Category: Enseignement

  • Les profs dans la misère, les élèves dans la galère ? Pas question !

    Organisons la riposte dès maintenant !

    Les retraites sous pression

    Avec les discussions sur les budgets fédéraux et communautaires, les menaces qui pèsent sur l’enseignement en fédération Wallonie-Bruxelles se sont précisées. Le gouvernement fédéral emporte certainement la palme de la politique austéritaire avec son saut d’index (c’est en moyenne un an de salaire qu’un travailleur perd sur l’ensemble de sa carrière) et surtout son projet de réforme des pensions.

    Les enseignants membres et sympathisants du PSL

    Comme les autres travailleurs, les enseignants devront prester deux années supplémentaires pour avoir droit à une pension complète. De plus, d’après l’accord de gouvernement, celle-ci serait calculée sur base des salaires d’un plus grand nombre d’années de carrière et non plus sur les 10 dernières comme c’est le cas actuellement. Ceci fera fatalement baisser la moyenne des traitements et au final, le montant de la pension. Par ailleurs, les enseignants ne pourront plus valoriser leurs années d’études supérieures comme partie de leur carrière : Ce sont entre trois et cinq ans de carrière qui sont en fait remises en question par le nouveau gouvernement fédéral.

    L’austérité à tous les niveaux

    Mais les mesures projetées par le gouvernement de la communauté Wallonie-Bruxelles ont aussi de quoi inquiéter les enseignants. Celui-ci doit trouver 140 millions d’économies sur un budget qui est à 75% consacré à l’enseignement.

    Malgré les discours rassurants de Mme Milquet, notre nouvelle ministre, il est clair que l’enseignement sera impacté par les mesures d’économie budgétaire. Si les DPPR (disponibilités précédant la retraite) semblent garanties pour l’instant (mais jusqu’à quand ?), le montant de l’indemnité de ceux qui choisisse cette possibilité serait réduite. Dans le même temps, on supprimerait aussi le bonus accordés aux 57-58 qui restent dans les classes.

    Il faudrait nous expliquer comment Mme Milquet compte économiser des millions “sans toucher les enseignants et les élèves”, car l’enseignement est déjà en manque de moyens, et c’est les professeurs et les élèves qui en paient le prix.

    Ce n’est pas pour rien que 35% des enseignants quittent l’enseignement dans les 5 premières années: Le gouvernement projette en fait de geler les budgets de fonctionnement des établissements scolaires et revoir à la baisse les normes d’encadrement à tous les niveaux. Cela signifierait une augmentation de la taille des classes, en réduisant le capital d’heures NTPP alloué aux écoles en fonction de leur nombre d’élèves (et des pertes d’heures pour les temporaires).

    Bien sûr les DPPR sont maintenues. Mais nous ne pouvons pas nous satisfaire de l’austérité modérée de gouvernement de la fédération Wallonie-Bruxelles comme alternative à l’austérité brutale du gouvernement fédéral : Aucune mesure d’économie dans l’enseignement ni dans les services publics ne doit être tolérée.

    Pourtant l’argent existe

    Cette volonté de diminuer les budgets consacrés aux services publics et à l’enseignement en particulier est le fruit d’un choix politique et non d’une fatalité économique. Les très nombreuses mesures d’abattement d’impôt dont bénéficient de grandes entreprises (en très bonne forme économique qui plus est) privent l’état de recettes substantielles. C’est autant d’argent qui manque pour financer des services publics de qualité. Selon diverses sources, notamment syndicales, le manque à gagner pourrait atteindre 14 milliards d’euro par an dont 6 mil-liards pour les seuls intérêts notionnels. Ceci sans compter une fraude fiscale poursuivie avec des moyens dérisoires qui coûterait jusqu’à 20 mil-liards d’euro par an à la collectivité. Il y a là non seulement de quoi maintenir le budget actuel de l’enseignement mais aussi de le refinancer à hauteur de 7% du PIB comme c’était le cas dans les années 80’.

    Organisons la riposte contre TOUTE l’austérité

    Le budget de l’enseignement est raboté d’année en année par les gouvernements successifs. Donner à nos élèves les outils qui leurs permettront de faire face aux défis de leur vie professionnelle, citoyenne, personnelle,…s’apparente de plus en plus à une gageure. Cela doit cesser, nous devons renverser la tendance !

    Le plan d’action décidé par le front commun syndical nous paraît à la hauteur des enjeux. Dans le n°d’octobre de notre mensuel Lutte Socialiste nous écrivions : « pourquoi ne pas mener une campagne d’information avec de bons arguments, des tracts et des affiches pour discuter su le lieux de travail et motiver les collègues ? Il nous faudrait un mot d’ordre concret[…]. Ce pourrait être une manifestation nationale ou une série de meetings provinciaux pour mesurer la combativité. La tenue d’assemblée générales sur les lieux de travail pourrait être annoncée. Un plan d’action pourrait ainsi être soumis à discussion avec des grèves et des manifestations provinciales à tour de rôle débouchant sur une grève générale nationale de 24h ou 48h. »

    Autant dire que le plan décidé par le front commun incluant manifestation nationale le 6 novembre, grèves tournantes provinciales et grève nationale le 15 décembre a été accueilli avec enthousiasme par les militants du PSL. Les arrêts de travail des 22 et 23 octobre afin d’informer les collègues ont particulièrement retenu notre attention. Il nous semble en effet que pour réussir une mobilisation de façon optimale, l’information et la consultation de la base à toutes les étape du plan d’action sont capitales.

