Category: Moyen-Orient et Afrique du Nord

  • Gaza. La CGSP Brugmann mobilisĂ©e contre les attaques sur les hĂŽpitaux et la population civile

    Les membres du personnel de l’hĂŽpital, Ă  l’appel de la CGSP, se sont rassemblĂ©s hier pour exprimer leur colĂšre et solidaritĂ© avec celles et ceux victimes aujourd’hui de bombardements permanents et de manque de moyens pour soigner la population civile qui en a atrocement besoin.

    Nous reproduisons ici leur communiqué de presse ainsi que leurs photos de cette inspirante action de solidarité.

    Cette initiative vise Ă  dĂ©noncer les attaques dĂ©vastatrices dont font l’objet les hĂŽpitaux de Gaza, et qui ont pour consĂ©quences directes des souffrances inhumaines infligĂ©es Ă  la population civile privĂ©e de tout soins.

    Les agressions sans relĂąche de ces derniĂšres semaines sur les installations mĂ©dicales de Gaza ont atteint un niveau de cruautĂ© insoutenable. Plusieurs rapports officiels indiquent que des hĂŽpitaux, lieux de refuge et de premiers soins pour les blessĂ©s et les malades, ont Ă©tĂ© sciemment ciblĂ©s, entraĂźnant des pertes en vies humaines parmi la population civile et le personnel mĂ©dical qui continue malgrĂ© tout Ă  Ɠuvrer sans relĂąche. Cette attaque inacceptable contre le droit Ă  la santĂ© est une atteinte Ă  notre humanitĂ© commune et une violation flagrante du droit international.

    Nous estimons, en effet, qu’il est aujourd’hui impĂ©ratif que la communautĂ© internationale prenne des mesures immĂ©diates et dĂ©cisives pour mettre fin Ă  ces atrocitĂ©s. Pour nous, le silence Ă©quivaut Ă  de la complicitĂ© avec ces actes de barbarie. Il est donc temps de travailler activement Ă  un cessez le feu immĂ©diat et la fin du siĂšge de Gaza.

    En tant que syndicat engagĂ© dans la lutte pour la justice, pour la souverainetĂ© des peuples et pour le respect des droits humains, nous nous tenons aux cĂŽtĂ©s de la population palestinienne dans sa quĂȘte de libertĂ©, de dignitĂ© et de paix.

    Notre organisation syndicale soutient et protĂšge cet idĂ©al de fraternitĂ© international, dĂ©fendant la paix, l’unitĂ© et la solidaritĂ© entre les peuples. Et c’est dans cette solidaritĂ© universelle que rĂ©side notre force et notre espoir pour un avenir meilleur pour tout un chacun. Ensemble, nous sommes plus forts et nous disons non Ă  l’oppression et Ă  la guerre !

    Contact presse :

    Karim Brikci, permanent CGSP Brugmann – GSM 0485933756

  • Des milliers de personnes participent Ă  nouveau Ă  la grande manifestation pour Gaza Ă  Bruxelles

    Continuer Ă  parler de ce qui se passe Ă  Gaza, c’est absolument crucial. C’était largement partagĂ© par les plus de 10.000 manifestants venus renforcer la manifestation de ce dimanche Ă  Bruxelles. Il s’agissait dĂ©jĂ  de la cinquiĂšme manifestation nationale et la colĂšre reste bien entendu Ă©norme. Alors que nous semblons ĂȘtre au bord d’une invasion terrestre Ă  Rafah, il est plus que jamais nĂ©cessaire de descendre dans la rue.

    Netanyahou et son gouvernement d’extrĂȘme droite ne bougeront pas. Ils poursuivent leur campagne sanglante et bloquent les livraisons d’aide. Plus de 100 personnes ont Ă©tĂ© tuĂ©es lors du bombardement israĂ©lien d’un convoi d’aide dans la ville de Gaza Ă  la fin du mois de fĂ©vrier. La semaine derniĂšre, au moins 29 personnes ont Ă©tĂ© tuĂ©es lorsque des coups de feu ont Ă©tĂ© tirĂ©s sur un centre de distribution d’aide Ă  Gaza. La droite affirme que le rĂ©gime israĂ©lien dĂ©fend les valeurs dĂ©mocratiques et se trouve du cĂŽtĂ© des lumiĂšres, comme l’a dit Bart De Wever il y a quelques mois. Comment concilier ça avec les dizaines d’enfants morts et de bĂ©bĂ©s mourant de malnutrition ? MĂȘme Josep Borrell, Vice-prĂ©sident de la Commission europĂ©enne, doit bien admettre que la famine est utilisĂ©e comme une arme de guerre.

    Pendant ce temps, la rĂ©pression militaire Ă  Gaza et en Cisjordanie continue de s’intensifier et de s’organiser. Par exemple, il est prĂ©vu de construire des milliers de nouvelles maisons pour les colons israĂ©liens en Cisjordanie. À Gaza, le rĂ©gime israĂ©lien construit une large route pour diviser complĂštement le nord et le sud du territoire. Si cela dĂ©pend de l’extrĂȘme droite, toute la population palestinienne devrait disparaĂźtre de Gaza.

    Heureusement, le mouvement international de protestation contre cette politique se poursuit. Bien sĂ»r, il n’est pas possible de manifester par centaines de milliers chaque semaine pendant des mois, mais la protestation reste remarquablement forte aprĂšs cinq mois. La manifestation de Bruxelles a rassemblĂ© plus de 10.000 participants ; il s’agissait d’une longue chaĂźne de solidaritĂ© avec le peuple palestinien et de colĂšre face au dĂ©sastre humanitaire et Ă  la terreur de l’État israĂ©lien.

    Comme nous l’avons notĂ© dans le tract du PSL Ă  destination de cette manifestation, “seule une rĂ©sistance massive, dans la rĂ©gion et au niveau international, de la part du mouvement ouvrier, de la jeunesse et de tous les opprimĂ©s, peut arrĂȘter ce processus gĂ©nocidaire. Cela renforcerait Ă©galement le mouvement anti-guerre opprimĂ© et encore isolĂ© en IsraĂ«l. Pour exiger quoi ? Un cessez-le-feu immĂ©diat, suivi de la fin de l’occupation et du droit des Palestiniens Ă  leur propre Etat.”

    Nous nous opposons aux profiteurs de guerre, y compris en Belgique. Ainsi, une action est en prĂ©paration Ă  Namur pour exiger la fin des licences d’exportation vers IsraĂ«l d’armes et d’Ă©quipements destinĂ©s Ă  l’offensive et Ă  l’oppression des Palestiniens. Poursuivre la mobilisation et ne pas laisser tomber les bras, tel est le message. La manifestation de Bruxelles a montrĂ© le potentiel pour une telle action.

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  • Les fĂ©ministes anticapitalistes socialistes contre le massacre gĂ©nocidaire Ă  Gaza : intensifions la modilisation internationale!

    FĂ©ministes socialistes contre la guerre, l’impĂ©rialisme et le capitalisme : pour la libĂ©ration nationale et sociale de la Palestine, pour la fin de toutes les formes d’oppression et de “diviser pour rĂ©gner”

    Cette annĂ©e, Ă  l’occasion de la JournĂ©e internationale de lutte pour les droits des femmes, nous nous mobilisons pour intensifier la lutte contre la guerre gĂ©nocidaire contre Gaza, contre l’armement et le soutien impĂ©rialiste au capitalisme israĂ©lien ainsi que contre le siĂšge de Gaza et l’occupation. 

    À l’heure oĂč nous Ă©crivons ces lignes, mĂȘme l’Ă©tape insuffisante d’un cessez-le-feu temporaire n’a pas encore Ă©tĂ© franchie. Au contraire, les menaces d’extension de l’invasion Ă  Rafah et d’escalade de l’offensive en une guerre rĂ©gionale continuent de souligner les dangers de catastrophes encore plus horribles. Les attaques gĂ©nocidaires du rĂ©gime israĂ©lien ont dĂ©jĂ  massacrĂ© plus de 30.000 personnes Ă  Gaza – dont une majoritĂ© de femmes et d’enfants – et des milliers de personnes sont portĂ©es disparues sous les dĂ©combres. Le rĂ©gime israĂ©lien impose des conditions de famine, les mĂšres n’ayant plus de lait pour nourrir leurs enfants, des centaines de milliers de femmes menstruĂ©es et enceintes ayant Ă©tĂ© contraintes d’accoucher dans les dĂ©combres, tandis que des familles et des communautĂ©s entiĂšres ont Ă©tĂ© dĂ©cimĂ©es ou dĂ©placĂ©es dans des tentes, dans le froid, exposĂ©es Ă  la propagation rapide de maladies. 

    L’assaut gĂ©nocidaire contre Gaza se dĂ©veloppe parallĂšlement Ă  l’escalade de l’agression militaire et coloniale en Cisjordanie et Ă  JĂ©rusalem-Est occupĂ©e, Ă  l’accĂ©lĂ©ration du nettoyage ethnique dans cette rĂ©gion – ainsi que dans le Naqab/Negev – et Ă  la discrimination et la rĂ©pression politique suffocantes dans les territoires de 1948, y compris la chasse aux sorciĂšres nationaliste Ă  laquelle sont confrontĂ©s les Palestinien.ne.s. Tout cela fait partie d’un pic historique d’oppression nationale brutale et d’expropriation du peuple palestinien. SimultanĂ©ment, la lutte pour mettre fin Ă  l’assaut sanglant et Ă  l’oppression des Palestinien.ne.s fait Ă©galement partie intĂ©grante de la lutte internationale pour la libĂ©ration contre l’oppression de genre. 

    Ce n’est pas seulement parce que la catastrophe actuelle tue, blesse et pousse femmes et jeunes filles dans des conditions de survie horribles, ou parce que l’occupation met en danger la vie et le bien-ĂȘtre de centaines de milliers de femmes et de jeunes filles, mais aussi parce que, de maniĂšre gĂ©nĂ©rale, le mĂȘme systĂšme qui a engendrĂ© le dĂ©sastre historique actuel est responsable de la perpĂ©tuation et de l’aggravation de l’oppression de genre et des difficultĂ©s de vie des femmes de la classe travailleuse et des femmes pauvres Ă  l’Ă©chelle mondiale. Le fĂ©minisme socialiste repose sur la lutte contre l’oppression et l’exploitation partout de mĂȘme que sur la lutte de la classe travailleuse en faveur d’une alternative socialiste au systĂšme en crise des classes dirigeantes. La lutte contre l’assaut israĂ©lien sur Gaza et l’occupation ainsi que contre ses soutiens impĂ©rialistes fait partie intĂ©grante de la lutte contre le systĂšme capitaliste impĂ©rialiste mondial qui perpĂ©tue violence, guerres et domination.

