Category: Enseignement

  • L’enseignement boit la tasse faute de moyens

    L’enseignement est déjà bien habitué aux différentes pénuries et aux bâtiments vétustes ou ne respectant pas les normes. Les inondations de la mi-juillet en Wallonie ont laissé des traces qui risquent d’être visibles encore longtemps. En plus de milliers de familles privées de logement, 134 implantations ont été touchées par ces inondations inédites, mais auxquelles il va probablement falloir s’habituer. Même si la plupart des écoles pourront rouvrir à la rentrée, certains élèves et professeurs vont avoir une rentrée bien amère voire pas de rentrée du tout.

    Par Jérémiah (Liège)

    Faire face aux dégâts des eaux

    C’est le cas des écoles présentes à Angleur, un quartier proche de l’Ourthe, un des plus sinistrés de Liège. Certains élèves y feront leur rentrée dans des classes sans chauffage ou dans des locaux humides. D’autres encore dans des préfabriqués en attendant la fin des travaux. Les mêmes préfabriqués utilisés depuis des lustres dans de nombreuses écoles à cause du sous-financement chronique.
    Une solidarité extraordinaire s’est manifestée après cette catastrophe, que ce soit pour dégager des classes, mais également en don de matériel informatique, des frigos pour la cuisine,… Mais cela n’est pas suffisant pour reconstruire des écoles exsangues après la catastrophe, c’est aux pouvoirs publics de s’en charger !

    Du côté des politiques, seuls 5 millions d’euros ont jusqu’ici été prêtés à 0% d’intérêt pour les frais directs liés aux destructions. Il va donc falloir à un moment rembourser cette somme ! Nous savons que les budgets des écoles sont déjà bien maigres. Il est scandaleux de présenter la facture aux sinistrés, y compris que ce soient des écoles. Le reste des frais repose sur les assurances des écoles, qui ne vont pas tout indemniser.

    Une aide directe, publique et sans condition doit être octroyée aux écoles sinistrées, mais nous devons également mettre la pression pour un financement public massif de toutes les écoles, peu importe le réseau, et peu importe la région. Ceci dans le but de rénover toutes les écoles, de les isoler correctement et d’en construire de nouvelles pour pallier également directement à la pénurie des places pour les élèves de première secondaire (notamment).

    La pandémie sévit toujours

    Sur le front de la pandémie, les travailleurs et les directions vont une fois de plus devoir adapter leur rentrée. En Wallonie, celle-ci sera moins restrictive, car les élèves pourront enlever leur masque lorsqu’ils sont en classe ou en pause, ils restent en revanche obligatoires lors des déplacements. Cet assouplissement ne sera pas en vigueur à Bruxelles au vu du taux de vaccination chez les jeunes beaucoup moins élevé (20% contre 53% en Wallonie), le masque y sera obligatoire partout. Ces mesures à elles seules ne diminuent bien entendu pas les inquiétudes des collègues, elles posent même les jalons d’une potentielle 4e vague dans les écoles.

    Le variant delta est devenu majoritaire et est 2 à 3 fois plus contagieux que la souche précédente. Selon l’épidémiologiste Antoine Flahault, de l’université de Genève : « Dans la mesure où les moins de 12 ans restent les seuls non éligibles à la vaccination et que les 12-17 ans sont encore peu vaccinés ou du moins, moins souvent vaccinés que leurs ainés, ils deviennent le principal réservoir et vecteur des transmissions actuelles. » Tant que nous laissons le vaccin entre les mains des multinationales, nous ne pouvons pas avancer plus rapidement dans la campagne qui se joue aussi à l’échelle mondiale.

    En d’autres termes, ces mesures sparadrap sont potentiellement dangereuses pour le personnel qui n’est pas protégé à 100 % malgré le vaccin. Dans des classes de 25 à 30 élèves, la probabilité de clusters dans les classes est très importante. Même si les jeunes sont moins à risque de développer des formes graves que les aînés, ce n’est pas un risque que nous devrions prendre pour les élèves ET le personnel. Mais alors que faire ?

    Le matériel de protection doit être distribué gratuitement aux élèves et au personnel des établissements par les pouvoirs organisateurs ou régulateurs. Ceux-ci doivent être de qualité et en quantité suffisante.

    Des classes plus petites

    Lors de l’enseignement hybride (distanciel et présentiel), certains collègues ont pu donner cours à des demi-classes (15 élèves voire moins), ce qui a grandement amélioré la qualité de leur enseignement. Ils ont pu consacrer plus de temps à chaque élève. De plus, moins d’élèves par classe permettrait de maintenir une distance physique pour se protéger davantage du variant delta.

    Des actions syndicales ont été menées en fin d’année scolaire précédente contre le manque de mesures effectives et efficaces prises par la Fédération Wallonie-Bruxelles. Ces actions étaient peu nombreuses, mais ont été très bien suivies. Les travailleurs de l’enseignement et les élèves méritent mieux que les miettes habituelles données à ce secteur. Il est temps d’avoir un réel plan d’action pour obtenir un refinancement public conséquent, à hauteur des réels besoins du terrain comme l’engagement de personnel supplémentaire, la construction de nouvelles écoles, la rénovation des écoles. Il faut également maximum 15 élèves par classe, un enseignement gratuit, de qualité et démocratique, capable de prendre réellement en compte chaque enfant et adolescent.

  • École en Lutte Pour un robuste refinancement public du secteur !

    “Ecole en Lutte” lors de la manifestation de La Santé en Lutte du 29 mai dernier.

    C’est parti ! La mise sur pied du collectif « École en Lutte » a commencé le 10 mars. Cela faisait des mois que des enseignantes bruxelloises ressentaient le besoin de créer un collectif. Mais pas n’importe lequel. En se basant sur le modèle de La Santé en Lutte, elles voulaient réunir des parents, des élèves et tous les travailleurs du secteur : des enseignants, des éducateurs mais aussi le personnel d’entretien, paramédical et administratif.

    Par Celia (Bruxelles)

    Il s’agit aussi de réunir des travailleurs et des travailleuses des différents réseaux, pouvoirs organisateurs, filières, niveaux d’étude, types d’écoles, etc. C’est fondamental, en Belgique, d’avoir un collectif qui puisse réunir les acteurs de l’enseignement libre, officiel et subventionné afin de lutter tous ensemble pour des améliorations de conditions de travail et d’étude pour toutes et tous. Le Libre comprend plus ou moins 50% de la population scolaire. Lutter en délaissant l’un ou l’autre secteur serait une grave erreur. Car tous les enfants méritent un enseignement de qualité, démocratique, réellement gratuit et équitable.

    Lors des premières réunions, avec une participation allant de 15 et 30 personnes à chaque fois, de premières revendications ont émergé : un refinancement public conséquent de l’enseignement, la gratuité totale de l’enseignement, moins d’élèves par classe, de meilleures infrastructures et l’arrêt des réformes managériales.

    Témoignages sur le terrain :

    Alizée, institutrice en 6ème primaire à Bruxelles

    Selon toi, quel est le principal problème que rencontre ton école ?

