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Category: Europe
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Tout notre soutien à grève des conducteurs de train suédois !
Grève du réseau suburbain de Stockholm
Ce matin à 3 heures, les conducteurs de train du réseau de banlieue de Stockholm ont entamé une grève sauvage. Ces lignes sont exploitées par l’opérateur privé MTR, mais sont financées par des fonds publics. MTR est basé à Hong Kong mais contrôlé par la Chine. La société exploite également le métro de Stockholm. L’enjeu de la grève est de conserver l’accompagnateur de train. Les trains longue distance sont gérés par les chemins de fer nationaux et des opérateurs privés. Ils ne sont pas impliqués dans le conflit.
Article par un accompagnateur de train
Depuis deux ans, le personnel de MTR mène toutes sortes d’actions pour conserver les quelque 300 agents de bord. Les grévistes mettent en avant la sécurité, le service et l’emploi. Ils dénoncent également l’augmentation de la charge de travail des chefs de train. Pour la direction de MTR, tout cela doit céder le pas à la maximisation des profits. Il est grand temps de reprendre les choses en main !
Le comité de grève organise une grève clandestine
Des actions contre les trains sans chefs de bord sont organisées depuis un certain temps, mais ce matin, elles ont abouti à un arrêt de travail de trois jours. Cette décision a été prise collectivement lors d’une réunion de 150 conducteurs de train vendredi dernier.
Le droit de grève est inscrit dans la constitution suédoise. Mais d’autres textes législatifs stipulent que les grèves sont interdites pendant la durée d’une convention collective. C’est l’une des raisons pour lesquelles aucun des syndicats ferroviaires n’a appelé à la grève. Un syndicat qui organiserait une grève pendant la durée d’une convention collective serait très probablement condamné à une amende de plusieurs millions de dollars. Les « grévistes sauvages » ne peuvent pas être licenciés pour avoir participé à une grève illégale. Ils risquent cependant une amende de 3 000 couronnes suédoises, soit 264 euros. En outre, ils subissent une perte de salaire. Il ne serait pas non plus possible que les syndicats reconnaissent la grève et versent des indemnités aux grévistes. C’est pourquoi un fonds de solidarité a été créé en coopération avec Förbundet Arbetarsolidaritet et la grève est organisée par un comité de grévistes composé d’employés des chemins de fer sans statut syndical. La grève est bien organisée. Il y a eu une communication claire sur leurs droits, les amendes probables, l’interdiction éventuelle de la grève, la manière d’arrêter le travail (chacun a une heure de début et de fin différente)… Les grévistes sont sur le piquet de grève aux heures de travail prévues et discutent de la situation tous les jours.
Non aux trains sans accompagnateur !
Environ un tiers des trains de la MTR circulent déjà sans accompagnateur. Les accompagnateurs seront remplacés par des caméras ! Ils ne seront pas licenciés, mais affectés à un autre poste. Par exemple, celui de nettoyeur ou de sous-chef de gare. Mais beaucoup abandonnent parce qu’ils sont traités comme de la merde et n’ont aucune perspectives d’avenir. Certains dépriment et restent chez eux, malades. Cette situation a affaibli la position et l’influence des chefs de train. En fait, les trains peuvent circuler sans chef de train. S’ils faisaient grève aujourd’hui à la place des conducteurs de train, il y aurait de fortes chances que les trains continuent à circuler. Bien sûr, il y a de nombreux conducteurs de train qui refusent de partir sans accompagnateur. Ce sont donc les conducteurs de train qui sont en grève.
Choix politique
En 2021, l’exécutif régional du Moderaterna (Parti conservateur), du Parti du centre, des Démocrates chrétiens, des Libéraux et du parti écologiste (Miljöpartiet de gröna) a décidé de supprimer la présence d’un accompagnateur de train dans chaque train de banlieue. Lors de la campagne électorale de l’année dernière, les sociaux-démocrates ont promis de revenir sur cette décision. Pourtant, le nouveau gouvernement minoritaire du parti social-démocrate (Socialdemokraterna) et du parti écologiste (Miljöpartiet de gröna), toléré par le parti de gauche (Vänsterpartiet), a donné son feu vert en mars de cette année à la suppression du chef de bord. Le Vänsterpartiet devrait menacer de retirer son soutien à ce gouvernement.
Bon suivi et sympathie des navetteurs
Jusqu’à présent, la grève a été un grand succès. 150 à 200 conducteurs y participent et 80 % des trains ont été annulés. Le soutien du public est important, malgré les difficultés rencontrées par beaucoup pour se rendre au travail.

Piquet à Stockholm Quelles suites ?
Il est possible que le tribunal du travail interdise la grève. Dans ce cas, il est possible de licencier les grévistes qui refusent alors de travailler.
Dans quelques semaines, la convention collective actuelle expirera. Cela offre la possibilité de lancer un appel à une grève reconnue. Le syndicat ferroviaire Seko devrait les saisir, tant en ce qui concerne les négociations salariales que la revendication qui concerne la fonction de sécurité du chef de bord. Le comité de grève montre la voie à suivre. La direction du syndicat doit s’en inspirer et organiser des réunions du personnel pour préparer les grèves. Entre-temps, une manifestation devrait être organisée avec les cheminots et les navetteurs pour montrer le soutien massif qui existe.
Rättvisepartiet Socialisterna, la section suédoise de l’Alternative socialiste internationale, prône des syndicats démocratiques et combatifs, réclame le droit de grève et insiste pour que les accords préliminaires soient d’abord soumis au vote des syndiqués. Et, bien sûr, le parti exige que MTR soit expulsé et que le trafic ferroviaire soit repris en main par les pouvoirs publics.
Qu’en est-il pour nous ?
En Belgique, nous avons également dû faire face à des attaques contre la fonction d’accompagnateur de train. La dernière tentative sérieuse remonte à 2015. Le CEO et la ministre des transports de l’époque, Cornu et Galant, ont alors utilisé ce que l’on appelle le « One Man Car » pour s’attaquer à la fonction de sécurité du chef de bord. Le One Man Car faisait partie du plan Galant. Ce plan prévoyait une réduction progressive de la dotation. Au bout de cinq ans, nous avons dû nous contenter de 21 % de moins. Et cinq années de suite, la productivité devait être augmentée de 4 %. Les syndicats cheminots ont réagi à ce plan d’économies par une bonne campagne de sensibilisation auprès du personnel et des usagers des transports publics. Finalement, le plan Galant a également fait l’objet d’une grève. Tout n’a pas pu être évité, mais la One Man Car a été mise de côté. Le fait qu’Infrabel n’ait pas voulu payer les nombreuses caméras nécessaires sur les quais a également joué un rôle.
Tôt ou tard, les trains sans accompagnateurs à la SNCB seront à nouveau sur la table. La pénurie de personnel d’accompagnement des trains dure depuis cinq ans. L’argument selon lequel il sera possible de donner des congés si l’on n’exige pas d’accompagnateur à bord de chaque train pourrait bien faire tache d’huile. Bien sûr, ce n’est pas évident financièrement et techniquement et une telle attaque se heurterait à nouveau à une forte résistance de la part des accompagnateurs de train et des conducteurs.
Quoi qu’il en soit, l’issue de cette bataille affectera également les chemins de fer belges. Une défaite ne ferait que motiver nos adversaires à faire une nouvelle tentative. Une victoire, en revanche, les démotiverait et renforcerait notre position. D’où l’importance de la solidarité internationale.
Que pouvez-vous faire ?
Envoyez une déclaration de solidarité à
vildstrejkpendeln@hotmail.com
avec en copie : rs@socialisterna.org -
Blocage d’un dépôt pétrolier de Total à Anvers en solidarité avec le mouvement de masse contre la réforme des retraites en France
Ce jeudi 6 avril était une nouvelle journée de mobilisation en France contre la réforme des retraites de Macron. C’est connu, le personnel des raffineries est particulièrement engagé dans ce combat qui dépasse largement le simple cadre de cette réforme antisociale et est devenu le plus important mouvement social dans le pays depuis Mai ’68. Le gouvernement français, tout comme c’était déjà le cas à l’automne dernier, tente par tous les moyens de briser la grève des raffineurs pour éviter les pénuries, y compris par la réquisition de personnel. Mais il est aussi question aujourd’hui de l’approvisionnement des stations-essence avec du carburant venus d’ailleurs, notamment de Belgique.

La FGTB a donc décidé de bloquer un dépôt Total à Anvers car le syndicat n’accepte pas ces “tactiques de briseurs de grève et de concurrence déloyale en approvisionnant le marché français à partir de la Belgique. Ce qui n’arrive jamais d’habitude.”
« Comme annoncé, nous avons dressé un piquet de solidarité au dépôt pétrolier de TotalEnergies à #Anvers sur le coup de 6h du matin. Notre objectif est d’empêcher la multinationale de livrer du carburant vers la #France où les raffineurs sont en grève depuis plusieurs semaines contre la réforme des retraites. Aucun camion ne circule alors qu’ils sont généralement au nombre de 200 par jour. Les travailleurs belges ne veulent pas être utilisés comme briseurs de grève !. » Une délégation du syndicat français CGT était également présente.
Il s’agit d’une très importante action de solidarité de classe par-delà les frontières et d’une méthode concrète d’assister l’important combat des grévistes en France. Soyons clairs : une victoire arrachée là-bas serait aussi une victoire ici !










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France. Des comités de grève anti-Macron partout!
Construisons la grève générale reconductible pour renverser macron et toute la politique d’austérité !
Tout le monde le sait : il faut absolument passer à la vitesse supérieure ! Nous devons dépasser la simple suite de dates de journées de grèves et de mobilisation vaguement liées. La volonté est là : le soutien à la grève reconductible et au blocage a progressé depuis le recours au 49.3 sur la réforme des retraites. 79% des ouvriers et 62% des Français.e.s pensent que le mouvement doit se durcir : généralisons la lutte, construisons la grève générale reconductible !
Les bastions du mouvement ouvrier doivent jouer le rôle moteur, mais avec davantage d’attention pour entraîner dans leur sillage les secteurs et les couches moins mobilisées, et tout particulièrement la jeunesse qui se mobilise de manière plus massive. La grève reconductible a été saisie dans certains secteurs, particulièrement dans l’énergie, la chimie-pétrole et le ramassage et le traitement des déchets. Toute la question est de voir comment soutenir cette dynamique, l’étendre à d’autres secteurs et l’approfondir, y compris avec le recours à l’occupation d’entreprises. Où trouver de meilleurs quartiers généraux pour la lutte qu’au cœur des lieux de travail ?
Des assemblées générales existent déjà dans une multitude de lieux de travail et d’étude. Des comités de grève anti-Macron doivent émerger de ces assemblées pour réunir sur tous les collègues sur les lieux de travail, syndiqués ou non, et faire de même dans les lycées, les universités mais aussi les quartiers et les immeubles. Cela deviendrait autant de quartiers généraux pour construire la grève générale reconductible et relier entre elles les différentes initiatives de lutte.
