelles. Et on n’a pas encore parlé des livres, des transports, de la nourriture, de l’ordinateur et d’internet, des stages…

    De plus en plus d’étudiants sont obligés de « bricoler à côté » pour payer leurs études. Très souvent, ils se retrouvent dans des jobs ultra-flexibles et sous-payés, ce qui mine non seulement leurs chances de réussite, mais aussi les conditions de travail des autres travailleurs. La pression financière pour suivre des études a beaucoup de conséquences : une étude a établi en France que 40.000 étudiants, principalement des étudiantes, payent leurs études en ayant recours à un job dans l’industrie du sexe. Il n’y a pas de chiffres disponibles pour la Belgique mais une pareille évolution est vraisemblable ici aussi.

    La seule manière de concrétiser le droit d’accès à l’enseignement est de développer les services publics sociaux au lieu de les réduire. Pour résoudre le problème de la cherté des logements, la construction d’une grande quantité de homes pour étudiants qui soient bon marché et de qualité s’impose. Grâce à une plus grande offre de kots, les prix du marché privé diminueraient aussi. Au lieu de privatiser les restaurants universitaires et de les remettre à la logique de profits du privé, il faut les développer, au lieu d’augmenter les coûts d’inscription, il faut les supprimer, et il faut instaurer un salaire étudiant pour que chacun puisse réellement avoir accès aux études.

    Pour un enseignement solide et accessible, il faut plus de moyens publics. Les ramener à nouveau à 7% du PIB serait déjà un bon premier pas dans cette direction !


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  • Le coût des études doit baisser !

    Enseignement supérieur et universitaire

    La Fédération des Etudiants francophones (FEF) et la Vlaamse Vereniging van Studenten (VVS) lancent une campagne contre la forte augmentation du coût des études dans l’enseignement supérieur.

    La FEF et la VVS rappellent que la Belgique a signé en 1983 le Pacte des Nations-Unies connu sous le nom de Pacte de New York. Celui-ci stipule dans son article 13 que « l’enseignement supérieur doit être rendu accessible à tous, en pleine égalité (…) notamment par l’instauration progressive de la gratuité ». Pour la première fois aussi depuis longtemps, une vieille revendication d’Etudiants de Gauche Actifs (EGA, l’organisation étudiante du MAS) refait également surface, celle d’un salaire étudiant. Selon la FEF, les coûts des études ont atteint en moyenne 6.000 à 7.000 euros par an pour les étudiants qui habitent chez leurs parents et 10.000 à 12.000 euros pour les étudiants kotteurs !

    Ce sont surtout les droits d’inscription, le logement, le transport et l’alimentation qui prennent la plus grosse part du budget. Le minerval universitaire coûtait l’équivalent de 250 euros en 1983 ; il est aujourd’hui de 789 euros (et l’an prochain, il montera à 820 euros). Les prix du logement ont augmenté d’environ 60 % en dix ans. A cela s’ajoutent les augmentations générales des prix, entre autre dans l’alimentation et l’énergie (ces dernières ont en outre eu des répercussions sur les prix des transports). Et il faut également tenir compte d’autres frais supplémentaires car il est devenu impossible d’étudier sans ordinateur ni connexion internet.

    Pour renverser la situation, EGA affirme qu’il faut absolument investir afin que l’enseignement supérieur devienne accessible : plus de moyens pour les services sociaux comme les logements, les repas bons marché, l’accès gratuit à internet, un accès à des ordinateurs,…

    Ceci nécessite aussi plus de personnel, avec un salaire décent plutôt qu’un statut bidon. Les moyens financiers doivent venir de l’Etat qui doit augmenter le budget de l’enseignement jusqu’à 7 % du PIB (Produit Intérieur Brut), une revendication qu’EGA met déjà en avant depuis des années.

    Enseignement supérieur Flamand

    De plus en plus ouvert au marché, de moins en moins accessible aux étudiants

    Plus de 100 formations sont menacées dans l’enseignement supérieur flamand par une nouvelle vague de restrictions qui visent à faire disparaître des petites orientations.