    Dans cette perspective, nous appelons à envisager déjà la suite du 15 décembre et voulons proposer à la discussion une continuation des actions si le gouvernement ne recule pas. Discuter en assemblée générale, sur les lieux de travail, de la reconduction de la grève une semaine après le 15 décembre serait un avertissement sérieux au gouvernement que le mouvement social ne compte pas désarmer avant d’avoir obtenu satisfaction.

    Pour l’heure, il nous faut faire vivre les mots d’ordre syndicaux à la base par les discussions intensives avec les collègues dans et hors des assemblées du personnel.

    REVENDIQUONS:

    * Le retrait de toutes les mesures d’austérité projetées par tous les gouvernement quelque soit le niveau de pouvoir : Pas touche aux pensions , Non au saut d’index, pas de diminution de budget dans les services publics

    * Pour un enseignement gratuit, de qualité, capable d’outiller nos élèves face aux défis de leur vie professionnelle, personnelle et sociale: Retour à un financement de l’enseignement à hauteur de 7 % du PIB.

    * Allons chercher l’argent là où il se trouve : chez les grands actionnaires et les spéculateurs. Ce n’est pas aux travailleurs de payer la crise.

    PAR:

    * la mobilisation sociale contre le gouvernement fédéral et communautaire

    * la grève générale interprofessionnelle reconductible

    * l’organisation d’assemblées de grève régionales interprofessionnelles décidant souverainement de la continuation du mouvement

  • Grève des enseignants à l’Athénée Bracops-Lambert – Anderlecht

    anderlechtCe jeudi matin 25 septembre, une bonne partie du corps enseignant de l’Athénée Bracops-Lambert à Anderlecht était en grève pour dénoncer les dysfonctionnements au sein de l’établissement. L’attitude du chef d’établissement envers le personnel et ses méthodes de gestion posent question. Après plusieurs signaux d’avertissement, sous forme d’arrêts de travail tout au long de l’année scolaire passée, la grève s’est imposée ce jeudi matin.

    La situation au sein de cette école est emblématique du désinvestissement dans l’enseignement et la gestion chaotique du chef d’établissement exacerbe encore les conséquences des pénuries. Ainsi, certains professeurs de quatrième sont censés donner cours à une classe d’une cinquantaine d’élèves, le manque de locaux est déjà tel qu’une partie des élèves doit suivre les cours dans une autre implantation assez éloignée de l’établissement central, les locaux sont insalubres, certains moyens qui auraient pu servir à l’engagement de professeurs supplémentaires ont été utilisés pour encadrer le chef d’établissement qui dysfonctionne et ce n’est qu’un aperçu de tout ce qui pose problème dans l’école.

    La commune d’Anderlecht, pouvoir organisateur de l’établissement, semble tergiverser et malgré les nombreuses interpellations des syndicats, n’a donc laissé d’autre choix aux professeurs que de recourir à la grève. Les professeurs que nous avons rencontré sur le piquet sont déterminés et nous expliquent que plusieurs d’entre eux seraient à bout de nerfs étant donné le manque de respect voire dans certains cas le harcèlement dont ils sont victimes de la part du chef d’établissement.

    Les Étudiants de Gauche Actifs (EGA) informés de ce combat depuis l’action syndicale en front commun devant le conseil communal de la semaine dernière se déclarent solidaires avec les professeurs et élèves de l’Athénée Bracops-Lambert.

    Photos : PPICS

  • Vers une école de la liberté, pour une école socialiste!

    En Belgique comme en France, les nouvelles éditions des enquêtes PISA ont fait couler beaucoup d’encre. Alors que depuis plus de trente ans, notre système éducatif subit réformes sur réformes, il semblerait bien que celui-ci, inefficace, voir en régression, soit porteur des pires inégalités sociales. En Belgique, plus qu’ailleurs, la position socio-économique des parents prédit les résultats scolaires de leurs enfants et un enfant d’origine modeste a quatre fois plus de chance qu’un enfant aisé d’être relégué dans une filière qualifiante, souvent peu valorisée et de connaître l’échec. A quinze ans, la moitié de nos jeunes ont connu le redoublement. De plus, les élèves ‘‘les plus faibles’’ sont relégués dans les écoles dites ghettos où sont également confinés la majorité des enfants issus de l’immigration. Pour les défenseurs d’une prétendue ‘‘égalité des chances’’, la machine égalitaire ne fonctionnerait plus. Mais il est légitime de se demander si celle-ci a déjà fonctionné et quelles en sont les limites sous le système capitaliste.

    Par Mandy (Liège)

    L’instruction élémentaire, une nécessité de la révolution industrielle

    Dans toute l’Europe, la révolution industrielle a transformé les paysans des campagnes, souvent illettrés, en prolétaires, qu’il fallait instruire un minimum afin que les industriels puissent les utiliser sur des machines. Il fallait également former des contremaîtres, des employés,… bref tout l’encadrement nécessaire à la production manufacturière.

    Dans cette situation nouvelle, certains prirent conscience de la nécessité économique et sociale d’une instruction populaire. De nombreuses initiatives privées furent alors prises sans aucune intervention de l’État.

    Il fallut attendre la crainte d’une explosion du mouvement ouvrier pour que les hommes politiques de la bourgeoise ressentent la nécessité de domestiquer la classe ouvrière et commencent à émettre quelques lois afin de développer une école qui, non seulement lui donnerait des rudiments d’instruction mais qui lui apprendrait également l’obéissance et la soumission.

