Category: Moyen-Orient et Afrique du Nord

  • Pas de deuxième Gaza au Liban !

    Depuis des mois, le régime israélien ne néglige aucune manœuvre meurtrière pour provoquer une escalade régionale. Cet été, le dirigeant du Hamas Ismail Haniyeh a été assassiné à Téhéran et Fouad Chokor, une figure clé du Hezbollah, l’a été à Beyrouth. Le Yémen a été bombardé. Et aujourd’hui, une opération de terrorisme d’État à grande échelle est menée au Liban. Comment décrire autrement ces explosions meurtrières par le biais de bipeurs et de talkies-walkies, suivies de bombardements ? Avec un cynisme effroyable, George-Louis Bouchez (MR) a pourtant osé déclarer “Je trouve que cette attaque est plutôt un coup de génie”.

    Les explosions des 17 et 18 septembre au Liban et en Syrie ont fait au moins 37 morts et des milliers de blessés. Ces explosions visaient clairement des pans entiers de la population libanaise, et pas seulement les membres du Hezbollah. Ces explosions ont été suivies de bombardements qui ont causé des centaines de morts.

    Vendredi, des immeubles résidentiels ont été attaqués à Beyrouth, et les hôpitaux ont reçu plus de personnes à soigner qu’après la catastrophe de l’explosion du port de Beyrouth en 2020. Selon le ministère libanais de la Santé, au moins 558 personnes ont été tuées dans des bombardements lundi, dont 50 enfants. Des dizaines de milliers de personnes tentent de fuir le sud du Liban. Les personnes blessées, quant à elles, s’entassent dans des hôpitaux qui étaient déjà au bord de l’effondrement avant que le terrorisme d’État israélien ne s’abatte sur la société libanaise. Aux blessures physiques s’ajoutent l’état de terreur extrême dans lequel des milliers de personnes sont plongées.

    Le ministre israélien de la Guerre, Galant, a parlé d’une “nouvelle phase” dans la guerre contre “l’Axe de la résistance”, en mettant l’accent sur le Liban. Netanyahou et sa bande veulent exporter leur agression militaire à Gaza vers le Liban et la Cisjordanie. Pendant ce temps, l’horreur n’en finit pas à Gaza. Le week-end dernier, au moins 22 personnes ont été tuées lors d’une attaque contre une école dans le quartier de Zeitoun.

    Le journaliste d’investigation israélien Ronen Bergman explique à juste titre que les autorités israéliennes ont mis au point “la machine à tuer la plus robuste et la plus rationalisée de l’histoire”. Cette machine à tuer est déployée pour provoquer une sanglante guerre régionale et de créer encore plus de destructions et de détresse. En octobre 2023, le président de la N-VA et actuel formateur du gouvernement fédéral, Bart De Wever, a osé déclarer : “Il n’y a pas d’autre solution que de choisir Israël, la démocratie et la lumière. Quiconque se trouve de l’autre côté rejoint la terreur et l’obscurité” Où peut-il donc voir la “démocratie et la lumière” dans les décombres et les charniers ?

    Pour les peuples de la région, la situation est abominable. Le gouvernement israélien parle de sécuriser le nord d’Israël pour en protéger la population. L’argument ne tient pas la route. Bombarder et raser le Liban dans une guerre totale avec le Hezbollah n’apportera aucune sécurité. En réalité, cette opération vise à restaurer le sentiment “d’unité nationale” dont la fragilité avait été révélée par les protestations croissantes dans les zones situées à l’intérieur de la ligne verte. Début septembre, une grève générale a été décrétée par la centrale syndicale Histadrout et des centaines de milliers de personnes ont rejoint les manifestations pour protester contre le refus du gouvernement israélien de conclure un accord sur la libération d’otages. Il s’agit également pour le gouvernement israélien de détourner l’attention du fait qu’un an après les terribles attaques du Hamas et le génocide qui a suivi à Gaza, Netanyaou et sa bande d’assassins ne peuvent présenter une “victoire” sur aucun front.

    Un cessez-le-feu semble désormais aujourd’hui encore plus improbable, malgré toutes les déclarations de Joe Biden. L’impérialisme américain est prisonnier d’un paradoxe. Il souhaite d’une part une stabilisation de la situation et un cessez-le-feu avant les élections présidentielles américaines, en raison notamment du facteur que représente la colère suscitée par le génocide à Gaza parmi son électorat. Mais, d’autre part, Washington continue de soutenir sans réserve le gouvernement Netanyahou, particulièrement via une assistance militaire directe, dans le cadre de sa rivalité avec “l’axe iranien” soutenu par les impérialismes russe et chinois. Cela garantit qu’un accord ne soit pas possible. L’agression au Liban sabote toute chance de cessez-le-feu et ne fait qu’entraîner une nouvelle escalade. Telle est la spirale meurtrière dans laquelle le gouvernement israélien pousse la région.

    La résistance internationale de la classe travailleuse et de toutes les personnes opprimées est nécessaire contre l’escalade de la violence et le génocide. C’est essentiel en tant que solidarité avec les masses des territoires palestiniens et du Liban. Ce mouvement international est également important pour venir en aide à la résistance en Israël-même, malgré le fait que son écho soit pour l’instant limité.

    Le gouvernement sanguinaire de Netanyahou doit être renversé! Les livraisons d’armes et les liens qui soutiennent l’occupation coloniale et les massacres doivent cesser. L’ensemble du système capitaliste et impérialiste, sur lequel se développe la barbarie actuelle, doit disparaître. Pour cela, nous ne pouvons pas compter ni sur la pourriture du monde politique de l’establishment occidental ni sur les régimes dictatoriaux et réactionnaires ailleurs dans le monde. L’auto-organisation de la jeunesse a été l’une des plus grandes forces des occupations de campus du printemps dernier. C’est par ailleurs nécessaire à plus grande échelle : la lutte internationale et la solidarité des personnes victimes de l’exploitation capitaliste et des oppressions sont la voie à suivre pour mettre fin à la barbarie capitaliste.

    • Participez à la manifestation nationale du 20 octobre prochain, 15h, Gare du nord.
      • Démontrons toute la diversité de la solidarité !
        • Les étudiant.e.s des occupations de campus organiseront très certainement à nouveau une délégation dans la manifestation : participez avec une banderole signée de votre école, campus,…
        • Vous êtes syndicalistes ? Participez avec vos collègues et votre délégation, et pourquoi pas vous aussi avec votre propre banderole de solidarité.
        • Des délégations “queers for Palestine” étaient visibles dans les diverses Pride tandis que des délégations pro-Palestine étaient très présentes aux mobilisations antifascistes ou encore féministes : continuons sur cette voie !
    • Résistance en Belgique contre les complices des génocidaires : les partis de droite aux commandes aux divers échelons de pouvoir, comme le MR et la N-VA, vont redoubler d’efforts pour soutenir le gouvernement israélien que la répression du mouvement propalestinien par diverses autorités ne cesse de s’intensifier.
      • Le mouvement pro-Palestine doit être visible dans les mobilisations syndicales contre les projets antisociaux des gouvernements de droite.Syndicalistes et activistes : solidarité contre la répression ! S’en prendre à l’un.e d’entre nous, c’est s’en prendre à nous tous.tes!
      • Ni livraison ni transit d’armes par la Belgique ! Il faut une campagne de boycott ouvrier pour refuser de fabriquer ou de manutentionner des armes et de l’équipement militaire sur le sol belge et combattre le gouvernement wallon MR-Engagé qui va très certainement faire sauter les restrictions obtenues l’an dernier concernant les livraisons et le transit d’armes vers Israël.

    Nous invitons à participer aux prochains rassemblement appelés par un large éventail d’organisations :

    • 20 octobre, Bruxelles : Manifestation nationale, 15h, Gare du Nord.
    • 5 octobre, Liège : 14h, Place Saint Lambert.
  • Stoppons le génocide ! Poursuivons la mobilisation de masse

    Près d’un an après, rien ne laisse présager la fin de l’horreur à Gaza. Depuis le 7 octobre, plus de 40.000 personnes ont été tuées, dont environ 15.000 enfants. Il s’agit là d’une estimation prudente : la revue scientifique The Lancet parlait début juillet d’une possibilité de 200.000 morts, soit 7 à 9 % de la population de Gaza. C’est autant de morts que l’ensemble de la population de la ville de Liège.

    Article tiré de l’édition de septembre de Lutte Socialiste

    Le 10 août, un massacre a eu lieu à l’école Al-Tabi’een dans la ville de Gaza, une école dans laquelle des Palestinien.ne.s avaient cherché refuge. 93 personnes ont été tuées, dont 11 enfants. Malgré l’indignation de la “communauté internationale”, d’autres attaques contre des écoles ont suivi. Des centaines de milliers de Palestinien.ne.s ont tout perdu. Des maladies telles que la polio et l’hépatite ont refait surface. L’ampleur de la catastrophe n’est pas encore connue.

    Après des mois de génocide, le régime israélien n’a encore atteint aucun de ses objectifs officiels. Le Hamas n’a pas disparu et les otages israélien.ne.s n’ont pas été restitué.e.s. En outre, l’escalade régionale est de plus en plus concrète, comme le font craindre les affrontements entre l’armée israélienne et le Hezbollah. Le ministre Gallant appelle à une guerre qui change la réalité à la frontière entre Israël et le Liban. L’armée israélienne a lancé des frappes sur Beyrouth, a bombardé le Yémen et a assassiné le chef du Hamas, Haniyeh, alors qu’il se trouvait à Téhéran.

    Mais la violence guerrière n’offrira aucune protection à la population. Les arguments relatifs à la protection des femmes et des enfants sont cyniques après la mort de 15.000 enfants palestiniens. Fin juillet, des extrémistes de droite armés, dont des députés du Parlement israélien, ont pris d’assaut une base militaire pour “libérer” des soldats accusés d’avoir torturé et abusé sexuellement de prisonnier.ère.s palestinien.ne.s.

    La seule lueur d’espoir dans toute cette misère est le développement d’un vaste mouvement international de solidarité. Le mouvement ouvrier a lui-même fait ses premiers pas dans cette direction. Ce mouvement n’a pas encore réussi à arrêter le génocide, mais il a forcé certains gouvernements occidentaux à modérer ou même à critiquer – même si très légèrement – l’oppression extrême des Palestiniens. Cependant, l’essence des liens entre le capitalisme israélien et l’impérialisme occidental reste intacte.