    Comment faire cela le plus simplement possible ? Le Ministre de l’Enseignement flamand Vandenbroucke (SP.a) – qui a déjà été à la base de plusieurs plans de rationalisation de l’enseignement supérieur et universitaire flamand ces dernières années – veut supprimer toutes les orientations qui comptent moins de 115 étudiants. Quelque 130 formations sont ainsi menacées dans les Hautes Ecoles et les Universités.

    C’est surtout dans les orientations artistiques et scientifiques que les coupes devraient être faites si cela ne dépendait que du ministre. Alors que tous les pédagogues savent que de petits groupes permettent d’avantage d’offrir des formations de qualité (parce qu’il y a un contact personnel avec les étudiants et un suivi), Vandenbroucke instaure la frontière absurde du minimum de 115 étudiants pour chaque formation. Sinon, le seul choix possible est de fusionner ou de disparaître.

    La commission qui devait préparer la «rationalisation» de l’enseignement supérieur a mis un an pour rédiger un rapport. La règle des 115 y est centrale et serait introduite progressivement en commençant par une première norme de 80 étudiants par formation en baccalauréat pour 2012.

    Vandenbroucke veut introduire une logique de management dans l’enseignement supérieur : ce ne sont pas les étudiants qui comptent, mais l’efficacité économique.

    La démocratisation de l’enseignement supérieur n’a pas eu lieu

    Steven Groenez , chercheur à l’Institut supérieur du Travail (HIVA) de Louvain, a réalisé une étude sur la démocratisation de l’enseignement supérieur. Il est arrivé à une conclusion frappante : les inégalités n’ont presque pas changé depuis la Deuxième Guerre Mondiale.

    Les enfants d’ouvriers ont quatre fois moins de chances de franchir le cap de l’enseignement supérieur que les enfants des employés supérieurs. Actuellement, il y a plus d’enfants de familles ouvrières qui étudient, et pourtant « ils n’ont pas les mêmes chances » selon Groenez. « Le nombre d’étudiants issus de groupes sociaux inférieurs a certes progressé, mais celui des étudiants issus des groupes sociaux plus favorisés a progressé tout autant ».

    L’inégalité commence d’ailleurs déjà à un âge précoce, dans l’enseignement primaire et secondaire.

  • Tous ensemble contre le ‘Plan Stratégique du Recteur’ !

    ULB

    Depuis quelques mois déjà, le recteur de l’ULB, M. Ph.Vincke, concocte un plan de réformes concernant la politique à mener dans les années à venir sur notre université. Enrobé d’une myriade de phrases aux consonnances attractives («promotion de la réussite», «défense de l’égalité des chances»,…), ce plan, appelé le ‘Plan Stratégique du Recteur’, n’est rien d’autre qu’une nouvelle attaque en règle contre la qualité de notre enseignement, attaque dont l’étendue porte directement atteinte à de larges pans de la vie de notre université et franchit un pas supplémentaire vers la privatisation. Un document présentant ce Plan Stratégique a fait l’objet d’une discussion lors du Conseil d’Administration du 18 février, et devrait être remis sur la table pour être soumis à approbation lors du prochain CA, le 21 avril.

    Etudiants de Gauche Actifs-ULB

    Ce plan est défini comme une « feuille de route pour les prochaines années» définissant 10 axes stratégiques visant à promouvoir une « attitude proactive » face au paysage universitaire de plus en plus complexe auquel doit faire face l’ULB. Pratiquement, il s’agit d’un panel de mesures néo-libérales visant à positionner l’ULB dans le contexte de compétition internationale que se livrent les établissements supérieurs et universitaires entrés dans l’ère Bologne.

