Category: Europe

  • Elections européennes : une révolte contre l’establishment capitaliste

    L’extrême-droite progresse, mais la gauche véritable engrange quelques succès

    Le ‘‘tremblement de terre’’ prévu de longue date – le ‘‘triomphe’’ électoral de l’extrême-droite et de ses alliés – a bien eu lieu dans certains pays clés de l’Union européenne. En Grande-Bretagne, l’Ukip (United Kingdom Independant Party) a pris la place de premier parti, poussant de ce fait le parti Travailliste en deuxième position et les Conservateurs – le parti au pouvoir – dans une position honteuse, celle de troisième parti. Les Libéraux-Démocrates (également au pouvoir en coalition avec les Conservateurs) ont quant à eux complètement été humiliés, il ne leur reste plus qu’un seul député européen !

    Par Peter Taaffe, secrétaire général du Socialist Party (section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Angleterre et au Pays de Galles)

    En France, le Parti ”Socialiste” au pouvoir a subi une défaite encore plus catastrophique en étant réduit à 14% des voix seulement, le Front national de Marine Le Pen pouvant prétendre à la victoire tant face aux ‘‘socialistes’’ bien mal nommés de François Hollande que face au parti de droite UMP.

    L’extrême-droite a réussi à aspirer les votes de nombreux travailleurs qui avaient précédemment regardé vers la gauche et les partis ouvriers. L’extrême-droite est parvenue à dévier la colère et l’amertume des travailleurs contre leur appauvrissement croissant vers un vote de protestation contre l’austérité mais aussi contre l’immigration, présentée comme responsable de tous leurs malheurs. Le Parti du peuple danois, d’extrême droite, a également récolté la plus large part des suffrages alors que les eurosceptiques et les partis d’extrême-droite l’ont emporté dans les pays nordiques.

    Même en Allemagne, Alternative für Deutschland, un parti eurosceptique relativement neuf, a obtenu ses premiers sièges au Parlement européen tandis que le parti d’Angela Merkel, la CDU, a subi son pire résultat aux élections parlementaires européennes. Le parti néofasciste NPD a gagné un siège, tout comme un certain nombre de petits partis ‘‘protestataires’’.

    Le nouveau Premier ministre italien Matteo Renzi a résisté à la tendance, mais ce n’est que parce qu’il est encore en pleine lune de miel et que les travailleurs ont envie d’une certaine stabilité. Cela changera lorsque ses attaques contre la classe des travailleurs seront lancées.

    Les alternatives à l’extrême-droite

    Ce jeudi 28 mai, environ 2.500 personnes, essentiellement des jeunes, ont manifesté à Bruxelles face au Parlement européen et face aux locaux de la Commission européenne contre la croissance des partis d’extrême droite et contre la politique d’austérité.

    Cette avancée présumée inexorable de l’extrême droite n’est s’est toutefois pas exprimée partout, particulièrement là où la classe des travailleurs bénéficiait de l’alternative de voter pour un parti de masse de gauche ou des travailleurs. Ce fut le cas aux Pays-Bas, où la progression du Parti pour la liberté de Geert Wilders (PVV) a été interrompue principalement en raison de l’existence d’une alternative pour les travailleurs sous la forme du Socialistische Partij (Parti socialiste, aux Pays-Bas, la social-démocratie est représentée par le PDVA, le Parti du Travail).

    Malgré les insuffisances politiques de ce parti concernant son programme et malgré le manque de démocratie interne, il a néanmoins agi comme un pôle d’attraction pour les travailleurs, ce qui a permis de limiter les suffrages pour l’extrême droite.

    Il en va de même pour la Grèce, où Syriza est en tête du scrutin avec 26% des voix, soit 4% d’avance sur la Nouvelle Démocratie, le parti de droite au pouvoir. Le parti néofasciste Aube Dorée a obtenu plus de 9% des voix et est pour la première fois entré au Parlement européen. A n’en pas douter, les néofascistes auraient encore davantage été minés si Syriza et son dirigeant Alexis Tsipras n’avaient pas édulcoré certaines de leurs revendications les plus radicales, telles que l’annulation de la dette et la nationalisation des banques, sur base de la conviction erronée qu’une approche plus ‘‘modérée’’ renforcerait leur popularité.

    Délégation de Xekinima, section grecque du Comité pour une Internationale Ouvrière et parti-frère du PSL, lors d’une manifestation contre la politique austéritaire du gouvernement en 2013.

    Une des bonnes nouvelles venues de Grèce est la victoire de Nikos Kanellis, un membre éminent de la section grecque du Comité pour une Internationale Ouvrière, Xekinima (organisation révolutionnaire socialiste mondiale à laquelle est affilié le PSL, NDLR), à l’occasion des élections locales qui se tenaient simultanément, qui a été élu à Volos (importante ville portuaire et industrielle grecque de 144.000 habitants, NDLR). Cela n’est qu’un léger aperçu de l’orientation que les travailleurs grecs qui souffrent depuis longtemps prendront en masse à l’avenir.

    En Espagne, le parti au pouvoir s’est en mal tiré, à l’instar du parti social-démocrate dans l’opposition, le PSOE, dont le secrétaire général a démissionné. Mais les partis et formations de gauche comme Izquierda Unida (Gauche Unie) et Podemos ont par contre réalisé de bons scores.

    Le constat est similaire en Irlande où des élections locales se déroulaient également en plus des élections européennes, en général, les principaux partis capitalistes – le Fianna Fail et le Fine Gael – ont chuté, même le parti travailliste irlandais a reçu une sévère raclée. Les travaillistes ont participé au gouvernement et ont présidé l’application d’une politique d’austérité vicieuse. Le dirigeant du Parti, Eamon Gilmore, a été contraint de démissionner.

    De gauche à droite, Joe Higgins et Ruth Coppinger qui représentent le Socialist Party au Parlement irlandais, et Paul Murphy, précédemment eurodéputé du Socialist Party.

    Mais, tout comme en Espagne et en Grèce, là où une alternative de gauche était présente, elle a pu compter sur un soutien solide. Dans le cas du Socialist Party (section du Comité pour une Internationale Ouvrière en République irlandaise et parti-frère du PSL, NDLR), ce fut de façon spectaculaire. L’élection au Dáil (le parlement irlandais) de Ruth Coppinger lors de la tenue d’une élection parlementaire partielle à Dublin West ainsi que d’une flopée de 14 conseillers municipaux à Dublin, Cork et Limerick, représente un véritable triomphe pour le socialisme et marxisme authentique (voir notre article à ce sujet).

    Malheureusement, Paul Murphy n’a pas été élu au Parlement européen, malgré près de 30.000 votes de premier choix (les élections législatives en Irlande se déroulent selon le principe du scrutin à vote unique transférable, où l’électeur ne se contente pas de choisir son candidat préféré, mais donne un ordre de préférence à l’ensemble des candidats, NDLR). L’un des facteurs qui a conduit à sa défaite a été la décision honteuse du Socialist Workers Party (SWP) de s’opposer à Paul, qui était déjà eurodéputé, en déposant un candidat, ce qui a ouvert la voie à un autre candidat.

    Ce fut un coup porté non seulement à Paul, à la gauche du mouvement des travailleurs irlandais et au Comité pour une Internationale Ouvrière, mais également à tous les travailleurs qui ont été impliqués dans les luttes à travers l’Europe et plus loin que cela, y compris les Palestiniens, les militants du Sri Lanka, les travailleurs du Kazakhstan et d’autres, qui avaient pu compter sur Paul en tant qu’énergique combattant à leurs côtés.

    Cet exemple flagrant de rancune et de sectarisme – mettre ses propres intérêts étroits et à court terme avant ceux de la cause de la gauche et de la classe des travailleurs – a été passé sous silence par les homologues du SWP irlandais à l’échelle internationale et en particulier en Grande-Bretagne, où le SWP est formellement membre de l’alliance de la Coalition de Syndicalistes et de Socialistes (TUSC, Trade Unionist and Socialists Coalition) aux côté du Socialist Party d’Angleterre et du Pays de Galles, section locale du CIO et parti frère du Socialist Party irlandais.

    Une colère anti-establishment

    Quelles sont les conclusions à tirer de ces élections? Tout d’abord, que les résultats des élections nationales, locales et européennes représentent une révolte contre l’ensemble de l’establishment capitaliste, y compris contre les dirigeants des anciens partis ouvriers comme Miliband (Parti Travailliste, Grande Bretagne), Hollande (PS, France), etc. Ces dirigeants parlent ‘‘d’aliénation’’ et de ‘‘désillusion’’ massives sans jamais vraiment admettre que ce constat ne s’applique pas seulement en réaction aux partis de la droite officielle, mais également à leurs partis respectifs !

