Category: Moyen-Orient et Afrique du Nord

  • Palestine, Liban,… les femmes, premières victimes des guerres et du génocide

    Un rapport de l’ONU publié fin octobre dévoilait qu’en 2023, la proportion de femmes tuées dans les conflits armés (de Gaza à l’Ukraine en passant par le Soudan) a explosé à travers le monde pour atteindre le double de l’année précédente. Parallèlement, les violences sexuelles liées aux guerres ont augmenté de 50%. Quand l’étude des données de l’année 2024 sera réalisée, elle mettra de nouveau en avant l’impact disproportionné des guerres sur les femmes.

    Tous nos yeux se tournent évidemment aujourd’hui vers l’escalade meurtrière régionale de l’agression israélienne au Moyen-Orient, qui provoque des déplacements massifs et interrompt des services de santé vitaux pour les femmes et les filles. Dans le nord de Gaza, les autorités israéliennes forcent les hôpitaux à évacuer, parmi lesquels ceux qui proposent des soins obstétricaux d’urgence aux femmes enceintes, au milieu des bombardements et des opérations terrestres. Le sud est surpeuplé avec un manque dramatique d’infrastructures de base.

    Une situation similaire se développe aujourd’hui au Liban et déborde vers la Syrie.On compte au moins 98 centres de santé primaires contraints à fermer leurs portes au cours de l’année écoulée au Liban, et cinq hôpitaux désormais hors d’état de fonctionner à cause de destructions physiques ou touchant leur infrastructure. Ces déplacements de masse ont des conséquences particulièrement douloureuses pour les femmes et les filles.

    En un an, on estime que 60.000 femmes ont accouché à Gaza. L’UNFPA, l’agence des Nations Unies en charge de la santé sexuelle et reproductive, n’a pu aider que 45.000 d’entre elles. Le personnel médical rapporte une forte augmentation des fausses couches et des décès maternels, tandis que l’anxiété et la malnutrition limitent les possibilités d’allaitement et que des milliers de femmes enceintes sont au bord de la famine.

    À tout cela s’ajoutent les violences sexuelles commises par l’armée israélienne. Des experts indépendants liés aux Nations unies ont déjà fait état depuis plusieurs mois de des “allégations crédibles” d’exécutions et de viols de filles et de femmes par les forces israéliennes dans la bande de Gaza et en Cisjordanie. Ces experts, dont la rapporteuse spéciale de l’ONU sur la violence à l’égard des femmes, Reem Alsalem, ont déclaré avoir reçu des informations sur des exécutions “ciblées” de femmes palestiniennes dans la bande de Gaza, souvent en compagnie de membres de leur famille et d’enfants.

    De nombreuses femmes auraient été soumises à des traitements inhumains et dégradants, privées de serviettes hygiéniques, de nourriture et de médicaments, et gravement maltraitées. Lors d’un incident au moins, des femmes palestiniennes de Gaza auraient été détenues dans une cage sous la pluie et dans le froid, sans nourriture, ont dénoncé ces experts. De nombreuses femmes sont par ailleurs portées disparues après avoir été en contact avec l’armée israélienne.

    Le combat contre la machine de mort israélienne et contre l’impérialisme fait partie intégrante du combat féministe.

  • Liban : Netanyahou exporte le bain de sang

    Le 23 octobre uniquement, au moins 558 personnes libanaises ont été tuées par des attaques israéliennes, dont 50 enfants. Plus de 1.800 personnes étaient également blessées. Il s’agissait de la journée la plus meurtrière que le Liban ait connue depuis la fin de la guerre civile en 1990. Depuis son attaque terroriste de masse à l’aide d’engins explosifs dissimulés dans des milliers de bipeurs à travers le Liban les 17 et 18 septembre, Israël ne fait qu’augmenter le niveau de violence. Des dizaines d’immeubles de Beyrouth, la capitale, ont été complètement rasés, sans la moindre sommation, avec un déluge de morts. En date du 24 octobre, les rapports font état d’au moins 2.600 personnes mortes et de millions de déplacées.

    Par Ammar (Bruxelles), article tiré de l’édition de novembre de Lutte Socialiste

    Depuis plus d’un an maintenant l’Etat Israël assassine impunément des centaines de milliers de personnes. A Gaza, le nombre de personnes directement tuées est d’au moins 45.000 personnes et il faudrait encore y ajouer environ 200.000 personnes décédées “indirectement” des suites de la destruction de toutes les infrastructures de soin et de logement tandis que l’aide humanitaire est bloquée. Il s’agit de près de 10% de la population gazaouie, et l’estimation est encore prudente.

    Ce génocide puise ses origines avant même la création de l’État d’Israël en 1948, dans la politique de “diviser pour régner” de l’impérialisme britannique à l’époque de la Palestine sous mandat britannique, à la suite de l’effondrement de l’empire ottoman. Pour tenter de garder leur contrôle de ce découpage arbitraire, les peuples, notamment juifs et arabes, ont été montés les uns contre les autres, à l’image de l’Inde où les Hindouistes ont été opposés aux Musulmans.

    C’est sur cette même logique que l’État libanais indépendant a été créé et reconnu en 1943, sur une base confessionnelle et sectaires très strictes. C’est ainsi que depuis lors, à la suite du mandat français, le Liban a fonctionné sur base d’un système politique semi féodal reposant sur l’institutionnalisation des divisions confessionnelles essentiellement entre chiites, maronites et sunnites, au parlement comme dans tous les aspects de la vie politique du pays. Ce système avait pour but de figer la domination de l’élite chrétienne maronite sur le pays.

    A la sortie de la Seconde Guerre mondiale, les élites, principalement maronites et sunnites, se sont fortement enrichies en développant principalement un système bancaire qui est parvenu à attirer des placements venant de toute la région dans ce nouveau paradis fiscal. On parlait à l’époque de la “Suisse du Moyen Orient”.

    Ce système économique et politique n’a fait qu’accentuer les inégalités au cours des décennies, et a créé un État libanais complètement gangréné par la corruption et dépourvu de tout moyen financier entraînant une absence quasi complète de services publics dans le pays. Cette situation de crise sociale et politique amplifiée par une question nationale complexe, avec notamment environ 140.000 réfugié.e.s de Palestine arrivé.e.s au Liban dans le sillage de la guerre israélo-arabe de 1948, a conduit à une guerre civile entre 1975 et 1990 et, déjà, une intervention militaire israélienne meurtrière sur le sol libanais en 1982, suivie d’une occupation jusqu’en 2000.

    Corruption, crise financière et sous-développement de l’infrastructure

    La fin de la guerre civile n’a pas pour autant supprimé la misère. En 2019-2021, le pays a connu une série de mobilisations de masse – par-delà les frontières confessionnelles – à la suite d’une profonde crise financière, avec l’élément déclencheur d’un paquet de mesures d’austérité sans précédent et sous l’inspiration du Hirak algérien (mouvement de masse opposé à un cinquième mandat du président Bouteflika).

    En août 2020, deux explosions ont frappé le port de Beyrouth, une des plus graves explosions non nucléaires de l’histoire, qui a causé 235 mort.e.s, 6.500 blessé.e.s et 300.000 personnes sans abri. Plusieurs manifestations ont à nouveau exigé la démission du gouvernement et dénoncé la corruption généralisée de la caste politique. Durant la pandémie, quand un confinement national a été décrété alors que la faim, l’inflation et le chômage augmentaient, la police a tiré à balles réelles sur la foule de manifestant.e.s.

    Les inégalités dans le pays sont telles que les 1 % les plus riches, soit 42.000 personnes, possèdent 58 % de la richesse de l’ensemble de la population. La corruption des élites politiques des différentes communautés du pays n’a laissé aucun moyen dans les caisses de l’État pour la création de services publics viables. Dans la période à venir, un grand nombre de décès indirects de cette guerre seront dus à l’inaction de partis libanais corrompus depuis des décennies pour développer les infrastructures et les services à la population.

    La situation était déjà désastreuse au Liban avant cette attaque unilatérale qui vise principalement les régions où la majorité de la population est musulmane chiite, base confessionnelle du Hezbollah : au sud du Liban (où sont principalement aussi les camps historiques de réfugié.es palestinien.ne.s), dans la banlieue sud de Beyrouth, et dans la plaine de la Bekaa (dans l’Est du pays). Il est important de souligner que la population chiite est historiquement celle dont les couches larges sont parmi les plus pauvres du pays, par opposition aux populations chrétiennes du centre et du nord du pays. Même si cela n’empêche pas Israël de bombarder des zones à majorité chrétienne ou sunnite, telles que Tripoli ; où le Hezbollah ne dispose d’aucune implantation.

    Les ambitions coloniales des couches les plus réactionnaires de la politique israélienne débordent largement de Gaza, c’est l’ensemble de la sous-région qui est concernée, ce qui permet aussi de comprendre les frappes israéliennes en Syrie et l’invasion terrestre au Liban.

    Oui à la résistance, non à l’islamisme

    Sur qui peut-on se reposer ? Israël ne pourrait continuer ses exactions sans le soutien actif de la “communauté internationale”, c’est-à-dire des puissances impérialistes occidentales. Le double standard entre les sanctions appliquées à la Russie depuis l’invasion de l’Ukraine et le soutien militaire et financier à Israël saute aux yeux. Israël est la tête de pont par excellence de l’impérialisme occidental dans la région, elle continuera à bénéficier de ce soutien, peu importent les résolutions de l’ONU ou les condamnations de la Cour pénale internationale.

    Dans la région, la république islamique d’Iran est aujourd’hui la plus grande menace militaire vis-à-vis d’Israël. Elle soutient financièrement et logistiquement le Hezbollah, et aussi le Hamas, et est la seule force militaire dans la région capable de représenter une menace pour le régime sioniste.

    Les peuples palestiniens et libanais ont évidemment le droit aujourd’hui de résister contre l’envahisseur, y compris de façon armée. Nous refusons de renvoyer simplement dos à dos Israël et le Hezbollah ou le Hamas. Mais nous estimons toutefois essentiel de rappeler que remplacer un régime réactionnaire par un autre n’est pas la solution pour la libération et l’émancipation de toustes les habitant.e.s de la région. Si nous nous opposons résolument à l’offensive génocidaire israélienne et à sa politique coloniale, nous saluons aussi le courage et la détermination des femmes iraniennes et du soulèvement de masse “Femme, Vie, Liberté” déclenché par la colère suite de l’horrible assassinat de Mahsa Jîna Amini en 2022 par le régime misogyne iranien.

    Au Liban, le Hezbollah a lui aussi montré son vrai visage ces dernières années. Malgré sa capacité relative à unifier des couches issues de différentes confessions lors du conflit israélo-libanais de 2006, le Hezbollah a par la suite lui-même profité du système de corruption libanais, à l’image des autres forces politiques du pays, sur des bases confessionnelles sectaires et tout particulièrement depuis qu’il est devenu la force politique la plus influente au Liban.

    Le Hezbollah a même fait usage de son autorité et de la force pour freiner la révolution d’octobre durant l’automne 2019, en qualifiant la jeunesse révoltée de “traitre à la solde de l’Occident” et en attaquant physiquement les rassemblements contestataires. A l’époque, les revendications du mouvement, initialement économiques et opposées à la corruption de l’ensemble de l’élite politique, se sont transformées en revendications sociales pour réclamer un changement de société. Ainsi durant des mois, la Thawra (Révolution en arabe) a dépassé les frontières confessionnelles et a posé les germes d’une alternative à l’État libanais défaillant. Des assemblées générales ; des comités de quartier ; des groupes de solidarité financière, médicale et juridique ont vu le jour pour assister les occupations de places et des grèves générales. Malheureusement, la pression de partis tels que le Hezbollah, l’absence de coordination claire et de perspectives ainsi que la pandémie de covid ont eu raison du mouvement. Mais les causes sociales et économiques qui lui ont donné naissance n’ont pas disparu.

