Category: Enseignement

  • Réformes de Vandenbroucke dans l’enseignement en Flandre

    Réformes de Vandenbroucke dans l’enseignement en Flandre

    Le ministre flamand de l’Enseignement et de l’Emploi, Frank Vandenbroucke, n’a pas attendu le début de l’année scolaire pour annoncer des réformes drastiques dans l’enseignement. Il se base sur le rapport Accent op talent de la Fondation Roi Baudouin. Ce rapport est le fruit du travail d’une commission composée essentiellement de gens issus du monde de l’entreprise, du VDAB (l’équivalent flamand de l’ORBEm et du FOREm), des pouvoirs organisateurs de l’enseignement et des syndicats.

    Correspondant

    L’objectif exprimé était de lutter contre le manque de motivation des élèves de l’enseignement technique et professionnel. On voulait aussi limiter le nombre d’élèves en situation d’échec ou qui se retrouvent sans diplôme à l’issue de leur scolarité. On part du principe que la formation doit être orientée vers la pratique et offrir la perspective de décrocher un emploi. D’après le rapport, ça ne peut se faire qu’en étroite collaboration avec la vie en entreprise. Partant du principe que l’industrie lourde va de toute façon être délocalisée à l’Est ou au Sud, la commission ne voit de salut que dans «l’économie de design créative, innovatrice» de petites entreprises spécialisées «avec un fort concentré de connaissance». C’est pourquoi l’enseignement doit pouvoir réagir au quart de tour et s’adapter aux besoins spécifiques des entreprises. «Apprendre toute sa vie» pour s’adapter aux exigences d’un monde de l’entreprise en mutation continuelle et «apprendre à apprendre» sont devenus des leitmotifs.

    Casser l’organisation de l’enseignement

    Pour ce faire, toute l’organisation actuelle de l’enseignement doit être jetée par dessus-bord. C’en est fini des horaires fixes, du cloisonnement entre métiers, entre orientations, entre le général, le technique et le professionnel. Les écoles et surtout les directions doivent recevoir encore plus d’autonomie financière.

    Le salut par «l’économie de la connaissance»?

    La perspective d’une société de la connaissance post-industrielle n’est qu’une chimère. Les pays occidentaux n’ont pas le monopole du savoir-faire et il est plus facile de délocaliser la production à haute intensité de connaissance que l’industrie lourde.

    Ces réformes n’ont d’autre but que de fournir une main d’oeuvre taillée sur mesure pour les entreprises en sacrifiant la formation générale sur l’autel du profit.

    Une collaboration plus étroite avec les entreprises signifie que celles-ci vont dominer l’école. L’entreprise sponsorise l’achat des machines et les pouvoirs publics payent le reste de la formation professionnelle: ils y trouvent tous les deux leur compte financièrement. L’autonomie locale ouvre la voie à la différenciation salariale et aux horaires flexibles. C’est la fin du statut du personnel et des nominations. Toute la question est de savoir si le sommet syndical va choisir de défendre l’enseignement ou d’avoir une discussion aimable avec le ministre autour d’une tasse de thé.

  • Jo Coulier, candidat CGSP

    Jo Coulier, candidat CGSP à la VUB

    C’est la troisième fois que Jo Coulier, délégué principal à la VUB (université flamande à Bruxelles), est candidat aux élections sociales. Nous lui avons demandé son point de vue sur la situation sociale à la VUB.

    Jo: «Près de 2.800 personnes travaillent sur le campus de la VUB: personnel enseignant, technique et administratif. Tout commence avec un bon travail syndical envers les différentes catégories du personnel, ce qui n’est pas toujours simple. Pour rester en contact avec chacun, notre délégation syndicale édite une feuille d’informa-tion qui paraît 4 à 5 fois par an.

    "Au cours de ces dernières années, la direction de l’université a lancé plusieurs offensives contre le statut du personnel et les conditions de travail. Un exemple: le personnel d’entretien est remplacé par des travailleurs engagés par des firmes de sous-traitance. Plusieurs membres du personnel sont «en attente d’être recrutés» et se retrouvent dans une situation précaire.

    "Nous avons été en mesure de marquer des point car nous sommes bien organisés. Plus de 300 contractuels ont été assimilés au personnel statutaire. Il est important que les travailleurs votent pour un programme qui parte des intérêts collectifs de l’ensemble du personnel. Nous tenons à ce que l’enseignement soit financé par le secteur public et non par des firmes privées. Il faut aussi de bonnes conditions d’études pour les étudiants. L’université ne peut devenir une entreprise privée".

    Quels sont les défis pour après les élections sociales?