    Si des partis alternatifs de masse de la classe des travailleurs ne sont pas présents à temps, en possédant une alternative de lutte et socialiste claire, ces masses désabusées peuvent s’orienter par désespoir vers l’extrême droite. Nous ne pouvons qu’imaginer l’impact extraordinaire qu’aurait eu la décision de dirigeants syndicaux en Grande-Bretagne de contribuer à la construction d’un nouveau parti des travailleurs pour ces élections et les prochaines. C’est en particulier le cas de Len McCluskey (secrétaire général du syndicat Unite, il a récemment menacé de désaffilier Unite des Travailliste et de lancer un nouveau parti des travailleurs si les Travaillistes perdaient les élections générales de 2015 , NDLR).

    Cela aurait offert l’opportunité de réduire le nombre de voix qui sont allées à l’UKIP et à tous les partis pro-capitalistes. Malgré le silence total des médias, c’est ce qu’a tenté de faire l’alliance de gauche TUSC à son échelle (voir notre article à ce sujet).

    Seul un programme de classe, impliquant des mesures concrètes contre l’augmentation vertigineuse des loyers, un programme d’urgence de construction d’habitations sociales, un plan de lutte contre l’austérité, etc. pourrait poser les bases d’un début de réponse à la démagogie vide de l’Ukip. Son chef, Nigel Farage, est un ancien agent de change, descendant d’une riche famille et membre de la fraternité des banquiers qui nous a entraînés dans l’abîme d’une crise dévastatrice à partir de 2007.

    Parmi le monde du travail, nombreux sont ceux qui, en désespoir de cause, ont été séduits et ont voté pour l’Ukip parce qu’ils ne voyaient pas d’alternative lors de ces élections. Dans certaines régions, là où ils le pouvaient, certains ont donné une voix à l’Ukip et une autre à la TUSC. Il s’agit d’une indication du fait que le racisme n’est pas enraciné dans la majorité de ces électeurs. Ils pourraient être gagnés à la cause d’un parti anticapitaliste radical et d’une campagne de lutte contre l’idée fausse selon laquelle les immigrés sont la cause des problèmes auxquels ils sont confrontés. En retour, cela pourrait aider à cimenter l’unité de la classe des travailleurs dans sa lutte pour l’emploi, contre les mauvais contrats de travail et pour un salaire décent.

    Dans la panique complète qui a suivi ces élections, les Conservateurs et même des porte-paroles du Parti Travailliste comme Ed Balls ont dénoncé l’immigration. Mais sans un retrait complet de l’Union Européenne et de ses traités – ce à quoi les capitalistes ne sont pas favorables, ce qui est donc peu probable à court terme – ils savent qu’ils ne seront pas en mesure d’immédiatement stopper l’immigration en provenance des pays de l’Union. Leur propagande est basée sur l’opposition aux ‘‘immigrés qui profitent de l’assistance sociale’’, ce qu’il appelle le ‘‘tourisme du profit’’, en dépit du fait que toutes les études montrent que très peu d’immigrés en Grande-Bretagne et ailleurs profitent de ces ‘‘avantages’’. Le seul effet de cela, c’est de jouer sur les divisions et le racisme, qui doivent être rigoureusement combattues par l’ensemble du mouvement syndical.

    L’abstention a été une tendance clé dans ces élections, il s’agit d’une expression de la méfiance éprouvée envers l’establishment politique. En Slovaquie, avec un taux de participation de 13%, les élections n’ont été qu’une vaste farce. En Grande-Bretagne, plus de 60% des électeurs n’ont pas voté, les résultats n’indiquent donc pas nécessairement comment les gens vont voter en 2015 lors des élections générales. L’Ukip menace néanmoins de devenir un facteur de droite enraciné en Grande-Bretagne, tout comme le Parti de la Liberté en Autriche ou le Front National en France. De plus, le contrecoup des élections est immédiat en Grande-Bretagne et soulève diverses questions quant à l’orientation et au futur leadership des trois principaux partis capitalistes.

    Il est encore peu probable que l’un de ces dirigeants de parti s’incline avant les élections. Mais Nick Clegg (des Libéraux-Démocrates) est certainement candidat pour être remplacé puisque son parti fait face à la menace d’une extinction pour à l’occasion des élections générales prochaines. Même Ed Miliband (parti Travailliste) fait face à des critiques au sein de son parti, y compris dans les pages du Daily Mirror (un quotidien qui soutient les travaillistes, NDLR) : ‘‘Les électeurs ont averti que des politiques audacieuses et un programme d’équité de gauche sont populaires’’ (Kevin Maguire). Mais Ed Miliband ne pourra pas rejoindre les aspirations de la classe des travailleurs, puisqu’il est emprisonné dans le cadre du capitalisme.

    Un nouveau parti de masse de la classe des travailleurs combattant résolument pour des politiques socialistes radicales peut offrir une voie à suivre pour les travailleurs, en Grande-Bretagne et en Europe.

  • Résistance contre le traité transatlantique !

    En ce moment, la Commission européenne et le gouvernement des Etats-Unis tentent de négocier un accord monstrueux, le Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (PTCI, TTIP en anglais), également connu sous les noms de Grand Marché Transatlantique (GMT), de zone de libre-échange transatlantique (ZLET ou TAFTA en anglais), d’Accord de partenariat transatlantique (APT) ou encore de Traité transatlantique. Concrètement, il s’agit d’une véritable arme de destruction massive contre nos conquêtes sociales et nos normes environnementales et sanitaires par le biais de la création de la plus vaste zone de libre-échange au monde.

    Par Nicolas Croes

    Un accord unilatéralement au profit des entreprises

    Les négociations ont été entamées en juillet 2013 et devraient aboutir dans le courant de l’année 2015. Pour les défenseurs de cet accord, le plus tôt serait le mieux puisqu’il s’agirait du remède-miracle contre la crise, à grands coups de suppression des droits de douanes entre les Etats-Unis et l’Union Européenne. L’establishment européen ne manque pas d’arguments chiffrés : cette création d’un marché de plus de 820 millions de consommateurs permettrait une croissance annuelle de 0,5% du PIB européen d’ici 2027 et créerait pas moins de 2 millions d’emplois.

    Sauf que, au-delà-même des discussions portant sur la réalité qui se cache derrière la croissance du PIB, ces chiffres sont extrêmement douteux. Ils émanent d’un organisme (le Center for Economic Policy Research) dirigé par l’un des présidents de la banque Goldman Sachs pour l’Europe (banque bien connue pour son rôle dans la crise des subprimes). Le financement de cet organisme  dépend de multinationales, ce qui revêt un intérêt capital pour  l’aboutissement de ces négociations…

    Il est aussi très symptomatique que la commission européenne se taise dans toutes les langues concernant le bilan d’un autre accord de libre-échange, l’ALENA, Accord de libre-échange nord-américain conclu entre le Mexique, les Etats-Unis et le Canada. Très exactement vingt ans après son entrée en vigueur, les entreprises américaines ont massivement délocalisé vers le Mexique, et alors que la propagande des autorités américaines affirmaient que 20 millions d’emplois allaient être créés aux Etats-Unis, on estime que 900.000 emplois ont été détruits aux Etats-Unis des suites de l’ALENA tandis que les salaires n’ont fait que baisser sur toute cette période. Quant au Mexique, son secteur agricole a été dévasté et des centaines de milliers d’agriculteurs ont perdu leur moyen de subsistance. Une bonne partie d’entre eux a dû quitter le pays pour aller travailler dans la clandestinité et des conditions de misère aux USA. Au final, le bilan est très négatif pour tous les travailleurs, qu’ils soient américains, mexicains ou canadiens.

    Aujourd’hui, les négociations entamées entre les autorités américaines et européennes sont des plus opaques. Mais de grandes lignes directrices ont toutefois été dégagées, et elles font froid dans le dos. Le traité transatlantique prévoit ainsi une harmonisation des normes sociales, environnementales et sanitaires, en fonction des intérêts des entreprises. Concrètement, cela signifierait un gigantesque nivellement par le bas, particulièrement en Europe où ces législations sont généralement plus exigeantes qu’aux USA, alors qu’elles sont déjà grandement insuffisantes. La conclusion de ce traité ouvrirait notamment grand la porte aux poulets nettoyés au chlore, aux steaks aux hormones ou encore au recours massif aux Organismes Génétiquement Modifiés tandis que l’exploitation du gaz de schiste pourrait connaitre une dramatique expansion et que nos salaires et services publics verraient la pression constante dont ils sont déjà victimes être encore accrue.

    Quant à toute nouvelle législation, elle devrait obligatoirement passer devant un ‘‘Conseil de coopération règlementaire’’ composé de responsables américains et européens dont la tâche serait d’évaluer les lois des divers Etats en fonction de leurs coûts pour les entreprises. Aucun droit ne pourrait être prioritaire sur le droit au profit des entreprises.

    L’AMI est de retour, et il ne nous veut toujours pas du bien

    Tout cela mérite déjà d’être combattu avec l’énergie la plus forte. Mais il y a plus. Le traité transatlantique remet effectivement au goût du jour un vieux fantasme patronal qui avait été combattu dans les années ’90 sous le nom d’Accord Multilatéral sur l’investissement (AMI), un projet débattu au sein des vingt-neuf Etats membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) dans le plus grand secret. Il était question d’autoriser les multinationales attaquer en justice un ou plusieurs Etats auprès d’un Tribunal d’arbitrage international si une législation ne leur convenait pas ou si un mouvement de grève nuisait à leurs profits. Une fois connu du grand public, l’accord a été enterré suite au tollé suscité.

