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  • [DOSSIER] L’ascension et la chute de Syriza

    Photo: Wikipedia

    Le 5 juillet 2015, un référendum historique eut lieu en Grèce contre le mémorandum d’austérité de la troïka (Commission européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international), avec une majorité écrasante de 61,5% en faveur du « non » (OXI). Plus de deux ans plus tard – comme le rapporte ici ANDROS PAYIATOS, membre de Xekinima (section grecque du Comité pour une Internationale Ouvrière) – dirigée par un gouvernement Syriza, la société grecque est confrontée à la poursuite des mêmes politiques qui furent appliquées précédemment par les partis traditionnels de la classe dirigeante, le parti social-démocrate Pasok et le parti conservateur Nouvelle démocratie (ND). Que s’est-il passé ?

    Les attaques contre le niveau de vie et les droits du peuple grec se renforcent sous le gouvernement Syriza. Celui-ci essaie de cacher cela en parlant de « négociations difficiles » et de « faire tout son possible » contre les « Institutions », le nouveau nom de la troïka qu’est la Commission européenne, la Banque centrale européenne (BCE) et le Fonds monétaire international (FMI) ). Mais ce n’est que de la poudre aux yeux. Le dernier accord du 15 juin a libéré 8,5 milliards d’euros pour la Grèce (dont 8,2 milliards € seront utilisés immédiatement pour rembourser les prêts). Rien n’a été ajouté aux propositions des institutions faites lors de la réunion de l’Eurogroupe le 22 mai.

    Le Premier ministre de Syriza, Alexis Tsipras, n’utilisa ce moment que pour faire beaucoup de bruit, en interne, en proclamant qu’il n’y aurait pas de franchissement de ce qu’il appelle (très souvent) des “lignes rouges”. Le résultat est toujours le même : les institutions indiquent qu’elles ne reculeront pas ; menaçant que si le gouvernement grec ne calme pas ses ardeurs, il sera expulsé de la zone euro ; Les lignes rouges de Syriza s’amenuisent.

    Le dernier accord impose des fardeaux supplémentaires d’environ 5 milliards d’euros aux masses entre 2019 et 2022. De manière plus générale, de l’année prochaine jusqu’à la fin de 2022, la Grèce versera des intérêts de la dette à hauteur de 3,5% du PIB – avec l’engagement du gouvernement de dégager un « surplus primaire » annuel de 3,5% des recettes fiscales par rapport aux dépenses avant intérêts. Les prêts seront remboursés par de nouveaux prêts. À partir de 2022, les intérêts payés annuellement (excédents primaires) représenteront en moyenne de 2% du PIB. Et ce jusqu’en 2060. C’est le scénario le plus « optimiste ». Sur cette base, la dette souveraine représentera environ 60% du PIB en 2060. Cependant, toutes les institutions ne sont pas d’accord : le FMI affirme que ces excédents primaires sont irréalisables et que la dette sera incontrôlable.

    Jusqu’à ce que les créanciers soient payés, toute politique de tout gouvernement grec doit être approuvée par les institutions. Le gouvernement soi-disant de « gauche » de Syriza adhère à cette clause et impose une nouvelle vague d’austérité.

    Il a encore augmenté l’impôt sur le revenu pour toutes les couches de la population, même celles qui gagnent environ 400 € par mois – le seuil était d’environ 700 € sous le précédent gouvernement ND. Il a augmenté la fiscalité indirecte (de 20%) sur tout, y compris les produits les plus élémentaires comme le café grec et les traditionnels souvlakis. En moyenne, il a réduit les pensions de 9% supplémentaires. Il applique des mesures que la ND et le Pasok avaient ??jugées impossibles à réaliser, avec le plus grand programme de privatisation jamais réalisé. Le marché du travail reste une jungle où l’immense majorité des travailleurs du secteur privé travaillent des mois sans être payés et où l’exploitation atteint des conditions indescriptibles.

    Par conséquence, les sentiments qui dominent parmi les travailleurs sont une colère de masse et, en même temps, une démoralisation massive. L’idée que les politiciens sont des escrocs et des menteurs domine. Dans le passé, les partis traditionnels, ND et Pasok, qui ont gouverné le pays depuis 1981, étaient principalement visés. Aujourd’hui, cela s’applique également à Syriza. Il est passé d’un petit parti avec environ 3% de soutien électoral à une force de masse en remportant plus de 36% en janvier et septembre 2015. Cette croissance spectaculaire fut le résultat des énormes convulsions qui ont parcouru la société grecque qui, face aux attaques de Pasok et ND, s’est tournée vers le petit parti de gauche et l’a transformé en une force de masse, pour le voir ensuite se retourner contre les masses et continuer la même politique.

    Les raisons historiques

    L’effondrement de l’Union soviétique en 1991 créa une situation objective entièrement nouvelle à l’échelle mondiale. Entre autres choses, un énorme vide à gauche se développa après l’effondrement des partis « communistes » staliniens et l’embourgeoisement des partis sociaux-démocrates qui embrassèrent pleinement les idées du « libre marché ». Le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) et ses sections nationales avaient prédit que cela donnerait lieu à des tentatives de créer de nouvelles formations de gauche, de nouveaux partis de travailleurs, afin de fournir une représentation politique à la classe des travailleurs et de jouer un rôle dans le développement de ses luttes.

    Le Parti communiste grec (KKE) connut des divisions majeures, sa section des Jeunesses communistes (KNE) quitta en masse. Une autre nouvelle formation était Synaspismos (SYN – signifiant « alliance » ou « collaboration »), créée par les petites forces de l’ancien parti eurocommuniste de Grèce s’unissant à une section du Parti communiste. Avec le Pasok se déplaçant rapidement vers la droite, la gauche fut confrontée à une contraction massive de ses forces. Le KKE descendait à 4 à 5% aux élections, mais conservait encore des racines au sein de la classe des travailleurs, en particulier chez les cols bleus du secteur privé. SYN luttait d’élection en l’élection pour obtenir le minimum de 3% des votes pour entrer au Parlement – pas toujours avec succès.

    Les choses commencèrent à changer vers la fin des années 1990. SYN était la seule formation de gauche semi-massive qui n’était pas sectaire et était capable d’intervenir dans les mouvements altermondialistes et anti-guerre au tournant de ce siècle. Ouvert à la collaboration et aux alliances, il commença à attirer un certain nombre d’autres forces plus petites. Ensemble, ils créèrent un espace de dialogue et d’action unie qui se développa pour former Syriza en 2004. Xekinima, la section grecque du (CIO), prit part à la procédure spatiale, mais refusa de rejoindre Syriza en 2004 car cette plateforme avait été formée à la hâte pour des raisons électorales et avec un programme réformiste de droite qui n’était en aucun cas radical.