    La protestation des jeunes s’est répandue dans le monde entier et a inspiré les Palestinien.ne.s. La période des examens et des vacances a rendu difficile la poursuite de la protestation, mais la colère des masses n’a pas disparu. Elle ne manquera pas d’éclater à nouveau. Ces dernières semaines, des manifestations et des grèves palestiniennes ont éclaté en Cisjordanie. Malgré les assassinats, les arrestations et l’ampleur de la répression, la volonté de lutter pour un avenir et une vie digne n’a pas disparu.

    De nouvelles actions auront lieu cet automne. Dans diverses universités, des mobilisations sont déjà prévues. Ne laissons pas la jeunesse s’engager seule dans ce combat! Le mouvement ouvrier a une responsabilité dans l’organisation de la solidarité avec toutes les victimes de génocide, d’oppression et d’exploitation.

    Le génocide et l’escalade régionale ne s’arrêteront pas sur la base de vagues slogans sur le changement, la démocratie et la paix, mais par une résistance toujours plus forte à toutes les formes d’oppression nationale et de tous les travailleurs. Cela signifie de lutter contre l’impérialisme, le stade suprême du capitalisme, pour obtenir un contrôle démocratique sur les ressources et connaissances disponibles par le biais d’un changement socialiste de la société, afin que ces ressources puissent être utilisées pour la reconstruction de la société, l’éradication de la pauvreté et la garantie du bien-être et de sécurité d’existence pour tous.tes.

    Cela contraste avec la politique capitaliste nationaliste qui défend des régimes oppressifs et tout un système d’inégalité et de crises multiples, ce qui a conduit tout droit au carnage historique actuel. Rejoignez-nous dans ce combat pour le renversement du capitalisme et l’instauration d’une société socialiste démocratique !

    Nous invitons à participer aux prochains rassemblement appelés par un large éventail d’organisations :

    • 5 octobre, Liège : 14h, Place Saint Lambert.
    • 20 octobre, Bruxelles : Manifestation nationale, 15h, Gare du Nord.

  • Gaza. Personne n’est libre tant que tout le monde ne l’est pas!

    “Il n’y a plus d’espoir”, a résumé un médecin de Gaza avec horreur. Des centaines de milliers de Palestinien⸱nes ont perdu leur maison, leur vie, leur avenir. Tout est en ruine. C’est à prendre au pied de la lettre: selon le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), les bombardements et les agressions militaires ont déjà causé 39 millions de tonnes de décombres à Gaza. Cela représente 107 kilogrammes par mètre carré, soit 13 fois plus que les dégâts causés par tous les conflits dans le monde depuis 2008.

    Les dirigeant⸱es du monde refusent d’écouter la voix des protestations de masse. De l’armement continue d’être envoyé en Israël. Les États-Unis ont donné leur feu vert à la livraison de 50 avions de chasse F15 ainsi qu’à d’autres équipements militaires à la mi-juin. Une étude réalisée par le CNCD-11.11.11 et Fairfin a révélé que BNP Paribas investit des milliards d’euros dans des entreprises qui vendent des armes à l’armée israélienne. Le gouvernement belge, actionnaire de la banque, affirme ne rien pouvoir faire. C’est visiblement plus facile, en respectant le cadre du capitalisme, d’envisager de supprimer leurs allocations aux chômeur⸱euses que de stopper l’industrie de la mort.

    La population de Gaza n’a que faire des discours des dirigeant⸱es du monde sur l’aide humanitaire. Elle a besoin d’actes concrets. Le gouvernement Netanyahou reste inflexible. Même les simples pauses de l’armée sont immédiatement critiquées par ses ministres. Pendant ce temps, l’extension régionale de la guerre menace, avec des affrontements entre l’armée israélienne et le Hezbollah libanais. Le régime israélien menace d’une “guerre totale”. Le ministre israélien des Affaires étrangères, Israël Katz, a déclaré sur X qu’une telle guerre détruirait le Hezbollah et frapperait durement le Liban. Pour le vice-président du Parlement, Nissim Vaturi (Likoud), les manifestations israéliennes des familles d’otages et d’opposant⸱es au gouvernement représentent une aile du Hamas.

    Les manifestations de masse organisées de par le monde ne sont pas encore parvenues à mettre un terme à cette horreur. Elles renforcent l’isolement du régime de Netanyahou, dont le sommet est parsemé de divisions. Mais grâce au soutien de l’impérialisme américain et d’autres alliés, la campagne génocidaire poursuit son cours. Nous n’avons pas d’autre choix que de poursuivre notre lutte. Les occupations de campus ont apporté une bouffée d’air frais au mouvement. Même pendant les examens, les étudiant⸱es ont continué leur action, à la grande frustration des recteurs et rectrices, qui n’ont pas hésité à recourir au racisme, à l’envoi de la police ou à des accusations de bas-étage comme la “prise d’otage d’université”. La pensée critique dans les universités fait partie des victimes de guerre.

    Cette dynamique étudiante mérite d’être imitée ailleurs. Si les étudiant⸱es sont parvenu⸱es à arracher des concessions, le mouvement ouvrier peut y parvenir aussi. Une campagne de boycott ouvrier doit être lancée pour bloquer la fabrication et le transit d’équipements militaires ou de matériel destiné à l’occupation coloniale des territoires palestiniens. Des protestations plus nombreuses et massives auront un impact, notamment en renforçant la confiance et le soutien en faveur d’une lutte de libération fondamentale du peuple palestinien sur le modèle de la grève générale de 1936 et de la première Intifada de 1987. Un tel type de lutte renforcerait également l’opposition à Netanyahou en Israël de la part des travailleur⸱euses et de jeunes qui ne veulent rien avoir à faire avec ce régime colonial et génocidaire. 

    Une véritable liberté pour le peuple palestinien signifie la fin de l’occupation, des colonies, de l’oppression et le droit au retour dans sa patrie historique. Il est clair que cela n’arrivera jamais tant que l’État israélien et sa classe dirigeante génocidaire continueront d’exister. Tous deux doivent être renversés et détruits. Les masses palestiniennes, ainsi que la classe travailleuse et les pauvres du Moyen-Orient et du monde entier, doivent s’organiser dans cette direction, y compris en appelant les travailleur⸱euses et les jeunes d’Israël à les rejoindre dans une transformation révolutionnaire de toute la région.

    Le système capitaliste et la domination impérialiste n’offrent qu’un avenir de guerre, d’oppression et d’exploitation. Ils doivent disparaître ! La classe travailleuse dans toute sa diversité et les pauvres peuvent arracher une solution juste et démocratique par en bas, une solution où les masses palestiniennes et israéliennes se verront accorder des droits égaux à l’autodétermination nationale. Cela signifie un Moyen-Orient socialiste démocratique, débarrassé du capitalisme, où les richesses et les ressources ne seront plus possédées par les multinationales, les banques et les oligarques, mais placées sous propriété publique et contrôle démocratique des masses aujourd’hui opprimées et exploitées et de leurs institutions.

  • Le progrès s’arrache par la lutte! Rapport des occupations de campus

    Ce n’est qu’en nous mobilisant que nous pouvons stopper le génocide en Palestine !

    Lorsque les universités les plus importantes du pays ont été occupées au début du mois de mai, peu de gens auraient imaginé que les actions allaient durer jusqu’à la fin du mois de juin. Mais ce fut le cas. Avec des victoires non négligeables en bout de course. Ce dossier regroupe les témoignages de plusieurs occupant⸱es, la manière dont iels ont vécu ces dernières semaines et les leçons qu’iels en ont tirées. Une chose est d’ores et déjà acquise : le combat continue. C’est malheureusement nécessaire.

    Par Arne Lepoutre

    https://fr.socialisme.be/97730/personnel-et-etudiant%e2%b8%b1es-plus-forts-ensemble-entretien-avec-tim-joosen-delegue-cgsp-a-luniversite-de-gand

    Comment tout a commencé

    C’est à la mi-avril que Johnny ( “nom d’activiste” de l’un⸱e des occupant⸱es) a reçu sa première notification sur son smartphone concernant les manifestations étudiantes aux États-Unis. “Des dizaines d’étudiants américains ont été arrêtés lors de manifestations pro-palestiniennes. Plusieurs centaines d’étudiants campent depuis plusieurs jours à l’université Columbia à New York. Ils exigent que leur université prenne ses distances avec les entreprises ayant des liens avec l’État israélien.” À l’époque déjà, une occupation était aussi prévue à Gand par “Gent Students for Palestine” et “End Fossil”. Le fait que cela devienne soudainement un mouvement international était une bonne surprise! Le mouvement aux États-Unis montrait tout le potentiel de telles initiatives.

    En quelques jours, “comment arrêter le génocide” devint le sujet central de l’actualité mondiale. Moins de trois semaines plus tard, malgré les brutalités policières, des manifestations étudiantes étaient en cours dans 45 des 50 États américains ! Des occupations, des camps de tentes, des débrayages et des sit-in ont lieu sur 140 campus. Malgré la criminalisation de la protestation, ces actions constituaient une véritable démonstration de force, avec des victoires à la clé. L’université d’État de Portland (PSU) a ainsi annoncé le 28 avril qu’elle rompait ses liens avec Boeing en raison des relations de cette entreprise avec l’État d’Israël.

    Une génération internationale

    L’extension des occupations de campus hors des États-Unis à la fin du mois d’avril fut une victoire au moins aussi importante. Le phénomène est désormais bien connu. Que des jeunes manifestent quelque part dans le monde et d’autres leur emboitent le pas spontanément ailleurs. Constantin, l’un des occupants liégeois, espère que dans la période à venir, le plus grand nombre d’occupant⸱es possible, y compris au niveau international, se mettront en contact les un⸱es avec les autres. “Aujourd’hui, plus que jamais, nous avons besoin de la solidarité internationale. Elle renforce la lutte pour la libération de la Palestine, mais elle est aussi indispensable pour lutter contre d’autres injustices.”