    La pénurie de personnel enseignant et éducateur. Il est très compliqué de trouver des remplaçants. La plupart du temps, les personnes qui finissent par remplacer les absents sont celles qui étaient censées s’occuper de la remédiation ou de l’aide aux primo-arrivants. Nous avons aussi besoin d’éducateurs, il n’y a aucun poste organique dans l’école ce qui signifie qu’aucun éducateur ne peut être nommé. Nous n’avons donc que des « surveillants » avec des contrats précaires (ACS/PTP). Nous aurions besoin d’une assistante sociale à temps plein (elle n’est présente que 3 jours/semaine) ainsi que d’une logopède à temps plein pour pouvoir réellement répondre aux besoins des élèves.

    Vois-tu d’autres problèmes majeurs ?

    Notre école se trouve dans un quartier populaire très dense de Bruxelles. Nous avons un enseignement à 2 vitesses en Belgique, mon école n’est pas une école élitiste où les parents ont réellement envie de mettre leurs enfants. Nous n’avons donc pas assez d’élèves (il y a entre 15 et 18 élèves par classe), ce qui fait que nous allons sûrement perdre des emplois l’année prochaine. Les parents n’ont pas assez d’argent pour les fournitures scolaires et les voyages scolaires. Nous devons sans cesse organiser des activités lucratives pour pouvoir les aider. Trop peu de moyens sont fournis par le pouvoir organisateur, les élèves doivent même apporter leurs propres paquets de mouchoirs ! Il est temps que l’enseignement soit réellement gratuit !

    Quels problèmes se sont ajoutés avec la crise sanitaire ?

    Le nombre d’instits absents par jour a augmenté, il arrive même que 5 personnes soient absentes sur 12. Les élèves perdent parfois des jours entiers de cours. De plus, il y a des problèmes d’hygiène. La commune et l’école ne nous fournissent pas assez de savon, d’essuies, de mouchoirs ; et seuls 2 masques ont été donnés au personnel depuis le début de la crise !
    Enfin, nos locaux sont trop petits pour que la distance physique puisse être maintenue entre les élèves et entre l’institutrice et les élèves. Nous sommes très exposés au virus et pourtant, nous ne faisons pas partie des professions prioritaires pour la vaccination !

    Daphné, professeure d’éducation plastique en secondaire à Liège

    Tu donnes cours dans l’enseignement spécialisé, comment y est vécue la crise sanitaire ?

    On se sent oubliés, laissés de côté dans chaque circulaire, dans chaque décision des autorités. Il est impossible de garder les distances entre les élèves et nous car nous devons nous occuper d’eux de manière rapprochée, ils ont des besoins spécifiques. Il nous est également difficile de garder le masque, et c’est encore pis pour les élèves qui n’ont pas les moyens financiers de s’en procurer ni la motricité nécessaire pour le mettre correctement. Nous n’en avons d’ailleurs jamais reçu de l’école ou du pouvoir organisateur. De plus, nous ressentons encore davantage qu’avant la pénurie de personnel. Nous n’avons pas d’éducateur ni d’infirmière sur place, nous sommes donc obligés, nous enseignants, d’accompagner les élèves aux toilettes, de gérer leur « pétage de plomb », de les nettoyer…

    Quels problèmes ont été exacerbés par la crise ?

    Le manque criant de personnel paramédical et éducateur : nous n’avons que 2 logopèdes, 1 psychologue, pas d’ergothérapeute, pas de kinésithérapeute, pas assez d’éducateurs, pas d’infirmière (à part celles en stage),… Les transports scolaires sont mal organisés. En effet, les élèves de classes différentes sont mélangés et y passent « quelques heures par jour », c’est-à-dire 3 à 4h le plus souvent. Les trajets sont très longs, ils peuvent se contaminer facilement et les élèves arrivent crevés, car ils se lèvent très tôt le matin et rentrent tard.

    Quelle est la dernière réforme concernant l’enseignement spécialisé et quelles sont ses limites ?

    La dernière réforme est celle des « pôles territoriaux », elle vient du Pacte pour un enseignement d’excellence. Comme beaucoup de réformes qui viennent du Pacte, l’idée de base n’est pas mauvaise mais elle ne sera pas appliquée avec suffisamment de moyens et en impliquant tous les acteurs de terrain. Toute la réforme a pour but de faire des économies alors qu’il serait grand temps d’investir solidement dans le spécialisé – et dans tout l’enseignement en général. La réforme consiste à diminuer drastiquement le nombre d’élèves dans le spécialisé, à remplacer l’intégration par de l’inclusion et à limiter l’accès à l’enseignement spécialisé. Mais sans moyens, cela ne sera bon ni pour l’élève ni pour le professeur de l’enseignement ordinaire qui se retrouvera avec encore plus d’élèves à besoins spécifiques, sans formation ni moyens supplémentaires…

    De nombreuses pertes d’emplois sont à prévoir dans le spécialisé, notamment au niveau des nombreux logopèdes actuellement occupés à accompagner individuellement les élèves dans leur parcours d’intégration. On sent que notre enseignement est rejeté, nos écoles sont souvent citées pour faire peur aux enfants « méchants » ou « difficiles » alors qu’il est si riche! Travaillant dans le spécialisé, si j’ai un jour un enfant à besoins spécifiques, je ferai tout pour qu’il puisse y entrer.

  • École en lutte : l’enseignement aussi exige un refinancement public massif !

    En 2020, nous avons vu des choses incroyables se produire ! Le 12 mars 2020, le Conseil National de sécurité a pris la décision de fermer les écoles pour endiguer la pandémie. En Belgique, les cours en présentiel sont restés suspendus près de trois mois. Certains élèves ont retrouvé le chemin de l’école au mois de mai, tandis qu’une large majorité des élèves du secondaire ont terminé leur année scolaire à la maison. Du jamais vu !

    Par Virginie (Bruxelles), article tiré de l’édition de mai de Lutte Socialiste

    Nous pensions que c’était une mesure limitée dans le temps. Nous avons tou·te·s consenti à nous adapter pour assurer la fameuse continuité pédagogique et pour maintenir les élèves accrochés à l’école sous sa nouvelle forme, malgré des conditions de vie et de travail très diverses. Aucun moyen financier ni matériel supplémentaire n’a été débloqué par le gouvernement pour assurer cette transition numérique soudaine. Quant au retour à l’école, il a révélé des prescriptions gouvernementales en décalage avec la réalité de terrain en termes de surface de salle de classe, de nombre de sanitaires et de fenêtres à ouvrir et avec la précarité des conditions matérielles du secteur.

    Depuis la rentrée 2020, toute la communauté scolaire est rentrée à l’école – presque – comme si de rien n’était et nous exerçons désormais notre métier téléguidé·e·s par des décisions ministérielles à court terme, annoncées par la presse, peu de temps avant leur application. Être soumi·se·s à de telles décisions ignorantes de la réalité de terrain et dépourvues de moyens supplémentaires pour assurer la sécurité et l’adaptation nécessaires a généré un grand stress. Les discussions en salle des profs ou dans les lieux de réunion ont changé. Les travailleur·euse·s s’interrogent et les syndicats ont finalement appelé à un arrêt de travail le 25 mars, suivi dans de nombreux établissements. C’est un très bon début !