    Le recteur affirme dans son projet que l’ULB applique une « politique sociale », visant à « donner à chaque étudiant, quelle que soit son origine, une chance réelle de réussite ». Le recteur a visiblement la mémoire bien courte : les dernières années ont été marquées par une série d’attaques profondément anti-sociales de la part des autorités universitaires de l’ULB. La privatisation de nombreux services sur l’université (restaurants, foyer étudiant, service de nettoyage, sécurité, …) n’en est qu’un seul exemple. Les prix de plus en plus élevés des logements et autres services alloués aux étudiants sont autant d’obstacles supplémentaires aux moins fortunés d’entre nous pour pouvoir étudier dans de bonnes conditions. Un nombre croissant d’étudiants sont ainsi forcés de travailler à côté de leurs études pour subvenir à leurs besoins. Selon une étude comparative réalisée l’an dernier, globalement les étudiants-salariés ont 40% moins de chances que les autres de réussir leurs études. Cela ne correspond pas vraiment à notre vision d’une « politique sociale. »

    L’ULB : vers une université d’élite ?

    Les politiciens traditionnels et les recteurs n’hésitent plus à recourir régulièrement au terme d’ « universités d’élite » lorsqu’ils évoquent le processus de Bologne. Pour ceux qui s’en souviennent, l’ancien recteur de l’ULB De Maret avait déjà déclaré : « Le 21ème siècle sera le siècle des universités d’élite. L’ULB en fera partie ». Le ‘Plan Stratégique du Recteur’ s’inscrit exactement dans cette logique. L’insistance avec laquelle ce dernier fait référence au système des ‘rankings’ internationaux (c’est-à-dire les classements mondiaux des universités les plus prestigieuses) est éloquente à ce titre. La direction de l’ULB veut jouer dans la cour des grands, afin d’être capable de rivaliser avec les autres universités européennes et américaines, et élever sa place dans le ‘hit-parade’ des universités les plus élitistes. Ne soyons pas dupes ! Les critères de ces classements ne sont pas basés sur des aspects démocratiques ou sociaux, mais sur des critères de prestige, d’élitisme et de sélection qui poussent les universités et Hautes-Ecoles à attirer les étudiants dont les chances de réussite sont les plus grandes, c’est-à-dire avant tout les étudiants issus des milieux les plus fortunés. Ce qui se dessine derrière cette compétition internationale est de plus en plus palpable : un enseignement à deux niveaux, avec d’un côté des institutions de pointe accessibles uniquement aux surdoués et aux étudiants riches ; de l’autre, des institutions de second rang sous-financées pour la masse des étudiants issus de milieux plus modestes. Une telle logique a donc un prix : un simple coup d’oeil sur les montants exorbitants des minervals et droits d’inscription exigés dans les prestigieuses universités anglo-saxonnes suffit pour s’en convaincre.

    Suppression massive de cours en perspective

    Selon le recteur, « la promotion de la réussite et de l’égalité des chances passe aussi par une réflexion approfondie sur l’harmonisation de notre offre d’enseignement avec les ressources humaines dont nous disposons. » Il n’est malheureusement pas expliqué comment le recteur va s’y prendre pour promouvoir la réussite en tronçonnant dans l’offre des cours disponibles : en effet, tel est bien l’idée qui sous-tend cette « harmonisation ». Selon les propres dires du recteur, « Aujourd’hui, les ressources humaines dont nous disposons dans le Corps académique et le Corps scientifique devraient nous permettre d’offrir un ensemble d’environ 2500 cours de 2 ou 3 ECTS. Or, actuellement nous en offrons entre 4000 et 5000 dans nos programmes…Il n’y aura pas de miracle, nous ne recevrons pas de la Communauté française 50 nouveaux professeurs. Il faudra réfléchir à notre offre d’enseignements et la revoir à la baisse quitte à développer des partenariats avec des universités voisines pour rationnaliser l’offre d’enseignement… »

    Une rationnalisation de l’offre des cours, cela signifie concrètement faire des économies sur le dos des étudiants et du personnel. Etrangement, peu de publicité a pourtant été faite envers ces derniers afin de les avertir que cette politique d’« harmonisation » a déjà commencé depuis plusieurs mois : certains cours de la filière indo-européenne par exemple (Sanskrit, Iranien ancien, Grammaire comparée), ont été largement réduits en nombre d’heures, voire supprimés. Et ce n’est qu’un début. Dans la logique d’un enseignement davantage orienté vers le marché, les orientations qui ne sont pas intéressantes pour les entreprises, à vocation plutôt sociale ou intellectuelle, passeront progressivement à la trappe. C’est dans la même optique que le ministre Vandenbroucke prépare un nouveau plan de rationalisation dans l’enseignement supérieur et universitaire flamand, visant à supprimer toutes les orientations qui comptent moins de 115 étudiants. Quelques 130 formations sont ainsi menacées, essentiellement dans les filières artistiques et scientifiques.

