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  • Écosse : Un référendum qui pourrait ébranler le capitalisme britannique

    « Au cours des quatre dernières semaines, le soutien à l’Union a perdu du terrain à un rythme stupéfiant. La campagne pour le “Oui” à l’indépendance n’a pas seulement entamé le territoire du “Non” : il s’agit en fait d’une véritable invasion. » – Peter Kellner, de l’agence YouGov

    Par Philip Stott, Socialist party Scotland (CIO-Ecosse)

    L’Écosse votera pour ou contre son indépendance du Royaume-Uni au cours d’un référendum historique le 18 septembre prochain. C’est la première fois depuis le début de la campagne pour le référendum qu’un sondage d’opinion fait ressortir une majorité en faveur du “Oui” – à présent de 51 % contre 49 % de “Non” (c’est-à-dire, pour maintenir l’Écosse en tant que partie prenante du Royaume-Uni). La publication le 6 septembre des résultats de ce sondage, réalisé par l’agence YouGov pour le compte du journal The Sunday Times, a plongé la caste politique capitaliste britannique dans la panique la plus totale.

    Quelques heures à peine après cette révélation, George Osborne (ministre des Finances, membre du parti LibDem) a annoncé que les trois partis Tories, Labour et LibDem s’étaient mis d’accord sur un “plan d’action” afin de donner « plus de pouvoirs à l’Écosse, en termes de taxation, de budget, et de sécurité sociale ». La peur est telle parmi les partisans du “Non” qu’ils ont décidé de réaliser cette ultime concession même après que 500 000 personnes aient déjà envoyé leurs votes par la poste.

    Une erreur monumentale

    Tout cela est encore plus amusant si l’on se rappelle que la direction du Parti national écossais (SNP, démocrates bourgeois pro-indépendance) avait en 2012 proposé un référendum à choix multiple, qui aurait inclus la possibilité de demander plus de pouvoirs pour l’Écosse – en organisant un grand transfert de compétences. Cette proposition a été refusée par le Labour et par les partis conservateur et libéraux-démocrate qui, dans leur arrogance, s’imaginaient pouvoir infliger une défaite décisive au SNP et par là-même étouffer toute velléité future d’indépendance, en organisant à la place un simple référendum « Pour ou contre l’indépendance » – tant ils étaient convaincus que personne ne choisirait la séparation d’avec le Royaume-Uni. Il s’agit bien entendu d’une erreur monumentale de leur part : les voilà à présent pris à leur propre piège.

    Comme le répétait d’ailleurs l’analyste et conseiller politique Andrew Rawnsley dans les pages de l’Observer la semaine passée : « Si les gens avaient pu faire ce choix, je suis sûr qu’ils auraient voté en masse pour la proposition d’un transfert massif de compétences. De ceci, je tire cette conclusion : si l’Écosse vote en faveur de l’indépendance et donc, de la fin du Royaume-Uni, nous allons bientôt voir toute une génération de politiciens londoniens rédiger leurs mémoires après leur démission, dans lesquelles ils s’efforceront d’expliquer comment ils ont pu à tel point fermer leurs yeux sur la catastrophes, puis être si lents à réagir à la crise. »

    Quand bien même le “Non” l’emporterait jeudi prochain, il est clair que l’Écosse recevra forcément de nouveaux pouvoirs de la part de Londres afin d’éviter que la population ne réclame un nouveau référendum pour l’indépendance dans quelques années, comme ç’avait été le cas au Québec dans les années ’90.

    Une révolte contre l’élite politique

    Nous voyons donc à présent la possibilité d’obtenir une majorité de votes pour l’indépendance. Il ne fait aucun doute qu’il y a une très forte tendance au “Oui”, surtout dans les quartiers et villes ouvrières d’Écosse. Comme le Socialist Party Scotland (CIO – Écosse) l’a expliqué à de nombreuses reprises, des centaines de milliers de gens considèrent ce référendum comme une manière de se venger des riches politiciens qui mènent une politique d’austérité au bénéfice des grandes entreprises.

    Le sondage YouGov a d’ailleurs bien mis cet élément en évidence. Au cours des quatre dernières semaines, le soutien au “Oui” est passé de 18 % à 35 % parmi les électeurs du Labour, la parti travailliste. Pour les jeunes de moins de 40 ans, ce soutien est passé de 39 % à 60 % ; pour les électeurs issus d’un milieu ouvrier, le soutien est passé de 41 % à 56 %. Parmi tous ces électeurs, on remarque que les femmes sont de plus en plus nombreuses à soutenir le “Oui” – leur soutien est passé de 33 % à 47 % au cours des quatre dernières semaines.

    La possibilité d’une victoire du “Oui” est perçue par de nombreux travailleurs comme une arme pour frapper l’élite politique anglaise tant détestée – cette même élite qui est responsable des coupes dans les budgets sociaux, du gel des salaires et des coupes brutales dans les services publics. La campagne pré-référendum s’est donc changée en une révolte massive de la part des victimes de l’austérité contre leur ennemi de classe.
    Car aujourd’hui, en l’absence de toute action de masse organisée par les syndicats contre les coupes budgétaires – malgré l’insistance du Socialist Party, qui réclame de telles actions en tant que stratégie pour battre l’austérité –, le référendum pour l’indépendance est devenu une sorte de substitut à la lutte de classe, reflétant l’immense colère et l’énorme désir de changement social et économique.

    Une participation massive

    Au fur et à mesure que la date cruciale approche, des milliers de gens font la file devant les mairies partout en Écosse afin de s’assurer qu’ils seront bien inscrits pour le vote. On estime que 300 000 personnes se sont déjà inscrites rien que sur les deux derniers mois. On s’attend à avoir un taux de participation d’une ampleur jamais vue, à plus de 80 %.

    L’héritage du thatchérisme, avec ses taxes iniques, la répression de la grève des mineurs, le chômage de masse et la destruction des services publics commis par le parti Tories dans les années ’80 et aujourd’hui – tout cela s’amalgame dans le vote pour le “Oui”. Partout où l’on va et où nos militants discutent avec la population, on entend les gens dire « C’est notre tour à présent ». Le capitalisme britannique est en train de payer le prix de ses crimes passés et présents.

    Le rejet de l’élite politique

    Les dirigeants du Labour, qui promettent s’ils sont élus de continuer la même politique d’austérité que celle qui est menée par les Tories à présent, sont tout autant détestés que le gouvernement. Lors de chaque assemblée ou meeting que nous organisons, on entend s’exprimer une vive colère et un profond dégout envers Ed Milliband, Alistair Darling et Tony Blair (dirigeants présents et passés du Labour). Cela se retrouve également dans les résultats des sondages : parmi la population, 61 % de gens ne font pas confiance à Alistair Darling (membre du Labour, l’ancien ministre des Finances de Gordon Brown, qui est aussi porte-parole de la campagne “Vivre mieux ensemble”, contre l’indépendance) ; 67 % ne font pas confiance à Ed Milliband (le président du Labour), qui ne s’en sort qu’un tout petit mieux que David Cameron (le Premier ministre actuel, du parti Tory, les conservateurs) qui est officiellement détesté par 73 % de la population.

    Mais les dirigeants du SNP (Parti national écossais) n’inspirent guère plus de confiance au peuple. 58 % des Écossais disent se méfier d’Alex Salmond, le président du SNP. La plateforme politique du SNP promet en effet de réduire les impôts pour les grandes entreprises et les multinationales et cherche à trouver un accord monétaire avec la Banque d’Angleterre qui signifiera plus d’austérité, tout en appliquant en Écosse et sans la moindre protestation la politique d’austérité qui leur est aujourd’hui dictée par les Tories. C’est pourquoi les travailleurs ne doivent pas avoir le moindre espoir envers ces politiciens “nationaux”

    C’est pour cette raison, comme le Socialist Party Scotland l’avait déjà prédit il y a deux ans, qu’un énorme espace s’est ouvert à la gauche du SNP et des dirigeants de la campagne officielle pour le “Oui”. Le débat autour du référendum a suscité un vif intérêt parmi la population, et aujourd’hui, tout le monde discute de politique : si nous obtenons notre indépendance, comment allons-nous nous y prendre pour construire une Écosse faite de “Bien-être et d’égalité” ? Est-ce que cela signifie que nous allons arrêter les coupes budgétaires, obtenir de meilleurs salaires et sauver les services publics ?
    C’est pourquoi nous participons à la grande tournée de Tommy Sheridan, intitulée “L’espoir malgré la peur”. Partout où nous allons, nos divers orateurs sont acclamés, ce qui est en soi une expression concrète de ce désir d’une transformation définitive de la société.

    Les meetings organisés dans le cadre de cette tournée sont de véritables assemblées de la classe des travailleurs, vibrant de colère et d’énergie. Tommy Sheridan y prend la parole pour condamner l’élite capitaliste, et pour rappeler que sous l’indépendance, nous pouvons en finir avec l’austérité en nationalisant le pétrole et le secteur de l’énergie, en donnant un salaire décent à tout un chacun, et en interdisant les contrats de travail à “zéro heure”. À chaque fois, il reçoit l’ovation enthousiaste du public.

    Tommy Sheridan est devenu un acteur majeur dans le cadre de cette campagne, et ce n’est pas pour rien : beaucoup de gens se souviennent évidemment de son rôle de dirigeant et de militant dans la lutte de masse contre Thatcher dans les années ’80 et ’90 ; mais c’est aussi le résultat du vide immense à gauche, l’illustration du potentiel qui s’offre à nous pour la construction d’un nouveau parti combatif de la classe des travailleurs.

    Aucune solution sous le capitalisme

    Le Socialist Party Scotland se bat lui aussi pour les réformes et améliorations du niveau de vie de la classe des travailleurs défendues par Tommy Sheridan. Cependant, nous expliquons en plus, de la manière la plus claire possible, que si l’Écosse indépendante demeure dans le cadre du système capitaliste, alors l’austérité se poursuivra. De fait, Alex Salmond et son parti SNP se sont déjà dits prêts à poursuivre les coupes budgétaires après le référendum, quelle qu’en soit l’issue. Seule une politique véritablement socialiste nous permettra de mettre un terme à l’austérité, tel que nous le disons dans notre programme pour une Écosse socialiste que nous avons largement diffusé et présenté tout au long de la campagne.

    Le point central de ce programme est la nécessité de forger l’unité de la classe des travailleurs pour riposter contre l’austérité capitaliste, pas seulement en Écosse, mais aussi en Angleterre, au Pays de Galles et en Irlande du Nord. La solidarité de classe des syndicalistes doit s’exprimer en une campagne unifiée d’action de masse, par la grève générale dans tout le Royaume-Uni : ce n’est que comme ça qu’on pourra recommencer à reprendre du terrain contre la vague de politique antisociale et de privatisations. Un autre point crucial est la nécessité de construire un nouveau parti de masse des travailleurs, qui représentera les intérêts de la majorité de la population – la classe des travailleurs.

    L’idée mise en avant par beaucoup de militants de gauche, y compris Tommy, est qu’il serait possible de parvenir à une transition vers une forme de capitalisme plus juste et plus équitable. C’est ce qu’on voit aussi dans la politique de la plateforme du Common Weal (le “Bien commun”), un groupe d’intellectuels de gauche libéral ou socio-démocrate qui propose de copier le “modèle nordique” en vigueur en Norvège, au Danemark et en Suède pour obtenir cette nouvelle Écosse de l’égalité.