Parmi celles-ci figure l’extension de la dynamique des caisses de grève. De grandes soirées de rencontre pourraient être organisées à l’initiative de ces comité en invitant une délégation de grévistes des bastions les plus avancés dans la lutte aujourd’hui pour présenter la lutte dans un autre lieu spécifique et débattre de la meilleure manière d’approfondir et d’étendre la grève. Cela aiderait grandement à donner l’impulsion d’entrer en grève aux hésitants.

L’objectif de ces comités de grève démocratiques anti-Macron à l’échelle locale, et plus largement ensuite, pourrait permettre d’impliquer dans l’action et la réflexion toute le soutien dont dispose le mouvement et de regrouper les multiples initiatives. C’est ce qui peut donner corps de la meilleure façon qui soit à l’appel à la grève générale, comme en mai 68, lancé par Mélenchon à l’intersyndicale par crainte “d’un étiolement de la lutte”. “Ça serait unifiant et manifesterait la force”, dit-il. Il s’agit d’un pas concret dans la bonne direction de la part de la France Insoumise, en dépit des faiblesses et erreurs de la direction de la formation (illustrée notamment dans la gestion de l’affaire Quatennens). C’est tout à fait vrai, mais c’est la structuration à la base qui est cruciale pour surmonter les réticences d’appareils syndicaux qui ont peur de ce qu’il pourrait advenir ensuite.
Car la construction de la grève reconductible est une étape centrale, mais elle n’est qu’une étape dans la confrontation avec l’Etat capitaliste. Lui donner la perspective d’une “marche des millions” sur l’Elysée à partir des régions, assistée par la multiplication des “actions Robin des bois”, renforcerait son implantation. L’enjeu du combat dépasse très largement les retraites : c’est de la chute de Macron-Borne et de TOUTE la politique d’austérité dont il est question.
La 5ème République s’est avérée être une république qui ne fonctionne que pour les riches. La majorité, c’est nous ! En organisant la grève reconductible à la base, nous pourrions constituer ensuite une véritable assemblée constituante révolutionnaire démocratique reposant sur les délégués élus des comités de lutte locaux comme étape nécessaire vers un gouvernement des travailleuses et travailleurs et de toutes les personnes opprimées véritablement démocratique. Ce n’est qu’alors que nous pourrons disposer d’une société qui veillerait à l’épanouissement de chacun.e sur base des richesses que NOUS produisons et qui nous sont volées !
Pour une société gérée par et pour la majorité
Les moyens ne manquent pas ! TotalEnergies a annoncé un bénéfice net de 19 milliards d’euros en 2022, le plus gros de son histoire. Les entreprises du CAC 40 ont rendu à leurs actionnaires 80,1 milliards d’euros en 2022 ! Pourtant, ce sont eux que l’Etat cajole le plus avec 157 milliards d’euros d’aides publiques par an.
Ces criminels climatiques et rapaces de toutes sortes doivent être expropriés et nationalisés sous contrôle et gestion des travailleurs.euses. De telle manière, et avec la nationalisation des secteurs clés de l’économie (finance, grandes entreprises,…), il serait possible d’assurer un avenir décent à toutes et tous dans le respect de la planète grâce à une planification rationnelle et démocratique de l’économie. La classe ouvrière organisée peut jouer le rôle moteur et s’imposer comme la classe dirigeante dans la société en attirant avec elle le mouvement pour le climat, le mouvement féministe et d’autres mouvements sociaux. Les bases du renversement du système capitaliste seraient ainsi posées. C’est avec un tel type de programme et d’approche que la France Insoumise pourrait jouer pleinement son rôle en tant que stimulation de l’opposition et de la transformation de toute la société.
Avec les actions “Robin des bois”, les ouvriers du secteur de l’énergie en grève ont de manière coordonnée à travers le pays établi la distribution gratuite de gaz et d’électricité pour des écoles, des hôpitaux, des HLM, des centres sportifs publics, des associations d’intérêt public. Ils ont aussi ré-établi la distribution chez les usagers chez qui ça avait été coupé à cause de factures impayées et ils ont offert un tarif réduit jusqu’à 60% pour les petits commerçants, qui n’ont reçu du gouvernement aucune d’aide comparable face à la flambée des prix ! de telles actions donnent une idée de la manière dont pourrait fonctionner la société : il faut leur donner une nouvelle dynamique et étendre leur champ d’action sur base de décisions démocratiques des comités de grève anti-Macron !
De plus, le fait d’avoir aidé les petits commerçants permettra probablement à cette couche de la société de se tourner vers la classe ouvrière et de soutenir plus volontiers les mouvements de grève, de se joindre à eux dans la lutte. C’est un pas de plus vers l’élargissement et l’unification de la lutte dans notre camp, le surpassement des divisions, si précieux pour la droite, et outil favori de l’extrême droite ! Cette dernière n’ose pas s’opposer frontalement au mouvement car, en reposant sur la lutte de classe, il constitue le cauchemar de Le Pen & Co et démasque l’hypocrisie de leur opposition. Leur monde, c’est le même que celui des amis de Macron, avec en plus la volonté d’écraser physiquement tout le mouvement social et d’imposer le racisme comme pensée unique à coups de botte. Le mouvement ouvrier en action est le meilleur remède contre les divisions semées au sein de la classe travailleuse, car l’unité est nécessaire pour vaincre.
- Retour de la retraite à 60 ans.
- Pour une pension minimale alignée sur un salaire minimum augmenté à 2000€ net.
- Pour l’augmentation immédiate de tous les salaires de 10% et le retour de l’échelle mobile des salaires. Plaçons les secteurs à bas salaires sous contrôle public pour assurer un véritable statut au personnel, avec un bon salaire et de bonnes conditions de travail.
- Un emploi garanti et du temps pour vivre : pour une réduction collective du temps de travail, sans diminution des salaires, avec embauches compensatoires et diminution des cadences. Pour l’indépendance économique des femmes et la fin des emplois précaires.
- Pour un plan d’investissements publics massifs dans les secteurs du soin et du lien, dans l’éducation, les logements sociaux, les transports publics durables, ainsi que dans les mesures de protection du climat. Les services publics doivent répondre aux besoins ; ils doivent être de qualité, accessibles à tou.te.s, à moins de 30 minutes de son lieu d’habitation.
- Expropriation et saisie des richesses des milliardaires et réintroduction de l’ISF.
- Nationalisation des secteurs de l’énergie et des banques sous le contrôle et la gestion démocratiques de la classe ouvrière.
- La 5ème République s’est avérée être une république qui ne fonctionne que pour les riches, pour la constitution d’une véritable assemblée constituante révolutionnaire démocratique basée sur les délégués élus des comités de lutte dans les quartiers, les lieux de travail, les universités et les écoles comme étape nécessaire vers un gouvernement ouvrier véritablement démocratique fonctionnant selon les besoins de toutes et tous, et non pour les profits de quelques-uns.
- Nous avons besoin d’une économie sous propriété démocratique publique et écologiquement planifiée avec un réel contrôle démocratique exercé par les travailleur.euse.s des entreprises et la société dans son ensemble pour créer des millions d’emplois durables et bien rémunérés et construire une nouvelle économie verte.
- Vers une société socialiste démocratique reposant sur les besoins de la classe ouvrière, des jeunes, des opprimé.e.s et de la planète.
Rejoignez Alternative Socialiste Internationale (ASI/ISA) !
La bataille pour renverser le capitalisme et instaurer une alternative sociétale doit se mener à l’échelle la plus large, et c’est pourquoi nous sommes organisés dans plus de 30 pays sur tous les continents : en Europe bien sûr, mais aussi au Brésil, au Chili, au Mexique, aux USA, au Québec, au Nigeria, en Afrique du Sud, en Tunisie, en Israël/Palestine our encore en Chine, où nous luttons contre la dictature meurtrière et capitaliste du PCC. Depuis plusieurs décennies, nous avons construit une expérience de lutte contre des régimes autoritaires et oppresseurs sur place, comme contre le régime sud-africain de l’apartheid, et aujourd’hui contre le régime de Poutine en Russie. ASI/ISA est par ailleurs à l’initiative du réseau international féministe socialiste ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité).
Notre parti mondial n’est pas une addition d’organisations nationales qui entretiennent des relations lointaines, nos sections nationales se voient régulièrement, discutent et dressent ensemble des analyses et conclusions stratégiques pour construire l’outil révolutionnaire qui s’impose dans les conditions d’aujourd’hui.
ASI/ISA France – alternative.soc.internationale@gmail.com // 00 33 7 68 79 63 05 (Isaure)
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Solidarité avec les luttes en France !
- Dégageons Macron et toute la politique d’austérité !
- Stop à la répression et à la brutalité policière!
En France, le soutien à la grève reconductible et au blocage a progressé depuis le recours au 49.3. Les mobilisations de masse ne faiblissent pas. Le mouvement féministe s’est notamment engagé dans la bataille avec la grève féministe du 8 mars. Depuis le passage en force de la réforme des retraites, l’entrée de la jeunesse avec le blocage de plus de 500 lycées et 80 facultés a pris une grande ampleur. Ce qui devient le plus grand mouvement social de France depuis Mai 68 ne concerne plus seulement que les retraites.
- Evénement Facebook // Boulevard du Régent 42
Macron et son gouvernement sont plus faibles que jamais, et c’est pourquoi les violences policières sont exacerbées par les autorités. Une brutalité policière qui a pris une tournure tragique et inacceptable à Sainte Soline.
La colère et la motivation pour faire tomber le projet de retraite et le gouvernement Macron-Borne doivent être transformées en appel à une grève générale reconductible, avec les bastions du mouvement ouvrier jouant le rôle moteur, mais avec davantage d’attention pour entrainer dans leur sillage les secteurs et les couches moins mobilisées. Des comités de grève anti-Macron dans les lieux de travail, les écoles et les quartiers peuvent aider à construire celle-ci.
Ne laissons pas cette occasion de lancer une offensive résolue contre Macron et tout le système capitaliste sans solidarité des jeunes et des travailleuses et travailleurs en Belgique ! Une victoire en France sera aussi une victoire ici. Solidarité internationale !
Nous rejoignons l’appel de l’USE pour un rassemblement le 6 avril à 17h (prochaine date de mobilisation nationale en France) en face du Consulat Général de France à Bruxelles. Montrons notre solidarité avec la lutte de la jeunesse et des travailleur.euse.s en France et préparons la riposte aussi en Belgique !
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Notre camarade Susan Fitzgerald élue à la tête du syndicat Unite en Irlande
Susan Fitzgerald, membre de longue date du parti-frère irlandais du PSL/LSP, le Socialist Party, et d’Alternative Socialiste Internationale, a été élue nouvelle secrétaire régionale du syndicat “Unite the Union”, communément appelé Unite, en Irlande. Susan prendra ses fonctions dans les semaines à venir, en apportant à cette fonction son expérience, ses connaissances et ses compétences en matière d’organisation des luttes, tant au Nord qu’au Sud de l’Irlande.