    Notre université n’est pas un marché !

    La conception néo-libérale de l’éducation est celle d’un produit de marché plutôt que d’un service public. Résultat des courses : en trois décennies, le financement public de l’enseignement a littéralement fondu, alors que, en toute logique, les besoins générés par l’augmentation du nombre d’étudiants aurait dû impliquer une courbe dans le sens opposé. En 1980, le gouvernement dépensait encore 7 % du PIB pour l’enseignement. Depuis, ce pourcentage a chuté à 4,9 %. C’est pourquoi, depuis des années déjà, EGA met en avant la revendication d’un refinancement public de l’enseignement à hauteur de 7% du PIB.

    La diminution de la participation de l’Etat au financement de l’éducation sert de credo aux autorités rectorales pour justifier les mesures d’austérité ainsi que le recours à des modes de financement ‘alternatifs’. En clair, il s’agit de plus en plus d’aller chercher les fonds dans la poche des étudiants ou dans le secteur privé.

    Le recours au financement privé est précisément la voie prônée par le rectorat pour refinancer la recherche. Arguant des ressources limitées de la Communauté Française, le recteur propose ainsi le développement d’une politique de « fundraising », dont la première campagne débuterait lors de la rentrée académique 2009-2010. Le fundraising consiste à aller faire la quête -essentiellement auprès des entreprises- pour leur demander des fonds. Les conséquences d’une telle politique sont évidentes: une orientation de la recherche vers les intérêts de profitabilité des entreprises, une dégradation du statut des chercheurs, etc.

    Liberté d’expression menacée

    L’application de mesures néo-libérales sur notre campus ne peut que susciter des réactions de plus en plus larges de la part des étudiants et du personnel. C’est pourquoi les autorités universitaires se préparent à des lendemains plus ‘agités’ : le rectorat entend pouvoir museler toute velléité de résistance de la part de la communauté universitaire. C’est dans cette logique qu’il faut comprendre les récentes mesures restreignant la liberté d’expression sur le campus : auditoires payants et difficilement accessibles pour les étudiants comme pour les enseignants en-dehors des cours, difficultés à pouvoir diffuser des tracts sur l’avenue Paul Héger, espace d’affichage restreint, paperasse administrative de plus en plus lourde, interdiction de toute action sur le campus sans autorisation préalable du recteur trois semaines à l’avance, etc.

    Quelle réponse ?

    Les mesures proposées par la direction de l’ULB ne peuvent se comprendre que placées dans un contexte plus général. En effet, l’université n’évolue pas en vase clos, et les étudiants ne sont pas les seuls à subir des attaques. Alors que de plus en plus de travailleurs et d’allocataires sociaux sont confrontés au problème du pouvoir d’achat, et que les grosses entreprises réalisent des profits gargantuesques, la déclaration gouvernementale de Leterme Ier entend encore renforcer la flexibilité sur le marché du travail, accélérer la chasse aux chômeurs et arroser le patronat de nouveaux cadeaux fiscaux. Nous ne pouvons dissocier ces attaques de celles qui sont menées dans l’éducation : les unes commes les autres sont destinées à satisfaire la soif de profit d’une minorité de capitalistes et d’actionnaires, pendant que la majorité des travailleurs et des jeunes subissent une dégradation perpétuelle de leurs conditions de vie, de travail et d’études. Tous les partis politiques traditionnels adhèrent à cette logique néo-libérale, y compris ceux qui prennent la peine de se voiler d’un vernis ‘social’. Il suffit de dire que les ministres prétendûment ‘socialistes’ sont depuis des années à l’avant-poste pour mener les assainissements dans l’enseignement, qu’il soit primaire, secondaire ou supérieur.