    Nous avons répondu au Common Weal en expliquant que, vu l’ampleur de la crise économique mondiale, il n’y a aujourd’hui pas la moindre possibilité d’obtenir une amélioration durable et sur le long terme pour la classe des travailleurs dans le cadre du capitalisme actuel. Il nous faut construire un mouvement de masse des syndicats et de la classe des travailleurs au sens large afin de vaincre la politique d’austérité, mais en même temps, il faut que cette lutte soit liée à l’objectif de sortir du capitalisme en mettant en place une politique socialiste conséquente et décisive.

    Si le “modèle nordique” a pu être érigé dans les pays scandinaves, c’est uniquement parce qu’après la Seconde Guerre mondiale, ces pays ont connu une situation de croissance économique sans précédent qui a permis aux politiciens socio-démocrates de procéder à une redistribution des richesses dans le cadre du capitalisme. Mais aujourd’hui, le capitalisme est à l’offensive contre l’ensemble de ces acquis sociaux gagnés par la classe des travailleurs, y compris dans les pays scandinaves où le fameux “modèle nordique” est en passe d’être démantelé.

    Quelles répercussions ?

    Il reste moins de dix jours avant le vote. Le résultat est très difficile à prédire, et tout peut encore changer. Les conséquences d’un vote “Oui” à l’indépendance seront dévastatrices pour l’élite capitaliste britannique, et sans précédent. Cela aura de très nombreuses répercussions et pas seulement au Royaume-Uni. Cameron pourrait se voir contraint de démissionner, le parti Tory (conservateurs) plongé dans la crise, ce qui rendrait encore plus probable le départ de toute une fraction du parti vers la nouvelle formation Ukip (Parti de l’indépendance du Royaume-Uni, droite populiste nationaliste). Comme le disait Martin Kettle, commentateur politique, ce lundi 7 septembre dans le journal The Guardian : « Ce week-end, c’est l’impensable qui a pris les rênes de la politique britannique. Tous les autres sujets ont perdu tout intérêt. Sans doute ces dix jours ne seront pas les dix jours qui ébranlèrent le monde, comme le disait John Reed dans sa chronique de la révolution russe. Mais ce seront tout de même dix jours qui vont changer notre vie à tous, qui vont ébranler les fondations de l’État britannique et stupéfier sa population ».

    Afin d’éviter cette catastrophe, l’élite capitaliste tente de trouver de nouvelles concessions. D’ici jeudi prochain, il faut aussi s’attendre à une nouvelle recrudescence de la part de la campagne d’intimidation anti-indépendance. La reine d’Angleterre s’est déjà déclarée « horrifiée » par le résultat des derniers sondages et « inquiète » pour sa position constitutionnelle en cas de victoire du “Oui”. L’intervention militaire britannique en Syrie ou en Irak qui devrait être lancée le même jour, le jeudi 18 septembre, pourrait également avoir un impact sur le vote. Nous allons également nous retrouver submergés par une nouvelle vague de propagande quant à l’effondrement certain de l’économie et des finances écossaises en cas d’indépendance.

    Le Labour se retrouverait lui aussi plongé dans la crise en cas d’une victoire du “Oui”. Comme l’analyse Paul Mason : « Si, le matin du 19 septembre, nous nous réveillons pour apprendre que l’indépendance l’a emporté, le choc parmi l’élite sera terrible. Le Labour sera encore plus traumatisé. Il pourra certainement faire une croix sur l’idée d’un gouvernement à majorité Labour après les élections de 2016 ».

    En réalité, si le Labour adoptait un programme socialiste combatif et proposait une alternative bien définie contre l’austérité sans fin, il pourrait facilement obtenir la majorité au parlement – même sans ses députés écossais. C’est l’adhésion sans faille de Miliband et de Ball à la politique capitaliste et aux plans des Tories qui sapent les possibilités pour un éventuel retour du Labour au pouvoir. C’est pourquoi les syndicats doivent prendre plus au sérieux pour aller vers la construction d’un nouveau parti de masse des travailleurs, et se dépêcher.

    La “Team Scotland”

    La direction du SNP tente à présent d’inclure des dirigeants Labour (comme Alister Darling et Johann Lamont) dans sa “Team Scotland” (“Équipe pour l’Écosse”), en plus de figures publiques issues des Tories ou des LibDem. La Team Scotland est le comité qui devra mener les discussions avec le gouvernement britannique en cas de victoire du camp de l’indépendance, pour obtenir les arrangements nécessaires. Cela fait partie des tentatives du SNP de calmer l’ardeur des travailleurs écossais, qui ont à présent d’énormes attentes et vont demander un changement réel et radical après le référendum.

    Les socialistes et les syndicalistes doivent s’opposer à cette approche : il est hors de question de laisser à des politiciens pro-austérité le monopole du débat sur des questions aussi importantes, telles que quelle monnaie nous allons utiliser, ou de quels pouvoirs l’Écosse indépendante bénéficiera. Au lieu de ça, nous exigeons des élections démocratiques à un organe de négociations ouvert à tous, y compris aux candidats socialistes ou issus du milieu syndical, afin de porter la voix de la classe des travailleurs de manière indépendante de la bourgeoisie. Par exemple, nous devons réclamer du Royaume-Uni qu’il rende les 4 milliards volés au financement des services publics par le parti Tory du fait de la politique d’austérité menée depuis 2010.

    Quel que soit le résultat du référendum, l’atmosphère est clairement à la combativité : nous ne donnerons plus un penny pour l’austérité ! Même en cas de défaite, environ deux millions de personnes auront voté en faveur du “Oui” à l’indépendance dans l’espoir d’en finir avec l’austérité et avec la baisse constante du niveau de vie. Malgré cela, la direction du SNP promet de poursuivre les coupes budgétaires à hauteur de 3 milliards de livres sterling (2000 milliards de francs CFA) au cours des deux prochaines années. Les syndicats doivent immédiatement appeler à arrêter cette politique en Écosse, en organisant en parallèle une campagne de masse d’action de grève généralisée et coordonnée contre l’austérité.

    Le potentiel est là pour aller plus loin

    Il est urgent d’agir afin d’utiliser à bon escient l’énorme potentiel que nous avons vu se développer durant la campagne pour le référendum parmi des centaines de milliers de travailleurs qui cherchent une issue à l’austérité. L’excellent accueil qui a été fait à la tournée “L’espoir contre la peur”, couplée à la réemergence de Tommy Sheridan en tant que figure publique majeure nous ouvrent à présent la porte pour renforcer le camp du socialisme après le référendum et de lui donner une expression politique.

    Le Socialist Party Scotland participe à l’appel à une conférence de la Coalition des socialistes et syndicalistes écossais prévue le 1er novembre à Glasgow, dont le but sera de rassembler tous ceux qui désirent aider à bâtir une alternative électorale de la classe des travailleurs, anti-austérité et socialiste.

    Si le “Oui” devait l’emporter, nous verrons certainement le début du lancement de nouvelles coalitions ou partis de gauche parmi les forces pro-indépendance, notamment de la part de certains éléments de la Campagne pour l’indépendance radicale et de certains intellectuels qui gravitent autour du Common Weal. Mais si ces initiatives se basent sur le programme du Common Weal – et comme lui, ne cherchent pas à s’adresser à la classe des travailleurs –, alors on ne pourra pas dire avec certitude que cela constituera un pas en avant pour résoudre le problème du manque de représentativité politique des travailleurs.

    Quel que soit le résultat du vote de jeudi prochain, le terrain politique en Écosse en sortira complètement bouleversé. Notre tâche urgente est de capitaliser et canaliser l’immense colère qui s’est exprimée de manière si frappante lors de cette campagne, afin de lancer une lutte de masse pour vaincre les plans d’austérité et pour renforcer les idées du socialisme en Écosse. C’est à cela que nous devrons nous atteler et consacrer toutes nos forces dès le matin du 19 septembre.

    Le Socialist Party Scotland appelle à voter “Oui” à l’indépendance de l’Écosse, et à ce que les pouvoirs conférés par cette indépendance soient utilisés afin de :

    • Nationaliser, sous contrôle et gestion démocratique des travailleurs, les secteurs du gaz et du pétrole, le secteur de l’énergie renouvelable et les secteurs-clés de l’économie écossaise. Cela apporterait des milliards à l’État écossais, que nous pourrions utiliser pour lancer un plan massif d’investissement dans la création d’emplois et pour reconstruire nos services publics.
    • Nationaliser les banques et le secteur de la finance, sous le contrôle démocratique de la classe des travailleurs
    • Renationaliser le gaz, l’électricité, les transports et les secteurs de l’économie nationale qui ont été privatisés.
    • Taxer les riches et les grandes entreprises.
    • Augmenter le salaire minimum et annuler les attaques sur la sécurité sociale.
    • Garantir un salaire décent pour tous, supprimer les contrats “zéro heures”.
    • Sortir de l’Otan. Virer d’Écosse le projet Trident de sous-marins nucléaires britanniques, et virer toutes les armes de destruction massive qui sont entreposées sur notre territoire. Investir à la place dans des emplois socialement utiles.
    • Abolir toutes les lois antisyndicales.
    • Rompre les liens entre les syndicats et le Labour pour construire un nouveau parti de masse des travailleurs.
    • Annuler les coupes budgétaires. Obtenir un gouvernement écossais qui représentera l’ensemble de la population travailleuse, les chômeurs et les pauvres, afin de défendre l’emploi, les salaires, les services publics et les pensions, et de refuser toute coupe d’austérité visant à payer pour la crise.
    • Mettre en place un plan socialiste de production dans le cadre d’une Écosse indépendante et socialiste, partie prenante d’une confédération volontaire socialiste des iles britanniques (avec l’Angleterre, le Pays de Galles et l’Irlande réunifiée), en tant que première étape vers une Europe socialiste.

    Une foule nombreuse se presse pour venir voir Tommy Sheridan et entendre l’appel à une indépendance socialiste

    Les meetings avec Tommy Sheridan et nos camarades du Socialist Party Scotland “Socialist Case For Independence” ont pu compter sur une large audience, avec plus de 18.000 participants au total. Ci-dessus, le meeting de Dundee.

    La tournée “L’espoir contre la peur – Un appel socialiste à voter ‘Oui’” a organisé un meeting dans la ville de Dundee ce jeudi 4 septembre. Plus de 500 personnes se sont massées dans la salle pour y entendre nos orateurs. La presse locale a même compté plus de 800 personnes. Les spectateurs ont dû rester debout serrés les uns contre les autres, tandis que 100 personnes sont restées dehors après que nous ayons fermé les portes dix minutes avant le début officiel du meeting, tant la place manquait. Cependant, nous sommes parvenus à organiser à l’improviste une sonorisation pour que les personnes debout et assises dehors puissent entendre ce qu’il se disait à l’intérieur de la salle.

    Le meeting a été ouvert par notre camarade du Socialiste Party Scotland (CIO-Écosse), Sinead Daly, qui a expliqué que ce meeting était le 96ème meeting de notre tournée “L’espoir contre la peur”, et que 20 000 personnes étaient déjà venues voir et entendre le socialiste Tommy Sheridan défendre devant elles le “Oui” à l’indépendance de l’Écosse. La participation massive dans toutes les villes, et même dans tous les villages où nous sommes passés en Écosse est le reflet de l’intérêt énorme qui vit parmi la population envers les idées de gauche et la possibilité d’une indépendance socialiste.

    « Ce soir, nous allons devoir discuter ensemble, de la manière dont nous pourrions utiliser les pouvoirs conférés par l’indépendance de notre pays pour en finir à jamais avec la pauvreté et pour construire une société pour les millions – pas pour les millionnaires. Nous voulons voir une Écosse indépendante socialiste, bâtie dans les intérêts de la classe des travailleurs », a dit Sinead.