    Les attentes face à l’école sont élevées et les défis multiples et de taille, mais le secteur est maintenu dans des conditions matérielles médiocres. Face à cette situation de crise visible, révélant les maux d’un système en crise latente et silencieuse depuis longtemps, des travailleur·euse·s du secteur de l’enseignement ont commencé à se réunir et discuter en vue de construire un collectif École en lutte, inspiré par l’expérience de La Santé en Lutte. Plusieurs réunions en ligne ont déjà eu lieu pour réfléchir et réunir un maximum de personnes concernées par le secteur autour de revendications communes et d’actions.

    Ainsi, nous réclamons un investissement massif dans l’enseignement répondant aux besoins essentiels du terrain comme l’engagement de personnel supplémentaire, la construction de nouvelles écoles, un nombre réduit à 15 élèves par classe pour un enseignement gratuit et de qualité, capable de prendre réellement en compte chaque enfant et adolescent. En outre, notre objectif en termes d’action est de porter ces revendications lors de la manifestation de La Santé en Lutte du 29 mai prochain, avec un bloc enseignement, afin de montrer non seulement notre solidarité envers les travailleur·euse·s de la santé, mais également les nombreux liens qui existent entre nos deux secteurs.

  • Des banques resplendissantes et des écoles délabrées, ce n’est pas normal…

    Au moment de discuter avec Stefanie, déléguée Setca dans l’enseignement libre et candidate pour les élections sociales à venir, on estimait que près d’un quart des enseignants était malade ou en quarantaine dans l’enseignement fondamental et secondaire. Nous sommes revenus avec elle sur l’enseignement en période de coronavirus.

    « Nous avons du gel et des masques, mais la direction donne l’impression que c’est vraiment le maximum. Une collègue a craqué hier sous la pression de l’angoisse. Il faut dire que les couloirs ne sont pas aérés et que la plupart des locaux ont des fenêtres ouvrant soit sur la cour, soit sur la rue. Il y a donc beaucoup de bruit. Du coup, en rentrant dans certaines classes, on a l’impression de pénétrer dans un sauna, il y fait chaud et humide.

    «Avec le nombre d’élèves mis en quarantaine ou malades, la charge de travail est considérablement plus lourde, puisque cela nécessite plus de suivi individuel. C’est un peu comme si les classes changeaient chaque jour sur base du va-et-vient. Et comme plus de collègues sont également absents, on nous demande de compenser, de surveiller des classes,… On nous demande de travailler beaucoup plus que d’habitude et il est très difficile de se concentrer sur les gestes barrières et les mesures sanitaires dans des conditions de rush constant.

    « C’est un peu hypocrite : le service de Promotion de la Santé à l’École (PSE) rappelle au personnel qu’il faut respecter les règles sanitaires et garder une distance. Mais les conditions de travail ne le permettent pas et, même en pause, les salles des profs sont généralement très petites. Alors, on peut aller manger ailleurs dans une classe vide, mais sans y disposer de frigo, de four micro-onde,… Au final, nous travaillons dans un environnement risqué et les chiffres de contamination et de quarantaine l’illustrent amplement. Moi-même, je me suis inscrite pour un test de dépistage Covid, il a fallu plusieurs jours pour que je puisse le faire et 72 heures pour avoir les résultats : évidemment que le virus a le temps de circuler ! Les directions poussent les enseignants en quarantaine à travailler, mais il ne faut pas oublier qu’on doit aussi s’occuper de ses propres enfants chez soi.

    « Nous avons besoin de masques jetables gratuits pour les élèves et les profs pour assurer qu’ils soient changés suffisamment souvent. Il nous faut de l’aide pour diminuer la charge du travail, nous devons avoir plus de personnel pour pouvoir travailler à un rythme moins élevé, pour suivre tous les élèves qui sont absents,…

    « Sans encore parler de l’infrastructure, qui est un problème de longue date. Il n’y a pas si longtemps, on avait des élèves qui mangeaient à la cave de l’établissement. On appelle ça le sous-sol, mais c’est une cave. On a dû arrêter parce qu’il y avait des rats ! Mais maintenant, les réfectoires sont bondés… Il suffit de rentrer dans une banque ou une école pour voir les priorités dans cette société. Des banques resplendissantes et des écoles délabrées, ce n’est pas normal. Ce que les jeunes et le personnel, enseignant ou non, méritent, ce sont des écoles qui ressemblent à ce que sont les banques aujourd’hui. »

  • Organisons-nous contre l’extrême droite ! Pas de fachos dans nos quartiers, pas de quartiers pour les fachos !

    À la mi-octobre, plusieurs centaines de manifestants d’extrême droite sont descendus dans la rue de la commune de Puurs suite à l’agression cruelle d’un adolescent de 15 ans. Les médias ont couvert l’événement en évoquant une action contre le harcèlement. Mais les slogans sur les «parasites islamiques» et les «rats de gauche» laissaient planer peu de doutes sur le fait que cet événement était en réalité un déchainement de violence envers celles et ceux qui pensent autrement que l’extrême droite ou sont issus de l’immigration.

    Par Kenzo (Gand)

    L’extrême droite propage les menaces et la violence dans la rue

    L’extrême droite répand la haine et la division. Les jeunes ayant une couleur de peau différente sont systématiquement stigmatisés et présentés comme des voyous et des criminels. La méfiance des «flamands» s’intensifie. Ces dernières années, l’extrême droite a vu un courant d’indulgence croître parmi les jeunes. Cela mène à une plus grande confiance de jeunes racistes qui provoquent systématiquement d’autres jeunes, distribuent des autocollants d’extrême droite aux écoles et parlent ouvertement de leur racisme et de leur sexisme pendant et après les cours.

    Alors que l’extrême droite affirmait être sortie dans la rue à Puurs contre le harcèlement, une voiture avec des passagers issues de l’immigration a été attaquée. Les occupants ont rapidement paniqué et se sont échappé, ce qui a presque été présenté comme une attaque contre l’extrême droite ! Un internaute a balancé l’adresse présumée d’un des agresseurs, une adresse où plusieurs individus se sont rendus pour y lancer des projectiles… sauf que la maison était en fait celle de quelqu’un d’autre.

    Parmi les personnes impliquées dans cette attaque raciste, on trouve non seulement des représentants officiels du Vlaams Belang, mais aussi des auteurs d’actes de violence déjà condamnés. L’un des participants était Tomas Boutens, l’ancien militaire reconnu coupable d’avoir créé une milice armée néonazie.

    Une résistance active est indispensable

    L’extrême droite répond à la méfiance générale envers l’establishment. Plus de latitude lui sera laissée si le mouvement ouvrier ne dirige pas la colère. Si l’extrême droite descend dans la rue sans opposition, cela conduira à la violence, au vandalisme et à l’intimidation de personnes ayant une couleur de peau «différente» ou des antifascistes.