    C’est pourquoi il est indispensable d’élargir notre combat aux travailleurs, ainsi qu’à la construction d’un outil politique indépendant du patronat, un parti qui puisse réellement relayer nos intérêts. L’an dernier, lors de la lutte qui émergea à l’ULB contre la vente des kots et de la moitié des terrains de la Plaine, les syndicats, le personnel et le corps académique n’ont à aucun moment été appelés à soutenir et à s’impliquer dans la lutte. Nous pensons qu’il s’agissait là d’une erreur que nous ne pouvons réitérer ; si nous voulons lutter de manière efficace, il sera indispensable de lier nos luttes à celles du mouvement ouvrier, notamment celles qui se mènent en ce moment même pour une revalorisation du pouvoir d’achat.

    • Non au Plan Stratégique du Recteur ! Aucune suppression de cours ! Luttons pour la défense de chaque emploi !
    • Non au processus de Bologne et à la marchandisation de l’enseignement ! Stop aux privatisations des services sociaux ! Pas d’ingérence du secteur privé sur la recherche !
    • Non aux augmentations des droits d’inscriptions ! Pour un salaire étudiant !
    • Pour un refinancement public et massif de l’enseignement à tous les niveaux, à hauteur de 7% du PIB minimum !
    • Pour un enseignement gratuit, de qualité et accessible à tous et toutes !
    • Solidarité avec les luttes des travailleurs ! Pour une augmentation généralisée des salaires et des allocations !

    Lien:

  • Chercheurs. Action pour un statut unique et convenable

    Le 20 mars dernier, les trois organisations syndicales et quelques organisations du personnel ont organisé « La journée des chercheurs » à l’Université Catholique de Leuven (KUL). L’initiative avait été lancée par une pétition de Jon Sneyers, chercheur à la KUL et militant de la LBC (la CNE en Flandre), contre les statuts inégaux et souvent très mauvais des chercheurs.

    Par Jan Vlegels, chercheur à l’université d’Anvers et membre de la CGSP-enseignement

    Cette pétition, qui revendique l’alignement vers le haut des salaires, a obtenu un grand succès : plus de 1.400 chercheurs l’ont signée. Parallèlement, une campagne commune a été lancée dans les universités d’Anvers, de Bruxelles et de Louvain où, à chaque fois, des militants ou des délégués syndicaux, membres du MAS, ont popularisé l’initiative. La journée des chercheurs a rassemblé une soixantaine de chercheurs qui ont expliqué leurs griefs au chef du cabinet du ministre flamand de la politique scientifique, Patricia Ceysens (Open VLD).

    Aujourd’hui, des chercheurs liés aux universités qui connaissent la même fonction et la même ancienneté peuvent avoir, selon leur source de financement, plusieurs milliers d’euros de différence salariale par an. De plus, les règles sont différentes pour le calcul de la pension, le congé de maternité, l’ancienneté, la demande de congé,… quand les règles existent !

    Les statuts injustes actuels sont issus du Plan Global du gouvernement Dehaene de 1993. Les chercheurs ont été transformés de travailleurs à part entière de l’université en « étudiants du troisième cycle » et les contrats de travail réguliers ont systématiquement été changés en contrats sur base d’une bourse exonérée d’impôts : le « doctorant boursier » était né.

    Les boursiers peuvent être employés par le Fonds de la Recherche Scientifique, par l’Institut pour la Science et la Technologie ou par l’université elle-même. Tous utilisent des normes différentes, ce qui explique que les salaires nets varient de 1.122 euros (les chercheurs venant de pays en « voie de développement ») à 1.713 euros (boursiers FRS).