En tant que socialiste révolutionnaire convaincue, Susan a toujours axé son action politique sur une confiance inébranlable dans la capacité des travailleurs et des jeunes à transformer la société. Susan estime essentiel de rassembler les travailleurs dans des luttes communes pour de meilleurs salaires et conditions de travail, mais aussi dans des campagnes au sein de la société au sens large, afin de lutter en défense de nos services de santé et d’éducation ainsi que pour leur amélioration, de même que contre les coupes budgétaires de tous les services essentiels dont les communautés de la classe ouvrière du Nord et du Sud ont désespérément besoin. Pour Susan, le rôle que joue le mouvement syndical dans l’unification de la classe ouvrière au-delà des clivages religieux sectaires est crucial. Dans l’ensemble, le mouvement syndical irlandais et international doit être récupéré et revitalisé par les travailleurs eux-mêmes, et transformé en un mouvement combatif dans les meilleures traditions des pionniers qui l’ont construit, tels que le syndicaliste Jim Larkin, célèbre pour son rôle dans la Grande Grève de Dublin en 1913.
Susan est la première femme à occuper ce poste et, en tant que féministe socialiste et sympathisante de ROSA en Irlande, elle mettra sa ténacité au service de la lutte contre toutes les formes de sexisme, contre la transphobie, le racisme et toute autre forme d’oppression, ainsi que pour la défense des droits des LGBTQIA+, tant sur les lieux de travail que dans la société en général.
Susan a un profil public important en tant que leader des travailleurs, par exemple lors de l’occupation de Harland & Wolff qui a sauvé le chantier naval ou la campagne des anciens travailleurs de Regina Coeli pour les services aux sans-abri. Il ne fait aucun doute que Susan utilisera sa position pour tenter d’aider davantage les travailleurs dans leurs luttes et leurs campagnes, pour construire la solidarité et défier les conditions imposées par le marché capitaliste, les diktats patronaux ainsi que les attaques de l’establishment politique du Nord et du Sud. Comme aimait à le dire “Big Jim” Larkin : ”Les grands n’apparaissent grands que parce que nous sommes à genoux. Levons-nous !“
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France. Ils ne nous écouteront jamais : seule la grève générale reconductible peut faire dégager Macron et toute la politique d’austérité !
Construisons des comités de grève anti-Macron dans chaque lieu de travail, chaque école, chaque quartier,…
Malgré l’adoption par la force du projet de réforme des retraites, le front commun des principales organisations syndicales du pays tient bon. Les 2 mois de mouvement ont créé un rapport de forces qui a obligé la macronie à se détourner d’un vote à l’Assemblée Nationale et à presque perdre une motion de censure.
Tract d’Alternative Socialiste Internationale – France
Macron et son gouvernement sont plus faibles que jamais, et c’est pourquoi les violences policières sont exacerbées par les autorités. L’usage de gaz lacrymogènes se répand, tout comme les charges policières contre les cortèges et les gardes à vue arbitraires. Des femmes ont été traînées par les cheveux sur plusieurs mètres et certaines ont même subi des agressions sexuelles lors de palpations. L’objectif est double. D’une part tenter de transformer la contestation en davantage de violences (en visant particulièrement la jeunesse), ce qui pourrait conduire à des divisions dans notre camp concernant l’attitude à adopter. D’autre part assurer la cohésion des forces de l’ordre autour du pouvoir en place alors que le soutien majoritaire à la lutte ne se démentit pas.
Il est clair qu’on ne fera pas tomber le projet de réforme des retraites et toute la politique de Macron/Borne par des motions de censure et des référendums, mais bien par la lutte ! Ne laissons pas passer cette occasion de lancer une offensive résolue contre Macron et tout le système capitaliste !
L’utilisation du 49.3 a fait franchir un nouveau cap dans ce mouvement. La colère et la motivation pour faire tomber le projet et Borne doivent être transformées en appel à une grève générale reconductible, dans laquelle les bastions du mouvement ouvrier jouent le rôle moteur, mais avec davantage d’attention pour entrainer dans leur sillage les secteurs et les couches moins mobilisées.
La majorité c’est nous ! Si nous nous organisons, le pouvoir est à portée de main !
Le soutien à la grève reconductible et au blocage a progressé depuis le recours au 49.3 sur la réforme des retraites : il s’agirait de 58% des sondés selon BFMTV. 68% se disent toujours opposés à la réforme des retraites et ils sont presque autant (67%) à vouloir la poursuite de la mobilisation. C’est un réservoir de mobilisation qu’il ne faut pas gâcher !
La grève reconductible a été saisie dans certains secteurs comme la SNCF, la RATP, EDF, certaines raffineries, les éboueurs de certaines villes ou encore chez des enseignants. Toute la question est de voir comment soutenir cette dynamique, l’étendre à d’autres secteurs et l’approfondir, y compris avec le recours à l’occupation d’entreprises. Où trouver de meilleurs quartiers généraux pour la lutte qu’au cœur des lieux de travail ?
Passer à la vitesse supérieure et dépasser la simple suite de dates de journées de grèves et de mobilisation vaguement liées entre elles est absolument crucial. Il est urgent, là où cela ne se fait pas déjà, d’organiser des assemblées de lutte sur les lieux de travail ouvertes à tous les collègues, syndiqués ou non, et d’organiser de pareils comités dans les lycées, les universités et les quartiers pour construire la grève générale reconductible et relier autour d’elle les différentes initiatives de lutte. Le lancement de comités de grève démocratiques anti-Macron à l’échelle locale, et plus largement ensuite, pourrait permettre d’impliquer dans l’action et la réflexion toute le soutien dont dispose le mouvement et de regrouper les multiples initiatives.
La construction de la grève reconductible est une étape centrale, mais elle n’est qu’une étape dans la confrontation avec l’Etat capitaliste. Lui donner la perspective d’une « marche des millions » sur l’Elysée à partir des régions, assistée par la multiplication des « actions Robin des bois », renforcerait son implantation. L’enjeu du combat dépasse très largement les retraites : c’est de la chute de Macron-Borne et de TOUTE la politique d’austérité dont il est question.
Pour une société gérée par et pour la majorité
Les moyens ne manquent pas ! TotalEnergies a annoncé un bénéfice net de 19 milliards d’euros en 2022, le plus gros de son histoire. Les entreprises du CAC 40 ont rendu à leurs actionnaires 80,1 milliards d’euros en 2022 ! Pourtant, ce sont eux que l’Etat cajole le plus avec 157 milliards d’euros d’aides publiques par an.
Ces criminels climatiques et rapaces de toutes sortes doivent être expropriés et nationalisés sous contrôle et gestion des travailleurs.euses. De telle manière, et avec la nationalisation des secteurs clés de l’économie (finance, grandes entreprises,…), il serait possible d’assurer un avenir décent à toutes et tous dans le respect de la planète grâce à une planification rationnelle et démocratique de l’économie. La classe ouvrière organisée peut jouer le rôle moteur et s’imposer comme la classe dirigeante dans la société en attirant avec elle le mouvement pour le climat, le mouvement féministe et d’autres mouvements sociaux. Les bases du renversement du système capitaliste seraient ainsi posées. C’est avec un tel type de programme et d’approche que la France Insoumise pourrait jouer pleinement son rôle en tant que stimulation de l’opposition et de la transformation de toute la société.
Avec les actions “Robin des bois”, les ouvriers du secteur de l’énergie en grève ont de manière coordonnée à travers le pays établi la distribution gratuite de gaz et d’électricité pour des écoles, des hôpitaux, des HLM, des centres sportifs publics, des associations d’intérêt public. Ils ont aussi ré-établi la distribution chez les usagers chez qui ça avait été coupé à cause de factures impayées et ils ont offert un tarif réduit jusqu’à 60% pour les petits commerçants, qui n’ont reçu du gouvernement aucune d’aide comparable face à la flambée des prix ! Ces actions sont des initiatives prises et coordonnées par les travailleurs.euses à travers le pays sur les lieux de travail. Les décisions et actions sont votées démocratiquement par la base. Cela donne une idée de la manière dont pourraient être gérées les richesses produites par les travailleurs.euses sous une société socialiste démocratique.
De plus, le fait d’avoir aidé les petits commerçants permettra probablement à cette couche de la société de se tourner vers la classe ouvrière et de soutenir plus volontiers les mouvements de grève, de se joindre à eux dans la lutte. C’est un pas de plus vers l’élargissement et l’unification de la lutte dans notre camp, le surpassement des divisions, si précieux pour la droite, et outil favori de l’extrême droite ! Cette dernière n’ose pas s’opposer frontalement au mouvement car, en reposant sur la lutte de classe, il constitue le cauchemar de Le Pen & Co et démasque l’hypocrisie de leur opposition. Leur monde, c’est le même que celui des amis de Macron, avec en plus la volonté d’écraser physiquement tout le mouvement social et d’imposer le racisme comme pensée unique à coups de botte. Le mouvement ouvrier en action est le meilleur remède contre les divisions semées au sein de la classe travailleuse, car l’unité est nécessaire pour vaincre.
- Retour de la retraite à 60 ans.
- Pour une pension minimale alignée sur un salaire minimum augmenté à 2000€ net.
- Pour l’augmentation immédiate de tous les salaires de 10% et le retour de l’échelle mobile des salaires. Plaçons les secteurs à bas salaires sous contrôle public pour assurer un véritable statut au personnel, avec un bon salaire et de bonnes conditions de travail.
- Un emploi garanti et du temps pour vivre : pour une réduction collective du temps de travail, sans diminution des salaires, avec embauches compensatoires et diminution des cadences. Pour l’indépendance économique des femmes et la fin des emplois précaires.
- Pour un plan d’investissements publics massifs dans les secteurs du soin et du lien, dans l’éducation, les logements sociaux, les transports publics durables, ainsi que dans les mesures de protection du climat. Les services publics doivent répondre aux besoins ; ils doivent être de qualité, accessibles à tou.te.s, à moins de 30 minutes de son lieu d’habitation.
- Expropriation et saisie des richesses des milliardaires et réintroduction de l’ISF.
- Nationalisation des secteurs de l’énergie et des banques sous le contrôle et la gestion démocratiques de la classe ouvrière.
- La 5ème République s’est avérée être une république qui ne fonctionne que pour les riches, pour la constitution d’une véritable assemblée constituante révolutionnaire démocratique basée sur les délégués élus des comités de lutte dans les quartiers, les lieux de travail, les universités et les écoles comme étape nécessaire vers un gouvernement ouvrier véritablement démocratique fonctionnant selon les besoins de toutes et tous, et non pour les profits de quelques-uns.
- Nous avons besoin d’une économie sous propriété démocratique publique et écologiquement planifiée avec un réel contrôle démocratique exercé par les travailleur.euse.s des entreprises et la société dans son ensemble pour créer des millions d’emplois durables et bien rémunérés et construire une nouvelle économie verte.