    La lutte pour l’éducation, un combat du mouvement ouvrier

    Dès 1848, Marx et Engels, dans le Manifeste du parti communiste, réclament l’abolition du travail des enfants et l’éducation publique et gratuite, éducation qu’ils voulaient vivante et coordonnée à la production matérielle. Une éducation qui unirait le travail productif avec l’instruction, comme méthode d’accroissement de la production sociale et unique méthode pour produire des hommes complets. Ces hommes, qui posséderaient ainsi les connaissances scientifiques de la production mais aussi ses dimensions sociales, politiques et économiques, pourraient ainsi alterner des activités correspondant aux exigences de la société mais aussi à ses tendances personnelles.

    La commune de Paris en 1871, malgré sa courte durée, décréta pour la première fois en Europe la gratuité, l’obligation et la laïcité de l’enseignement. Cette scolarité obligatoire s’attaquait au travail des enfants mais concernait également les filles, dont l’instruction avait jusque-là été négligée. Mais la Commune vaincue, ses mesures ne lui survécurent pas. Il faudra alors attendre dix ans pour obtenir de la part de l’État français l’éducation primaire obligatoire et 1914 en Belgique.

    Une école pour les ouvriers et une école pour les bourgeois

    Si l’éducation était une revendication ouvrière, l’instruction élémentaire et basique était le fait de l’État dans l’intérêt de la bourgeoisie afin de préparer et prédisposer les garçons aux futurs travaux de l’ouvrier et du soldat et les filles aux soins du ménage et ouvrages féminins. Un autre intérêt pour la classe bourgeoise était d’inculquer ses valeurs aux classes populaires, leur apprendre le respect de l’ordre et de les convaincre que leur place déterminée dans la société et dans la production était celle qu’ils méritaient de par leurs capacités. Deux écoles existent alors, celle rudimentaire pour les ouvriers et de l’autre une école secondaire classique élitiste et payante, excluant les filles bien entendu, pour les enfants de la bourgeoisie.

    Le leurre la démocratisation de l’enseignement

    L’entrée massive des jeunes dans l’enseignement secondaire se fait à partir de 1960 en parallèle avec l’urgence de moderniser les installations et de former des ouvriers, des techniciens et des ingénieurs. Mais cette ouverture des portes des écoles secondaires d’enseignement général à tous ne fut qu’un leurre de plus de la soi-disant démocratisation de l’enseignement.

    En effet, d’autres verrous, toujours en place aujourd’hui, sont alors installés avec la mise en place des mécanismes de sélection par la multiplication des filières pour amener les jeunes des classes populaires vers les filières courtes de l’enseignement technique et professionnel, qui ne sont malheureusement que des voies d’une éducation peu valorisée et au final peu professionalisante.

    Si le nombre de jeunes scolarisés a alors augmenté indéniablement, une sélection renforcée fait que la filière générale reste élitiste. Dans les filières techniques et professionnelles, l’enseignement général se retrouve réduit, avec de longues périodes de stages en entreprises qui soi-disant ‘‘favoriseraient’’ l’insertion professionnelle mais qui, dans la réalité, permet de livrer aux entreprises des jeunes à exploiter sans avoir à débourser le moindre kopeck.

    L’accès au supérieur aussi s’est ‘‘démocratisé’’ mais cela ne signifie en rien que la société ait changé. Elle est toujours aussi inégalitaire et basée sur l’exploitation du travail humain, fût-il hautement diplômé. Les diplômes, aujourd’hui, ne protègent ni des bas salaires, ni de la précarité, ni même du chômage.

    Pour changer d’éducation, il faut changer de société

    L’école est intimement liée au système économique et politique dans lequel elle a été créée. Derrière la fameuse ‘‘égalité des chances’’ sur laquelle on ne cesse de nous rabâcher les oreilles, l’inégalité scolaire reflète les inégalités de la société. Cette inégalité scolaire, plus visible il y a 50 ans, joue toujours mais de façon hypocrite, et les beaux discours sur l’égalité des chances n’ont pour but que de convaincre élèves et parents que les plus méritants peuvent réussir quelle que soit leur origine sociale. L’échec scolaire ne serait ainsi dû qu’à eux-mêmes. Ce ne serait donc plus la société inégalitaire qui doit être mise en cause, mais bien l’inégalité du mérite de chacun. La vitrine de réussite de quelques-uns permet de cacher la généralisation de l’échec du plus grand nombre.

    Pour les politiciens, l’échec est souvent à mettre sur le dos des enseignants, des méthodes pédagogiques et des parents, une manière pour eux de se dédouaner de leurs propres manquements à leurs propres responsabilités : développer un service public d’éducation qui puisse offrir à tous les connaissances techniques et culturelle qu’exige une vie digne. Avec les coupes budgétaires dans l’enseignement, la carence de l’État touche tous les niveaux de l’éducation en passant du maternel à l’Université. Et cette dégradation du système éducatif frappe d’autant plus durement les enfants des classes populaires dont le milieu socioculturel ne permet pas de compenser les défaillances de l’éducation donnée par l’école.

    Nous devons soutenir toutes les initiatives des professeurs, éducateurs, parents qui veulent en finir avec une école où l’erreur n’est pas permise, où le seul type de relation que l’on retrouve en classe est celle de la concurrence, où l’objectif n’est pas d’apprendre mais seulement d’obtenir des points et de correspondre aux normes de la classe dominante.

    Certaines alternatives ont été proposées pour lutter contre l’école de l’échec. Prenons pour exemple Célestin Freinet, Fernand Oury ou Françoise Dolto qui ont développé une pédagogie basée sur le désir d’apprendre, la responsabilisation et le caractère collectif et coopératif des activités scolaires. Ou encore l’école itinérante du Mouvement des Sans Terres au Brésil qui prend la réalité comme base de toute production de connaissances et donne ainsi aux jeunes comme aux plus vieux un sens à leurs apprentissages.