    – Jo: "On attend les conséquences concrètes de l’accord de Bologne. On entend parler de «plus de mobilité pour le personnel», et donc nous devons voir ce que cela signifiera pour les conditions de travail. Au conseil d’administration trop de gens ont l’idée de mener plus loin la politique d’austérité et de réduire le volume de l’emploi. Nous devons donc constituer une délégation syndicale plus puissante.

    "Nous n’avons pas toujours le soutien de la direction syndicale nationale et cela s’est produit à plusieurs reprises. Récemment, nous n’avons pas eu la possibilité de changer quoi que ce soit au cahier de revendications. concernant la convention collective qui a été élaborée par le sommet syndical. Que signifie encore la démocratie syndicale?

    "Notre délégations est aussi confrontée à des questions comme: qui va payer un enseignement de bonne qualité? S’il faut choisir entre d’une part augmenter les frais d’inscription et démanteler les acquis du personnel et d’autre part faire en sor te que les pouvoirs publics garantissent un enseignement de qualité. En tant que délégation syndicale notre choix est fait."

  • CGSP-Enseignement Anvers: Victoire de la gauche syndicale

    Pas moins de 800 militants de la régionale d’Anvers de la CGSP-Enseignement ont participé à l’assemblée de jeudi 18 mars. La réunion était importante car il s’agissait de renouveler l’exécutif régional élu pour quatre ans. L’exécutif sortant se caractérisait par une certaine combativité et des prises de position à gauche. A contre-courant de la droite de la bureaucratie syndicale et de la nouvelle secrétaire Nadine Maréchal qui, au cours des derniers mois, a mené toute une série de manoeuvre contre Frank Maerten (l’ancien secrétaire) et son «clan de la petite gauche».

    Un militant de la CGSP-Enseignement d’Anvers

    La droite de l’appareil a fait appel aux vérificateurs des comptes pour passer au crible uniquement les comptes des quatre dernières années (la période de Frank Maerten). Dans la mesure où l’exécutif régional précédent était composé d’enseignants de la ville, la bureaucratie essaie de montrer que les intérêts de l’enseignement de la Communauté flamande n’étaient pas défendus. Les mensonges et rumeurs propagés par l’appareil ont été démentis en assemblée générale par les enseignants de la Communauté.

    La nouvelle secrétaire et son comité bidon, soutenu par le SP.a, ont montré leur vrai visage. Au cours de la première semaine de son entrée en fonction, Nadine Maréchal a licencié deux permanents parce qu’ils avaient des positions à gauche. Une pétition a été lancée parmi les militants de base qui ont tout de suite compris les manoeuvres de l’aile droite, soutenue par la social-démocratie, contre le syndicalisme de combat. A l’issue du vote, une majorité s’est dégagée pour la reconduction d’un nouvel Exécutif régional de gauche.

  • Enseignement supérieur: Vers des universités d’élite en Europe

    Enseignement supérieur:

    EN ALLEMAGNE, le chancelier Gerhard Schröder prône la mise en place d’universités d’élite sur le modèle américain de Harvard, Standford et compagnies. Le secrétaire général du SPD (social-démocrate) confirme cette idée en avançant la nécessité d’avoir plus de prix Nobel. Le ministère de l’Enseignement supérieur allemand prépare pour cet été un système de notations internationales des universités afin de pouvoir comparer la compétitivité des unifs allemandes avec les universités européennes concurrentes.

    Boris Mallarme

    Les patrons applaudissent. Ils veulent d’un enseignement adapté au besoin du marché capable de concurrencer les établissements américains. La Table ronde des Industriels européens avance depuis 1989 que l’enseignement en Europe fournit une main-d’oeuvre trop critique, pas assez flexible, que trop de moyens sont consacrés aux études inutiles et que trop peu de jeunes font des études supérieures en rapport avec les besoins du patronat.

    Aux États-Unis, les universités décident quels étudiants elles admettent. Les droits d’inscription s’élèvent à des sommes atteignant plusieurs dizaines de milliers d’euros! Bref la sélection est extrême. Seul les génies et les gosses de riches ont accès aux unifs d’élite. Depuis des années les moyens consacrés à l’enseignement diminuent en Allemagne. On financera quelques unifs réservées à une élite au détriment de la masse des étudiants qui accéderont au reste des unifs qui dégénéreront de plus en plus en établissements poubelles.