    Mais l’idée fut reprise dans divers accords conclus entre Etats et, d’après la Conférence des Nations-Unies sur le Commerce et le Développement (Cnuced), le nombre de conflits et de pays poursuivis ne cesse d’augmenter. Au total, à l’heure actuelle, 514 procès seraient ouverts par des multinationales contre 95 pays à travers le monde. Le nombre d’affaires soumises aux tribunaux spéciaux a été multiplié par dix depuis 2000, l’année 2012 étant un record absolu en termes de dossiers déposés.

    Il est maintenant question d’intégrer ce mécanisme de protection des profits des multinationales dans le Traité transatlantique sous le nom de Règlement des Différends entre Investisseurs et Etats (RDIE), et les procès lancés par les multinationales livrent un aperçu très clair de ce qui nous attend si les mobilisations ne parviennent pas à couler le projet de zone de libre-échange transatlantique.

    La République slovaque a ainsi été condamnée à dédommager l’assureur hollandais Achmea de 22 millions € pour avoir limité les marges bénéficiaires dans le secteur (privatisé) d’accès aux soins de santé. Autre exemple, celui de la multinationale Philip Morris, qui a attaqué les gouvernements australien et uruguayen en raison de leurs lois pour rendre les paquets de cigarettes moins attractifs. La multinationale française Veolia (active dans le secteur des déchets) a quant à elle assigné le gouvernement Egyptien en justice en raison d’une loi sur le salaire minimum. Dernier exemple tout aussi révoltant : la multinationale suédoise Vattenfall a attaqué le gouvernement allemand suite à sa décision de sortir du nucléaire après la catastrophe de Fukushima et suite aux mobilisations de masse antinucléaire qui avaient déferlé sur le pays. Petite précision : les Tribunaux d’arbitrage internationaux actuels sont à sens unique puisqu’ils  permettent aux multinationales de déposer plainte contre les Etats mais  l’inverse n’est pas de mise.

    Organisons la riposte contre la machine d’austérité européenne!

    Le 15 mai dernier, l’opposition au Traité Transatlantique a fait face à une répression sévère: 281 militants ont été arrêtés à Bruxelles.

    Il n’est pas encore dit que cet accord puisse voir le jour. Les oppositions d’intérêts entre Etats-Unis et Union Européenne peuvent par exemple être plus fortes que la volonté d’aboutir. Mais l’élément le plus important est celui de la résistance active à organiser contre ce projet catastrophique pour nos conquêtes sociales et notre environnement. Des accords controversés ont déjà pu être balayé dans le passé, comme ce fut encore récemment le cas avec l’ACTA, l’Accord commercial anti-contrefaçon, rejeté en 2012 suite à une large campagne internationale.

    En janvier dernier, à la veille du troisième round de négociations du Traité transatlantique, une suspension partielle des négociations a été annoncée pour permettre la tenue de consultations publiques (voir l’article de la FGTB Wallonne à ce sujet). Il s’agit d’une première victoire pour les militants anti-traité transatlantique, mais qui ne doit pas endormir la résistance. La commission fera tout pour éviter de subir une nouvelle défaite, quitte même à accorder des concessions comme le retrait du mécanisme de Règlement des Différends entre Investisseurs et Etats, qui concentre actuellement l’essentiel des critiques. Mais c’est la totalité du projet qui est à balancer à la poubelle.

    La résistance contre ce projet doit être la plus massive possible, tâche qui a notamment commencé à être prise en main en Belgique par l’Alliance d19-20, une initiative inédite, réunissant des syndicalistes, des producteurs de lait, des militants associatifs,… qui fut à la base d’une tentative de blocage du Sommet Européen de décembre dernier autour du mot d’ordre de l’opposition au Traité budgétaire européen et au traité transatlantique. Le 15 mai dernier, l’Alliance d19-20 était aussi à la base d’une manifestation à Bruxelles à l’occasion de l’European Business Summit, notamment rejointe par l’Alter Summit, toujours pour dénoncer le traité transatlantique. La répression fut particulièrement féroce, pas moins de 281 militants furent arrêtés pour laisser les dirigeants européens et les représentants des multinationales discuter en paix.

    Non à l’Europe capitaliste !

    Le traité transatlantique est une abomination, c’est vrai, mais c’est loin d’être la seule dont sont coupables les autorités européennes. Le sinistre Traité budgétaire européen (TSCG, mieux connu sous le nom de Traité d’austérité) est encore dans nos mémoires et d’autres projets sont encore prévus, comme celui des ‘‘arrangements contractuels’’ dont le principe est de permettre à la commission européenne de conditionner l’octroi d’avantages financiers aux États membres à l’instauration de réformes structurelles, sur le système de pension par exemple. Il s’agit donc ici en quelque sorte ‘‘d’acheter’’ l’application de mesures d’austérité avec des fonds européens… pourtant issus des poches des contribuables ! Ces arrangements contractuels sont toujours en négociation, mais les dirigeants européens ont déjà conclu un accord de principe lors du Sommet Européen de décembre 2013. Reste encore à discuter des modalités pratiques.

    Cette Europe n’est pas la nôtre, c’est celle du capital. Elle doit être balayée par la résistance internationale pour laisser place à une véritable Europe des Peuples, débarrassée de la logique d’exploitation intrinsèque au système capitaliste. Le Comité pour une Internationale Ouvrière, dont le PSL est la section belge, défend la collectivisation des secteurs-clés de l’économie (finance, énergie, sidérurgie,…) dans le cadre d’une économie démocratiquement planifiée afin de satisfaire les besoins de la population et non la soif de profits des rapaces capitalistes. Le chemin vers cette objectif est encore long, et la lutte ne sera pas aisée, mais il s’agit de la seule manière de sortir de la crise économique et écologique dans laquelle nous a empêtrée la logique du ‘‘libre marché’’.

    => Comment répondre à la consultation publique lancée par la Commission européenne ?

  • Grande-Bretagne : Grande victoire du TUSC à Southampton

    La Trade Unionist and Socialist Coalition (TUSC, Coalitions de syndicalistes et de socialistes) est une alliance électorale socialiste initialement lancée à l’occasion des élections générales britanniques de 2010, notamment autour du National Union of Rail, Maritime and Transport Workers, (RMT, syndicat national des travailleurs du rail, de la marine et des transports). L’un des fondateurs de l’iunitiative était l’ancien secrétaire général du RMT aujourd’hui décédé Bob Crow. Le TUSC regroupe notamment des membres dirigeants des syndicats Public and Commercial Services Union, Prison Officers Association, National Union of Teachers et du Fire Brigades Union et est notamment activement soutenu par le Socialist party, section du Comité pour une internationale Ouvrière en Angleterre et au Pays de Galles.
    Pour les élections locales de 2014, le TUSC a déposé un nombre historique de candidats, le plus grand nombre à la gauche du Parti Travailliste depuis 60 ans, avec 561 candidates parmi lesquels 49 militants du RMT mais aussi 137 membres du syndicat Unite, le plus grand syndicat du pays.

    Par Nick Chaffey, Socialist Party (section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Angleterre et pays de Galles)

    Keith Morrell a pu préserver son siège municipal de Coxford (dans le district électoral de Southampton en tant que candidat de la TUSC (Trade Unionist and Socialist Coalition, voir cadre ci-contre). Keith était précédemment membre du Parti Travailliste, dont il a été exclu en raison de son opposition à la politique d’austérité.

    Mais il a pu être réélu en obtenant 1654 votes, soit 43%. Il s’agit d’un excellent résultat et de l’illustration du soutien dont il jouit en raison des positions anti-austérité qu’il a défendues aux côtés de son camarade Don Thomas, autre conseiller municipal rebelle et exclu du Parti Travailliste. L’Ukip (United Kingdom Independent Party, droite populiste) est arrivé en seconde place avec 796 voix, le Parti Travailliste troisième avec 724 voix, les Conservateurs (Tories) quatrièmes avec 500 voix et les Libéraux-Démocrates derniers avec 168 voix.

    Ce résultat illustre que des élus combatifs peuvent aider à renforcer le soutien pour une réelle alternative à l’austérité. Le contraste est saisissant face au chef de file des travaillistes au conseil municipal, Simon Letts, qui a presque perdu son siège pour l’Ukip après avoir loyalement appliqué l’austérité des Conservateurs deux années durant.

    Keith a déclaré : “Ce résultat est une victoire pour les gens de Coxford qui se sont battus pour sauver leurs services publics locaux et avaient notamment arraché une victoire importante avec la ré-ouverture de la piscine municipale. Cela montre ce qui est possible d’obtenir par la lutte. (…) Les autres résultats significatifs obtenus par des candidats des listes TUSC Against Cuts à travers la ville de Southampton illustre le potentiel qui existe pour un nouveau parti de gauche, un parti qui défend les travailleurs, qui mène campagne pour l’emploi, pour de bons logements pour tous et contre la pauvreté galopante qui affecte tant de familles dans la ville.”