    Pour Jim McFarlane, un dirigeant du syndicat Unison dans la ville de Dundee, également membre du Socialist Party Scotland : « À Dundee, 26 % des enfants vivent dans la pauvreté. Ce 18 septembre, des centaines de milliers de travailleurs peuvent enfin rendre leur verdict quant à toutes ces années de coupes budgétaires et de chute du niveau de vie. Je vais voter “Oui”, parce que je suis un syndicaliste et parce que je suis un socialiste.
    J’ai travaillé pour le conseil communal avec le Labour au pouvoir, j’ai travaillé pour le conseil communal avec le SNP au pouvoir, et je peux vous dire que lorsqu’il s’agit de procéder à des coupes dans les budgets sociaux, ces deux partis les appliquent sans même la moindre protestation.

    Nous menons campagne pour la nationalisation des banques, du pétrole et du gaz, et de tous les secteurs-clés de l’économie. Les pouvoirs de l’indépendance doivent être utilisés afin de garantir un salaire décent pour tous, en finir avec les contrats “zéro heures”, et bâtir une sécurité sociale solide et disposant d’importants moyens financiers.

    Il nous faut un nouveau parti de masse des travailleurs, qui défende une politique socialiste, afin de réaliser cette politique dans le cadre de l’Écosse nouvellement indépendante. La seule solution pour échapper à l’austérité brutale, est de construire un mouvement de masse contre les coupes d’austérité et pour une Écosse indépendante socialiste, et de lier ce mouvement à la lutte pour le socialisme en Angleterre, au pays de Galles et en Irlande du Nord comme du Sud. »

    Angela McCormick, membre du Socialit Workers party (SWP, section écossaise de la Tendance internationale socialiste, IST), a également pris la parole afin de rappeler le cout scandaleux du projet militaire Trident et tout ce qu’on pourrait faire avec cet argent à la place, en termes d’emploi, d’infrastructure et de services publics.

    C’est sous un tonnerre d’applaudissements que Tommy Sheridan s’est levé pour prendre la parole. Tommy a vertement critiqué les politiciens pro-austérité, de Thatcher à sa “progéniture” en la personne, pour en finir avec Ed Milliband : « Je ne lui ferais même pas confiance pour gérer un lavoir, je ne vois pas comment il pourrait gérer un pays ! »

    Plus loin dans son discours, il a dit : « Personne en Écosse n’avait voté pour Thatcher, personne en Écosse n’a voté pour Cameron, mais on s’est quand même retrouvés dirigés par ces gens-là. Allez dire à tous vos collègues, à tous vos camarades qui n’ont pas encore décidé quoi voter jeudi prochain, qu’ils n’ont qu’à aller voter “Oui”. Parce qu’après, ils pourront rentrer à la maison, s’asseoir avec leurs enfants, et leur dire : « Mes enfants, grâce à mon vote aujourd’hui, je vous ai sauvé à tout jamais du gouvernement Tory. Ils ne reviendront jamais en Écosse ».

    Selon Tommy toujours, « Après l’indépendance, nous allons investir dans toutes ces choses qui sont véritablement importantes pour la population, pas dans des armes de destruction massive illégales et amorales ». Tommy a aussi appelé à la nationalisation de l’économie, à un salaire décent pour tous, à en finir une bonne fois pour toutes avec la pauvreté dans la nouvelle Écosse indépendante. Il a terminé son discours à nouveau dans un tonnerre d’acclamations enthousiastes qui s’est prolongée plusieurs minutes.

    Lors du meeting, nous avons vendu 100 exemplaires de notre journal “Le Socialiste” et distribué plus de 300 exemplaires de notre brochure spéciale de 4 pages sur le référendum. Des centaines de livres sterling ont aussi été données par les participants dans les seaux de collecte que nous avons tenus à la sortie du meeting.

  • Ecosse : Un référendum sur le fil du rasoir

    “Expulsons les conservateurs”

    Au cours des quinze derniers jours de la campagne pour le référendum sur l’indépendance de l’Écosse, qui se tiendra le 18 septembre prochain, les sondages se resserrent et le soutien à l’indépendance a obtenu son plus haut niveau. Un sondage YouGov datant du 1er septembre illustre qu’à l’exclusion des électeurs indécis, le soutien à l’indépendance a gagné 8 points en mois, pour atteindre les 47%. Les partisans du ‘‘Non’’ n’ont dorénavant plus que 6 points d’avance et se trouvent à 53% alors qu’ils disposaient encore d’une avance confortable de 14 points à la mi-août.

    Par Matt Dobson, Socialist Party Scotland (CIO-Écosse)

    Le soutien au ‘‘Oui’’ est maintenant synonyme de crise majeure pour la majorité de l’élite capitaliste britannique. Le Premier ministre britannique David Cameron parle ainsi ouvertement de ses ‘‘préoccupations’’ et de sa ‘‘nervosité’’ face à l’idée de l’indépendance de l’Écosse. La campagne ‘‘Better Together’’ pour le ‘‘Non’’, qui réunit les conservateurs du parti Tory, les travaillistes et les Libéraux-Démocrates est en plein surmenage. Tout un spectre de personnalités allant de responsables des milieux patronaux aux célébrités en passant par les élites universitaires d’Écosse constitue un chœur de plus en plus strident ne cessant de prévenir des conséquences désastreuses de l’indépendance.

    Le dirigeant travailliste Ed Miliband a annoncé qu’il sera en déplacement en Écosse jusqu’à la fin du référendum. Il ne veut pas à l’avenir devenir Premier ministre d’un Royaume-Uni amputé de l’Écosse, a-t-il affirmé. Le soutien des travaillistes à la campagne pour le ‘‘non’’ à l’indépendance et pour le Project Fear (Projet Peur, surnom de la campagne ‘‘Better Together’’) est en train de faire de sérieux dégâts à ce qui restait encore de la réputation de ce parti au sein de la classe des travailleurs. Le niveau auquel a été élevé le chantage au cours de cette campagne est véritablement sans précédent, mais le Project Fear ne parvient malgré tout pas à enrayer la marée croissante de soutien pour le ‘‘Oui’’.

    Les craintes de Cameron et Miliband sont justifiées. Le soutien pour l’indépendance est extrêmement visible à travers les villes et villages du pays à l’aide d’autocollants, de stands de rue, d’affiches et de banderoles officielles ou faites-main. C’est ainsi que s’exprime la volonté d’un changement social et économique fondamental pour des millions de travailleurs et de jeunes.

    Le récent sondage YouGov a mis en lumière que la croissance du soutien au ‘‘oui’’ a été plus forte parmi la classe ouvrière. Diverses régions populaires d’Écosse, dont Dundee et Glasgow, pourraient disposer d’une majorité de ‘‘Oui’’. Ce vote représente une opposition à l’austérité sans fin de la période écoulée, une occasion de développer la contestation face aux inégalités et aux coupes budgétaires que les principaux partis politiques ne sont pas prêts à remettre en cause.

    Le journaliste Paul Mason a récemment expliqué dans un article du Guardian que ‘‘Quelque chose d’incroyable se passe en Écosse. Lorsque l’enthousiasme politique atteint le monde relativement apolitique des HLM, des pubs et des discothèques et que cela énergise les gens, la participation peut faire des choses étranges sur les sondages d’opinion (…) Ils ont entendu tous les avertissements macro-économiques désastreux – sur la livre sterling, sur les banques, sur la dette, sur la non-fiabilité de l’argent du pétrole. Mais face à l’opportunité de rompre clairement avec la politique de Londres et l’économie néolibérale, beaucoup d’entre eux sont prêts à assumer ces risques (…) Si cela prend passe, c’est que beaucoup de choses sont à pointer du doigt, mais il est d’ores et déjà très clair de constater où réside le plus grand problème : il est devenu impossible d’exprimer son opposition à l’économie de marché via les principaux partis du parlement de Westminster à Londres’’.

    Paul Mason a toutefois tort lorsqu’il décrit les quartiers à HLM comme étant ‘‘relativement apolitique’’. La majorité de la population est complètement détachée de l’establishment politique capitaliste, mais la colère est intense contre les coupes budgétaires et la chute du niveau de vie.

    De plus en plus de gens font activement campagne pour le ‘‘Oui’’ et se rendent en masse aux réunions publiques, ce qui contraste de façon éclatante avec les récentes élections qui ont connu un taux de participation très bas et peu d’enthousiasme face aux politiciens traditionnels. Cela exprime l’espoir de voir le ‘‘Oui’’ devenir une possibilité des plus réalistes et constituer la chance, pour la première fois dans la vie de très nombreuses personnes, de voir être positivement modifiées les conditions de vie des travailleurs et des jeunes. Cette excitation et ces attentes se sont développées en dépit des tentatives de la direction du Scottish National Party et de la direction de la campagne officielle pour le ‘‘Oui’’ visant à ne pas susciter d’espoirs trop élevés concernant ce que l’indépendance peut offrir sur une base capitaliste.

    Le résultat du référendum est actuellement difficile à prédire. La tension s’est accrue dans les rues et les militants du ‘‘Non’’ prétendent être intimidés par ceux du ‘‘Oui’’. Le dirigeant de droite du parti travailliste Jim Murphy s’est ainsi vu attaquer dans sa tournée “Non Merci” dans divers centre-villes par des passants devenus perturbateurs. Ils s’est retrouvé à devoir essuyer des tirs d’œufs tandis que des gens dénonçaient en criant la participation des travaillistes aux politiques d’austérité.

    Mais il existe des éléments de la campagne pour le ‘‘Non’’ qui visent à exacerber les divisions racistes et les tensions sectaires. Nigel Farage, par exemple, le dirigeant du parti populiste de droite Ukip, est arrivé en Écosse pour ‘‘sauver l’Union’’ tandis que l’Ordre d’Orange (des extrémistes nationalistes protestants) organise une manifestation nationale contre l’indépendance à Édimbourg lors de la dernière semaine de campagne.

    Le facteur majeur qui explique pourquoi le ‘‘Non’’ a encore une avance, ce sont les doutes légitimes quant à savoir ce qu’une Écosse indépendante capitaliste aura à offrir à la majorité sociale. Les promesses du SNP se limitent à des réductions d’impôts pour les grandes entreprises et à la poursuite de la politique d’austérité. Ce sont autant d’obstacles majeurs pour le ‘‘Oui’’.

    Les meetings avec Tommy Sheridan et nos camarades du Socialist Party Scotland “Socialist Case For Independence” ont pu compter sur une large audience. Ci-dessus, meeting de Dundee, en présence de 500 participants.

    En revanche, la tournée ‘‘Hope Over Fear – Socialist Campaign for Independence’’ (l’Espoir sur la peur – Campagne socialiste pour l’indépendance), avec le militant socialiste bien connu Tommy Sheridan et à laquelle participe le Socialist Party Scotland, bénéficie d’une audience de plus en plus grande. Cela illustre le potentiel que représente la défense des idées du socialisme et leur concrétisation politique comme que l’utilisation de l’indépendance pour en finir avec l’austérité et la mise sous propriété publique des richesses pétrolières et gazières de même que le système bancaire peut bénéficier d’une audience de masse et développer le soutien en faveur du ‘‘Oui’’.

    Le Socialist Party Scotland, tout en soutenant énergiquement le ‘‘Oui’’ a clairement expliqué la nécessité d’utiliser les forces de l’indépendance pour mettre fin aux mesures d’austérité et pour placer sous propriété publique et sous contrôle démocratique les principaux secteurs de l’économie. Ce n’est qu’ainsi, par une politique socialiste, par la réalisation d’une Écosse socialiste indépendante dans le cadre de la construction d’une confédération socialiste volontaire plus large, que la classe ouvrière pourra voir ses conditions de vie fondamentalement améliorées. A cette fin et pour défendre leurs intérêts, les travailleurs et les jeunes ont besoin d’un nouveau parti de masse de leur classe.