    Constantin et d’autres jeunes membres du PSL ont pris l’initiative, à plusieurs reprises au cours du mouvement, de se réunir entre occupant⸱es de différentes universités. Cela leur a permis de discuter des développements sur chaque campus, mais aussi de réfléchir à l’action commune à mener, un aspect parfois resté absent dans le mouvement. Lors de l’une de ces réunions en ligne, iels ont entendu les expériences de Daragh, un étudiant irlandais de Belfast, qui a parlé des actions menées dans son université ainsi que de l’occupation de l’université Trinity à Dublin, où une victoire a été remportée le 6 mai. Cette université a décidé de ne plus investir dans les entreprises israéliennes figurant sur la “liste noire” du Conseil des Droits Humains des Nations unies. Arracher une victoire est donc bien possible! Cela a immédiatement déclenché une vive discussion sur la manière de franchir cette étape en Belgique également.

    L’État et la révolution

    Mardi 7 mai. La police fait une descente à l’université d’Amsterdam. La colère est grande dans les différentes occupations, mais aussi le questionnement. “Qu’est-ce qu’on fait quand la police envahit tout d’un coup l’université?” Jonas, un occupant de Liège, explique comment lui et d’autres occupant⸱es ont défendu le fait que “plus nous sommes nombreux⸱ses, plus il devient difficile pour l’État d’utiliser son appareil de répression.” C’est une autre raison pour laquelle les groupes de travail “Recherche” de chaque faculté sont essentiels : ils permettent de persuader d’autres étudiant⸱es de rejoindre la lutte, de tisser des liens avec le personnel, mais aussi de construire un réseau à l’extérieur des universités, qui peut être déployé pour augmenter le rapport de force.

    La répression est un sujet qui est souvent revenu sur table. C’est intimidant, et c’est précisément la raison pour laquelle les discussions de groupe à ce sujet sont si essentielles. “Pourquoi la police fait-elle toujours littéralement face aux activistes ?” La brutalité policière rappelle à certains ce que plusieurs occupants anversois ont vécu quelques mois plus tôt lors des actions de Code Rouge. Les policiers s’étaient alors déchaînés sur des militant⸱es pacifiques qui voulaient occuper l’aéroport de Deurne pour dénoncer la pollution des ultra-riches et de leurs jets privés. C’est le genre d’expériences que l’on préférerait ne pas vivre, mais qui façonnent notre vision du monde. Milan, l’un des occupants d’Anvers, raconte : “Voir les brutalités policières vous amène à des conclusions comme celle que Lénine a tirée dans son célèbre livre L’État et la révolution. À savoir que l’État est en fin de compte un groupe d’hommes armés qui protège la classe dirigeante de la classe opprimée lorsque celle-ci se rebelle.”

    Beaucoup de répression, pas de justice

    La répression a également été utilisée en Belgique, moins brutalement qu’ailleurs toutefois en raison du large soutien de l’opinion publique. L’un des occupants de Gand raconte: “Après la victoire historique, le recteur s’est rendu au tribunal avec une requête unilatérale d’expulsion. Celle-ci a été refusée par un juge de paix au motif que les étudiant⸱es avaient le droit de manifester et qu’ils et elles n’avaient pas perturbé les activités d’enseignement dans le bâtiment Refaat AlAreer (le nouveau nom que les activistes ont donné au Forum universitaire UFO) par leur action de protestation. Malheureusement, ce verdict a été annulé par la Cour d’appel sur la base de mensonges. Des mythes islamophobes et racistes ont été créés pour discréditer l’occupation. Sans aucune preuve, on a prétendu que l’occupation avait provoqué une augmentation des comportements transgressifs et des vols.”

    L’université et les tribunaux se sont discrédités en utilisant le racisme et le mensonge pour refuser aux étudiant⸱es et au personnel le droit de manifester. Le recteur et la direction ont intimidé le personnel et les représentant⸱es du personnel en les menaçant de sanctions. Emilie, occupante et membre du personnel de l’UGent, pense qu’il ne s’agit pas d’une coïncidence. “La victoire des étudiant.es et du personnel est historique et montre que la lutte offensive est payante. C’est pourquoi le recteur tente maintenant de lancer la contre-offensive. Il s’agit d’effrayer les futurs militant⸱es pour qu’iels ne suivent pas les traces de cette lutte historique.”

    Personnel et étudiant⸱es: plus fort⸱es ensemble

    Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce mouvement est historique. Il suffit de regarder les dizaines de victoires qui ont été remportées. Dans presque toutes les universités, comme la VUB et l’ULB, des mesures de boycott académique ont été prises. À l’U-Antwerpen, deux facultés ont mis fin à toutes leurs collaborations et à leurs investissements dans des entreprises israéliennes. Dans d’autres facultés, les collaborations doivent passer par un comité d’éthique. L’ULiège a annoncé qu’elle ne maintiendrait pas ses partenariats bilatéraux avec des universités israéliennes et s’est engagée à ne pas conclure de nouvelles collaborations tant qu’il y aura des violations du droit international. Elle suspendra également la coopération avec les partenaires qui contribuent aux crimes israéliens contre la population de Gaza ou qui soutiennent les actions militaires du gouvernement Netanyahou. Et puis, bien sûr, il y a Gand, où une victoire historique a été remportée avec, entre autres, le retrait de l’université du prestigieux projet Europe Horizon.

    Les universités ont l’image d’institutions progressistes, mais nous devons sérieusement remettre cela en question. Le livre de Maya Wind “Towers of ivory steel”, que de nombreux⸱ses occupant⸱es ont lu ces derniers mois, révèle comment les universités jouent un rôle central dans la production de connaissances de l’impérialisme et la production d’idées coloniales. C’est également la raison pour laquelle les activistes appellent à un boycott académique complet et non pas sélectif, comme les recteurs et rectrices le préféraient. Les occupant⸱es sont clairs : “Notre objectif est de boycotter les universités israéliennes en tant qu’institutions, et pas seulement les collaborations de recherche spécifiques. Ces universités en tant qu’institutions sont complices du génocide, de la répression contre les étudiant⸱es et les travailleur⸱euses palestinien⸱nes, du silence imposé aux voix progressistes israéliennes… Les universités sont des instruments idéologiques de l’élite dirigeante, c’est vrai pour certaines facultés comme pour d’autres, et c’est aussi le cas de nos propres universités, soit dit en passant.”

    Le recteur de l’U-Gent, Van de Walle, a affirmé qu’un boycott isolerait les voix progressistes en Israël. Pendant ce temps, le personnel de l’UGent qui a participé aux actions de boycott a reçu plusieurs lettres de soutien de la part de collègues israélien⸱nes. Une de ces lettres disait : “Aujourd’hui, tous les membres du personnel, à l’exception de quelques-uns, ont peur d’exprimer leurs opinions, car nous sommes immédiatement accusé⸱es de saper l’effort de guerre. (…) Par conséquent, même les universitaires opposé⸱es à la politique du gouvernement sont extrêmement prudents dans ce qu’ils et elles disent et écrivent, d’autant plus que cette semaine, une loi a été soumise au Parlement israélien (la Knesset) selon laquelle les institutions universitaires qui ne suivent pas “la ligne patriotique” subiront des coupes budgétaires. Sous le gouvernement actuel, qui dispose d’une solide majorité au Parlement et qui n’a aucune chance d’être contesté à l’intérieur du pays, la seule chose qui pourrait changer la politique est une pression extérieure, telle que la mesure prise par votre université. (…) Comme de plus en plus d’institutions académiques prennent de telles mesures, la pression interne est également susceptible d’augmenter, et bien qu’il soit peu probable que cela change la politique actuelle du gouvernement, il semble que ce soit la seule chose qui puisse être faite.”

    Ce sont des paroles encourageantes, mais la lettre souligne également les limites d’un boycott académique à lui seul. Les occupant⸱es en sont également conscient⸱es. A Liège, certain⸱es avaient participé à des actions contre l’entreprise Challenge, qui transporte de l’armement pour l’armée israélienne. Leurs actions et les enquêtes précises de journalistes sur les détails des livraisons d’armes ont permis d’obtenir une interdiction politique des livraisons d’armes. Les militants comme Constantin et Jonas se félicitent de cette décision, mais ne font pas confiance au gouvernement pour l’appliquer. “Nous ne pouvons compter que sur le mouvement. C’est pourquoi nos tactiques doivent être basées sur le mouvement. Nous appelons à poursuivre le développement d’un boycott de la classe ouvrière sur les livraisons d’armes à Israël, entre autres. Les travailleur⸱euses sont les mieux placé⸱es pour mener la lutte contre les livraisons d’armes et le régime israélien.” C’est non seulement la seule garantie d’un boycott réel, mais aussi une source d’inspiration pour les travailleur⸱euses du monde entier. Si un tel mouvement prenait la forme d’actions étudiantes, même en Israël, beaucoup plus de travailleur⸱euses opposé⸱es au massacre auraient le courage de descendre dans la rue et de rejoindre le mouvement de lutte international. Surtout si ce mouvement est également lié à la lutte contre l’ensemble du système impérialiste et l’exploitation de la classe travailleuse qui l’accompagne.

    Une source d’inspiration

    La vie sur l’occupation est une source d’inspiration. Les discussions y sont quotidiennes. Cela contraste fortement avec les mouvements précédents, où il n’y avait souvent pas de discussion collective. Cette fois-ci, un consensus s’est rapidement dégagé sur la nécessité de mettre en place des conseils de porte-parole, des assemblées générales, des groupes de travail et d’autres méthodes d’organisation collective de la démocratie sur l’occupation. Cette expérience portera ses fruits pendant longtemps. Des centaines d’étudiant⸱es sont désormais impliqué⸱es dans des discussions politiques. Même si ces discussions ne se sont pas toujours déroulées sans heurts et que le rythme des réunions était souvent très élevé pour des étudiant⸱es dont le programme d’examens est chargé, il s’agit d’une expérience que l’on emporte avec soi dans toutes les luttes ultérieures.

    Il y a eu des discussions sur la manière de lutter pour la paix dans tout le Moyen-Orient, sur l’histoire de la Palestine et sur la complicité de l’État belge. Les commentateurs arrogants qui prétendent que les étudiant⸱es ne savent pas de quoi iels parlent n’ont manifestement jamais mis les pieds dans les occupations. En l’espace de quelques semaines, les occupations se sont transformées de petits camps de tentes en véritables villages politiques. Caractérisées par une énorme volonté de sacrifice et une discipline de travail, les tâches étaient effectuées par roulement tout au long de la journée. On cuisinait, on étudiait, on nettoyait, on travaillait sur des banderoles et des pancartes, et à l’université de Gand, il y avait même un service de coiffure. Même la nuit, les étudiant⸱es restaient éveillé⸱es pour assurer la sécurité. Ce n’était pas un luxe. Dans plusieurs universités, des provocateurs sionistes sont venus défier les occupant⸱es.