    Au même moment, en 2019-2020, des mobilisations anti-gouvernementales déferlaient sur l’Irak, là aussi par-delà les frontières confessionnelles, de même que sur l’Iran. C’est dans ce type de mobilisations populaires de masse et dans l’exploitation de leur potentiel révolutionnaire qu’une issue peut être trouvée. Nous soutenons la résistance, y compris de manière armée, mais pas sur des bases confessionnelles et antisémites, tels que le fait le Hezbollah, mais sur des bases anticoloniales et révolutionnaires. Cela pourrait trouver un écho dans toute la région, jusque parmi les masses pauvres israéliennes. La résistance contre l’impérialisme, ou qu’il soit, est plus puissante si elle repose sur l’unité dans la lutte de toutes les couches exploitées et opprimées, au-delà des différences confessionnelles et nationales, et surtout organisée de manière démocratique. Cette résistance doit prendre différentes formes, y compris de manière armée, mais elle doit surtout reposer sur l’action des masses qui lutte non seulement contre les colonisateurs mais aussi contre le capitalisme et les gouvernements dont le pouvoir repose sur ce système.

  • Action de solidarité avec Ahou Daryaei : femme, vie, liberté!

    Hier, nous étions une trentaine à participer à une action face à l’université de Liège en solidarité avec Ahou Daryaei, étudiante de l’université islamique Azad de Téhéran a bravé la répression en protestant courageusement contre la police des mœurs.

    Enlevée pour un hijab jugé “inapproprié”, elle s’est dévêtue jusqu’à ses sous-vêtements en signe de résistance. Elle est désormais en détention, et sa vie est en danger. Son action courageuse se place à la suite du soulèvement féministe en Iran qui avait fait écho au slogan kurde “Femme, vie, liberté – Jin, Jiyan, Azadî”

    La solidarité internationaliste était au coeur des prises de parole qui ont vu se succéder des camarades orignaire d’Iran, d’Italie et du Chili, aux côté d’un militante étudiante belge.

    Ce combat est lutte mondiale qui dépasse les frontières et qui constitue un cri de résistance commun : de l’Iran à la Palestine, contre toute forme d’oppression et d’injustice. Nous dénonçons la récupération de la révolte féministe en Iran pour servir les intérêts de l’impérialisme, l’escalade meurtrière du génocide à Gaza et l’agression israélienne dans la région.
    Le combat contre la machine de mort israélienne et contre l’impérialisme fait partie intégrante du combat féministe, au même titre que le combat contre un régime théocratique dictatorial comme celui de l’Iran.

  • Namur : nouvelle mobilisation contre l’armement d’Israël

    Hier, plus de 500 personnes se sont réunies à Namur pour une nouvelle manifestation contre la livraison d’armes en Israël à l’appel d’une large coalition.

    Cette mobilisation aux portes du parlement wallon s’imposait tout particulièrement au vu du changement de la composition du nouveau gouvernement wallon : “Nous exigeons du gouvernement wallon et de son ministre-président l’interdiction de la délivrance de toute licence d’exportation – directe ou indirecte – d’armes, de matériel de guerre ou assimilé à destination d’Israël”, défendaient les porte-paroles.

    La mobilisation visait notamment à défendre le maintien de l’interdiction de tout transit d’armes destinées à Israël dans les aéroports wallons et la la levée de toute opacité concernant le transit de marchandises à destination d’Israël via l’ouverture des registres douaniers.
    Les organisations syndicales ont un rôle crucial à jouer à ce titre, en organisant une campagne effective pour que les travailleur.euse.s surveillent ce qui passe par leurs mains et organisent un boycott ouvrier des livraisons et du transit d’armes par la Belgique.

    Photos : J-F

  • Halte au génocide à Gaza et à la spirale sanglante au Moyen-Orient

    Depuis plus d’un an, le monde assiste avec horreur et en temps réel à l’une des campagnes de bombardement les plus destructrices et les plus impitoyables de l’histoire – un assaut incessant aux proportions génocidaires – sur la bande de Gaza. La machine de mort et de destruction maniée par l’État israélien tourne et elle plonge dans de nouvelles profondeurs indicibles, tout en élargissant son champ d’action régional. Le Moyen-Orient est aujourd’hui au bord de ce qui pourrait être la plus grande conflagration régionale depuis des décennies.

    Par Serge Jordan

    Une horreur sans fin

    Selon le bilan officiel publié par le ministère de la santé de Gaza, le génocide israélien à Gaza a tué plus de 43.000 Palestiniens en 12 mois. Ce chiffre représente toutefois plus que probablement une importante sous-estimation. Plusieurs milliers de personnes sont toujours portées disparues et ne sont pas prises en compte dans les statistiques officielles. L’anéantissement des établissements de santé, des réseaux de communication et des infrastructures routières a gravement entravé la tenue de registres précis. Ce chiffre ne tient pas non plus compte du nombre important – et croissant – de victimes dues à des causes indirectes telles que la maladie, la malnutrition et la famine. Plusieurs organisations, dont l’Organisation mondiale de la santé, des groupes de défense des droits humains et des professionnel.le.s de la santé qui ont travaillé à Gaza, affirment que le nombre réel de victimes est beaucoup plus élevé que ce qui est indiqué. Une étude récente du “Costs of War Project” de l’université Brown (Etats-Unis) estime ce nombre à environ 114.000, ce qui représente environ 5 % de la population de Gaza, et le qualifie de nombre minimum ferme et prudent de morts, tandis que les estimations de la revue scientifique britannique The Lancet faisait déjà état de plus de 180.000 personnes décédées de causes indirectes il y a plusieurs mois.

    Entre-temps, la Cisjordanie occupée a également connu une recrudescence des attaques meurtrières de l’armée israélienne et des colons au cours de l’année écoulée, ce qui a entraîné la détention de près de 12.000 Palestinien.ne.s et la mort de centaines de personnes, dont 36 enfants tués lors de frappes aériennes et en raison de tirs à balles réelles 129, la plupart touchés à la tête ou à la partie supérieure du corps.

    Aussi horrible que cela puisse paraître, le nombre de mort.e.s ne représente qu’une partie de la barbarie dont est victime le peuple palestinien. Un nouveau rapport de l’Agence des Nations unies pour le développement sur l’impact socio-économique de la guerre révèle que les indicateurs de développement humain dans la bande de Gaza se sont effondrés à des niveaux jamais atteints depuis les années 1950, et qu’il faudrait 350 ans (!) pour que l’économie de Gaza retrouve les niveaux d’avant le 7 octobre 2023. La quasi-totalité de la population de Gaza souffre d’une forte insécurité alimentaire, un demi-million de personnes sont menacées de famine. Des dizaines de milliers de personnes ont subi des blessures qui ont changé leur vie ; Gaza abrite désormais le plus grand nombre d’enfants amputés de l’histoire moderne, avec 10 enfants en moyenne qui perdent une jambe ou les deux chaque jour.

    Dans ce qui a marqué un nouveau degré d’horreur et d’intensification de cette guerre brutale d’extermination – que l’envoyé palestinien auprès des Nations unies a qualifié de « génocide dans le génocide » -, le nord de Gaza a été soumis à un siège d’une cruauté stupéfiante au cours des trois dernières semaines (alors que les zones dites « sûres » ou « humanitaires » dans les parties méridionales de la bande continuent d’être régulièrement bombardées elles aussi). Depuis le 1er octobre, les forces israéliennes ont empêché l’entrée de nourriture ou d’aide de quelque nature que ce soit dans le nord de Gaza et ont soumis la région à des frappes aériennes et à des tirs d’artillerie incessants. L’armée israélienne a intensifié son offensive terrestre – la troisième en douze mois – encerclant le camp de réfugiés de Jabalia, tuant des centaines de civils et forçant des dizaines de milliers de personnes à fuir. Les familles déplacées qui s’abritaient dans des bâtiments publics sont chassées sous la menace des armes, avant que ces bâtiments ne soient rasés ou brûlés par les soldat.e.s israélien.ne.s. Les Palestinien.ne.s qui ont fui ont fait des récits effrayants de cette campagne permanente de meurtres, de famine planifiée et de déplacements forcés : des dizaines de corps éparpillés dans les rues, des preuves d’exécutions sommaires, des blessés laissés sur place alors que les ambulances et les secours sont délibérément bloqués, voire directement attaqués. L’armée israélienne prend également pour cible ce qui reste des réserves et des canalisations d’eau, poussant la population restante plus près du bord de la famine et de la soif. Joyce Msuya, responsable des affaires humanitaires de l’ONU, a averti samedi que « l’ensemble de la population du nord de Gaza risque de mourir sous le siège israélien », au lendemain d’un raid israélien de grande envergure sur Kamal Adwan, le dernier hôpital opérationnel de la région.

    Le directeur de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orien (UNRWA), Philippe Lazzarini, a récemment déclaré : “L’odeur de la mort est omniprésente, les corps gisant sur les routes ou sous les décombres. Les missions de déblaiement des corps ou d’assistance humanitaire sont refusées. Dans le nord de Gaza, les gens attendent simplement de mourir. Ils se sentent abandonnés, désespérés et seuls. Ils vivent d’une heure à l’autre, craignant la mort à chaque seconde.” Malgré ces conditions insupportables et la menace imminente d’anéantissement, de nombreux.ses Palestinien.ne.s ne peuvent tout simplement pas partir – ou refusent de le faire en sachant qu’une fois parti.e.s, il ne sera pas possible de revenir – une expérience gravée dans leur histoire.

    Cette stratégie militaire israélienne semble s’inspirer des principes fondamentaux de ce que l’on appelle le « plan des généraux », un projet publié en septembre par une association d’officiers retraités et de réservistes israéliens, que le Premier ministre Netanyahou a qualifié de « logique ». Les principaux objectifs de ce plan sont l’encerclement militaire du nord de Gaza, l’interruption de l’aide humanitaire et l’utilisation de la famine comme moyen de pression pour forcer l’évacuation totale de la zone. Chaque Palestinien.ne qui resterait sur place serait qualifié.e d’agent du Hamas et traité.e comme une cible légitime à abattre. Connu également sous le nom de « plan d’Eiland », il porte le nom de Giora Eiland, général de division à la retraite et ancien chef du Conseil national de sécurité d’Israël, qui en a conçu le cadre et a résumé son raisonnement brutal il y a déjà un an dans une interview, en déclarant : « Gaza doit être complètement détruite : chaos terrible, crise humanitaire grave, cris au ciel… ». Cette déclaration s’accompagne des projets du mouvement des colons et de l’extrême droite israélienne de réinstaller Gaza, ouvertement discutés lors d’une conférence le 21 octobre à laquelle ont participé des membres de la Knesset (le Parlement) et plusieurs membres du Likoud (le parti de Nétanyahou) ainsi que des ministres du gouvernement, et qui ont été protégés par l’armée et la police.