    L’oppression nationale, le colonialisme et l’impĂ©rialisme engendrent et normalisent la violence sociale et la misogynie. Nous nous opposons Ă  toute utilisation du viol et des agressions sexuelles comme arme de guerre. Des rapports font Ă©tat de soldats de l’occupation israĂ©lienne et de gardiens de prison agressant sexuellement des Palestinien.ne.s, ainsi que de colons et de soldats israĂ©liens attaquant des Palestinien.ne.s en Cisjordanie. Les violences sexuelles commises par le Hamas et d’autres milices lors de l’attaque du 7 octobre ont Ă©tĂ© cyniquement exploitĂ©es de maniĂšre dĂ©magogique et manipulatrice par les reprĂ©sentants de l’État israĂ©lien pour justifier les horreurs que l’attaque gĂ©nocidaire de l’État israĂ©lien a infligĂ©es au cours des cinq derniers mois. Le rapport scandaleux du New York Times n’a pas Ă©tĂ© publiĂ© par empathie pour les victimes israĂ©liennes d’abus sexuels, mais plutĂŽt pour justifier le soutien du Times Ă  la guerre gĂ©nocidaire, alimentant potentiellement aussi des tropes islamophobes et racistes. 

    Cependant, comme l’ont soulignĂ© les organisations fĂ©ministes palestiniennes opĂ©rant dans les territoires de 1948, il convient de croire les rapports crĂ©dibles (tels que celui de Physcians for Human Rights) faisant Ă©tat de violences sexuelles Ă  l’encontre de femmes et de jeunes filles israĂ©liennes le 7 octobre et de s’opposer sans Ă©quivoque aux actions dĂ©crites, parallĂšlement Ă  d’autres mĂ©thodes rĂ©actionnaires, telles que le meurtre et l’enlĂšvement de femmes, de jeunes filles et d’autres personnes. Cela est Ă©galement nĂ©cessaire du point de vue de la lutte de libĂ©ration palestinienne face au terrorisme d’État israĂ©lien. Ces mĂ©thodes et programmes rĂ©actionnaires ne peuvent pas Ă©branler l’occupation israĂ©lienne. Cela le renforce au contraire dans son assaut sanglant contre les Palestinien.ne.s. Les fĂ©ministes ne doivent pas ignorer les autres oppressions, mais doivent s’opposer partout au terrorisme d’État israĂ©lien, Ă  la destruction, au dĂ©placement de population, aux meurtres, Ă  la torture, Ă  la violence sexuelle ainsi qu’à la violence d’État et des colons de toutes sortes.

    Dans le monde entier, les femmes ont jouĂ© un rĂŽle de premier plan dans la lutte contre l’oppression nationale, le colonialisme et l’impĂ©rialisme. Les femmes font partie intĂ©grante de la lutte pour la libĂ©ration nationale palestinienne depuis ses dĂ©buts dans la Palestine d’avant 1948, au fil des dĂ©cennies, et surtout pendant la premiĂšre Intifada. Les femmes palestiniennes se sont organisĂ©es, ont manifestĂ© et se sont battues contre l’oppression du rĂ©gime israĂ©lien. Ces derniĂšres annĂ©es, les femmes palestiniennes ont Ă©tĂ© au premier plan des Marches du retour de 2018 Ă  Gaza, ainsi que de la manifestation de masse intercommunautaire et de la grĂšve des femmes contre le fĂ©minicide dans les territoires de 1948, auxquelles ont participĂ© des femmes palestiniennes-arabes et israĂ©liennes-juives. La grĂšve de la dignitĂ© de 2021 fut une dĂ©monstration de force puissante qui a vu la participation de Palestinien.ne.s de tous les genres.

    Aujourd’hui, dans le cadre de cette guerre gĂ©nocidaire, de ce nettoyage ethnique et de cette oppression nationale, des femmes de Gaza et des Palestiniennes de tous Ăąges ont hĂ©roĂŻquement survĂ©cu Ă  ce qui ne peut ĂȘtre dĂ©crit que comme l’enfer sur Terre. À l’Ă©chelle internationale, des millions de personnes sont descendues dans les rues pour manifester leur solidaritĂ©. Ces derniĂšres annĂ©es, au niveau mondial et dans l’ensemble du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, les femmes ont pris la tĂȘte de manifestations et de rĂ©voltes contre l’oppression, qu’il s’agisse du soulĂšvement “Femmes, vie, libertĂ©â€ en Iran qui a Ă©clatĂ© Ă  la suite du meurtre brutal de Jina Mahsa Amini, une jeune femme kurde, par la “police de la moralitĂ©â€, ou des mouvements en Tunisie, au Soudan, au Liban et dans d’autres pays encore. La rĂ©gion est particuliĂšrement touchĂ©e par la crise capitaliste, l’inflation et l’explosion des prix des denrĂ©es alimentaires, ainsi que par la catastrophe climatique.

    Comment mettre fin à la guerre génocidaire

    Nous appelons les syndicats Ă  travers le monde Ă  reprendre Ă  leur compte la demande des syndicats palestiniens du 16 octobre de “mettre fin Ă  toute complicitĂ©, d’arrĂȘter d’armer IsraĂ«l” et d’aller plus loin dans l’action de solidaritĂ© de masse. 

    Au cours des derniers mois, nous avons assisté à des manifestations et des protestations de masse dans le monde entier :

    • Des mobilisations de masse ont vu le jour du Royaume-Uni au YĂ©men en passant par l’Afrique du Sud.
    • Des structures syndicales belges ont appelĂ© leurs membres Ă  refuser de manutentionner du matĂ©riel militaire Ă  destination d’IsraĂ«l.
    • Aux États-Unis et au Canada, les manifestations ont bloquĂ© l’expĂ©dition de matĂ©riel militaire vers IsraĂ«l. 
    • En Inde, une fĂ©dĂ©ration syndicale reprĂ©sentant les travailleurs de 11 grands ports du pays a dĂ©clarĂ© qu’elle refusait de manutentionner des armes Ă  destination d’IsraĂ«l.
    • Plusieurs manifestations ont eu lieu en Egypte, y compris tout rĂ©cemment de la part de centaines de journalistes, demandant l’arrĂȘt de l’offensive et du siĂšge de Gaza, de mĂȘme que l’ouverture du point de passage de Rafah. Des manifestations de milliers de personnes, ainsi que des marches vers la frontiĂšre, ont Ă©galement Ă©tĂ© organisĂ©es en Jordanie. Ces rĂ©gimes, qui craignent pour leur stabilitĂ© et leurs intĂ©rĂȘts dans le cadre de leurs collaborations stratĂ©giques avec l’occupation israĂ©lienne et l’impĂ©rialisme amĂ©ricain, ont rĂ©pondu par une rĂ©pression brutale des manifestations et aussi sur les rĂ©seaux sociaux.

    Ces actions des travailleurs doivent ĂȘtre organisĂ©es de maniĂšre plus systĂ©matique afin de bloquer efficacement la machine de guerre israĂ©lienne. Tous les syndicats doivent intensifier cette lutte ! Ne laissons pas les rĂ©gimes impĂ©rialistes qui soutiennent les attaques gĂ©nocidaires d’IsraĂ«l s’en tirer en faisant comme si de rien n’Ă©tait. 

    Organisons-nous pour mettre fin Ă  la guerre gĂ©nocidaire, Ă  l’impĂ©rialisme et au colonialisme, un combat liĂ© Ă  la lutte anticapitaliste et en faveur des droits des femmes et des personnes LGBTQIA+.  Nous luttons pour la vie, la libĂ©ration et le bien-ĂȘtre des gens ordinaires dans le monde entier, pour mettre fin Ă  l’occupation, au siĂšge et Ă  l’oppression nationale du peuple palestinien, et pour stopper l’intervention impĂ©rialiste au Moyen-Orient et la menace d’une guerre rĂ©gionale.

    Pour mettre fin Ă  la guerre gĂ©nocidaire Ă  Gaza et obtenir une vĂ©ritable libĂ©ration palestinienne, la solidaritĂ© rĂ©gionale et internationale est nĂ©cessaire. Cependant, nos vĂ©ritables alliĂ©s dans la rĂ©gion sont les travailleurs, les pauvres et les opprimĂ©s et non les tribunaux internationaux, l’ONU ou les gouvernements rĂ©actionnaires de la rĂ©gion.

    Une action de masse dans toute la rĂ©gion est nĂ©cessaire pour mener Ă  bien ce projet, ainsi qu’une solidaritĂ© et une action internationales de masse. C’est pourquoi nous appelons Ă  faire de la JournĂ©e internationale de lutte pour les droits des femmes une journĂ©e d’action contre l’offensive et l’occupation israĂ©liennes, une lutte Ă©galement Ă  poursuivre aprĂšs le 8 mars.

    Ce que nous défendons

    Les institutions internationales et les gouvernements capitalistes occidentaux ont une fois de plus illustrĂ© qu’ils acceptent les attaques gĂ©nocidaires afin de prĂ©server les intĂ©rĂȘts de leurs classes dirigeantes. De Milei en Argentine Ă  l’AfD en Allemagne, l’extrĂȘme droite ainsi que divers gouvernements exploitent la situation pour attiser criminellement le racisme et l’islamophobie et justifier l’horrible massacre. La lutte fĂ©ministe socialiste contre l’impĂ©rialisme doit prendre en charge la lutte contre l’islamophobie, l’antisĂ©mitisme et toute forme de racisme et de division afin de construire une rĂ©sistance tangible contre la menace de l’extrĂȘme droite.

    Les fĂ©ministes socialistes n’ont aucune confiance envers les institutions internationales telles que la Cour internationale de Justice, l’ONU ou les puissances capitalistes occidentales. En laissant les attaques gĂ©nocidaires se poursuivre, en rĂ©duisant le financement de l’UNRWA (Office de secours et de travaux des Nations unies pour les rĂ©fugiĂ©s de Palestine dans le Proche-Orient) et en armant activement la machine de guerre israĂ©lienne, les gouvernements et les institutions capitalistes ont prouvĂ© Ă  maintes reprises que leur façade de dĂ©mocratie est creuse lorsque leurs intĂ©rĂȘts Ă©conomiques et stratĂ©giques sont en jeu. Dans le meilleur des cas, certains se contentent d’un soutien symbolique. Quoi qu’il en soit, ils ne mettront pas fin Ă  l’occupation et Ă  l’oppression profondĂ©ment enracinĂ©e des Palestinien.ne.s et continueront Ă  s’en prendre aux femmes et Ă  la classe travailleuse, poussant le monde vers de nouvelles catastrophes.

    La complicitĂ© continue des rĂ©gimes arabes bourgeois face au carnage incessant du peuple palestinien souligne, une fois de plus, qu’aucune consolation ni solution ne peut venir de ces rĂ©gimes oppressifs, autoritaires et corrompus. Les paroles creuses des Ă©lites dirigeantes de la rĂ©gion Ă  l’encontre du rĂ©gime israĂ©lien ne font que reflĂ©ter la pression sociale qu’elles subissent – elles s’inquiĂštent de l’effet que cela aura sur leur propre stabilitĂ©. 

    Ces rĂ©gimes ne sont pas les amis des opprimĂ©.e.s. De nombreux pays du Moyen-Orient et du Golfe appliquent encore des lois qui imposent l’obĂ©issance des femmes Ă  leur mari, les empĂȘchent de se dĂ©placer librement, de voyager Ă  l’Ă©tranger ou de travailler sans l’autorisation d’un tuteur masculin. Les Houthis au YĂ©men, qui prĂ©tendent dĂ©fendre le peuple palestinien par leurs attaques en mer Rouge, Ă©touffent Ă©galement les droits des femmes dans leur pays, notamment en renforçant les lois sur la tutelle masculine, mais aussi par des politiques de droite pro-capitalistes dĂ©sastreuses. 