    Grâce au travail des militants de la TUSC, ce message a été clairement entendu à Coxford et au-delà. Les conseillers ont une voix, et celle-ci ne votera pas pour l’austérité.

    Succès électoral pour les candidats anti-austérité

    Tous les résultats ne sont pas encore connus, mais la TUSC a pu réaliser un certain nombre de pas en avant au cours de cette échéance électorale.

    A Coventry, le porte-parole national de la TUSC Dave Nellist a obtenu 974 suffrages, ce qui l’a placé second avec 29,7%. Rob McArdle a également obtenu un très bon résultat dans cette ville avec 248 voix à Lower Stoke (6,2%). A Coventry uniquement, la TUSC a reçu 2.592 voix.

    A Waltham Forest, à Londres, la TUSC a récolté 5.482 voix. A Haringey, à Londres encore, plus de 4.000 personnes ont voté pour le programme anti-austérité de la TUSC. A Birmingham, les 12 candidats anti-austérité ont recueilli 1.766 voix, James Redfern récoltant à lui seul 9,3% dans le district de Tyburn et Ted Woodley 7,6% dans celui de Stockland Green. A Stevenage, Amanda Dilley a reçu 9,3%. A Salford, 2.125 électeurs ont soutenu la TUSC. Aux élections mayorales de Newham, Lois Austin a reçu 1.708 voix (2,2%), 49 voix à peine derrière les Libéraux-Démocrates.

    Concernant ces élections locales, les medias dominants n’ont concentré leur attention que sur la croissance du soutien électoral pour l’Ukip. L’Ukip a recueilli ce soutien en adoptant une posture anti-establishment alors que ce parti a bénéficié d’une couverture médiatique impressionnante dans les medias dominants, qu’il est dirigé par des banquiers et des millionnaires est qu’il est dans les faits à la droite des Conservateurs du parti Tory. L’Ukip propose une politique de coupes d’austérité de 77 milliards £ en plus de ce qu’a déjà commis l’actuel gouvernement.

    Les médias ont par contre largement refusé de couvrir la champagne de la Trade Unionist and Socialist Coalition, malgré ses 560 candidats, soit le plus grand défi proposé par les forces à la gauche du Parti Travailliste en 60 ans. Et ce n’est que le début de la construction d’une alternative aux partis de l’austérité.

    Les candidats de la TUSC sont des activistes et syndicalistes anti-austérité. L’initiative avait été cofondée par feu Bob Crow, et est maintenant soutenue par le syndicat RMT ainsi que par nombre d’autres syndicalistes et socialistes. Il se sont battus pour les revendications suivantes :

    • Stop aux coupes d’austérité !
    • Stop aux arnaques des propriétaires ! Pour un contrôle des loyers et la construction de logements sociaux !
    • Non à la ‘‘bedroom tax’’ (une nouvelle taxe visant le nombres de chambres par habitation) !
    • Pour un salaire minimum avec lequel pouvoir vitre : 10 £ par heure minimum maintenant !
  • Notre camarade Ruth Coppinger fait son entrée au Parlement irlandais!

    Nos camarades irlandais du Socialist Party viennent de remporter une importante victoire à Dublin West : Ruth Coppinger fait son arrivée au Parlement irlandais! Les élections législatives en Irlande se déroulent selon le principe du scrutin à vote unique transférable, où l’électeur ne se contente pas de choisir son candidat préféré, mais donne un ordre de préférence à l’ensemble des candidats. Ruth Coppinger a obtenu 20,6% des voix en tant que premier choix, et les transfert en tant que second et troisième choix lui ont permis d’être élue. Elle avait précédemment été conseillère municipale, une fonction pour laquelle elle avait encore récemment été élue.

    Elle vient rejoindre notre camarade Joe Higgins, également élu au Parlement dans le district de Dublin West. Joe a toutefois fait savoir il y a peu qu’il ne participerait pas aux prochaines élections législatives générales en raison de ses 67 ans, et qu’il voulait laisser la place à Ruth Coppinger, qui s’est construit au fil des ans un profil de militante combative.

    Lors des élections locales, les sociaux-démocrates du Labour ont subi une cuisante défaite, en résultat de sa participation à une coalition d’austérité avec le Fine Gael. Des listes AAA (Anti Austerity Alliance) étaient présentées pour ces élections locales, des listes soutenues par le Socialist Party et qui ont obtenu des élus à Fingal Dublin, South Dublin, Cork et Limerick. Reste encore les élections européennes, où nos camarades ont présenté la candidature de Paul Murphy pour l’un des trois sièges européens de Dublin, ce qui n’est pas une mince affaire. Ces résultats ne sont pas encore connus.

    L’élection de Ruth Coppinger à Dublin West est un grand pas en avant pour les défenseurs des idées du socialisme en Irlande. Il s’agit d’une voix qui aidera à construire la résistance contre l’austérité. Tout comme les autres élus du Socialist Party, elle utilisera sa position pour clairement faire entendre les idées socialistes ainsi que pour soutenir les luttes sociales.

    Le PSL félicite Ruth ainsi que tous les militants dont les efforts ont rendu cette victoire possible, parmi lesquels également des militants belges du PSL venus mener campagne en Irlande.

  • La crise en Ukraine : Une opportunité pour le lobby du gaz de schiste

    ‘‘Never waste a good crisis’’ disait Winston Churchill (ne jamais perdre l’opportunité d’une crise), une devise parfaitement comprise par les conservateurs et le monde patronal, notamment autour de la crise ukrainienne et des tensions grandissantes entre les États-Unis et l’Union européenne d’une part et la Russie de l’autre.

    Par Paul Murphy, député européen du Socialist Party (CIO-Irlande) et Tanja Niemeier

    La ‘‘sécurité énergétique’’ s’est fait une place de choix dans le débat public suite aux menaces de sanctions à l’encontre de la Russie et des potentielles représailles. Puisque Poutine et les autorités russes utilisent les ressources naturelles du pays et le géant énergétique Gazprom (premier exploitant et premier exportateur de gaz au monde) comme des ‘‘armes politiques’’, les autorités occidentales désirent accroitre leur indépendance énergétique vis-à-vis de la Russie, particulièrement dans le cas du gaz.

    En 2012, Gazprom représentait à elle seule 34% des importations de gaz naturel en Union européenne. L’an dernier, l’entreprise russe a livré un record de 162 milliards de mètres cubes de gaz en Union européenne et en Turquie, dont 86 milliards de mètres cubes ayant transité via l’Ukraine. Voilà qui illustre directement pourquoi l’UE a tant d’intérêts en Ukraine et à quel point les intérêts économiques occupent une place prépondérante dans ce conflit.

    Au cours d’une réunion avec Angela Merkel, le Premier ministre conservateur polonais Donald Tusk a d’ailleurs déclaré : ‘‘La question de l’Ukraine est celle de l’avenir de l’UE, de la sécurité de l’UE et d’une correction de la politique énergétique de l’UE. Nous ne pourrons pas à l’avenir répondre à de potentielles nouvelles mesures agressives de la part de Russie si tant de pays européens restent dépendants du gaz russe.’’

    La Pologne est l’un des plus fervents partisans du gaz de schiste. Actuellement, Gazprom est responsable de 60% du pays, mais certaines études estiment que la Pologne constitue le plus grand réservoir de gaz de schiste d’Europe. Pour stimuler le secteur et attirer les investissements étrangers, le gouvernement polonais a déjà annoncé que les entreprises d’extraction de gaz de schiste bénéficient de six ans d’exonération fiscale. Même le Premier ministre britannique David Cameron a déclaré qu’il fallait accepter l’exploitation du gaz de schiste, alors que la Grande-Bretagne est pourtant beaucoup moins dépendante du gaz russe.

    Les collectivités locales, les militants écologistes et les défenseurs des idées du socialisme sont résolument opposés à l’exploitation du gaz de schiste et à la méthode de la fracturation hydraulique. Les risques que cela représente pour la santé et l’environnement sont énormes et les preuves ne manquent pas. Cette méthode affecte l’eau potable, l’air, les sols et le climat, elle peut même favoriser les tremblements de terre et maintient par ailleurs la dépendance aux combustibles fossiles pour de nouvelles décennies. Et en plus du développement de ces techniques catastrophiques socialement et écologiquement, il est également question d’importer du gaz de schiste américain.