    Si le mouvement ouvrier n’imprime pas sa marque dans le débat public avec des campagnes et des actions autour des besoins de la majorité de la population, alors l’extrême droite s’en tirera avec son message de division et de haine.

    La résistance antifasciste est indispensable pour démontrer l’hypocrisie de l’extrême droite. Elle dénonce le harcèlement si les auteurs sont issus de l’immigration, mais elle stimule le harcèlement et la violence contre les femmes, les personnes LGBTQI, les réfugiés et les syndicalistes tout en prônant la discrimination sur le marché du logement et en encourageant la répression policière.

    La mobilisation antifasciste est indispensable pour stopper la confiance de l’extrême droite en elle-même. Si nous ne le faisons pas, l’extrême droite continuera de progresser en termes d’intimidation et de violence.

    Le racisme, le sexisme et d’autres divisions visent à masquer les carences de la société capitaliste et constituent un écran pour lutter contre ces carences.

    Ainsi, alors qu’il y a un besoin évident de plus de moyens pour l’enseignement après des années d’austérité, les clubs d’étudiants d’extrême droite tels que Schild & Vrienden et KVHV, au contraire préconisent au contraire un enseignement réservé aux meilleurs étudiants ou aux plus riches. Il faut investir à grande échelle pour avoir des classes plus petites et avoir plus de personnel enseignant. La pénurie de moyens, à la fois en personnel et en infrastructures, alimente les inégalités. L’enseignement flamand est déjà l’une des plus inégalitaires au monde. La réponse des étudiants du Vlaams Belang à cela est encore plus d’inégalité!

    Rejoignez-nous dans la contre-offensive!

    Même lors d’un (semi)confinement, il faut organiser la résistance contre l’extrême droite. Il faut s’opposer à la propagation de la haine dans nos rues. Beaucoup de gens voudraient s’opposer à l’extrême droite, il faut les organiser. Ce qui s’est passé à Puurs montre pourquoi nous devons nous organiser localement. Contactez la Campagne Solidarité pour rejoindre la lutte contre la haine et la division semées par l’extrême droite!

  • Écoles. Des congés prolongés ? Un code orange qui ne nous protège pas?

    Le jeudi 15 octobre 2020, la ministre de l’Éducation de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Caroline Désir, a annoncé, sans concertation avec le terrain, que le congé d’automne sera prolongé de deux jours reliant ainsi la semaine du 2 au 6 novembre et le jour férié du 11 novembre. Cette annonce a suscité de vives réactions au sein de la population pour plusieurs raisons.

    Par des enseignantes du PSL

    D’abord, l’octroi de ce congé supplémentaire a été présenté comme une forme de cadeau « pour permettre aux enseignants et aux directions de souffler ». Cette lamentable communication démontre un manque total de considération. En effet, ce ne sont pas les excuses de la ministre qui vont régler les problèmes organisationnels, notamment dans la garde des enfants et les inquiétudes quant au retard accumulé dans les apprentissages. Non, une fois de plus, les solutions devront être trouvées, organisées et financées au niveau local ou juste par les parents tout seuls.

    De plus, c’est gentil de nous “offrir” 2 jours supplémentaires, mais si c’est pour ne rien changer à la situation actuelle, après ces jours, c’est en dessous de tout. Ne pas mettre en place de nouvelles mesures pour nous protéger tous de ce virus, ne va pas nous permettre de “souffler”.

    Enfin, le déchainement des foudres à l’encontre des enseignant·e·s illustre le déficit de valorisation du secteur de l’enseignement dans le chef de la population. Le secteur souffre des politiques d’austérité fomentant ainsi un système inéquitable, reproduisant les inégalités socio-économiques et empêchant un travail de qualité dans de bonnes conditions, un système dont souffre aussi bien les enseignants (burn-out, turn-over des équipes …) que les élèves (échecs, décrochages scolaires, perte de motivation et de perspectives).

    Donc oui, les membres du personnel de l’enseignement sont fatigués. Bien-sûr, le port du masque dans un métier où la voix est un outil et la relation à l’autre un élément essentiel de la confiance et du bien-être fatiguent les professionnels de l’éducation plus qu’à l’accoutumée. Mais les enseignant·e·s étaient déjà fatigué·e·s avant que la pandémie ne les mettent à l’épreuve dans leur pratique professionnelle et dans leur vie personnelle, à l’instar de l’immense majorité de la population.

    Rappelons que ce que les enseignant·e·s veulent, ce ne sont pas des petites mesures ou des petits congés supplémentaires, mais un réel investissement financier des pouvoirs publics dans l’éducation. Cela passe par du matériel suffisant et gratuit (masques, gel hydroalcoolique, ordinateur et connexion internet pour les élèves), des dépistages massifs, systématiques et rapides, l’embauche de personnel supplémentaire et la réduction du nombre d’élèves par classe.

    En réalité, ce que cache cette apparente générosité, c’est un manque d’organisation et de planification. Ils ont eu 7 mois pour se préparer et à présent, ils nous sortent un nouveau code orange avec presqu’aucune différence. Les statistiques montrent que les cas positifs augmentent, la seconde vague est bien présente, nos libertés se voient à nouveau réduites, nous ne pouvons plus rien faire à part travailler. Et dans les écoles ? Le nombre de quarantaine et de personnes testées positives au Covid-19 augmentent tant chez les profs que chez les élèves, ce qui pose des problèmes logistiques aux équipes éducatives et aux directions. Celles-ci sont livrées à elles-mêmes pour faire face à cette situation inédite et régler les problèmes en interne, sans aucune aide du ministère de l’éducation, qui démontre son incapacité à apporter de vraies réponses aux enseignant·e·s, élèves et parents.

    Cette décision est finalement très révélatrice de nombreux dysfonctionnements, à savoir du manque de considération des responsables politiques de leur domaine de compétence, d’une profonde défaillance dans leur capacité de planification à long terme et de gestion d’une situation de crise, de l’absence de dialogue et de concertation avec les niveaux de pouvoirs du secteur et les travailleur·euse·s de terrain et d’une volonté constante de division au sein de la population par l’octroi de minuscules faveurs – qui ne répondent ni aux besoins ni aux demandes et revendications réelles du secteur – à certain·e·s au détriment d’autres.

    Toutes les surfaces d’une école doivent être nettoyées et désinfectées plus qu’avant, et aucun personnel de nettoyage n’a été engagé pour aider le personnel déjà présent et épuisé. Les éducateurs, essentiellement en secondaire, ont vu leurs tâches doublées voire triplées, ils doivent remplacer des enseignants, démultiplier les salles d’étude, imposer le port du masque en plus du reste, et pourtant, à nouveau, aucun éducateur supplémentaire n’a été engagé par les pouvoirs organisateurs.