    Les impĂ©rialismes russe et chinois ne constituent pas une alternative. Nous nous trouvons aux cĂŽtĂ©s des travailleurs, des femmes, des personnes LGBTQIA+ et des luttes de libĂ©ration nationale qui se battent contre ces rĂ©gimes brutalement oppressifs. L’occupation israĂ©lienne et les rĂ©gimes impĂ©rialistes occidentaux utilisent cyniquement l’idĂ©ologie rĂ©actionnaire du Hamas pour justifier leurs attaques contre tou.te.s les habitant.e.s de Gaza, y compris les femmes palestiniennes et les personnes LGBTQIA+, parfois mĂȘme en utilisant hypocritement une rhĂ©torique “pro-femmes”. Mais comme la rĂ©pression du soulĂšvement “Femmes, vie, libertĂ©â€ par le rĂ©gime iranien brutal l’a montrĂ© une fois de plus, les postures des rĂ©gimes d’oppression barbares en tant que champions des personnes opprimĂ©es ne sont rien d’autre que de cyniques paroles en l’air.

    L’AutoritĂ© palestinienne, attaquĂ©e et en proie Ă  une grave crise financiĂšre provoquĂ©e par le rĂ©gime d’occupation, a rĂ©primĂ© les manifestations palestiniennes et s’est rĂ©vĂ©lĂ©e ĂȘtre un sous-traitant de l’occupation israĂ©lienne. Bien que considĂ©rĂ© par certains comme une alternative “militante” Ă  l’AP contrĂŽlĂ©e par le Fatah, le Hamas, basĂ© sur une idĂ©ologie islamiste de droite pro-capitaliste, a finalement dĂ©montrĂ© que son programme et ses mĂ©thodes constituent une impasse dans la lutte contre le siĂšge de Gaza, l’occupation et l’oppression. Le Hamas ne s’appuye pas sur une lutte indĂ©pendante et dĂ©mocratique des masses palestiniennes et de la classe travailleuse en tant qu’agents du changement social. L’attaque du 7 octobre menĂ©e par le Hamas reposait sur un effet de choc visant Ă  mobiliser des puissances capitalistes. Elle ne visait pas la mobilisation de la force rĂ©volutionnaire potentielle des masses palestiniennes. Le Hamas aspire Ă  un État autoritaire sur le modĂšle de la dictature iranienne, ce qui serait dĂ©sastreux pour le peuple palestinien, en particulier pour les femmes et les personnes LGBTQIA+. La seule voie viable pour la libĂ©ration nationale et sociale des Palestinien.ne.s passe par une lutte de masse indĂ©pendante, organisĂ©e dĂ©mocratiquement, comprenant des comitĂ©s populaires Ă©lus qui pourraient aider Ă  organiser des actions et une dĂ©fense armĂ©e dans le meilleur intĂ©rĂȘt du mouvement. Nous sommes en faveur d’une nouvelle intifada populaire et dĂ©mocratique ainis que pour l’intensification des mobilisations et des actions de solidaritĂ© internationale.

    Nous luttons pour mettre fin Ă  la guerre et pour renverser le rĂ©gime de siĂšge, d’occupation et d’oppression. Nous appelons Ă  un Ă©change “tou.te.s contre tou.te.s” et Ă  la fin des enlĂšvements et des incarcĂ©rations de masse de Palestinien.ne.s. Nous demandons l’arrĂȘt de tout soutien impĂ©rialiste Ă  l’occupation et l’arrĂȘt des attaques contre l’UNRWA. Toutes les forces militaires et Ă©tatiques israĂ©liennes doivent impĂ©rativement quitter Gaza et la Cisjordanie. Il faut mettre un terme aux projets de colonisation ainsi qu’à toutes les politiques discriminatoires et racistes qui soutiennent la logique du nettoyage ethnique de masse de la Nakba de 1948. Nous luttons pour la pleine Ă©galitĂ© et la libĂ©ration pour tou.te.s : pour des investissements publics massifs dans la reconstruction complĂšte des communautĂ©s d’une Gaza libre et de toutes les communautĂ©s de la rĂ©gion touchĂ©e par la crise et la guerre, sur base dĂ©mocratique. La classe dirigeante israĂ©lienne, les riches oligarchies de la rĂ©gion et les classes dirigeantes des puissances impĂ©rialistes mondiales doivent en supporter les coĂ»ts financiers. 

    Nous sommes pour la libĂ©ration nationale et sociale du peuple palestinien. Ne prĂȘtons aucune confiance aux discours des impĂ©rialistes qui prĂ©tendent soutenir un État palestinien alors qu’ils veulent poursuivre l’oppression nationale sous d’autres formes, par le biais d’une AutoritĂ© palestinienne “revue”, c’est-Ă -dire d’un Etat fantoche dans el meilleur des cas.

    Pour lutter efficacement en faveur d’une vĂ©ritable libĂ©ration pour tou.te.s, nous devons construire une alternative politique, une lutte rĂ©volutionnaire reposant sur un programme politique fĂ©ministe socialiste. La lutte contre l’oppression fait partie de la lutte nĂ©cessaire pour renverser le capitalisme et l’impĂ©rialisme et pour construire une sociĂ©tĂ© socialiste qui ne laisse personne de cĂŽtĂ©. Nous luttons pour renverser tous les rĂ©gimes oppresseurs, dans le cadre d’une lutte pour une transformation socialiste dans la rĂ©gion, afin de permettre l’utilisation dĂ©mocratique des vastes ressources de la rĂ©gion dans le but de garantir de bonnes conditions de vie et une Ă©galitĂ© entre toutes les nations, comprenant donc le droit Ă  l’autodĂ©termination ainsi que le droit au retour. 

    Les femmes de la classe travailleuse ont toujours jouĂ© un rĂŽle essentiel dans tous les mouvements anti-guerre de l’histoire. Faisons de cette journĂ©e internationale de lutte pour les droits de femmes une dĂ©monstration de force dans la lutte contre la guerre gĂ©nocidaire Ă  Gaza et poursuivons la lutte pour la libĂ©ration nationale palestinienne aprĂšs le 8 mars. Nous devons peser de tout notre poids dans la lutte contre la guerre et l’occupation – et contre toutes les formes d’exploitation et d’oppression !

  • Palestine/IsraĂ«l, quelques leçons de l’histoire de l’oppression des masses palestiniennes

    Contre l’impasse de l’impĂ©rialisme, l’issue de la classe travailleuse

    C’est un vĂ©ritable enfer qui continue de s’abattre sur Gaza. En Ă  peine plus de trois mois, approximativement 1,5% de la population a Ă©tĂ© tuĂ©e, pourcentage similaire Ă  celui des personnes qui ont trouvĂ© la mort en France durant les cinq ans qu’a durĂ© la Seconde guerre mondiale. Parmi les morts, environ 75 % de femmes, enfants et vieillards.

    AprĂšs 43 jours passĂ©s dans les hĂŽpitaux du nord de la bande de Gaza, Ghassan Abu Sitta, un chirurgien britannico-palestinien spĂ©cialisĂ© dans les blessures de guerre, a expliquĂ© que l’intensitĂ© de l’offensive israĂ©lienne dĂ©passe tout ce qu’il a dĂ©jĂ  connu prĂ©cĂ©demment Ă  Gaza, en Irak, en Syrie, au YĂ©men ou encore au sud-Liban. « C’est la diffĂ©rence entre une inondation et un tsunami, l’ampleur est complĂštement diffĂ©rente », a-t-il commentĂ© Ă  l’agence de presse AFP.

    Il assure Ă©galement avoir soignĂ© des brĂ»lures au phosphore blanc, une arme chimique proscrite par le droit international Ă  la blessure trĂšs caractĂ©ristique puisqu’elle « continue de brĂ»ler jusqu’aux parties les plus profondes du corps, jusqu’à atteindre l’os. » L’ONG britannique Save the Children a indiquĂ© qu’en trois mois de bombardement, l’armĂ©e israĂ©lienne avait tuĂ© Ă  Gaza un nombre d’enfants supĂ©rieur Ă  celui des enfants tuĂ©s chaque annĂ©e depuis 2019 dans toutes les zones de conflit du monde. Le prĂ©texte officiel du gouvernement israĂ©lien « d’éradiquer » le Hamas est parfaitement grotesque.

    C’est d’autant plus hypocrite que le Hamas a longtemps Ă©tĂ© favorisĂ© par les autoritĂ©s israĂ©liennes et le Mossad, les services secrets extĂ©rieurs israĂ©liens, dans le but d’affaiblir le Fatah de Yasser Arafat et l’Organisation de libĂ©ration de la Palestine (OLP). Quand, en 1981, le gouvernement Ă©gyptien a expulsĂ© des dizaines de militants islamistes Ă©gyptiens aprĂšs l’assassinat du dictateur El-Sadate (tuĂ© notamment en raison de son rapprochement avec IsraĂ«l), Ariel Sharon, ministre de la DĂ©fense de l’époque, les a autorisĂ©s Ă  s’installer Ă  Gaza. Nombre d’entre eux seront ensuite dirigeants du Hamas et du Djihad islamique.

    Peu aprĂšs, IsraĂ«l a autorisĂ© (il serait mĂȘme question d’un soutien matĂ©riel) la construction de l’immeuble de l’Association islamique dont les membres allaient rĂ©guliĂšrement saccager les bureaux du Croissant rouge palestinien, proche du Parti communiste et de l’OLP. Pour le journaliste Charles Enderlin « La bienveillance israĂ©lienne ira jusqu’à juguler l’opposition aux islamistes. Les Ă©tudiants qui osent leur porter la contradiction au cours de dĂ©bats publics se retrouveront derriĂšre les barreaux. »(1) Le soutien aux fondamentalistes islamistes afin de saper celui dont disposent les forces de gauche ou nationalistes figurait en bonne place dans les manuels de la CIA et de ses alliĂ©s. En Afghanistan, c’est la mĂȘme logique qui a poussĂ© les États-Unis Ă  soutenir avec enthousiasme le dĂ©veloppement des talibans. Des fondamentalistes religieux aux narcotrafiquants, l’impĂ©rialisme a créé de nombreux monstres de Frankenstein Ă  travers le monde.

    Dans l’espoir d’obtenir elles-mĂȘmes une part du gĂąteau, les Ă©lites rĂ©gionales ont acceptĂ© l’oppression impĂ©rialiste. La Jordanie avait manƓuvrĂ© pour accaparer la Cisjordnaie, le roi Abdallah payant de sa vie en 1951 sa rivalitĂ© avec l’indĂ©pendantisme palestinien. IsraĂ«l a reçu des renseignements cruciaux d’Hassan II du Maroc (avant la guerre des six jours) et d’Hussein de Jordanie (avant la guerre du Kippour). À la suite des accords d’Oslo (1993), la direction de l’OLP a acceptĂ© de devenir le sous-traitant de l’occupation israĂ©lienne. À l’exception de l’Iran, les rĂ©gimes de la rĂ©gion ont peu Ă  peu normalisĂ© leurs relations avec l’État israĂ©lien tandis que les Nations unies consolidaient l’occupation.