    Syriza s’en est très mal sorti aux élections de 2004 et la direction de la droite de SYN décida de tuer le projet. Toutefois, il réapparût en 2007, toujours pour se présenter aux élections. La différence était qu’il y avait eu un changement de direction, avec Alekos Alavanos à la tête du parti qui lançait un processus de gauche. Syriza progressa, obtenant 5% aux élections. Ce fut le début de changements majeurs car la crise mondiale frappait la Grèce en 2009 et creusait le fossé à gauche. Le Pasok fut élu à l’automne 2009 avec une grande majorité, mais il devint l’année suivante l’agent de la troïka et mit en place le premier mémorandum. En juin 2012, la ND remporta les élections et commença à mettre en œuvre le deuxième mémorandum.

    Les attaques massives de ces partis traditionnels, combinées aux énormes luttes sociales qui balayèrent la Grèce, en particulier à partir de 2010-12, jetèrent les bases de la montée de Syriza pour combler l’énorme vide qui avait été créé. À partir du printemps 2010, les confédérations syndicales (GSEE dans le secteur privé et les services publics, et ADEDY dans les services publics) commencèrent à déclencher des grèves générales. Au total, environ 40 grèves générales furent lancées entre 2010 et la victoire de Syriza en 2015.

    Celles-ci étaient couplées avec des occupations et des grèves sectorielles quelques mois durant. À l’automne 2011, il restait peu de bâtiments d’administration qui n’était pas couverts de bannières disant « sous occupation ». En parallèle, de nombreux autres mouvements sociaux et locaux extrêmement importants prirent place, comme la lutte de la population de Keratea contre un site d’enfouissement des déchets ou contre les mines d’or de Skouries à Chalkidiki dans le nord de la Grèce, le mouvement de désobéissance civile contre les péages routier durant l’hiver 2010 et le mouvement Occupy de 2011.

    Bien que des signes de fatigue se soient manifesté au milieu de l’année 2012 après de sérieuses défaites, des luttes d’importance historique subsistent, comme les travailleurs de l’ERT (Télévision publique d’état) en 2013 et les travailleurs de VIOME qui continuaient de garder leur usine en marche : ERT et VIOME fournirent tous deux d’excellents exemples de la façon dont les travailleurs pouvaient gérer la production de manière démocratique sans avoir besoin d’un patron ou de directeurs nommés.

    Pourquoi Syriza?

    À cette époque, seule la gauche pouvait offrir un moyen de sortir de la crise – même si les mêmes conditions favorisèrent la montée de l’extrême droite, qui se développa sous la forme de l’Aube dorée néo-nazie. Mais pourquoi est-ce Syriza qui s’éleva et pas un autre parti ? Avant le début de la crise et dans sa période initiale, le parti de gauche qui suscitait le plus grand intérêt était le KKE. Le front de gauche anticapitaliste, Antarsya, stagnait autour des 1% dans les sondages. Syriza montrait des signes de soutien important, mais avec de grandes fluctuations, alors que le KKE était plus stable, passant de son traditionnel 7-8% à 10-12%.

    L’une des principales différences (pas la seule, bien sûr) entre les trois formations, résidait dans le fait que le KKE et Antarsya étaient sectaires. Ils rejetaient, au nom de « l’authenticité révolutionnaire », l’idée d’un front uni de toute la gauche et des forces du mouvement de masse alors que Syriza était très favorable à l’idée d’une action commune. Le KKE suivit un chemin extrêmement sectaire de de rejet de collaboration avec qui que ce soit – jusqu’à refuser de participer aux mêmes manifestations !

    La percée de Syriza survint lors des élections de 2012, en mai et en juin. En mai, Syriza gagna environ 17% des voix et le KKE 8,5%. Mais en juin, Syriza atteignit 27%, juste derrière la ND et ses 29,7%, alors que le KKE était tombé à 4,5%. Ce qui est important, c’est la façon dont la force relative des partis évoluait avant et au cours des élections. À partir de décembre 2011, les sondages donnaient des pourcentages similaires à Syriza et au KKE – environ 12%. Dans les premières étapes de la campagne électorale – en fait, jusqu’à trois semaines avant le vote du 6 mai 2012 – les deux partis flirtaient chacun avec les 12%.

    Puis, Tsipras lança un appel ouvert au KKE pour un gouvernement commun de gauche. Auparavant, il refusait de lancer ce slogan malgré la pression des sections de la gauche. Sections qui comprenaient Xekinima, qui collaborait étroitement avec Syriza, dont une partie de nos membres faisaient également partie, faisant campagne pour un gouvernement des partis de gauche sur base d’un programme socialiste. L’impact de l’appel était clair. La direction stalinienne du KKE rejeta immédiatement tout type de gouvernement de gauche commun avec Syriza par principe ! Ils déclarèrent même que si Syriza était en mesure de former un gouvernement minoritaire, le KKE ne lui donnerait pas un vote de confiance au Parlement. En d’autres termes, ils le feraient tomber.

    Ce débat à l’intérieur de la gauche fit automatiquement pencher la balance. Syriza gagna et le KKE perdit. Le vote total de gauche en mai 2012 (17% + 8%) était semblable à celui enregistré dans les sondages dans les semaines et les mois précédents (12% + 12%) – sauf que Syriza passa en tête. Cela montre l’importance de l’approche du front uni pour les larges masses, ce qui, malheureusement, est bien au-delà de ce que pouvait concevoir la direction du KKE et de la plupart des organisations de la gauche grecque. Il n’y a pas de chiffres officiels mais, d’après les informations fournies par des membres du KKE, environ un tiers des membres quittèrent délibérément ou furent rejetés parce qu’ils s’opposaient au refus de KKE de répondre positivement à l’appel de Syriza.

    La capitulation était-elle inévitable ?

    La capitulation de Syriza à la troïka n’était pas inévitable. C’était le résultat du manque de compréhension par la direction des processus réels de la perception naïve, sinon criminelle, qu’ils « changeraient la Grèce et l’ensemble de l’Europe », comme Tsipras s’en vantait. C’était le manque de compréhension de la nature de classe de l’Union Européenne et un manque total de confiance dans la classe des travailleurs et sa capacité à changer la société. Lorsque Tsipras se retrouva face à ce que signifiait vraiment de se heurter à la classe dirigeante, il tomba dans le désespoir et capitula, faute d’un manque complet de préparation.

    Toute l’approche était emprunte d’amateurisme. Immédiatement après la victoire électorale de Syriza en janvier 2015, des centaines de millions d’euros commencèrent à s’échapper quotidiennement du pays. Tsipras et son ministre de l’économie, Yanis Varoufakis, n’avaient pas pris les mesures de bases : imposer des contrôles pour arrêter les sorties de capitaux. Ils avaient eu l’exemple à Chypre, en 2013 – où la troïka elle-même avait appliqué un contrôle des capitaux – pourtant, ils n’osèrent pas agir.