- Vers une société socialiste démocratique reposant sur les besoins de la classe ouvrière, des jeunes, des opprimé.e.s et de la planète.
Rejoignez Alternative Socialiste Internationale !
La bataille pour renverser le capitalisme et instaurer une alternative sociétale doit se mener à l’échelle la plus large, et c’est pourquoi nous sommes organisés dans plus de 30 pays sur tous les continents : en Europe bien sûr, mais aussi au Brésil, au Chili, au Mexique, aux USA, au Québec, au Nigeria, en Afrique du Sud, en Tunisie, en Israël/Palestine our encore en Chine, où nous luttons contre la dictature meurtrière et capitaliste du PCC. Depuis plusieurs décennies, nous avons construit une expérience de lutte contre des régimes autoritaires et oppresseurs sur place, comme contre le régime sud-africain de l’apartheid, et aujourd’hui contre le régime de Poutine en Russie. Notre parti mondial n’est pas une addition d’organisations nationales qui entretiennent des relations lointaines, nos sections nationales se voient régulièrement, discutent et dressent ensemble des analyses et conclusions stratégiques pour construire l’outil révolutionnaire qui s’impose dans les conditions d’aujourd’hui.
ASI/ISA France – alternativesocialisteinternationale.com / alternative.soc.internationale@gmail.com
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France. Une révolution féministe socialiste s’impose plus que jamais
C’est tout le système qui est coupable !
Grâce à de courageux témoignages, il est aujourd’hui difficile d’ignorer l’omniprésence du sexisme, mais les améliorations restent largement insuffisantes et les violences sexistes s’aggravent, ce que confirme le Rapport 2023 sur l’état du sexisme en France. Renforçons notre combat à l’aide d’un programme qui vise à obtenir de réelles améliorations de notre quotidien et qui rompt avec ce système sexiste !
Précarité, pénuries : la crise accroît le terreau du sexisme et des autres discriminations. Et les crises sont permanentes dans ce système. Depuis la pandémie, beaucoup de mères doivent rester à la maison ou travailler à temps partiel vu le manque de places en crèches. L’écart salarial s’accroît, de même que la dépendance économique des femmes. Cela renforce aussi les préjugés sexistes : quatre Français sur dix estiment normal qu’une femme arrête de travailler pour s’occuper des enfants. Nous ne l’acceptons pas !Tract d’Alternative Socialiste Internationale – France
La libération de la parole et la nouvelle vague internationale de mobilisations féministes ont brisé le mythe d’une égalité obtenue sur le terrain grâce à celle acquise dans la loi. Le maintien de l’oppression des femmes a été visibilisé dans l’espace public, mais cela ne suffit pas en soi pour en finir avec le fléau ou même provoquer un changement significatif.
La polarisation dans la société est à la hausse sur la question. Les forces de droite et d’extrême droite jouent sur les formes les plus basses de la conscience, sur les vieux préjugés, les « valeurs familiales » et tentent ainsi de repousser les femmes à leur « juste place » dans la famille pour compenser l’effondrement des systèmes de soins de santé et d’enseignement.
Des services publics forts contre la double journée de travail
Faire un choix politique, c’est aussi une question de méthode. Avant que le mouvement ouvrier n’ait acquis l’obligation scolaire sous pression de la lutte (essor général du mouvement ouvrier, Commune de Paris en 1871, création de l’Association internationale des travailleurs, etc.), éduquer et prendre soin des enfants toute la journée était une tâche domestique. Avant le développement des soins de santé, soigner les malades était aussi une tâche domestique. Les vagues de luttes ont à chaque fois permis de réduire le travail non rémunéré des femmes par la conquête de nouveaux services publics.
Le vieillissement de la population conduira dans les années à venir à une augmentation du nombre de personnes âgées en perte d’autonomie. La prise en charge de la dépendance des personnes âgées est profondément marquée par les rapports de genre : elles sont plus fréquemment confrontées à cette question puisque l’espérance de vie des femmes est supérieure à celle des hommes et ce sont les principales pourvoyeuses des soins (professionnellement et au sein même de la famille).
Le scandale des entreprises privées dans les maisons de repos françaises avait été dénoncé par l’excellent – mais révoltant – livre-enquête Les Fossoyeurs. Depuis lors, le groupe Orpéa a été plongé dans la tourmente au point qu’il va bientôt passer sous le contrôle de la Caisse des dépôts, bras financier de l’État. Il faudra un combat acharné du personnel pour assurer qu’il ne soit pas simplement question d’un assainissement des finances du groupe aux frais de la collectivité avant de repasser la balle au privé. Cela doit constituer un point de départ vers la nationalisation de l’ensemble du secteur sous contrôle et gestion de la collectivité afin d’assurer des conditions de travail dignes de ce nom pour un personnel en quantité suffisante, afin d’assurer que nos aînés aient tout le respect qu’ils et elles méritent.
Les richesses produites dans la société doivent servir à la société. Nous défendons un plan public d’investissements massifs pour que les services publics répondent aux besoins de la population en termes de logements sociaux, de crèches, d’écoles, d’hôpitaux, de maisons de repos, de refuges pour personnes en difficulté, de centre d’accueil pour personnes avec handicap, de soins à domicile… De nouveaux services publics doivent aussi être développés pour faciliter les tâches ménagères des familles avec des blanchisseries, ateliers de repassage, services de nettoyage, services de repas frais et de qualité sur les lieux de travail, dans les écoles et les quartiers, etc.
Où aller chercher tous les moyens que cela exige ? Commençons par refuser de rembourser la dette publique aux fonds spéculatifs, mais uniquement à des particuliers sur base de besoins prouvés. On ne peut pas être féministe et accepter de subir le poids de cette dette. Emprunter cette voie, la seule capable d’apporter un changement réel, conduira nécessairement à la nationalisation du secteur financier sous contrôle et gestion démocratiques. Ce sont de premières étapes qui ouvriront la voie à une société qui garantira l’épanouissement de tou.te.s, une société socialiste démocratique. Nous ne méritons rien de moins.
Pour un féminisme anticapitaliste et socialiste
- Contre le projet de réforme des retraites : retour de la retraite à 60 ans et une pension minimale de 1400€ net. Construisons la grève générale reconductible via des assemblées démocratiques de lutte sur les lieux de travail, dans les quartiers, dans les universités,… pour faire tomber Macron et lutter contre le capitalisme.
- Pour un salaire minimum à 2000€ net, l’augmentation immédiate de tous les salaires de 10% et le retour de l’échelle mobile des salaires. Plaçons les secteurs à bas salaires sous contrôle public pour assurer un véritable statut au personnel, avec un bon salaire et de bonnes conditions de travail.
- Un emploi garanti et du temps pour vivre : pour une réduction collective du temps de travail, sans diminution des salaires, avec embauches compensatoires et diminution des cadences. Pour l’indépendance économique des femmes et la fin des emplois précaires.
- 2 milliards d’euros par an pour lutter contre les violences faites aux femmes et toutes les formes de LGBTQIA+phobie, y compris la transphobie ; pour des campagnes de prévention et la construction de centres de refuges et places d’accueil, accessibles à tou.te.s. Chacun.e doit avoir accès à un logement digne (contre le projet de loi sur le logement Kasbarian-Bergé qui criminalise les locataires et occupantes précaires mises dans l’illégalité en accélérant les mises à la rue) et à pouvoir se déplacer en transport public gratuit, en toute sécurité.
- Pour un plan d’investissements publics massifs dans les secteurs du soin et du lien, dans l’éducation, les logements sociaux, les transports publics durables, ainsi que dans les mesures de protection du climat. Les services publics doivent répondre aux besoins ; ils doivent être de qualité, accessibles à tou.te.s, à moins de 30 minutes de son lieu d’habitation.
- Contre la double journée de travail des femmes : pour la socialisation des tâches domestiques, notamment via des cantines publiques de qualité, des blanchisseries publiques et un système de garde d’enfants gratuit.
- Les femmes ne sont pas des objets. Stop à la marchandisation du corps.
- Pour des droits sexuels et reproductifs complets – des ressources suffisantes pour l’éducation sexuelle, la contraception et l’accès à des avortements gratuits et sûrs (avec le maintien et la réouverture de maternités et hôpitaux de proximité), ainsi que la possibilité d’élever des enfants sans vivre dans la pauvreté !
- Pour un féminisme socialiste internationaliste et antiraciste ! Il n’existe pas de capitalisme sans sexisme, racisme, homophobie, transphobie, etc. Pour l’unité de chaque personne, travailleuse.eur.s et jeunes, d’origine française ou étrangère, … contre ce système qui ne sert que les intérêts d’une minorité de super-riches. Pour la régularisation des personnes sans papiers et leur accession à un logement décent, un emploi.
- Solidarité avec les femmes en Iran, en Afghanistan et ailleurs qui se soulèvent contre les régimes oppressifs.
- Pour une lutte internationale contre la guerre : femmes de la classe travailleuse d’Ukraine, de Russie et du monde entier unies contre la guerre et l’impérialisme sous toutes ses formes, y compris le système de la “Françafrique”.
- Pour la fin des inégalités sociales – ce n’est que si nous possédons l’économie que nous pourrons arrêter l’exploitation. Pour la nationalisation des secteurs de l’énergie et des banques sous le contrôle et la gestion démocratique de la classe ouvrière.
- Nous avons besoin d’une économie publique et écologiquement planifiée avec un véritable contrôle démocratique par les travailleuse.eur.s et la société dans son ensemble pour créer des millions d’emplois bien payés et durables et construire une nouvelle économie verte. Pour une société socialiste démocratique basée sur les besoins de la classe travailleuse, des jeunes, des opprimé.e.s et de notre planète.
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France. Vers une grève générale pour faire tomber Macron et lutter contre le capitalisme
Depuis le 19 janvier, des millions de travailleurs et travailleuses et de jeunes manifestent et font grève contre la réforme des retraites de Macron. Il faut désormais construire une grève générale, reconductible sur base de votes en assemblées générales sur les lieux de travail, pour en finir avec Macron et toutes les politiques d’austérité.
Par Philipp Chmel
La réforme des retraites de Macron, la mesure clé et emblématique de son second mandat, ferait passer l’âge de la retraite de 62 à 64 ans, en plus d’autres mesures qui auront un impact négatif sur les travailleuses et travailleurs. Le plan initial prévoyait de passer à 65 ans, mais le gouvernement a finalement abaissé ce chiffre dans l’espoir d’atténuer les protestations attendues et d’essayer d’obtenir le soutien du parti de droite Les Républicains (ex-UMP, Union pour un Mouvement Populaire) pour obtenir une majorité au parlement.
Un démarrage en trombe qui ne s’est pas démenti
Plus de deux millions de personnes ont manifesté à travers le pays lors de la première journée d’action contre la réforme des retraites, organisée par l’intersyndicale – composée des huit plus grands syndicats (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, Solidaires, FSU) – quel début historique et prometteur !