    Les universités ont été calmées par l’argument que, grâce à ces bourses peu élevées et exemptées de précompte professionnel, il leur serait possible d’engager plus de chercheurs sans augmenter les dépenses, ce qui ferait monter le nombre de publications scientifiques et rapporterait donc davantage, puisque les subsides y sont liés. Mais pour les chercheurs, cette exonération d’impôts n’a que des désavantages: la pension est calculée sur base du salaire brut, elle entraîne des revenus de remplacement plus bas (p.ex. en cas de congé maternel), il n’y a pas de primes fiscales (p.ex. un prêt hypothécaire), les crèches ne sont pas déductibles,…

    Tout cela contredit la propagande des dirigeants gouvernementaux. On parle toujours de la nécessité d’investir en technologie et en recherche scientifique puisque l’avenir se situerait dans les secteurs de pointe. Mais, parallèlement, on n’est pas prêt à offrir un emploi convenable à ceux qui «produisent» la science.

    La campagne a fait monter la pression sur la ministre pour aligner les statuts. Parallèlement, avec les militants syndicaux, nous avons popularisé l’idée que des améliorations peuvent être acquises par une mobilisation active parmi les chercheurs, un groupe qui n’est pas toujours facile à mobiliser.

    Mais pour remporter des victoires réelles contre le néolibéralisme – qui est à la base du problème du statut des chercheurs comme de bien d’autres – c’est une lutte politique consciente de grande ampleur qui devra être menée.

    Pour en savoir plus

  • L’enseignement supérieur deviendra-t-il bientôt impayable ?

    Attention : l’article qui suit concerne directement l’enseignement flamand. Mais ne vous imaginez pas que la situation qu’il décrit soit purement exotique. La situation des étudiants boursiers n’est guère meilleure dans la partie francophone et les « réformes » appliquées dans l’enseignement supérieur flamand ces deux dernières années ont recueilli l’appui d’une série de personnalités du monde universaire francophone. Autant dire que ce que décrit cet article pourrait bien annoncer ce qui sera un futur proche pour nous.

    Tim Joosen

    Une étude de l’Université catholique de Leuven (KUL) vient de montrer que le nombre d’étudiants boursiers de l’enseignement supérieur est passé de 25% du nombre total d’étudiants en 1989/90 à 15% en 2003/04.

    LES BOURSIERS SONT MOINS NOMBREUX…

    D’après les chercheurs, cela s’expliquerait par le fait que les seuils de revenus pour avoir droit à une bourse d’études n’ont pas suivi l’index qui a augmenté de 35% entre 1990 et 2004. En ce qui concerne les universités, le nombre d’étudiants boursiers est tombé de 24,55% à 15,85% ; dans les hautes écoles, il est passé de 34,30 à 17,65% pour les formations longues et de 34,74% à 21,82% pour les formations courtes. En moyenne, un étudiant boursier à l’université recevait 1.164 euros en 1989/90 et 1.648 euro en 2003/04, c’est-à-dire à peine plus que l’augmentation de l’index dans cette période-là.

    En chiffres absolus, le montant de l’ensemble des bourses est aujourd’hui quasiment le même qu’il y a 15 ans. Cela veut donc dire que le gouvernement flamand consacre, en chiffres réels, 35% en moins aux bourses d’études qu’en 1990 !

    Ces chiffres démontrent que l’enseignement supérieur est de moins en moins accessible à des jeunes d’un milieu ouvrier. Cela a également des conséquences pour les étudiants eux-mêmes : beaucoup doivent se taper des petits boulots pendant les vacances, voire pendant toute l’année, pour pouvoir payer leurs études ou leur kot.

    D’autant que les prix des kots, des restos et des minervals dans les universités et les hautes écoles augmentent eux quasiment chaque année. A la KUL, les minervals pour certains master-après-masters sont passés de 500 euros l’an dernier à 5000 euros ! Cette année, il a été décidé de « revaloriser » les formations d’agrégation ; le contenu des cours n’a pourtant pas changé (même nombre d’heures, mêmes contenus) mais à présent les étudiants doivent payer autant pour une année d’agrégation que pour une année académique normale. Résultat : au lieu de 75 euros, cette formation complémentaire indispensable pour un futur prof coûte aujourd’hui 500 euros.

    …ET IL NE SONT PAS LES BIENVENUS !

    Les étudiants doivent payer plus alors que le financement de l’enseignement par les pouvoirs publics diminue. Entre 1980 et 2004, le budget total de l’enseignement a reculé de 7% du Produit Intérieur Brut à 4,9%, malgré une augmentation du nombre d’étudiants.