    Ensuite, ils firent quelque chose d’encore plus scandaleux. Ils continuèrent à rembourser la dette bien que la troïka ait cessé de fournir de nouveau financement de la dette ! Ils drainèrent l’économie, confisquant chaque euro des mains d’institutions publiques tels que les universités, les hôpitaux et les gouvernements locaux – pour montrer à l’UE qu’ils étaient de « bons garçons ». Ensuite, la BCE intervint pour geler les liquidités des banques et donc les forcer à fermer. L’économie était à genoux.

    Tsipras eut un choix à faire : abandonner et accepter tous les termes des vainqueurs vindicatifs, ou changer de cap et passer à l’offensive. Les masses grecques lui envoyèrent le message lors du référendum historique de juillet 2015 : ripostez et nous serons de votre côté. Mais Tsipras avait déjà décidé. Il céderait à la troïka. Il avait effectivement appelé le référendum dans le but de le perdre. Le résultat le choqua profondément ; Il ne s’attendait pas à une si écrasante victoire. Varoufakis le confirma lors d’une interview récente, disant qu’il avait déclaré à Tsipras “de ne pas faire sortir le peuple” s’il avait déjà décidé de concéder face aux exigences de la troïka.

    Une alternative existe, développée en détail par des organisations de gauche comme Xekinima: imposer un contrôle des capitaux; refuser de payer la dette; nationaliser les banques; passer rapidement vers une monnaie nationale (drachme); utiliser les liquidités fournies par cette monnaie pour financer des travaux publics majeurs, afin d’arrêter la contraction continue de l’économie et de la remettre sur le chemin de la croissance; annuler les dettes des petites entreprises écrasées par la crise et accorder des prêts sous des conditions favorables afin qu’elles puissent se remettre en activité et relancer rapidement l’économie.

    Nationaliser les secteurs clés de l’économie ; planifier l’économie, y compris par un monopole d’État sur le commerce extérieur, dans le but d’acquérir une croissance soutenue qui ne sert pas les bénéfices d’une poignée de propriétaires de navires, d’industriels et de banquiers, mais qui est au service des 99%. Créer des comités spécifiques de planification dans tous les secteurs de l’industrie et de l’exploitation minière, et accorder une attention particulière à l’agriculture et au tourisme qui sont essentiels à l’économie et ont un énorme potentiel. Etablir une économie démocratique, par le contrôle et la gestion par les travailleurs dans tous les domaines et à tous les niveaux. Lancer un appel au soutien et à la solidarité des travailleurs du reste de l’Europe, en les appelant à lancer une lutte commune contre l’Union européenne des patrons et des multinationales. Pour une union volontaire, démocratique et socialiste des peuples d’Europe. En bref, une offensive anticapitaliste et anti-Union Européenne sur base d’un programme socialiste et d’une solidarité de classe internationale aurait dû être la réponse au chantage de la troïka.

    C’était complètement au-delà de ce que pouvait imaginer Tsipras et Co, y compris Varoufakis. Même s’il faut lui reconnaître de ne pas s’être incliné devant les maîtres de l’UE, il n’en demeure pas moins que les politiques économiques appliquées entre janvier et juillet 2015 furent catastrophiques et Varoufakis en est directement responsable. Il nourrissait, et nourrit malheureusement toujours, des illusions sur le fait qu’il pouvait convaincre l’UE de changer ses politiques et se réformer.

    Qu’en est-il du reste de la gauche ?

    La capitulation de la direction de Syriza est un aspect des problèmes rencontrés par les masses des travailleurs grecs. L’autre, dans un certain sens plus important, est l’incapacité des forces de gauche à profiter de la capitulation de Syriza pour fournir une alternative. C’est particulièrement le cas pour les deux principales formations de gauche, le KKE et Antarsya, parlent toutes les deux au nom de l’anticapitalisme et de la révolution socialiste. La plupart de la gauche grecque souffre d’un certain nombre de « péchés éternels » en raison de l’influence massive du stalinisme sur son histoire et son développement. Avec des conséquences tragiques car le KKE et Antarsya ont des forces suffisantes, une masse critique, pour servir de catalyseurs de changements majeurs et de retournement de situation.

    Premièrement, il y a peu de compréhension du programme de transition, de la nécessité d’avoir un lien, un pont, entre les luttes d’aujourd’hui et la transformation socialiste de demain afin que les deux tâches s’entremêlent en un ensemble dialectique. En conséquence, le KKE parle de la nécessité du socialisme, mais ne le présente que comme un but à atteindre dans un avenir lointain qui se produira d’une manière ou d’une autre si et quand le KKE obtient une force suffisante. Le KKE refuse donc de soutenir des revendications telles que la nationalisation ou même la sortie de l’UE, avec pour argument que cela est « dénué de sens sous le capitalisme ».

    Antarsya, ce n’est pas la même chose, il règne cependant toujours une grande confusion dans ses rangs. Certaines sections soutiennent un « programme de transition » mais l’interprètent comme un programme minimum, en le séparant de la question de la prise du pouvoir par les travailleurs et de la transformation socialiste. Antarsya est connue pour sa caractéristique générale de faire de « grands appels à la révolution » sans propositions concrètes sur la façon d’y parvenir.

    Deuxièmement, il n’y a pas de compréhension de la tactique de front uni, expliquée et appliquée par les bolcheviks sous Lénine et par Léon Trotsky dans les années 1930, qu’il résumait comme la possibilité de « marcher séparément mais de frapper ensemble » dans l’action. Le KKE et Antarsya n’ont jamais eu une approche de front uni vers les masses de Syriza. Bien qu’ils aient compris qu’à un certain stade, Tsipras et Co capituleraient aux exigences des capitalistes, ils croyaient que, comme par magie, les masses déçues se tourneraient tout simplement vers eux. Néanmoins, les masses autour de Syriza, ne se joignirent pas à des forces qui les traitèrent avec mépris dans la période précédente. Ils rentrèrent juste chez eux.

    Troisièmement, c’est l’ultimatisme. Aujourd’hui, le KKE agit comme une copie de l’internationale communiste durant la « troisième période » stalinienne. Il accuse ses adversaires d’être des agents de la classe dirigeante et même des collaborateurs du l’Aube dorée néo-nazie. Récemment, à Kefalonia (une île de la mer Ionienne), le KKE distribua un tract contre Xekinima après que nos sympathisants aient remporté des élections pour le syndicat local des professionnels et petits commerçants. Ils affirmèrent que « l’extrême gauche » (Xekinima) collaborait avec les grandes entreprises, le Pasok, la ND, Syriza et Aube Dorée (tous ensemble !) pour vaincre la faction syndicale soutenue par le KKE. Il ne nous reste que nos yeux pour pleurer.