    Il nous faut :

    • Des dépistages systématiques et réguliers avec des résultats rapides ;
    • Des masques chirurgicaux gratuits, à disposition de tout le monde ;
    • Du gel hydroalcoolique et des lavabos dans toutes les classes ;
    • moins d’élèves par classe ;
    • Du personnel supplémentaire (des éducateurs, des enseignants, du personnel administratif, des ouvriers, du personnel pour les PMS)
    • La réquisition des bâtiments et des locaux vides pour créer des espaces de cours pour les élèves de maternelle et primaire ;
    • L’organisation d’un enseignement à mi-temps en présentiel pour les élèves du 2ème, 3ème et 4ème degrés du secondaire lorsque cela est nécessaire ;
    • Décaler les heures d’arrivée et de départ des élèves à l’école si cela est possible ;
    • La réduction collective du temps de travail avec embauches compensatoires et sans perte de salaire pour avoir le temps de s’occuper de sa famille, des loisirs, militer politiquement,…
    • La diminution de l’âge de la pension et pension minimum à hauteur de 1500€/mois
    • Un refinancement publique et massif de l’enseignement pour ne plus devoir gérer les pénuries et avoir un enseignement moins inégalitaire ;
    • Stopper les mesures managériales du “Pacte pour un enseignement d’excellence” (surtout le plan de pilotage et le projet pour l’évaluation des enseignants par les directions) ;
    • Rénover et construire toutes les écoles pour notamment réduire le nombre d’élèves par classe et augmenter la qualité de l’enseignement ;

    Ces revendications représentent le minimum pour être en mesure d’assurer que l’enseignement soit gratuit, de qualité et se donne dans des conditions sûres. Un système incapable de les mettre en oeuvre doit être combattu, renversé et remplacé par un système économique qui repose sur les besoins des travailleuses et travailleurs et non sur la soif de profit.

     

     

  • Appel d’enseignants pour la manifestation de la « Santé en Lutte »

    Le personnel des soins de santé dénonce ses conditions de travail depuis des années. Entre sous-effectifs, bas salaires, augmentation des cadences, management impitoyable et autoritaire, c’est tout un secteur qui tire la sonnette d’alarme sur son vécu et les conséquences dramatiques des choix politiques insensés sur la qualité des soins.

    Par des enseignants du PSL

    Au début de la législature du gouvernement Michel, de nouvelles coupes budgétaires ont été imposées à ce secteur déjà cruellement touché. Arrêts de travail, grèves, manifestations n’avaient été accueillis qu’avec mépris par la classe dirigeante et ses représentants politiques.

    La pandémie actuelle a mis en lumière le dénuement des soins de santé. Les négligences des gouvernements successifs envers ce secteur ne peuvent plus être niées. Un personnel épuisé, en sous-effectif et en manque de matériel, a dû gérer des situations extrêmement graves et compliquées, avec un afflux de patients critiques jamais vu auparavant. Le monde politique n’a pas écouté les revendications des travailleurs des soins de santé scandées depuis des années, et cela a eu de graves conséquences pour toute la population.

    La crise du COVID-19 a également mis en avant le manque drastique de moyens financiers dans l’enseignement. Le sous-investissement chronique dans les infrastructures scolaires au cours des 25 dernières années a laissé les bâtiments scolaires dans un piteux état. Rien que pour les bâtiments scolaires du réseau officiel (FWB), il y a un sous-investissement annuel de 60 millions. Il faudrait plus d’un milliard d’euros pour les remettre à niveau. La situation dans le réseau libre n’est pas plus rose. Il n’est pas inhabituel qu’il pleuve dans les classes, qu’il fasse trop chaud ou trop froid, qu’il manque des chaises, des bancs, des locaux.

    De plus, grâce au Pacte pour un Enseignement d’Excellence, les chiffres et les objectifs vont finir par remplacer les réunions pédagogiques et confinement nous a obligés à donner des cours ou des devoirs en ligne et à remplacer la classe par un ordinateur. Tout cela, sans formations ni outils. Cela a exacerbé les inégalités déjà trop existantes dans notre système scolaire. Notre enseignement est un enseignement à plusieurs vitesses qui reflète toutes les inégalités de la société et ne donne pas les mêmes chances à tous les élèves.

    Nous portons les mêmes revendications que celles portées par la « Santé en lutte ». Nous exigeons également que notre métier soit revalorisé grâce à des investissements publics massifs. Ceux-ci permettraient l’engagement de personnels supplémentaires, l’achat de matériels, la gratuité de l’école, la construction de nouvelles écoles, la réparation de celles qui existent, etc. Du personnel supplémentaire permettrait d’avoir moins d’élèves par classes, d’améliorer la qualité de l’enseignement, de diminuer les inégalités, de réellement faire de la différenciation d’apprentissage et… de diminuer les possibilités de contagion du virus. La priorité du gouvernement n’est pas la scolarité des élèves mais bien la reprise de l’économie et cela ne change pas d’avant. Nous ne sommes pas une priorité, exigeons d’en devenir une, au même titre que la santé.

    C’est pourquoi, nous avons décidé de soutenir les travailleuses et travailleurs des soins de santé et d’être présents le dimanche 13 septembre à leurs côtés pour revendiquer, notamment, des services publics de qualité et gratuits et l’arrêt de la marchandisation de nos deux secteurs. Les soignants passent de moins en moins de temps avec leurs patients et les enseignants de moins en moins de temps avec leurs élèves : nous sommes dans l’impossibilité de faire correctement notre travail !

    Si nous pouvons nous retrouver dans des écoles avec des centaines de personnes, dans des transports en commun bondés, à Walibi, dans la rue Neuve, pourquoi ne pourrions-nous pas protester dans la rue avec des masques ?

    Vous aussi, vous rêvez d’un enseignement réellement gratuit, démocratique, de qualité et émancipateur ? Arrêtons d’en rêver, et battons-nous pour l’obtenir ! Contactez-nous si vous voulez en discuter, ce n’est que tous ensemble et solidaires que nous arriverons à changer de société et à réellement nous débarrasser des inégalités. Selon nous, cela n’est possible qu’au travers d’une société où celles et ceux qui font tourner le monde – les travailleuses et travailleurs – sont également celles et ceux qui le gèrent et le dirigent. C’est ce que nous appelons une société socialiste démocratique.

    Nous vous invitons à nous rejoindre pour former un « bloc enseignement » au côté du Bloc de la campagne féministe socialiste ROSA lors de la manif’ du 13 septembre à 12h au mont des arts (statue d’Albert Ier).

  • Un enseignement sûr pour toutes et tous ?

    Toutes les écoles ouvrent à temps plein ce 1er septembre. Mais avec quel contrôle, quelle adaptation au taux d’infection et quelles répercussions pour la santé des enseignants et celle des élèves ? Le personnel et les élèves doivent s’organiser afin de pouvoir décider de la réouverture des écoles.

    Par Frede (Bruges)

    Tout comme pour la sortie du confinement, le maintien de l’économie est la principale motivation derrière la réouverture complète des écoles. Les autorités veulent que tout le monde reprenne le travail le plus rapidement possible, et les enfants des écoles primaires devraient donc certainement pouvoir retourner à l’école à plein temps. Lors de la réouverture des écoles fin mai, 1/3 des écoles primaires n’ont pas pu respecter les règles de sécurité de manière optimale. Il n’en ira pas différemment aujourd’hui.