    Nous pourrions en citer bien d’autres qui se lèvent contre le pourrissement du système scolaire capitaliste. Mais cela n’est pas suffisant et aura toujours ses limites tant que nous vivrons dans une société fondée sur l’exploitation. Détruisons les inégalités, détruisons le capitalisme, car seul le socialisme nous permettra de construire une école de la liberté, … une école socialiste.

    www.socialisme.be/fr/tag/enseignement

  • Enseignement : Attention, danger !

    On le savait l’austérité était destinée à s’abattre durement sur nous une fois les élections passées, à tous les niveaux de pouvoir. Côté francophone, les prétendues futures coalitions “progressistes” PS-CDH (avec le FDF pour la Région bruxelloise) ne sont pas en reste. Tout d’abord avait filtré le chiffre d’un effort austéritaire de 2 fois 150 millions d’euros pour les budgets de l’enseignement (en 2015 et 2016). Mais il semblerait maintenant qu’il s’agirait d’une mesure récurrente. Voilà de quoi sérieusement inquiéter membres du personnel (enseignant ou non), étudiants et parents.

    Il nous faut encore attendre pour voir comment l’austérité va concrètement frapper le secteur de l’enseignement. Mais une chose est certaine : quelle que soit la méthode, cela fera très mal. Aujourd’hui déjà, le manque de moyens est criant. Alors que 7% du Produit Intérieur Brut étaient consacrés à l’enseignement dans les années ’80, il n’est plus aujourd’hui question que de 5% environ. Les conséquences ne sont pas surprenantes : un enseignement très inégalitaire, des classes surpeuplées, des installations vétustes, des locaux en préfabriqué, des activités pédagogiques rachitiques et un taux de départ impressionnant parmi les jeunes profs : 40% des enseignants quittent leur profession dans les cinq premières années !

    Le budget global de l’enseignement en Fédération Wallonie-Bruxelles est actuellement de 7 milliards d’euros. De cette somme, 87% sont dévolus aux frais de personnel, le reste étant consacré au fonctionnement et aux bâtiments. Inutile de dire que les enseignants vont payer le prix fort des futures mesures d’austérité. De quelle manière ? Les idées ne manquent pas, et la dernière qui a fuité dans la presse fait état de la suppression des options et filières peu fréquentées dans l’enseignement technique et professionnel. Mais ce sera insuffisant et l’impact de l’économie ne se fera pas sentir de suite. Des pertes d’emplois sèches et nettes seront très certainement au rendez-vous, au sein d’un cocktail des plus explosifs pour notre enseignement.

    Le site enseignons.be dénonce : « Elle semble loin, la promesse électorale d’engager 1.000 enseignants supplémentaires pour organiser de la remédiation immédiate dans les écoles. Tant le PS que le cdH avaient fait de l’enseignement une priorité dans leurs programmes électoraux. (…) les profs savent déjà que la rentrée sera chaude sur le front social. » (1)

    Manifestation du 5 mai 2011. Les priorités des autorités étaient très clairement dénoncées…

    Dans l’édition du Soir d’aujourd’hui, le responsable de la CSC-Enseignement Eugène Ernst dénonce lui aussi « Le PS parlait d’engager 1.000 enseignants au fondamental, de payer la cantine des gosses et le cdH disait qu’il voulait de l’argent pour le Libre. C’est où, tout ça, maintenant ? (…) Nous sommes prêts à réagir, dès la rentrée, avec un plan qui ira crescendo – de l’information des militants à l’action ! » A la CGSP, pascal Chardome déclare de son côté : « On verra ce qui sort des négociations. Mais on est prêts… » (2)

    Attention maintenant à ne pas se laisser bercer par une tactique bien connue et dénoncée à juste titre sur le site enseignons.be : « Nous lirons et entendrons sûrement beaucoup d’horreurs dans les prochaines semaines. La tactique est connue : on fait fuiter des pistes dans la presse des réformes inconcevables pour les enseignants et les pouvoirs organisateurs. On fait mousser… puis on propose une économie moindre qui fait consensus. Et tout le monde rentre dans le rang. Classique. Lorsque, pendant des jours, on fait craindre au malade qu’il faudra lui couper les deux jambes, il saute de joie (s’il le peut encore) en apprenant qu’on ne l’amputera finalement que d’un seul pied. Dur à imaginer, quand même… Vu la situation de notre enseignement, il n’est pas question que les profs se mettent à boiter. » (3)

    Ne nous laissons pas faire !

    Il nous faut un bon plan d’action en front commun syndical allant crescendo, avec des actions de grèves. Le potentiel est très clairement présent pour mener la lutte de manière efficace. C’est ce qu’avaient d’ailleurs illustré les mobilisations de mai 2011. Les travailleurs de l’enseignement étaient alors plus de 12.000 à manifester dans les rues de Liège le 5 mai : plus d’un enseignant sur 10 ! La moitié du corps enseignant francophone était en grève ce jour-là pour la première fois depuis 1996 afin de réagir contre les atteintes aux prépensions (DPPR, disponibilité précédant la pension de retraite). Hélas, faute de plan de mobilisation et d’action, la lutte en est restée là, à quelques petites actions près.

    Les moyens qui manquent à l’enseignement le font de plus en plus ressembler à un système de garderie plutôt qu’à un système éducatif. Ce n’est pas neuf. Le ras-le-bol est général, de nombreux professeurs estiment qu’il est impossible de faire son boulot correctement, sans parler du manque de considération de la profession. Sans riposte audacieuse, les choses ne feront qu’empirer !