    Enfin, il y a un refus de faire face à la réalité. Après le référendum de juillet 2015 et les élections de septembre, que Tsipras présenta hâtivement aux masses afin de leur faire réaliser ce que signifiait sa capitulation, Xekinima déclara ouvertement que ces événements représentaient une défaite majeure. Nous avons expliqué que cela allait sûrement avoir un impact sérieux sur les mouvements et la gauche en général, bien que cela aiderait une minorité de militants à arriver à des conclusions révolutionnaires.

    La majorité de la gauche, cependant, refusait d’accepter cela. Ils appelèrent à un mouvement de masse pour faire tomber le gouvernement, ce qui ne pouvait tout simplement pas se produire. Ensuite, dans une réponse particulièrement caractéristique du KKE, si les masses ne vinrent pas se battre « c’est parce qu’elles ne comprennent pas ». En d’autres termes, c’est la faute des masses. Une deuxième réponse consistait à amplifier les dimensions d’un mouvement, à rapporter des chiffres erronés sur le nombre de participants aux manifestations, etc. Inutile de dire que ces approches ne pouvaient que conduire la gauche dans une impasse.

    Si ces failles majeures expliquent pourquoi les masses refusèrent de se tourner vers le KKE et Antarsya après la capitulation de Tsipras, qu’en est-il de la gauche interne à Syriza ? La principale opposition, la plateforme de gauche, avait le soutien d’environ un tiers du parti. Elle se scinda en août 2015 et créa l’Unité Populaire (PU) pour se présenter aux élections anticipées de septembre. Au début, les sondages lui donnèrent environ 10% – un soutien de masse significatif – mais ces chiffres retombèrent progressivement jusqu’à moins de 3%. Aujourd’hui, ils tournent autour de 1 à 1,5% dans la plupart des sondages.

    La direction de l’Unité Populaire commit un certain nombre d’erreurs cruciales. Tout d’abord, leur campagne se concentrait sur le passage à une monnaie nationale – son « programme » était non seulement trop limité mais également incohérent. Il défendait l’idée de quitter la zone euro et de refuser de payer la dette, tout en restant dans l’UE ! Sans à supprimer parler du fait qu’on était loin d’un programme radical, anticapitaliste et socialiste, il représentait surtout une combinaison impossible de revendications.

    Le deuxième facteur majeur fut l’arrogance de la direction et son approche bureaucratique top-down. Des milliers d’activistes de gauche, principalement non alignés, s’approchaient de l’Unité Populaire au moment de sa formation, dans l’espoir qu’elle pourrait offrir une issue. Mais ils furent déçus et s’en détournèrent. Ils l’avaient déjà auparavant et n’avaient déjà pas aimé : une direction établie (locale et nationale) qui n’acceptait aucune remise en question ; un programme préétabli qui ne devait pas être discuté ; et une campagne pour élire des députés désignés et pas élus par la base ! Peu avant le jour de l’élection, les responsables de l’Unité Populaire réalisèrent que les choses ne se passaient pas bien et ils tentèrent un virage démocratique de dernière minute, mais il était trop tard.

    Perspectives et tâches

    Vers la fin des années 1990, il était possible de voir d’où viendrait l’initiative pour la création d’une nouvelle formation de gauche en Grèce (laquelle devint Syriza). Aujourd’hui, ce n’est pas le cas. La phase de défaite que traverse la classe des travailleurs grecs est sérieuse. Cependant, elle n’est pas du tout comparable à la défaite de la guerre civile de 1945-1949 ou à la victoire de la junte militaire de 1967 à 1974. La classe des travailleurs avec ses traditions militantes et d’abnégation seront de retour sur le devant de la scène, il n’y a aucun doute là-dessus. Bien sûr, le calendrier, l’ampleur et les caractéristiques précises de ce retour ne peuvent être prédits à l’avance. Ce processus se déroulera parallèlement à la tentative de construire de nouvelles formations qui pourront représenter politiquement le mouvement des masses et assurer la direction de ses luttes.

    Les activistes de la classe des travailleurs sont confrontés à une double tâche. D’une part, tirer la conclusion politique principale qui découle de la capitulation de Syriza : qu’il n’y a pas de solution dans le cadre du système capitaliste, qu’un programme socialiste révolutionnaire est le seul moyen de sortir de la crise. D’autre part, qu’il faut réunir, dans un large fleuve d’actions, de lutte et de résistance communes, tous les différents courants des mouvements grecs avec l’objectif supplémentaire de galvaniser ceux-ci au sein d’une nouvelle formation élargie avec des caractéristiques de front unique. Un large front uni est nécessaire pour rendre les luttes plus efficaces, tout comme un noyau de révolutionnaires est nécessaire pour lutter pour un programme socialiste au sein de la classe des travailleurs, des mouvements sociaux et de la société.

    Objectivement, il y a un terreau fertile à ces idées. Le problème est subjectif et est lié aux déficiences des forces principales de la gauche. Par conséquent, nous pouvons seulement nous battre pour ces idées et prendre des initiatives lorsqu’il est possible de montrer la voie à suivre. Xekinima fait campagne dans le mouvement de masse et la société pour ces propositions et, prend, en même temps, des initiatives qui nous indiquent le chemin à suivre. Des initiatives telles que des alliances locales de gauche, des « centres sociaux » locaux avec d’autres militants de gauche, des campagnes communes avec d’autres groupes, en particulier sur des questions qui touchent la classe des travailleurs, etc.

    Il y a une retraite dans le mouvement de masse et il y a de la démoralisation. Il y a très peu de luttes majeures, « centrales », mais beaucoup de petites et d’importantes. Parallèlement, de nombreux activistes ont soif d’idées. La phase d’accalmie actuelle prendra fin, tôt ou tard, et de nouveaux soulèvements sont à prévoir. Les forces du socialisme révolutionnaire s’appuient sur cette perspective.

  • Révolte des masses contre l’oppression nationale et sociale en Catalogne

    Photo : Mario

    Ces derniers temps, nous avons vu des mobilisations massives se développer en Catalogne pour le droit de décider, ainsi qu’en défense du référendum sur l’indépendance et de la République catalane, suivies par une contre-offensive autoritaire et répressive de la part du gouvernement espagnol. Ces événements ont pris d’énormes proportions, à une vitesse extraordinaire, tandis que ses répercussions atteignaient toute l’Union européenne. Dans ce dossier, notre camarade Marisa revient quelques années en arrière afin de correctement contextualiser la crise sociale et politique autour de la question nationale qui traverse la Catalogne, pour mettre en lumière les éléments sous-jacents qui l’ont stimulée.