  • France : Les travailleurs n’ont rien à attendre du FN !

    Directement après le résultat des élections européennes, plus de 2.500 jeunes s’étaient réunis face au parlement européen pour protester contre le racisme et l’extrême-droite.

    Le FN a fait un score élevé aux dernières élections, mais une large majorité des travailleurs a préféré s’abstenir. Le FN récolte une partie des fruits de la colère sur fond de scandale à l’UMP et de rejet de la politique du PS au pouvoir. Il s’est surtout attiré des voix en prenant position sur les questions sociales et contre l’Union Européenne.

    Par la Gauche Révolutionnaire (CIO-France)

    Et ce tournant prétendument social est de la pure démagogie. Avec la nouvelle stratégie de Marine Le Pen, leurs candidats jouent le jeu de la respectabilité électorale plutôt que la provocation car au final ne sont que des carriéristes comme les autres. Leurs élus sont des politiciens professionnels, cumulant plusieurs mandats et sont d’ailleurs de la même origine sociale favorisée (avocats, énarques…) que ceux du PS et de l’UMP.

    Le FN essaye de faire croire qu’il défend les travailleurs. Mais à Hayange, le maire FN entend interdire les distributions de tracts des syndicats de personnel de la municipalité. Un autre exemple est sur la grève à la SNCF, où le FN annonçait qu’il soutenait la grève. Le FN se prétend même désormais pour un service public, lui qui il y a quelques années encore était pour la privatisation du Rail et condamnait avec la plus grande violence les mouvements des cheminots.

    Là encore, le FN s’en prend aux syndicats. Soutenir une grève sans soutenir ceux qui la font… la démagogie n’a plus de limites, et le positionnement purement tactique, pour recruter chez les fonctionnaires, leur permet d’envisager les prochaines élections.

    D’ailleurs, si le FN met en cause les syndicats, c’est parce qu’il reste complètement hostile aux forces qui organisent les travailleurs et leur apporte les moyens d’agir collectivement. Ses propositions sur les salaires ne sont pas éloignées de celles du Medef, du PS ou de l’UMP. Ainsi le parti est pour augmenter les salaires en diminuant les cotisations salariales à la Sécu, ce qui revient de fait à faire payer aux travailleurs des pseudo augmentations de salaire sans toucher aux profits des capitalistes et en continuant le cassage de la Sécu.

    Le FN fait du populisme, en gardant sur le fond un programme et une activité d’un parti de droite.

    Des polémiques qui restent utiles

    Le caractère toujours raciste reste au cœur du FN et en a repoussé plus d’un y compris parmi leurs propres candidats aux municipales. Ce parti est toujours dirigé par la famille des Le Pen. Le Pen père n’a jamais caché son projet politique et ses liens avec des groupes fascistes. Il a fait sa fortune de multimillionnaire en héritant du cimentier Lambert : richesses qui ont été créées par le travail de milliers d’immigrés dans le bâtiment.

    Les dernières déclarations de Jean-Marie Le Pen sur le virus Ebola en Afrique pour régler la question de l’immigration ou de Marine Le Pen sur la suppression de la double nationalité après le soutien à l’équipe de foot d’Algérie par des supporters en France montre encore leur fond raciste. Cette dernière polémique étant la plus ridicule : soutenir l’équipe de France de Football deviendrait un critère pour avoir la nationalité française ?

    Marine a critiqué son père sur la communication mais pas sur le fond, il s’agit de ne pas perdre le noyau dur de l’électorat tout en essayant de continuer à récupérer les fruits de la colère d’une grande partie de la population face aux conséquences désastreuses des politiques antisociales des différents gouvernements.

    Enfin, si les Le Pen critiquent la «finance» c’est évidemment sans préciser qu’eux-mêmes sont rentiers et vivent de dividendes d’actions et autres opérations financières. A tel point que la Cour des Comptes vient d’ouvrir une enquête sur l’enrichissement de Jean Marie Le Pen entre 2004 et 2009 d’un million d’euros supplémentaire.

    D’autre part chaque fois qu’ils ont eu des élus, il y a eu des scandales financiers dans les mairies (finances parallèles, hausse de tarifs comme l’eau, non entretien de la voirie ou des cantines etc.) exactement comme d’autres politiciens.

    Les mêmes escrocs que les autres

    La différence, c’est qu’ils n’ont pas encore accès au magot mais la tendance est la même et les pratiques seront identiques à celles des politiciens corrompus. C’est ainsi que l’une des premières mesures prises par Joris Hébrard, le maire FN du Pontet dans le Vaucluse, et son conseil municipal fut de s’octroyer généreusement une hausse de 44% des ses indemnités, les faisant passer de 2470 euros à 3227 euros et une augmentation de plus de 180 euros pour les conseillers municipaux, avant que la préfecture annule cette décision qu’elle juge contraire au code des collectivités territoriales. Il est clair que les salariés de la mairie ou la plupart des administrés de la commune auraient certainement voulu bénéficier de la même augmentation de salaire ! Dans le même temps, ce maire si généreux avec lui-même et ses condisciples frontistes supprimait la gratuité des cantines scolaires de sa commune pour les enfants de chômeurs… les enfants des familles les plus démunis apprécieront certainement de suivre leur scolarité le ventre vide.

    De la même manière qu’un Copé qui fait travailler à prix d’or ces amis du Bygmalion, David Rachine, le maire de Fréjus, a demandé à une société d’audit fondée très opportunément 2 jours avant le second tour des municipales par un de ces amis – Clément brieda, totalement novice dans ce domaine- de réaliser l’expertise des comptes de la mairie une fois élu. Autant refiler l’argent des contribuables de Fréjus aux amis, même s’ils n’y connaissent rien en audit… dans le même temps ce sont plus contrats de travail qui n’ont pas été renouvelé à la mairie pour raison financière. et les budgets des associations sportives, qui subissent des coupes sévères : diminution de 50% pour le club de basket, celle de l’Association municipale des sports connait une baisse de 30%. Ou encore les subventions pour le bus scolaire et la cantine vont diminuer de 20 % à la rentrée scolaire, et celles des trois centres sociaux de la ville ont subi des baisses de 53 à 62 %

    Il est fort à parier que ce genre d’affaires, se multiplieront aussi avec les élus du Front national. Au FN comme ailleurs c’est margoulin et compagnies !

  • Huit questions à propos du référendum sur l’indépendance de l’Écosse

    Les meetings avec Tommy Sheridan et nos camarades du Socialist Party Scotland “Socialist Case For Independence” ont pu compter sur une large audience, avec plus de 18.000 participants au total. Ci-dessus, meeting de Dundee, en présence de 500 participants.

    Le 18 septembre, un référendum sur l’indépendance aura lieu en Écosse. Partout dans le pays on parle du référendum, y compris de ce qu’une Écosse indépendante pourrait signifier pour l’emploi et le niveau de vie des travailleurs. Cela mettrait-il fin aux dures mesures d’austérités de ces dernières années? Le ‘Socialist Party Scotland’, parti-frère du PSL en Écosse, appelle à voter ‘oui’ et milite pour une Écosse indépendante et socialiste.

    Point-de-vue du ‘Socialist Party Scotland’, section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Ecosse

    Pourquoi voter oui à ce référendum?

    Un nombre croissant de travailleurs – surtout en comparaison des années ‘70 et ‘80 – considère l’indépendance comme un moyen de sortir de la pauvreté croissante et de l’austérité. Depuis 1999 et la création du Parlement écossais, nous avons exigé un Parlement qui ait son mot à dire en matière d’économie, d’impôts, de salaire minimum, de sécurité sociale, de pensions,…

    Qu’en est-il des travailleurs et des jeunes qui ne sont pas convaincus que l’indépendance sous le règne du SNP (Scottish National Party) serait un pas en avant?

    Nous sommes d’accord avec eux sur ce point. Si nous appelons à voter ‘oui’, il s’agit d’un soutien critique. Nous mettons en avant que le modèle du SNP pour l’indépendance n’apportera aucun changement véritable. À cette fin, une politique socialiste est nécessaire !

    Tribune du meeting de Dundee

    Une Écosse indépendante administrée par le SNP apporterait plus de prospérité aux grandes entreprises, pas aux travailleurs. Les plans du premier ministre écossais visent à offrir des avantages fiscaux supplémentaires aux multinationales. La direction du SNP s’oppose à la propriété publique du secteur pétrolier. Elle ne soutient même pas la renationalisation des compagnies d’énergie. Ce parti pense que le capitalisme – un système économique qui connaît sa plus grave crise depuis les années 1930 – peut constituer la base d’une meilleure Écosse, alors que nous sommes convaincus que cela est exclu. Seules des mesures socialistes telles que la propriété publique et démocratique des banques, du secteur pétrolier et d’autres secteurs clés de l’économie permettront de construire les bases d’une économie qui soit dans l’intérêt de l’ensemble de la population.

    Le modèle scandinave n’illustre-t-il pas qu’un capitalisme plus juste est possible ?

    Le modèle scandinave se réfère à la situation en Norvège, en Suède, au Danemark et en Finlande depuis 1945, en période de croissance économique. Cette période est désormais révolue et avec elle ce ‘modèle’. La sécurité sociale très développée et le faible niveau de pauvreté – allant de pair avec des impôts élevés pour la population active – font de plus en plus partie du passé.

    La fin de la croissance d’après-guerre de la fin des années 1970 a été aggravée par la crise économique mondiale depuis 2007-2008. Cela a érodé le modèle scandinave en engendrant des privatisations et de lourdes mesures austérités. Sur une base capitaliste, il n’est pas possible que l’indépendance de l’Écosse conduise à un niveau de vie décente et à l’arrêt de l’austérité.

    Tout ne vaut-il pas mieux que les politiques conservatrices actuelles du gouvernement britannique, pour lesquelles l’Écosse n’a quasiment pas voté ?

    Les compétences de l’Écosse indépendante pourraient être utilisées pour changer la vie de millions de personnes, mais dans ce cas, les intérêts de la majorité de la population doivent être centraux. Le SNP propose que l’Écosse fasse partie d’une union monétaire dans laquelle la ‘Bank of England‘ (Banque d’Angleterre) déterminerait ce que le gouvernement écossais peut dépenser pour l’emploi et les services publics. Le SNP veut également faire partie de l’Union européenne, laquelle est dominée par les grandes entreprises. L’UE est d’ailleurs déjà utilisée, à travers le continent, comme un bélier contre les droits syndicaux et pour imposer une austérité sauvage. Enfin, la monarchie britannique serait, après l’indépendance, toujours à la tête de l’Écosse. Les propositions du SNP apporteraient donc peu de changements.

    Quelle indépendance souhaitez-vous alors?

    Nous sommes pour une Écosse indépendante socialiste et nous plaidons pour une hausse des impôts pour sur les riches et les grandes entreprises, l’augmentation du salaire minimum à 10 livres par heure, l’abrogation de toutes les mesures d’austérité du gouvernement actuel et la suppression de toutes les lois anti-syndicales.

    Pour utiliser efficacement les pouvoirs d’une Écosse indépendante, un programme complet de propriété publique et de contrôle démocratique des secteurs clés de l’économie est nécessaire. Cela constituerait la base d’une société socialiste gérée démocratiquement. Mais pour obtenir une telle politique dans une Écosse indépendante, nous devons construire un nouveau parti des travailleurs, de masse, dans lequel les syndicats jouent un rôle central.