    Le droit du peuple palestinien Ă  l’autodĂ©termination n’était rĂ©ellement Ă  l’ordre du jour que lorsque la lutte de masse l’imposait. Ce fut le cas lors de la grĂšve gĂ©nĂ©rale de 1936 et de la premiĂšre Intifada (1987-93). À chaque fois, les masses se sont organisĂ©es Ă  partir de la base et ont pu compter sur une solidaritĂ© rĂ©gionale et internationale croissante.

    Plus fondamentalement, il est Ă©videmment impossible d’en finir avec les violences sans en finir avec le rĂ©gime d’occupation et avec l’oppression des masses palestiniennes. La responsabilitĂ© en incombe bien sĂ»r Ă  l’État sioniste d’IsraĂ«l, mais Ă©galement aux puissances impĂ©rialistes ainsi qu’aux rĂ©gimes dictatoriaux arabes de la rĂ©gion.

    L’autodĂ©termination palestinienne sabotĂ©e par les grandes puissances et les Ă©lites rĂ©gionales depuis plus d’un siĂšcle

    Avant mĂȘme la fin de la PremiĂšre guerre mondiale, la France et le Royaume-Uni se sont entendus, avec l’aval de la Russie tsariste, sur le dĂ©peçage de l’Empire Ottoman et l’extension de leur domination coloniale. En mai 1916 dĂ©jĂ , les accords secrets Sykes-Picot prĂ©voyaient de dĂ©couper le Proche-Orient en plusieurs zones d’influence ou d’administration directe, contrairement aux promesses d’indĂ©pendance faites au porte-parole de la nation arabe, le chĂ©rif Hussein.

    Si ces accords secrets ont Ă©tĂ© rĂ©vĂ©lĂ©s au grand jour, c’est grĂące Ă  la rĂ©volution russe de 1917. Le premier dĂ©cret du pouvoir soviĂ©tique, le dĂ©cret sur la paix, avait proclamĂ© l’opposition Ă  toute diplomatie secrĂšte impĂ©rialiste. Pour la premiĂšre fois, une loi proclamait l’égalitĂ© de toutes les nations et leur droit Ă  l’autodĂ©termination. Les actes ont suivi avec l’octroi de l’indĂ©pendance Ă  la Finlande, Ă  la Pologne et Ă  d’autres pays prĂ©cĂ©demment intĂ©grĂ©s de force dans l’Empire de Russie.

    Les accords Sykes-Picot ont Ă©tĂ© qualifiĂ©s par LĂ©nine de « traitĂ© de brigands coloniaux ». Parmi les documents trouvĂ©s figurait une carte traversĂ©e de traits de crayon Ă  papier : le prĂ©lude Ă  la balkanisation impĂ©rialiste de toute la rĂ©gion. C’est Trotsky, en sa qualitĂ© de Commissaire du Peuple aux Affaires Ă©trangĂšres, qui a publiĂ© le traitĂ© dans les journaux soviĂ©tiques en novembre 1917 avant que la nouvelle ne fasse Ă©galement grand bruit Ă  l’étranger.

    Les États-nations du Moyen-Orient tels que nous les connaissons aujourd’hui furent dessinĂ©s en 1920, Ă  la confĂ©rence de San Remo, en fonction des intĂ©rĂȘts stratĂ©giques et financiers des impĂ©rialismes français et britannique. C’est Ă  cette date que la Palestine s’est retrouvĂ©e placĂ©e sous mandat britannique. Les terribles bains de sang et horreurs qui affectent toujours aujourd’hui les masses de toute la rĂ©gion dĂ©coulent directement de lĂ . Les premiers coupables sont Ă  chercher Ă  Londres, Paris et Washington.

    Pour tenter de garder leur contrĂŽle de ce dĂ©coupage arbitraire, les peuples, notamment juifs et arabes, ont Ă©tĂ© montĂ©s les uns contre les autres, Ă  l’image de l’Inde oĂč les Hindouistes ont Ă©tĂ© opposĂ©s aux Musulmans. C’est de cette façon que l’impĂ©rialisme s’est toujours imposĂ© : diviser pour mieux rĂ©gner.

    La force de la résistance par en bas : la grÚve générale de 1936

    HĂ©las, sur place, les dirigeants du mouvement ouvrier sont rentrĂ©s dans ce jeu dĂ©sastreux. En mars 1936, le trotskyste amĂ©ricain FĂ©lix Morrow Ă©crivait Ă  ce sujet : « En Palestine aussi, une rĂ©orientation dĂ©cisive du prolĂ©tariat juif est nĂ©cessaire. DirigĂ©s par le Mapai(2), les travailleurs juifs ont poursuivi la fausse politique de chercher Ă  construire une patrie juive sous le capitalisme. Au nom de cette illusion, ils se sont Ă©loignĂ©s de plus en plus de leurs alliĂ©s naturels, les paysans et les ouvriers arabes. Dans l’unitĂ© permanente au sein de l’Agence juive(3), ces soi-disant dirigeants socialistes-sionistes ont pratiquĂ© la collaboration de classe la plus grossiĂšre avec la bourgeoisie juive ; ils se sont prosternĂ©s devant l’impĂ©rialisme britannique ; ils ont brandi des slogans chauvins de travail juif pour les Juifs seulement et d’achat de produits fabriquĂ©s par les Juifs seulement ; ils ont rĂ©duit les salaires pour faire face Ă  la concurrence arabe au lieu de s’unir avec les Arabes dans des syndicats uniques ; ils ont dressĂ© des piquets de grĂšve lĂ  oĂč les Juifs osaient employer de la main-d’Ɠuvre arabe. Ils ont rendu infiniment plus facile la tĂąche des classes dirigeantes arabes, qui ont transformĂ© le mĂ©contentement de l’ouvrier arabe pour en faire le vecteur d’émeutes antijuives.

    « Ce qu’il faut, si les masses juives veulent faire un pas rĂ©el vers une Palestine libre, si les masses juives ne veulent pas ĂȘtre massacrĂ©es par une attaque arabe gĂ©nĂ©ralisĂ©e, c’est mettre fin Ă  la collaboration avec l’impĂ©rialisme britannique et la bourgeoisie juive, et se tourner vers l’unitĂ© avec les masses arabes. La lutte des Arabes et des Juifs contre l’impĂ©rialisme britannique est un slogan qui sera combattu non seulement par les sionistes, mais Ă©galement par les propriĂ©taires terriens et la bourgeoisie arabes. »(4)

    Un mois plus tard Ă©clatait la grande grĂšve de 1936, qui dura 6 mois et mobilisa les masses palestiniennes contre la colonisation, mais aussi pour l’arrĂȘt de l’immigration juive. Des soulĂšvements anticoloniaux se dĂ©veloppaient dans toute la rĂ©gion et, en Syrie, une grĂšve gĂ©nĂ©rale venait d’arracher au Mandat français des concessions dans le sens de l’accession Ă  l’indĂ©pendance. Mais les dirigeants de la sociĂ©tĂ© palestinienne dĂ©siraient utiliser les masses comme simple moyen de pression sur l’Angleterre pour obtenir des concessions aux classes supĂ©rieures arabes. Celles-ci prĂ©fĂ©raient largement l’éclatement de rĂ©voltes armĂ©es (comme ce fut le cas en 1921, 1929, 1933 et 1935) qui ne menaçaient pas leur exploitation des masses pauvres.

    La grĂšve prit de court les sionistes, les Britanniques et surtout les chefs palestiniens eux-mĂȘmes. Pendant six mois, les masses palestiniennes ont vĂ©cu une organisation et un pouvoir propres, dĂ©tachĂ©s de l’État mandataire. Le mouvement de grĂšve s’est apaisĂ© en octobre et, Ă  partir de lĂ , les Ă©lĂ©ments de lutte armĂ©e ont rĂ©solument pris le dessus, y compris entre clans arabes eux-mĂȘmes, jusqu’en 1939, quand l’impĂ©rialisme britannique a cĂ©dĂ© des concessions limitĂ©es pour attirer la population arabe dans son camp dans la guerre contre l’Allemagne nazie.

    Durant toute cette pĂ©riode, le Parti communiste palestinien suivait les ordres de Moscou oĂč, en raison de l’isolement de la rĂ©volution dans la seule Russie Ă©conomiquement arriĂ©rĂ©e et dĂ©truite, la bureaucratie avait usurpĂ© le pouvoir. Dans les colonies, la politique stalinienne dictait de suivre docilement les dirigeants nationalistes. Chaque politicien arabe Ă©tait considĂ©rĂ© comme un “combattant sĂ©rieux contre l’impĂ©rialisme britannique” mĂȘme si certains d’entre eux avaient pris contact avec l’Allemagne nazie. Les pogroms commis contre les Juifs en Palestine Ă©taient analysĂ©s comme autant de « poussĂ©es rĂ©volutionnaires ».

    AprĂšs la Seconde guerre mondiale, Staline et l’Union soviĂ©tique ont opĂ©rĂ© un zigzag en soutenant le Plan de partage de la Palestine prĂ©sentĂ© Ă  l’ONU en novembre 1947, non seulement de façon diplomatique mais aussi via des livraisons d’armes tchĂ©coslovaques ainsi qu’en favorisant l’émigration des Juifs du bloc de l’Est en constitution. La bureaucratie stalinienne estimait alors qu’il s’agissait du plus sĂ»r moyen d’affaiblir la Grande-Bretagne.

    L’impĂ©rialisme permet la crĂ©ation de l’État d’IsraĂ«l

    L’intensification des persĂ©cutions contre les juifs, la montĂ©e du fascisme et l’horrible massacre industrialisĂ© de l’Holocauste ont eu un impact considĂ©rable sur les consciences et le dĂ©bat sur l’État d’IsraĂ«l. Une grande contradiction existait entre la nĂ©cessitĂ© pratique d’émigrer pour des millions de Juifs et le manque d’options en termes de destination.