    Les conservateurs, les réactionnaires et les négationnistes du changement climatique au Parlement européen ne cachent pas leurs positions. Par exemple, le parti Pologne Unie (qui fait partie du groupe autour de l’UKIP britannique) a défendu une résolution affirmant que ‘‘Le gaz de schiste occupe une partie importante du marché nord-américain et a fait baisser les prix. Cela peut être reproduit en Europe pour garantir l’approvisionnement énergétique et améliorer la compétitivité économique.’’
    L’Union Européenne et les Etats-Unis sont en train de négocier un accord visant à créer la plus grande zone de libre-échange au monde, le Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP). Si cet accord devait être finalisé, il ouvrirait grand la porte à la fracturation hydraulique, ce que Barack Obama a ouvertement expliqué à Bruxelles en marge des discussions UE-USA portant sur les relations commerciales et la situation en Ukraine.

    Dans le cadre du capitalisme, la seule manière d’aborder une crise est la fuite en avant. Parvenir à de réelles solutions pacifiques au sujet de l’énergie nécessite de rompre avec la logique de profit et de cupidité de l’actuel système de production. Des investissements publics massifs doivent être réalisés dans les énergies renouvelables et dans la recherche scientifique et le secteur énergétique doit être nationalisé et placé sous contrôle et gestion de la collectivité. Sans cela, les intérêts des actionnaires primeront toujours sur ceux de la collectivité, au risque de courir droit à la catastrophe.

  • Grèce : de grandes opportunités pour la gauche

    Interview publiée la semaine dernière sur le site sozialismus.info (site de la section allemande du Comité pour une Internationale Ouvrière).

    Les 18 et 25 mai, des élections municipales ont lieu en Grèce qui peuvent menacer la survie du gouvernement Samaras et renforcer la gauche. Xekinima, notre organisation-soeur en Grèce, présente 19 candidats à Athènes, Thessalonique, Volos ainsi qu’à d’autres endroits. Nous en avons discuté avec Katerina Klitsa, candidate à Thermaikos (Thessalonique).

    Avec le “retour sur les marchés” le gouvernement Samaras et les médias estiment, à quatre semaines des élections locales et européennes, que le plus dur est passé pour la Grèce. Le bout du tunnel est-il vraiment en vue ?

    Katerina: “La vérité, c’est que rien n’a changé pour la toute grande majorité des Grecs. Le gouvernement fait du show pour les élections et la plupart des personnes le savent. La dette publique n’a fait que croître (de 148% en 2010 à 175% aujourd’hui) et est loin d’être payée. Mais dans le cadre des élections, le gouvernement a distribué des ‘dividendes sociaux’, des primes symboliques et uniques pour les plus pauvres qui ont reçu 647 euros par famille. L’objectif de cette contribution est de créer l’illusion que tout va mieux. Mais les problèmes sont toujours énormes. Seul un tiers des 800.000 demandes d’un ‘dividende social’ a effectivement été accordé. Dans beaucoup de cas, la contribution a directement été retenue par les banques comme élément des programmes de dettes. L’économie continue à se contracter et il n’y a pas de travail.”

    Ici, au bureau de Xekinima, nous avons parlé avec deux activistes qui cherchent un (meilleur) emploi. Mariana a un diplôme de psychologie et travaille dans une institution pour personnes déficientes mentales. Elle explique que son employeur avait proposé un contrat à temps partiel de 250 euros par mois. “C’est peu mais j’hésite à accepter cet emploi ou continuer à chercher autre chose.” Le dilemme de Mariana s’est solutionné quelques jours plus tard lorsqu’il a été annoncé que 2,1 millions d’euros devaient être économisés dans les soins de santé. Par conséquent, du personnel sera licencié plutôt qu’engagé. Stavroula travaille à temps partiel depuis un mois comme vendeuse dans une boutique de vêtements au centre-ville. Elle nous montre sa fiche de paie : 299 euros nets pour 105 heures prestées. Stavroula survit parce qu’elle peut vivre dans une habitation qui appartient à ses parents et a, de plus, trouvé un colocataire.

    Que fait la gauche dans la campagne électorale et comment est-elle vue par la population ?

    Katerina: “Les partis de gauche et surtout Syriza et sa direction ont fait des compromis sur beaucoup de thèmes. En 2012, ils étaient encore contre le mémorandum, maintenant Tsipras et d’autres leaders parlent de ‘renégocier’. Il n’est donc pas étonnant que plus de 60% des propres électeurs de Syriza ne pensent pas que le parti mettra fin à la politique de la troïka. Quand nous interpellons les gens en rue avec des slogans tels que ‘Les municipalités aux mains de la gauche’, il y a de la méfiance. Beaucoup émettent des doutes quant au fait que même si Syriza avait la majorité, cela mènerait à du changement. Dans les sondages, Syriza a encore une petite avance sur le parti gouvernemental de droit Nouvelle Démocratie. C’est un énorme pas en avant, cela ne fait que deux ans que Syriza a fait une percée lors des élections parlementaires. Entre-temps, la popularité de la gauche s’est bien renforcée.

    “Mais même les autres forces de gauche n’offrent pas de solutions. Presque 90% de leur propagande électorale et de leurs discours sont consacrés à critiquer le gouvernement et seuls 10 % à de propres propositions. Le parti communiste KKE s’oppose surtout à Syriza plutôt que de mettre en avant un programme plus radical. Aucune perspective claire n’est offerte à la population grecque. Cela facilite la propagande du gouvernement selon laquelle ils prétendent être les seuls à pouvoir offrir la stabilité au pays.

    “D’autre part, la fasciste Aube Dorée peut aussi en profiter. Le parti participe aussi aux élections même si une partie de ses cadres est en prison. Le soutien reste important, entre 3,5% et 6,5%, et ce, malgré le fait qu’il est généralement connu qu’il s’agit d’un parti d’assassins. Il faut rechercher la base de ce soutien dans la politique de la troïka. Pour l’instant, il ne semble pas qu’Aube Dorée obtiendra un maire quelque part mais le parti est à nouveau à l’avant-plan et s’implante dans les quartiers, même à Thessalonique où Aube Dorée était très faible auparavant.

    Pourquoi Xekinima a de propres candidats sur les listes de Syriza ?

    Katerina: “Il ne suffit pas d’avoir de bonnes idées et propositions, nous avons besoin de gens qui popularisent ces revendications. Xekinima plaide pour une collaboration de la gauche en Grèce, nous estimons que KKE, Syriza et Antarsya doivent s’unir pour présenter des listes communes aux élections sur lesquelles il y aurait aussi de la place pour d’autres organisations de gauche. De telles listes lors des élections locales et européennes auraient pu changer l’image de la gauche. Mais le KKE et Antarsya surtout s’opposent à une telle collaboration, pour eux les divergences politiques sont plus importantes que la lutte contre la troïka et la construction d’un mouvement ouvrier. Nous estimons que c’est une erreur et qu’une gauche unie serait plus forte.

    “Syriza est de loin la force de gauche la plus forte. Une gouvernement dirigé par Syriza inciterait beaucoup de personnes à renforcer la lutte pour l’obtention de leurs revendications. Cela donnerait une nouvelle dynamique aux mouvements. La direction de Syriza n’est certainement pas radicale ou conséquente, il appartiendra aux activistes, il nous appartiendra, de nous battre pour que nos revendications soient rencontrées et pousser la direction à gauche même si nous ne leur faisons pas confiance. Dans nos tracts, nous insistons surtout sur notre programme et sur ce que la gauche doit faire. Nous présentons notre programme pas celui de la direction de Syriza.

    “Dans certaines villes où la direction de Syriza présente surtout d’anciens mandataires du PASOK comme candidats et où ces candidats ont une très mauvaise réputation du fait de leurs anciennes positions ou du manque d’un programme de gauche, nous nous présentons avec d’autres forces de gauche. Ainsi, nous avons quelques candidats sur la moins grande liste anticapitaliste Antarsya.”

    Quels sont les points de programme les plus importants ?

    Katerina: “Si la gauche gagne les élections municipales, nous ne pourrons accepter les mesures d’austérité, nous devrons mobiliser la population contre la politique antisociale et réclamer plus de moyens pour les municipalités de la part du gouvernement. Nous devrions nous opposer à tout licenciement dans les municipalités. Les besoins quotidiens des gens doivent être traités au niveau municipal, par exemple avec des magasins municipaux et du soutien aux mouvements de solidarité, entre autres dans les soins de santé. L’impôt municipal sur les grandes entreprises doit être augmenté. Les maires de gauche doivent être présents à chaque mouvement de lutte et s’opposer au programme qui bride les moyens réservés aux municipalités. Nous avons besoin d’une implication démocratique et d’un contrôle des habitants, par exemple, via des comités de quartier. Des conseils municipaux de gauche doivent aussi construire des municipalités antifascistes. Ils doivent soutenir et renforcer des activités antifascistes.”

    A ton avis, que se passera-t-il après les élections ?

    Katerina: “Il y a beaucoup de possibilités en fonction de qui de Syriza ou de la Nouvelle Démocratie aura le plus de voix. Tout est encore ouvert. Si Syriza gagne les élections européennes avec une grande avance sur Nouvelle Démocratie, il n’est pas exclus que le gouvernement démissionne et que de nouvelles élections arrivent. Si le parti gouvernemental gagne, la confiance en soi sera renforcée pour poursuivre la politique actuelle. C’est pourquoi, nous appelons pour les élections européennes à renforcer Syriza pour mettre le gouvernement sous pression. Cela renforcerait le mouvement ouvrier et cela montrerait à la population qu’une altvernative est possible.