    La discipline et le dévouement dont ont fait preuve les militant⸱es pour mener à bien leurs actions pendant des semaines sont une source d’inspiration considérable pour toutes celles et ceux qui luttent contre l’injustice. Leurs actions symbolisent la détermination qui caractérise l’ensemble du mouvement pour la libération de la Palestine.

    “Nous reviendrons : vous ne pouvez pas arrêter la révolution.”

    La question qui se pose maintenant est la suivante : quelle est la prochaine étape ? Des actions sont prévues contre la répression, des manifestations contre le génocide en cours, mais aussi lors d’autres manifestations comme les Prides cet été à Gand, Liège et Anvers, les occupant⸱es propageront la lutte pour la libération de la Palestine.

    Rassembler les occupant⸱es lors d’une journée d’action nationale et d’une conférence pourrait constituer une étape importante pour préparer la nouvelle année académique. Milan, l’un des occupants d’Anvers, souhaite également concentrer les flèches du mouvement sur le financement de l’éducation et pense que cela aiderait également la lutte palestinienne. “La leçon principale est que tout le système est coupable. Comment est-il possible que nos universités dépendent d’un argent privé sanglant ? Il est urgent de mettre fin aux investissements privés et d’investir massivement dans l’enseignement supérieur. Tant que les universités dépendront d’investisseurs capitalistes, elles resteront des instruments capitalistes. Si nous pouvions gagner une telle bataille, cela montrerait à quel point la lutte pour la libération palestinienne et la justice au Moyen-Orient est inextricablement liée à la lutte contre le capitalisme. Cela nous apprendrait pourquoi la classe travailleuse du monde entier bénéficierait de la libération des peuples opprimés.”

    Nous ne devons donc avoir aucun doute : les dernières paroles des occupant⸱es de Gand se réaliseront. “Nous revenons. Vous n’arrêterez pas la révolution.”

  • Personnel et syndicats rejoignent la lutte : “Nous occupons pour exiger une action contre le génocide”

    Bart Vandersteene s’est entretenu pour Lutte Socialiste avec Emilie Vanmeerhaeghe, membre du personnel de l’université de Gand (UGent) et participante active à l’occupation en tant que militante du syndicat des services publics ACOD (CGSP)-UGent.

    Bonjour Emilie, on a pu te rencontrer dès les premiers jours de l’occupation.

    “C’est vrai. L’UGent a été la première université belge où l’occupation a commencé, le 6 mai. J’ai rapidement pris l’initiative d’appeler les collègues pour déplacer notre lieu de travail vers l’occupation, dans le bâtiment UFO (Universiteitsforum). Dès le mercredi 8 mai, une dizaine de collègues travaillaient de là. Entre-temps, plusieurs dizaines de membres du personnel s’étaient déjà engagé.e.s dans l’occupation.

    “Au départ, de nombreux membres du personnel ont, chacun à leur manière, exprimé leur soutien. Un collègue a écrit une lettre ouverte en réponse à une décision du Conseil d’administration du 3 mai qui ignorait le conseil du Comité des droits humains de l’UGent de ne pas entamer de nouvelles collaborations bilatérales avec des universités israéliennes. En très peu de temps, 1.500 membres du personnel et étudiant.es ont signé cette lettre. Une preuve plus que suffisante que la thématique et la colère sont bien présentes à l’université.”

    Depuis lors, des étudiant.e.s et des membres du personnel de l’université se sont mobilisés dans tout le pays, inspirés par les occupations aux États-Unis. Comment les occupant.e.s voient leur rôle dans la lutte contre les génocides?

    “Partout, dans toutes les universités, la question est présente. Les gens voient l’implication des gouvernements occidentaux, des entreprises et des universités dans ce qui se passe en Palestine et en Israël. Ils et elles veulent que leur université cesse de collaborer avec les universités israéliennes, car celles-ci jouent un rôle direct dans la politique d’occupation et fournissent des services à l’armée israélienne.

    “Nous avons reçu la semaine dernière la visite de Maya Wind, une chercheuse de renommée internationale qui a été interviewée dans tous les journaux. Ses recherches nous aident à comprendre la réalité là-bas. À Gaza, toutes les universités ont été détruites par Israël. Plus de 90.000 étudiant.e.s palestinien.ne.s sont privé.e.s d’enseignement (et de tout le reste). Les universités ont été utilisées pendant des décennies pour la colonisation, l’oppression et la guerre. Ce sont aussi des institutions de falsification de l’Histoire, qui ont forgé l’idéologie justifiant la colonisation et l’oppression. Elles constituent des instruments de répression contre les voix critiques et les protestations.

    “Remettre explicitement en question les liens qui existent avec ces institutions conduit également à questionner le rôle des universités et de l’enseignement supérieur en général. En Occident aussi, les universités sont des institutions qui, historiquement et jusqu’à aujourd’hui, ont servi le colonialisme, l’impérialisme et le capitalisme. Plus l’enseignement supérieur devient une marchandise, plus il est difficile de mettre la recherche et la science au service de la collectivité. De la revendication de boycott académique découle donc logiquement celle d’un autre type d’enseignement supérieur, au service des peuples et des opprimé.e.s, et non un instrument au service de l’oppression.

    L’implication du personnel dans l’occupation à Gand est plus qu’un acte symbolique de solidarité.

    “Oui, et la raison est qu’il y a une grande colère parmi le personnel. Son origine remonte à un certain temps… Dans beaucoup d’autres dossiers, on a constaté un échec total de l’administration de l’université et un manque total de transparence.

    “Depuis plusieurs années, nous sommes confrontés à des coupes budgétaires inacceptables imposées au personnel. Et concernant les comportements abusifs et le leadership toxique, l’université obtient de très mauvais résultats. Ce dossier est un exemple de plus dans une pile de problèmes préexistants.

    “Dans de nombreuses facultés, le personnel s’est organisé et veut contribuer aux actions pour augmenter la pression. Les étudiant.e.s menaient campagne depuis le mois de novembre et l’administration de l’UGent les ignorait complètement. Écrire une lettre ouverte était une chose, mais participer activement à une occupation était la suite logique. Une fois l’occupation devenue celle des étudiant.e.s et du personnel, le recteur a senti la pression augmenter ; il s’est senti obligé de réagir. Cela montre le rôle que les travailleur.euse.s peuvent jouer, y compris dans d’autres secteurs ou mouvements de lutte.

    Quel rôle a joué l’ACOD/CGSP en tant que syndicat ?

    “Depuis plusieurs années, la délégation syndicale ACOD a très consciemment construit une culture d’activisme et de combativité, dans une stratégie plus large de construction d’une relation de force à l’avantage du personnel. Dès le début de l’occupation, les militant.e.s de l’ACOD se sont impliqué.e.s. Le 10 mai, nous avons rédigé notre premier appel à rejoindre l’occupation, à lire sur notre site acodugent.be. 

    “Nous considérons que c’est une tâche essentielle pour un syndicat de participer à toutes les formes de résistance contre l’injustice, l’oppression et la discrimination. C’est ce que nous avons fait il y a quelques années en luttant avec succès pour un salaire minimum de 14 euros de l’heure pour le personnel de nettoyage. La communauté universitaire compte 50.000 étudiant.e.s et 15.000 membres du personnel. Elle est donc le reflet de ce qui se passe dans l’ensemble de la société. Avec des initiatives comme la grève féministe du 8 mars, le soutien aux actions contre le racisme et notre lutte quotidienne pour le bien-être au travail, nous voulons donner corps à ce que nous estimons qu’un syndicat devrait être et devrait faire.”

    Ces étudiant.e.s sont vraiment impressionant.e.s, leur engagement touche bien au-delàs de la communauté étudiante.

    “Le personnel aussi est très impressionné par l’organisation des étudiant.e.s qui offrent notamment, au sein de l’occupation, des espaces de soutien pour le bien-être psychologique des participant.e.s. L’action est très disciplinée. Il n’y a pas de place pour l’alcool ou d’autres drogues sur l’occupation. Cela va à l’encontre des clichés dominants sur les actions étudiantes. Il y a un très grand respect mutuel et une approche très inclusive dans l’action. Quel contraste avec les politiques universitaires ! Et vous savez, des liens se tissent et se renforcent dans cette lutte et mèneront à des coopérations à l’avenir.”

    Transfert d’armes vers Israël

    Plus de 70 tonnes d’explosifs et de munitions transitent via Liège Airport !

    Quelle hypocrisie de la part des autorités wallonnes! À l’occasion de la reconnaissance officielle de l’État palestinien par l’Espagne, l’Irlande et la Norvège, Paul Magnette (PS) s’est montré offensif contre le MR : “Nous dénonçons le double discours du MR et de sa ministre Hadja Lahbib, qui se prononce publiquement pour la reconnaissance de l’État de Palestine, tout en empêchant cette reconnaissance au sein du gouvernement fédéral.  (…) C’est une condition sine qua non pour imposer des sanctions à Israël.”Au même moment, les autorités wallonnes et le ministre-président Di Rupo (PS) ferment les yeux sur le transit de tonnes d’armes utilisées au massacre à Gaza. 

    Nous avons déjà participé à plusieurs actions devant l’entreprise Challenge à l’aéroport de Liège avec le Collectif Liège Palestine Solidarité tandis qu’une manifestation, le 12 mai, soulignait la responsabilité des autorités wallonnes dans l’alimentation de la machine de guerre israélienne. Aujourd’hui, Amnesty International (AI), la Coordination Nationale d’Action pour la Paix et la Démocratie (CNAPD), la Ligue des droits humains (LDH) et Vredesactie confirment, preuves à l’appui, que des dizaines de tonnes d’armes légères, de détonateurs et de pièces d’avions de chasse F-35 et F-16 ont transité par l’aéroport de Liège vers Israël depuis les États-Unis. Les données récoltées concernent une dizaine de vols entre le 7 novembre 2023 et le 4 mars 2024 “Rien n’indiquant du reste que le transit d’armes à destination d’Israël par cet aéroport s’est tari après cette date.” Tout cela a été transporté par la compagnie aérienne israélienne Challenge Airlines.