    L’idée d’écoles supérieures pour l’élite ne touche pas que l’Allemagne. La déclaration de Bologne, signée par 29 ministres européens de l’Enseignement en 1999, vise à préparer les universités européennes à la compétition avec celles des États-Unis. L’harmonisation européenne des structures d’enseignement vise à mettre en concurrence les établissements et non à offrir une plus grande mobilité à la masse des étudiants. La mise en concurrence signifie que les formations jugées non rentables par les entreprises passeront progressivement à la trappe. Le stade final du processus est la création de «pôles d’excellence», où l’accès sera filtré par des minervals exorbitants. En Angleterre, un projet de loi permettant aux unifs d’augmenter les droits d’inscriptions à partir de 2006 sera voté dans les prochains jours. Les montants des frais scolaires pourront alors grimper jusqu’à 4.500 euros par an (Le plafond étant pour le moment de 1.656 euros). De nombreux étudiants à la suite de leurs études seront endettés de plusieurs dizaines de milliers d’euros. La dette serait effacée si elle n’a pas été payée entièrement après 25 ans. Cela rappelle les suggestions des économistes de l’UCL d’élever le minerval à 4.000 ou 6.000 euros à rembourser après les études.

    Seuls les étudiants les plus aisés capables de payer leurs frais de voyages, leurs logements, leurs droits d’inscription,… pourront étudier à l’étranger.

    Bologne conçoit une mobilité accrue pour ceux qui seront admis dans les futurs unifs d’élite étrangère et non pour tous. A côté de ces pôles d’excellence, il y aura des établissements de seconde zone, plus accessibles, mais dont la qualité laissera de plus en plus à désirer et dont les diplômes auront peu de valeur. C’est là qu’échoueront la masse des étudiants les moins fortunés.

    L’enseignement en Belgique suit cette tendance néo-libérale européenne.

    Le 3 janvier 2004, le gouvernement de la Communauté française a approuvé l’avant projet de décret dit de «Bologne» de la ministre de l’Enseignement supérieur Françoise Dupuis visant à mettre en place l’harmonisation européenne des structures (du coté flamand l’avant-projet de décret correspondant a été voté depuis le 5 juillet 2002). Ce décret remplace le système candis/licences (2+2) par 3 ans de baccalauréat et puis un an de maîtrise (3+1) ou deux ans pour une maîtrise spécialisée (3+2). Les écoles supérieures sont intégrées à ce système. Il faudra dès lors être capable de payer la cinquième années d’études pour avoir le diplôme de maître spécialisé qui vaudra évidemment plus sur le marché de l’emploi que celui de maître. L’autre grosse partie du décret concerne la constitution «d’académies», possible autour de l’ULB, de l’ULG et de l’UCL, associant plusieurs universités francophones du pays. Les universités pourront léguer à souhait à leur «académie», des parties de l’enseignement, de la recherche et des services qu’elles organisent. Ceci permet aux universités de rationaliser, de faire baisser les coûts de fonctionnement (moins d’administration, suppressions de filières, pertes d’emploi,…). Les universités sont en train de se constituer en pôle avec des écoles supérieures. Tout ceci a pour objet de tenter de développer un pôle d’excellence réservé à l’élite du côté francophone.

    La vague d’attaques au niveau européen contre les acquis en matière d’éducation visant à augmenter la sélection montre une fois de plus le caractère antisocial de l’Europe capitaliste. L’enseignement est l’un des thèmes de la campagne électorale du MAS pour les élections de juin. Le MAS combat l’idée d’un enseignement élitiste et défend un enseignement gratuit et de qualité à tous les niveaux. Etudiants de Gauche Actifs est solidaire de la campagne électorale du MAS qui est la seule opposition de gauche crédible qui défende nos droits d’étudiants.

  • Situations à l’américaine dans l’enseignement

    CELUI QUI lit "Mike contre-attaque" de Michael Moore trouve au cinquième chapitre un aperçu peu flatteur des situations intolérables dans l’enseignement américain.

    Kristof Bruylandt

    Infrastructures dangereuses, surpopulation, assujettissement du contenu des cours à la commercialisation sous l’effet du sponsoring, endoctrinement, personnel mal rémunéré et élèves démotivés. Celui qui pense que cela ne se passe qu’aux USA se trompe. Car chez nous ces situations sont aussi de plus en plus fréquentes.

    Un tas d’écoles belges ne sont pas à la hauteur des réglementations de sécurité, mais elles ne sont pas fermées car on manque de bâtiments. Dans certaines écoles, le nettoyage est même effectué par les enseignants. Ces derniers ne sont pas dédaigneux vis-à-vis de ce type de travail, mais le nettoyage ne fait pas partie de leurs tâches et en outre le personnel de nettoyage voit disparaître ses emplois.