    Cependant, la faisabilité pratique d’un plan visant à soumettre environ 400.000 personnes à l’horrible ultimatum « partir ou mourir » est une toute autre question. Outre l’attachement indéfectible des Palestinien.ne.s à leur terre, on peut se demander combien de temps les forces d’occupation israéliennes pourront maintenir leur emprise sur le nord de Gaza sans subir des pertes croissantes de la part du Hamas et d’autres groupes armés palestiniens qui continuent d’opérer dans la région. L’armée israélienne est également confrontée à des contraintes militaires, logistiques et humaines de plus en plus importantes pour soutenir les opérations dans la bande de Gaza, compte tenu des exigences simultanées de l’intensification de la guerre avec le Liban – qui nécessite d’importants déploiements de troupes – ainsi que de la possibilité d’une escalade de la guerre à l’extérieur.

    L’assaut s’étend au Liban

    Malgré les affirmations publiques du contraire, plus d’un an après le début de la guerre, le gouvernement de Netanyahou n’a toujours pas atteint les objectifs qu’il s’était fixés à Gaza. Par exemple, moins de 7 % des otages israéliens libérés ont été récupérés par la force militaire. Les célébrations triomphalistes de l’establishment israélien à l’occasion de l’assassinat des dirigeants du Hamas, Ismail Haniyeh et plus récemment Yahya Sinwar, ne peuvent occulter la réalité : le Hamas, bien qu’ayant subi des pertes militaires significatives en hommes et en matériel, est loin d’être « éliminé ». L’affirmation du ministre israélien de la défense, Yoav Gallant, selon laquelle le Hamas est effectivement démantelé en tant que force de combat à Gaza – reprise la semaine dernière par le secrétaire d’État américain Antony Blinken – ne correspond pas aux faits. Outre le fait que ce récit contredit clairement la propagande de l’État israélien, qui continue d’imputer au Hamas la responsabilité de la quasi-totalité pertes civiles palestiniennes massacrées par les bombes de Tsahal, le groupe conserve objectivement une capacité et une volonté de se battre. Dans un contexte pratiquement dépourvu de forces de résistance de gauche, la spirale d’atrocités du régime israélien devrait également aider le Hamas à reconstituer ses rangs au sein d’une nouvelle génération de Palestinien.nes. Sur le plan politique, les résultats du dernier sondage effectué par le Centre palestinien de recherche sur les politiques et les sondages au début du mois de septembre montrent que si le soutien au Hamas a légèrement baissé, il reste le plus élevé par rapport à toutes les autres factions palestiniennes, tant à Gaza qu’en Cisjordanie occupée.

    Confronté à une impasse stratégique, Nétanyahou s’est retrouvé sous la pression des factions les plus extrémistes et ultranationalistes de son propre cabinet, qui l’ont incité à poursuivre l’escalade de la guerre. Il cherchait aussi désespérément à détourner l’attention de ses propres vulnérabilités politiques et des critiques intérieures croissantes concernant sa conduite de la guerre. Ces critiques ont culminé, début septembre, avec des manifestations historiques dans tout Israël et une grève générale de courte durée déclenchée par la fédération syndicale Histadrut, qui a cédé à la pression massive de la base – à laquelle ont participé des travailleurs d’origine juive, arabe et autre, exigeant un « accord immédiat ».

    Encouragé par les facteurs susmentionnés et sentant une opportunité dans la faiblesse évidente de l’actuelle administration Biden, Nétanyahou a opté pour une fuite en avant imprudente, appuyant sur l’accélérateur de la guerre au Liban. L’explosion meurtrière de bipeurs et d’appareils de communication piégés dans une opération de terrorisme d’Etat à travers le Liban à la mi-septembre a simplement servi de prélude aux « Flèches du Nord », une offensive militaire israélienne aérienne et terrestre brutale de plus grande envergure sur le Liban. Les affirmations du régime israélien selon lesquelles ce nouvel assaut ne vise que le Hezbollah sont manifestement fausses. Il a attaqué sans discrimination des hôpitaux, des zones résidentielles, des postes frontières, des équipes de la Croix-Rouge et de la protection civile, des agriculteurs, des bergers, des journalistes et même des forces de « maintien de la paix » de l’ONU. Les infrastructures essentielles – eau, électricité, communications – ont été délibérément prises pour cible, de même que les bâtiments gouvernementaux, les monuments culturels et les sites historiques. L’offensive a tué plus de 2.600 personnes à ce jour et en a déplacé environ 1,2 million, forçant plus d’un.e habitant.e du Liban sur cinq à quitter son foyer.

    L’offensive de l’armée israélienne au Liban semble en partie reposer sur l’idée de terroriser et de saper la base sociale du Hezbollah. Attiser les flammes sectaires au sein de la population libanaise pourrait bien être un élément intentionnel de cette stratégie, alors que les Libanais.es majoritairement chiites sont contraints de fuir le sud vers des régions majoritairement sunnites, druzes et chrétiennes. Ainsi, à la mi-octobre, l’armée israélienne a frappé le petit village septentrional d’Aito, dans le cœur chrétien du pays, loin des principales zones d’influence du Hezbollah dans le sud et l’est du Liban, mais où étaient accueillies les personnes déplacées à l’intérieur du pays en provenance des régions à majorité chiite. Vingt-deux personnes ont été tuées dans l’attentat.

    L’assassinat de Hassan Nasrallah, leader historique et très en vue du Hezbollah, à la fin du mois de septembre, ainsi que l’élimination de la plupart des hauts commandants militaires de l’organisation, ont incontestablement porté un coup au Hezbollah. Ces actions, ainsi que les attaques de bipeurs et de talkies-walkies ont également mis en évidence de graves failles de sécurité au sein de la structure du groupe. Sur le plan politique, elles ont permis à Nétanyahou de rehausser temporairement son prestige sur le plan intérieur. Son parti, le Likoud, est remonté d’un niveau historiquement bas pour prendre la tête des sondages d’opinion nationaux.

    Toutefois, les limites de cette tendance sont déjà visibles. Des sondages récents montrent également qu’une majorité de la population israélienne souhaite une élection anticipée et la coalition de Nétanyahou serait incapable de former un gouvernement lors d’élections hypothétiques, l’un des deux partenaires de la coalition d’extrême droite risquant de perdre tous ses sièges au parlement. Sur le champ de bataille, le Hezbollah reste un adversaire redoutable. Par rapport à sa guerre de 2006 contre Israël, l’organisation a considérablement renforcé ses capacités de combat, en grande partie grâce à des années d’expérience aux côtés des forces du régime réactionnaire d’Assad en Syrie. Le Hezbollah dispose d’un vaste arsenal de missiles et de roquettes guidés avec précision ; bien que certaines parties de cet arsenal aient été dégradées lors des récentes frappes aériennes israéliennes, il est toujours capable d’atteindre presque n’importe quelle cible en Israël – comme l’a récemment souligné une frappe de drone visant la luxueuse villa privée de Netanyahou dans la ville côtière de Césarée. En outre, le groupe peut compter sur des dizaines de milliers de combattants aguerris, endurcis par une guerre de longue haleine. Bien que les médias ne s’accordent pas sur le nombre exact de victimes militaires israéliennes au Liban, il est largement admis que les pertes de ces derniers jours ont été les plus lourdes jamais infligées par le Hezbollah, qui mène un combat acharné sur le terrain – tout en faisant pleuvoir des tirs de roquettes de l’autre côté de la frontière, dont certains ont fait des victimes civiles. L’idée initiale et déclarée de l’armée israélienne d’une « opération ciblée et limitée » au Liban pourrait facilement se transformer en son contraire.

    Croire qu’Israël a ouvert ce nouveau front – aux dépens du peuple libanais – pour assurer une « sécurité » et une « paix » durables à sa propre population est une illusion cruelle qui s’effondrera bientôt sous le poids de la réalité. Sans parler du fardeau que la guerre et la spirale des dépenses militaires font peser sur l’économie israélienne, ce qui, comme l’a noté « The Hindu », « oblige à faire des choix difficiles entre les programmes sociaux et l’armée ». Cela exacerbera les tensions sociales et approfondira les contradictions au sein de la société israélienne.

    L’armée israélienne bombarde l’Iran

    Tragiquement, le potentiel destructeur de ce conflit pourrait encore se déployer, car la dynamique engagée risque de l’entraîner dans quelque chose de bien plus grave. Ce que le régime israélien cherchait à obtenir, sans y parvenir, par le biais des accords d’Abraham – à savoir un changement à long terme de l’équilibre régional des forces en sa faveur vis-à-vis de l’Iran et des groupes soutenus par l’Iran, ainsi que la mise à l’écart de la question palestinienne et la normalisation et le renforcement de son régime d’occupation – il tente à présent de l’obtenir par une campagne de mort et de destruction. Cette logique conduit le gouvernement de Nétanyahou sur la voie d’une confrontation avec Téhéran.

    Alors que le gouvernement génocidaire de Tel-Aviv multiplie les provocations – il a bombardé, le Yémen, la Syrie, le Liban et Gaza en l’espace de 24 heures en septembre – le régime iranien cherche à maintenir une stratégie d’escalade « contrôlée » et « calculée », marchant sur un fil entre le fait de se poser comme une ligne de front clé dans « l’axe de la résistance » contre le régime israélien tout en évitant consciemment des actions qui pourraient déclencher une guerre à grande échelle. Cette prudence ne découle pas d’une position de force, mais de la crainte des retombées politiques, sociales, économiques et militaires qu’un tel scénario entraînerait, d’autant plus que le pays a été confronté à des éruptions périodiques de mécontentement interne massif au cours des dernières années. Pourtant, le lancement par l’Iran de 200 missiles balistiques en direction d’Israël à la suite de l’assassinat de Nasrallah, qui a tué un civil (un Palestinien dans la ville de Jéricho, en Cisjordanie), a été immédiatement exploité par les responsables israéliens comme prétexte pour menacer de représailles punitives. Dans la foulée, le Pentagone a envoyé en Israël son système de défense antimissile le plus avancé, accompagné d’une centaine de personnes chargées de le faire fonctionner. Il s’agissait du premier déploiement officiel de troupes américaines sur le terrain depuis le début du génocide à Gaza, et d’un « exemple opérationnel du soutien sans faille des États-Unis à la défense d’Israël », selon le secrétaire américain à la défense, Lloyd J. Austin.

    Présentée comme une mesure défensive, l’attaque israélienne, orchestrée en tandem avec Washington, est intervenue le 26 octobre et a pratiquement représenté une offensive. Elle visait les sites de fabrication de missiles et de drones iraniens, ainsi que les défenses aériennes. Bien que les installations nucléaires et pétrolières – cibles auxquelles l’administration Biden s’est publiquement opposée – ont été épargnées, il n’est pas certain que d’autres frappes suivront. Même isolée, cette première attaque militaire israélienne ouvertement reconnue contre l’Iran comporte le risque de déclencher une réaction en chaîne plus large.

    La danse hypocrite de l’impérialisme

    Les timides tentatives de la Maison Blanche de mettre le pied à l’étrier pour éviter un conflit total avec l’Iran en plaidant pour des frappes aériennes relativement “limitées”, combinées à son insistance renouvelée sur la nécessité d’un cessez-le-feu à la suite de l’assassinat de Yahya Sinwar, dissimulent mal le rôle instrumental que l’impérialisme américain a joué tout au long de l’année écoulée dans la préparation de cette situation explosive et dans la facilitation matérielle, politique et diplomatique du génocide à Gaza. De nouvelles données de l’agence de surveillance d’Al Jazeera, Sanad, révèlent l’ampleur stupéfiante de l’implication américaine et britannique dans les opérations militaires d’Israël entre octobre 2023 et octobre 2024. Ces données font état de pas moins de 6.000 vols militaires au-dessus de la région, soit une moyenne de 16 par jour, dont 1 200 vols de fret livrant des armes à Israël, ainsi que des missions de reconnaissance, du ravitaillement en vol et d’autres formes de soutien.