    “Nous sommes choqué·es par ce qui semble être au mieux de la négligence et au pire de l’hypocrisie. Alors que depuis des mois les responsables politiques de notre pays s’indignent à juste titre de la catastrophe en cours à Gaza et appellent à un cessez-le-feu, des documents auxquels nous avons pu avoir accès nous apprennent que des dizaines de tonnes de matériel militaire à destination d’Israël ont transité – et transitent peut-être encore – par l’aéroport de Liège”, s’indignent les organisations.

    Les autorités régionales wallonnes sont compétentes pour la réglementation du transit d’armes sur le territoire de la Région. Et, début février, elles s’étaient réengagées à ne pas exporter ou laisser transiter des armes à destination d’Israël. C’était déjà le cas depuis une quinzaine d’années, mais plusieurs médias (dont Le Soir) avaient dévoilé que des cargaisons militaires à destination d’Israël avaient transité par la Belgique. Mais il existe un angle mort dans la législation, comme l’explique en toute conscience un employé de Challenge dans un des documents dévoilés : “Je ne peux transporter (la marchandise) QUE sur des vols qui continue avec le même avion. Si nous ne nous y plions pas, nous nous exposons à des sanctions (sic).” La CNAPD, la LDH, Vredesactie et Amnesty International ont donc décidé de lancer prochainement une procédure judiciaire, en citant la Région wallonne en responsabilité devant le Tribunal de première instance de Namur.

    En Belgique, une majorité écrasante de la population (près de 75%) s’oppose à l’envoi d’armes vers Israël. Ce potentiel doit être mis en action, en premier lieu sur les lieux de travail: c’est de là que l’on peut contrôler et bloquer le transit. Les syndicats ont donc un rôle de premier plan à jouer pour stimuler et organiser le refus de participer au génocide. Une campagne syndicale doit être lancée de toute urgence pour permettre de concrétiser sur le terrain les appels au cessez-le-feu permanent.

  • Entretien. “La lutte pour la Palestine est l’expression de la lutte contre le système dans son entièreté”

    Depuis le vendredi 10 mai, une occupation étudiante a démarré à l’université de Liège. L’occupation – se plaçant dans le contexte d’un mouvement international des jeunes en solidarité du peuple palestinien – exige de mettre un terme à la complicité des institutions académiques avec le régime d’occupation israélien. Nous nous sommes entretenus avec Abdullah Al-Tahafi, l’un des porte-paroles de l’occupation. 

    Propos recueillis par Constantin (Liège)

    À l’heure où nous parlons, nous avons dépassé les dix jours d’occupation. Peux-tu revenir sur le contexte de l’occupation et sur ses revendications ? 

    Le contexte est international. L’horreur des sept mois de massacres à Gaza ainsi que le silence et la complicité des gouvernements contrastent avec la mobilisation populaire massive en soutien à la cause palestinienne. Les jeunes se sont emparés de cette mobilisation, particulièrement depuis le 17 avril, où un mouvement d’occupation des universités d’ampleur mondiale a commencé aux États-Unis, avec l’occupation de l’université de Columbia. L’occupation à Liège va dans le sens de ce mouvement plus large. 

    À la base, l’occupation n’était ni prévue ni organisée. Le plan de base consistait à organiser un sit-in dans l’université. Considérant le manque de préparation et la mobilisation qui s’est faite sur le vif, je ne m’attendais pas à plus de 50 personnes présentes. Finalement, on s’est retrouvés à 500 ! Puisque les négociations avec le rectorat ont abouti au refus de nos revendications, nous nous sommes décidé.e.s à lancer le campement le jour-même. 

    Nos revendications sont les suivantes: réaffirmation d’un cessez-le-feu immédiat, permanent et inconditionnel, un boycott académique complet des institutions universitaires israéliennes et la transparence de l’université quant à ses partenariats. À ces revendications s’est ajoutée la cessation des partenariats avec l’industrie militaire. Nous nous sommes rendu.e.s compte que l’université agissait comme le supplétif de l’industrie de l’armement, et avait collaboré avec des entreprises qui ont fourni l’armée israélienne, Tsahal, en armes et en matériel militaire.

    Face à ces revendications, le rectorat a menti. Il a affirmé que l’université n’avait aucune convention de recherche sur des thématiques militaires. Mais nous avons constaté que c’était totalement faux. L’université collabore notamment avec OIP Sensor Systems, une filiale détenue à 100% par Elbit Systems, entreprise israélienne dont l’unique secteur d’activité est celui de l’armement. L’université entretient aussi des partenariats avec P.B -Clermont et Léonordo, qui ont respectivement fourni Tsahal en poudre et en canons. 

    En outre, l’université niait également que les conventions qu’elle entretenait avec les universités israéliennes participaient à la politique d’occupation, comme si les universités flottaient au-dessus du monde social et pouvaient se draper de l’apparence de la neutralité. En réalité, nous avons prouvé que les universités israéliennes étaient pleinement impliquées dans le processus de colonisation, notamment en formant des officiers des forces armées israéliennes. Mais au-delà du soutien à l’armée, les universités israéliennes servent aussi d’instrument idéologique au service du sionisme. Par exemple, l’archéologie est utilisée par les institutions académiques israéliennes comme moyen de justifier la politique de colonisation en Cisjordanie.

    Nous avons produit deux documents à destination du rectorat qui prouvent la complicité de l’université avec la politique de colonisation israélienne. Ces deux documents ont été rendus publics et sont libres d’accès. La réalité des faits, c’est que les institutions académiques, pieds et poings liés avec les profiteur.euse.s de guerre, mentent et font tout pour cacher leur implication dans les massacres. Il n’est pas étonnant que l’université soit si réticente à faire preuve de transparence compte tenu de ce que nous avons trouvé. Si l’université ne veut pas nous accorder la transparence, nous l’obtiendrons nous-mêmes, par nos propres recherches. La documentation constitue un terrain de la lutte des classes. 

    À la suite de l’occupation, la rectrice nous a assuré qu’elle mettrait un terme à tout partenariat entre l’université et les acteurs et complices de crimes de guerre. Maintenant que nous avons prouvé ces liens, nous attendons des actes. 

    Comment est structurée l’occupation à Liège ?

    Au départ, nous avions une idée floue de la manière de fonctionner. Les opinions étaient parfois divergentes et le mouvement a mis un certain temps avant de pouvoir former une ligne politique et stratégique claire. L’objectif est maintenant d’isoler le rectorat, c’est pourquoi nous essayons de tisser des liens avec le personnel de l’université, via les délégations syndicales. Les travailleur.euse.s possèdent des leviers de pression que nous n’avons pas, du fait que ce sont elles et eux qui font tourner cette université quotidiennement. La question de la solidarité entre les étudiant.e.s et les travailleur.euse.s est cruciale pour le mouvement.

    Nous nous structurons sur base d’assemblées générales quotidiennes et de groupes de travail. Les votes s’effectuent à la majorité simple, avec prise en compte des positions minoritaires si ces dernières sont significatives. Nous avons aussi élu un groupe de coordination révocable, responsable de la prise de décision entre deux assemblées. 

    Les groupes de travail permettent d’organiser le travail pratique: certain.e.s s’occupent du travail de recherche, d’autres s’occupent du contact avec la presse et de la communication, d’autres encore du travail de coordination avec les autres universités occupées en Belgique.

    L’inclusion est fondamentale dans le travail d’occupation. Nous avons essayé de faire en sorte que chacun.e puisse trouver sa place dans le mouvement, et nous avons intégré une diversité politique assez large. Nous avons réussi, au fur et à mesure du temps, à organiser les étudiant.e.s dans un mouvement structuré. L’unité politique a été possible, d’une part grâce à un travail d’organisation impeccable de la part des occupant.e.s, d’autre part, grâce à la discussion ouverte en assemblée générale, ce qui a permis d’atteindre une clarté et une qualité politique impressionnante. 

    D’après toi, quelles sont les perspectives pour la suite du mouvement ?

    La question n’est pas tant de savoir si nous allons gagner, mais jusqu’à quel point. Le rectorat a déjà annoncé le boycott académique en ce qui concerne les partenariats bilatéraux avec les universités israéliennes. L’occupation est également riche en expérience pour nous tous et toutes. Nous avons réussi à intégrer des étudiant.e.s qui font ici l’expérience de leur premier mouvement social. Nous avons créé du lien entre les militant.e.s, partagé des émotions communes et nous avons formé la base d’un mouvement étudiant qui peut dépasser le cadre de cette occupation. 

    La réalité, c’est que la lutte étudiante dépasse de loin le cadre universitaire. Le problème est systémique. Les entreprises profiteuses de guerre sont non seulement complices et en grande partie responsable du génocide palestinien, mais aussi de l’oppression des peuples dans le monde entier. Cette occupation permet de poser les bases d’une lutte contre les oppresseur.euse.s et les exploiteur.euse.s du monde entier. Celles et ceux qui profitent des massacres en Palestine sont les mêmes qui exploitent les travailleur.euse.s ici, comme le démontre l’annonce de licenciement collectif de Thales Alenia Space, qui compte se séparer de 115 de ses salarié.e.s, et ce malgré l’activité commerciale florissante de ses deux parents : Thalès et Léonardo. Nous avons toujours affirmé que la lutte pour la libération du peuple palestinien est le symbole de la lutte contre le système capitaliste dans son ensemble. 

  • Plus de 70 tonnes d’explosifs et de munitions transitent via Liège Airport !

    Quelle hypocrisie ! A l’occasion de la reconnaissance officielle de l’État palestinien par l’Espagne, l’Irlande et la Norvège, Paul Magnette (PS) s’est montré offensif contre le MR : «Nous dénonçons le double discours du MR et de sa ministre Hadja Lahbib, qui se prononce publiquement pour la reconnaissance de l’État de Palestine, tout en empêchant cette reconnaissance au sein du gouvernement fédéral.  (…) C’est une condition sine qua non pour imposer des sanctions à Israël.»Au même moment, les autorités wallonnes et le ministre-président Di Rupo (PS) ferment les yeux sur le transit de tonnes d’armes utilisées dans le massacre à Gaza. 

    https://fr.socialisme.be/97382/manifestation-reussie-a-namur-bloquons-la-machine-de-guerre-genocidaire-israelienne
    https://fr.socialisme.be/96748/liege-challenge-arme-israel-tas-du-sang-sur-les-ailes

    Nous avons déjà participé à plusieurs actions devant l’entreprise Challenge à l’aéroport de Liège avec le Collectif Liège Palestine Solidarité tandis qu’une manifestation, le 12 mai, soulignait la responsabilité des autorités wallonnes dans l’alimentation de la machine de guerre israélienne. Aujourd’hui, Amnesty International (AI), la Coordination Nationale d’Action pour la Paix et la Démocratie (CNAPD), la Ligue des droits humains (LDH) et Vredesactie confirment, preuves à l’appui, que des dizaines de tonnes d’armes légères, de détonateurs et de pièces d’avions de chasse F-35 et F-16 ont transité par l’aéroport de Liège vers Israël depuis les États-Unis. Les données récoltées concernent une dizaine de vols entre le 7 novembre 2023 et le 4 mars 2024 «Rien n’indiquant du reste que le transit d’armes à destination d’Israël par cet aéroport s’est tari après cette date». Tout cela a été transporté par la compagnie aérienne israélienne Challenge Airlines.