    Entre-temps, différents groupes d’écoles proposent maintenant, après la privatisation des cantines, la sous-traitance du nettoyage aux firmes qui embauchent des nettoyeuses intérimaires qui "ne sont jamais malades". Les syndicats ont des arguments valables contre cette dégradation des conditions de travail, mais n’ont aucune stratégie pour s’opposer à cela. Dans beaucoup d’écoles ils donnent même leur aval "parce que il n’y a pas suffisamment d’argent pour continuer à payer une équipe de nettoyage avec une enveloppe beaucoup trop limitée."

    Sous prétexte d’autonomie locale, l’enseignement est impitoyablement mis sur la voie de la privatisation. Les enseignants syndiqués qui invoquent les conventions collectives pour s’opposer à la surcharge des tâches supplémentaires (ex: une colle le mercredi après-midi) doivent faire face au discours de la direction qui invoque la position concurrentielle de l’école. Les stagiaires qui ne plaisent pas au directeur qui n’ont pas suffisamment "l’esprit maison" sont écartés sous prétexte qu’ils nuisent à la réputation de leur établissement.

    Des profs de travaux pratiques sont mis sous pression par la direction pour qu’ils produisent pour des clients (par exemple des imprimés) au lieu d’apprendre aux élèves de nouvelles techniques. Et bien que la Constitution proclame que l’enseignement est gratuit jusqu’à l’âge de 18 ans, les parents doivent supporter chaque année des frais scolaires de plus en plus lourds. Dans certains établissements, les élèves doivent même payer pour l’accès à Internet.

    En Communauté française, le ministre de l’Enseignement secondaire, Pierre Hazette (MR) a lancé l’idée d’imposer aux professeurs du libre qui voudraient passer dans l’officiel subventionné une formation de 20h à la *neutralité+, ce qui, d’après Pierre Hazette, *ne serait pas un cours mais une formation à l’esprit de tolérance et à certaines valeurs qui feraient outre des conceptions idéologiques ou religieuses des enseignants, dans un but de neutralité indispensable à l’école publique+. En clair, cela signifie dépenser de l’argent pour former la main-d’oeuvre à la non-critique tout en maintenant par une autre voie les barrières liées à l’origine des diplômes, et ce alors que la pénurie d’enseignants est plus que jamais d’actualité.

    Le projet a finalement été revu, et ces cours de neutralité seront insérés dans la formation initiale de tous les futurs profs. On constate un réel refus de remédier aux vrais problèmes, tout en continuant d’appliquer les mesures d’austérité par la petite porte. Ainsi le même Pierre Hazette veut *apporter du renfort aux directeurs d’école+ par le système des titres-services, via les ASBL liées aux écoles. Autrement dit augmenter la flexibilité en favorisant une filière qui créerait de nouveaux sous-statuts dans l’enseignement. Les négociations salariales, quant à elles, sont en cours. Les syndicats exigent une augmentation des salaires de 10% en 7 ans. Mais ces revalorisations salariales ont une fâcheuse tendance à être écartées par la politique, qui préfère miser sur une nouvelle attaque sur les fins de carrière en instaurant un système de départ régressif à la retraite exprimé en 1/5 temps (au lieu de mi-temps ou temps plein), ceci afin de dissuader les vétérans de décamper.

  • Bologne: Cheval de Troie de la privatisation

    Ces dernières semaines, plusieurs manifestations se sont déroulées contre le décret Dupuis, du nom de la ministre PS de l’Enseignement supérieur. Mercredi 12 novembre, 12.000 grévistes (personnel et étudiants des Hautes Ecoles flamandes) se sont rassemblés à Bruxelles.

    Nicolas Croes

    Le jeudi 11 décembre, 15.000 étudiants des hautes écoles francophones ont manifesté à Bruxelles. Peu avant, des milliers d’étudiants ont manifesté à Liège et à Mons pour exprimer leur colère, entre autres devant les bureaux du PS. Le décret de Dupuis vise l’application en Communauté française des accords internationaux de Bologne.

    Les principaux mots d’ordre des étudiants des hautes écoles mettaient en avant la différence de niveau probable, à l’avenir, entre écoles supérieures et universités. En effet, si le décret prévoit de porter le nombre d’années d’études universitaires à 5 ans au lieu de 4, rien n’est prévu pour les hautes écoles, qui garderaient des cycles de 3 ou 4 ans. Ces étudiants craignent donc que leurs diplômes ne soient dévalorisés sur le marché de l’emploi, et font de l’augmentation du temps d’études leur principal slogan. Cependant s’ils se prononcent contre le décret Dupuis, ils ne remettent aucunement en cause les accords de Bologne. Et pourtant…

    Par exemple, un des grands axes de Bologne est la mobilité, prévoyant d’encourager les études à l’étranger, valorisées par un système de points additionnels sur le diplôme (ECTS). Mais rien n’est prévu pour financer ces voyages. Tout favorisera donc les étudiants aisés… De plus, outre la disparité entre les différentes institutions d’enseignement, l’harmonisation prévoit surtout un enseignement orienté aux besoins du marché, donc dans lequel le patronat aurait beaucoup plus à dire.