Dès le début, les couches les plus combatives de la jeunesse ont montré une détermination plus forte que lors des précédentes mobilisations à rejoindre le mouvement et à lutter aux côtés des syndicats et des travailleurs et travailleuses. La manifestation de 150.000 personnes à Paris le 21 janvier, deux jours après la première mobilisation syndicale, qui avait été planifiée et mobilisée des semaines à l’avance par les organisations étudiantes et de jeunesse ainsi que par la France Insoumise, a tout de suite donné le ton. Dans certains endroits, les syndicats étudiants ont réussi à obtenir des dispenses de cours pour celles et ceux qui veulent manifester ; des manifestations étudiantes sont parties de différents campus pour rejoindre les manifestations syndicales ; et, depuis le 7 février, plusieurs lycées et universités ont été bloqués. Le 11 février, 120.000 jeunes ont participé à la grosse mobilisation nationale dans toute la France et, pour le 9 mars, les organisations étudiantes et de jeunesse ont appelé à la prochaine journée d’action nationale. Certaines universités ont déjà prévu des blocages durant toute la semaine du 6 mars, qui pourraient être renouvelés tout au long du mois par des assemblées générales étudiantes.
L’un des éléments les plus cruciaux dans le développement du mouvement jusqu’à présent, sont les démonstrations impressionnantes du pouvoir et du contrôle de la classe ouvrière sur la production privée à travers les actions “Robin des Bois” : des hôpitaux, des centres sportifs publics, des bibliothèques, des lycées, des crèches, des logements sociaux, … ont été placés sous le régime de “électricité et gaz gratuits”. Quelle illustration puissante de ce à quoi ressemblerait une société dirigée par la classe ouvrière.
Cela montre clairement que le mouvement est encore plus large que les millions de personnes de la classe travailleuse qui ont pu participer aux mobilisations jusqu’à présent. La colère et le rejet contre la réforme des retraites et le système que Macron et Borne représentent sont dominants dans la société et augmentent : l’opposition globale à la réforme des retraites a augmenté de 6% entre janvier et février, passant de 61% le 18 janvier à 67% le 15 février (sondage publié par CSA). Chez les femmes et les jeunes de moins de 35 ans, l’opposition est encore plus forte, s’élevant actuellement à 71% et 81% respectivement.
Après la première mobilisation nationale intersectorielle du 19 janvier, quatre autres ont suivi : Le 31 janvier, ce sont 2,8 millions de personnes qui ont participé dans tout le pays ; le 7 février, plus de 2 millions ; le 11 février, plus de 2,5 millions ; et le 16 février, 1,3 million ont rejoint les manifestations. La participation globale au mouvement de grève est encore plus élevée, car de nombreuses autres personnes sont restées sur les piquets de grève et n’ont pas rejoint les manifestations.
La manifestation du samedi 11 février était la 4ème journée de mobilisation de l’intersyndicale et la 1ère organisée pendant un week-end. C’était important pour pouvoir mobiliser les travailleuses et travailleurs aux conditions de travail très précaires et toutes celles et ceux qui ne pouvaient généralement pas participer aussi facilement aux grèves en semaine. Cela renforce également le lien avec les jeunes et la classe ouvrière au sens large.
Des militants d’ASI sont intervenus à cette manifestation à Paris. L’ambiance y était très combative et il y avait non seulement une colère palpable contre Macron, mais aussi une véritable volonté de le stopper. Le mouvement est clairement prêt à aller plus loin. En même temps, il y a aussi une compréhension de base qu’une série de manifestations de masse en elles-mêmes, sans être connectées les unes aux autres et sans une stratégie d’escalade, ce ne sera pas suffisant. Un cheminot syndiqué de 54 ans a été cité dans Le Monde : “Ces manifestations ne suffiront pas à ralentir le gouvernement”. Il appelle à “un mouvement de masse subversif” avec “trois ou quatre jours de blocage total, et pas seulement des cheminots, des enseignants et des raffineurs.”
Mettre le pays à l’arrêt, mais pas seulement pour une journée
Pour l’instant, le gouvernement et Macron ne reculent pas. Ils espèrent une répétition du mouvement de 2019/début 2020, lorsque la lutte, bien que titanesque, avait souffert de l’absence d’un plan d’action audacieux vers une grève générale reconductible. Le mouvement s’essoufflait après neuf jours de mobilisations intersectorielles qui n’étaient pas connectées de manière assez étroite pour canaliser la colère de manière à pouvoir créer une dynamique continue et ascendante liée à une perspective de victoire. Tout le monde le sait : sans l’arrivée du Covid, la réforme des retraites serait passée en 2020.
En gardant cela à l’esprit, une partie de la classe dirigeante pourrait souhaiter que les faibles taux de participation des troisième et cinquième journées de mobilisation intersectorielle soient le signe d’un pic du mouvement, mais elle ne doit pas se faire d’illusions. Le succès de la quatrième journée de mobilisations a consolidé le mouvement et la plus faible participation de la cinquième journée est très probablement plutôt basée sur le fait qu’il s’agissait d’une journée d’action intermédiaire peu après la grande mobilisation du week-end, pendant les vacances scolaires, et dans la perspective d’une mobilisation extrêmement forte le 7 mars. Globalement, la situation semble différente de celle de 2019/2020 et la dynamique est très prometteuse. Le niveau de cohésion que l’on constate au sein de l’intersyndicale est le plus élevé depuis 2010. Cela ne vient pas volontairement de la direction mais c’est dû à la pression massive de la base. Le fait que la réforme soit considérée comme la réforme anti-ouvrière centrale de Macron-Borne, ainsi que l’impact du mouvement contre la crise du coût de la vie qui s’est développé à l’automne, ont mis une forte pression sur les directions syndicales pour qu’elles aillent plus loin que ce qu’elles avaient initialement prévu. Avec le recul, on peut dire que le mouvement de l’automne dernier comportait un élément de préparation au mouvement contre la réforme des pensions. Beaucoup de celles et ceux qui espéraient gagner davantage à l’époque verront leur chance de mener une véritable bataille maintenant.
Pour le 7 mars, l’intersyndicale a appelé à une nouvelle journée nationale de grèves et d’actions pour ” bloquer la France ” ; 6 personnes sur 10 en France soutiennent cet appel, et parmi les travailleuses et travailleurs et les jeunes le soutien est encore plus élevé avec 72%. Plusieurs syndicats de l’intersyndicale sont allés plus loin et ont appelé à une grève générale, reconductible sur vote des assemblées générales des travailleurs et travailleuses. Parmi eux, l’intersyndicale des transports parisiens RATP (CGT, FO, UNSA, CFE-CGC) et plusieurs fédérations CGT : cheminots ; mines et énergie ; ports et docks ; verres et céramiques ; et industries chimiques, y compris les raffineries pétrolières. Il s’agit d’un premier pas positif, mais il faut aller plus loin. Il faut renforcer la dynamique et la pression de la base pour pousser les autres syndicats qui traînent encore les pieds à se joindre à la mobilisation pour une grève reconductible – ou leur faire payer un sérieux prix politique s’ils ne le font pas.
La direction de la fédération syndicale CFDT, qui compte le plus grand nombre d’adhérents dans le pays, n’est pas “de gauche”. Elle est clairement opposée à l’idée d’une grève reconductible et espère une sortie du mouvement. Mais la pression exercée par la base ne leur a pas permis de se retirer des mobilisations jusqu’à présent. La séquence des débats à l’Assemblée Nationale en février leur a été utile car elle est favorable à une situation dans laquelle, après une adoption parlementaire de la réforme, elle pourrait dire “nous avons tout essayé, nous nous sommes battus, mais l’Assemblée a décidé et c’est tout”. Et ce scénario serait encore meilleur pour la direction de la CFDT si cela s’accompagne de quelques concessions mineures qu’elle pourrait vendre à ses membres pour adoucir l’accord.
La bataille sera gagnée dans les rues et sur les lieux de travail
Le 7 février, le Financial Times écrivait : “c’est au parlement que réside le véritable risque. […] Une faction rebelle au sein des Républicains a émergé et fait pression pour de nouvelles concessions afin d’atténuer l’impact sur les personnes qui commencent à travailler à un jeune âge.” Bien sûr, s’ils n’appellent pas à des concessions par bienveillance, mais pour paraître plus ‘sympathiques’ et séduire certains électeurs au vu de l’opposition extrêmement forte à la réforme parmi la classe travailleuse. Le gouvernement a besoin du soutien des LR pour éviter d’utiliser l’article 49.3 pour faire passer la réforme par décret, comme ils l’ont déjà fait 10 fois avec le budget 2023 à l’automne et à l’hiver 2022. L’utilisation de cette mesure antidémocratique pour réprimer le mouvement pourrait agir comme le “fouet de contre-révolution”, alimentant davantage les protestations et les grèves.
Cela souligne à quel point le gouvernement et Macron sont en réalité faibles, ce qui a été révélé à plusieurs reprises au cours des dernières semaines. En janvier, deux jours avant le premier jour de grève, Macron a rencontré 10 rédacteurs en chef de différents médias français lors d’une réunion secrète pour leur transmettre le langage et les arguments à utiliser de leur côté. La révélation la plus claire de la faiblesse du gouvernement dans ce contexte a probablement été l’exposition de leurs mensonges autour de la fausse promesse d’augmenter la pension minimum de 900€ à 1200€. Le groupe Mediapart avait calculé que seules 48 personnes y auraient droit si toutes les conditions d’éligibilité sont prises en compte. Après quelques jours, même les grands médias pro-gouvernementaux ont dû accepter qu’il s’agissait d’un mensonge gouvernemental. Le ministre du travail Dussopt a ensuite essayé de parler de 40.000 bénéficiaires, mais c’était un autre mensonge : il s’agit des personnes qui recevraient une augmentation de 100€ de leur retraite.
L’attention accrue portée au Parlement a été stimulée notamment par une avalanche de plus de 20.000 amendements pour avancer les arguments contre et pour ralentir le processus par le biais des procédures parlementaires, déposés principalement par la NUPES, cette coalition de gauche dirigée par la France Insoumise et comprenant le PS, le PCF et les Verts. Les alliés de la FI ont retiré un grand nombre de leurs amendements, pour tenter d’arriver à un vote sur l’article 7 de la réforme, celui-là même qui prévoit de porter l’âge de départ à la retraite de 62 à 64 ans. Les directions syndicales ont plaidé dans le même sens, y compris le secrétaire général de la CGT Martinez. Mélenchon et la FI s’y sont opposés : “pourquoi se précipiter sur l’article 7 ? Le reste de la loi ne compte-t-il pas ?”, comprenant qu’un vote sur cet article emblématique sera de toute façon remporté par Macron, malgré sa très faible majorité.