    Le lien entre la question sociale et la question nationale

    2010. La crise économique touche déjà de plein fouet les travailleurs et les jeunes en Catalogne et dans tout l’Etat espagnol. C’est aussi l’année où CiU (Convergence et Union, dont une aile deviendra par la suite le PDeCAT, Parti démocrate européen catalan, le parti indépendantiste libéral de Carles Puigdemont) gouverne à nouveau la Généralité de Catalogne, comme il l’avait fait de 1980 à 2003. Ce gouvernement dirigé par Artur Mas applique une politique semblable à celle du Parti Populaire (PP, conservateur) dans le reste de l’Etat : les budgets sociaux sont réduits de 17% entre 2010 et 2015, celui de l’enseignement diminue de 15%, celui des soins de santé de 14%. Le fond pour les logements est carrément amputé de 60%.

    En Catalogne, la mobilisation contre l’austérité devient l’une des plus fortes de tout l’Etat espagnol. Lors de la grève générale de 2012, toute l’industrie et tous les transports sont paralysés. Toute une série de plateformes voient le jour en défense des services publics. C’est d’ailleurs en Catalogne que naît la PAH (la Plateforme des victimes du crédit hypothécaire, qui milite contre les expulsions des logements), dont était porte-parole l’actuelle maire de Barcelone, Ada Colau. En juin 2011, dans le cadre du mouvement des Indignés, le parlement catalan a été encerclé pour empêcher la tenue du vote d’un nouveau budget d’austérité. Artur Mas a alors dû être déposé à la Chambre en hélicoptère.

    L’austérité est aussi brutalement appliquée par le gouvernement central du PP. Dire que le PP est une usine à fabriquer des indépendantistes est devenu une sorte de dicton populaire. Il faut comprendre que parallèlement à sa politique d’austérité sauvage, le PP était à la manœuvre d’une offensive contre les droits démocratiques des nationalités historiques, dont le Pays Basque, la Galice et plus particulièrement la Catalogne. Les provocations sont permanentes au travers des médias, de l’armée, de la police et du système judiciaire. Loin d’être un élément anecdotique, l’accumulation de ces provocations est un ingrédient déterminant de l’atmosphère politique en Catalogne.

    Afin de consolider sa base électorale, le PP s’en est particulièrement pris à la question linguistique, en créant par là-même plus de divisions et de tensions. Sa réforme de l’enseignement avait notamment dans ses principaux objectifs ‘‘d’espagnoliser les élèves catalans’’. En 2013, le gouvernement PP des Îles Baléares (une des régions autonomes de l’Etat espagnol où est parlé le catalan), en plus de supprimer des heures de cours données en catalan, tente d’utiliser l’anti-catalanisme contre la grève illimitée des enseignants de l’enseignement public. Toujours aux Îles Baléares, les autorités ont approuvé une loi permettant de réprimer les bâtiments publics arborant des drapeaux catalans avec des amendes pouvant atteindre les 10.000 €.

    Au milieu de ce cycle de mobilisations contre l’austérité, la question nationale éclate en 2012 avec une manifestation massive le jour de la fête nationale de Catalogne. Selon les forces de police, entre 1,5 million et 2 millions de personnes battent le pavé ce 11 septembre. Dans plusieurs sondages, l’augmentation du pourcentage de gens favorables au droit à décider et à l’indépendance était alors notable. Ce n’est qu’après cette démonstration de force massive que le prédécesseur du PDeCAT décide de prendre en main le drapeau de l’indépendance et de se placer à la tête du mouvement. Essentiellement, il s’agissait d’une fuite en avant visant à sauver sa peau, sa propre politique d’austérité ayant fortement miné son soutien.

    Cette austérité, les travailleurs et les jeunes ne l’ont pas oubliée. La Catalogne représente plus de 20% du PIB et des exportations de l’Etat espagnol mais cette richesse ne bénéficie pas à tout le monde… Le revenu moyen des ménages catalans a chuté de 20% depuis le début de la crise. Le taux de chômage est de 13,7%, ce qui reste en dessous de la moyenne de 17,2% dans le reste de l’Espagne, mais représente tout de même un pourcentage très élevé en comparaison de la moyenne européenne. C’est la région qui comprend le plus de pauvreté infantile, les frais d’inscriptions les plus élevés pour les études supérieures et le plus grand nombre d’expulsions de logements pour défaut de payement du loyer ou d’une hypothèque.

    Seulement la force des masses a été capable de défendre le droit à l’autodétermination

    Certaines couches de travailleurs étaient réticentes à rejoindre les mobilisations en faveur du droit à l’autodétermination en raison de la direction exercée par le PDeCAT. Mais, cela a changé avec le référendum du 1er octobre 2017. La tension avait déjà commencé à augmenter quelques jours avant, avec la décision de la Cour Constitutionnelle et les actions de la police et de la garde civile qui essayaient d’empêcher la tenue du référendum. Tous ceux qui se demandaient ce qu’était l’oppression nationale en Catalogne en avaient une illustration concrète : confiscation du matériel de propagande, perquisitions des imprimeries, arrestations de jeunes qui collaient des affiches en faveur du ‘‘oui’’, menaces de sanctions pénales contre plus d’une centaine de maires, arrestation de 14 hauts responsables du gouvernement et mise sous tutelle des finances de la Généralité de Catalogne.

    En dépit des menaces, le courage des gens pour défendre leur droit à voter a été impressionnant. Les Comités de Défense du Référendum ont organisé l’occupation d’écoles où devait se tenir le vote afin de bloquer l’intervention de la police. Face aux perquisitions, des gens ont caché des urnes chez eux. Réunis en assemblée, les dockers ont décidé de ne pas s’occuper des ferries sur lesquels logeaient des milliers de membres de la police nationale et de la garde civile dans le port de Barcelone. Les pompiers ont annoncé qu’ils défendraient la population face à la répression policière, de même que les agriculteurs avec leurs tracteurs. Les vendeurs de rue sans-papiers ont proposé d’aller imprimer les bulletins de vote, puisqu’ils sont déjà eux-mêmes des ‘‘illégaux’’ !