    Néanmoins, les prétendues « contraintes » de l’administration Biden concernant l’attaque d’Israël contre l’Iran, sa capitalisation sur la mort de Sinwar pour plaider à nouveau en faveur d’un cessez-le-feu – bien que le Premier ministre israélien ait ostensiblement fait savoir qu’il ne voyait pas les choses de cette manière – ainsi que ses menaces – largement inconséquentes – de geler l’aide militaire si le régime israélien ne levait pas les restrictions sur l’aide humanitaire à Gaza dans les 30 jours, trahissent toutes de réelles inquiétudes dans les cercles dirigeants américains. Ces efforts timides pour freiner les manœuvres de guerre les plus extrêmes de Nétanyahou ne sont pas motivés par des considérations morales, mais par l’indignation publique massive et la réaction brutale contre les actions du régime israélien, par des calculs électoraux cyniques (un récent sondage a montré que les Américains d’origine arabe préfèrent légèrement Trump à Harris) et par le spectre d’une déstabilisation beaucoup plus importante de la région. Washington hésite certainement à s’engager dans une guerre à grande échelle avec l’Iran, sachant que cela pourrait exacerber le sentiment anti-américain et causer des ravages sur les marchés pétroliers et l’économie mondiale dans son ensemble. Préoccupé par l’intensification de sa rivalité stratégique avec la Chine, l’establishment politique américain – démocrates et républicains confondus – préférerait réduire son empreinte au Moyen-Orient plutôt que de l’aggraver. Toutefois, paradoxalement, si un tel conflit devait éclater, l’impérialisme américain passerait probablement en mode réactif, contraint de renforcer son soutien au régime israélien de peur que toute manifestation de faiblesse n’enhardisse ses rivaux régionaux et mondiaux. Dans le contexte de la « nouvelle guerre froide » (c’est-à-dire la bataille pour l’hégémonie mondiale entre les deux principales superpuissances que sont les États-Unis et la Chine), le président qui occupera la Maison Blanche favorisera objectivement l’affaiblissement de l’Iran et des puissances impérialistes qui lui sont associées, à savoir la Chine et la Russie.

    Quoi qu’il en soit, les gestes actuels de l’administration américaine ne signalent aucun changement significatif dans la politique des États-Unis. Le soutien de Washington à Israël reste profondément ancré dans des impératifs géostratégiques, qui ne peuvent être modifiés par la seule rhétorique. Seuls des mouvements d’envergure venant d’en bas, y compris des développements majeurs de la lutte des classes, pourraient exercer la pression de masse nécessaire pour perturber cette alliance bien ancrée.

    Dans l’état actuel des choses, alors que Biden peut occasionnellement déclarer qu’il y a trop de victimes civiles, il continue d’armer Israël jusqu’aux dents. De même, le Premier ministre britannique Keir Starmer affirme que “le monde ne tolérera plus d’excuses de la part d’Israël » – ce même Starmer qui a déjà justifié le droit d’Israël à couper l’eau et l’électricité à Gaza. Le Premier ministre canadien Justin Trudeau fustige le régime indien de Narendra Modi pour ses exécutions extrajudiciaires en territoire étranger, mais garde un silence complice lorsqu’Israël commet des actes similaires à Gaza, au Liban ou en Iran. Modi, quant à lui, parle de « diplomatie de la paix » tout en soutenant le gouvernement de Nétanyahou par le biais de contrats d’armement impliquant des entreprises indiennes, en facilitant l’envoi de travailleurs indiens en Israël et en s’abstenant sur les résolutions de l’ONU appelant à un cessez-le-feu ou condamnant l’occupation et les crimes de guerre d’Israël. Le président turc Erdoğan a beau s’insurger contre les bombardements d’Israël, il ordonne la même semaine plus de 40 frappes aériennes sur le nord et l’est de la Syrie, tuant des dizaines de civils. Quant à Macron, un ancien fonctionnaire français cité par Politico décrit son approche hésitante : « Lorsqu’il parle aux pays émergents, il est pro-palestinien ; et lorsqu’il parle à Netanyahou, il ne pense qu’à la sécurité d’Israël. » Son récent revirement vers une rhétorique plus ferme à l’encontre de certaines politiques de Nétanyahou semble coïncider avec l’invasion israélienne du Liban, un pays que l’impérialisme français continue de considérer comme faisant partie de son arrière-cour.

    Cette hypocrisie éhontée met à nu la faillite morale des dirigeants capitalistes mondiaux de tous bords. Leur indignation sélective révèle que les condamnations de la violence ne sont rien d’autre que des outils de commodité pendant que le massacre se poursuit. La fin de ce massacre ne viendra pas des hautes sphères du pouvoir, mais d’une résistance généralisée et organisée à l’échelle internationale, forçant une rupture dans le système qui permet et facilite ces crimes.

    Arrêter le génocide, arrêter la machine de mort de l’État israélien – Combattre l’ensemble du système par une action de masse

    Le peuple palestinien, ainsi que tous les travailleurs et opprimés vivant au Liban et dans la région, ont besoin de notre solidarité inébranlable. Nous devons appeler à l’arrêt immédiat du déchaînement sanglant du régime israélien dans la région et au retrait total de ses forces d’occupation du Liban, de Gaza et de la Cisjordanie occupée. Les États-Unis et la plupart des dirigeants occidentaux plaident en faveur d’un cessez-le-feu centré sur la libération des otages israéliens toujours détenus à Gaza. Pourtant, non seulement ils restent indifférents au sort des milliers de prisonniers palestiniens qui croupissent dans les prisons israéliennes, mais ils ont également apporté leur soutien au cabinet de guerre de Nétanyahou, qui a méthodiquement saboté toutes les possibilités de cessez-le-feu, tout en exploitant sans ménagement le sort des otages pour accélérer son agenda sanglant. Le chahut récent de Nétanyahou par les familles endeuillées des otages lors de son discours au cours d’un rassemblement de commémoration des victimes du 7 octobre à Jérusalem est un signe certain de l’indignation croissante de l’opinion publique face à ces manœuvres cyniques.

    Il est évident qu’aucun cessez-le-feu véritable et durable ne peut avoir lieu dans des conditions de siège et d’occupation militaire. En l’état actuel des choses, nous défendons le droit inaliénable des masses au Liban et dans les territoires palestiniens occupés de résister à l’agression militaire permanente d’Israël, y compris par les armes. Une résistance armée reposant sur des bases de masse et liée au contrôle démocratique de la population, cherchant à unir les travailleurs et les opprimés à travers les diverses confessions et communautés nationales, et intégrant les revendications de libération nationale avec les revendications de transformation économique et sociale radicale, serait le meilleur moyen d’y parvenir.

    La résistance contre ce génocide doit s’attaquer à ses racines fondamentales. Cela signifie mener une lutte politique sans compromis non seulement contre le colonialisme et le racisme de l’État israélien, mais aussi contre le système capitaliste et impérialiste qui les soutient. Cette lutte doit aller de pair avec la construction d’organisations socialistes indépendantes capables d’organiser la classe ouvrière et tous les opprimés autour d’un tel programme. Elle doit s’éloigner des capitulations des partis pro-capitalistes corrompus comme le Fatah, mais aussi des forces islamistes de droite comme le Hamas et le Hezbollah. Même si, dans les conditions actuelles, ces forces bénéficient d’un soutien important, les socialistes révolutionnaires doivent s’attaquer aux causes profondes de l’oppression nationale sans succomber à des méthodes politiques réactionnaires qui, en fin de compte, servent à consolider les relations de pouvoir existantes. Il ne peut y avoir de libération pour certains sans libération pour tous : pour réussir, la lutte doit être anti-sectaire, internationaliste, féministe, anti-impérialiste, anticapitaliste et donner la priorité à la participation démocratique de masse – autant de qualités dont ces organisations sont malheureusement dépourvues. De plus, leurs attaques aveugles contre les civils israéliens et leur collaboration avec le régime despotique iranien – celui-là même qui a brutalement écrasé le mouvement « Femme, Vie, Liberté » – contribuent à renforcer la propagande sanguinaire de Nétanyahou et de la bande de bouchers qui font pleuvoir la terreur sur Gaza et le Liban.

    Notre lutte doit viser non seulement l’assaut militaire de l’État israélien, mais aussi tous ceux qui le soutiennent, toutes les puissances impérialistes dont les intérêts particuliers font partie intégrante du bain de sang qui engloutit actuellement le Moyen-Orient, et tous les régimes autoritaires et oppressifs de la région – y compris l’Iran et la Turquie – qui se soucient davantage de leur propre richesse et de leur survie politique que du sort des masses palestiniennes.

    Ensemble, la complicité effective des régimes arabes dans l’autorisation des actions barbares d’Israël à Gaza et leur perpétuation de la violence d’État et de la misère chez eux, pourraient alimenter un mélange puissant susceptible de déclencher de nouveaux soulèvements dans toute la région. En octobre, le régime égyptien d’al-Sissi a augmenté les prix des carburants pour la troisième fois cette année dans le cadre de « réformes structurelles » plus larges imposées à la demande du FMI après avoir réduit les subventions pour le pain en juin. Ces politiques ne font qu’accentuer la colère d’une population qui souffre déjà de graves difficultés économiques, tout en voyant leur gouvernement agir comme un facilitateur de facto de l’étranglement du peuple palestinien. « Le deuxième printemps arabe se prépare, sans aucun doute, mais tous les moteurs sont toujours là : la pauvreté, la corruption, le chômage, le blocage politique et la tyrannie », a déclaré Oraib Al Rantawi, directeur du Centre d’études politiques d’Al-Qods, basé à Amman. Bien que les rues du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord semblent actuellement dominées par des sentiments de démoralisation et d’impuissance, les événements horribles qui se déroulent à Gaza et au Liban continuent d’agir comme un catalyseur pour une accumulation moléculaire mais constante de rage de masse et de radicalisation – qui pourrait éclater de la manière la plus explosive et, si elle est organisée efficacement, devenir un puissant levier pour arrêter la spirale de la machine de mort du régime israélien et de ses soutiens impérialistes.

    Pendant ce temps, à travers le monde, bien qu’avec des fluctuations et des degrés d’intensité variables, des millions de personnes se sont levées par défi, en manifestant, en boycottant, en faisant grève, en occupant. Des actions menées par des étudiants et des travailleurs universitaires – parfois soutenus par des syndicats, y compris par des grèves comme celle des United Automobile Workers (UAW) aux États-Unis – ont appelé les universités à rompre tous leurs liens avec l’État d’Israël. Ces actions ont permis de démasquer les mensonges de la classe dirigeante – qui a généralement répondu par une violente répression policière contre les campements – et de populariser la question du contrôle démocratique par les étudiants et les travailleurs de la gestion et de l’utilisation des fonds de leurs universités.

    Rien qu’à Londres, 300.000 personnes ont envahi les rues à la suite de l’invasion du Liban. Fin septembre, une grève générale de 24 heures « contre le génocide et l’occupation en Palestine » a été organisée dans l’État espagnol à l’appel de plus de 200 syndicats et ONG, accompagnée de manifestations de masse dans tout le pays. C’est la voie à suivre : pour obtenir les résultats les plus tangibles, nous devons frapper au cœur des profiteurs de guerre et des États impérialistes, en ciblant leurs fonctions et leurs profits, et donner un nouveau souffle à l’appel initial des syndicats palestiniens au mouvement ouvrier mondial, appelant à la solidarité contre le génocide à Gaza – et maintenant l’assaut sur le Liban et la poursuite de l’escalade de la guerre dans la région.