La très forte volonté de se battre des militants de la CGT (notamment) contraste avec l’attitude générale de la direction du syndicat, qui a un œil sur une éventuelle victoire à l’Assemblée nationale, comptant sur la division dans les rangs de la fragile coalition entre Renaissance (Macron/Borne) et Les Républicains. Mais c’est dans les rues et sur les lieux de travail que la bataille sera gagnée. Mi-février, dans les médias, mais surtout lors d’un meeting à Montpellier, Mélenchon a lancé un long appel à la mobilisation de toutes et tous le 7 mars : “Dès mardi 7 mars, on bloque tout, partout !”. Il a motivé les militants de la FI à discuter avec leurs collègues, leurs familles et dans leurs quartiers, pour essayer de mobiliser toutes celles et ceux qui les entourent vers le 7 mars, qui s’annonce comme l’une des dates les plus importantes depuis le début du mouvement et le début possible d’une intensification de la lutte.
Malgré les faiblesses réelles présentes dans la direction de la France Insoumise, Mélenchon et son entourage ont, dès le début du second mandat de Macron, stimulé à plusieurs reprises la lutte dans les rues et sur les lieux de travail. Ils ont appelé les syndicats à construire la riposte et ont eux-mêmes organisé des manifestations réunissant plus de 100.000 personnes, comme lors de la ” Marche contre la vie chère et l’inaction climatique ” du 16 octobre 2022.
Au début du mouvement contre l’inflation et la crise du coût de la vie en automne, la direction de la CGT n’avait pas l’intention de généraliser le mouvement de grève. Au contraire, c’est la colère croissante de la base qui a d’abord déclenché les actions de grève, puis a également poussé les directions syndicales à aller plus loin que ce qu’elles avaient initialement prévu. Et la pression exercée sur les directions syndicales par la France Insoumise a permis d’exprimer la volonté de lutter qui existe au sein de la base. Martinez (secrétaire général de la CGT), quant à lui, ne s’est pas amusé de cette situation. Il a rejeté les appels de Mélenchon et s’est clairement prononcé contre l’attitude constructive de la FI en lui répondant en juin 2022 : “Les mobilisations sociales sont de la responsabilité des syndicats”.
S’il est correct de souligner l’importance de s’opposer à la réforme des retraites dans son ensemble, en mettant en garde contre les tentatives de diviser le mouvement en offrant des concessions, Mélenchon aurait tout de même dû clarifier le point : La bataille ne se gagnera pas dans les través parlementaires, mais dans la rue. David, un postier lillois de 37 ans, le disait clairement : “L’opposition viendra de la rue. C’est nous qui produisons, c’est nous qui décidons. Il n’y a que la grève qui fera avancer les choses”. Une partie de la presse bourgeoise sait très bien ce qui sera le facteur décisif à la fin, comme l’indique un article de Bloomberg : “L’ampleur et la dynamique des manifestations de rue en France se sont souvent avérées déterminantes pour les efforts de réforme des présidents précédents. En 1995, le gouvernement sous Jacques Chirac a abandonné un projet de réforme des retraites après des grèves paralysantes. Des manifestations prolongées menées par des étudiants ont forcé un revirement sur les lois travail en 2006, même après que le parlement ait approuvé les changements.” Ce dernier point est en fait la dernière victoire significative du mouvement ouvrier et de la jeunesse au niveau national.
Une grève générale reconductible ne tombe pas du ciel
Il est urgent d’organiser des assemblées de lutte sur les lieux de travail ouvertes à tous les collègues, syndiqués ou non, et d’organiser des comités similaires dans les lycées, les universités et les quartiers pour construire une grève générale reconductible.
Les plans de blocage des écoles et des universités durant la première semaine de mars ainsi que l’appel à une grève féministe de toutes et tous le 8 mars sont importants dans ce contexte. La plate-forme “grève féministe” est soutenue par de nombreuses organisations féministes, des syndicats et des groupes et partis politiques, dont #NousToutes, la CGT et le NUPES. Ils appellent à une grève féministe contre les violences sexistes en France et dans le monde, contre la réforme des retraites et pour le droit à l’avortement – “pour gagner l’égalité au travail et dans nos vies, pour garantir notre indépendance économique”. Par ailleurs, une dizaine de syndicats et de collectifs ont appelé à un “Printemps du service public”. Ils prévoient un mouvement d’actions communes en mars et exigent plus d’investissements publics, notamment pour sauver les hôpitaux publics. Tout ceci peut contribuer à une intensification du mouvement en mars. Nous pourrions assister à une situation dans laquelle la CGT et d’autres syndicats seraient poussés par la pression de la base à lancer une grève générale reconductible, entraînant derrière elles des couches plus importantes du mouvement. Dans un tel scénario, la CFDT pourrait être contrainte de changer de cap elle aussi.
Au cours des prochaines semaines, nous devons nous mobiliser à 100% sur nos lieux de travail, dans les écoles, les universités et les quartiers. C’est ainsi que nous pourrons stopper l’ensemble de la réforme des retraites et faire tomber le gouvernement Macron-Borne et ses politiques d’austérité. L’organisation à la base est essentielle pour garantir le maintien du contrôle du mouvement et s’assurer qu’il ne s’essouffle pas. La grève des contrôleurs SNCF pendant les vacances de Noël a montré la voie. Ils ont organisé la grève via la page Facebook “collectif national ASCT” (Agents, service commercial, trains), confrontant la direction du syndicat, qui refusait de se mobiliser pour la grève, se sont engagés sur le terrain et ont ainsi contraint la direction à déposer le préavis de grève. Des actions comme celles-ci évoquent des souvenirs du mouvement des Gilets Jaunes.
Un autre exemple important de démocratie des travailleurs et travailleuses sont les grèves renouvelables des raffineries de TotalEnergies à l’automne dernier. La poursuite de la grève a été assurée par un vote démocratique quotidien du personnel lui-même. C’est avec ce genre de méthodes que l’on assure l’implication de toutes et tous et donc le succès de la lutte. Malheureusement, le mouvement de grève des raffineries, à quelques petites exceptions près, a été maintenu dans l’isolement (malgré un large soutien passif), ce qui a permis aux autorités d’imposer la réquisition du personnel. Cela ne fait que souligner la nécessité de construire un large mouvement basé sur l’implication maximale de l’ensemble de la classe ouvrière en France et au niveau international.
La mobilisation du week-end du samedi 11 février et l’attention portée à la mobilisation dans les petites villes ont été de bons premiers pas pour élargir le mouvement. En plus de la mobilisation des travailleurs et travailleuses et des jeunes qui sont impatients de lutter (mais qui n’ont pas pu participer pendant la semaine), il est crucial d’essayer tout ce qui est possible pour convaincre les couches qui jusqu’à présent n’ont pas participé, ne voyant potentiellement pas la possibilité d’une victoire. Politiquement, il serait important de reprendre la question de la crise du coût de la vie et de la lier à la lutte contre la réforme des retraites et contre le régime d’austérité porté par Macron. Pour avoir l’impact le plus fort possible et pour contrer la presse bourgeoise, les délégations de grève pourraient produire des tracts et des journaux de grève ainsi qu’organiser des visites sur les lieux de travail, en particulier à celles et ceux qui n’ont pas encore rejoint les grèves. Des assemblées sectorielles et intersectorielles devraient être organisées dans tout le pays pour renforcer et démocratiser l’intersyndicale par le bas, comme un moyen de prendre et de conserver le contrôle de la base sur le mouvement, ses revendications et ses décisions clés, y compris celles concernant les grèves. De cette manière, de telles assemblées peuvent considérablement renforcer le processus d’apprentissage collectif de la classe ouvrière.
Des mouvements de grève ont lieu dans de nombreux pays. Pourquoi ne pas les coordonner au niveau international ? Fin septembre, la lutte des travailleurs des raffineries a reçu la solidarité de plusieurs syndicats en Europe. D’importantes luttes syndicales se développent dans les pays voisins. En Grande-Bretagne, décembre 2022 a vu le plus grand nombre de jours de travail – 1,5 million – perdus par des grèves depuis juillet 1989. Cela a conduit à l’action de grève coordonnée du mercredi 1er février, la plus grande journée d’action de grève coordonnée depuis 2011. La Belgique connaît également des mouvements de grève dans divers secteurs depuis plusieurs mois, qui ont culminé enune grève générale de 24 heures le 9 novembre dernier. Une approche internationaliste devrait faire partie de chaque lutte. Pourquoi ne pas essayer d’aller vers une journée de grève européenne contre les politiques d’austérité et pour des augmentations de salaires supérieures à l’inflation ? Pour commencer, des délégations de grévistes pourraient être envoyées et invitées en Grande-Bretagne, en Belgique, en Allemagne, en Italie, en Espagne et au Portugal, où des grèves et des mouvements de protestation sont également en cours. D’ailleurs, les discussions autour d’une future réforme des pensions ont également commencé en Belgique.
Pour une société socialiste démocratique
Ce ne sont pas les moyens financiers qui manquent. TotalEnergies vient d’annoncer un bénéfice net de 19 milliards d’euros en 2022, le plus important de son histoire. Les entreprises du CAC 40 ont versé 80,1 milliards d’euros à leurs actionnaires en 2022, alors qu’elles sont aussi celles que l’État cajole le plus avec 157 milliards d’euros d’aides publiques par an. Ces criminels climatiques et ces entreprises rapaces doivent être expropriés et nationalisés sous le contrôle et la gestion des travailleurs et travailleuses. En allant vers la nationalisation des secteurs clés de l’économie (finance, énergie, transport, agriculture, construction, grandes entreprises…), nous pourrions développer une planification rationnelle et démocratique de l’économie qui assure un avenir décent pour tous et toutes dans le respect de notre planète.
Pour appliquer un tel programme et aller vers un changement fondamental de la société, la classe ouvrière organisée doit jouer le rôle central dans cette lutte et s’imposer comme la classe dirigeante de la société en entraînant derrière elle les mouvements climatiques, féministes et autres mouvements sociaux. Cela permettrait de jeter les bases d’un éventuel renversement du système capitaliste. Les actions “Robin des Bois” sont un pas dans cette direction. Les travailleurs de l’énergie en grève ont pour la première fois mené une action coordonnée à l’échelle nationale pour établir la gratuité du gaz et de l’électricité pour les écoles, les hôpitaux, les logements sociaux, les centres sportifs publics et les associations d’intérêt public. Ils ont également rétabli la distribution aux usagers qui avaient été coupés pour cause de factures impayées et ont proposé un taux réduit allant jusqu’à 60% pour les petits commerçants, qui n’ont reçu aucune aide comparable du gouvernement face à la flambée des prix. Ces actions sont des initiatives prises et coordonnées par les travailleuses et travailleurs de tout le pays sur leur lieu de travail. Les décisions et les actions sont votées démocratiquement par la base. Cela donne une idée de la manière dont la richesse produite par la classe ouvrière pourrait être gérée dans une société socialiste démocratique. De plus, en aidant les petits commerçants, cette couche de la société se tournera probablement davantage vers la classe travailleuse et augmentera considérablement son soutien au mouvement de grève et sa volonté de se joindre à la lutte.
Quelles revendications pour gagner contre Macron et son monde ?