    Le socialisme dans un seul pays n’est-il pas de toute façon impossible?

    En effet, c’est impossible. Le capitalisme est un système d’exploitation international. C’est la domination d’une élite qui possède et contrôle les moyens de production et exploite les travailleurs pour accroitre ses profits. Nous militons pour une Écosse indépendante et socialiste membre d’une confédération démocratique et socialiste avec l’Angleterre, le Pays de Galles et l’Irlande, étape vers une Europe socialiste et un monde socialiste.

    La critique du SNP ne risque-t-elle pas d’affaiblir la campagne pour le ’Oui’?

    Si le SNP continue de mettre en avant un agenda qui favorise principalement les grandes entreprises et refuse de mettre fin aux mesures d’austérité après l’indépendance, il sape de lui-même la victoire du ‘Oui’. Ceci est renforcé par l’expérience des syndicalistes et des travailleurs ordinaires qui font face aux mesures d’austérité imposées par le gouvernement écossais, sous la direction du SNP ou par les pouvoirs locaux là où le SNP est au pouvoir.

    La seule réponse au “Project Fear” et à la campagne “Better Together” est un plaidoyer pour une rupture fondamentale avec les politiques d’austérité de tous les partis traditionnels. Si la direction du SNP soutenait une grève générale de 24 heures contre les mesures d’économie budgétaire du gouvernement britannique, pour la propriété publique de l’économie et pour un refus de l’austérité, le soutien à l’indépendance augmenterait considérablement.

    L’appel à voter ‘oui’ ne va-t-il pas diviser les travailleurs ?

    La meilleure façon d’éviter cela, c’est de mettre en place une campagne syndicale propre au référendum qui mette l’accent sur une politique allant à l’encontre de toutes les mesures d’austérité. Une campagne qui unisse les intérêts de la grande majorité de la population, indépendamment de ce qu’ils votent lors du référendum.

    Nous sommes pour l’unité de tous les travailleurs d’Écosse et d’Angleterre. Nous soutenons que les syndicats doivent lancer conjointement une action de grève de masse, une grève générale de 24 heures, pour combattre les politiques d’austérité. Et les syndicats doivent porter l’initiative d’un nouveau parti de masse des travailleurs qui lutte pour le socialisme.

  • Au deuxième temps de la Valls…

    Le gouvernement plonge encore un peu plus dans les bras des patrons

    Ce lundi 25 août, Valls annonçait la démission de son gouvernement après seulement 147 jours de fonction. En cause, de soit disant « frondeurs » qui s’opposent de manière trop ouverte à la ligne économique entreprise par Hollande.

    Article de la Gauche Révolutionnaire (France)

  • La lutte des classes en Europe : le calme avant la tempête

    Rapport des discussions sur les perspectives en Europe, école d’été 2014 du Comité pour une Internationale Ouvrière

    L’économie mondiale n’est toujours pas sortie de la crise dans laquelle elle est depuis 2007-08. Le dernier rapport de l’OCDE lui-même le concède : s’il y a une certaine « reprise », les problèmes et les risques de rechute sont toujours autant présents. Si l’on s’attarde sur la soi-disant « reprise », on se rend vite compte qu’elle est inconsistante, loin des niveaux d’avant 2007, basée essentiellement sur de l’endettement et des aléas conjoncturels, et est sans véritable création d’emplois. La faible reprise actuelle ne profite qu’aux plus riches et est dans les faits plus une croissance des inégalités qu’une croissance de l’économie, car pour la majorité de la population il n’y a que de l’austérité.

    Par Baptiste (Nivelles)

    Cette situation dans les pays capitalistes avancés n’est pas tellement nouvelle, car la croissance molle sans emploi creusant le fossé entre riches et pauvres est la tendance du capitalisme dans sa version néolibérale, ces 40 dernières années. La crise actuelle ne fait qu’accentuer ces traits, démontrant encore un peu plus que le système est arrivé aux limites de ses capacités de développement, au-delà de l’incapacité des dirigeants à trouver des politiques économiques « miracles ». En France, en Espagne, au Portugal et en Italie notamment, les premiers trimestres de 2014 présentaient d’ailleurs une croissance négative. Dans ce dernier pays, on estime même que 32.000 entreprises ont disparu depuis le début de la crise, et que plus globalement la capacité industrielle a baissé de 20% sur ce laps de temps.

    Les classes dirigeantes se rassurent comme elles peuvent de l’impasse économique

    Les récentes mesures monétaires de la Banque Centrale Européenne, dont la mise en place d’un taux d’intérêt négatif pour les dépôts auprès de la BCE, fournit un nouvel exemple de l’impasse économique. Les robinets à liquidité ont beau être ouverts à fond, cela ne se traduit ni en une hausse des investissements (l’absence de possibilité de développement structurel de l’économie capitaliste ne le permet pas), ni en une hausse de la consommation (la détérioration du pouvoir d’achat et des conditions de vie par les politiques d’austérité ne le permet pas).

    A la place d’être investis, les profits et liquidités sont entassés par les capitalistes dans les paradis fiscaux et utilisés dans la course aux profits immédiats favorite des capitalistes, à savoir la formation de bulles spéculatives, aussi néfastes soient-elles pour l’économie. L’euphorie générée sur les marchés financiers est par conséquent totalement déconnectée de la réalité et le risque de rechute, de « correction » au moment de l’inévitable explosion des bulles sera d’autant plus brutale. Les crises bancaires peuvent alors être ravivées, en sachant que le secteur comporte toujours de nombreux stigmates de 2007-08. Au Portugal, l’Etat a d’ailleurs du injecté plus de 4 milliards € dernièrement dans la banque Espirito Santo pour éviter la dissémination de défauts de paiements de dettes à l’ensemble du secteur bancaire.

    En l’absence d’une solution réelle pour l’économie, le spectre de la déflation, symptomatique d’une stagnation économique, continue de hanter les dirigeants capitalistes et si un tel scénario venait à se concrétiser, les effets négatifs sur la consommation, les investissements et les dettes seraient démultipliés.

    A l’heure actuelle, sur base de l’accalmie accompagnant l’atmosphère de soi-disant reprise, la crise de la zone euro et ses scénarios d’implosion ont pu être mis plus ou moins de côté. Mais cela n’a rien d’absolu et les différents scénarios de fin de la zone euro peuvent rapidement reprendre le devant de la scène en cas de nouvelles tensions sur les dettes souveraines. En Grèce, cela peut aussi être précipité en cas de victoire de Syriza aux prochaines élections législatives. Car même si Tsipras met de plus en plus l’accent sur des négociations avec Merkel et l’establishment européen pour résoudre le problème de l’insolvable dette grecque, la possibilité existe qu’il soit mis sous pression par les masses en Grèce et qu’il soit poussé plus à gauche qu’il ne l’aurait voulu. Une telle radicalisation de sa position sur le sort à réserver à la dette publique catalyserait inévitablement les tensions dans la zone euro.

    Les instruments politiques traditionnels de la bourgeoisie en pleine crise de légitimité

    Les dernières élections européennes étaient marquées du sceau de cette crise systémique. La crise du capitalisme s’accompagne du discrédit historique des institutions bourgeoises, en particulier les partis traditionnels dont la tâche est de faire payer la crise aux travailleurs à coup d’austérité. La colère et le dégout à l’encontre du système et de son establishment s’est traduit dans les votes par un rejet généralisé des partis gouvernementaux. Pour chaque pays, on peut trouver des exemples d’érosion du soutien et même d’effondrement de partis traditionnels.

    En France, le PS de Hollande se retrouve à 13%, soit une baisse de soutien record 2 ans à peine après les élections présidentielles ; le Pasok est à 8% au sein d’une coalition de « centre-gauche » en Grèce ; le Labour est à 5% en Irlande ; le PSOE et le PP ensemble sont sous les 50%, une première depuis la fin de l’ère Franco, etc. L’Italie est une fausse exception qui confirme la règle, car le PD de Renzi (40%) a joué la carte de la sanction contre Berlusconi. Cette lune de miel ne devrait pas durer au vu du programme de Renzi fait de privatisations et de coupes budgétaires pour 34 milliards € sur les prochaines années. Renzi est en fait déjà tellement désespéré de sa situation qu’il voudrait d’inclure le marché noir dans le calcul du PIB pour tenter de régler artificiellement les problèmes économique.

    En moyenne, l’abstention était de 57% et dans certains pays comme la Slovaquie ce taux a atteint 87% ! La croissance de l’instabilité politique s’accompagne d’une radicalisation et d’une polarisation. Là où des luttes de masse ont pris place dans la dernière période et ont donné une certaine confiance à la classe ouvrière, ce rejet a pu s’exprimer partiellement à gauche comme c’est le cas en Espagne (Podemos, IU) et en Grèce (Syriza) en particulier. Mais l’avertissement de ces élections est qu’en l’absence d’un plan d’action pour transformer et organiser la colère et le dégoût, en l’absence d’une alternative politique au capitalisme en crise, l’espace politique est offert aux forces réactionnaires, qu’il s’agisse de populistes de droite ou même de l’extrême droite (UKIP en Grande-Bretagne, Aube Dorée en Grèce, FN en France, le parti Jobbik en Hongrie, les Démocrates Suédois…).

    La situation grecque semble contradictoire avec un score de 10% pour Aube Dorée et la place de premier parti pour Syriza. Cela est pourtant illustratif de la polarisation à son paroxysme dans un capitalisme en déliquescence. Un million de grecs sont aujourd’hui sans le moindre revenu, et on estime que le pouvoir d’achat a diminué en moyenne de 50% en quelques années, le chômage dans la jeunesse est de 60% et les services publics ne cessent d’être désintégrés. L’incapacité des directions syndicales à organiser la lutte à un niveau supplémentaire, le sectarisme du KKE et les concessions programmatiques de la direction de Syriza donnent de l’espace aux réactionnaires pour détourner l’attention du mouvement ouvrier. A côté de l’avertissement qu’est Aube Dorée, il faut également noter l’abstention aux dernières élections (plus de 50%), qui masque la perte de 150.000 voix pour Syriza par rapport aux élections de juin 2012, et ce malgré le maintien des 26%.

    En France, c’est toute la nouvelle stratégie du FN qui est orientée de sorte à tirer le plus profit de la colère et du manque d’alternative, manque d’alternative notamment dû au flou dans l’orientation du Front de Gauche et au défaitisme de Mélenchon lui-même. Sur fond de discrédit du PS et de scandales à l’UMP, le FN de Marine Le Pen est passé d’une rhétorique ouvertement raciste à un populisme de droite contre l’establishment européen. Car ce qui a primé dans le succès du FN, ce sont bien des questions sociales et non nationalistes ou racistes. Même l’attitude par rapport aux grèves, comme celle des cheminots, a changé puisqu’à la place d’une attaque frontale contre les droits syndicaux il y avait un soi-disant soutien à la grève. Ce virage stratégique n’est que cosmétique et ne doit pas leurrer les travailleurs, le programme réactionnaire du FN restant ancré à l’extrême-droite. Il ne remet jamais en cause le système capitaliste en soi, attribue la crise à des boucs émissaires, et ne comporte au final que des attaques sur nos conditions de vie et de travail.

    Il reste fondamental de s’opposer de manière principielle aux idées d’extrême-droite comme le racisme et la xénophobie. Mais il est indispensable de coupler à cette lutte une réponse socialiste aux frustrations et inquiétudes en l’avenir de la classe ouvrière sur lesquelles les populistes de droite et l’extrême droite peuvent faire leur chemin si le terrain leur est laissé. Ce n’est qu’avec cette méthode, à savoir la mobilisation et la réponse politique à la crise du capitalisme, que l’on peut battre de manière significative l’extrême-droite et les populistes de droite.