    Les dockers grecs ont récemment bloqué les livraisons d’armes à Israël, les travailleurs de Google et de Microsoft se sont révoltés contre le partenariat de leur entreprise avec le gouvernement et l’armée israéliens, les travailleurs des hôpitaux parisiens ont manifesté en solidarité avec leurs homologues soumis à un blocus à Gaza, et la campagne « Arrêtez d’armer Israël » s’est poursuivie, aux militants français de « Stop Arming Israel » qui ont distribué des tracts dans plusieurs usines d’armement françaises qui soutiennent le génocide israélien afin de nouer des liens avec les travailleurs de l’industrie, aux appels publics des syndicats français CGT STMicroelectronics et CGT Thales pour que leurs entreprises respectives cessent de faire des affaires avec Israël… ces innombrables actes de solidarité de la classe ouvrière doivent être amplifiés partout où cela est possible, en particulier dans les secteurs stratégiques qui sont au cœur du fonctionnement de la machine de guerre israélienne. Aussi stimulantes que soient ces actions, les syndicats et les organisations de travailleurs du monde entier pourraient et devraient faire beaucoup plus pour mobiliser activement leurs membres, dénoncer la complicité de leurs gouvernements dans les atrocités en cours et libérer toute la puissance de la classe ouvrière par une action de masse audacieuse et coordonnée.

    Cette lutte doit également s’étendre aux travailleurs et aux jeunes de l’État d’Israël, en les exhortant à utiliser leur pouvoir et à tirer parti de leur travail pour bloquer la machine de guerre et affronter ce qui est objectivement – même si ce n’est pas encore consciemment reconnu – un ennemi commun. Nous saluons et sommes pleinement solidaires de tous ceux qui, à l’intérieur de la ligne verte, prennent des mesures audacieuses pour s’opposer au régime de Nétanyahou et à l’ensemble des forces politiques qui soutiennent cette guerre d’extermination contre les Palestiniens.

    Incontestablement, des contradictions majeures compliquent ce processus. Par exemple, la courte grève générale du 2 septembre s’est produite non pas à cause mais en dépit de la direction de la Histadrout, dont le président nationaliste de droite Bar-David, en décembre 2023, a signé de manière dégoûtante un obus destiné à être utilisé pour bombarder la bande de Gaza, avec l’inscription suivante : Le peuple d’Israël vit. Salutations de la Histadrout et des travailleurs d’Israël. La grève a également été soutenue par une partie de la classe capitaliste israélienne, pour ses propres intérêts. Quant au mouvement « Deal now », il a reflété une conscience profondément conflictuelle et contradictoire, et son soutien a été considérablement affaibli par l’attaque contre le Liban. Malgré ces difficultés, la grève et les manifestations « Deal now » ont laissé entrevoir le rôle que les travailleurs israéliens pourraient jouer à l’intérieur de la ligne verte pour soutenir la lutte contre le génocide à Gaza, la guerre au Liban, la violence des colons et des militaires en Cisjordanie occupée, ainsi que la politique du régime israélien en général. Les socialistes révolutionnaires ont pour tâche essentielle d’encourager activement ce processus et de démasquer la rhétorique trompeuse de la sécurité et de l’autodéfense que la classe dirigeante israélienne exploite pour déguiser un agenda qui ne conduit qu’à plus d’insécurité, d’austérité et d’effusion de sang pour toutes les parties impliquées.

    En fin de compte, la lutte pour la libération de la Palestine est inséparable de la lutte globale contre le capitalisme, un système axé sur le profit privé qui engendre des guerres, la dévastation de l’environnement et d’obscures inégalités. Dans ce système, les technologies les plus avancées de l’humanité sont exploitées non pas pour améliorer la vie mais pour l’anéantir à une échelle génocidaire, tandis que les appareils les plus perfectionnés permettent de diffuser en direct les actes de violence les plus primitifs et les plus déshumanisants à des millions de personnes. L’urgence d’une transformation révolutionnaire n’a jamais été aussi claire. Il est essentiel de renverser ce système destructeur pour récupérer les immenses richesses et ressources de la société, y compris celles qui sont actuellement canalisées vers le massacre de masse et la ruine de Gaza. Ce n’est que par le biais d’un programme socialiste visant la propriété et le contrôle collectifs des moyens de production et défendant les droits de toutes les communautés nationales et religieuses à la pleine égalité et à l’autodétermination que nous pourrons jeter les bases d’un avenir où la paix, la sécurité et la prospérité seront garanties à tous les peuples.

  • La plus grande manifestation jamais organisée à Bruxelles contre le génocide et l’escalade meurtrière régionale

    Quelle manifestation ce dimanche ! Nous n’utilisons pas souvent le terme « historique », mais il est certainement approprié ici. Non, la colère suscitée par le génocide à Gaza et l’escalade régionale de la violence par Netanyahou et son régime d’extrême droite n’est pas retombée. Au contraire, le flot quotidien de rapports d’horreur en provenance du Moyen-Orient ne fait que l’accentuer. La manifestation phénoménale de dimanche dernier était extrêmement diversifiée. Des personnes de tous âges et de toutes origines ont manifesté dans une foule qui n’en finissait pas. Le message était solidaire et uni : cela doit cesser, nous exigeons un cessez-le-feu et la fin du génocide, nous exprimons notre solidarité avec les victimes de Gaza et du Liban, nous sommes tous des enfants palestiniens.

    Ce n’était pas la première grande manifestation nationale, mais c’était la plus importante jusqu’à présent. La police a parlé de 32.000 participant.e.s, un chiffre largement sous-estimé, comme toujours. Il y avait au moins 50.000, voire 70.000 manifestant.e.s, comme l’affirment les associations organisatrices. Avec des manifestations d’une telle ampleur, il est difficile de faire une estimation exacte. Dans l’ensemble, il s’agissait probablement de la plus grande manifestation depuis la plus grande manifestation pour le climat de 2019. Les médias établis s’en sont tenus à des comptes rendus succincts. Dans le quotidien flamand De Standaard, par exemple, il faut déjà faire défiler la page 13 pour obtenir un reportage avec deux photos. Pourquoi ce mouvement de masse qui bénéficie d’un large soutien populaire est-il ignoré à ce point dans la pratique ?

    Parmi les manifestant.e.s, il y avait des jeunes et des moins jeunes. Des étudiant.e.s qui ont occupé des campus, des syndicalistes et des travailleur.euse.s s’organisant spécifiquement autour de la Palestine, des activistes politiques, des membres d’organisations comme Amnesty International et, surtout, des dizaines de milliers de personnes qui n’ont pas défilé dans un bloc spécifique, parfois parce qu’elles ne l’ont tout simplement pas trouvé dans le flux de personnes et souvent parce que, dans l’immense manifestation, les gens marchaient pour la plupart ensemble. Des personnes d’horizons divers manifestaient en solidarité et savaient que leur voix est plus forte parce qu’elles sont nombreuses. Cette solidarité était réconfortante à un moment où les nouvelles quotidiennes du Moyen-Orient pèsent sur les esprits.

    Le PSL était bien entendu présent à la manifestation. Nous avions un stand au point de départ sur Bruxelles Nord et au point d’arrivée sur la place Jean Rey, qui était manifestement bien trop petite pour une manifestation de cette taille. Nous avons marché avec des banderoles ou avec des collègues et des amis. Nous avons également distribué un tract dont le texte est disponible ici.

    Reportage photos de Pol :

    Reportage photos de Liesbeth:

    Reportage photos de Jean-Marie:

  • Bloquons le génocide : pour un boycott organisépar la classe travailleuse!

    UN AN DE GÉNOCIDE, DES DÉCENNIES D’OCCUPATION COLONIALE

    Depuis un an, l’Etat israélien déchaîne sa machine de mort contre les Palestinien.ne.s : au moins 45.000 personnes ont directement perdu la vie sous les bombes tandis que plus de 180.000 personnes sont décédées de famine ou des suites de la destruction des infrastructures de santé. Le génocide est l’aboutissement d’un ordre colonial bâti sur des décennies d’occupation, de dépossession et de déshumanisation des Palestinien.ne.s.

    Tract distribué lors de la manifestation nationale du 20 octobre

    Les impérialismes occidentaux complices

    L’opération de terrorisme d’Etat de masse mené au Liban a confirmé le même esprit génocidaire et illustre que nous ne pouvons pas nous fier sur les institutions officielles. Cet ordre colonial n’existerait pas sans le soutien des puissances impérialistes occidentales.

    L’Etat israélien garantit aux puissances et multinationales occidentales un accès aux routes commerciales ainsi qu’aux réserves de gaz et de pétrole de la région. Les intérêts économiques et stratégiques du capitalisme, reposant sur l’exploitation pour le profit, ont continuellement poussé à armer matériellement et idéologiquement l’État israélien jusqu’au génocide.

    Lutter pour la Palestine implique de combattre nos propres gouvernements

    Nous sommes des millions à travers le monde à avoir manifesté et boycotté, à être entrés en grève ou à avoir lancé des occupations de campus. A Londres, 300.000 personnes ont occupé les rues après l’invasion du Liban. En construisant un rapport de force, des victoires sont possibles. A Liège, l’occupation a obtenu la suspension de certains contrats liant l’université à des entreprises ayant fourni Tsahal, comme OIP Sensor System ou Léonardo.

    Pour poursuivre sur cette voie, il faut viser les profiteurs de guerre et les Etats impérialistes là où ça leur fait mal: au profit. Dans l’Etat espagnol, il y a trois semaines, une grève générale de 24h “contre le génocide et l’occupation en Palestine” a été proclamée à l’appel de plus de 200 syndicats et ONG. Cette grève a été accompagnée de manifestations de masse dans les grandes villes, avec les organisations étudiantes à leur tête.

    En Belgique, un boycott ouvrier du transit d’armes vers Israël – comme le demandent les syndicats palestiniens – pourrait tout à fait se faire grâce à l’action des syndicats. Ce type de campagne doit être discuté et pris en main de toute urgence par les délégations syndicales : par le biais de motions de solidarité, d’actions aux portes de l’entreprise, d’une présence syndicale visible aux actions pro-palestiniennes,… pour lancer une dynamique vers le blocage effectif de la manutention d’armes vers Israël.

    Ce sera d’autant plus important que le nouveau gouvernement wallon MR – Engagés va très certainement revenir sur des avancées obtenues par le mouvement, notamment l’arrêté de la région wallonne interdisant tout transit d’armes vers Israël.

    La libération de la Palestine

    Alors que Georges-Louis Bouchez (MR) ose qualifier l’opération terroriste israélienne au Liban de “coup de génie”, chaque acte de résistance du peuple palestinien ou libanais est qualifié de terrorisme. Nous soutenons la population de l’État libanais, tout comme les Palestinien.ne.s, dans leur lutte pour leur libération nationale et sociale ainsi que dans leur droit de résister à l’agression du régime israélien, y compris par les armes.