    Le jour de la tenue du référendum, les mobilisations furent extraordinaires. Face à la violence brutale de la police, les gens ont gardé les écoles ouvertes, ont défendu les urnes, ont repoussé la police et ont résisté aux coups de matraque de façon pacifique. Ce jour-là, l’état réel des relations de forces entre le mouvement des masses et la force répressive de l’Etat est devenu très clair. C’est le mouvement de masse qui a défendu le droit de décider grâce à ses propres forces. Plus de 2.200.000 personnes ont participé au référendum malgré la présence de dizaines de milliers de policiers et de gardes civils. Le pourcentage de participation a même dépassé celui des élections européennes de 2014 ! Le nombre de suffrages exprimés en faveur de la république catalane, 90% du total, a été supérieur aux voix favorables au statut d’autonomie lors du référendum de 2006. La légitimité de ce vote est incontestable. Nous savons du reste très bien que la ‘‘démocratie’’ ne fonctionne que lorsque le résultat épouse les souhaits de la classe dominante. Lors du référendum grec de 2015, plus du 61% des électeurs s’étaient prononcés contre le mémorandum austéritaire de la Troïka (Commission européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international). Le gouvernement a cependant trahi ce mandat populaire.

    Mais au-delà des chiffres, ce qui nous intéresse spécialement, c’est la capacité des travailleurs et des jeunes à défendre leurs droits fondamentaux et c’est cela qui fait du 1er octobre beaucoup plus qu’un exercice d’autodétermination. Des couches non indépendantistes, qui hésitaient à entrer en action, ont ce jour-là décidé de sortir dans les rues pour défendre les droits du peuple contre la répression. Un changement qualitatif de la lutte des classes en Catalogne a été confirmé, de manière encore plus limpide, par la grève générale historique du 3 octobre. La possibilité de parvenir à une République catalane par le biais de la mobilisation révolutionnaire des masses ainsi que le rôle décisif joué par le mouvement des travailleurs a provoqué une panique générale au sein du PP et de la classe dominante. Leur objectif initial était de faire de l’humiliation de la Catalogne un exemple, tout comme la Troïka exigeait de punir la Grèce pour avoir élu un gouvernement dont l’ambition première était d’en finir avec l’austérité.

    Le réveil des souvenirs du franquisme

    La riposte n’a pas tardé. Quelques jours après la grève générale du 3 octobre, une manifestation organisée par les couches les plus à droite de la société – soutenue par le PP, Ciudadanos (Parti de la Citoyenneté, de droite) et plusieurs groupuscules fascistes – a eu lieu à Barcelone. Environ 350.000 personnes étaient ainsi réunies, un chiffre plus restreint que ceux du 1er et du 3 octobre, alors que beaucoup de participants venaient de l’extérieur de la Catalogne. Des dirigeants du PSOE (parti social-démocrate espagnol) et du PSC (parti social-démocrate catalan) ont pris part à cette manifestation réactionnaire qui exaltait le recours à la brutalité policière contre les droits démocratiques et nationaux du peuple catalan.

    Le bloc réactionnaire de Mariano Rajoy (PP, chef du gouvernement espagnol) a utilisé tous les moyens à sa disposition pour lancer une campagne d’intimidation sans précédent. La bourgeoisie catalane a rajouté de la pression avec le transfert de plus de 2.000 sièges d’entreprises hors de Catalogne, des déménagements facilités par le pouvoir central espagnol grâce à une simplification de la législation concernée. Malgré cela, la réaction espagnoliste – qui défend avant tout les intérêts capitalistes – n’a pas été en mesure de gagner à elle la majorité de la population, ni celle des travailleurs.

    La décision de mettre en prison sans caution les dirigeants de l’ANC et d’Ómnium (les deux plateformes du mouvement indépendantiste catalan) pour leur participation à une mobilisation spontanée contre la répression avant la tenue du référendum a marqué le début d’une brutale escalade répressive. Cette mesure est une attaque directe contre la liberté d’expression, de manifestation et de réunion qui pourrait bien être utilisée par la suite contre n’importe quel dirigeant syndical, d’un mouvement de jeunesse ou d’un mouvement social contre les expulsions de logements ou toute autre injustice sociale.

    Le 21 octobre, Rajoy a décidé d’utiliser son arme ultime, l’article 155 de la constitution, un coup d’Etat anti-démocratique qui a aboli l’autonomie de la Catalogne et avec lequel il a destitué le gouvernement catalan. Ensuite, une juge a placé huit ministres du gouvernement catalan en prison, là aussi une attaque majeure. La stratégie de Rajoy bénéficie du soutien de la monarchie et de Ciudadanos, ce à quoi il faut encore ajouter les dirigeants du PSOE. C’est-à-dire le régime de 1978, le régime de Transition instauré après la dictature de Franco. Aujourd’hui, ils essayent de canaliser le conflit vers les élections convoquées par Rajoy le 21 décembre en Catalogne dans l’espoir de donner un air plus démocratique à la situation. Mais les méthodes et la violence utilisées jusqu’à aujourd’hui rappellent directement à la mémoire collective les méthodes du franquisme.

    Des vestiges du franquisme existent encore sans aucun doute. Après la mort de Franco, le développement de la conscience socialiste de millions de travailleurs et des jeunes a ouvert la perspective d’une lutte révolutionnaire en faveur d’une société où la classe capitaliste n’était plus nécessaire pour diriger la société. Cependant, des ministres franquistes devenus ‘‘démocrates’’ sont parvenus à conclure un accord avec les dirigeants de la gauche de l’époque, le PCE (parti communiste) et le PSOE. Le PCE a préféré trahir le potentiel révolutionnaire en échange de réformes démocratiques et en laissant la bourgeoisie occuper le pouvoir. Il s’agissait d’un pacte conclu en coulisse, sans participation des masses, qui n’a pas exigé des franquistes de devoir rendre des comptes. La Constitution de 1978 est toujours son expression légale.

    Celle-ci a reconnu des libertés et droits démocratiques qui avaient déjà été conquis par la mobilisation populaire. En échange, une ‘‘monarchie parlementaire’’ a été instaurée, avec un roi imposé par Franco et une loi d’amnistie offrant une impunité totale aux crimes du franquisme. Il n’y a eu de purges ni de l’appareil d’Etat, ni du système judiciaire, ni des forces policières, ni des forces armées. Le droit à l’autodétermination de la Catalogne, du Pays Basque et la Galice ont été niés en reprenant la devise de la dictature : ‘‘L’Espagne est une, grande et libre’’. Ils se sont assuré que des mesures d’exception, comme l’article 155 de la constitution, puissent permettre de recourir à la violence d’Etat dans le cas où cela était remis en cause.

    Le rôle des marxistes dans la question nationale

    Ce pacte avait déjà subi quelques sérieux revers avec le mouvement des Indignés en 2011, un mouvement large qui a dénoncé l’autorité des représentants politiques et des institutions. Dès son apparition en 2014, Podemos a largement défendu de rompre avec le régime de 1978. Cela a généré un grand enthousiasme lors des précédentes élections législatives. C’était la première fois qu’un parti de gauche défendait le droit à l’autodétermination dans son programme. Il est sorti des élections en tant que première force politique en Catalogne et au Pays Basque. Aujourd’hui, ce point de leur programme est confronté à la pratique.