    «Nous sommes choquées par ce qui semble être au mieux de la négligence et au pire de l’hypocrisie. Alors que depuis des mois les responsables politiques de notre pays s’indignent à juste titre de la catastrophe en cours à Gaza et appellent à un cessez-le-feu, des documents auxquels nous avons pu avoir accès nous apprennent que des dizaines de tonnes de matériel militaire à destination d’Israël ont transité – et transitent peut-être encore – par l’aéroport de Liège», s’indignent les organisations.

    Les autorités régionales wallonnes sont compétentes pour la réglementation du transit d’armes sur le territoire de la Région. Et, début février, elles s’étaient réengagées à ne pas exporter ou laisser transiter des armes à destination d’Israël. C’était déjà le cas depuis une quinzaine d’années, mais plusieurs médias (dont Le Soir) avaient dévoilé que des cargaisons militaires à destination d’Israël avaient transité par la Belgique. Mais il existe un angle mort dans la législation, comme l’explique en toute conscience un employé de Challenge dans un des documents dévoilés : « Je ne peux transporter (la marchandise) QUE sur des vols qui continuent avec le même avion. Si nous ne nous y plions pas, nous nous exposons à des sanctions (sic). » La CNAPD, la LDH, Vredesactie et Amnesty International ont donc décidé de lancer prochainement une procédure judiciaire, en citant la Région wallonne en responsabilité devant le tribunal de première instance de Namur.

    En Belgique, une majorité écrasante de la population (près de 75%) s’oppose à l’envoi d’armes vers Israël. Ce potentiel doit être mis en action, en premier lieu sur les lieux de travail: c’est de là que l’on peut contrôler et bloquer le transit. Les syndicats ont donc un rôle de premier plan à jouer pour stimuler et organiser le refus de participer au génocide. Une campagne syndicale doit être lancée de toute urgence pour assurer que concrétiser sur le terrain les appels au cessez-le-feu permanent.

  • Transformons les occupations de campus en quartiers généraux démocratiques de l’opposition au génocide!

    Columbia, à Yale, New York University, Berkeley,… les campements étudiants et les mobilisations contre le génocide à Gaza se sont multipliés aux États-Unis et tiennent bon en dépit d’une répression policière féroce. C’est un nouveau souffle qui est venu en renfort du mouvement international de solidarité avec les masses palestiniennes.

    https://fr.socialisme.be/97373/namur-manifestation-contre-les-livraisons-darmes-a-israel
    https://fr.socialisme.be/97003/palestine-israel-quelques-lecons-de-lhistoire-de-loppression-des-masses-palestiniennes

    France, Liban, Autriche, Tunisie,… les mobilisations lycéennes et étudiantes fleurissent. En Belgique, des occupations ont commencé à l’université de Gand et à l’ULB – et d’autres sont à venir – en exigeant la rupture de la collaboration avec les institutions et entreprises sionistes qui participent à l’oppression systématique du peuple palestinien.

    Cette mobilisation solidaire est d’autant plus urgente que l’État israélien vient de lancer ses troupes sur le dernier refuge de la population gazaouie, à Rafah. Le contrôle de la frontière entre Gaza et l’Egypte a été pris.

    Gaza est considéré comme un laboratoire à ciel ouvert concernant le recours à l’IA dans la définition des cibles de l’armée israélienne et le caractère industriel du massacre. C’est ce qui explique pourquoi la Vrije Universiteit Brussel (VUB) vient d’annoncer qu’elle entend mettre fin à sa collaboration à une étude scientifique relative à l’intelligence artificielle (IA) à laquelle participent également deux partenaires israéliens. L’université veut offrir une totale transparence quant à ses projets collaboratifs financés par l’Union européenne via le programme-cadre Horizon Europe.

    Les occupations ont raison d’exiger la transparence totale de la part de toutes les universités du pays, et cette transparence devrait être de mises pour toutes les autorités du pays ! Au-delà des universités, des entreprises et pouvoirs publics de Belgique participent de manière directe ou indirecte à l’occupation israélienne de la Palestine et au massacre.

    Les étudiant.e.s expriment dans l’action ce qui vit plus largement parmi la population. Une majorité écrasante de la population belge – 74% – demande la fin des transferts d’armes entre Israël et la Belgique (enquête d’opinion de YouGov, janvier 2024). Cela donne toute la dimension de la mobilisation possible !

    Aux États-Unis, le syndicat United Auto Workers (UAW) rejoint la mobilisation. Les délégations et structures syndicales peuvent faire de même ici en Belgique, à commencer par les délégations syndicales du personnel des universités.

    Les actions étudiantes pourraient donner un nouvel élan à la manifestation nationale du 19 mai prochain à Bruxelles. Un bloc étudiant de différentes villes et campus permettrait de renforcer les contacts entre les occupations et de dynamiser le mouvement. rendez-vous dimanche 19 mai à 13h30 à Bruxelles Nord.

  • Représailles iraniennes : du bain de sang à Gaza au bord d’une conflagration régionale

    La réponse militaire sans précédent du régime de Téhéran à l’assassinat provocateur par Israël de généraux iraniens dans le complexe du consulat iranien à Damas fait craindre une réaction en chaîne qui déclencherait une conflagration régionale. Netanyahou et les ministres du “cabinet de guerre”, qui sont responsables d’une crise sanglante historique ainsi que de l’assassinat qui a conduit aux événements, se félicitent de l’interception à grande échelle des projectiles de cette attaque. Les politiciens israéliens ultranationalistes, d’Itamar Ben-Gvir et Bezalel Smotrich à Miki Zohar et Tali Gottlieb, incitent ouvertement à une guerre régionale.

    Shahar Ben Horin et Yasha Marmer, Lutte socialiste (section d’ASI en Palestine-Israël). Texte initialement publié en hébreu le dimanche 14 avril.

    L’action iranienne a, pour l’instant, détourné l’attention de la catastrophe qui se déroule à Gaza et a reconsolidé le camp de l’impérialisme occidental autour du capitalisme israélien. Joe Biden a une nouvelle fois souligné que le soutien des États-Unis au régime israélien était “inébranlable”. Le forum du G7 s’est joint à lui dans une déclaration de condamnation et une menace d’augmenter les sanctions contre le régime iranien, tout en essayant de faire pression sur le gouvernement israélien pour qu’il évite les représailles – de peur de perdre le contrôle des événements – et a réitéré un appel hypocrite à la promotion d’un cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

    À Gaza, cependant, les habitants ont fait état d’une des nuits les plus calmes de ces six derniers mois effroyables, la machine de guerre israélienne s’étant concentrée sur l’attaque iranienne. Cependant, l’assaut génocidaire mené par le régime de droite israélien sur Gaza, tout en exploitant cyniquement les atrocités du 7 octobre, se poursuit, bien qu’avec une intensité réduite, mais sans aucun accord, même sur un cessez-le-feu temporaire. Entre-temps, deux brigades de réservistes ont été mobilisées pour de nouvelles attaques à Gaza et la menace d’une invasion israélienne de Rafah continue de planer dans l’air. Le nombre de morts a dépassé le chiffre inimaginable de 33.000 et une terrible crise de la faim fait rage.

    La délégation iranienne à l’ONU a déclaré que l’incident était clos pour Téhéran, à moins que “le régime israélien ne commette une nouvelle erreur”. Washington a clairement indiqué qu’il ne soutiendrait pas une attaque israélienne sur le territoire iranien, mais le gouvernement Netanyahu-Ganz a menacé à l’avance de répondre militairement par une attaque sur le territoire iranien à toute attaque émanant du territoire iranien, et il a été rapporté que les chefs de l’armée israélienne et du Mossad avaient approuvé d’éventuels plans d’attaque.

    Une série d’actes de sabotage et d’assassinats sur le territoire iranien ont été attribués à l’État d’Israël au cours des dernières années, mais cette fois-ci, le régime des ayatollahs a prévenu à l’avance qu’un tel scénario donnerait lieu à une escalade militaire à plus grande échelle. La réunion hebdomadaire du gouvernement israélien a été annulée et il a été rapporté que le “cabinet de guerre”, plus restreint, se réunissait pour décider d’une “réponse”, mais il semble qu’il y ait eu un désaccord quant à la possibilité d’une riposte militaire immédiate. Le régime israélien est soumis à des pressions pour qu’il prenne le temps de conserver le soutien public renouvelé que lui ont accordé Washington et ses alliés, mais le message du “cabinet de guerre” est qu’une riposte interviendra.

    Environ 350 drones, missiles balistiques et missiles de croisière ont été lancés sur des cibles israéliennes depuis l’Iran, l’Irak, le Yémen et la Syrie pendant des heures entre samedi et dimanche (13 et 14 avril). La majorité d’entre eux ont été interceptés, comme cela avait dû être estimé à l’avance à Téhéran, par un ensemble combiné d’armées, dont celles d’Israël (60 %), des États-Unis, du Royaume-Uni, de la France et de la Jordanie, qui s’appuyaient également sur des renseignements fournis par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, entre autres. L’attaque était mesurée et accompagnée d’un avertissement préalable, mais elle n’en constitue pas moins un signe avant-coureur des dangers d’une escalade militaire aiguë. L’espace aérien des pays d’Israël, d’Égypte, de Jordanie et du Liban est resté fermé pendant des heures, et il a été annoncé que le système éducatif israélien serait fermé pendant une journée.