    Nos prĂ©dĂ©cesseurs britanniques du Revolutionnary Communist Party (RCP) se sont opposĂ©s au projet. Ils expliquaient en aoĂ»t 1946 dans leur journal Socialist Appeal : « cela soulĂšverait invariablement le violent antagonisme des Arabes en Palestine et dans tout le Moyen-Orient. L’antisĂ©mitisme serait simplement transfĂ©rĂ© de l’Europe vers les pays arabes. (
) Les impĂ©rialistes ferment leur porte mais ils veulent Ă  tout prix dĂ©cider pour les Arabes. »

    A titre d’exemple, entre 1940 et 1948, les États-Unis n’ont accueilli en tout et pour tout que 57.000 Juifs europĂ©ens. Pourtant, en 1947, un sondage mettait en avant que 50% des survivants des camps de concentration dĂ©siraient s’y rendre plutĂŽt qu’en Palestine.(5) Le RCP continuait : « La sainte horreur avec laquelle les puissances alliĂ©es ont considĂ©rĂ© l’extermination des juifs se rĂ©vĂšle totalement hypocrite. Si Staline avait reprĂ©sentĂ© les intĂ©rĂȘts vĂ©ritables du socialisme, il aurait affirmĂ© la volontĂ© de l’URSS d’accueillir les rĂ©fugiĂ©s dĂ©sirant trouver un abri en Russie, puisqu’il y a pĂ©nurie de main d’Ɠuvre. Mais les frontiĂšres de l’URSS restent hermĂ©tiquement fermĂ©es. De mĂȘme, la Grande-Bretagne et l’AmĂ©rique, malgrĂ© leurs Ă©normes richesses et leurs ressources, ne sont pas prĂ©parĂ©es Ă  donner le droit dĂ©mocratique d’asile Ă  ceux qui le demandent. Ces pays proposent, au contraire, le palliatif de la Palestine. »(6)

    En novembre 1947, la Palestine historique ne comptait plus qu’un tiers de Juifs, rĂ©partis Ă  l’époque sur 14 % du territoire. Le Plan de partage de l’ONU prĂ©voyait que la population juive reçoive 55 % du territoire. Cette solution signifiait Ă©videmment le dĂ©placement forcĂ© de centaines de milliers de Palestiniens. Ce fut la Nakba, en 1948, la « catastrophe » : 85% des villages palestiniens ont Ă©tĂ© vidĂ©s de leurs habitants. Dans de nombreux cas, mĂȘme aprĂšs la reddition du village, les habitants ont Ă©tĂ© tuĂ©s par balles. Au total, plus de 700.000 Palestiniens ont Ă©tĂ© chassĂ©s de chez eux. Aujourd’hui encore, des familles vivent dans des camps de rĂ©fugiĂ©s aux conditions Ă©pouvantables. Pour survivre, l’État juif devait ĂȘtre surmilitarisĂ© et devenir un instrument de l’impĂ©rialisme. C’est ainsi que le crime de l’antisĂ©mitisme a conduit au crime du sionisme, un crime contre le peuple palestinien.

    Quelle stratégie pour la libération palestinienne ?

    Nos prĂ©curseurs se sont opposĂ©s Ă  la crĂ©ation de l’État israĂ©lien en Palestine il y a 70 ans, prĂ©voyant qu’il n’apporterait pas la sĂ©curitĂ© aux Juifs et qu’il serait synonyme de souffrance pour les Palestiniens. À la veille de la Nakba, une sĂ©rie de grĂšves avait pourtant transcendĂ© les frontiĂšres communautaires, culminant dans une puissante grĂšve gĂ©nĂ©rale en 1946 Ă  laquelle ont participĂ© 30.000 travailleurs juifs et arabes. Les grĂ©vistes criaient des slogans tels que « L’unitĂ© des travailleurs juifs et arabes est la voie de la victoire ». Cette dĂ©monstration de force avait mis en Ă©vidence le potentiel de dĂ©veloppement de la lutte des classes au-delĂ  des tensions nationales.

    Le Plan de partage, la guerre et la nouvelle situation qu’elle a créée ont radicalement coupĂ© court Ă  cette tendance Ă  la lutte commune, comme le souhaitaient d’ailleurs les dirigeants sionistes et arabes qui estimaient que cela menaçait leurs privilĂšges et leur autoritĂ©.
    Au cours des dĂ©cennies qui ont suivi, une conscience nationale israĂ©lienne s’est dĂ©veloppĂ©e. La grande majoritĂ© de la population est dĂ©sormais nĂ©e en IsraĂ«l et il y existe une classe dirigeante disposant de l’une des forces militaires les plus puissantes et les plus lourdement armĂ©es du monde. Mais Ă  ses cĂŽtĂ©s existe Ă©galement une classe ouvriĂšre israĂ©lienne forte de millions de personnes, qui a le pouvoir potentiel de dĂ©fier et d’éliminer ses exploiteurs capitalistes sionistes.

    La stratĂ©gie des organisations palestiniennes a beaucoup reposĂ© sur l’implication des rĂ©gimes arabes de la rĂ©gion. Quand peu de temps aprĂšs la crĂ©ation du parti nationaliste et laĂŻc Fatah, l’Organisation de LibĂ©ration de la Palestine (OLP) a Ă©tĂ© lancĂ©e en 1964, ce fut Ă  l’initiative de la Ligue Arabe et autour du projet panarabiste du prĂ©sident Ă©gyptien Nasser. Les organisations Ă  la gauche du Fatah se sont essentiellement retrouvĂ©es Ă  sa remorque sans dĂ©fendre de politique ou de stratĂ©gie basĂ©e sur une indĂ©pendance de classe. Quand la guerre des six jours Ă©clatera en 1967, IsraĂ«l attaquant l’Égypte avec l’accord des États-Unis, l’objectif des dirigeants israĂ©liens Ă©tait d’affaiblir cette unitĂ© arabe. Les Ă©lites dirigeantes arabes Ă©taient toutefois dĂ©jĂ  fortement divisĂ©es, l’impĂ©rialisme avait manƓuvrĂ© pour les monter les unes contre les autres au point de ne plus partager qu’une condamnation rhĂ©torique d’IsraĂ«l.

    Peu de temps aprĂšs, en 1973, la guerre du Kippour a, elle aussi, Ă©tĂ© perdue par la coalition arabe, l’Égypte reconnaissant mĂȘme officiellement IsraĂ«l et s’engageant sur la voie de la collaboration avec IsraĂ«l. Cela perdure encore aujourd’hui, notamment avec la fermeture de sa frontiĂšre avec la bande de Gaza. Ce fut la fin du projet panarabiste. Peu Ă  peu, les rĂ©gimes autocratiques arabes en sont venus Ă  considĂ©rer que leur intĂ©rĂȘt propre Ă©tait liĂ© au statu quo dans lequel IsraĂ«l poursuit son projet de colonisation tandis que les États arabes ignoraient la cause palestinienne.

    Mais la stratĂ©gie des “alliĂ©s” rĂ©gionaux est restĂ©e, elle se prolonge encore aujourd’hui avec l’alliance entre l’Iran, pourtant chiite, et le Hamas sunnite. Un des objectifs fondamentaux derriĂšre l’attaque du Hamas du 7 octobre Ă©tait d’ailleurs de bloquer le processus de normalisation entre IsraĂ«l et les rĂ©gimes arabes de la rĂ©gion. ParallĂšlement Ă  cette stratĂ©gie, l’OLP s’est lancĂ© dans une campagne d’attentats, d’actes de piraterie et de prise d’otages, tout particuliĂšrement Ă  partir de la fin des annĂ©es ‘60.

    Ce qui a vĂ©ritablement mis en difficultĂ© le rĂ©gime israĂ©lien, ce fut la premiĂšre Intifada (1987-1993). Notre camarade irlandais Peter Hadden, dont l’approche sur la question nationale a Ă©tĂ© forgĂ©e sur l’expĂ©rience des « Troubles » en Irlande du Nord, commentait ainsi les Ă©vĂ©nements : « les manifestations de masse et les grĂšves ont Ă©branlĂ© l’État israĂ©lien Ă  un degrĂ© que 25 annĂ©es de terrorisme de l’OLP n’ont pas rĂ©ussi Ă  atteindre. » (La rĂ©volte de la jeunesse palestinienne, fĂ©vrier 1988) Mais, Ă  l’image de la grĂšve gĂ©nĂ©rale de 1936, il manquait au mouvement de masse de 87-93 un programme et une direction orientĂ©s vers un changement de systĂšme. Cela a ouvert la voie Ă  la mascarade des Accords d’Oslo en 1993, oĂč le Fatah a repris la main par crainte de voir une direction alternative Ă©merger des comitĂ©s de bases nĂ©s de l’Intifada. C’est ce manque qu’il convient de combler aujourd’hui.

    Il est Ă©vident que l’action de masse ne va pas venir dans un premier temps de Gaza, noyĂ©e sous un dĂ©luge de bombes. Mais la rĂ©sistance internationale a un rĂŽle Ă  jouer. En 1982, durant l’invasion israĂ©lienne du Liban pour dĂ©loger l’OLP de Beyrouth, qui a notamment conduit au massacre de Sabra et Chatila, les protestations internationales ont mis pression sur le plus proche alliĂ© de l’État israĂ©lien, les États-Unis, qui ont considĂ©rĂ© de stopper la livraison d’armes Ă  IsraĂ«l.(6) Reagan avait dit au gouvernement israĂ©lien que l’opinion Ă©tait « contre nous ». Le rĂ©gime israĂ©lien n’écoutera pas la colĂšre internationale, mais il est sensible Ă  ce soutien de l’impĂ©rialisme Ă©tasunien. Cela pourrait redonner un souffle aux masses palestiniennes.

    Le socialisme et la résolution des conflits nationaux

    Sur une base capitaliste, ni un ni deux États n’offrent une solution Ă  l’oppression nationale. Dans le contexte capitaliste du Moyen-Orient, une « solution Ă  deux États » signifie la crĂ©ation d’un État fantoche nĂ©ocolonial pour les Palestiniens sans vĂ©ritable indĂ©pendance nationale ni solution des problĂšmes fondamentaux auxquels sont confrontĂ©es les masses palestiniennes. La libĂ©ration nationale est indissolublement liĂ©e Ă  la libĂ©ration sociale.

    La Palestine est minuscule et ne peut exister qu’en tant que partie d’une totalitĂ© Ă©conomique mondiale. L’objectif Ă  viser, c’est la fin du « rĂ©gime de Sykes-Picot » qui ne servait que les intĂ©rĂȘts de l’impĂ©rialisme. La lutte de masse de la classe travailleuse et des pauvres doit redessiner toute la rĂ©gion en respectant le droit Ă  l’autodĂ©termination des peuples et les intĂ©rĂȘts de chaque communautĂ© (arabes, amazighs, kurdes, juifs,
). C’est pourquoi nous dĂ©fendons la construction d’une fĂ©dĂ©ration socialiste volontaire du Moyen-Orient reposant sur des structures Ă©tatiques dĂ©mocratiques nĂ©es des mobilisations de masse, Ă  partir de comitĂ©s dĂ©mocratiques de lutte, pour en finir avec la trahison des aspirations nationales et sociales par des Ă©lites autocratiques. Cela devra ĂȘtre liĂ© Ă  la collectivisation des richesses et grands moyens de production de la rĂ©gion afin d’assurer l’épanouissement de chacun et de la sociĂ©tĂ© dans son ensemble.

    Au sein de celle-ci, nous dĂ©fendons de lutter pour deux États palestinien et israĂ©lien socialiste, avec droit au retour dans des conditions de vie dĂ©cente pour les millions de rĂ©fugiĂ©s qui vivent actuellement en dehors de Palestine, ce qui nĂ©cessitera l’extension du territoire de Palestine et e dĂ©mantĂšlement des colonies en Cisjordanie. Il s’agit d’une Ă©tape nĂ©cessaire pour garantir la construction de la confiance nĂ©cessaire pour aller plus loin dans la collaboration volontaire. Ce n’est qu’à cette condition que la paix dans la rĂ©gion et la prospĂ©ritĂ© pour tous seront possibles.