    La seule manière de bloquer l’offensive antisociale qui se prépare, et par la suite d’arracher un refinancement public massif de l’enseignement, c’est de l’imposer aux politiciens de l’establishment, grâce à des actions massives et coordonnées. La colère est largement présente aujourd’hui dans la société, et le secteur de l’enseignement n’est pas le seul à être durement menacé, le mieux serait ainsi de coordonner la riposte au sein d’un large front de résistance contre l’austérité. Il est grand temps que le mouvement organisé des travailleurs se fasse sérieusement entendre dans le débat !

    Les moyens ne manquent pas pour un enseignement et des services publics de qualité, avec des conditions de travail et de salaire qui permettent à chacun de s’épanouir au lieu de considérer son travail comme une charge insurmontable. Ce n’est qu’une question de choix politiques : il faut aller chercher l’argent là où il est, parmi cette infime élite de parasites capitalistes qui s’enrichit encore plus en nous faisant payer une crise dont elle est la seule responsable.

    (1) http://www.enseignons.be/actualites/2014/06/23/faut-il-craindre-pertes-demplois-lenseignement/
    (2) Eugène Ernst (CSC) : « Les enseignants ont été dupés ! » Le Soir, 10 juillet 2014
    (3) http://www.enseignons.be/actualites/2014/06/27/enseignement-pourra-t-on-echapper-aux-pertes-demplois/

  • Enseignement et sous-financement

    Septembre, la période de rentrée des classes. Comme chaque année, les médias nous abreuvent d’images sympathiques montrant des élèves joyeux ou nerveux à l’idée de retourner au cours. La réalité est souvent plus inquiétante : manque de place, inégalité scolaire, frais exorbitants…20% des écoles regroupent 80% des élèves défavorisés socialement. La rentrée n’est pas facile pour tout le monde : selon les études Pisa, l’enseignement en Belgique est l’un des plus inégalitaires au monde.

    Par Thomas (Namur)

    Le budget de l’éducation en communauté française est de plus de 6 milliards d’euros, mais cela est insuffisant car les manques sont partout. Certaines écoles vont jusqu’à couper le chauffage dans les locaux par manque de budget ou à donner cours dans des préfabriqués par manques de locaux. Par manque de moyens disponibles le nombre d’heures de cours particuliers explosent. Les prix varient mais se situent aux alentours de 25-30 euros par heure, à charge des familles.

    Comment nos politiciens réagissent-ils à ces carences flagrantes ? De la même manière dont ils gèrent les autres secteurs. La ministre Simonet avait d’abord pensé prendre de l’argent aux écoles pauvres, pour le redistribuer aux écoles encore plus pauvres, le fameux décret robin des bois, mais sans augmentation du budget global de l’éducation il n’y aura pas de solution! Face à la grogne sociale que ce décret avait suscité, la Communauté Française a finalement débloqué quelques millions d’euros et à neutraliser les effets notamment pour l’enseignement libre. Un soi-disant ‘‘grand accord’’ qui est l’équivalent d’une goutte dans la mer du Nord…

    40% des enseignants quittent leur profession dans les cinq premières années. La majorité des jeunes profs sont baladés de contrats temporaires en mission de remplacement pendant des années avant de trouver un poste stable. Les classes sont surpeuplées, les installations vétustes. Le manque de moyens affecte beaucoup les activités pédagogiques, visites, excursions. Quelle est la réponse de l’Olivier face à ces conditions de travail extrêmement dures : l’attaque des prépensions et la culpabilisation des profs pour l’état actuel de l’enseignement.

    La gestion des groupes-classes pose de plus en plus problème. Par rapport à l’école d’antan, les groupes-classes se sont diversifiés (massification de l’enseignement et arrivée de l’immigration), il y a eu aussi une évolution de la société vers le consumérisme (le tout et tout de suite) et l’individualisme. Il y a aussi les effets de 30 ans d’une période économique aux prises avec des caractéristiques dépressionnaires, aggravé par la crise profonde du capitalisme de ces dernières années. L’Ecole est peu armée pour gérer les conséquences de tout cela. Une réforme de la formation des profs comme d’aucuns le proposent peut constituer un élément de solution et d’amélioration de la qualité d’enseignement mais ne peut à elle seule suffire dans un contexte ou les liens sociaux se désagrègent sous les coups de butoir des capitalistes assoiffés de profit D’après le CRIOC (Centre de Recherche et d’Information des Organisations de Consommateurs), le prix d’une rentrée scolaire serait de 436 euros en maternelle, 339 euros en primaire et secondaire 609 euros et enfin en supérieur, 1315 euros. Et on ne parle que de la rentrée, le coût d’une année d’étude est bien plus élevé ; plus de mille euros en maternelle, à plus de 2000 euros à la charge des parents en primaire et secondaire. Pour le supérieur, avec 800 euros de minerval, le coût des études est très variable selon la distance de l’université et s’il faut payer un kot au jeune. Entre 2008 et 2011, on voit une augmentation de 15% d’étudiants qui ont eu besoin du revenu d’intégration sociale, soit 16.874 jeunes.

    Le déficit budgétaire de la communauté française est de 450 millions d’euros en 2011 et on nous assène que les caisses sont vides. La moyenne d’imposition des entreprises a diminué de 19.9% en 2001 à 11.8% en 2009. Le coût des seuls intérêts notionnels était estimé en 2009 à 5.7 milliards d’euros de pertes pour l’Etat. D’énormes cadeaux fiscaux distribués à des actionnaires qui, soi-disant, font tourner l’économie et créent de l’emploi. Quel emploi rétorquera-t-on, il y a officiellement 700.000 chômeurs dans ce pays, et même réussir de grandes études n’assure pas un avenir stable pour les étudiants. Un think thank libéral, l’Itinera Institute, propose pour pallier au manque budgétaire, d’augmenter le minerval que l’étudiant payera à crédit. Ce genre de fausses solutions qui est déjà en œuvre depuis longtemps en Grande-Bretagne ne ferait qu’accroitre le fossé entres les jeunes issus d’un milieu aisé et ceux des couches moyennes et modestes. Comment étudier sereinement avec une dette de plusieurs dizaines de milliers d’euros ?