    La législation européenne prévoit que nul secteur ne peut être privatisé s’il ne répond pas à deux critères: fournir la preuve que ce secteur peut être fonctionnel sans une intervention de l’Etat et s’assurer que ce secteur produit des marchandises exportables. En ce qui concerne l’enseignement sans aide de l’Etat, les écoles supérieures privées anglaises, très élitistes, montrent qu’elles peuvent très bien se passer d’une intervention de la communauté, leurs étudiants étant issus de milieux (très) aisés. Par contre, l’enseignement supérieur ne produira pas de diplômes exportables, tant que Bologne ne sera pas mise en application. Bologne signifie augmentation du minerval, diminution de la qualité des études, disparition de certains secteurs "non rentables", diminution de crédits pour d’autres "moins rentables",… Cette longue liste nous rappelle la situation dans d’autres secteurs privatisés. C’est pourquoi nous devons lutter tous ensemble.

  • Ecoles pour caïds. Quatre écoles pour le prix d’une!

    Ecoles pour caïds.

    Pierre Hazette, ministre (MR) de l’Enseignement secondaire en Communauté française a proposé en novembre 2002 la création d’un centre à Bruxelles pour élèves exclus d’écoles ou coupables de faits particulièrement graves. Cette école pour caïds aurait constitué une structure supplémentaire venant s’ajouter à ce qui existe déjà pour les élèves exclus du système scolaire. Un débat a eu lieu au gouvernement car le PS et Ecolo s’opposaient à une logique de ghettoïsation des jeunes difficiles et préféraient favoriser la mise sur pied d’équipes mobiles qui iraient dans les écoles. Ils voulaient également renforcer les dispositifs existants, c’est-à-dire les services sociaux chargés de s’occuper des jeunes en crise (SAS).

    Céline Moulin

    L’exécutif de la Communauté française a finalement décidé de subventionner quatre nouveaux SAS (à côté des 8 existants). En fait, cela revient à créer 4 écoles pour caïds au lieu d’une seule.Pierre Hazette admet cependant que cela risque d’encourager les écoles à exclure plus facilement les élèves difficiles mais il prétexte que le fait qu’il n’y ait que 4 fois 25 places limitera cette tentation. Il ajoute pourtant qu’il souhaite, par souci de proximité, multiplier ce type d’établissements et augmenter leur capacité d’accueil.

    Notons également que Pierre Hazette est un adepte des titres services qu’il tente de faire entrer dans l’enseignement: il suggère clairement aux écoles subventionnées d’y avoir recours pour faire face à certaines tâches administratives… Bref, de plus en plus d’exclusions "organisées" par les pouvoirs publics pour les jeunes les plus fragiles économiquement, le tout sur fond d’emplois précaires.

  • NON à la marchandisation de l’enseignement!

    Les suggestions des économistes de l’UCL d’éléver le minerval à 4000 ou 6000 euros à rembouser après les études, la réforme annoncée des diplômes selon le modèle anglo-saxon (“ Bachelor-Master “), la création des pôles d’excellence et d’autres mesures prévues par ou liées au fameux Processus de Bologne, inquiètent nombre d’acteurs dans le débat sur l’avenir de notre éducation (aussi en général). Les conséquences des réformes de l’enseignement supérieur sont de plus en plus visibles partout en Europe et elles dévoilent la véritable nature de ce traité européen : la sélection plus poussée et le démantèlement des acquis sociaux et politiques dans l’éducation supérieure.

    Emiel Nachtegael

    Pour comprendre les enjeux de la Déclaration de Bologne, il est nécessaire de comprendre le rôle de l’éducation en général dans la société. A travers l’Histoire, l’organisation du système éducatif est déterminée par l’organisation de l’économie (la division du travail), et en particulier par la façon d’organiser la production. Si dans la société féodale le métier de paysan était transmis de père en fils, l’enseignement étant confiné dans les monastères et axé sur l’étude de la bible et la copie à la main des textes antiques sans valeur productive quelconque, l’ascension de la bourgeoisie marchande et de la société citadine marque un changement. L’économie devenant plus complexe, avec plus de spécialisation du travail, un enseignement en comptabilité, droit, etc. s’impose pour une élite dans la société.