    Mais la lutte militaire sera insuffisante à elle seule. Le mouvement le plus puissant contre le génocide et la transformation de toute la région en un enfer, c’est un mouvement qui organiserait les masses de la région autour de la lutte contre l’agression israélienne mais aussi du rejet de la passivité complice des régimes de la région, de la misère, de l’exploitation capitaliste et du pillage impérialiste. Une telle unité dans la résistance nationale et sociale serait la meilleure façon de repousser chaque tentative, de Netanyahu et de l’impérialisme, de diviser les peuples de la région sur base confessionnelle ou régionale sectaire. La résistance armée organisée sous contrôle démocratique et fondée sur l’unité des travailleur.euse.s et des pauvres de différentes communautés religieuses et nationales serait la meilleure manière d’y parvenir.

    Que tout le système dégage !

    La classe dirigeante israélienne n’a rien d’autre à offrir qu’une fuite en avant génocidaire pour tenter de stabiliser son règne colonial de corruption, d’inégalités, d’insécurité, d’autoritarisme et de précarisation d’existence. Une lutte révolutionnaire pour renverser le système capitaliste, grâce à la prise de contrôle des vastes richesses et ressources de la région par les masses, pourrait atteindre la classe travailleuse en Israël et la stimuler à rejoindre le combat contre un ennemi commun.

    La lutte de masse de la classe travailleuse et des pauvres doit redessiner toute la région en respectant le droit à l’autodétermination des peuples et les intérêts de chaque communauté (arabes, amazighs, kurdes, juifs,…). Un système fondé sur le pouvoir des masses serait synonyme de liberté et de justice pour tou.te.s. Cela pourrait permettre aux Palestinien.ne.s et aux Juif.ve.s israélien.ne.s d’exercer leur droit démocratique à l’autodétermination et à toutes les minorités nationales et religieuses de bénéficier d’une égalité totale – ce qui est impensable tant que l’État sioniste, fondé sur la suprématie raciste et l’occupation, restera debout.

    Cette lutte pour une transformation socialiste révolutionnaire de toute la région doit commencer aujourd’hui.

  • Stop au génocide à Gaza, stop à l’invasion du Liban

    Depuis une année entière maintenant, la population de Gaza vit un assaut génocidaire de l’État israélien qui a rendu la bande de Gaza pratiquement inhabitable. La souffrance humaine y est inimaginable.

    Texte d’un tract du Socialist Party irlandais

    Au moins 48.000 Palestinien.ne.s ont été massacré.e.s. La faim et la maladie sévissent, et la destruction des services de santé entraîne une surmortalité estimée à au moins 186.000 personnes, selon la revue médicale The Lancet.

    La nouvelle série d’atrocités commises par l’État israélien au Liban a dépassé les 1.000 personnes tuées et des centaines de milliers de personnes ont dû quitter leur foyer au cours des dernières semaines, alors qu’une nouvelle invasion terrestre était lancée, la quatrième de la part de l’armée israélienne depuis 1978.

    Le Moyen-Orient est à l’aube d’une nouvelle guerre régionale et de toutes les horreurs que cela entraînera en raison des actes de la classe dirigeante israélienne, avec le soutien total de l’impérialisme américain. L’administration Biden déploie actuellement des troupes supplémentaires dans la région pour y soutenir son principal allié.

    « Se tenir aux côtés de la Palestine, c’est être humain » – Greta Thunberg

    Des millions de personnes ordinaires dans le monde entier ont manifesté, occupé, boycotté et sont entrées en grève contre l’État israélien.

    Le désir de ne pas faire comme si de rien n’était tant que le génocide se poursuivra fait partie intégrante de ce mouvement inspirant. Ce sentiment d’urgence doit être transposé sur nos lieux de travail, dans nos communautés, dans nos universités et dans nos écoles. Plus précisément, les travailleur.euse.s doivent mener des actions de grève ciblées pour mettre un terme aux livraisons d’armes à l’État d’Israël.

    L’empathie envers les Palestinien.ne.s et l’humanité de ce mouvement contrastent fortement avec l’inhumanité de celles et ceux qui dirigent notre société. Ces personnes profondément cyniques sont complices d’un génocide, un génocide soutenu par le système capitaliste dans son ensemble :

    • La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et d’autres dirigeants occidentaux se sont rendus en Israël pour donner le feu vert à Netanyahou pour massacrer Gaza ;
    • Les puissances américaines et européennes ont continué à fournir à l’État israélien des armes de destruction massive. Les génocidaires Joe Biden et Kamala Harris ont veillé à ce que 14 milliards de dollars de fonds de guerre soient envoyés à Israël, en plus des 3,8 milliards de dollars versés chaque année par les Etats-Unis ;
    • En Allemagne, deuxième exportateur d’armes vers Israël, les manifestations de solidarité avec les Palestinien.ne.s ont été interdites et les militant.e.s criminalisé.e.s ;
    • Des entreprises comme Hewlett Packard, Intel, Caterpillar et de nombreux fabricants d’armes ont profité des crimes de l’État israélien ;
    • Malgré ses belles paroles, le gouvernement irlandais est également complice du génocide de Gaza. Il a honteusement permis à 90 tonnes d’armes de traverser l’espace aérien irlandais. Il a bloqué l’adoption du projet de loi sur les territoires occupés qui interdirait les marchandises provenant des colonies israéliennes.

    Complicité impérialiste

    De la Naqba au génocide de Gaza, les États capitalistes occidentaux ont toujours soutenu les crimes de l’État israélien contre le peuple palestinien.

    Ainsi, pour des millions de personnes dans le monde, la Palestine, comme par le passé l’Afrique du Sud de l’apartheid et la guerre de l’impérialisme américain contre le peuple vietnamien, est devenue le symbole du système mondial injuste et oppressif. Une véritable opposition à l’État israélien est nécessairement liée à une large opposition à l’oppression, à l’exploitation, au racisme et au colonialisme.

    Liberté pour la Palestine

    La liberté pour la Palestine n’existera jamais tant que l’État d’apartheid israélien, raciste et colonial, existera. Il doit être renversé et anéanti.

    Les masses palestiniennes elles-mêmes, alliées à la classe travailleuse et aux pauvres de tout le Moyen-Orient, sont essentielles pour y parvenir. Mais nous ne pouvons pas nous arrêter là. L’ensemble du système capitaliste et impérialiste et tous les régimes pourris qui le soutiennent doivent disparaître. Ce système a créé une prison d’exploitation et d’oppression dans toute l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient.

    Une lutte révolutionnaire pour une transformation socialiste de la société, prenant le contrôle des vastes richesses et ressources au profit de millions de personnes et non de millionnaires, pourrait tendre la main à la classe travailleuse au sein de l’État israélien et l’appeler à se joindre à une bataille contre un ennemi commun. La classe dirigeante n’offre qu’un avenir de guerre, d’insécurité, de corruption, d’autoritarisme et de précarisation d’existence.

    Un changement révolutionnaire

    Une société fondée sur le pouvoir des masses serait synonyme de liberté et de justice pour tou.te.s. Elle pourrait permettre aux Palestinien.ne.s et aux Juif.ve.s israélien.ne.s d’exercer leur droit démocratique à l’autodétermination et à toutes les minorités nationales et religieuses de bénéficier d’une égalité totale – ce qui est impensable tant que l’État sioniste, fondé sur la suprématie raciste et l’occupation, restera debout.

    La lutte pour un changement socialiste révolutionnaire doit commencer aujourd’hui, une lutte inséparable de la quête de libération des Palestinien.ne.s, et le seul moyen par lequel la paix et la justice pour toutes les personnes opprimées et exploitées peuvent devenir réalité.

  • Moyen-Orient. Halte à l’hécatombe catastrophique !

    Le bombardement massif de Beyrouth et l’assassinat du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, signifient un nouveau sommet dans la direction d’une guerre totale contre le Liban, au bord d’une guerre régionale.  Le « cabinet de la mort » d’Israël a autorisé Netanyahu et Gallant à lancer une invasion terrestre. La mobilisation pour la lutte est nécessaire pour empêcher d’autres désastres d’une ampleur historique.

    Par Uri Bar-Shalom Agmon et Yasha Marmer (Israël / Palestine), article publié à l’origine en hébreu le 28 septembre.

    La crise sanglante historique, qui a débuté il y a près d’un an, entre maintenant dans une nouvelle phase, plus proche que jamais d’une guerre régionale. L’attaque contre le siège central du Hezbollah à Dahieh, à Beyrouth, qui a entraîné la destruction d’au moins six immeubles résidentiels et un horrible massacre faisant des centaines de morts selon certains rapports, est le point culminant de la guerre « de choc et de stupeur » que le régime israélien a lancée il y a une dizaine de jours sur le sol libanais dans le but de modifier l’équilibre des forces dans l’ensemble du Moyen-Orient au détriment du régime iranien et de ses alliés.

    La vaste campagne de terrorisme d’État, qui comprend l’assassinat de plus de 700 personnes au Liban ces derniers jours et le bombardement d’immeubles résidentiels à Beyrouth, place des millions de personnes au Liban dans le champ de tir, et non seulement elle ne favorise pas le retour des Israéliens résidant dans le nord du pays dans leurs foyers, mais elle crée une réalité dans laquelle des millions de personnes supplémentaires du côté israélien de la frontière se retrouvent dans le champ de tir du Hezbollah, combinée à l’augmentation des tirs des milices en provenance d’Irak et du Yémen.

    « Il s’agit d’une guerre totale. Ce qu’Israël a fait au cours des deux dernières semaines et hier est suffisant pour ‘fermer la porte’ à toute forme de règlement. Le Liban et l’ensemble de la région sont entrés dans une nouvelle phase de conflit qui conduira à un changement de la physionomie de la région » , écrivait samedi le journal libanais “Al-Akhbar”, identifié au Hezbollah.

    Un nouvel ordre

    L’attentat perpétré vendredi 27 septembre au soir à Beyrouth, au cours duquel plusieurs immeubles résidentiels ont été rasés avec leurs habitants, avec plus de 80 bombes d’un poids moyen d’une tonne, avait pour objectif l’assassinat de Hassan Nasrallah, chef militaire et politique du Hezbollah et de facto de l’« axe de résistance » pro-iranien dans la région. Nasrallah était à la fois le visage public et le stratège de l’« axe » et les conséquences de son assassinat seront également différentes des assassinats provocateurs et démonstratifs de Fuad Shukr (Haj Mohsein) et d’Ismail Haniyeh à la fin du mois de juillet.

    Le New York Times a cité samedi un haut fonctionnaire israélien qui a déclaré que l’attaque de Dahieh visait à « briser le Hezbollah » en assassinant des commandants de haut rang de l’organisation. Le régime israélien tente de briser la milice du Hezbollah, le maillon le plus fort de la chaîne des milices de l’« axe de la résistance », pour briser l’axe tout entier. Cela ne peut se faire sans un conflit régional de grande ampleur, prolongé et destructeur. Symboliquement, l’armée israélienne a choisi d’appeler l’attentat contre Nasrallah « Nouvel ordre ».

    L’assassinat en 1992 d’Abbas al-Musaw, l’ancien secrétaire général du Hezbollah, et en 2008 d’Imad Mughniyeh, l’ancien chef de la branche militaire de l’organisation, n’a pas empêché le Hezbollah et l’« axe de la résistance » de continuer à se renforcer militairement au fil des ans. De même, l’assassinat de Nasrallah en lui-même ne façonnera pas la région selon les souhaits de Netanyahu, Gallant et des généraux de l’armée israélienne.