    Podemos défend l’organisation d’un référendum légal, ce qui implique de disposer d’un gouvernement espagnol, dont Podemos ferait partie, qui modifierait la Constitution pour ouvrir la possibilité d’un référendum avec garanties. Selon Podemos, ce serait alors aux Espagnols de décider si les Catalans ont droit ou non à l’autodétermination. Tout cela au lieu faire reposer l’acquisition de ce droit sur le mouvement de masse. Dans la pratique, Podemos met sur un pied d’égalité l’utilisation de l’article 155 et la déclaration d’indépendance de la République catalane. Malheureusement, pareille attitude est incapable de freiner la campagne chauviniste espagnole, elle laisse le champ libre à l’injection de haine et de divisions. Des divergences sur cette question sont visibles au sein de Podemos. En Catalogne, une scission a déjà eu lieu autour de l’ancien secrétaire général, Albano-Dante Fachin, qui a adopté une nettement meilleure position en défense d’un véritable droit à l’autodétermination.

    Une des seules organisations de gauche qui a pris des initiatives concrètes pour organiser le mouvement a été la CUP (Candidature d’unité populaire). Ses membres ont joué un rôle important dans les Comités de Défense du Référendum, devenus plus tard les Comités de Défense de la République, et se sont impliqués dans l’organisation de la grève du 8 novembre pour la libération des prisonniers politiques et contre l’article 155. Nous estimons toutefois que quand la CUP donne la primauté à la question nationale face à la question sociale, cela conduit à des situations dangereuses. La CUP a ainsi, dans le passé, accordé son soutien au PDeCAT de droite et aux budgets d’austérité de Puigdemont, cela au nom de l’indépendance. Cela suscite une grande méfiance et empêche toute une couche de travailleurs à entrer en action. D’ailleurs, quand Puigdemont remercie ses amis de la N-VA lors d’un meeting à Bruxelles, il mine la solidarité que peuvent exprimer des travailleurs en Belgique envers le mouvement en Catalogne.

    La défense de la République catalane exige de construire ses propres organes de décisions, à l’instar des Comités de Défense. Pour y impliquer un maximum de travailleurs et de jeunes, il est essentiel de donner un contenu social à la république. Cette dernière doit être synonyme de pas en avant pour les conditions de vie de la majorité, en arrêtant toutes les expulsions et en investissant massivement dans des logements de qualité accessibles à tous, dans l’extension des services publics, pour offrir à chacun un emploi décent et de qualité, etc.

    L’organisation-sœur du PSL en Catalogne (Esquerra Revolucionària) et dans l’Etat espagnol (Izquierda Revolucionaria) a défendu avec justesse le droit du peuple catalan à décider de son propre avenir. Elle a défendu l’instauration d’une République catalane socialiste capable de riposter à la fuite des entreprises par la nationalisation des banques et des secteurs-clés de l’économie sous le contrôle démocratique de la collectivité. Avec le Sindicat d’Estudiants, elle a assisté le mouvement pour aller de l’avant et pour éviter l’isolement.

    De larges couches de la population sont toujours prêtes à se mobiliser, comme nous avons pu le voir lors de la manifestation du 11 novembre dernier (qui a réuni plus d’un million de personnes). Pour cette raison, Esquerra Revolucionària appelle les organisations de gauche, dont la CUP, Podem, Catalunya en Comú et Som Alternativa (l’initiative de Fachin) à créer un front uni qui se base sur les Comités de Défense de la République et élabore un plan d’action pour une mobilisation massive et soutenue. La mobilisation active est la meilleure façon de vaincre le bloc réactionnaire lors des élections du 21 décembre.

    En tant que marxistes, nous ne restons pas indifférents à l’oppression nationale, nous soutenons le droit à l’autodétermination jusqu’à, et en incluant, l’indépendance. Cependant, le fait de créer de nouveaux Etats capitalistes – avec leur police, leur armée, leur propre bourgeoisie et plus de frontières – ne résoudra pas les problèmes des travailleurs et de la jeunesse. Pour cette raison, notre programme est celui d’une république socialiste catalane et d’une confédération, sur base libre et volontaire, des républiques socialistes, des peuples et des nations qui constituent actuellement l’Etat espagnol.

  • Des dizaines de milliers de Catalans manifestent à Bruxelles

    Des dizaines de milliers de Catalans s’étaient donné rendez-vous aujourd’hui à Bruxelles. Venus par bus, trains, avions, voitures, caravanes,… ils ont constitué une foule massive qui a une fois de plus démontré l’ampleur de la révolte à l’œuvre en Catalogne. Les médias ont repris le chiffre officiel de la police : 45.000 personnes. Et, c’est vrai, il y en avait du monde… En Belgique, le mouvement catalan est parfois comparé au mouvement flamand. Le soutien verbal de la N-VA à Carles Puigdemont et le fait que ce leader catalan recherche la compagnie des membres de la N-VA y contribuent évidemment. Le mouvement social actuellement en cours Catalogne est toutefois un mouvement de masse qui a largement dépassé la direction exercée par le parti de droite PDeCAT de Puigdemont lors du référendum du 1er octobre et très certainement durant la grève générale du 3 octobre. Nous avons également pu voir à plusieurs reprises le slogan et le logo « Refugees Welcome », ce qui n’est pas exactement l’attitude adoptée par les nationalistes flamands de droite…

    En dépit de la barrière de la langue, nous avons pu constater une grande ouverture pour une approche socialiste et anticapitaliste de la question nationale. Nous avions avec nous 80 exemplaires de du journal « Militant » de notre organisation-sœur catalane, Esquerra Revolucionaria (Gauche Révolutionnaire). Il ne nous a rapidement plus rien resté entre les mains. Des dizaines de badges de contre la répression franquiste ont également été vendus.

    Comme nous l’avons écrit dans le dossier central de l’édition décembre-janvier de Lutte Socialiste : ‘‘En tant que marxistes, nous ne restons pas indifférents à l’oppression nationale, nous soutenons le droit à l’autodétermination jusqu’à, et en incluant, l’indépendance. Cependant, le fait de créer de nouveaux Etats capitalistes – avec leur police, leur armée, leur propre bourgeoisie et plus de frontières – ne résoudra pas les problèmes des travailleurs et de la jeunesse. Pour cette raison, notre programme est celui d’une république socialiste catalane et d’une confédération, sur base libre et volontaire, des républiques socialistes, des peuples et des nations qui constituent actuellement l’Etat espagnol.’’

    Photos de Liesbeth:
    Catalaanse betoging in Brussel // Liesbeth

    Photos de Nico:
    Manifestation de soutien à la révolte des masses en Catalogne

    Photos de Mario:
    Manifestation de soutien à la Catalonie // Mario

  • Interview d’un antifasciste polonais

    Antifascistes marxistes polonais présents à la contre-manifestation du 11 novembre.