    C’était dans la période de transition de la société médiévale vers la société capitaliste que le système éducatif, modèle de notre éducation actuelle, est né. L’éducation générale réservée aux enfants bourgeois et nobles et une éducation plus professionnelle pour les enfants du peuple, l’objectif de l’éducation était de sélectionner l’élite et d’apprendre la discipline au peuple. Selon les demandes du marché, le système éducatif est censé fournir la main-d’oeuvre qualifiée exigée dans des moments d’expansion de l’industrie et des services (la massification des universités après la Seconde Guerre Mondiale etc.).

    Sous pression du mouvement ouvrier, un degré de démocratisation a été acquis, comme la scolarité obligatoire après la Première Guerre Mondiale et l’Enseignement Secondaire Libre, les droits démocratiques des étudiants dans les universités (droit d’afficher, etc.) après mai 68. Mais les principes fondamentaux de notre éducation demeurent les mêmes : sélection (frais d’inscription ; sur les diplômes : réussi-distinction-grande distinction ; quant au choix de la filière : latin-pas de latin), discipline (ne certainement pas critiquer le professeur ou le cours) et passage de l’idéologie bourgeoise (cours d’Histoire, etc.), prestation (examens, tests, numerus clausus, etc.), la concurrence (chaque élève pour soi, certains ne sont pas «faits pour étudier» , etc.)…

    Selon une enquête dans De Standaard (20 février 2003), « la Belgique, mais surtout la Flandre, excelle au niveau des prestations des élèves dans le monde… l’autre face du médaillon, c’est que les jeunes n’aiment pas aller à l’école, ils jugent les cours ennuyeux. Notre enseignement est encore (trop) axé sur la connaissance, sur la reproduction, sur les notes et (trop) peu sur la personnalité totale de l’élève. En outre, le clivage entre les meilleurs élèves et les autres est souvent trop grand.» Là, on touche au coeur du débat. Le quotidien regrette que l’éducation n’ait comme objectifs, ceux qui ont toujours été les objectifs de l’éducation dans une société de classe. L’épanouissement total des capacités de l’individu ne sera jamais atteint sous le capitalisme, ce n’est pas dans ses intérêts, ça ne l’a jamais été. La division du travail capitaliste entre travail manuel et intellectuel s’exprime dans l’organisation de l’enseignement secondaire: humanités, écoles techniques, écoles professionnelles. De plus, comme chaque acquis qui ne plaît pas au capitalisme, il est passible de passer à la trappe.

    Après la crise structurelle du capitalisme après 1974, la demande d’une main d’oeuvre qualifiée issue des universités diminue. C’est dans ce contexte que les réformes de l’éducation se déroulent. Elles traduisent les lois du marché capitaliste.

    Depuis les années 80, on est confronté aux programmes d’austérité dans l’éducation et des attaques contre les acquis démocratiques (comme la Déclaration de Bologne).

    Cette Déclaration de Bologne, nouveauté tant voulue par la Table Ronde de Grands Industriels Européens, vise, en grandes lignes, la création d’un Espace Educatif Européen, capable de concurrencer avec les ecoles très élitistes américaines et brittaniques comme Harvard et Princeton où les frais d’inscription s’élèvent à pas moins de 30.000 euros!

    Le but final est d’en arriver à un classement des pôles d’excellence avec une spécialisation très poussée : des unifs de premier rang, de second rang, de poubelle. Telle université vous offre le programme de “Master en Droits, Economie, Solvay, etc.”, telle autre vous offre le journalisme, les sciences humaines etc. (en Flandre, les universités viennent d’annoncer la suppression des filières Langues Romanes et Langues Germaniques ; avec un an supplémentaire (3 +2) pour les sciences, 3+1 pour les autres).