    NOTES
    1) Quand Israël favorisait le Hamas, par Charles Enderlin, Le Monde, 3 février 2006, disponible sur lemonde.fr
    2) Parti des travailleurs de la terre d’IsraĂ«l, disparu en 1968 par sa fusion avec le Parti travailliste israĂ©lien.
    3) Organisation sioniste créée en 1929 sous le nom d’Agence juive pour la Palestine pour ĂȘtre l’exĂ©cutif de l’Organisation sioniste mondiale en Palestine mandataire britannique.
    4) Felix Morrow, For a Socialist Policy on Palestine, marxists.org
    5) Alain Gresh et Dominique Vidal, Palestine 47 un partage avorté, Editions complexes, Bruxelles 1987.
    6) When Push Comes to Shove: Israel flouts U.S. diplomacy with an attack on Beirut, TIME Magazine, 16 août 1982

  • Une guerre rĂ©gionale se profile-t-elle au Moyen-Orient ?

    2023 a marquĂ© une dramatique escalade du conflit israĂ©lo-palestinien ; d’abord l’augmentation des attaques menĂ©es par les colons en Cisjordanie, puis le choc meurtrier du 7 octobre et finalement l’actuel offensive contre Gaza avec ses destructions et hĂ©catombes journaliĂšres. DĂšs octobre l’escalade a aussi Ă©tĂ© internationale.

    Par Christian, article dont une version raccourcie est parue dans l’édition de fĂ©vrier de Lutte Socialiste

    Une accélération pour le nouvel an

    Le 2 janvier, les tensions ont montĂ© d’un cran. Saleh al-Arouri, le numĂ©ros deux du Hamas, a Ă©tĂ© tuĂ© avec cinq autres membres de l’organisation par un drone israĂ©lien Ă  Beyrouth. Le mĂȘme jour, un double attentat Ă  la bombe Ă  Kerman en Iran a fait 94 morts parmi une foule commĂ©morant Ghassem Soleimani, gĂ©nĂ©ral des « Gardiens de la rĂ©volution Â» et chef iranien des opĂ©rations extĂ©rieures, tuĂ© exactement quatre ans plutĂŽt Ă  Bagdad Ă  la suite d’une frappe de drone amĂ©ricain. Bien qu’ultĂ©rieurement revendiquĂ©e par l’Etat Islamique (IS) Tehran accuse toujours IsraĂ«l et les Etats-Unis d’ĂȘtre mĂȘlĂ©s Ă  cette attaque terroriste.  

    Le 11 janvier, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont lancĂ© d’importantes frappes aĂ©riennes contre des cibles Houthis au YĂ©men au nom de la protection des routes de navigations internationales. Il est bien improbable que ceci mette fin aux attaques Houthi en Mer Rouge. DĂ©jĂ  le 31 dĂ©cembre, un hĂ©licoptĂšre amĂ©ricain avait coulĂ© trois petit vaisseaux Houthis menaçant un porte-conteneurs. Cet incident qui avait coutĂ© au moins une dizaine de morts du cĂŽtĂ© Houthis.

    Une guerre rĂ©gionale ?

    MĂȘme si une guerre rĂ©gionale Ă  grande Ă©chelle n’est pas le scĂ©nario le plus probable, l’escalade semble s’accentuer chaque jour un peu plus. D’une part il y a IsraĂ«l appuyĂ© de maniĂšre pratiquement inconditionnelle par les pays occidentaux, et tout particuliĂšrement par les Etats-Unis. De l’autre, il y a le soi-disant « Axe de la RĂ©sistance » composĂ© de l’Iran et des forces qui lui sont proches, tel que le Hezbollah au Liban, les Houthis au YĂ©men, ainsi que diverses milices en Irak et en Syrie. Du cĂŽtĂ© des gouvernements occidentaux, les quelques timides appels Ă  la retenue, qu’ils expriment une rĂ©elle inquiĂ©tude ou ne visent qu’à apaiser l’opinion publique, Ă©chouent Ă  forcer un changement de cap Ă  Tel-Aviv.

    Il existe le danger qu’une partie de la classe dirigeante israĂ©lienne surĂ©value ses possibilitĂ©s Ă  porter un coup dĂ©cisif Ă  nombre de ses ennemis, notamment au Hezbollah et Ă  l’Iran lui-mĂȘme. Une approche pour arriver Ă  cette fin serait de provoquer une forte rĂ©action de l’Iran ou de l’un de ces alliĂ©s pour ainsi entrainer les Etats-Unis dans une confrontation directe avec ceux-ci. DĂ©jĂ  par le passĂ©, des gouvernements israĂ©liens avaient encouragĂ© Washington de s’en prendre Ă  l’Iran. Netanyahou, dont l’avenir politique est plus que jamais compromis, pourrait ĂȘtre tentĂ© de jouer le tout pour le tout.

    « L’axe de la rĂ©sistance Â» quant-Ă -lui cherche Ă  profiter de la situation pour repousser l’influence d’IsraĂ«l et des États-Unis dans la rĂ©gion. Toutefois, ses forces prĂ©fĂšrent la stratĂ©gie des mille-piqures Ă  une grande confrontation qui pourrait leur ĂȘtre dĂ©vastatrice et avoir des effets imprĂ©vus. De ce cĂŽtĂ© de l’équation, le sort de Gaza joue un rĂŽle central. Autant le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah que le chef Houthi Abdul-Malik al-Houthi ont dĂ©clarĂ©s que leurs actions belliqueuses ne s’arrĂȘterait que s’il y a une fin Ă  l’attaque et au siĂšge contre Gaza. Toutefois faut-il aussi prendre en compte les intĂ©rĂȘts propres Ă  ses organisations.

    Le Hezbollah au Liban

    Depuis le 7 octobre, le conflit frontalier avec Israël a déjà causé la mort de plus de 150 combattants du Hezbollah et de dizaines de civils dont des journalistes ciblés par Israël. De plus, 76.000 Libanais ont dû quitter leur foyer. Du cÎté israélien, les pertes sont bien plus limitées mais 96.000 civils ont été évacués de la région frontaliÚre.

    Depuis des annĂ©es, le Hezbollah essaye de se projeter comme « le bouclier du Liban » pour se donner plus de lĂ©gitimitĂ© au-delĂ  de la communautĂ© chiite. Par le passĂ©, il a su donner une certaine crĂ©dibilitĂ© Ă  cette image en infligeant des revers Ă  IsraĂ«l, notamment durant la guerre de 2006. Toutefois, les partisans du Hezbollah veulent que celui-ci dissuade les invasions israĂ©liennes, et non qu’il les invite. Selon une enquĂȘte publiĂ©e en octobre par le journal officiel du Hezbollah, Al-Akhbar, plus des deux tiers de la population libanaise, dont plus de la moitiĂ© des chiites interrogĂ©s, Ă©taient opposĂ©s Ă  ce que le Hezbollah, provoque un vĂ©ritable conflit avec IsraĂ«l.

    En effet, mĂȘme sans guerre le Liban se trouve dĂ©jĂ  dans une trĂšs mauvaise position. Le pays fait face Ă  une crise Ă©conomique parmi les plus profondes jamais vues Ă  l’époque moderne. Depuis 2019, la monnaie nationale a perdu 98% de sa valeur face au dollar amĂ©ricain provocant une inflation alimentaire parmi les plus hautes au monde. C’est ainsi que plus de la moitiĂ© de la population nĂ©cessite une aide humanitaire.

    Les dirigeants du Hezbollah reconnaissent que le pays n’est pas prĂȘt pour la guerre, mais ne veulent pas non plus faire preuve de faiblesse. Depuis la frappe sur le numĂ©ro deux du Hamas, l’escalade mesurĂ©e du cĂŽtĂ© du Hezbollah a conduit IsraĂ«l Ă  assassiner deux de ses commandants militaires.

    Si le Hezbollah déployait tout son arsenal de missiles (bien plus grand et plus performant que celui du Hamas), il pourrait pendant un certain temps submerger les défenses israéliennes et causer de graves dégùts. Cela entraßnerait certainement une intervention américaine sous la forme de frappes aériennes.

    Les Houthis au Yémen

    Le YĂ©men est stratĂ©giquement placĂ© prĂšs du Bab el-Mandeb, dĂ©troit Ă  l’entrĂ©e de la mer Rouge. 12% du commerce mondial et 8% du gaz naturel liquĂ©fiĂ© passe par la mer Rouge et le Canal de Suez. Durant les derniers mois, les Houthis ont ciblĂ© des cargos en mer Rouge avec des missiles et des drones. Ils ont aussi su saisir plusieurs navires. Alors que les Houthis affirment qu’ils n’attaquent que les navires Ă  destination d’IsraĂ«l, dans les faits, les attaques se rĂ©vĂšlent peu ciblĂ©es et reprĂ©sentent une menace pour le transport maritime dans son ensemble. Des compagnies comme AP Moller-Maersk et Hapag-Lloyd, reprĂ©sentant prĂšs d’un quart du fret de containers au niveau mondial, ont dĂ©cidĂ©s d’éviter la mer Rouge. La route alternative autour de l’Afrique ajoute deux semaines au trajet entre l’Asie et l’Europe. Les coĂ»ts supplĂ©mentaires pourraient de nouveau ranimer l’inflation. A part l’IsraĂ«l, l’Egypte (ou les frais de transit joue aussi un rĂŽle), les pays MĂ©diterranĂ©ens et l’Europe serait le plus affectĂ©s Ă©conomiquement.

    MalgrĂ© les rĂ©centes frappes contre ses forces, le chef des Houthis a jurĂ© de ne pas reculer. Les attaques en mer Rouge ne cesseront que si IsraĂ«l arrĂȘte sa guerre contre Gaza. Au vu des 25.000 frappes aĂ©riennes subies prĂ©cĂ©demment de la part de la coalition dirigĂ©e par l’Arabie saoudite, l’intervention des pays occidentaux n’est pas prĂȘte d’impressionner les Houthis. Les dirigeants Houthis utilisent leurs actions pour amĂ©liorer leur position au YĂ©men et dans la rĂ©gion. En effet, bon nombre de leurs ennemis ne peuvent actuellement s’attaquer Ă  une milice qui joue la carte de la dĂ©fense des Palestiniens. Il est rĂ©vĂ©lateur que sur la coalition de dix pays mise en place par les États-Unis pour assurer le commerce mondial dans la mer Rouge, un seul (BahreĂŻn) appartient Ă  la rĂ©gion.

    AprĂšs avoir connu une guerre qui a fait des centaines de milliers de morts depuis 2014 le YĂ©men continue Ă  faire face Ă  une catastrophe humanitaire. La coalition dirigĂ©e par l’Arabie saoudite n’a pas su dĂ©loger les Houthis qui contrĂŽlent actuellement un territoire qui abrite 80% de la population du pays. Bien que Riyad cherche dĂ©sormais Ă  s’extraire du conflit par des nĂ©gociations, sur le front intĂ©rieur, les dirigeants Houthis sont confrontĂ©s Ă  un mĂ©contentement populaire croissant. Encore en aoĂ»t, ils furent confrontĂ©s Ă  une grĂšve des enseignants contre les salaires impayĂ©s. Le mois suivant des rassemblements de masse pour le « jour de la rĂ©volution » du 26 septembre fut un nouveau dĂ©fi au rĂ©gime Houthi. Dans ce contexte, les dirigeants Houthis ont vite rĂ©alisĂ© qu’en jouant la carte de la dĂ©fense des Palestiniens ils saurait capitaliser sur la grande colĂšre envers IsraĂ«l (et aussi les Etats-Unis) au YĂ©men et dans la rĂ©gion.