    Les manques des écoles sont énormes. Il nous faut exiger un refinancement massif du secteur, à hauteur de 7% du PIB, comme cela a déjà été le cas dans les années 80. Ne tombons pas dans le piège de la division : parents, élèves et professeurs et personnel technique et administratif ont en dernière analyse les mêmes intérêts à exiger un enseignement de qualité.

    La seule manière d’obtenir ce refinancement est de l’imposer à nos politiciens, grâce à des actions massives et coordonnées. Comme la grève massive du cinq mai dernier, ou douze mille enseignants manifestaient pour de meilleurs salaires, contre l’austérité budgétaire, et contre l’allongement de la prépension. Les différents politiciens en charge de l’éducation ont répondu à cette mobilisation par des effets d’annonces, qui n’ont toujours pas été suivis de mesures concrètes.

  • [PHOTOS] Action à Bruxelles contre le manque d’écoles.

    Hier plus de 165.000 grévistes manifestaient en France contre les suppressions de postes dans l’enseignement. Aujourd’hui, 28 septembre, ce sont quelque 200 syndicalistes qui se sont rassemblés contre le manque d’écoles à Bruxelles. En effet, d’ici 2014, il faudrait, selon l’institut bruxellois des statistiques, construire 79 écoles à Bruxelles pour pouvoir répondre à l’augmentation du nombre d’élèves. Pour rappel, début septembre, 106 élèves étaient sans école.

    Rapport par Laure, photos par Karim (Bruxelles)

    Le rassemblement s’est déroulé dans l’humour et la bonne humeur, bien qu’il y aurait de quoi faire entendre sa colère et son ras le bol de manière combative. On pouvait se demander lors de l’action, s’il s’agissait d’un rassemblement de protestation ou du début d’une campagne tant pour les élections sociales que… communales ! En effet, l’échevin PS de l’enseignement de la commune d’Anderlecht a eu son mot à dire sur la question et semblait déterminé à répartir les richesses de manière plus équitable pour enrayer le problème du manque d’écoles et la question des conditions de travail des professeurs. C’est à croire qu’il en avait oublié la politique de son propre parti, partisan du sucrage budgétaire en matière d’enseignement et des suppression massives de postes, -remember 1996-…

    D’autres actions de ce type sont prévues dans les mois à venir, mais il serait peut-être plus que temps de penser à une réelle mobilisation de l’ensemble des membres du personnel des écoles et plus largement encore de l’ouvrir au soutien de l’ensemble des travailleurs. Nous sommes tous concernés par le délabrement des conditions d’enseignement, c’est toute l’éducation de nos enfants qui est ici en jeu !

  • Pour un financement public de la recherche scientifique !

    Article par Alex (Bruxelles)

    En Belgique, 15,3% de la recherche scientifique aux universités flamandes est commandée et payée par les entreprises, une moyenne supérieure à celle des autres pays. L’université de Louvain obtient 20% de son budget consacré à la recherche auprès de sociétés privées et de l’Union Européenne.

    À l’université d’Anvers, un nouveau laboratoire de recherche a été à moitié payé par l’entreprise Janssen Pharmaceutica. Mais la conséquence, c’est que ces messieurs ne désirent pas que des recherches non directement rentables soit effectuées avec leur argent, à plus forte raison si les conclusions vont à l’encontre de leurs intérêts.

    Le fond du problème, c’est le manque de moyens publics destinés à la recherche , mais aussi que le financement public de la recherche est de plus en plus soumis à un fonctionnement de type entrepreneurial (le financement par output) où les différentes entités, hautes écoles et universités, sont en concurrence les unes avec les autres pour recevoir de l’argent. Dans ce modèle, seule compte la quantité : combien de publications, abstraction faite de leur qualité. L’analyse critique, les projets à plus long terme ou la recherche socialement utile sont subordonnées à la recherche de résultats rapides.

    Les sociétés privées (et leurs porte-paroles politiques) tentent de faire passer l’idée que certaines recherches n’ont pas vraiment d’importance et servent surtout à donner une occupation à quelques professeurs barbus. Le fait est toutefois que l’ampoule n’a pas été inventée en améliorant la bougie et le laser n’est pas venu de l’amélioration de l’ampoule. La technologie du laser est issue de recherches dans la physique quantique, ce qui serait maintenant considéré comme des recherches sans utilité à court terme, et sans rentabilité immédiate pour le privé.

    Le sous-financement public de la recherche scientifique assure que la recherche soit de plus en plus dépendante de subventions privées. Pour des sociétés telles que Bayer et Monsanto (cette dernière ayant créé l’Agent Orange utilisé par l’armée américaine durant la guerre de Viêt-Nam), les bénéfices priment sur la santé et le reste. Toutes les recherches qu’ils subsidient ne servent qu’à augmenter leurs bénéfices (notamment pour les OGM).

    La recherche doit être retirée des mains des entreprises. Nous avons besoin d’une recherche publique et indépendante. Ce n’est qu’ainsi que nous aurons l’assurance d’avoir une recherche scientifique au service de la collectivité.

  • Les professeurs sont-ils des fainéants ?