    Avant l’assassinat, mercredi soir, le cabinet de la mort a autorisé Netanyahou et Gallant à approuver une invasion terrestre du Liban. Cela signifie qu’ils peuvent légalement ordonner le lancement d’une telle attaque terrestre à tout moment. Le haut fonctionnaire israélien cité par le New York Times a déclaré que si l’assassinat des dirigeants du Hezbollah réussit, cela « permettra à Israël d’éviter une entrée terrestre au Liban ». Mais c’est le contraire qui est vrai. Le fait de déséquilibrer la milice du Hezbollah en assassinant ses commandants contrecarre toute tentative de parvenir à un accord sur la frontière, incite le Hezbollah à étendre son champ de tir et, selon la logique du gouvernement et des chefs de l’armée en Israël, à intensifier la guerre à la frontière pour en faire une invasion terrestre.

    Deux brigades de réserve ont été recrutées et envoyées à la frontière nord, ainsi que plusieurs autres bataillons. Il existe un risque immédiat que le gouvernement mette en œuvre des plans d’invasion terrestre dans des zones proches de la frontière et, plus tard, à l’intérieur du Liban. Un autre danger est le scénario de la mise en œuvre de la « doctrine Dahieh » dans tout le Liban, c’est-à-dire d’énormes bombardements aériens et la démolition d’immeubles de grande hauteur sur leurs habitants, dans les villes et les villages de tout le Liban, tuant des milliers de résidents. Ces scénarios soulèvent également le danger d’une expansion dramatique de la guerre en Syrie, en Irak, au Yémen et potentiellement en Iran, dans les mois à venir.

    Dans les jours qui ont précédé l’assassinat de Nasrallah, par crainte d’un bouleversement régional et mondial qui nuirait également à leurs intérêts, les représentants de l’impérialisme américain et français ont tenté de freiner le déchaînement militaire (qu’ils continuent cependant d’armer et de financer) du gouvernement de Netanyahou et des chefs militaires par une pause de trois semaines aux fins de négociations entre Israël et le Hezbollah. Le gouvernement de Netanyahou et l’extrême droite ont refusé l’offre et ont clairement fait savoir qu’ils étaient déterminés à poursuivre avec toute la force nécessaire. Le ministre de la guerre Gallant a fait référence à la guerre au Liban hier (vendredi 27.09) : « Nous attendons cette occasion depuis longtemps, moi aussi, pas seulement depuis l’année dernière, depuis de nombreuses années. »

    L’attaque sanglante contre le Liban a culminé lundi dernier (23 septembre), lorsque 558 personnes, dont 50 enfants, ont péri dans le massacre perpétré par le bras armé du capitalisme israélien sur l’ensemble du territoire libanais. Dans certains bombardements, des familles entières ont été anéanties. Plus d’un millier de personnes ont été blessées. Ce fut le jour le plus sanglant au Liban depuis au moins 40 ans, depuis le massacre de Sabra et Chatila. Il s’agit d’un acte de terrorisme d’État généralisé destiné à restaurer le prestige du régime israélien et à « brûler les consciences », dans le contexte de la crise stratégique dans laquelle se trouve le gouvernement, sans issue, à deux semaines de l’anniversaire du 7 octobre.

    Le ministère libanais de la santé estime qu’au moins 1 640 personnes ont été tuées au Liban depuis le 8 octobre, dont 104 enfants et 194 femmes, la plupart dans des frappes israéliennes au cours des deux dernières semaines. Ce bilan effroyable est déjà plus élevé que celui de la guerre de 2006 au Liban, au cours de laquelle environ 1 400 habitants ont été tués.

    Ces deux derniers jours, des centaines de milliers d’habitants du Liban ont été déplacés de leur domicile sous la menace des bombardements et ont été pris pendant de longues heures dans d’énormes embouteillages, parfois sans eau ni nourriture. Ils ont rejoint les centaines de milliers d’habitants du Sud-Liban déplacés depuis octobre 2023, avant même la phase actuelle. Il n’y a pas d’abris pour accueillir tout le monde. Les écoles et les campus du pays sont devenus des centres d’accueil pour les personnes déplacées, mais beaucoup d’entre eux sont déjà pleins.

    « Ramener les habitants du nord chez eux en toute sécurité » ?

    Après presque un an de guerre d’extermination à Gaza, avec plus de 41 000 morts dans le massacre historique, le gouvernement israélien n’a atteint aucun de ses objectifs de guerre déclarés. La crise des otages n’a pas été résolue, et non seulement le mouvement Hamas n’a pas disparu, mais ses combattants continuent d’opérer même dans les territoires que les forces d’occupation israéliennes ont déjà repris. Le gouvernement n’a pas non plus été en mesure d’imposer des conditions de reddition aux dirigeants du Hamas par des moyens militaires et il n’y a pas d’horizon pour la fin du bain de sang.

    Immédiatement après le 7 octobre, le choc de masse dans la société israélienne a été utilisé par tous les partis politiques de l’establishment pour attiser la réaction nationaliste et mobiliser le soutien du public israélien en faveur de l’attaque génocidaire à Gaza. Les voix qui s’opposaient à la guerre ont été réduites au silence, y compris de manière violente. Mais à mesure que le choc s’atténuait et que les objectifs de guerre du gouvernement s’avéraient impossibles à atteindre par des moyens militaires, les doutes et les critiques se sont multipliés dans de larges pans de la société israélienne. Dans ce contexte, la demande d’arrêt de la guerre à Gaza, dans le cadre d’un accord d’échange prévoyant le retour des personnes enlevées encore en vie, a atteint le courant dominant de la société israélienne. Même le leader de la soi-disant « opposition », Yair Lapid, qui a reconnu le changement d’humeur et n’était pas d’accord avec Netanyahou sur la manière dont la guerre d’extermination était menée, a appelé à la fin de la guerre à Gaza et a attaqué Netanyahou pour avoir voulu une « guerre éternelle ».

    Aujourd’hui, le gouvernement parvient à mobiliser un soutien relativement large de l’opinion publique israélienne en faveur d’une guerre totale contre le Liban, principalement autour de la démagogie sécuritaire et de la promesse qu’une telle guerre sanglante résoudrait apparemment la crise des dizaines de milliers d’évacués des villes du nord et leur permettrait de rentrer chez eux en toute sécurité. Les chefs de l’« opposition » parlementaire israélienne aident le gouvernement sanguinaire dans cette entreprise : Yair Lapid, Gidon Sa’ar, Avigodor Lieberman et Yair Golan, qui rivalisent avec les ministres d’extrême droite Smotrich et Ben Gvir en appelant à l’occupation du Sud-Liban et en tentant d’écarter Netanyahou de la droite.

    Une guerre totale au Liban menace non seulement la sécurité, la vie et le bien-être des masses au Liban et dans la région, mais aussi de millions de personnes en Israël. En réponse au massacre généralisé au Liban, le Hezbollah a effectivement élargi la portée de ses tirs, notamment en envoyant un missile sur la région de Tel-Aviv, et ses roquettes ont également fait un certain nombre de blessés, notamment des travailleurs arabes et palestiniens de la région de Nahariya et un travailleur touché à Tibériade, mais à ce stade, il s’agit d’une réponse limitée et restreinte. Malgré l’atmosphère d’euphorie nationaliste qui règne dans les studios d’information israéliens et dans les vidéos de Netanyahou et des généraux, les responsables de l’armée et du gouvernement admettent que « nous n’avons encore rien vu ». Le « haut responsable politique » israélien , interviewé par N12 jeudi, a déclaré : « Le public israélien doit savoir que le gouvernement israélien n’est pas en mesure de faire face à la situation : « Le public israélien doit savoir que nous n’avons pas vu un huitième des capacités du Hezbollah, qui, pour une raison ou une autre, se retient pour l’instant. Mais si nous en arrivons à une guerre totale, le prix à payer sera lourd. Le point d’arrêt sera l’accord [de cessez-le-feu], car Israël n’a pas l’intention de détruire le Hezbollah, de le démanteler ou de démanteler l’État libanais ».

    Les lancements de drones depuis l’Irak, dont certains sont également arrivés au port d’Eilat, et les missiles balistiques tirés depuis le Yémen en direction de Tel-Aviv, font partie de la nouvelle réalité : une guerre régionale de facto, de faible intensité, avec des attaques et des contre-attaques non seulement au Liban, mais aussi en Syrie, en Irak, au Yémen et, potentiellement, en Iran.

    L’attaque militaire contre le Liban lancée par le cabinet de la mort israélien n’améliorera pas la sécurité des habitants de la Galilée, du nord ou des habitants d’Israël en général ; au contraire, elle devrait provoquer de nouvelles catastrophes. D’autres villes du nord se joignent déjà à la routine des alarmes quotidiennes. La routine de la vie à Haïfa, et peut-être bientôt aussi dans la région de Tel Aviv, commencera à être différente. Personne ne garantit qu’il n’en sera pas ainsi pendant de nombreux mois. Une escalade plus dramatique pourrait également faire des dizaines, voire des centaines de morts en Israël.

    Il ne s’agit pas d’une guerre pour la protection de la population et le retour des habitants dans leurs maisons, mais d’une guerre pour la réorganisation de l’assujettissement national et de l’oppression des Palestiniens et la préservation de l’hégémonie du régime israélien et de l’impérialisme américain au Moyen-Orient contre l’Iran et ses alliés. Tels sont les véritables objectifs du régime israélien dans cette attaque sanglante et, pour les atteindre, il est également prêt à sacrifier les derniers Israéliens enlevés, à mettre en danger la vie de dizaines de milliers de personnes en Israël et dans la région et à provoquer des désastres pour des millions de personnes.

    Vers une guerre israélo-iranienne ?

    Le guide suprême iranien Khamenei et le président Pezeshkian, du camp réformateur, ont indiqué, au moins jusqu’à l’assassinat de Nasrallah, que l’Iran n’était pas intéressé par une guerre à grande échelle. Mais l’attaque de représailles iranienne en avril après l’assassinat de généraux iraniens dans le complexe du consulat iranien à Damas a montré que lorsque les intérêts directs du régime iranien sont menacés, il est prêt à tracer une ligne rouge et à répondre militairement. À la suite de l’attentat à la bombe à Beyrouth vendredi soir, M. Khamenei a convoqué une réunion d’urgence du Conseil national suprême en Iran.

    Dans son discours à l’ONU, au moment de l’assassinat et du bombardement des immeubles résidentiels de Beyrouth, Netanyahou a menacé le régime de Téhéran : « Si vous nous attaquez, nous vous attaquerons. Il n’y a pas d’endroit que le long bras d’Israël n’atteindra pas ». L’arrogance du gouvernement Netanyahou peut le conduire, suite à l’escalade dramatique qu’il a initiée, à lancer une « frappe préventive » contre l’Iran et plus particulièrement à profiter d’une opportunité pour attaquer les installations nucléaires du pays.

    Le ministre israélien de la guerre, M. Gallant, s’est entretenu au téléphone pendant l’attaque de Dahieh et l’assassinat de Nasrallah avec le secrétaire américain à la défense, M. Lloyd Austin, qui affirme pour sa part que « les États-Unis n’ont pas été impliqués dans l’opération d’Israël. Nous n’avons pas été prévenus à l’avance ». Il semble que l’hypothèse qui guide Gallant, Netanyahou et les chefs de l’armée à ce stade est que Washington devra soutenir toute action qu’ils initient ex post facto – aussi provocatrice et sanglante qu’elle puisse être.

    Bien que Washington ne soit pas intéressé par une guerre directe avec l’Iran, si le gouvernement Netanyahou et l’extrême droite entraînent le régime iranien dans une intervention militaire, les États-Unis pourraient être entraînés dans la campagne pour protéger leur prestige et leurs intérêts dans la région.