    “Le résultat des élections municipales peut être très varié. Les municipalités où la gauche gagnera doivent construire un réseau commun pour mieux mener la lutte contre les diktats de la troïka et pousser des améliorations. Quoi qu’il en soit, la lutte continue, tant contre le gouvernement, la troïka et la crise que pour les préoccupations quotidiennes des gens. Nous devons continuer à réclamer une gauche unie et un gouvernement de gauche qui offre une réponse à la crise capitaliste sous forme d’un programme qui reprend en mains publiques, les banques et les secteurs-clé de l’économie pour arriver une société socialiste sans exploitation.”

  • L’Irlande, un modèle de sortie de crise ?

    Ce début d’année 2014, l’Irlande a été le premier pays de la zone euro à sortir d’un ‘‘plan d’assistance’’ conclu avec la troïka (Fonds Monétaire International, Banque Centrale Européenne et Union Européenne). L’Irlande s’était retrouvée dans les griffes de la Troïka en 2010 suite à l’endettement massif de l’Etat après le sauvetage des banques consécutif à l’éclatement de la crise.

    Aujourd’hui, pour nombre de responsables européens, l’austérité à la sauce irlandaise est un modèle. Nous en avons discuté avec Paul Murphy, un élu atypique, député européen du Socialist Party (section irlandaise du Comité pour une Internationale Ouvrière et parti-frère du PSL). Ce dernier, actuellement en campagne pour sa réélection ce mois de mai, a clairement démontré quelle différence pouvait faire un élu qui considère sa position comme un instrument destiné à aider au développement des luttes travailleurs et des masses. ‘‘Ils parlent de reprise économique, mais nous ne parvenons toujours pas à joindre les deux bouts !’’, dénonce directement Paul dans sa campagne.

    Il est vrai qu’outre le fait que la fin de l’austérité est encore loin d’être en vue (des mesures antisociales sont encore prévues à hauteur de 1,5% du PIB pour 2014), la politique gouvernementale a été des plus féroces : le salaire moyen des fonctionnaires a baissé de 17%, le nombre de fonctionnaires a été raboté d’un dixième, la TVA a augmenté, de nouvelles taxes ont été créés,… Depuis le début de la crise en 2008, un emploi sur sept a disparu. Une des conséquences est l’émigration massive des jeunes : sur une population de 4,5 millions d’habitants, 180.000 jeunes entre 15 et 24 ans ont quitté le pays ! Pendant ce temps, une nouvelle bulle immobilière s’est développée et menace d’éclater à son tour…

    Pour Paul, la politique du gouvernement se résume à écraser la population: ‘‘Au lieu de lever le pied, le gouvernement continue à couper dans les budgets des services cruciaux tels que la santé et imposera une taxe sur l’eau draconienne d’ici quelques mois. La population a déjà du mal à joindre les deux bouts, ayant souffert de coupes salariales, de la généralisation des temps partiels et de l’augmentation du taux de chômage. Les bas salaires des nouveaux emplois et la flexibilité qu’ils requièrent tendent à créer une économie de bas salaires.’’

    L’intérêt du ‘‘miracle irlandais’’ pour l’establishement européen se situe ailleurs : ‘‘les 300 personnes les plus riches ont vu leur richesse augmenter de 50 à 66 milliards d’euros entre 2010 et 2012 tandis que les multinationales bénéficient de conditions dignes d’un paradis fiscal à côté d’une main d’oeuvre très bon marché.’’

    ‘‘En réalité, c’est une vraie lutte pour survivre, pas une réelle reprise économique ou un avenir éclairci, à laquelle fait face la majorité de la population et les jeunes en particulier’’, confie Paul Murphy. ‘‘Un programme réellement socialiste peut offrir un véritable avenir. Ne pas payer les intérêts de la dette des actionnaires libérerait déjà 8 milliards d’euros cette année. Taxer les millionnaires de seulement 5% rapporterait 3 milliards et augmenter la taxe des entreprises afi qu’elle atteigne la moyenne européenne représenterait 5 milliards d’euros par an. Un programme de 5 milliards d’euros pour de vrais emplois pourrait engendrer de suite la création de 150.000 emplois et ainsi développer un réel dynamisme économique.’’

    Mais, fondamentalement, sortir de la crise nécessitera l’instauration d’une alternative socialiste à la dictature des marchés, avec la nationalisation sous contrôle réellement démocratique des banques et des secteurs clés de l’économie pour une planification démocratique de l’économie répondant aux besoins de la population.

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    Un militant au parlement !

    Paul Murphy n’a eu de cesse de dénoncer la politique pro-capitaliste en Irlande, au côté notamment de Joe Higgins, élu du Socialist Party au parlement irlandais. Il a fait de même au parlement européen dans le cadre de la fraction parlementaire de la Gauche Unitaire Européenne (qui réunit des organisations comme le Front de Gauche (France), Syriza (Grèce), Izquierda Unida (Espagne) et Die Linke (Allemagne)). Mais il s’est également engagé dans le développement de nombreuses campagnes de terrain anti-austérité en Irlande et ailleurs, dont l’une des dernières est consacrée à la lutte contre l’exploitation subie par la jeunesse au travail et pour un réel programme de création d’emploi. Il y a également eu les campagnes contre l’imposition de nouvelles taxes par un boycott de masse de celles-ci. Pour ces élections, il a notamment reçu le soutien de l’Alliance Anti Austérité (AAA).

    Il a également activement participé à la lutte pour le droit à l’avortement en Irlande et au sein du Parlement européen, a dénoncé l’homophobie et la discrimination auxquelles fait face la communauté LGBTQI en Irlande et internationalement, participe au combat contre le Traité Transatlantique (qui vise à créer la plus grande zone de libre-échange au monde entre les USA et l’UE),…

    Paul s’est aussi rendu en Grèce, en Espagne, en Italie ou encore au Portugal pour soutenir les travailleurs en lutte et défendre la nécessité d’une résistance unifiée contre l’austérité à travers toute l’Europe. Il a également été apporter son soutien aux travailleurs en grève dans les raffineries du Kazakhstan, a dénoncé le massacre des 40.000 Tamouls par les autorités du Sri-Lanka et s’est rendu à Istanbul durant les manifestations de masse qui ont défié le gouvernement turc d’Erdogan en juin 2013. Il a aussi participé en 2011 à la ‘Flottille pour la Liberté’ en route vers Gaza. Capturé par l’armée israélienne dans les eaux internationales, il a passé une semaine dans les geôles israéliennes. Il a d’ailleurs répétitivement dénoncé la complicité de l’Union européenne dans l’oppression palestinienne.

  • Manifestations de masse et grèves en Turquie

    La pire catastrophe minière dans l’Histoire du pays

    Socialistworld.net

    Ce mardi 13 mai, un équipement électrique apparemment défectueux a déclenché une explosion mortelle dans une mine de charbon à Soma, dans l’Ouest de la Turquie. Les dernières nouvelles rapportent qu’au moins 282 mineurs ont perdu la vie alors que plus de 100 mineurs sont encore coincés au fond et qu’un nombre incalculable de corps reste encore dans les galeries. La catastrophe de la mine de Soma est le pire accident industriel de l’Histoire de la Turquie. Alors que les opérations de sauvetages continuent, les espoirs de trouver des rescapés diminuent à chaque heure.

    Très rapidement, des manifestations ont éclaté dans toute la Turquie, car beaucoup de travailleurs et de jeunes considèrent avec raison le gouvernement AKP au pouvoir et ses amis pro-big business comme les premiers responsables de cette catastrophe. Celle-ci est arrivée dans le sillage d’une vague de scandales impliquant le parti dirigeant et la famille du Premier Ministre Erdogan ces derniers mois, ainsi que suite au mouvement de masse contre le gouvernement l’année dernière autour des événements sur la place Taksim.

    Cette fois-ci cependant, les craintes de la classe dirigeante turque reposent sur le fait que le cœur même de la classe ouvrière, qui a été pendant un certain temps une base importante du soutien électoral pour l’AKP, est enragée et se soulève contre le régime de plus en plus impopulaire d’Erdogan.

    Quand Erdogan a visité la mine de Soma ce mercredi, il a été massivement hué, et dénoncé par les habitants et les familles des mineurs en colère comme un meurtrier et un voleur. Une vidéo montre Erdogan devant se cacher dans un supermarché, protégé par des gardes du corps, pour échapper aux manifestants enragés.

    A Istanbul, à Ankara et dans beaucoup d’autres villes, des milliers de personnes sont sorties en rue depuis mercredi, exigeant la démission du gouvernement, rencontrant parfois une forte répression policière. 4 centrales syndicales turques ont finalement appelé à une grève nationale de 24 heures jeudi, qui a été massivement suivie, et accompagnée de manifestations de masse, dont 20 000 manifestants dans la ville de Izmie, dans l’Ouest du pays, la 3e plus grande ville de Turquie.