    C’est la “Belgian Pediatric Covid-19 Task Force” (qui regroupe des pédiatres, des psychiatres, des psychologues et du personnel infirmier) qui, par une lettre ouverte, a demandé que la réouverture des écoles soit la priorité principale. Mais un élément de celle-ci a mystérieusement disparu de la plupart des comptes-rendus : ‘‘Les écoles doivent recevoir les moyens, tant logistiques qu’humains, pour permettre une totale réouverture et offrir une éducation à plein temps à TOUS les enfants.’’ Il s’agit pourtant d’un élément fondamental. En raison du sous-financement chronique de l’enseignement, les bâtiments sont en mauvais état, il y a trop peu de toilettes et de lavabos qui fonctionnent, des clases trop remplies sont à peines ventilées,… La pénurie d’enseignants implique également que les élèves ne peuvent pas bénéficier d’un soutien individuel suffisant pour compenser les désavantages de l’année dernière en matière d’apprentissage et met une pression énorme sur les enseignants.

    La réouverture des écoles est particulièrement risquée pour les enseignants et les élèves les plus âgés. Ils doivent soudainement quitter leur bulle de cinq pour se rendre dans une école qui compte des centaines d’élèves. Le système de test et de traçage ne répond pas aux besoins actuels. Des tests répétés et rapides sur toutes les personnes franchissant la porte de l’école pourraient permettre d’isoler les foyers d’infection. Pour que la réouverture des écoles soit sûre, il faut recruter davantage de personnel, investir immédiatement dans les infrastructures (sanitaires mais aussi pour des salles de classe et des écoles supplémentaires) et fournir des transports publics plus nombreux et de meilleure qualité pour éviter les bus, trams et métros bondés.

    La rentrée scolaire s’inscrit dans un contexte de taux d’infection relativement élevé. L’enseignement à distance à temps partiel ne sera donc pas une exception dans les écoles secondaires à partir de la deuxième semaine. Tout comme l’année scolaire précédente, pour de nombreux élèves, l’enseignement à distance signifie qu’ils n’auront pas ou difficilement accès à l’enseignement. Tout le monde ne dispose pas d’un endroit tranquille ou des moyens optimums (PC, internet). Tous les parents ne peuvent pas aider leurs enfants (ils doivent travailler eux-mêmes, ne maîtrisent parfois pas la langue,…) et tous n’ont pas une situation familiale stable. Il n’y a pas non plus de solution pour les leçons pratiques et les stages.

    Notre enseignement exige de toute urgence d’avoir plus de moyens, afin que celle-ci puisse être organisée efficacement, physiquement ou en ligne, le cas échéant, en fonction de besoins spécifiques. Tous les élèves doivent pouvoir participer en toute sécurité à un enseignement de qualité. L’énorme charge de travail des enseignants doit être réduite en rendant la profession à nouveau attractive et en recrutant massivement du personnel enseignant.

    A la rentrée, la santé et les besoins des enseignants et des élèves doivent être prioritaires, et non la course au profit de quelques-uns, raison pour laquelle l’école est devenue un refuge ‘‘gratuit’’ (sauf pour, les parents qui doivent s’acquitter de frais scolaires de plus en plus conséquents). Les enseignants et les élèves doivent décider ensemble de la réouverture des écoles. Pour une décision démocratique et commune sur la réouverture de nos écoles et l’égalité des chances en matière d’éducation pour tous ! Des investissements publics massifs dans l’enseignement, maintenant !

    Rejoignez les Etudiants de Gauche Actifs et défendez un enseignement sûr, accessible et de qualité pour toutes et tous !

  • Pourquoi est-il si difficile pour les écoles de reprendre les cours le 18 mai? Réponse d’enseignants du PSL

    Depuis que l’éventualité d’une reprise des cours a été annoncée, de nombreux parents, membres du personnel et élèves sont inquiets. Bien entendu, personne ne souhaite que la situation actuelle ne s’éternise et nous ne pouvons pas, à ce stade, compter sur la découverte d’un vaccin. Il est donc normal de chercher des solutions pour progressivement sortir de cette situation. Cependant, s’il est vrai que les écoles doivent s’adapter et trouver de nouveaux modes de fonctionnement, la priorité doit être la sécurité de tous et de toutes.

    Par des enseignants du PSL

    Une première réflexion qui s’impose face au plan de déconfinement prévu par les autorités est que l’échéance d’une semaine entre chaque étape ne permet pas d’évaluer ses effets correctement. Les experts s’accordent sur un minimum de deux semaines avant de faire une nouvelle évaluation de la situation. Alors qu’en conclure si ce n’est que le gouvernement opère des choix politiques à court terme basés sur des impératifs de profits des entreprises? Cette priorité aux objectifs économiques explique d’ailleurs que la balle ait été renvoyée vers les communautés, sans la moindre préoccupation sanitaire et pédagogique.

    Le Conseil national de Sécurité a donc décidé que les cours devaient reprendre le 18 mai pour les 6e primaire et des 6e/7e secondaire. Une semaine plus tard, des 1re et 2e primaire et des 2e secondaire devraient les suivre. Dans le meilleur des cas, sans jour férié, chaque groupe d’élèves de 6e ou 7e passerait donc 12 jours en classe du 18 mai au 26 juin, en tenant compte des délibérations. Si nous faisons le même calcul pour les 1re et 2e primaire, ils viendraient 5 jours à l’école. On peut s’interroger sur l’efficacité pédagogique que cela représente. D’autant plus que cette reprise aurait certainement lieu dans un climat anxiogène, dans lequel les règles d’hygiène et de distanciation devront sans cesse être répétées. Combien de temps restera-t-il pour réellement donner cours ? Et est-ce bien réaliste de donner cours avec un masque toute une journée, avec les problèmes de compréhension que cela peut poser ?

    Depuis le début du confinement, les écoles sont restées ouvertes dans le but d’accueillir les enfants des parents travaillant dans les soins de santé, la sécurité et d’autres métiers de première ligne. Toutefois, très peu d’enfants se sont retrouvés dans les garderies organisées, à hauteur généralement de 0 à 5 enfants par école. Cela s’explique très simplement: tout le monde savait pertinemment que les conditions d’hygiène n’y seraient pas respectées. Alors le seront-elles davantage aujourd’hui?

    Dans tous les cas, comme le signale la circulaire, “au regard de la reprise progressive de l’activité? économique et professionnelle, il convient d’anticiper une montée en puissance des garderies”. En effet, certains parents n’auront d’autre choix que d’envoyer leur(s) enfant(s) à l’école vu la reprise des différents secteurs ce 4 mai et le phénomène gagnera encore de l’ampleur ce 11 mai. Or, à l’instar d’autres secteurs, dans les écoles aussi le matériel manque. Actuellement, il n’y a pas de masques et/ou de gel hydroalcoolique en suffisance à disposition. Sans parler du manque criant de personnel de nettoyage – non ou peu formé à la situation particulière -, de toilettes ou de poubelles fermées. De plus, les mesures de distanciation sont difficiles à faire respecter aux plus petits enfants ou à certaines catégories d’élèves du spécialisé.