    Judith enchaine depuis 15 ans des contrats temporaires dans différentes écoles en tant que professeur d’art plastique. Nous lui avons posé cette question lors d’une action du front commun syndical bruxellois tenue à la mi-mai à Bruxelles.

    ‘‘Les enseignants sont complexés par l’image que leur renvoie la société, et du coup, ils n’osent pas revendiquer, mettre en avant la pénibilité de leur travail. Mais il y a 1000 pénibilités dans notre travail ! La première, c’est la précarité. Je connais une prof qui a été nommée au bout de 26 ans ! 26 ans à ne pas savoir où tu bosseras demain ! C’est vraiment très pénible moralement d’être balancée d’école en école sans savoir si tu y seras encore l’année suivante. On peut pas s’investir, participer aux projets de l’école, …

    ‘‘Après évidemment, il y a un problème criant de manque de moyens qui rend le travail très pénible. Les classes sont surpeuplées (quand t’as 26 élèves, vas y pour leur expliquer à tous la matière en fonction de leur niveau, de leurs faiblesses, etc. c’est ce qu’ils veulent qu’on applique ‘‘l’enseignement différencié’’, c’est très joli, mais c’est impossible à mettre en place dans ces conditions !) et puis il y a un problème de place, de moyens techniques, etc…

    ‘‘Par exemple, je suis prof d’art plastique dans une école communale. L’école, pour acheter du matériel pour mes classes, ne peut me donner un budget que de 1€ par élève pour l’année ! Je ne peux rien faire avec ça ! Et évidemment que je ne peux plus demander aux élèves, qui ont déjà dû payer énormément en début d’année (on saigne aussi les parents !) Donc du coup, t’es là avec tes 26 ados en face de toi, tu peux rien leur proposer de pédagogiquement intéressant, et tu dois gérer, alors tu sors de l’argent de ta poche…

    ‘‘Un autre élément de pénibilité, c’est qu’il faut se rendre compte qu’aujourd’hui, les enfants sont bien plus difficiles qu’avant. Rien d’étonnant avec le manque de budget, et puis le fait qu’aller à l’école aujourd’hui (‘‘pour quoi faire ?’’), ça ne te garantit même plus un emploi, plus du tout !

    ‘‘Et faut se rendre compte, que quand on est en classe, on a pas une seule seconde de répit, on doit être alerte en permanence, donner cours, gérer une classe, veiller au calme, à ce que chacun travaille, etc. c’est hyper usant. Donc, si on ne peut pas le faire dans de bonnes conditions, rien d’étonnant à constater qu’un jeune prof sur 2 n’exerce pas ce métier plus de 8 ans !’’

  • Les jeunes dans les grèves enseignantes de 1996

    Délégation lycéenne en France contre les attaques sur les fins de carrière (octobre 2010)

    La grève du mois dernier dans l’enseignement francophone était la première depuis les grèves de 1996 qui avaient paralysé les écoles pendant près de 4 mois. Les jeunes avaient alors massivement pris part au mouvement. Nous avons discuté avec un des délégués des élèves, actif à Bruxelles à cette époque.

    Lutte Socialiste : pourquoi êtes-vous entrés en grève en ’96 ?

    ‘‘C’était contre le ‘‘plan Onkelinx’’ qui visait à supprimer 3.000 postes de profs. Les assainissements des années ‘80 et ‘90 avaient déjà largement détérioré notre enseignement. Les profs étaient alors entrés en grève non seulement pour leurs conditions de travail, mais aussi pour le droit des jeunes à avoir un enseignement de qualité, et cela nous a stimulé à entrer en action. Nos bâtiments et infrastructures étaient vieillots et délabrés et les classes surpeuplées. Notre révolte était alimentée pas le ras-le-bol des écoles-poubelles.’’

    LS : Comment la grève s’est-elle organisée ?

    ‘‘Des étudiants du secondaire étaient déjà partis en grève dans quelques écoles. Avec un petit groupe, nous avons voulu faire de même et nous avons organisé une Assemblée Générale durant la récré. La grève y a été votée pour la journée. On a manifesté toute la journée, en faisant débrayer de nombreuses écoles tout au long. Partis peu après 10h à quelques centaines, nous avons fini à plusieurs milliers. A partir de là, la grève a été solide et toujours bien suivie chez nous tandis que le mouvement s’élargissait à d’autres établissements.

    ‘‘On avait de bons contacts avec les profs grévistes, on se relayait pour les piquets, les jeunes l’organisant du lundi au jeudi et eux le vendredi. Ce jour là, on allait à l’école débattre du mouvement, faire les calicots le matin et, après la récré, on se rassemblait en Assemblée Générale et on reconduisait la grève.

    ‘‘Il y avait à Bruxelles une coordination de grève, l’AGEB (Assemblée générale des élèves de Bruxelles), où de un à trois délégués élus en AG dans leur école pouvaient participer. Au plus fort du mouvement, plusieurs dizaines d’écoles y envoyaient leurs délégués. On y échangeait les expériences, on organisait les manifestations, on renforçait les piquets de grèves d’autres écoles et on y discutait des revendications.’’

    LS : Quel impact a eu ce mouvement dans la jeunesse ?

    ‘‘Beaucoup de jeunes se sont radicalisés au travers de leurs expériences concrètes au fur et à mesure du mouvement. On comprenait bien que le PS appliquait une politique d’assainissement au service des riches, tout comme les autres partis. On avait d’ailleurs bloqué avec les profs leurs activités de 1er mai. La répression policière entraînait aussi des discussions sur le rôle de l’État et tout ce qui concernait l’école était remis en question.