- Retour à la retraite à 60 ans
- Retraite minimale à 1400€ net
- Salaire minimum à 2000€ net
- Augmentation immédiate de tous les salaires de 10% et retour de l’échelle mobile des salaires.
- Nous avons besoin d’un plan d’investissement public massif : dans les secteurs du soin et du lien, pour la prévention des violences sexistes et envers les personnes LGBTQIA+ et pour davantage de refuges, dans l’éducation, les logements sociaux, les transports publics durables, ainsi que dans les mesures de protection du climat.
- Exproprier et saisir la richesse des milliardaires et réintroduire l’ISF (impôt sur la fortune).
- Nationalisation des secteurs de l’énergie et bancaire sous le contrôle et la gestion démocratique de la classe ouvrière.
- Il est prouvé que la 5ème République est une république qui ne fonctionne que pour les riches ; il faut construire une véritable assemblée constituante révolutionnaire démocratique basée sur des délégués élus des comités de lutte sur les lieux de travail, dans les quartiers, les universités et les écoles comme étape nécessaire vers un gouvernement ouvrier véritablement démocratique qui fonctionne en fonction des besoins de tous et toutes, et non des profits de quelques-uns.
- Nous avons besoin d’une économie publique et écologiquement planifiée avec un véritable contrôle démocratique par les travailleurs et travailleuses et de la société dans son ensemble pour créer des millions d’emplois bien payés et durables et construire une nouvelle économie verte.
- Vers une société socialiste démocratique basée sur les besoins de la classe travailleuse, des jeunes, des opprimé.e.s et de la planète.
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Triste anniversaire : un an depuis l’invasion de l’Ukraine
Six observations sur cette guerre écœurante et la nécessité d’y riposter
La guerre du Donbass approchait de son 8e anniversaire lorsque Poutine a lancé l’invasion de l’Ukraine par les troupes russes le 24 février 2022. Combats ainsi que pluies de drones et de missiles ont tué des dizaines de milliers tandis que le viol a une nouvelle fois été utilisé comme arme de guerre. Un an après, l’issue du conflit est toujours incertaine et rien n’indique qu’elle soit proche. Cette guerre a dramatiquement accéléré et approfondi les crises alimentaires, économiques et autres à l’échelle internationale. S’il n’est pas question d’une déflagration mondiale actuellement, nous n’en avons jamais été aussi proches depuis 1945. L’Europe baigne aujourd’hui dans une zone grise qui n’est pas encore la guerre, mais qui n’est plus la paix.
Par Nicolas Croes, article tiré du mensuel Lutte Socialiste
1. Poutine, un colosse aux pieds d’argile
L’année 2007 avait marqué un tournant, lorsque l’OTAN avait annoncé la candidature de l’Ukraine et de la Géorgie. A l’époque, la diminution relative de la puissance des États-Unis par rapport à la Russie et la Chine a donné à Moscou l’opportunité de réaffirmer ses intérêts en Eurasie, au nord du Moyen-Orient, dans l’Arctique, en Europe centrale et méridionale. La Russie est donc intervenue militairement en Géorgie en 2008 pour éviter qu’un État de plus ne bascule dans le camp occidental. Le soutien aux séparatistes du Donbass et l’annexion de la Crimée de 2014 relevaient de la même logique.
En 2015, l’impérialisme russe a pu lancer l’Union économique eurasiatique (premièrement avec le Kazakhstan et le Belarus) et poser de premiers pas vers l’intégration régionale sous sa direction plutôt que sous la direction des institutions occidentales. La même année, la première intervention militaire russe en dehors des frontières de l’ex-URSS depuis la guerre d’Afghanistan a eu lieu en soutien à Bachar Al Assad en Syrie.
Dans le contexte du conflit croissant entre les deux impérialismes dominants, les États-Unis et la Chine, le régime russe a constaté l’affaiblissement de l’Union européenne (Brexit, absence d’unité sur la politique extérieure, plus d’élargissement depuis 2013,…) et la retraite humiliante de l’impérialisme américain hors d’Afghanistan à l’été 2021. Le régime russe pouvait se targuer quant à lui d’avoir rencontré le succès avec son ingérence au Belarus (2020-21) et au Kazakhstan (début 2022) pour y soutenir les régimes en place confrontés à des soulèvements populaires.
Avec l’invasion de l’Ukraine, Poutine entendait saisir l’occasion de renforcer la position impérialiste russe avec un risque considéré comme calculé et tracer une ligne rouge contre la pénétration de l’OTAN et de l’Union européenne dans d’anciens pays du bloc de l’Est. Mais les troupes russes ont été confrontées à une résistance de l’armée ukrainienne et, plus largement, de la population bien plus résolue qu’initialement estimée. En Russie même, le mécontentement est croissant et si les premières mobilisations antiguerre ont été écrasées par la répression, l’opposition à la guerre a augmenté au fil du temps, singulièrement après la « mobilisation partielle » décrétée en septembre qui a poussé des centaines de milliers d’hommes à chercher à fuir le pays.
Aujourd’hui, Poutine subit la pression des faucons qui n’excluent pas l’utilisation d’armes nucléaires tactiques, tandis que le mécontentement populaire (également alimenté par la dégradation de la situation économique) peut éclater en manifestations de masse. Le régime est un animal blessé et particulièrement dangereux.
2. Une militarisation sous stéroïdes
Cette guerre marque une nouvelle ère, où la mondialisation rapide du capitalisme est remplacée par une montée du nationalisme et de la démondialisation. Après avoir été des alliés économiques de l’Occident, la Russie et, plus encore, la Chine sont devenues les principaux ennemis de l’impérialisme américain. Le conflit entre les grandes puissances impérialistes porte sur l’économie, la technologie, les matières premières et le pouvoir, et prend un caractère de plus en plus militaire. On assiste à une course aux armements militaires entre les alliances militaires américaines, dont l’OTAN, et la dictature capitaliste nationaliste chinoise.
En divers endroits, l’invasion russe et les craintes de la population sont instrumentalisées pour adopter des mesures jusque-là impensables. La Finlande et la Suède ont ainsi fait part de leur volonté d’intégrer l’alliance atlantique sans rencontrer de large opposition populaire contrairement à jadis. En Allemagne, le chancelier Scholz a annoncé un programme de 100 milliards d’euros pour réarmer l’armée allemande.
D’autre part, les revers du gendarme russe ouvrent un espace aux conflits interrégionaux. C’est ainsi qu’en septembre dernier, des combats ont à nouveau éclaté entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie, ainsi qu’entre le Kirghizstan et le Tadjikistan.
De l’autre côté du monde, nombreux étaient ceux qui espéraient que le conflit ukrainien allait calmer les tensions grandissantes entre la Chine et les États-Unis dans le Pacifique et la mer de Chine du Sud, notamment concernant Taïwan. Un conflit y semble encore plus insensé qu’en Ukraine. Pourtant, c’est l’escalade et l’éventualité d’un conflit armé n’est pas à balayer.
3. Les femmes, premières victimes de la guerre
L’une des images les plus atroces de cette guerre est une photographie de femmes nues à moitié brûlées sur une route à 20 kilomètres de Kiev. Le viol comme arme de guerre existe dans tous les conflits, de la Bosnie à la Guinée ou la République démocratique du Congo et il n’en va pas autrement ici. L’aide aux victimes est insuffisante, ce à quoi s’ajoute l’interdiction du droit à l’avortement en Pologne, en Hongrie et en Slovaquie, où se trouve un grand nombre de réfugiées ukrainiennes violées par des soldats russes. Avant la guerre déjà, l’Ukraine était l’un des cinq principaux pays européens à partir desquels des femmes étaient introduites clandestinement dans l’esclavage sexuel. Le crime organisé a profité du chaos pour renforcer cette traite des êtres humains.
4. Zelensky, un ami qui nous veut du bien ?
A la base, Zelensly est un néolibéral autoritaire qui défendait les oligarques ukrainiens estimant qu’une approche pro-occidentale défendait mieux leurs intérêts dans un pays où la corruption règne en maître. Élu avec 73 % des voix au printemps 2019, il lui restait 23 % de soutien en janvier 2022 en raison de sa politique antisociale. Il ne lui a pas fallu un mois après le début du conflit pour faire adopter au parlement la loi « sur l’organisation des relations de travail dans les conditions de guerre » élargissant les pouvoirs du patronat au détriment des droits des travailleurs, en portant par exemple la durée maximale de la semaine de travail à 60 heures et en facilitant le licenciement de représentants syndicaux. Derrière son image de héros de guerre se cachent répression, censure et néolibéralisme.
5. L’héroïsme de la population ukrainienne
Au début de la guerre, l’offensive russe a été surprise par la résistance ukrainienne. Le moral des troupes ukrainiennes est élevé, contrairement à celui des Russes. L’Ukraine disposait de la deuxième artillerie d’Europe – après la Russie – et de soldats qui avaient suivi un entraînement intensif depuis 2014, souvent sous la direction d’officiers venus de l’ouest. Mais il y a plus.
Des comités de défense locaux se sont développés dès le début de la guerre équipés d’armes de fortune. Un article du journal britannique The Guardian du 2 janvier dernier revenait sur la résistance de la ville de Sumy, où les habitants, désorientés et sous le choc, ont dû défendre la ville par leurs propres moyens pendant près de six semaines, malgré son encerclement. « Officiellement, cela s’appelait les forces de défense territoriale, mais en réalité, il s’agissait simplement de personnes qui avaient reçu des armes d’un entrepôt de l’armée et formaient des groupes réactifs », a expliqué l’un des survivants, « Il n’y avait aucune coordination ou instruction de Kiev ou quoi que ce soit de ce genre. Nous avons [tout] inventé nous-mêmes ».
6. Une issue au travers d’une approche d’indépendance de classe
C’est dans ces éléments de résistance populaire et dans la colère qui gronde en Russie que réside une véritable solution pour le conflit, non pas à la faveur de l’un ou l’autre impérialisme, mais à la faveur des masses. On nous résume les choses comme étant un combat « démocraties contre dictatures » alors qu’il s’agit avant tout d’une lutte de pouvoir mondiale née des contradictions et des crises croissantes du système capitaliste. D’autres terribles guerres suivront sans nous en prendre à cette racine.
En l’absence d’un mouvement ouvrier indépendant en Ukraine, la volonté de lutter contre l’invasion s’est traduite jusqu’à présent par un fort soutien au gouvernement de droite de Zelensky. Ce soutien s’affaiblira au fur et à mesure que les profiteurs de guerre de la classe dominante ukrainienne continueront d’instrumentaliser le choc de la guerre pour s’en prendre aux droits sociaux et profiter de la reconstruction et du marché noir.
De premiers pas pour reconstruire le mouvement des travailleurs en Ukraine peuvent être la distribution d’un journal ouvrier-soldat, l’élection libre de représentants des soldats pour superviser les conditions de vie dans les tranchées, l’élection démocratique des officiers, la formation de comités locaux de soldats et d’habitants locaux pour superviser les opérations militaires et la distribution de l’aide. Réunions, grèves et actions de désobéissance civile peuvent également servir à lancer des appels à la base des soldats russes, dont une bonne partie n’a aucune envie d’être impliquée dans ce bourbier.