    Par ailleurs, le travail des enseignants durant cette période s’avérera complexe: donner cours avec un masque et en expliquant sans cesse les règles d’hygiène et de distanciation, organiser des réunions en visio-conférence avec les parents, participer à des réunions avec les autres enseignants pour décider par exemple de quel élève dans quelle classe a besoin de venir à l’école un jour par semaine au vu de ses difficultés scolaires, surveiller les élèves inscrits en garderie, continuer à donner des travaux à faire à domicile pour les élèves qui ne sont pas à l’école et communiquer avec eux, etc.

    La circulaire concernant la reprise des cours ne dit pas un mot sur la question du dépistage de chaque personne qui passe la porte de l’école. Il s’agit pourtant d’une condition de sécurité impérative. Depuis le début de la crise, la production de tests est insuffisante, mais les autorités en sont responsables puisqu’elles n’ont guère anticipé et ont refusé de considérer la réquisition de lignes de production afin d’assurer un approvisionnement suffisant en matériel de protection et en tests de dépistage. Faute de répondre à cet impératif, il nous semble évident que le système de garderie généralisé à tous les enfants de celles et ceux qui travaillent est dangereux.

    La crise du coronavirus exacerbe des problèmes présents de longue date

    Durant l’année scolaire, le secteur de l’enseignement souffre déjà d’une pénurie d’enseignants, d’un haut taux de burn-out, d’un manque de matériel et de moyens financiers criant. Dès lors, comment répondre efficacement à une situation de crise sans moyens humains et financiers supplémentaires?

    La crise du COVID-19 met en lumière le manque drastique de moyens dans tous les services publics, conséquences des coupes budgétaires dues aux politiques d’austérité. L’école en est un exemple parmi d’autres. Ainsi, des infrastructures scolaires, le ministre du budget et de la fonction publique en Fédération Wallonie-Bruxelles, Frédéric Daerden (PS) disait encore il y a quelques mois : « il y a un sous-investissement annuel de 60 millions ». Il estimait alors qu’«il faudrait grosso modo débourser la somme de 1,2 milliard.» [1] Et le journal L’Echo nous rappelait également début janvier que « le parc immobilier scolaire de la FWB est vétuste et sa rénovation urgente. Composé d’environ 2.930 bâtiments, dont 41% en semi-préfabriqués. (…) Face à cette situation, la direction générale des infrastructures scolaires (DGI) pose un constat clair : « sans intervention (…) un scénario catastrophe entraînerait la disparition de 75.000 places dans les écoles. »[2].

    Nous sommes clairement face à une crise des infrastructures dans l’enseignement causée par un sous-financement chronique. Aujourd’hui, il n’est pas inhabituel qu’il pleuve dans des classes de certaines écoles, certains bâtiments contiennent encore de l’amiante, il fait souvent trop chaud ou trop froid dans les locaux car les châssis sont vétustes et/ou la chaudière défaillante, du matériel de base comme des chaises et des bancs sont parfois insuffisants, de même que les toilettes. Les locaux sont souvent sales faute de personnel d’entretien en suffisance…

    Notre enseignement est un enseignement à plusieurs vitesses qui reflète toutes les inégalités de la société. Les chiffres sont alarmants, plus d’un enfant sur quatre vit sous le seuil de pauvreté en Fédération Wallonie-Bruxelles [3]. Selon les enquêtes PISA, un quart des élèves n’atteint pas le niveau de base en sciences, mathématique ou lecture. Un quart des élèves de 4e secondaire a déjà doublé plusieurs fois. Le système scolaire belge est l’un des plus inégalitaires : 3/4 des élèves de milieux modestes sont en retard dans leur scolarité, contre 10 % dans les milieux aisés. Or, la situation actuelle va encore accroître la concurrence entre écoles et réseaux, de même que la pression mise par et sur les directions. Certaines directions estiment qu’il faut ouvrir coûte que coûte compte tenu du fait que nous sommes dans une période d’inscription. Dans son interview du 26 avril, la secrétaire de l’inter-régionale bruxelloise de la CGSP-enseignement, Valérie Denayer, a d’ailleurs fait état de ses craintes concernant les «pressions de certains chefs d’établissements, à cause du marché scolaire pour ouvrir à tout prix ». [4]

    Quelle issue ?

    Ce qui est proposé pour le moment n’a pas de sens. Il s’agit d’une perte de temps et d’énergie. Sans doute faudrait-il plutôt s’occuper des difficultés scolaires que rencontrent certains élèves, des élèves en garderie et s’atteler posément à la préparation de la rentrée de septembre. Ce qui aurait plus de sens serait également d’assurer la tenue de délibérations correctes reposant sur la totalité du parcours scolaire des élèves au lieu de prévoir une accumulation de travaux d’été comme cela semble être la voie qui se dessine aujourd’hui. Le front commun a d’ailleurs sorti un communiqué de presse demandant du personnel supplémentaire pour les remédiations à partir de septembre [5]. C’est sur une telle évaluation continue que devrait reposer un enseignement qui place vraiment l’apprentissage des élèves au cœur de ses préoccupations. Mais pour ce faire, il faut notamment moins d’élèves par classe, plus de temps pour un accompagnement individualisé,… Et donc plus de moyens.

    Les enseignants n’ont pas attendu la crise sanitaire pour se préoccuper des élèves et de leurs parcours. Nous ne sommes pas dupes, les représentants politiques néolibéraux qui semblent s’inquiéter tout à coup des difficultés scolaires, de la fracture numérique ou des inégalités instrumentalisent ces sujets avec hypocrisie pour justifier la reprise des cours et surtout de l’économie.

    Celles et ceux qui ont la meilleure connaissance de la réalité de terrain sont les travailleurs du secteur eux-mêmes, qu’ils soient syndiqués ou non. Comme le front commun syndical le met en avant, il faut impérativement consulter les organes de concertation sociale locaux, mais il faudrait également les élargir aux élèves, aux parents et à l’ensemble du personnel, y compris ouvrier, syndiqué ou non. Ces organes doivent pouvoir décider, par la consultation de l’ensemble des travailleurs via des assemblées du personnel, si les conditions sont réunies pour les reprises des 18 et 25 mai.

    Tant qu’une réouverture saine et sûre de l’école ne peut être garantie, les enfants et le personnel doivent pouvoir continuer à rester à la maison. Pour alléger le fardeau des familles la réduction de moitié du temps de travail tout en maintenant les salaires est une solution. C’est la seule façon de maintenir une période de confinement nécessaire, tant aujourd’hui qu’en cas de reprise de la pandémie à l’avenir.