    Le conflit au Moyen-Orient alimente et influence le conflit inter-impérialiste entre le camp dirigé par l’impérialisme américain et celui dirigé par les impérialismes russe et chinois. L’administration Biden continue non seulement d’armer et de financer la machine de guerre israélienne à coups de milliards de dollars, mais elle est également intervenue directement sur le plan militaire en menant des attaques au cours des derniers mois au Yémen, en Irak et en Syrie et en menaçant d’attaquer le Hezbollah ou l’Iran dans le cadre d’un scénario de guerre totale. Les diplomates russes et chinois ont fermement condamné Israël, mais dans un avenir prévisible, la Russie et la Chine n’ont pas l’intention d’intervenir directement comme les États-Unis. Toutefois, des rapports récents indiquent que la Russie mène des pourparlers, par le biais d’une médiation iranienne, avec la milice Ansar Allah des Houthis au Yémen, concernant la possibilité de leur fournir des armes de pointe, en guise de revanche pour le transfert d’armes des États-Unis et des puissances occidentales vers l’Ukraine.

    Une lutte s’impose pour arrêter le brasier

    Il est urgent d’organiser des manifestations et même des grèves dans toute la région et dans le monde entier pour imposer un cessez-le-feu au régime israélien. L’intervention des masses au Moyen-Orient et dans les pays impérialistes qui arment et financent la machine de guerre israélienne peut influencer le cours des événements et même faire pencher la balance en faveur d’une guerre régionale.

    Hier (27 septembre), une série de syndicats de l’État espagnol ont organisé une grève de protestation de 24 heures contre la guerre d’extermination à Gaza. Une initiative internationale d’activistes solidaires a jusqu’à présent recueilli environ 116 000 « engagements » à participer à une journée de grève et de protestation contre le bain de sang à Gaza et au Liban le 1er octobre, mais il ne semble pas pour l’instant que des syndicats ou d’autres grandes organisations aient rejoint l’appel.

    À la même date, mardi prochain (1er octobre), une grève de protestation lancée par le Haut comité de suivi des citoyens arabes d’Israël et le Comité national des chefs de localités arabes (NCALC) devrait avoir lieu, à l’occasion de l’anniversaire des événements d’octobre 2000 et en mémoire des manifestants qui ont été tués par balle au cours des manifestations. La grève a été annoncée avant l’assaut sanglant sur le Liban, exigeant la fin de la guerre d’extermination à Gaza, les attaques contre les Palestiniens en Cisjordanie, l’épidémie de meurtres menée par les organisations criminelles à l’intérieur de la frontière de 48 (qui sont encouragées par les conditions créées par l’État et la police raciste), la démolition des maisons et l’abus des prisonniers palestiniens. Malheureusement, la direction du comité de suivi a été poussée, après de nombreux mois, à annoncer une grève, mais jusqu’à présent, elle n’a pas mené de campagne publique visant à construire une mobilisation pour une grève forte, active et efficace, tout en se préparant à faire face aux mesures de répression et de persécution politique nationaliste.

    Face à cette nouvelle et dangereuse étape de la guerre, il est nécessaire de faire de la grève le point de départ d’une nouvelle phase de la lutte contre le gouvernement sanguinaire. Cette phase devrait inclure des assemblées (y compris virtuelles) pour discuter et planifier les prochaines étapes de la lutte sur chaque lieu de travail, établissement d’enseignement, quartier ou localité, là où c’est possible et sûr. Ces mesures pourraient inclure la poursuite de la grève dans les communautés arabo-palestiniennes, mais aussi des mesures de protestation transnationales exigeant l’arrêt de la guerre au Liban, la fin du bain de sang à Gaza, la libération de « tous pour tous » et la lutte pour la réhabilitation et le bien-être.

    Alors que le siège officiel des familles des personnes enlevées s’est empressé d’annuler la principale manifestation à Tel-Aviv suite au début de la guerre au Liban sans que les autorités n’imposent de restrictions aux rassemblements, certaines familles des personnes enlevées ont lancé un appel à venir manifester samedi soir et à ne pas cesser la lutte. Bien que de nombreux participants aux manifestations « Deal Now » puissent se faire des illusions sur la guerre au Liban et même la soutenir, il convient de préciser que ceux qui ont saboté un cessez-le-feu au Liban (et ceux qui les ont encouragés au sein de l’« opposition ») ont en fait saboté un accord de libération d’otages à Gaza.

    Le déclenchement d’une indignation massive dans la société israélienne en réponse à la décision du cabinet de la mort de perpétuer l’occupation de la « route Philadelphie » à Gaza et la nouvelle de la mort de six personnes enlevées à la suite de la « pression militaire » ont exercé une pression par le bas sur la direction de la Histadrout, ce qui a conduit à l’annonce de la grève générale du 2 septembre, à laquelle ont participé des travailleurs juifs et arabes. La grève a laissé entrevoir le potentiel, qui n’a pas encore été pleinement réalisé, d’une intervention dans la crise sanglante de la part de la classe ouvrière dans l’intérêt des gens ordinaires et en opposition aux intérêts de la machine de guerre du régime israélien. Face à la direction nationaliste de droite du président de la Histadrut Bar-David et de ses semblables, la gauche socialiste devrait également promouvoir dans les organisations de travailleurs une position conforme aux intérêts des gens ordinaires de toutes les communautés nationales – contre les attaques sanglantes au Liban et la guerre d’extermination à Gaza, contre une guerre régionale et pour la libération de « tous pour tous », la réhabilitation et l’aide sociale.

    Il n’y aura pas de véritable solution à la crise sanglante sans une lutte contre l’oppression nationale, l’occupation, l’expropriation, la pauvreté et l’impérialisme. Cette lutte devrait commencer par le renforcement de l’appel à l’arrêt de l’enfer au Liban et à Gaza, l’arrêt des attaques de l’armée et des colons en Cisjordanie, une lutte pour renverser le gouvernement sanguinaire et continuer à construire une alternative à l’ensemble de son programme et au programme des partis « d’opposition » qui promet un avenir de guerres et de sang sous la domination du capital et de l’occupation. Une alternative au niveau régional et international qui promouvra une lutte pour le changement socialiste et la paix face au système capitaliste basé sur l’agression impérialiste et la domination du capital.

  • Stopper le génocide, enrayer la machine à tuer: construisons une lutte de masse contre le génocide et le capitalisme

    Le génocide des masses palestiniennes se poursuit et le régime israélien tente de s’engouffrer dans une escalade régionale de l’horreur. Les tueries orchestrées au Liban contre le Hezbollah dépassent la fiction hollywoodienne. Il s’agit en fait d’un terrorisme de haute technologie sous la conduite de la célèbre machine à tuer du Mossad, les services secrets israéliens.

    Par Bart Vandersteeene, article tiré de l’édition d’octobre de Lutte Socialiste

    Il est frappant de constater comment les médias occidentaux présentent ces actes comme une forme de lutte contre le terrorisme. On ne trouve de temps à autre, au mieux, qu’une vague critique du bout des lèvres. En dépit d’une année de génocide, défendre l’allié de l’impérialisme occidental reste le premier impératif. Le monde entier est témoin de l’horreur génocidaire infligée par le régime israélien. Dans le meilleur des cas, les dirigeants occidentaux se contentent de lever les mains au ciel, en signe d’impuissance. Comme s’il s’agissait d’un événement sur lequel il est malheureusement impossible d’avoir un impact. Au pire, ils défendent bec et ongles le « droit » de l’État israélien, sous le prétexte de la sécurité de son peuple, à perpétuer son régime d’occupation, de colonisation et de génocide.

    Les guerres, les génocides et la barbarie sont les expressions d’un capitalisme en déclin. C’est le résultat d’une intensification massive de la concurrence internationale pour le pouvoir et les profits, avec des méthodes de plus en plus extrêmes d’exercice de ce pouvoir. Et pour conséquence un coût humain effroyable à Gaza, mais aussi au Soudan, en Éthiopie, dans l’est du Congo…

    L’Occident est complice. À 100%

    L’Occident est le coarchitecte de l’occupation et de la machine génocidaire qu’est l’État d’Israël. Les décideurs politiques en place se préoccupent parfois du sort des Palestinien.ne.s, mais de manière extrêmement cynique. L’État d’Israël est complètement intégré dans le rouage impérialiste occidental.

    Outre l’alliance géopolitique, il existe également des liens et des intérêts économiques directs. Chez nous aussi, diverses entreprises s’enrichissent sur la terreur et la destruction. Ce sont elles qui devraient être la cible de notre mouvement, les profiteurs directs du génocide, les complices et ceux qui portent la responsabilité politique de la poursuite de ces politiques.

    Élargir l’outil d’action qu’est le boycott

    Un an après le début du génocide, beaucoup se demandent comment poursuivre le mouvement. Les manifestations de masse ne suffisent pas. La lutte contre les livraisons d’armes et pour un boycott académique général a contribué à alimenter le mouvement de revendications concrètes. Les revendications en faveur d’un boycott général jouent également un rôle dans la lutte contre la normalisation du régime israélien. Plus d’une fois, les demandes de boycott, qu’il s’agisse de l’Eurovision ou de compétitions internationales de football, se sont heurtées à un mur. Les liens entre les institutions occidentales et les institutions de l’État israélien sont profondément enracinés.

    Des concessions ont été arrachées dans plusieurs universités. Cependant, celles-ci ne semblent pas définitivement acquises. L’UGent semble travailler secrètement à un système permettant de poursuivre malgré tout la coopération avec les universités israéliennes, en dépit des promesses effectuées. Quelle honte ! La seule option est de reprendre les occupations et, si possible, de les étendre. Nous ne devons pas stopper les mobilisations de masse, mais continuer à nous mobiliser et à descendre dans la rue. Mais il faut aller plus loin.

    Certaines organisations, en particulier toutes celles qui organisent les salarié.e.s sur leur lieu de travail, peuvent jouer un rôle décisif dans l’expansion de la lutte. Les syndicats peuvent développer un rapport de force qui permette d’arracher des revendications concrètes. Le boycott ne doit pas se limiter à un instrument exercé uniquement par des individus, sous la forme d’un boycott des consommateurs. Le boycott peut être mis en œuvre de telle sorte que les travailleur.euse.s, organisé.e.s par le biais de leurs syndicats, refusent de servir les profiteurs du génocide. Sur base d’une campagne de sensibilisation sérieuse, les syndicats des supermarchés peuvent faire en sorte que le personnel refuse collectivement de mettre en rayon les produits provenant des territoires occupés. Dans certaines entreprises, les syndicats peuvent contrôler et imposer qu’aucun service ne soit fourni à l’État israélien et à ses institutions. Il existe donc de nombreux exemples où les syndicats peuvent utiliser le pouvoir potentiel de la classe travailleuse pour s’engager dans l’instrument du boycott, faire respecter les revendications du mouvement et ainsi renforcer celui-ci.

    Les masses palestiniennes et la classe travailleuse du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord sont finalement la force qui peut arrêter ce génocide. Un puissant mouvement de solidarité en Occident peut apporter un soutien important à cette lutte.

    Nous invitons à participer aux prochains rassemblement appelés par un large éventail d’organisations :

    • 20 octobre, Bruxelles : Manifestation nationale, 15h, Gare du Nord.
    • 5 octobre, Liège : 14h, Place Saint Lambert.
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