    Des dégâts mineurs ont été signalés sur les infrastructures de la base de l’armée de l’air israélienne de Nevatim, près d’Arad. Une fillette de 7 ans d’un village bédouin “non reconnu” près d’Al-Fura’a a été mortellement blessée à la tête après que, en l’absence d’un espace abrité, des éclats d’obus ont pénétré dans le toit de sa maison, que les autorités israéliennes cherchaient à détruire dans les jours à venir. Des interceptions de missiles balistiques ont été enregistrées en plusieurs endroits, notamment au-dessus de Jérusalem (y compris au-dessus de la mosquée Al-Aqsa), ainsi que dans la région de Tel-Aviv, sur le plateau du Golan (annexé) et principalement dans le sud, y compris à Dimona (près du réacteur nucléaire). Une centaine de tirs à courte portée ont été effectués par le Hezbollah à la frontière israélo-libanaise. Quelques heures plus tôt, des commandos iraniens avaient pris le contrôle d’un navire près des côtes des Émirats arabes unis, appartenant en partie au magnat israélien Eyal Ofer, apparemment dans le cadre de leur riposte.

    L’avertissement de Joe Biden n’a pas dissuadé Khamenei

    L’avertissement répété de Joe Biden à Khamenei – “ne le faites pas” – n’a pas empêché cette démonstration de force d’avoir lieu après deux semaines de menaces. L’évolution de la volonté du régime des ayatollahs de violer, de manière mesurée, les diktats de l’impérialisme américain repose sur la reconnaissance de l’effet de complication du bain de sang historique à Gaza pour Washington et de son intérêt évident à limiter l’intervention militaire et à freiner l’escalade militaire dans la région. C’est la première fois que le régime iranien agit militairement (à l’exception des cyber-opérations) contre des cibles israéliennes à partir du territoire iranien et pas seulement avec l’aide de mandataires extérieurs. Il s’agit d’une tentative d’établir une nouvelle équation, en faisant payer le prix des attaques israéliennes contre les intérêts du régime iranien.

    Le régime iranien lui-même est en crise profonde, même après la répression de la dernière vague de soulèvements en 2022, et continue d’utiliser une rhétorique hypocrite et creuse “anti-impérialiste” et “pro-palestinienne” pour s’attirer du soutien. On peut raisonnablement supposer que parmi les masses du monde entier horrifiées par les atrocités commises à Gaza, il y en aura aussi qui adopteront un sentiment de sympathie pour tout régime qui défie le régime israélien et Washington. Mais il s’agit bien sûr d’un régime oppressif qui n’intervient pas dans l’intérêt des masses palestiniennes ou iraniennes, mais plutôt pour faire avancer les ambitions de l’élite dirigeante iranienne et de ses alliés. Néanmoins, et bien que certains parmi l’opposition au régime puissent considérer l’attaque comme rien de plus qu’une farce, le régime est certainement capable de resserrer dans une certaine mesure la base de soutien sur laquelle il s’appuie en exploitant le sentiment de solidarité de masse avec la population palestinienne massacrée dans la bande de Gaza. Cela s’explique en raison de la phase actuelle de reflux du mouvement de résistance et du manque de points de référence de gauche pour offrir une alternative aux masses.

    Parmi les couches iraniennes qui s’opposent au régime, il y a eu au fil des ans – et aujourd’hui encore – une variété de voix confuses et de droite qui ont rejeté la propagande des ayatollahs pour se ranger du côté de l’impérialisme américain, du régime israélien et d’un retour à la monarchie du Shah. Cela reflète l’oppression intense qui frappe les voix de gauche qui tentent de défendre une véritable alternative au régime et n’entretiennent aucune illusion envers la classe dirigeante israélienne.

    Risque de conflagration régionale

    Lors de la “guerre du Golfe” de 1991, une coalition dirigée par les États-Unis a attaqué l’Irak. L’impérialisme américain s’efforçait alors, au moment de la chute du stalinisme et de la fin de la guerre froide, de s’imposer en tant que “gendarme du monde” exclusif et de façonner ainsi l’ordre régional. Le régime israélien avait reçu l’instruction explicite de ne pas intervenir militairement, afin de ne pas décourager la participation des pays arabes à l’attaque menée par les États-Unis. L’Etat d’Israël a obéi, alors même que les missiles Scud irakiens frappaient Israël.

    Aujourd’hui, la position de l’impérialisme américain est très affaiblie dans le monde et dans la région. Pour preuve, avant l’attaque iranienne, les monarchies du Golfe ont exigé que les bases américaines sur leur territoire ne soient pas utilisées à ce stade pour une attaque directe contre l’Iran, par crainte d’une guerre régionale. Même l’administration Trump avait été contrainte en son temps de tenir compte des réticences de l’opinion publique américaine de même que de la position économique et géopolitique affaiblie de l’impérialisme américain. Elle avit donc pris ses distances avec l’idée de s’engouffrer dans une nouvelle guerre au Moyen-Orient.

    Le capitalisme israélien se trouve aujourd’hui dans une position moins isolée dans la région, mais il est confronté à une crise de “sécurité” généralisée, sans toutefois disposer de stratégie de sortie claire, et malgré une profonde dépendance stratégique à l’égard de l’impérialisme américain, il peut chercher à garantir ses intérêts de “sécurité” même sans le consentement de Washington. Il s’agit là d’un facteur important qui crée en fait le risque d’un embrasement régional.

    L’assassinat à Damas du 1er avril, dans lequel Mohammad Reza Zahedi (Hassan Mahdawi), commandant de la Force Al-Qods des gardes du régime iranien en Syrie et au Liban, a également été tué, est le plus important que le régime iranien ait subi depuis que l’administration Trump a assassiné le général Soleimani en 2020. L’administration Biden s’est plainte de ne pas avoir été informée à l’avance. Malgré cela, la troïka des délégations américaine, britannique et française au “Conseil de sécurité” de l’ONU a bloqué (le 3 avril) une déclaration officielle de condamnation, proposée par la délégation russe, du bombardement du bâtiment du consulat. Aujourd’hui, en réponse à l’attaque iranienne, le Kremlin a publié une déclaration décrivant l’action comme un exercice du droit à l’autodéfense. Le processus de conflit à l’oeuvre dans la région renforce les relations entre la Russie et l’Iran, tandis que les deux régimes tentent de gagner le soutien des masses en colère contre le massacre, la famine forcée et la destruction à Gaza.

    La décision du gouvernement israélien de droite d’assassiner des généraux iraniens et des militants de l’organisation palestinienne du Jihad islamique a été prise en sachant très bien que cela pouvait conduire à une escalade militaire généralisée dans la région. En arrière-plan, la pression de Washington et de ses alliés en “Occident” et dans la région en faveur d’un cessez-le-feu à Gaza se renforçait. Parallèlement, une dynamique d’escalade continue de la guerre s’est poursuivie à un niveau d’intensité faible à moyen entre l’armée israélienne et le Hezbollah. Des menaces répétées d’une attaque israélienne de grande envergure sur le territoire libanais ont eu lieu. Des dizaines de milliers de résidents des deux côtés de la frontière israélo-libanaise ont été déplacés de leurs maisons depuis six mois. L’administration Biden a symboliquement permis l’approbation d’une résolution du “Conseil de sécurité” de l’ONU le 25 mars appelant à un cessez-le-feu immédiat. Après l’assassinat des travailleurs humanitaires de l’association World Central Kitchen à Gaza, quelques heures après l’assassinat à Damas, elle a augmenté sa pression publique sur Israël, accompagnée d’un ultimatum implicite à Israël pour qu’il se conforme à sa discipline. Cette pression a conduit à l’autorisation d’un plus grand nombre de camions de ravitaillement à Gaza – un soulagement minime dans l’utilisation de l’arme barbare de la famine contre la population – mais pas à un cessez-le-feu.

    Non seulement Netanyahou se montre réticent à faire preuve de souplesse dans les négociations sur un cessez-le-feu à Gaza et sur un accord d’échange d’otages et de prisonniers, mais le gouvernement israélien dans son ensemble continue de s’efforcer d’imposer des conditions qui incluent la préparation d’une invasion israélienne de Rafah et l’autorisation de la présence de forces d’occupation dans la région pour une période de plusieurs mois, voire de plusieurs années. Cette ligne, qui reflète en fin de compte une impasse stratégique, est également basée sur le fait que l’idée d’une “guerre contre le Hamas” bénéficie toujours d’un large soutien au sein de l’opinion publique israélienne, et est également influencée dans une certaine mesure par les manœuvres de Netanyahou lui-même, celui-ci cherchant désespérément à s’accrocher au pouvoir.

    Les dirigeants du Hamas, qui, comme on pouvait s’y attendre, ont salué l’attaque iranienne, ont une nouvelle fois refusé le dernier projet israélien d’accord de cessez-le-feu temporaire, n’ayant jusqu’à présent pas accepté de se plier à leurs diktats. Ils sont certainement conscients de l’essoufflement de l’attaque israélienne, des pressions exercées sur la société israélienne pour qu’elle restitue les personnes enlevées et des tensions accrues entre Washington et le gouvernement israélien. Les dirigeants du Hamas espéraient que l’attaque surprise du 7 octobre déclencherait l’explosion orchestrée d’un “cercle de feu” contre l’État israélien, mais cela s’est avéré une erreur dans une large mesure. Conformément aux souhaits de Téhéran et aux pressions de l’opinion publique libanaise, le Hezbollah a évité d’entrer dans un conflit frontal avec l’armée israélienne. Les Houthis (“Ansar Allah”) ont réussi, grâce au blocus de la mer Rouge, à perturber une route commerciale mondiale et à entraîner une intervention limitée menée par l’armée américaine, mais ils n’ont eu aucun effet sur les actions du régime israélien. Cependant, la crise en cours au niveau régional a suivi une tendance continue à l’expansion, dont l’enrayement dépend de l’arrêt de l’attaque contre Gaza.

    Un exercice d’équilibre pour le gouvernement israélien

    L’assassinat à Damas qui a conduit à l’attaque iranienne a finalement été un acte d’équilibre pour le régime israélien, qui a restauré et remis à l’ordre du jour les intérêts qui le lient à l’impérialisme occidental. Tout au long de la dernière période, les diverses divisions au sein du camp de l’impérialisme occidental ont été reléguées au second plan par rapport aux considérations géopolitiques fondamentales, dans le contexte de la lutte inter-impérialiste mondiale, entre le camp dirigé par Washington et celui dirigé par Pékin. Et ce, malgré les larmes de crocodile et la pression internationale croissante exercée par les gouvernements de l’”Occident” pour freiner l’attaque israélienne à Gaza, essentiellement par crainte de conséquences déstabilisatrices de grande ampleur, en particulier concernant la colère et la menace d’une radicalisation à grande échelle.