    En 1996 déjà, une étude de la KUL montrait que les études devenaient de plus en plus inaccessibles pour les enfants de milieux familiaux peu scolarisés. Tandis qu’en 1970, un enfant dont les parents n’avaient que le certificat d’école primaire avait 4 fois moins de chances d’entreprendre des études supérieures qu’un enfant issu des classes moyennes, ce type d’enfant avait 10 fois moins de chances d’y parvenir en 1990.

    Frank Vandenbroucke, le ministre soidisant « socialiste » de l’Enseignement flamand, ne considère pas cette évolution comme un problème. Il affirme haut et fort qu’il n’a pas l’intention d’augmenter le budget pour les bourses d’études et qu’il incombe aux universités et aux hautes écoles elles-mêmes de prendre des mesures pour remédier à cette situation. Suivant le nouveau mode de financement qu’il a introduit l’an dernier, les universités pourraient recevoir de l’argent en plus lorsqu’elles attirent des étudiants boursiers. Seulement voilà : on n’a pas prévu d’argent pour développer les services sociaux (kots universitaires, restos étudiants, soins médicaux, services de cours,…) qui permettraient d’attirer cette couche d’étudiants-là.

    Au contraire, les universités et les hautes écoles reçoivent toujours moins de moyens par étudiant. Elles sont ainsi incitées à continuer à rogner dans leurs budgets sociaux. Il est beaucoup plus intéressant pour une institution d’entamer une course à la concurrence pour attirer les meilleurs étudiants (quio sont aussi le plus souvent issus des milieux les plus riches) plutôt que de se préoccuper des étudiants boursiers. Un étudiant plus pauvre et qui travaille a moins de temps à consacrer à ses études, a donc moins de chances de réussir et rapportera donc moins d’argent dans le nouveau mode de financement des universités et des hautes écoles. Le plaidoyer de Vandenbroucke en faveur des « chances égales » n’est qu’un vernis visant à masquer sa politique néo-libérale qui conduit de plus en plus à une pure marchandisation de l’enseignement.

    Actief Linkse Studenten / Etudiants de Gauche Actifs (ALS/EGA), notre organisation étudiante, se bat déjà depuis longtemps pour un enseignement gratuit et de qualité pour tous. Elle dénonce les limitations des bourses d’études et les augmentations de minerval et d’autres frais d’études.

    Et elle revendique l’instauration d’un revenu étudiant pour chaque étudiant. Un tel système généralisé est beaucoup plus efficace pour garantir à tous les étudiants l’accès à l’enseignement à tous les niveaux.

  • Hausse des frais d’inscription dans l’enseignement supérieur ?

    Dans son nouveau rapport sur la Belgique, l’OCDE plaide pour une hausse des frais d’inscription dans l’enseignement supérieur. Cette opération drastique aurait deux ‘avantages’ considérables. D’un côté, l’enseignement supérieur aurait plus de moyens et, de l’autre, les institutions d’enseignement supérieur pourraient exacerber la concurrence. « Il est important », écrit le rapport, « que les frais soient augmentés substantiellement pour qu’ils puissent devenir une source de financement importante de l’enseignement supérieur ».

    Stefanie Lagae

    L’enseignement devient un ‘marché’

    Ce n’est pas un hasard si cette idée est lancée maintenant. D’ici 2012, le paysage de l’enseignement européen doit être adapté à l’économie de marché, un objectif déjà avancé dans les accords de Bologne. Ceux-ci ont été signés en 1999 par tous les ministres de l’enseignement en Europe et visent la transformation de nos universités sur le modèle anglo-saxon afin de les préparer à la concurrence au niveau européen et international.

    Le plan Vandenbroecke pour l’enseignement flamand, contre lequel des milliers d’étudiants protestent, n’est rien d’autre que la partie financière de ces réformes. Sous cette pression, les institutions devront dorénavant se concurrencer pour décrocher une partie du budget gouvernemental. Ce budget n’est pas encore fixé d’ici 2012, mais devra progressivement céder la place au capital privé : des entreprises, ou les étudiants eux-mêmes.