    En Communauté Française, le décret Bologne sera présenté au parlement avant le 15 décembre (pour empêcher une mobilisation étudiante avant les examens ?). Après avoir conclu un accord avec les recteurs, le 8 novembre, la ministre de l’enseignement du gouvernement de la Communauté française, Françoise Dupuis, elle, a déposé son “décret Bologne” le 26 novembre (à l’extérieur des recteurs, les étudiants, les syndicats et les Ecoles Supérieures, ont été écartés des négociations ; ça commence bien !). Il prévoit la disparition des licences et la mise-en-place d’un système baccalauréats (premier cycle) et maîtrises (deuxième cycle :3+1). La maîtrise spécialisée (3+2) et la maîtrise complémentaire (3+3) s’y ajoutent. Il n’existe aucune raison pédagogique qui justifie le rallongement du temps d’étude. Mais il ne faut pas être intélligent pour comprendre que beaucoup d’étudiants salariés ou issus de milieux modestes auront du mal à payer un ou deux ans d’étude de plus, même si l’on suppose que les frais d’inscription resteront les mêmes. Aux Pays-Bas les minervals s’élèvent entre 5000 et 7000 euros et en Angleterre Blair vient de proposer un minerval de 3000 livres (4500 euros) par an (!) à rembouser après les études. Les ministres ont encore beau nous assurer qu’ils ne veulent pas de ça, si les autres pays signataires de la Déclaration de Bologne le font, on voit difficilement comment ils ne vont pas suivre leur exemple, ce serait ne pas respecter l’esprit du texte, justement.

    Il faudra encore attendre les programmes des unifs pour 2004-5, mais il est dorénavant clair qu’ entre une maîtrise 3+1, une maîtrise 3+2 et une maîtrise 3+3, quel diplôme vaudra le plus sur le marché de travail. La déclaration de Bologne prépare la voie vers la transformation de notre éducation supérieure selon le modèle anglo-saxon et la privatisation de l’éducation supérieure en tant que service public. Il n’est pas impossible de lutter contre Bologne, comme le montrent les étudiants allemands et français en grève (voire brèves).

    Dans le passé, des luttes contre des plans d’austérité ou des réformes plus en profondeur de l’éducation supérieure ont été stoppés après des mobilisations massives des étudiants et du personnel (France, 1986 ; Espagne, 1987). Il sera, comme lors de ces luttes, nécessaire de lancer l’appel à un mouvement social plus large, et en particulier envers les syndicats, de lier la lutte pour un enseignement supérieur gratuit, populaire et démocratique à la lutte pour le maintien de tous les services publics et contre la politique anti-sociale du gouvernement en général. Entretemps, il est important de lier la lutte à la lutte pour une société socialiste avec une planification démocratique de l’économie.

    Une telle société posera le rôle de l’éducation de façon très différente, car elle bouleverse la production qui sera non orientée vers les poches d’une minorité infime, mais vers la satisfaction des besoins de l’humanité.

    Un programme éducatif socialiste peut alors viser l’épanouissement total et polytechnique de chaque individu qui pourra être un travailleur réflechissant et agissant lui-même sur des affaires de production et de la gestion de l’état. Et les générations d’élèves suivantes s’étonneraient des lycées et des unifs capitalistes et pourront dire comme Lénine : la vieille école était une école où on bûche, elle forçait les gens à se familiariser avec un tas de connaissances inutiles et superflues, qui embrumait le cerveau et qui transformait la jeune génération en un rassemblement de bureaucrates. Rejoins EGA pour préparer la lutte pour un enseignement libre et démocratique et pour une société socialiste !

  • Luttons pour un enseignement de qualité!

    Tous nos acquis en matière d’enseignement – comme les restaurants sociaux, les kots bon marché, la démocratie étudiante (il fut un temps où les étudiants avaient leur mot à dire sur le contenu des cours!) – proviennent de la période de la fin des années soixante.

    Simon Van Haeren

    En 1968, lorsque les étudiants de la faculté de Nanterre à Paris ont complètement paralysé l’université parce qu’ils ne voulaient pas devenir les futurs «cadres du capitalisme», le recteur a réagi en appelant la police. C’est l’étincelle qui mit le feu aux poudres. La lutte des classes a embrasé toute la société. Le résultat fut une grève générale phénoménale à laquelle participèrent 10 millions de travailleurs. La voie était libre pour une révolution socialiste, mais les staliniens et les sociaux-démocrates ont commis une trahison scandaleuse qui a permis à la bourgeoisie de reprendre le contrôle de la situation.

    S’il ne devait y avoir qu’une seule leçon à retenir de cette période, c’est que nous ne pouvons compter que sur nos propres forces pour défendre le droit à un enseignement pour tous.

    A certains endroits, les étudiants de gauche ont continué à défendre leurs droits avec succès jusque dans les années septante. Mais depuis la défaite de 1968, depuis qu’on a laissé passer la chance d’en finir définitivement avec le capitalisme, la politique a viré vers la droite et le vent a commencé à tourner en faveur de la bourgeoisie. La séparation rapide du PS et du SP d’avec leur base ouvrière après la chute du Mur en est une illustration. Aujourd’hui, ils luttent côte à côte avec les libéraux… pour les intérêts des patrons! Qu’est-ce qui nous attend à présent?