    ‘‘Malheureusement, l’absence d’une organisation de jeunes comme les Étudiants de Gauche Actifs (EGA, organisation étudiante du PSL) active dans le mouvement avait pour conséquence que beaucoup de choses restaient confuses et que, par exemple, nos slogans dans le mouvement restaient très peu politiques. La nécessité d’élargir la lutte en nous orientant vers le mouvement ouvrier faisait également défaut. Le gouvernement a pu faire passer ses mesures de force. Mais plus rien n’était comme avant pour notre génération, notre lutte avait profondément changé toute l’atmosphère et la vie dans l’école.’’

  • FOOTBALL vs ENSEIGNEMENT : Vers quel secteur doit aller l’argent ?

    Les syndicats de l’enseignement ont récemment critiqué le ‘‘Plan foot’’ d’André Antoine, Ministre du budget et des Sports du gouvernement Demotte II, qui prévoit 100 millions d’euros pour ‘‘redresser’’ le football wallon. Retour sur les besoins des enseignants et du personnel des écoles ainsi que sur ceux du football et du sport en général, et ce à tous les niveaux.

    Par Alain (Namur)

    Le jeudi 5 mai 2011 est un de ces jours qui fera date dans l’histoire sociale. Depuis 1996, les professeurs ne s’étaient plus mobilisés de manière générale. La colère qui était présente depuis longtemps s’est alors exprimée durant cette journée qui a vu plus de 12.000 enseignants manifester (soit 10% du corps professoral) et, selon les syndicats, près 50% des travailleurs étaient en grève. Malgré la réussite de cette action, la direction syndicale n’a pas dressé de plan d’action de combat pour étendre le mouvement aux étudiants et aux parents afin de faire plier le gouvernement. Pire encore, un projet d’accord vient d’être signé entre le gouvernement de la Communauté française et les directions syndicales, qui ne contient que de très très légers changement face au projet précédent.

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    Le front commun syndical a indiqué vouloir par la suite organiser des actions ponctuelles mais ‘‘moins dures’’ que la grève. Il semble pourtant bien que l’action du 5 mai avait commencé à créer un début de panique dans les rangs gouvernementaux, panique qui s’est étendue en cacophonie sur le décret Robin des Bois. Au lieu de maintenir la pression, les leaders syndicaux ont organisé une concentration de militants dans les rues de Bruxelles et une autre à Liège avec à chaque fois environ 150 militants. De plus, ils ont détourné la colère des profs contre les 100 millions d’euros que le Ministre André Antoine veut accorder au football wallon.

    Nous ne nous faisons aucune illusion sur le fait que la sortie d’Antoine sur la subvention à ce sport à un moment où le football wallon est, en tout cas en première division, au plus bas, n’est pas dénuée de calculs électoraux. De plus, il est clair que les 100 millions dégagés sur 4 ans et donc 25 millions par an vont surtout profiter au football d’élite, et nettement moins aux petits clubs, sans même parler des autres sports.

    Les manques sont partout

    Il est clair qu’avec le sous-investissement chronique de l’enseignement de ces 30 dernières années, le secteur souffre : des classes surchargées, des profs sous-payés, des conditions de travail difficiles, des bâtiments délabrés,… Alors qu’en 2005, Joëlle Milquet estimait à environ 1 milliard d’euros les besoins pour la rénovation des bâtiments scolaires, on ne peut que constater que, depuis, rien n’a encore été fait.

    Alors que les secteurs de l’enseignement et du sport se disputent 25 millions par an, les partis traditionnels laissent en paix les banquiers, les gros actionnaires et les patrons qui nous ont entrainé dans cette crise.

    Pour prendre un exemple, si l’on veut pratiquer du football en région namuroise, il faut s’acquitter en moyenne d’une centaine d’euros de cotisation annuelle (qui ne couvrent même pas les frais pour le club) auxquels s’ajoutent une autre centaine d’euros (entre 120 et 150 euros) pour les frais d’équipement et, au bas mot, encore une autre centaine d’euros pour les déplacements sur l’année. Cela fait donc, pour faire le sport le plus populaire en Belgique, une estimation basse de 300 euros par an. Si l’on voulait réduire ces frais pour les familles (environ 250.000 jeunes jouent au foot en Belgique), les 100 millions d’Antoine ne sont même pas une goute dans l’océan.

    Mais il n’y a pas que le football. Et restons en région namuroise, faute de moyens, il n’y a plus de patinoire à Jambes. La piscine y est aussi fermée pour travaux depuis des mois, celle de Salzinnes, après des semaines de rénovation, a vu un enfant se brûler au bain-bulle… D’autres piscines de la région font la une des journaux locaux pour leur insalubrité (et leur légionellose). Le complexe sportif de la ville de Namur, Tabora, a des infrastructures vétustes et, durant des mois, les utilisateurs ont été laissés sans eau chaude aux douches.

    Dans tout les clubs de sports, sans les recettes de la cafeteria et les bénévoles qui donnent de leur temps et de leur énergie, le sport populaire serait encore plus mal en point.

    Il est clair que dans tous les secteurs de la société, les manques sont présents. Mais les travailleurs ne doivent pas se disputer les miettes, mais bien exiger qu’on leur donne toute leur part dans la richesse qu’ils ont eux-mêmes créée. Cela ne peut se faire que par la construction d’un rapport de force dans la rue.

    Nous avons aussi besoin d’un parti politique qui défende réellement les travailleurs, les allocataires sociaux et les jeunes, un parti qui défend une politique qui vise à répondre aux besoins sociaux, c’est-à-dire une politique socialiste, et pas une politique qui vide l’eau croupie d’une piscine pour en remplir une autre avec.

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