    Si nous partageons le constat de l’OCDE sur le manque de moyens pour l’enseignement, nous ne sommes pas d’accord avec les objectifs mis en avant par cette organisation. Nous sommes en faveur de plus de moyens publics. Depuis 25 ans, la part de l’enseignement dans le budget a baissé systématiquement. Alors que 7% du PIB étaient dépensés pour l’enseignement en 1980, ce n’était déjà plus que 4,9% en 2005. Les coûts liés aux études ont augmenté en moyenne de 40% à 60% entre 1986 et 1999.

    Accès démocratique en danger

    Plus de la moitié des étudiants travaillent afin de financer leurs études. Selon certaines enquêtes, des étudiants salariés ont 40% de chances en moins de réussir. Une augmentation des frais d’inscription rendra l’accès à l’enseignement supérieur encore plus difficile pour beaucoup de jeunes. L’enseignement supérieur ne doit pas devenir un privilège des familles aisées qui ont suffisamment de moyens, mais doit au contraire devenir accessible à tous et à toutes.

    En Grande-Bretagne, les étudiants paient jusqu’à 6.000 euros pour s’inscrire à une université. La logique sous-jacente est que les étudiants décrocheront ainsi un diplôme avec lequel ils accèderont plus facilement à une belle carrière avec un salaire élevé. Les étudiants peuvent aussi demander un prêt sans intérêt qu’ils devront rembourser dès que leur revenu annuel s’élève à plus de 22.500 euros.

    Cela aura pour conséquence que beaucoup d’étudiants termineront leurs études avec une dette de plus de 30.000 euros, avant même d’avoir trouvé un premier emploi ! 70% des étudiants anglais travaillent à mi-temps tout au long de leurs études. Une autre conséquence de cette politique, c’est l’augmentation de la prostitution des étudiantes. Dans ce ‘secteur’, les étudiantes peuvent gagner rapidement beaucoup d’argent, ce qui leur laisse plus de temps pour étudier. Depuis 2000, on constate une hausse de 50% du nombre d’étudiantes qui subviennent à leurs besoins de cette façon. C’est ça la perspective que nos politiciens ont à offrir aux étudiants de demain ?

    Que feront ‘nos’ ministres de l’enseignement ?

    Les ministres flamand et francophone de l’enseignement supérieur, Frank Vandenbroucke et Marie-Dominique Simonet, ont réagi de façon mitigée aux propositions de l’OCDE. Les élections sont en vue. Il est pourtant clair que tous les partis traditionnels se retrouvent entièrement dans la logique néolibérale de l’OCDE.

    Du côté francophone, Marie-Dominique Simonet a interdit les ‘droits d’inscription complémentaires’ (DIC) dans les hautes écoles, mais cette interdiction ne sera pleinement effective… que d’ici 10 ans ! En revanche, elle a légalisé les ‘droits administratifs complémentaires’ (DAC). Même si le minerval augmenté des DIC et des DAC ne pourra plus dépasser les 778 euros, ça reste un montant élevé pour les étudiants des hautes écoles. En effet, il correspond au minerval en vigueur à l’université. Or, les étudiants des hautes écoles proviennent généralement de milieux plus défavorisés que ceux des universités.

    Les représentants étudiants officiels du VVS ou de la FEF s’opposent à toute hausse des frais d’inscription. Nous saluons toutes les actions contre de telles hausses. Pour cela, il faut une opposition aux partis traditionnels et la construction d’un parti combatif qui défende les intérêts des jeunes et du personnel. Le CAP peut devenir un tel instrument.

    Dans cette optique, les Etudiants de Gauche Actifs (EGA-ALS) ont décidé de faire une coalition avec le CAP lors des élections pour le conseil étudiant à la VUB. Nous sommes convaincus que seules nos luttes peuvent mettre un terme aux hausses des frais d’inscription. Le budget de l’enseignement doit être relevé à 7% du PIB. L’enseignement est un droit, pas une marchandise !

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