    L’Union européenne (UE) a inscrit depuis des années l’objectif de privatiser complètement le secteur public dans l’Accord Général sur le Commerce et les Services (AGCS). La privatisation de la SNCB, de La Poste, de Belgacom,… démontre que le gouvernement est effectivement en train de mettre en oeuvre les préceptes de l’AGCS.

    L’enseignement n’est rien d’autre qu’une marchandise pour l’Union européenne. Le financement public doit par conséquent être limité, car l’Union économique y voit une «distorsion de concurrence»! La fameuse Déclaration de Bologne y ajoute que «l’enseignement doit être davantage orienté vers le marché». Merci d’éclairer ainsi notre lanterne. La ministre Françoise Dupuis, qui prépare un décret pour appliquer les préceptes de Bologne en Communauté française, n’en continue pas moins de nier l’évidence.

    Les Pays-Bas ont été l’un des premiers pays à jeter le masque. On y a modifié la loi pour autoriser l’instauration de minervals astronomiques (jusqu’à 7000 euros). En Belgique, il y a une proposition de doubler les droits d’entrée dans les hautes écoles: cette mesure est suspendue jusqu’à présent car la loi ne le permet pas encore! Entre-temps, l’enseignement en général doit constamment faire face à un manque de moyens. Dans les hautes écoles, plus de la moitié des professeurs sont au bout du rouleau à cause du manque chronique de support matériel pour leur travail. C’est pourquoi ils vont descendre dans la rue le 19 novembre à Bruxelles. Les universités ont privatisé leurs restaurants et/ou augmenté le prix des repas. A la VUB, les loyers des kots ont été relevés, les infrastructures sportives vendues, etc.

    Pour pouvoir résister aux attaques du gouvernement, les étudiants doivent construire un rapport de force vis-à-vis des autorités universitaires.

    Rejoignez Résistance Internationale, Etudiants de Gauche Actifs et Actief Linkse Studenten!

  • Universités: Unité du personnel et des étudiants contre l’austérité

    L’organisation étudiante du MAS/LSP, Etudiants de Gauche Actifs/Actief Linkse Studenten (ALS/EGA), s’oppose dans toutes les universités aux privatisations et aux mesures d’austérité dans l’enseignement supérieur. A l’université de Gand, le nouveau restaurant du campus Ardoyen est en voie de privatisation. C’est un premier pas vers la privatisation de tous les restaurants universitaires de Gand. La CGSP a décidé de fermer un par un tous les restaurants universitaires pendant un jour. Plusieurs membres d’ALS étaient présents aux piquets de grève pour manifester leur soutien au personnel et pour expliquer aux étudiants les conséquences de la privatisation.

    Tim Joosen

    A la Vrije Universiteit Brussel (VUB), le prix des repas au restaurant universitaire a augmenté de 85% pour les boursiers et de 39% pour les non boursiers. En outre, les autorités universitaires envisagent la fermeture du restaurant du campus de Jette (faculté de médecine), ce qui pourrait signifier la fin de cette faculté car le restaurant est le seul point d’attraction pour les nouveaux étudiants et le campus est peu attractif pour les nouveaux étudiants car très éloigné des centres de commerce et de loisirs.

    ALS a pris les devants dans la campagne contre la fermeture et les hausses de prix et lutte pour le maintien de repas de qualité et à des prix abordables sur les deux campus. ALS compte participer aux prochaines élections pour le Conseil social (l’instance où se décide notamment la politique en matière de restaurants).

    La Katholiek Universiteit Leuven refuse d’endosser les pertes des restaurants universitaires semi-privatisés. La direction de l’unif a décidé de placer le personnel devant un dilemme scandaleux: soit la semaine des 45h avec la possibilité de ne prendre congé que pendant les périodes calmes, soit la fermeture pure et simple des restaurants. Les syndicats ont accepté la première proposition. La direction a réussi à dresser les étudiants et les membres du personnel les uns contre les autres afin d’empêcher les actions communes.

    EGA/ALS lutte dans toutes les universités pour un enseignement de qualité à la portée de la bourse de chacun. La fourniture de repas, de kots, de soins médicaux,… fait pour nous partie intégrante d’un enseignement supérieur démocratique. Les coupes budgétaires et les privatisations ont des effets négatifs tant pour le personnel (détèrioration des conditions de travail, baisse des salaires,…) que pour les étudiants (hausses de prix, baisse de la qualité,…). Nous appelons les membres du personnel des universités et les étudiants à lutter côte à côte pour défendre leurs intérêts communs.

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