    Autres potentialitĂ©s d’escalade

    Les États-Unis disposent encore d’environ 2.500 soldats en Irak et 900 en Syrie. Le soutien amĂ©ricain Ă  IsraĂ«l dans la destruction de Gaza met ces troupes en pĂ©ril. Ceux-ci ont subis environs 100 attaques depuis la mi-octobre. La majeure partie de ses attaques ont Ă©tĂ© revendiquĂ©es par la « RĂ©sistance islamique en Iraq Â», une alliance de groupes armĂ©s liĂ©s Ă  l’Iran.

    L’assassinat par drone d’un commandant haut gradĂ© d’une milice chiite intĂ©grĂ©e Ă  l’armĂ©e irakienne, en « auto-dĂ©fense Â» selon les AmĂ©ricains, pourrait marquer la fin d’une certaine retenue du cĂŽtĂ© Ă©tatsunien. Le premier ministre irakien Mohammed Shia al-Sudani a en tout cas dĂ©noncĂ© cette « flagrante agression » comme une « dangereuse escalade » et a appelĂ© au retraie des troupes Ă©tatsuniennes. Bien que ce dernier appel restera probablement sans suite, comme par le passĂ©, le danger d’escalade en en Irak est lui bien rĂ©el. Celle-ci pourrait, par exemple, advenir si une attaque venait Ă  provoquer des morts du cĂŽtĂ© amĂ©ricains.

    Washington prĂ©fĂšre ne pas engager ses forces armĂ©es dans une nouvelle guerre au Moyen Orient. D’une part cela serait trop Ă©tendre ses forces et nĂ©gliger le conflit en Ukraine et surtout en Mer de Chine. Toutefois le soutien massif apportĂ© Ă  IsraĂ«l, que ce soit sous la forme d’armement, de finances, de la prĂ©sence de porte-avions, ou de diplomatie encourage le massacre Ă  Gaza et une escalade rĂ©gionale. Des attaques trop poussĂ©es contre les alliĂ©s de l’Iran pourraient forcer celui-ci Ă  participer plus directement dans le conflit. Ceci pourrait potentiellement rĂ©sulter dans la fermeture du dĂ©troit d’Hormuz ce qui reprĂ©senterait encore un choc pour l’économie internationale.  

    Dans le contexte d’une « Ere du dĂ©sordre Â», oĂč la nouvelle guerre froide entre les États-Unis et la Chine joue un rĂŽle central, l’incertitude et le danger d’une escalade militaire sont omniprĂ©sents. L’impĂ©rialisme amĂ©ricain est Ă©troitement liĂ© au rĂ©gime israĂ©lien. L’Iran, quant Ă  lui, se rapproche des intĂ©rĂȘts du capitalisme chinois. Tout conflit peut en soi donner lieu Ă  une escalade pernicieuse pour des millions de travailleurs et de pauvres dans la rĂ©gion et dans le monde.

  • Le mouvement international de solidaritĂ© isole le terrorisme d’État israĂ©lien

    À l’initiative du gouvernement sud-africain et soutenu par des dizaines d’autres gouvernements, la Cour internationale de justice de La Haye doit se prononcer sur les intentions « gĂ©nocidaires » du rĂ©gime israĂ©lien Ă  Gaza.

    Les rĂ©sultats de cette guerre unilatĂ©rale aux caractĂ©ristiques gĂ©nocidaires parlent d’eux-mĂȘmes : plus de 23.000 morts, plus de 60.000 blessĂ©s, la destruction de toutes les Ă©coles, des attaques contre les hĂŽpitaux et l’organisation dĂ©libĂ©rĂ©e d’une catastrophe humanitaire. Les dĂ©clarations de diffĂ©rents ministres israĂ©liens ne laissent aucun doute quant au caractĂšre dĂ©libĂ©rĂ© de ces actions. Le ministre de la DĂ©fense, Yoav Galant, a qualifiĂ© les Palestiniens de « bĂȘtes humaines », un autre dĂ©putĂ© du parti de Netanyahu a dĂ©fendu de « brĂ»ler Gaza », le ministre d’extrĂȘme droite Ben-Gvir veut expulser toute la population palestinienne vers le Congo. Qu’est-ce d’autre qu’une purification ethnique avec un appel au gĂ©nocide ?

    Le choc causĂ© par cette violence insoutenable et la croissance de la solidaritĂ© internationale ont incitĂ© le gouvernement sud-africain Ă  saisir la cour de justice internationale ; des dizaines de gouvernements se sont joints Ă  la plainte, et le mouvement de solidaritĂ© mondial tourne maintenant son regard vers La Haye. Pour une vĂ©ritable solution, il ne faudra toutefois pas compter sur les Nations Unies et ses tribunaux. En mars 2022, la Cour internationale de justice a demandĂ© Ă  la Russie de se retirer de l’Ukraine. Sans effet. Nous ne pouvons pas non plus faire confiance aux gouvernements tels que celui de l’Afrique du Sud qui perpĂ©tuent un systĂšme d’extrĂȘme inĂ©galitĂ© et de violence, notamment en ce moment-mĂȘme Ă  l’encontre des rĂ©fugiĂ©s du Zimbabwe. Une condamnation serait cependant indĂ©niablement une lumiĂšre d’espoir pour la population palestinienne et pour le mouvement de solidaritĂ©.

    La social-dĂ©mocratie et les verts veulent que la Belgique se joigne Ă  la plainte, mais se heurtent Ă  la rĂ©sistance des libĂ©raux. Entre-temps, des initiatives pourraient Ă©galement ĂȘtre prises au niveau national. Comment est-il possible, par exemple, que l’artiste Hind Eljadid ait Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©e pendant des heures pour avoir rĂ©citĂ© un poĂšme contre la violence lors d’un Ă©vĂ©nement du gouvernement flamand ? Plus tĂŽt dans la mĂȘme journĂ©e, le nouvel Ă©difice de l’Institut Hannah Arendt Ă  Malines a Ă©tĂ© inaugurĂ© avec une grande banderole : « Personne n’a le devoir d’obĂ©ir. » Avant que nos politiciens ne se rendent Ă  La Haye, ils pourraient peut-ĂȘtre faire valoir le droit Ă  la rĂ©sistance Ă  Malines.

    La plainte Ă  La Haye montre l’isolement progressif du terrorisme d’État israĂ©lien sur la scĂšne internationale. Le caractĂšre terroriste de l’attaque du Hamas le 7 octobre est rĂ©el, mais il est largement Ă©clipsĂ© par le terrorisme industriel israĂ©lien contre la population palestinienne. La protestation de masse a un impact sur l’opinion publique et est dĂ©sormais un facteur rĂ©el contre la poursuite de l’offensive israĂ©lienne. Ce rĂŽle ne devrait pas ĂȘtre laissĂ© aux politiciens traditionnels et aux institutions internationales. Avec un programme prĂ©cis de changement social et une approche consciente de construction du mouvement, la protestation peut encore prendre de l’ampleur.

  • [Conseil lecture] “Un dĂ©tail mineur”, par Adania Shibli

    En octobre dernier, “Un dĂ©tail mineur” a fait la une des journaux et des cercles crĂ©atifs aprĂšs l’annulation d’une cĂ©rĂ©monie de remise de prix Ă  l’auteure palestinienne Ă  la Foire du livre de Francfort. Les organisateurs ont invoquĂ© les actions du Hamas comme pitoyable prĂ©texte, une excuse rĂ©pĂ©tĂ©e Ă  l’envi pour rĂ©duire au silence et censurer de nombreux artistes et activistes palestiniens au cours des derniers mois.

    Par Amy Ferguson, Socialist Party (ASI-Irlande)

    L’attaque aveugle lancĂ©e par le Hamas le 7 octobre n’est Ă©videmment pas de la responsabilitĂ© D’Adania Shibli ou de tout autre personne de Palestine qui cherche Ă  s’exprimer et Ă  s’opposer Ă  la violence et Ă©vĂ©nements bouleversants subis des mains de l’État israĂ©lien. Heureusement, la communautĂ© des Ă©crivains a rĂ©agi et plus de 1.300 d’entre elles et eux ont signĂ© une lettre ouverte condamnant la dĂ©cision de la foire du livre. Le prĂ©cĂ©dent est important. La solidaritĂ© avec les victimes de la censure et de la partialitĂ© de l’impĂ©rialisme est la meilleure riposte, des cartes blanche aux manifestations, actions de grĂšves et autres formes d’action collective.

    “Un dĂ©tail mineur” se divise en deux parties. La premiĂšre partie suit un gĂ©nĂ©ral de l’armĂ©e israĂ©lienne et ses troupes en mission dans le dĂ©sert du NĂ©guev en 1948, dans le but de poser les fondations d’une nouvelle colonie israĂ©lienne, dans le cadre de ce qui est connu aujourd’hui comme la “Nakba”, la catastrophe. Les journĂ©es des soldats sont faites d’exercices militaires, de creusement de tranchĂ©es et d’observation des environs Ă  la recherche des populations locales. Lorsqu’ils trouvent un petit groupe d’Arabes, les soldats tirent pour tuer. Mais ils font une prisonniĂšre. AprĂšs l’avoir gardĂ©e en otage plusieurs jours durant, les soldats la violent et l’assassinent.

    La seconde partie du roman suit les pas d’une Palestinienne de Cisjordanie qui prend connaissance du drame et d’un “dĂ©tail mineur” : le fait qu’il se soit produit vingt-cinq ans jour pour jour avant sa naissance. La quĂȘte d’informations dans laquelle elle se lance n’est toutefois pas Ă©vidente. Pour quitter son village, dĂ©sormais sous contrĂŽle de l’Etat israĂ©lien, elle doit emprunter une carte d’identitĂ© qui l’autorise Ă  traverser plus de zones. Sans poser de questions, deux de ses collĂšgues l’aident Ă  obtenir ce dont elle a besoin pour pouvoir quitter la zone qui lui a Ă©tĂ© attribuĂ©e.

    Suit alors l’angoisse liĂ©e aux divers postes de contrĂŽle tenus par des soldats qu’elle doit franchir. Elle affronte par aprĂšs l’extrĂȘme rĂ©ticence de la classe dirigeante israĂ©lienne et de son rĂ©gime colonial et impĂ©rialiste Ă  divulguer des informations de nature Ă  exposer sa brutalitĂ© et Ă  Ă©branler sa position.

    “Un dĂ©tail mineur” est un roman fantastique dont les 112 pages contiennent un message politique poignant et incisif. Il est tout Ă  la fois dĂ©sorientant, horrible mais plein d’espoir, et nous met au dĂ©fi de regarder en face ce Ă  quoi ressemble l’horrible normalisation de la violence et du contrĂŽle quotidiens que subissent les masses palestiniennes. Une lecture recommandĂ©e pour toutes celles et ceux qui veulent en savoir plus sur la rĂ©alitĂ© de la vie des Palestiniens en Cisjordanie et au-delĂ .