    Les livraisons massives d’armes et le soutien économique à la puissance occupante qui massacre les Palestiniens n’étaient certainement pas populaires et ont coûté à Biden un soutien électoral particulier. Cependant, elles visent à faire comprendre que Washington reste le “propriétaire” de la région, déterminé à resserrer une coalition de régimes en conflit avec le régime iranien, ses alliés et ses mandataires, et à repousser toute possibilité de renforcement de l’influence régionale des impérialismes chinois et russe aux dépens de l’”Occident”.

    Les contacts ouverts entre l’Indonésie, le plus grand pays musulman du monde – qui s’efforce de rejoindre le club de l’OCDE – et Israël, sur la possibilité de normaliser les relations, ainsi que la promotion continue de l’idée d’un futur accord entre les États-Unis et l’Arabie saoudite qui inclurait une alliance de défense et une normalisation israélo-saoudienne, illustrent la dynamique de la lutte inter-impérialiste entre les blocs. C’est également dans ce cadre qu’il faut considérer la crise sanglante à Gaza et les différentes décisions prises à Téhéran et à Tel-Aviv. Par conséquent, les contestations timides de l’attaque contre Gaza et de l’occupation sous la forme de mesures juridiques et diplomatiques, sous la pression de l’opinion publique et du mouvement de solidarité internationale, n’ont jusqu’à présent entraîné que des égratignures limitées dans les relations internationales entretenus par le capitalisme israélien.

    La lutte pour arrêter le bain de sang à Gaza et pour empêcher une guerre régionale

    La situation reste extrêmement volatile. Une autre attaque israélienne, tôt ou tard, contre des cibles iraniennes, pourrait également se heurter à une intervention coordonnée avec une puissance de feu importante de la part du Hezbollah, qui est facilement en mesure de pousser à une attaque israélienne catastrophique au Liban. Il pourrait même y avoir un tourbillon d’échanges directs de coups entre Israël et l’Iran, ce qui pourrait attirer une intervention plus profonde de la part de l’impérialisme américain, de Pékin et de Moscou. L’arrêt de l’attaque contre Gaza et des pogroms des forces militaires et des colons d’extrême droite contre les Palestiniens en Cisjordanie, ainsi que du danger d’une guerre régionale, restent une tâche urgente.

    Si les gouvernements “occidentaux” ont eu recours à des pressions croissantes pour obtenir un cessez-le-feu à Gaza, c’est par crainte de perdre le contrôle des événements et de voir se développer une colère et des luttes de masse. Les forces libérales, y compris dans la gauche israélienne, qui appellent l’administration Biden à résoudre la crise sont à côté de la plaque. Washington est le premier à favoriser et à alimenter le bain de sang à Gaza et le processus de confrontation régionale.

    Les manifestations de masse dans toute la région et dans le monde entier, les actions syndicales visant à stopper les livraisons d’armes, les manifestations pro-palestiniennes, ainsi que les manifestations israéliennes en faveur d’un accord pour la libération d’otages et de la tenue de nouvelles élections ont toutes exercé simultanément les pressions les plus importantes sur les gouvernements, y compris le gouvernement israélien, pour qu’ils fassent des concessions. Elles vont dans le sens de l’arrêt des atrocités et de la lutte pour sortir des circonstances qui ont conduit à cette situation.

    Afin d’arrêter cette spirale infernale, il est nécessaire de construire une lutte avec un programme d’opposition à l’attaque israélienne contre l’Iran et à la politique d’assassinats ainsi que pour stopper l’attaque et le bain de sang à Gaza. Il faut renforcer les manifestations, créer des organisations pour promouvoir la lutte et les actions organisées par les travailleurs du monde entier et de la région pour imposer un cessez-le-feu, s’opposer à l’agression militaire du gouvernement israélien de droite et à l’intervention impérialiste dans la région à partir de l’ouest et de l’est.

    Il faut renverser le gouvernement sanguinaire israélien et lutter contre tous les régimes oppressifs de la région. Il faut mettre fin au siège, à l’occupation, aux colonies et à la pauvreté. Il faut promouvoir la construction de partis socialistes reposant sur la lutte des classes dans toute la région. C’est ainsi que l’on pourra fournir toutes les ressources nécessaires à la reconstruction et à la restauration des communautés, sous le contrôle démocratique des communautés, à Gaza, dans le Néguev occidental/Naqab et des deux côtés de la frontière au Liban, par l’expropriation des banques et des ressources clés des mains du capital au niveau local et régional. Oui à une lutte de masse pour la libération nationale et sociale des Palestiniens et pour la paix régionale, basée sur un droit égal à l’existence et à l’autodétermination pour toutes les nations, dans le cadre d’une lutte pour la transformation socialiste de la société !

  • Stop au massacre génocidaire !

    Le désastre humanitaire à Gaza est insoutenable et l’extrême droite veut aller encore plus loin

    Netanyahou et son gouvernement d’extrême droite restent inflexibles. Ils poursuivent leur carnage et bloquent l’acheminement de l’aide humanitaire. Plus de 100 personnes ont été tuées lors du bombardement israélien d’un convoi humanitaire dans la ville de Gaza à la fin du mois de février. A droite, il y en a qui se permettent de prétendre que le régime israélien “défend les valeurs démocratiques”, à l’image de Bart De Wever. Et les centaines d’enfants tués ? Et la famine qui s’abat sur les nouveaux-nés ?

    La catastrophe humanitaire en cours est insoutenable. Les gens mangent de l’herbe et la malnutrition est terrifiante. Les médecins soulignent que plus aucun bébé ne naît avec un poids normal. La réaction du terrorisme d’État israélien ? L’hôpital Al Shifa de Gaza a de nouveau été pris d’assaut à la mi-mars. Les livraisons d’aide ont été interrompues et des centres de distribution d’aide ont même été bombardés. Même Josep Borrell, le Haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères, doit bien admettre que la famine est utilisée comme une arme de guerre.

    Pendant ce temps, la répression militaire à Gaza et en Cisjordanie continue de s’intensifier et de s’organiser. La construction de milliers de nouvelles maisons pour les colons israéliens en Cisjordanie est planifiée. À Gaza, le régime israélien construit une large route pour diviser complètement le nord et le sud du territoire. Une attaque terrestre à grande échelle sur Rafah, où s’entassent 1,2 million de Palestiniens, couperait entièrement le flux d’aide déjà insuffisant.

    Si cela dépend de l’extrême droite, toute la population palestinienne devrait disparaître de la bande de Gaza. Le Ministre des Finances et ministre délégué à la Défense Bezalel Smotrich dit depuis des années qu’il veut « aider les Palestiniens à partir ». Pour ceux qui ne veulent pas partir, il a d’autres solutions : « Soit je leur tire dessus, soit je les mets en prison, soit je les déporte. » Cette rhétorique génocidaire est de plus en plus transformée en actes. Il faut être clair : l’extrême droite israélienne encourage le génocide et le met même de plus en plus en pratique.

    L’indignation mondiale, la colère et la solidarité de masse avec les Palestiniens ont forcé les gouvernements à se montrer prudemment critiques. Leurs appels à mettre fin à l’offensive contre Gaza, à mettre en place des largages aériens et le ponton américain (qui ne serait là que dans deux mois au mieux) sont hypocrites, car parallèlement, le soutien militaire, économique et financier à Israël se poursuit.
    Seule une résistance de masse, dans la région et au niveau international, de la part du mouvement ouvrier, de la jeunesse et de toutes les personnes opprimées, peut arrêter ce processus génocidaire. Cela renforcerait également le mouvement anti-guerre opprimé et encore isolé au sein même d’Israël. Pour exiger quoi ? Un cessez-le-feu immédiat, suivi de la fin de l’occupation et du droit des Palestiniens à leur propre État.

    Nous nous opposons aux profiteurs de guerre, y compris en Belgique. Des entreprises comme OIP et Challenge jouent un rôle dans la fourniture d’armes. D’autres, comme Volvo et Cemex, fournissent des machines pour démolir des maisons ou construire des colonies. Solvay et IBM fournissent des équipements pour espionner les civils palestiniens. Belfius, KBC, Degroof Petercam et Ackermans & Van Haaren investissent des centaines de millions d’euros dans des entreprises impliquées dans les colonies israéliennes. Ces entreprises démontrent à quel point la logique capitaliste de profits alimente le bain de sang génocidaire. Cela souligne à quel point la lutte contre l’occupation est également une lutte contre le capitalisme.

    Intensifions notre action ! Il y a déjà eu des actions contre Challenge, Elbit ou encore au port d’Anvers. La licence d’exportation de PB Clermont a déjà été (provisoirement) retirée sous cette pression. Le syndicat indien des dockers a annoncé qu’il ne chargerait ni ne déchargerait plus de cargaisons d’armes à destination d’Israël.

    Ce qui se passe actuellement à Gaza trouve son origine dans des décennies d’occupation et de blocus par l’État capitaliste raciste d’Israël, dans l’exploitation de la main-d’œuvre arabe et juive et dans l’oppression nationale, le vol des terres et la négation du droit des Palestiniens à l’autodétermination.

    Nous lions le combat pour un cessez-le-feu permanent à la lutte pour la reconstruction de la Palestine. Cela nécessite des investissements collectifs massifs dans les soins de santé (y compris psychologiques), l’éducation, les services, la réhabilitation des quartiers pollués, la construction massive de logements et d’infrastructures de toutes sortes… sous contrôle démocratique afin d’éviter la corruption.
    Il y a suffisamment de ressources dans les poches de l’élite capitaliste régionale et impérialiste, qui s’enrichit par l’exploitation (néo)coloniale, l’industrie de l’armement et au détriment de l’autodétermination des peuples de la région. Imaginez que les ressources locales puissent être contrôlées démocratiquement et utilisées par la collectivité pour garantir l’égalité de toutes les nations et de tous les peuples avec de bonnes conditions de vie !

    Telle est l’alternative socialiste pour laquelle le PSL et Alternative Socialiste Internationale (ASI) se battent à travers le monde. Prenez contact avec nous et rejoignez-nous pour défendre une société socialiste et internationaliste !

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