    Les politiques d’Erdogan et de l’AKP ont, fondamentalement, toujours visé à aider les capitalistes proches du parti dirigeant. Cela s’illustre dans la réponse arrogante et méprisante de l’AKP à la douleur et à la colère montante dans toute la société après le massacre de Soma. Elle a été symbolisée par le conseiller du Premier Ministre turc, Yusuf Yerkel, photographié en train de donner des coups de pieds à un parent d’un des mineurs morts pendant qu’il était maintenu au sol par deux agents de sécurité. Erdogan lui-même a commenté que le désastre était « une chose ordinaire, dans la nature du travail », et qu’il n’y avait pas de travail garanti sans accident…

    Mais comme le disent les mineurs, les représentants des travailleurs et les manifestants, ce n’était pas un accident, mais un massacre. L’appel ci-dessous, écrit par le SPOT (Solidarity with People of Turkey), dit que « sur la période de 12 ans de pouvoir de l’AKP, plus de 14 000 décès liés au travail se sont produits ». Aussi, la responsabilité pour ce dernier désastre meurtrier au travail repose entièrement sur les épaules du gouvernement néo-libéral de l’AKP et de ses appuis les grands patrons.

    Ce gouvernement a privatisé la mine de Soma en 2005. Il a été prouvé maintenant qu’en Turquie, le taux de mortalité dans les mines privées est 11 fois plus élevé que dans les mines d’État, ce qui illustre graphiquement comme les vies de centaines de mineurs ont été sacrifiées sur l’autel de la course au profit d’une poignée de vautours privés. Une revendication essentielle du mouvement devrait donc être la re-nationalisation sous contrôle ouvrier démocratique des mines privatisées.

    Les autorités turques ont aussi refusé depuis des années de signer la convention sur la Sécurité et la Santé dans les mines (n°176), qui donnent des obligations au gouvernement et aux dirigeants des mines de garantir des conditions de santé et de sécurité minimum aux mineurs, et de prévenir les accidents. Les dirigeants de l’AKP ont aussi rejeté les appels de l’opposition qui demandaient une enquête sur la sécurité et les conditions de travail dans les mines il y a quelques semaines, évidemment pour protéger leurs copains propriétaires de mines. Les relations incestueuses entre le parti dirigeant et la classe capitaliste est telle qu’il semblerait que la femme du propriétaire de la mine de Soma soit même une conseillère locale pour l’AKP !

    Le CIO en Turquie, Sosyalist Alternatif, (qui fait circuler les propositions pour l’action développées ci-dessous) et le CIO dans son ensemble sont fermement solidaires des mineurs de Soma et de leurs familles, et des travailleurs et des jeunes en général qui luttent en Turquie. Nous soutenons la construction d’un mouvement de masse prolongé qui peut faire tomber le régime pourri d’Erdogan. Dans ce sens, la grève de jeudi doit être le premier pas de la construction d’un tel mouvement, pour se débarrasser du gouvernement AKP et le remplacer par un gouvernement des travailleurs, qui défende les droits démocratiques, brise l’étreinte du capitalisme et mette en place des politiques socialistes.

    Sosyalist Alternatif revendique:

    • La formation d’une commission d’enquête indépendante constituée de représentants des mineurs, des syndicats et des organisations démocratiques de la société civile. Les activités de cette commission devraient être complètement transparentes – et toutes ses finances doivent être publiques !
    • Les propriétaires de la compagnie minière et le gouvernement doivent être tenus responsables et répondre de ce qui s’est passé !
    • Une assistance médicale doit être apportée aux rescapés et aux familles des victimes. Une compensation financière conséquente doit leur être versée !
    • Non aux agences d’intérim qui imposent des conditions de travail néo-libérales, déréglementées et flexibles. Non au travail des enfants. Des salaires décents pour les mineurs, avec lesquels ils puissent se nourrir eux et leurs familles.
    • Suppression de tous les obstacles légaux et pratiques à l’appartenance syndicale et encouragement de la syndicalisation.
    • Les hauts fonctionnaires directement responsables du désastre, dont le ministre de l’énergie et le ministre du travail, doivent démissionner immédiatement !
    • Ouverture des comptes de Soma et révélation des finances de la compagnie. Les propriétaires des mines se sont enrichis ces dernières années sur le dos des travailleurs – tous ces profits doivent être rendus aux travailleurs !
    • Soma et toutes les compagnies privées doivent être re-nationalisées sous contrôle et management démocratiques des travailleurs, sans compensation.

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    SPOT (Solidarity with People of Turkey) condamne le gouvernement turc pour la mort des mineurs

    Au moins 245 mineurs ont perdu la vie dans la ville de Soma dans l’Ouest de la Turquie, après qu’une explosion ait provoqué l’effondrement d’un puits. Des dizaines de mineur sont été blessés, dont 4 sont dans un état critique. Des centaines sont toujours coincés sous terre. Soma K-mürleri A? possède la mine à titre privé.

    L’explosion s’est produite lors d’un changement d’équipe, le nombre exact de personnes toujours coincées sous terre n’est donc toujours pas clair.

    Le gouvernement a deux visages, avec les capitalistes cupides et les médias à leurs bottes !

    La déclaration de 3 jours de deuil, l’annulation des voyages prévus du Premier Ministre, les messages de condoléances, la présence d’un ministre sur les lieux, sont tous des larmes de crocodile et des tentatives de cacher la réalité. Les gens n’ont pas oublié que c’était le Premier Ministre Erdogan qui s’est exclamé que « la mort est le destin des mineurs de charbon » après un accident meurtrier dans les mines il y a quelques temps.

    La « commission de recherche et d’investigation » des risques miniers proposée par les députés des partis d’opposition CHP, MHP et BDP a été rejetée par le gouvernement AKP il y a à peine 20 jours. Des motions en relation avec l’industrie houillère de Levent Tuzel, député du HDP à Istanbul, ont été balayées avec des excuses comme « les ministres concernés mènent des inspections constantes ».

    La déclaration récente des directeurs de la compagnie qui possède la mine, qui se vante d’une baisse des dépenses d’environ 60%, n’a pas non plus été oubliée. La diminution de la main d’œuvre, les licenciements forcés d’ouvriers expérimentés, la sous-traitance à des ouvriers sans expérience, ne sont que quelques unes des tactiques des patrons cupides à la poursuites de marges de profit plus élevées.

    L’un des ouvriers décédé n’avait que 15 ans ; cela montre clairement l’étendue de l’exploitation qui a lieu. Les représentants médiatiques des patrons et du gouvernement parlent de hauts standards de sécurité dans les mines et parlent de « douloureux accident » dans leurs Unes. Par ailleurs, la valeur donnée aux travailleurs est explicite dans les mots d’un « expert » des mines de charbon de Soma, le Professeur Dr Orhan Kural, qui a déclaré à une chaine télé : « Mourir du monoxyde de carbone est doux ; ils ne ressentiraient aucune douleur. Je souhaite une mort sans douleur pour moi-même ».

    Nous, membres du SPOT, (Solidarity with People of Turkey), voudrions exprimer nos condoléances et notre profonde tristesse pour la classe ouvrière, pour ceux qui sont morts tragiquement et pour leurs familles. Nous jurons de montrer les visages de ceux qui sont responsables de cette tragédie, c’est à dire le gouvernement et les patrons qui sont plus préoccupés par leurs profits que par le bien-être des travailleurs. Nous n’allons pas laisser ces morts sur un lieu de travail passer inaperçues. En 12 ans de règne de l’AKP, plus de 14000 décès liés au travail se sont produites. Nous ne les oublierons jamais.

    Nous appelons toutes les communautés, les organisations démocratiques et les syndicats à faire entendre leurs inquiétudes sur ce sujet et à nous rejoindre en manifestant à la fois contre le gouvernement AKP et contre ceux pour qui les profits et le capital valent plus que les travailleurs.

    Vous pouvez envoyer la déclaration aux officiels turcs listés ci-dessous. Nous vous prions également de mettre en copie spot.turkey@mail.com.

    Président turc, Mr Abdullah Gül: Email: cumhurbaskanligi@tccb.gov.tr, Fax 0 (312) 470 24 33

    Premier Ministre de la République Turque, Recep Tayyip Erdo?an: Email: bimer@basbakanlik.gov.tr, Fax: +90 312 422 26 69, +90 312 422 18 99

    Ministre de l’énergie et des ressources naturelles: Mr. Taner Y?ld?z, Email: bilgi@enerji.gov.tr Phone: +90 312 212 64 20

    Si vous avez besoin de plus d’informations, n’hésitez pas à contacter SPOT : spot.turkey@mail.com
    Merci d’avance pour votre soutien, Oktay Sahbaz, SPOT.

    Modèle d’email :

    Le gouvernement AKP et les patrons sont responsables de la mort des mineurs du charbon à Soma, en Turquie.