    ADANIA SHIBLI. « Un dĂ©tail mineur ». Roman traduit de l’arabe (Palestine) par StĂ©phanie Dujols. Sindbad. Actes Sud. 126p.16€

  • Nouvelle manifestation de masse contre le massacre Ă  Gaza

    Un mois aprĂšs la prĂ©cĂ©dente manifestation nationale qui avait rassemblĂ© environ 60.000 personnes et juste avant les vacances, des dizaines de milliers de personnes sont Ă  nouveau descendues dans les rues de Bruxelles. Nous Ă©tions probablement plus de 40.000. L’Ă©lĂ©ment dĂ©clencheur Ă©tait bien sĂ»r le terrible massacre de Gaza, oĂč les bombardements s’accompagnent d’une catastrophe humanitaire croissante. La manifestation a montrĂ© que la colĂšre est grande, mais aussi que la solidaritĂ© est plus chaleureuse que jamais.

    L’immense mouvement de solidaritĂ© internationale contre le massacre Ă  Gaza est source d’espoir. Il contraint les gouvernements et dĂ©cideurs politiques Ă  se montrer moins arrogants dans l’expression de leur soutien au terrorisme d’État israĂ©lien. Cela reste toutefois symbolique face Ă  la dĂ©fense des intĂ©rĂȘts gĂ©opolitiques de leurs bailleurs de fonds qui dĂ©tiennent le pouvoir Ă©conomique. Le Premier ministre De Croo appelle Ă  un cessez-le-feu, mais reste silencieux concernant l’implication des grandes banques, dont la banque publique Belfius, dans l’occupation des territoires palestiniens ! La secrĂ©taire d’État Ă  l’Asile et Ă  la migration De Moor intensifie la rĂ©pression contre les rĂ©fugiĂ©.e.s palestinien.ne.s : les communes sont invitĂ©es Ă  retirer la nationalitĂ© belge aux enfants de parents palestiniens ! Nous n’avons rien Ă  attendre de leur part pour stopper le carnage.

    La manifestation est importante pour exprimer la colĂšre gĂ©nĂ©rale contre le massacre et le dĂ©sastre humanitaire Ă  Gaza. Il est Ă©galement important de montrer la solidaritĂ© et, Ă  partir de lĂ , de renforcer l’organisation de cette solidaritĂ©. Le tract distribuĂ© par le PSL appelait Ă  la formation de comitĂ©s d’action. Nous avons Ă©galement suggĂ©rĂ© de mettre en place de nouvelles actions vers un boycott ouvrier des livraisons d’armes vers IsraĂ«l, Ă  l’exemple de l’action menĂ©e aux portes de la sociĂ©tĂ© Challenge Ă  LiĂšge qui participe au transit d’armes vers IsraĂ«l. Le 1er dĂ©cembre, une premiĂšre action a Ă©tĂ© menĂ©e Ă  Challenge, qui mĂ©rite d’ĂȘtre suivi (en savoir plus Ă  ce sujet).

    Nous avons distribuĂ© notre tract en nĂ©erlandais, en français et en arabe. Nous avons Ă©galement vendu au moins 105 exemplaires de notre mensuel et des centaines de badges contre la guerre, l’occupation, l’impĂ©rialisme et le capitalisme. Nos membres ont formĂ© un bloc internationaliste et socialiste lors de la manifestation pour appeler Ă  un changement de sociĂ©tĂ© afin que les ressources disponibles puissent ĂȘtre utilisĂ©es avec une planification dĂ©mocratique pour la reconstruction et dans la dĂ©fense des intĂ©rĂȘts des travailleurs et des opprimĂ©s, plutĂŽt que pour la mort et la destruction.

    Participez Ă  notre rencontre-dĂ©bat : Palestine – Comment mettre fin Ă  l’occupation ? Ce mardi 19 dĂ©cembre. 19h30. Pianofabriek, 35 rue du Fort, Bruxelles

    Photos de Liesbeth

  • [Rencontre-dĂ©bat] Palestine : Comment mettre fin Ă  l’occupation ?

    Les attaques de l’État israĂ©lien et sa brutalitĂ© barbare augmentent le nombre de morts d’heure en heure, notamment grĂące au soutien militaire fourni et payĂ© par les puissances occidentales. La voie diplomatique est une impasse. Seul un mouvement de masse en Palestine et au niveau international garantira la libĂ©ration de la Palestine. Un changement socialiste rĂ©volutionnaire dans la rĂ©gion est nĂ©cessaire.

    Orateur : Eric Byl, d’Alternative socialiste internationale (ASI), qui suit et analyse la situation dans la rĂ©gion depuis de nombreuses annĂ©es.

    Mardi 19 décembre. 19h30. Pianofabriek, 35 rue du Fort, Bruxelles

  • La rue est avec Gaza – Les rĂ©gimes de la rĂ©gion sont en difficultĂ©

    Aucun des rĂ©gimes de la rĂ©gion n’a intĂ©rĂȘt Ă  une escalade du conflit. MĂȘme le rĂ©gime iranien prĂ©fĂšre encore se limiter Ă  coordonner les faits d’armes symboliques de ses mandataires au Liban, en Irak et au YĂ©men. Tous les gouvernements arabes et musulmans favorables Ă  la normalisation avec IsraĂ«l sont inquiets. Plus le massacre Ă  Gaza prend de l’ampleur, plus le statu quo est intenable. Mais les masses de la rĂ©gion ne partagent pas le cynisme de leurs dirigeants envers la cause palestinienne et exigent une rĂ©ponse sans Ă©quivoque.

    Par Christian (Louvain)

    L’Égypte en crise

    L’Égypte traverse une profonde crise Ă©conomique. En proie Ă  une inflation record, en 18 mois la livre Ă©gyptienne a perdu 50% de sa valeur par rapport au dollar. En 2019 dĂ©jĂ , la Banque Mondiale estimait que prĂšs de 60% de la population vivait proche du ou sous le seuil de pauvretĂ©. Des Ă©lections prĂ©sidentielles auront lieu en dĂ©cembre, et le prĂ©sident Abdel Fattah el-Sisi espĂšre obtenir la lĂ©gitimitĂ© nĂ©cessaire pour procĂ©der aux mesures d’austĂ©ritĂ© exigĂ©es par le FMI ainsi qu’à une nouvelle dĂ©valuation. Le rĂ©sultat des Ă©lections, ne fait aucun doute, depuis le coup d’Etat qui l’a portĂ© au pouvoir el-Sisi s’est dĂ©jĂ  arrangĂ© pour gagner deux Ă©lections avec 97% des voix.

    Le rĂ©gime militaire Ă©gyptien reçoit une aide militaire Ă©tats-unienne solide et collabore avec IsraĂ«l dans le blocus de Gaza. Cependant, il ne peut pas ou ne veut pas accueillir un grand nombre de rĂ©sidents gazaouis. Cela signifierait une nouvelle Nakba et ce serait extrĂȘmement impopulaire. Un tel transfert de population prĂ©senterait aussi une situation sĂ©curitaire insoluble. Le SinaĂŻ deviendrait une nouvelle base pour des attaques contre IsraĂ«l. Le Hamas est aussi liĂ© aux FrĂšres Musulmans, une organisation qu’el-Sisi a Ă©crasĂ© dans le sang en 2013 pour accĂ©der au pouvoir (plus de 800 morts en une seule manifestation).

    Le rĂ©gime s’est vu contraint d’autoriser des manifestations de soutien Ă  Gaza. Les manifestations officielles essayent de canaliser la sympathie pro-palestinienne au profit du prĂ©sident et de ses positions sur la guerre contre Gaza. Toutes autres manifestations ne sont autorisĂ©es que dans un cadre trĂšs restreint. DĂšs que les manifestants dĂ©passent le nombre prĂ©vu et que des critiques Ă  l’égard du rĂ©gime se font entendre, les forces de sĂ©curitĂ© mettent un terme Ă  la manifestation et procĂšdent Ă  des arrestations. Certaines manifestations ont nĂ©anmoins pu dĂ©ferler sur la Place Tahir, le cƓur symbolique de la rĂ©volution de 2011 El-Sisi marche sur une corde raide au-dessus d’un volcan qui gronde.

    La non-autorité palestinienne

    Mahmoud Abbas, prĂ©sident de l’AutoritĂ© Palestinienne verrait d’un bon oeil l’extension de son illusoire autoritĂ© sur les dĂ©combres de Gaza. Mais Ă  l’instar de l’AutoritĂ© Palestinienne dans son ensemble, il est plus discrĂ©ditĂ© que jamais. Il ne lĂšve pas un doigt contre la « guerre de faible intensitĂ© » Ă  laquelle les forces militaires israĂ©liennes et les colons soumettent la Cisjordanie. A ceci s’ajoute la paralysie Ă©conomique du territoire imposĂ©e par IsraĂ«l depuis le 7 octobre. Dans les manifestations, des slogans comme “Le peuple veut la chute du prĂ©sident !” rĂ©sonnent. L’effondrement complet de l’AutoritĂ© palestinienne est une possibilitĂ© rĂ©elle. Cela pourrait entraĂźner la dissolution des forces de sĂ©curitĂ© d’Abbas, fortes de 50.000 Ă  70.000 hommes, principalement financĂ©es par les États-Unis, et auxquelles IsraĂ«l a effectivement sous-traitĂ© une partie de l’occupation. Pour IsraĂ«l ceci compliquerait considĂ©rablement l’occupation. Cela laisserait la porte ouverte Ă  des organisations comme le Hamas. Dans un scĂ©nario plus positif, des comitĂ©s de rĂ©sistance populaire comme lors de la PremiĂšre Intifada pourraient voir le jour. Dans l’ensemble, il existe une menace d’augmentation de la violence, accompagnĂ©e d’éventuels flux de rĂ©fugiĂ©s ou d’expulsions par IsraĂ«l vers la Jordanie.

    Jordanie, fin d’une normalisation

    Le Premier ministre jordanien a rĂ©cemment dĂ©clarĂ© que les tentatives d’IsraĂ«l d’expulser les Palestiniens vers les pays voisins seraient considĂ©rĂ©es comme « une dĂ©claration de guerre ». La Jordanie est faible tant sur le plan Ă©conomique qu’en termes de ressources naturelles (en particulier l’eau). Le pays a dĂ©jĂ  du mal Ă  accueillir les millions de rĂ©fugiĂ©s palestiniens, irakiens et syriens.

    En Jordanie, la moitiĂ© de la population est dĂ©jĂ  d’origine palestinienne. Des manifestations quotidiennes rassemblent des milliers, voire des dizaines de milliers de personnes qui crient des slogans tels que “Ouvrez les frontiĂšres !” et “Nous marchons pour libĂ©rer la Palestine, morts ou vifs !”

    Des mesures telles que le rappel par la Jordanie de son ambassadeur en IsraĂ«l ou l’annulation de l’accord “Eau contre Ă©nergie” ne suffiront pas Ă  calmer la colĂšre suscitĂ©e par le massacre. En 2018, une grĂšve gĂ©nĂ©rale a permis d’arrĂȘter certaines coupes budgĂ©taires et de renverser un premier ministre. La montĂ©e de la classe ouvriĂšre jordanienne organisĂ©e pourrait Ă©galement ĂȘtre dĂ©cisive dans le dĂ©veloppement d’une rĂ©ponse de la classe travailleuse Ă  la guerre contre le peuple palestinien.

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