    La circulaire ministérielle l’affirme: « Si la sécurité n’est pas garantie, la reprise des leçons est retardée jusqu’à ce que des solutions soient trouvées. » Seule l’action des travailleuses et des travailleurs peut assurer que cette phrase soit plus qu’une simple tentative de faire passer la pilule au personnel des écoles à l’annonce de la reprise des cours. La CGSP et la CSC enseignement Bruxelles appellent d’ailleurs tous les pouvoirs organisateurs et les directions à leur envoyer les preuves de ce qu’ils vont mettre en place dans les écoles avant le 11 mai afin de pouvoir juger de la réouverture ou non des écoles. La CGSP enseignement Bruxelles invite également les membres du personnel à faire grève si les conditions ne sont pas garanties et que le PO ou les directions forcent la reprise des cours.

    À plus long terme, l’action des travailleuses et des travailleurs sera nécessaire pour riposter face aux pénuries constantes auxquelles l’enseignement doit faire face toute l’année. Nous entrons en effet dans une période de crise économique qui ne peut être comparée qu’à la Grande Dépression des années ’30, et nous savons d’expérience que la solution des partis traditionnels repose sur des cures d’austérité qui toucheront de nombreux secteurs essentiels. Le secteur de l’enseignement aura à se battre auprès de collègues d’autres secteurs. Le collectif d’action militant La Santé en lutte appelle d’ailleurs déjà à une grande manifestation de la santé dès que les conditions de déconfinement le permettront. Mobiliser dès aujourd’hui pour y constituer une délégation de travailleuses et travailleurs du secteur de l’enseignement serait une bonne occasion de faire converger nos luttes et de discuter plus spécifiquement des revendications qui s’imposent non seulement pour faire face à la crise, mais plus globalement en faveur d’un enseignement qui repose sur l’apprentissage et l’épanouissement des élèves.

    Nous exigeons donc un refinancement public de l’enseignement à hauteur des besoins – fixés par les comités de travailleurs, de parents, d’élèves – pour étudier et travailler dans des conditions correctes. Nous avons besoin de matériel pédagogique supplémentaire, de personnel en suffisance (enseignants, éducateurs, personnel d’entretien, personnel administratif, etc.), d’un maximum de 15 élèves par classe, de la rénovation de tous les bâtiments, de la construction de nouvelles écoles et enfin, de la gratuité complète et réelle durant tout le parcours scolaire ! Nous exigeons également des mesures telles que la réduction collective du temps de travail, l’abaissement de l’âge de la pension, ainsi que le statut de “définitifs” à tous les travailleurs afin de garantir une stabilité et une sécurité d’emploi.

    Pas de retour à la normale, la normale était le problème !

    Permettre un réel épanouissement des élèves doit également s’envisager en dehors des murs de l’école: par la garantie d’un accès réel à la culture, à l’éducation populaire, à des centres de jeunesse, de loisirs, de sports. Ce dont les jeunes ont le plus besoin, c’est d’une société qui leur offre des perspectives d’avenir. Et pour cela, le combat se mène également en dehors des murs de l’école. On ne peut pas demander à tous les élèves d’arriver de la même manière à l’arrivée alors qu’ils ne démarrent pas de la même façon !

    Cette crise a un effet loupe sur toute la société. La séquence extra-ordinaire que nous vivons a ainsi le mérite de mettre en lumière les nombreux dysfonctionnements systémiques dans divers secteurs vitaux/nécessaires pour la collectivité. Nous devons repenser l’école de fond en comble, mais aussi repenser toute la société. Une fois de plus nous avons pu constater que ce sont les travailleurs qui font tourner le monde, il est donc normal que ce soient eux qui le prennent en main pour le gérer de manière démocratiquement planifiée. C’est pourquoi, nous estimons que le prolongement logique de notre combat pour un enseignement qui repose sur l’épanouissement de toutes les personnes qui y sont impliquées est le renversement du capitalisme et l’instauration d’une société socialiste démocratique, où les secteurs-clés de l’économie seraient aux mains de la collectivité et gérés de manière démocratique.

    Notes :
    [1] https://www.lalibre.be/belgique/enseignement/1-2-milliard-d-euros-necessaires-pour-renover-les-ecoles-5e4a32bed8ad58685c1ec8f4
    [2] https://www.lecho.be/economie-politique/belgique/wallonie/quelque-75-000-places-menacees-par-la-vetuste-des-batiments-scolaires/10203831.html?fbclid=IwAR29UhAUb69bYVT4dBSVV9QPI2cpnY6QrFcO4XTdBm82OANBfPjj3-ognUA
    [3] https://www.rtbf.be/info/societe/detail_sans-l-ecole-certains-enfants-ne-mangent-pas?id=10097642”
    [4] https://bx1.be/news/les-syndicats-enseignants-souhaitent-deposer-un-preavis-de-greve/?fbclid=IwAR32bM9HAQXQvTgm6Ow86ISJrvc-IUZcr6EVpVRMGfR8Ri-2FOmJPHTbrBA
    [5] “Nous demandons donc des garanties de moyens NTPP pour faire face à ces enjeux””

  • Coronavirus. Enseignement : Une crise de plus à gérer dans la pénurie et la confusion

    La situation rend perplexe bon nombre de travailleurs et d’étudiants. En effet, le sous-financement dans l’enseignement rend la situation dans les écoles et les crèches très critique : des infrastructures dans un état désastreux, un manque de personnel enseignant et ouvrier criant,…

    Par Celia, enseignante

    Les travailleurs et les étudiants doivent exiger, toute l’année, des conditions d’étude et de travail correctes : assez de savon et de serviette dans tous les endroits stratégiques d’une école, assez de toilettes pour tout le monde, des travaux contre l’amiante et l’humidité encore très présents, une chaudière qui fonctionne dans chaque école et qui est entretenue, une toiture correcte qui ne laisse pas la pluie rentrée comme cela est souvent le cas. Pour cette situation de crise, il a donc fallu envoyer dans les écoles le strict minimum : du savon et des mouchoirs ! Certaines les ont reçus, d’autres attendent encore… Voilà où nous amènent la mauvaise gestion et le sous-financement.

    Quant aux décisions sur la fermeture ou pas des écoles, elles ont été à la hauteur de la situation dans laquelle nous nous trouvons toute l’année en Belgique : rien n’est demandé aux principaux concernés et chaque pouvoir organisateur (PO) comprend les recommandations comme il le souhaite.

    La première ministre nous dit que les cours sont suspendus mais qu’il faut garder les écoles ouvertes pour pouvoir garder les enfants du personnel de la santé par exemple. A cela, chaque PO, voire chaque direction d’école, entend ce qu’il veut. Très peu de directions ont attendu la circulaire parue vendredi en fin d’après-midi et qui est beaucoup plus précise. Nombreuses ont été celles à appeler les membres du personnel à se rejoindre lundi matin pour une Assemblée Générale. Evidemment, c’est bien le moment de confiner une centaine de personnes dans des salles. Evidemment, c’est bien le moment de ne pas demander leur avis aux travailleurs. Evidemment, les enseignants et les éducateurs sont un groupe à part dans la société, ils n’ont sûrement pas d’enfants, ne sont sûrement pas malades et n’ont sûrement pas peur de cette situation.

    Fermez les écoles et autres lieux de travail non essentiels et organisons la prise en charge des enfants du personnel des services essentiels !

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