    A qui de droit,

    Je soussigné, appelle les ministres et hauts fonctionnaires de Turquie à lancer une investigation indépendante sur la mort des 274 mineurs (à ce jour) dans la mine de charbon privée de Soma.

    Je pense fortement que la mort des mineurs ne devrait pas être caractérisée comme « leur destinée » ou « un hasard lié à leur occupation ».

    Je vous exhorte à écouter les revendications du public turc et de l’opinion publique internationale, et à faire rendre des comptes aux propriétaires de la mine de charbon de Soma pour les conditions de santé et de sécurité hautement dangereuses qui ont mené à la mort désastreuse de centaines de mineurs.

    En Turquie, les mines de charbon privées exposent quotidiennement les mineurs à des conditions de travail hasardeuses qui menacent leur vie, et il est prouvé que le taux de mortalité dans les mines privées turques est 11 fois plus élevé que dans les mines d’État.

    Par ailleurs, la requête faite au parlement turc le 29 avril 2014 pour une enquête sur les conditions de santé et de sécurité dans la mine de charbon de Soma présentait une opportunité de prévenir les morts de plus de 245 mineurs le 13 mai 2014.

    Il est clair que des milliers de mineurs ont risqué leur vie à cause des mesures de réduction des coûts, avec des conséquences tragiques pour les mineurs et leurs familles.

    Le gouvernement turc doit faire rendre des comptes aux responsables pour les meurtres brutaux des mineurs de Soma et assurer que des mesures sont prises pour améliorer la santé et la sécurité dans le secteur minier dans le but de prévenir de tels « accidents » dans le futur.
    Nom:
    Position:
    Organisation:
    Ville:

  • Comprendre le traité transatlantique en 12 minutes

    Cette vidéo réalisée par la CNE explique brièvement les grands enjeux qui se cachent derrière les négociations du Traité Transatlantique (Transatlantic Trade and Investment Partnership, TTIP) visant à créer la plus grande zone de libre-échange au monde. Tant au niveau des normes sociales que des normes environnementales, ce traité est une catastrophe.

  • Espagne : Izquierda Unida et les élections européennes

    Pour un virage à gauche et un programme de rupture avec la Troika et le régime 78

    À bas les manœuvres bureaucratiques! Luttons pour la démocratie ouvrière dans les organisations!

    Par Socialismo Revolucionario (CIO-Etat espagnol)

    Ces derniers mois, le débat a été vif dans les rangs d’Izquierda Unida (Gauche Unie), des syndicats et des mouvements sociaux en général au sujet de la campagne électorale d’IU pour les élections européennes. Ce débat a eu une large portée et a touché à la fois la façon de choisir les candidats et de composer la liste et le contenu politique de la campagne. Dans les dernières semaines du processus, surtout, la question qui a fait débat était de savoir si oui ou non Willy Meyer, actuel eurodéputé d’IU, allait à nouveau être tête de liste.

    La récente décision du Conseil Politique Fédéral d’IU a clôturé le débat, pour le moment, avec l’approbation de la majorité d’une liste convenue avec Willy Meyer en tête de liste mais qui comprend également de nouveaux candidats remarquables (et critiques) à des postes importants. Socialismo Revolucionario (section du Comité pour une Internationale Ouvrière dans l’État Espagnol) est partisan de la lutte politique révolutionnaire au sein d’IU, et nous pensons que les marxistes peuvent tirer d’importantes leçons de cet épisode.

    Une bureaucratie qui passe par dessus la volonté de ses membres 

    Ce débat a produit un changement important dans la façon dont IU met au point des listes électorales. Un processus de consultations et de référendums dans différentes fédérations a ouvert la voie à des discussions sur la composition des listes. Il s’agit bien sûr d’un changement bienvenu vers une plus grande démocratisation de l’organisation. Mais, cela a clairement été le fruit non d’un changement de conviction au sein de la direction d’IU mais bien de la pression de la base. C’est un reflet au sein d’IU des revendications et des méthodes de la démocratie ouvrière et du contrôle de la base de travailleurs qui ont caractérisé d’ailleurs les luttes ouvrières et sociales significatives de la dernière période (la lutte des balayeurs de la ville de Madrid, la grève des travailleurs de Panrico à Barcelona, la résistance des habitants du quartier de Gamonal à Burgos contre le plan de “développement” du gouvernement, etc). Au cours des dernières années, nous avons vu l’esprit des assemblées se répandre de plus en plus dans la société. Mais surtout le résultat du processus – la liste agréée par le CPF – nous montre que ce changement a été insuffisant.

    Dans ce processus de consultations et référendums parmi les membres (et également ouvert aux sympathisants dans certaines fédérations) s’est révélée l’expression d’une large opposition au renouvellement de Willy Meyers comme tête de liste. Cette opposition – très positive selon nous – est due au fait que Willy Meyer, militant historique du Parti Communiste Espagnol, depuis des décennies à la direction du PCE et d’IU, représente pour bon nombre de gens le pire d’IU. Collaborateur du pactisme et du bureaucratisme, il est l’un des grands défenseurs du pacte entre IU et la social démocratie (PSOE) en Andalousie. Dans cette ligne, les propositions de candidatures alternatives – parmi lesquelles se distinguent la députée Valencienne Marina Albiol et l’activiste bien connu Javier Couso de Madrid – ont été remarquables de par leur défense d’une position clairement anticapitaliste avec une orientation vers la lutte de la classe ouvrière et populaire dans les rues et les entreprises.

    Le débat a révélé plus précisément révélé le désir existant parmi de nombreux membres d’IU et de nombreux activistes autour d’eux d’un virage à gauche et vers la rue à l’intérieur d’IU. Comment est-ce malgré tout possible que Willy Meyer soit à nouveau tête de liste ? Cela s’explique par le poids de l’appareil d’IU, notamment dans les fédérations en Andalousie et à Madrid, et de l’appareil du PCE au niveau de l’État. Cela illustre l’existence d’une bureaucratie qui passe au-dessus de la volonté des membres et sympathisants d’IU et qui, à l’heure actuelle, se croit capable de déterminer la direction des événements dans l’organisation.

    S’organiser pour réclamer la démocratie ouvrière

    Il s’agit clairement d’une situation insupportable qui doit être combattue par la base et par l’aile gauche du mouvement. Nous devons exiger que les processus de consultations et référendums des militants soient contraignants et surveillés par des organismes indépendants et représentatifs des membres.

    En outre, étant donné le contexte social d’augmentation de luttes combatives ouvrières et sociales, luttes que nous voulons aider à organiser tout en leur offrant une voix politique, ces processus devraient être ouverts à la périphérie sociale d’IU pour renforcer les liens entre l’organisation et les couches avancées de notre classe dans la lutte. Cette participation impliquerait la convocation d’assemblées ouvertes aux membres et aux sympathisants afin de débattre et de voter, et devrait être approchée du point de vue d’une lutte pour affilier aux rangs d’IU toute une couche de milliers de militants.

    Pour organiser la mise en oeuvre de cette méthode, une unité de coordination du “secteur critique” d’IU au niveau de l’État est indispensable, afin de mener à la fois la lutte pour une démocratie ouvrière dans l’organisation, pour un fort virage à gauche et pour un programme de rupture avec le régime du 78 (le régime politique de développement capitaliste en Espagne après la dictature) et la Troika.

    Bien que l’inclusion de Marina Albiol et Javier Couso dans la liste représente une percée pour les secteurs les plus critiques et combatifs de l’organisation, nous croyons que le fait de ne pas avoir présenté une liste alternative au CPF à celle conduite par Willy Meyer dès le début du débat est un erreur, car une liste alternative aurait servi de premier pas vers le développement d’un large secteur à gauche au sein d’IU. La feuille de route pour mettre clairement des politiques révolutionnaires en première ligne du mouvement ouvrier ne passe pas toujours par des consensus, mais parfois par la lutte entre deux camps opposés.

    Pour une aile gauche critique armée d’une perspective révolutionnaire

    Pour Socialismo Revolucionario, les discussions sur les questions organisationnelles – même si elles peuvent dévoiler beaucoup de l’orientation politique de chacun – sont secondaires face aux débats politiques concernant le programme et les perspectives politiques.

    Dans ce sens, la perspective politique de l’appareil d’IU déterminé à imposer la candidature de Meyer – celle d’un gouvernement de coalition avec le PSOE – est celle contre laquelle il faut lutter, le plus largement possible, avec une aile critique à l’échelle de l’État capable de rassembler tous ceux qui veulent lutter contre cette perspective et pour une perspective d’indépendance de classe dans la lutte pour renverser le PP et imposer une alternative ouvrière.

    Nous soutenons que cela ne pourra seulement avoir lieu qu’en lien avec une perspective révolutionnaire de lutte pour un gouvernement des travailleurs de rupture anticapitaliste qui appliquera des politiques socialistes, notamment l’instauration de la propriété publique des secteurs clés de l’économie, sur un base de démocratie ouvrière.

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