L’inflation, la spéculation et la corruption peuvent être combattues par des comités de travailleurs et de quartier chargés de réguler les prix, d’expulser les spéculateurs et de superviser tous les contrats gouvernementaux pour éviter les pots-de-vin. Toutes les capacités de production et les ressources financières devraient être mobilisées pour défendre les communautés, les maisons et les lieux de travail aussi efficacement que possible et pour commencer la reconstruction dès que possible sur les mêmes principes. Les patrons qui refusent la reprise par la collectivité pour un tel plan national doivent être expropriés. Ces quelques points de programme partent de ce qui est nécessaire pour la population ukrainienne en pointant en direction d’un gouvernement des travailleurs. Un tel programme aurait un effet monumental non seulement sur les soldats et la population russe, mais à travers le globe. C’est dans cette direction que les efforts du mouvement antiguerre doivent être concentrés.
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Un demi-million de grévistes en Grande-Bretagne : comment poursuivre le combat?
Le mois de décembre 2022 a connu le plus grand nombre de jours ouvrables perdus pour cause de grève (1,5 million) depuis juillet 1989. Cet élan a conduit à l’action de grève coordonnée du mercredi 1er février, la plus grande journée d’action de grève coordonnée depuis 2011.
Par Tom Costello, Socialist Alternative (ASI en Angleterre, Écosse et Pays de Galles)
Le langage de la guerre des classes est à l’ordre du jour en Grande-Bretagne. Comme l’ont dit les infirmières en grève sur leurs piquets de grève : «Les patients ne meurent pas parce que nous sommes en grève. Nous sommes en grève parce que les patients meurent», ce qui a touché une corde sensible au sein de la majorité de la classe ouvrière. Les travailleurs savent que les grèves en cours concernent notre avenir : l’avenir de notre santé, de notre éducation et des services dont nous avons tous besoin.
Le 1er février, on estime que plus de 500.000 personnes ont débrayé, dont 300.000 travailleurs de l’éducation membres du syndicat National Education Union (NEU), 100.000 fonctionnaires du Public, Commercial Services Union (PCS) et 70.000 travailleurs de l’enseignement supérieur de l’University and Colleges Union (UCU). Il s’agit de la plus grande journée de grève coordonnée depuis 2011, lorsque 2 millions de personnes ont participé au conflit sur les retraites dans le secteur public.
N’oublions pas qu’il y a trois ans à peine, Boris Johnson et les Tories (le parti conservateur) semblaient avoir le vent en poupe. La corruption généralisée, les scandales et le chaos économique infligés par le capitalisme britannique ont maintenant plongé leur propre système dans la crise. Ce chaos peut être vu dans les expériences quotidiennes de millions de travailleurs. Les services ferroviaires, en particulier dans le nord de l’Angleterre, se sont complètement effondrés. Le nombre d’enseignants, d’infirmières, de pompiers et d’autres “travailleurs clés” s’est effondré. De tous les pays “avancés” du G7, la Grande-Bretagne connaît aujourd’hui l’inflation et la crise énergétique les plus graves.
Le premier ministre Sunak, qui représente les intérêts de ses collègues fraudeurs fiscaux au sein du gouvernement, a mené une vicieuse campagne antisyndicale visant à opposer les «manifestants extrémistes et les patrons des syndicats» aux «Britanniques qui travaillent dur et aux écoliers». Sa nouvelle proposition de loi sur le service minimum promet de porter très sérieusement atteinte au droit démocratique de faire grève dans des secteurs clés, en utilisant la répression de l’État pour faire reculer de plusieurs siècles les droits des travailleurs.
Malgré ses fanfaronnades, ce gouvernement n’est pas populaire. Il est en fait largement détesté. Sunak, en en prenant les rênes, a dû dire à son parti de «s’unir ou mourir». Et l’unité qui existe maintenant n’existe réellement que du papier. Les Tories restent divisés et le parti est en phase terminale.
La grève générale
Le 1er février représente une étape importante sur la voie de l’intensification de la lutte de la classe ouvrière. L’événement aurait toutefois pu être plus important. Au vu de la profonde colère et de la détermination à se battre qui existe, il serait parfaitement possible de dégager les conservateurs du pouvoir avec de nouvelles actions de grève coordonnées à la suite d’une période de préparation qui permet aux différents syndicats de synchroniser et intensifier leurs actions. L’entrée des pompiers et potentiellement des médecins juniors (employés du service national de soins de santé qui existe au Royaume Uni, NdT) dans la vague de grève illustre à quel point il est possible d’élargir et d’approfondir le mouvement.
Socialist Alternative (parti frère du PSL/LSP en Angleterre, Pays de Galle et Ecosse) défend comme prochaine étape immédiate de la lutte devrait être une journée massive d’action de grève coordonnée le jour consacré au budget du gouvernement : le 15 mars. Cela doit faire partie d’une stratégie d’intensification et d’escalade de l’action vers une grève générale. Une telle action porterait un coup dur au gouvernement de Sunak, déjà en crise, et, si elle s’inscrit dans un plan d’action soutenu, elle pourrait le forcer à quitter le pouvoir. Ce qu’il faut, c’est une stratégie élaborée et démocratique pour intensifier les conflits et élargir l’action. Mais qui va organiser cela ?
Il est clair que nous ne pouvons pas compter sur le leader du Parti travailliste, Kier Starmer, pour soutenir ne serait-ce qu’un peu les travailleurs en lutte. Alors que les syndicats ont défendu les salaires et les conditions de travail de leurs membres, Starmer s’est assis au Forum économique mondial de Davos pour côtoyer les milliardaires du monde entier. Nous savons de quel côté il se trouve dans la lutte des classes.
Le Trades Union Congress, qui représente des syndicats comptant environ 6 millions de membres, aurait une autorité et un poids énormes s’il menait une campagne en vue d’une grève générale. Mais une telle approche a malheureusement fait défaut. Le nouveau secrétaire général du TUC, Paul Nowak, par exemple, tout en critiquant le projet de loi sur les services minimums, a limité ses appels à laisser le combat aux tribunaux. Les tribunaux ne sont pas de notre côté. Ce sont ces mêmes tribunaux qui ont statué il y a quelques semaines à peine contre le droit du peuple écossais à organiser un second référendum sur l’indépendance. Ils ont à maintes reprises pris le parti des employeurs contre nos syndicats lorsqu’il s’agit de conflits. Cette bataille ne sera gagnée que par des actions de masse, en faisant grève autour de revendications claires et en se préparant à défier des lois injustes et antidémocratiques si nécessaire.
Des millions de personnes ont été inspirées par l’action historique des travailleurs de la santé, des infirmières et des ambulanciers. Bientôt, les médecins juniors entreront dans la mêlée après des décennies de privatisation du NHS (le service national de soins de santé). Ces travailleurs font partie de l’épine dorsale de cette lutte, dont l’action aurait été encore renforcée si leurs syndicats avaient rejoint la date de grève coordonnée du 1er février, plutôt que de mener des actions plus tard dans la même semaine.
Malheureusement, les dirigeants du Royal College of Nursing (RCN) ont pour l’instant rejeté toute idée de coordination en dehors du secteur de la santé. Jusqu’à présent, cette attitude semble avoir été motivée par la volonté de maintenir les grèves «apolitiques» et d’éviter de perdre du soutien en associant les travailleurs de la santé à des grèves «moins populaires». Mais il n’est pas vrai que les travailleurs de la santé sont les seuls à bénéficier d’un soutien important de la part du public. Un récent sondage auprès des parents a révélé que 62 % d’entre eux soutenaient l’action des enseignants. La grève des chemins de fer, malgré un barrage incessant de propagande médiatique sur les «riches conducteurs de train aux salaires mirobolants», bénéficie toujours d’un soutien nettement supérieur à l’opposition. Cela montre simplement qu’en réalité, à mesure que la vague de grève s’intensifie et s’étend, les travailleurs voient à quoi servent les syndicats. Cela encourage davantage de personnes à vouloir se battre en tant que membres de notre classe.
Une stratégie de lutte s’impose
Beaucoup d’entre nous savent déjà que le 1er février ne doit être qu’un début si les travailleurs désirent l’emporter. Mais pour s’assurer que cela soit pleinement pris en compte dans la prochaine phase de la lutte, nous devrons nous battre pour maximiser l’implication des travailleurs eux-mêmes dans la prise de décision démocratique concernant la manière de faire grève. Cela pourrait signifier la mise en place de comités de grève intersyndicaux et de réunions régulières sur les lieux de travail, impliquant la couche la plus large possible de collègues.
Des conférences régulières de représentants sur le lieu de travail pourraient être organisées à travers les syndicats au niveau régional et national : il s’agirait en fait de conférences de résistance, où nous pourrions discuter des prochaines étapes de l’action, mais aussi exercer une pression maximale sur les dirigeants qui ne veulent pas se battre et, si nécessaire, les remplacer par ceux qui le veulent.
Là où la société soutient clairement les grèves, des groupes communautaires pourraient être mis en place pour les diriger et transformer le soutien passif en soutien actif, en mobilisant les parents et les étudiants pour des visites de solidarité sur les piquets de grève par exemple. Le soutien massif apporté au syndicat des travailleurs du rail et de la marine (RMT), constaté lors de nombreuses manifestations radicales autour de la Pride à l’été dernier, démontre qu’il est également possible de lancer des initiatives de solidarité LGBTQ+ avec les travailleurs en grève.
La campagne «Enough is Enough» (EIE), lancée en août 2022, pourrait encore jouer un rôle crucial pour rassembler tout cela. Hormis quelques manifestations locales dynamiques (dont beaucoup ont bénéficié de l’implication active de Socialist Alternative), EIE a été globalement sous-utilisée. Toutefois, le fait que la pétition en ligne récemment lancée pour défendre le droit de grève ait recueilli jusqu’à présent plus de 164.000 signatures montre que de nombreux travailleurs ont toujours les yeux tournés vers cette campagne. C’est pourquoi les membres de Socialist Alternative ont contribué au lancement d’une pétition nationale appelant EIE à jouer un rôle dans la mobilisation de ses centaines de milliers de partisans dans l’action à l’approche du 1er février.
Une grève massive le 15 mars pourrait marquer le début d’une démonstration encore plus grande de l’immense force que les travailleurs, lorsqu’ils sont organisés, peuvent exercer pour changer la société. Pour Socialist Alternative, ce véritable changement ne peut avoir lieu qu’en rompant avec le système parasitaire et à but lucratif du capitalisme. Nous nous battons pour la nationalisation du rail, du courrier, de l’énergie et des entreprises géantes qui dominent notre économie, sous le contrôle démocratique de la classe ouvrière. Si c’est l’avenir pour lequel vous voulez vous battre, contactez-nous et impliquez-vous dès aujourd’hui !