    La question nationale, autre contradiction insolvable pour le capitalisme, reste à l’avant-plan en Europe et en particulier en Ecosse où aura lieu un référendum pour l’indépendance en septembre prochain. Le désir d’indépendance est toujours plus prononcé parmi les jeunes et les travailleurs, qui désirent se défaire de la tutelle d’austérité qu’est l’establishment britannique. Une victoire du « oui » serait une nouvelle défaite de prestige pour l’impérialisme britannique et relancerait une dynamique pour l’indépendance dans les autres pays européens où une question nationale existe.

    Il est crucial pour la gauche de coupler la nécessité d’unité du mouvement ouvrier au droit à l’autodétermination et à l’indépendance, car seul le renversement du capitalisme par la lutte des classes permet de donner une vraie signification à l’indépendance et l’accès aux droits démocratiques pour toutes les minorités. A nouveau, en l’absence d’un relais politique pour le mouvement ouvrier, le danger existe que la droite et les nationalistes instrumentalisent la question nationale pour détourner l’attention des problèmes sociaux et divisent les travailleurs sur des différences secondaires.

    Les nouveaux partis de gauche confrontés au défi d’offrir une alternative au capitalisme

    Dans le contexte de crise du capitalisme et de polarisation dans la société, les développements que peuvent subir de nouvelles formations de gauche peuvent être très rapides. Lors des dernières élections européennes, l’Espagne a fourni un bon exemple. A côté d’Izquierda Unida qui confirme sa position avec un résultat de 10%, le tout récent parti de gauche « Podemos » issu du mouvement des indignés a réussi une percée électorale à hauteur de 8%. Dans les derniers sondages, Podemos atteint même la côte de 20% de soutien.

    Cela illustre que tout l’espace politique à gauche n’a pas été saisi par IU, et qu’une formation encore peu structurée mais qui s’oriente contre le capitalisme, même avec certaines confusions programmatiques, peut rapidement générer l’enthousiasme. Il est également remarquable de noter l’évolution de la conscience que signifie Podemos : l’expérience du PP au pouvoir ces dernières années a fait passer le sentiment antiparti et antipolitique du mouvement des indignés à la recherche d’une organisation politique à travers un nouveau parti de gauche. Cela ne doit pas pour autant occulter les faiblesses de telles nouvelles formations de gauche, qui peuvent provoquer des chutes très rapides si elles ne sont pas corrigées. Dans le cas d’IU, sa participation gouvernementale en Andalousie avec le PSOE et l’orientation de la direction autour de Meyer en un parti de gestion du système pose des limites politiques qui peuvent s’avérer fatidiques pour l’avenir d’une organisation voulant offrir un relais politique aux travailleurs.

    La rapidité des développements concernant les partis de gauche nécessite de la réactivité et de la flexibilité tactique de notre part pour parvenir à formuler la nécessité d’un front unique contre l’austérité de la manière la plus optimale, avec les couches les plus avancées de la classe ouvrière en-dehors et au sein des différentes formations où prennent place des contradictions et des polarisations, comme c’est le cas dans Podemos et IU. Cette approche vaut aussi en Grèce (Syriza), en Allemagne (Die Linke), etc.

    La période actuelle que traverse la lutte des classes en Europe peut être caractérisée comme une période d’accalmie, voire de recul. Cela n’est pas à imputer au manque de combativité et de recherche d’action de la classe ouvrière. Les 36 grèves générales de ces dernières années en Grèce, épicentre de la crise des dettes souveraines en zone euro, les mobilisations de millions de personnes au Portugal et en Espagne, ou encore les dernières grèves de millions de travailleurs du secteur public en Grande-Bretagne ou de ceux des services de la ville de Gênes suffisent a démontré le contraire. L’impasse provient de l’incapacité et du refus des directions syndicales d’organiser cette colère et d’offrir des perspectives aux luttes. Dans cette situation, la frustration et la fatigue reprennent le dessus, à quoi s’ajoute un niveau de conscience faible encore marqué par la chute de l’URSS.

    Mais ce recul, s’il permet à des forces réactionnaires d’occuper temporairement le terrain, n’est pas une défaite décisive pour autant pour les travailleurs. Il s’agit d’un temps de latence, durant lequel les expériences des dernières années sont en train d’être digérées. Une lutte victorieuse peut rapidement renverser la dynamique dans ce contexte. Et bien que la bureaucratie syndicale continuera à rechercher des compromis avec les classes dirigeantes, ce frein n’est pas absolu et les luttes peuvent échapper au contrôle de la direction. Beaucoup de rage est présente et une étincelle peut tout redémarrer. Les répressions accrues et systématiques démontrent clairement que c’est un scénario craint par les classes dominantes.

    Des tensions inter-impérialistes en recrudescence

    La phase de crise du capitalisme s’accompagne d’un accroissement des tensions interimpérialistes. Les scandales d’espionnage, comme celui de Merkel par la NSA, et les amendes record attribuées à BNP par les autorités américaines illustrent les rivalités entre impérialistes ravivées par la crise. Et si ces rivalités ne sont pas des obstacles infranchissables pour réaliser des accords économiques et politiques, il est certain que les blocs et les alliances n’ont rien d’immuables en cas de conflits.

    Ces tensions peuvent aussi se concrétisent en conflits locaux, bien que ces conflits comportent à chaque fois en eux le risque d’un enlisement et d’une régionalisation. L’Ukraine est le terrain de jeu actuel de la confrontation entre impérialistes US, européens et russes. Au départ, le mouvement de protestation massif de la place Maïdan du début d’année était orienté contre la corruption style « Poutine » du gouvernement de Ianoukovytch. Initialement, il n’y avait pas de domination « pro-UE » du mouvement, ou encore même par l’extrême-droite. Mais l’absence d’une expression politique indépendante pour les jeunes, les travailleurs et les pauvres ainsi que les complications du stalinisme dans la conscience ont permis aux réactionnaires d’occuper l’espace.

    L’UE a installé son gouvernement d’oligarques à Kiev, incluant des forces d’extrême-droite, tandis que Poutine s’est appuyé sur une propagande patriotique et soi-disant anti-fasciste pour intervenir militairement dans les régions à majorité russophone comme l’Est de l’Ukraine et la Crimée. Cette dernière région a même été annexée pour l’occasion, la Russie utilisant l’organisation d’un soi-disant « référendum pour l’indépendance » pour légitimer ses actes.

    Derrière les prétextes démocratiques de part et d’autre, les réels intérêts stratégiques en Ukraine sautent aux yeux avec la position du pays dans les échanges commerciaux, en particulier énergétiques. Que ce soit pour Poutine ou les Européens, si le conflit leur permet de rétablir temporairement un certain prestige, aucun des problèmes n’est en passe d’être réglé avec la tournure en guerre civile sectaire et la destruction d’infrastructures dont la population paye le prix fort (pénuries en eau potable, gaz, électricité,…). Et il est peu probable que la lune de miel du gouvernement « européen » du milliardaire Porochenko à Kiev dure, car l’arrivée des réformes du FMI n’apportera que de nouvelles crises sociales.

    Chaque région, chaque pays a des spécificités, mais notre point de départ doit être de construire l’unité et l’indépendance de la classe ouvrière, à travers une unité d’action des jeunes et des travailleurs contre la guerre autour d’un programme socialiste et internationaliste. Dans ce sens-là, le droit à l’autodétermination peut prendre un vrai contenu alors qu’il est illusoire de s’imaginer qu’une simple séparation puisse amener des meilleures conditions de vie sous le capitalisme. Il n’y a aucun soutien même critique à avoir que ce soit à Poutine ou au gouvernement des oligarques de Kiev. Cette approche de classe est le seul moyen pour éviter une instrumentalisation du mouvement par les différents intérêts impérialistes s’appuyant sur des forces d’extrême-droite et faisant dériver le mouvement en une guerre civile sectaire.

    Luttons contre l’Europe capitaliste, pour une Europe socialiste !

    Dans un contexte international de révolutions et contre-révolutions, le capitalisme est dans une tourmente et est incapable de résoudre le moindre de ses problèmes, que ce soit économique, politique ou social et ne propose qu’une austérité sans fin. Les nouvelles technologies, quand les capitalistes arrivent à les intégrer dans les forces de production, n’apportent plus aucun progrès pour les travailleurs et ne sont plus que des tueurs d’emplois.

    Bien qu’empêtrées dans une crise sans issue, les classes dirigeantes européennes préparent leur prochaine offensive d’ampleur pour nous faire payer la note de la crise. Ce nouveau coup fumant (plutôt pestilentiel) encore en gestation s’intitule « TTIP », plus connu sous le terme de traité transatlantique, et n’est rien d’autre que le cadre pour une zone de libre-échange équivalent à 40% du PIB mondial.

    Pour les capitalistes, cet accord permettrait soi-disant de stimuler la croissance. En vérité, il s’agit de stimuler les profits, en accentuant les attaques sur les conditions de travail et de vie à travers un nivellement par le bas des réglementations sociales et sanitaires et un détricotage supplémentaire des services publics. Il n’y a par exemple aucun doute que l’exploitation du gaz de schiste à grande échelle est dans le collimateur du traité avec de telles mesures de dérégulations. Certains économistes bourgeois pronostiquent même la perte d’un million d’emplois de chaque cote si l’accord était validé.

    Parallèlement, le traité permettrait de renforcer « l’atlantisme » dans les conflits géopolitiques, notamment vis-à-vis de la Chine et de la Russie. La cerise sur le gâteau serait l’habilitation d’une cour d’arbitrage au-dessus des appareils judiciaires nationaux, généralisant la possibilité de réaliser des procès contre des Etats qui mettraient « en péril » les profits des entreprises. Ce n’est pas un hasard que sur les 130 réunions de préparation aux négociations, les multinationales étaient représentées à 120.

    Cette norme de paupérisation n’est pas propre aux pays capitalistes avancés, loin de là : son expression brutale dans les pays néocoloniaux s’accompagne d’un flux migratoire pour des dizaines de millions de pauvres quittant le peu qu’ils ont à la recherche d’une vie meilleure notamment en Europe, et ce au péril de leur vie.

    Le capitalisme a fait son temps, la classe ouvrière a un rôle décisif à jouer pour renverses ce système. Tant que ce système n’est pas abattu, il continuera de nous faire payer la note de son pourrissement. Notre tâche est de formuler des perspectives, des tactiques et un programme corrects, pour construire le parti révolutionnaire et accroître nos rangs en gagnant au socialisme les couches les plus avancées du mouvement ouvrier. Les perspectives ne sont jamais des certitudes à 100%, mais il est essentiel de se préparer politiquement et dans la construction de nos forces pour mettre toutes les chances de notre côté.

  • Vers une Europe génétiquement modifiée ?

    Les nouvelles mesures européennes autorisent depuis peu la culture des OGM dans l’Union Européenne, laissant ‘‘libre choix’’ aux Etats-membres d’autoriser ou non ce type de culture. Tous les Etats membres, à l’exception de la Belgique et du Luxembourg (qui se sont abstenus), ont donné leur accord à ce compromis. En plus des dangers pour la santé et des avis scientifiques opposés à l’application actuelle de la technique des OGM, cette décision de l’UE a un enjeu économique et social conséquent.

    Par Olivier V (Liège)

    A l’heure actuelle, 53% du marché mondial des semences sont contrôlés par 3 multinationales, dont Monsanto qui fait déjà beaucoup parler d’elle, qui font à elles trois un bénéfice net cumulé de 18 milliards de dollars par an. Ces grandes compagnies de l’industrie agro-alimentaire ont déjà racheté la majorité des plus petites entreprises du secteur et recherchent un monopole mondial, une implantation dans tous les pays cautionnant leur commerce d’OGM.

    Concrètement, cette porte ouverte à la culture des OGM en Europe, cumulée, et aux possibilités d’attaquer les Etats les uns après les autres devant l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), et à la logique de ‘‘tous pouvoirs aux entreprises’’ qu’est le Traité Transatlantique (qui vise à créer une zone de libre-échange entre les USA et l’Union Européenne), nous promet un avenir à l’image du film ‘‘L’aile ou la cuisse’’ : du Tricatel dans chaque ménage, une alimentation de base encore plus dictée par une poignée de grands actionnaires pour qui notre santé doit céder la place à leur soif de profits. C’est la dictature des 1% servie dans nos assiettes.

    Concrètement, ces multinationales agro-alimentaires découragent les cultures traditionnelles par tous les moyens. La stérilisation de leurs graines empêche toute nouvelle récolte sans avoir à nouveau à s’approvisionner en graines auprès de la multinationale. Un lobbying intense vise à pousser des lois interdisant l’échange de variétés entre paysans, la récolte et l’utilisation de graines sauvages mais aussi… la culture privée dans son jardin ! Leur rêve, ce sont des monocultures à grande échelle, comme ce qu’a connu l’Afrique dans les années ’90, quand la majeure partie des cultures vivrières fut remplacée par des monocultures (de coton, d’arachide, etc.) destinées à l’exportation. Elles veulent aussi la mort des groupes d’achats communs et celle des potagers collectifs, la suppression de l’entraide et de la collectivité.

    Que faire ? Le Groupe ETC (Action Group on Erosion, Technology and Concentration), par exemple, dénonce à juste titre le pouvoir qu’ont ces entreprises sur l’alimentation dans le monde: “C’est un grand mensonge que d’affirmer qu’en intensifiant la production industrielle avec les technologies du nord (semences OGM, pesticides et génétique animale, promus par les corporations) la population mondiale aura des aliments pour survivre.” Il met en avant des revendications comme l’interdiction qu’une entreprise contrôle plus de 10% du marché agro-alimentaire et d’interdire à toute entreprise la vente de semences dont la productivité dépend des produits agro-chimiques de cette même entreprise.

    C’est, hélas, d’une part insuffisant, mais aussi très naïf dans la mesure où cela laisse l’initiative aux mains de gouvernements qui ne cessent de balayer toute réglementation. Comment imaginer que ces mêmes gouvernements qui attaquent les salaires et les conditions de travail, qui privatisent et libéralisent le secteur public et qui assouplissent chaque législation pour qu’elles soient plus favorables aux entreprises, appliquent de telles mesures ? Le secteur agro-alimentaire, tout comme les secteurs clés de l’économie (énergie, finance, santé,…), doivent être retirés des mains du privé et placé sous contrôle et gestion démocratiques de la collectivité.

    A cette fin, seule la construction d’un rapport de force sur le terrain – qui lie la question de notre alimentation au reste des thématiques sociales et environnementales en défendant la nécessité de renverser le système capitaliste – peut livrer une solution autre qu’un cache-misère.

  • Grande-Bretagne : Les millions de travailleurs du secteur public sur le sentier de la grève !

    Construisons le mouvement des travailleurs !

    Ce 10 juillet, jusqu’à deux millions de travailleurs du secteur public entrent en grève en Grande-Bretagne contre leurs salaires de misère. Les pompiers lancent quant à eux huit jours de lutte contre le hold-up des retraites. Des milliers d’autres travailleurs entrent en action localement pour défendre leur niveau de vie dans cette prétendue reprise économique.

    Par Hannah Sell, Socialist Party (CIO-Angleterre et Pays de Galles)

    Cette journée d’action de grève coordonnée est attendue depuis longtemps. Les retenues sur salaires ont été combinées à la décimation des services publics. Ces quatre dernières années, le gel des salaires a en moyenne fait perdre 3.700 £ par an aux travailleurs du secteur public. Le gouvernement vient d’annoncer que le gel des salaires dans la fonction publique se poursuivra jusqu’en 2018.

    Mais puisque cette grève intervient dix mois avant la prochaine élection générale, elle revêt encore plus d’importance. C’est un avertissement pour n’importe quel parti pro-austérité destiné à participer au prochain gouvernement : les travailleurs veulent se battre.

    Certains commentateurs capitalistes cherchent réconfort dans l’absence – jusqu’à présent – d’une lutte plus généralisée contre l’austérité. Janan Ganesh, par exemple, a déclaré dans le Financial Times que « la droite » a pu impunément appliquer des « coupes [d’austérité] déjà plus grandes que celles lancées par Thatcher. » (8 juillet 2014) Mais tirer la conclusion que la lutte n’est pas à l’ordre du jour est tout à fait erroné. Certes, les dirigeants syndicaux de droite ont fait dérailler la lutte issue du magnifique mouvement qui s’est développé en 2011. Et il est vrai que cela a inévitablement accru la confiance du gouvernement pour intensifier l’application de l’austérité tout en sapant celle des travailleurs envers la possibilité d’arrêter cette logique. Mais une énorme et viscérale colère de classe s’est construite sous la surface de la société et, à un certain stade, elle va trouver un débouché.

    Il n’existe aucune alternative à l’intensification de la lutte contre l’austérité après la journée du 10 juillet. La prétendue «reprise économique» ne conduira pas à une véritable amélioration du niveau de vie des travailleurs. Seuls les super-riches en bénéficient, mais les bulles du crédit et la domination du secteur financier laissent entrevoir la perspective d’une nouvelle crise.

    La journée du 10 juillet doit constituer une rampe de lancement vers une nouvelle action coordonnée, vers la construction d’une grève générale de 24 heures avec participation des syndicats des secteurs public et privé. Parallèlement à l’opposition aux coupes budgétaires, à la privatisation et à la modération salariale, cette grève devrait également revendiquer très clairement la fin des contrats « zéro heure » [un contrat de travail ultra-flexible et unilatéralement favorable aux patrons, NDT] et pour un salaire minimum d’au moins 10 £ de l’heure. Cela serait de nature à enthousiasmer les millions de jeunes qui n’ont pas encore été touchés par le mouvement syndical. En outre, cette grève générale devrait également exiger l’abrogation des vicieuses lois antisyndicales.

    Les appels du Parti Travailliste envers le Big Business ne sont que des preuves supplémentaires du fait que ce parti défend les intérêts du capitalisme. Il ne serait même pas capable d’instaurer les mesures incroyablement modestes qu’il propose actuellement pour améliorer les conditions de vie des travailleurs, à moins d’y être contraint – tout comme n’importe quel autre parti capitaliste le serait – par la force d’un mouvement de masse.

    La victoire historique pour un salaire minimum de 15 $ de l’heure à Seattle illustre que les travailleurs peuvent l’emporter. Mais cela démontre également l’importance pour le mouvement des travailleurs de disposer d’un relais politique qui lui soit propre. L’élection de la militante socialiste Kshama Sawant a offert au mouvement pour les 15 $ une voix sans compromis afin d’agir vers l’obtention de cette revendication.

    Le Socialist Party appelle les syndicalistes à se joindre à la lutte pour assurer que le 10 juillet marque le début d’une nouvelle ère dans la reconstruction d’un tel mouvement.

    La classe des travailleurs représente la majorité de la société, elle dispose d’un pouvoir potentiel gigantesque, capable non seulement de défendre nos salaires et services publics, mais aussi de changer le monde.

    Pour ce faire, cependant, elle a besoin d’accroître son niveau d’organisation à la fois sur le plan industriel – par la construction d’un mouvement syndical de combat – mais aussi politiquement, par la construction d’un parti de masse qui représente les intérêts de notre classe au lieu de ceux des 1% de l’establishment capitaliste.

  • Lutter contre les néofascistes et les populistes de droite avec une alternative sociale contre l’austérité

    Par Geert Cool, porte-parole de Blokbuster, article tiré de l’édition de juin de Lutte Socialiste

    Le spectre allant du populisme de droite au néonazisme est aujourd’hui représenté par près de de 100 eurodéputés. En France, le Front National est sorti des urnes en première place, de même que les populistes de droite de l’UKIP en Grande-Bretagne. Le parti néonazi allemand NPD entre au Parlement européen, en compagnie de trois néonazis grecs d’Aube Dorée et de trois collègues hongrois du Jobbik. La croissance des diverses forces d’extrême-droite a conduit à des protestations dans plusieurs pays, avec une impressionnante manifestation à Bruxelles contre la venue de Marine Le Pen le 28 mai, où se sont retrouvés 2.500 manifestants après un simple appel lancé par les JOC (Jeunes Organisés et Combattifs) sur Facebook, appel notamment soutenu par les Etudiants de Gauche Actifs.

    Les populistes de droite progressent

    Il y a 20 ans, le phénomène de l’extrême-droite se limitait essentiellement à des partis néo-fascistes qui avaient dû nager à contre-courant des années durant en construisant un cadre de parti et qui, tout à coup, se sont développés sur base d’une rhétorique raciste. L’extrême-droite actuelle est bien plus diversifiée. Une partie de la direction des partis néo-fascistes a siégé pendant des années aux parlements, se sont adaptés à cet environnement et ont connu des difficultés internes. Une concurrence est aussi arrivée de la part de toutes sortes de formations qui pouvaient à peine se qualifier de ‘‘partis’’ mais ont obtenu de bons scores électoraux avant de rapidement baisser, voire de totalement disparaître.

    L’exemple du Parti de la liberté néerlandais de Geert Wilders (PVV) est significatif à cet égard. Quelques années seulement après l’émergence de Pim Fortuyn, ce fut au tour de Wilders. Mais aux dernières élections municipales néerlandaises, son parti est parvenu à se présenter dans deux villes seulement. Une grande partie des élus nationaux et locaux du parti l’ont quitté en réaction à un commentaire très polémique de Wilders sur les Marocains. Wilders ne dispose plus vraiment de parti pour organiser son soutien, ce qui rend tout come-back difficile.

    Des phénomènes similaires existent aussi ailleurs, à l’instar de l’UKIP de Nigel Farage. Cet ancien courtier se présente comme un ‘‘homme ordinaire’’ opposé à l’establishment, alors qu’il est tout heureux d’y appartenir. La progression de telles formations exprime la radicalisation à l’œuvre chez certaines couches de la petite bourgeoisie, des managers qui ne sont pas parvenu au sommet ou de petits patrons qui souffrent de la concurrence féroce devenue plus insoutenable avec la crise. Le large soutien sur lequel ils peuvent électoralement compter est d’autre part une expression de l’hostilité grandissante auquel est confronté l’ensemble de l’establishment. Même des populistes scandaleux comme Laurent Louis et son ‘‘Debout les Belges’’ ou encore le Parti Populaire de Modrikamen parviennent dans une certaine mesure à s’attirer un certain soutien.

    Le petit bourgeois radical pleure très fort, et il peut parfois s’attirer des couches plus larges de travailleurs qui ne voient pas encore d’alternative suffisamment viable dans leurs propres rangs.

    L’extrême-droite ‘‘traditionnelle’’ n’est pas morte

    Le Front National a profité du boulevard que constitue l’aversion pour le PS actuellement au pouvoir et pour l’UMP qui y était encore jusqu’il y a peu. Toutes les dernières élections ont illustré le retour du FN, la baisse connue à l’époque de Sarkozy semble bien loin. Le Parti de la liberté autrichien (FPÖ) est lui aussi de retour après avoir été affaiblit par sa scission constituée autour de l’ancien leader Jörg Haider. Le Vlaams Belang espère suivre ce même chemin, mais il est aujourd’hui dans une position très défensive.

    Les néonazis entrent au Parlement européen

    Nous savons très bien ce dont est capable Aube Dorée. Ses militants ont commis de nombreux actes de violence et des assassinats d’immigrés ou encore du rappeur militant antifasciste Pavlos Fyssas. Une partie de la direction du parti est aujourd’hui en prison, ce qui ne l’a pas empêché d’atteindre les 9% et d’envoyer trois élus à Bruxelles, dont deux généraux à la retraite. Le Jobbik hongrois, connu pour sa violence contre les Roms, envoie lui aussi trois élus au Parlement européen.

    En Allemagne, plusieurs dirigeants du NPD ont gravité autour du groupe terroriste Nationalsozialistischer Untergrund (NSU) dans les années 1990, qui avait commis plusieurs meurtres. Un responsable du NPD, Rolf Wohlleben, a été arrêté pour les avoir aidé à entrer dans la clandestinité et leur avoir donné de l’argent, des armes et des munitions. Leur nouvel eurodéputé, Udo Voigt, avait déclaré en 2007 à la télévision que ‘‘Six millions de morts, cela ne peut pas être exact. Au maximum, 340.000 personnes sont mortes à Auschwitz.’’ Selon le NPD, l’élection d’Obama aux Etats-Unis s’expliquait par une ‘‘alliance américaine des Juifs et des Noirs.’’

    Chez nous aussi, on trouve des cercles d’extrême-droite qui sympathisent avec ces partis. L’an dernier, le NSV, organisation étudiante officieuse du Vlaams Belang, avait organisé une réunion à Anvers avec pour orateur un membre du Jobbik, qui a pris la parole aux côtés du député flamand Tom Van Grecs et d’Udo Voigt. La section de Louvain du NSV n’a pas hésité à faire référence à Aube Dorée dans sa propagande. Côté francophone, le groupuscule néonazi Nation a organisé durant sa campagne électorale un meeting intitulé ‘‘Après les élections du 25 mai : une aube dorée ?’’ qui masque mal les sympathies entretenues pour ce parti…

    Le Vlaams Belang doit resserrer les rangs. Mais maintenant que son échec électoral peut entrainer moins d’attention médiatique, il n’est pas exclu que la direction du parti donne le feu vert à toutes sortes de néo-nazis présents dans ses rangs pour qu’ils sortent en rue.

    L’heure est à la résistance !

    Immédiatement après les élections européennes, plusieurs villes françaises ont connu de grandes manifestations et grèves de lycéens. A Bruxelles, le 28 mai, une manifestation antifasciste impressionnante s’est tenue contre l’arrivée de Marine Le Pen avec 2.500 antifascistes, parfois très jeunes, qui ont défilé du Parlement européen aux bâtiments de la commission européenne. Cette action fut organisée en très peu de temps, mais a su compter sur un large soutien ayant dépassé toutes les attentes.

    C’est une bonne base pour renforcer le combat antifasciste. Cette lutte ne doit pas se limiter à exprimer notre opposition à l’extrême-droite et au racisme, nous avons besoin de nous en prendre au terreau sur lequel l’extrême-droite se développe : la crise du capitalisme. La vague d’austérité et ses attaques contre chômeurs, pensionnés et travailleurs laissent un espace pour que grandisse la logique de division et de recherche de boucs émissaires. Il faut organiser notre colère en une résistance efficace. Les élections européennes ont aussi montré que là où le mouvement des travailleurs est entré en action, la gauche radicale a également connu une percée.

    Un programme offensif pour un changement de société fait partie intégrante de notre résistance antifasciste. La crise capitaliste conduit à une polarisation et exige des réponses audacieuses. Nous voulons aussi concrètement faire avancer la lutte dans le contexte d’un appel à manifester partout à travers l’Europe le 9 novembre prochain (date de la Nuit de Cristal, un pogrom anti-juif commis en 1938 dans l’Allemagne nazie). Les actions tenues spontanément en France et la manifestation de Bruxelles du 28 mai dernier démontrent le potentiel d’une telle journée d’action. Participez vous aussi, contactez-nous !

    L’extrême-droite au Parlement européen

    Voici ci-dessous un aperçu non-exhaustif des résultats obtenus par l’extrême-droite aux dernières élections européennes. Nous avons classé ces résultats en trois catégories : populistes de droite, extrême-droite ‘‘traditionnelle’’ et formation néonazies.

    Populistes de droite : 48 sièges

    • Grande-Bretagne. UKIP : 26,6% et 24 sièges
    • Pays-Bas. PVV : 13,3% et 4 sièges
    • Finlande. Parti des Finlandais : 13% et 2 sièges
    • Danemark. Parti du Peuple Danois : 27% et 4 sièges
    • Allemagne. AFD : 7,04% et 7 sièges
    • Pologne. Congrès de la Nouvelle Droite : 7% et 4 sièges
    • République Tchèque. Parti des Citoyens Libres : 5,2% et 1 siège
    • Lituanie: Ordre et Justice : 14,3% et 2 sièges

    Extrême-droite ‘‘traditionnelle’’ : 36 sièges

    • France. Front National: 25% et 24 sièges
    • Italie. Ligue du Nord: 6% et 5 sièges
    • Autriche. FPÖ: 20% et 4 sièges
    • Suède. Démocrates Suédois : 9% et 2 sièges
    • Belgique. Vlaams Belang : 6,8% et 1 siège

    Neonazis: 7 sièges

    • Hongrie. Jobbik : 14,8% et 3 sièges
    • Allemagne. NPD : 1,03% et 1 sièges
    • Griekenland. Gouden Dageraad: 9,4% en 3 zetels

    Formation de fraction

    Pour former un groupe au Parlement européen, 25 sièges issus de sept États membres sont nécessaires. Ces fractions doivent être constituées pour fin juin. Le groupe autour de l’UKIP peut facilement répondre à ces exigences. Autour de ses 24 sièges, il peut compter sur des élus de Finlande (Parti des Finlandais), du Danemark (Parti du Peuple Danois), de Suède (Démocrates Suédois), des Pays-Bas (le SGP, parti religieux conservateur) et éventuellement sur des partis eurosceptiques allemands, polonais et tchèques.

    Le groupe autour du Front National français aura plus de mal, surtout au vu de la pression de l’opinion publique qui s’exerce sur les Démocrates Suédois pour qu’ils rejoignent plutôt groupe autour de l’UKIP. La Ligue du Nord italienne, qui était précédemment dans la fraction autour de l’UKIP, fait le mouvement inverse et rejoint Le Pen avec ses quatre élus. Il reste deux autres partenaires à trouver, mais en dehors de quelques partis populistes de droite d’Europe de l’Est, il ne reste de possibilités que parmi les néo-nazis.

  • Pays-Bas : Le SP risque de balayer le succès des communales

    Aux dernières élections municipales, en mars, les partis gouvernementaux ont été durement sanctionnés. Le Socialistische Partij, parti à la gauche des sociaux-démocrates, avait par contre bénéficié d’un soutien lui permettant de faire plus fortement entendre sa voix contre la politique d’austérité du gouvernement du VVD (droite officielle) et du PvdA (social-démocrate). Mais depuis lors, ce n’est pas ce message qui a été transmis.

    Par Pieter Brans, Socialistisch Alternatief (Amsterdam)

    A Utrecht et Amsterdam, les majorités communales ont impliqué le parti D66, officiellement ‘‘libéral de gauche’’ mais qui dans les faits sert de force d’appoint pour le VVD. Le SP a également rejoint la coalition au pouvoir dans ces villes. La question des autorités communales est d’autant plus importante que le gouvernement a décidé d’appliquer des coupes budgétaires dans les soins de santé par le biais des communes. Concrètement, ce sont ces dernières qui ont à charge d’effectuer les assainissements. Le SP aurait dû être extrêmement prudent pour entrer dans une coalition et exiger de sérieuses garanties pour assurer que les autorités locales s’opposent aux mesures d’austérité du gouvernement.

    Une des choses qui rend encore plus affligeante cette entrée du SP au pouvoir au niveau local est l’abolition du système du bail emphytéotique jusque-là en vigueur à Amsterdam. Il s’agissait d’une revendication importante tant du VVD que de D66. Ce système, introduit en 1896 par les sociaux-démocrates, considérait que tout le territoire était propriété de la commune, chaque propriétaire payant un bail à la commune. Cette mesure visait à combattre la spéculation foncière et une partie de la hausse des valeurs immobilières revenait à la communauté. Le principe était tout à fait social et, juste au moment où cela aurait pu rendre de grands services, il a été aboli, avec l’aval du SP.
    L’accord politique stipule que 187.000 logements sociaux seraient préservés à Amsterdam, soit autant que le nombre de ménages disposant d’un revenu sous les 34.000 euros par an. Mais cela signifie toutefois que le nombre de logements sociaux chuterait fortement, de 43.000, puisqu’il y en a environ 230.000 actuellement.

    Le SP a cependant assuré la création d’un fonds de 62 millions d’euros destiné à adoucir l’impact des mesures gouvernementales sur les soins de santé et l’emploi. En outre, 10 millions d’euros sont prévus pour l’aide sociale aux ménages, cette aide devant être maintenue jusqu’en 2016. 30 millions d’euros sont aussi alloués pour la lutte contre la pauvreté.

    Reste que c’est bien peu au regard de l’abolition du bail emphytéotique, de la perte de 43.000 logements sociaux et de l’impact sur les communes des coupes budgétaires gouvernementales. Le SP a été instrumentalisé par le VVD et D66.

    On a pu lire dans le quotidien “De Volkskrant” que le SP a lancé une offensive suite aux élections nationales de septembre 2012, où le parti avait reçu une claque importante de la part du PvdA. Malheureusement, cette offensive n’était pas dirigée contre la politique d’austérité, mais vers la participation au pouvoir, avec n’importe qui. ‘‘Avec qui pourrais-je gouverner ? Avec presque tout le monde !’’ déclarait ainsi le dirigeant du parti Emile Roemer il y a deux ans…

    Pour les années à venir, le SP sera co-responsable de la gestion de communes comprenant au total 4 millions d’habitants. Comment le SP s’opposera-t-il à l’austérité ? L’économie néerlandaise est en mauvais état. Les données semblent meilleures, mais seule l’exportation augmente quelque peu. Les dépenses internes sont sous l’énorme pression d’un chômage croissant, de dettes gigantesques, de bas salaires et de la pauvreté en général. La crise persiste.

    L’opposition syndicale n’est pas encore massive, mais des actions réussies ont eu lieu dans les secteurs à bas salaires, comme dans le nettoyage. Après des semaines, une augmentation salariale substantielle et le payement des deux premiers jours de maladie ont été obtenus ! La colère gronde également chez les éboueurs, qui n’ont reçu aucune augmentation salariale pendant des années. Des victoires syndicales ont encore été obtenues chez Tata steel (sidérurgie), Xerox (fabrication d’imprimantes) et Venray (construction) et à la Poste.

    Maintenant que la résistance contre la crise aux Pays-Bas commence à se développer, c’est une faute tragique du SP de se laisser utiliser par les partis pro-capitalistes. L’opposition grandissant contre les bas salaires, la pauvreté et l’austérité a besoin d’un large parti des travailleurs combattif. La période à venir sera décisive pour savoir si le SP devient ce parti ou ne jouerai qu’un rôle limité dans ce processus.

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