    Après l’arrivée au pouvoir d’Orban en Hongrie et d’une droite dure conservatrice en Pologne, les populistes de droite regroupés autour du milliardaire Andrej Babis ont remporté les élections législatives d’octobre en république tchèque. A la mi-novembre, une manifestation d’extrême droite a réuni 60.000 participants en Pologne, ce qui a très largement choqué. Quel danger représente l’extrême droite en Europe centrale et comment organiser la résistance ? Nous en avons discuté avec Kacper, membre d’Alternatywa Socjalistyczna (Alternative socialiste), notre organisation-sœur polonaise.

    Les medias ont récemment rapporté que 60.000 personnes ont manifesté à l’appel de l’extrême droite le 11 novembre. Peux-tu nous en dire un peu plus ?

    ‘‘Ce chiffre est à peu près correct. Les organisations d’extrême-droite, dont les fascistes du Camp National-Radical (Obóz Narodowo-Radykalny, ONR), convoquent chaque année des manifestations à l’occasion du jour de l’indépendance de la Pologne, le 11 novembre. Ces manifestations existent depuis 2010 et ont commencé à être plus massivement suivies à mesure que le racisme s’est banalisé. Cependant, contrairement à ce que les medias internationaux rapportent, il est faux d’affirmer que la manifestation de cette année était un succès particulier pour les fascistes. Il ne s’agit pas de la manifestation la plus massive qu’ils aient organisée à l’occasion du jour de l’indépendance.’’

    Comment se fait-il qu’un tel nombre de personnes prennent part à cette manifestation ? Quel est l’impact du contexte social et politique ?

    ‘‘La croissance du nationalisme en Pologne est un élément présent depuis de nombreuses années. La popularité de ce genre d’idées provient de différentes sources. L’une d’entre elles est la nature du capitalisme Polonais : le passage d’une économie bureaucratiquement planifiée à une économie de marché s’est produit sans qu’il existe de classe capitaliste nationale forte. Beaucoup de secteurs, comme l’industrie automobile, les télécommunications ou le secteur bancaire, sont dominés par le capital étranger. Cette situation, combinée à la lassitude et à la colère que provoque le néolibéralisme chez la classe ouvrière, a conduit aux victoires électorales des populistes nationalistes du parti Droit et Justice (Prawo i Sprawiedliwo??, PiS), actuellement au pouvoir.

    ‘‘Cependant, il n’y a pas que Droit et Justice qui propage le nationalisme. La révision de droite de l’histoire, la glorification des guérillas antisémites et anticommunistes des années 1940, l’alarmisme vis-à-vis de la Russie et les politiques militaristes avaient aussi cours sous le gouvernement “libéral” précèdent.

    ‘‘Un autre élément est qu’au sein de ces manifestations, les fascistes ne constituent qu’une minorité. Il y a beaucoup de gens ordinaires qui rejoignent cette vague patriotique sur base d’un sentiment anti-réfugiés, ainsi que des jeunes pauvres liés au hooliganisme footballistique.’’

    Quelques medias ont fait état de manifestations antiracistes, sans plus de précisions. Peux-tu nous en dire plus sur ces mobilisations ?

    ‘‘Le 11 novembre, il y a aussi eu une manifestation antifasciste et anticapitaliste organisée par la gauche, avec quelques milliers de participants. C’est un nombre bien en-dessous des manifestations d’extrême droite mais, étant donné la faiblesse de la gauche en Pologne, ce n’est pas tout à fait désespérant. En dehors des mobilisations majeures comme celles-là, il y a des efforts locaux afin de ne pas laisser la rue aux fascistes dans de plus petites villes. Leur caractère et leur ampleur diffèrent selon les endroits.’’

    Quelle était l’implication des organisations du mouvement ouvrier, partis et syndicats ?

    ‘‘La gauche radicale, dont la nouvelle formation de gauche réformiste Razem, étaient présente. Il n’y a pas eu de soutient conséquent de la part des syndicats (à l’exception de petits groups d’anarcho-syndicalistes ou de “syndicats rouges”). Auparavant, cependant, l’OPZZ, la principale fédération syndicale, a publié des déclarations contre le fascisme et la xénophobie, particulièrement leur forte section au sein du syndicat des professeurs. Paradoxalement, le porte-parole du syndicat de la police s’est aussi exprimé contre les fascistes.’’

    Selon Alternative Socialiste, quelle serait la stratégie à adopter contre l’extrême-droite ?

    ‘‘Nous avons besoin de mobilisations locales contre les fascistes, et celles-ci doivent être liées à un programme en faveur de la classe ouvrière et des pauvres. Un nouveau sujet à prendre à bras le corps est l’immigration massive de travailleurs ukrainiens en Pologne. Les patrons utilisent cela pour menacer les travailleurs de dumping social. Nous devons surpasser cette division et syndiquer tous les travailleurs, indépendamment de leur nationalité. Un autre rôle du mouvement ouvrier pourrait s’exprimer par la résistance de ceux qui affrontent directement la propagande nationaliste soutenue par le gouvernement : les syndicats d’enseignants et de journalistes. Nous devons également nous organiser pour contrer la violence raciste et homophobe dans la rue.’’

  • Élargissement des flexi-jobs : le gouvernement Michel poursuit sa casse des conditions de travail

    Dans le cadre des attaques néolibérales de l’accord d’été, le gouvernement Michel a décidé d’élargir la portée des flexi-jobs. Ce statut spécial fonctionne de la manière suivante : l’employeur propose à un travailleur un contrat dans lequel il n’y a pas de temps de travail défini, pas d’horaire et pas de rémunération conventionnée. Ces contrats permettent aux patrons de convoquer du personnel jusqu’à la dernière minute avant la prestation, sans durée limite basse ou haute, pour un salaire de 9,88€/h. Autrement dit, c’est un chèque en blanc en faveur du patron, sans la moindre garantie sur les conditions de travail ou de revenus pour le travailleur. En bonus pour le patron : les cotisations sociales sont restreintes à 25% d’ONSS !

    Par Baptiste (Hainaut)

    Jobs, jobs, jobs ?

    Ces flexi-jobs étaient déjà présents depuis 2015 dans l’horeca et accessibles pour les personnes travaillant en temps partiel à hauteur d’un 4/5e. Au 1er janvier 2018, les flexi-jobs s’appliqueront également au secteur du commerce et seront accessibles aux pensionnés. Et le gouvernement Michel a fait comprendre que ce n’était qu’un début. Officiellement, selon le secrétaire d’État à la fraude sociale Philippe De Backer (Open VLD), cette mesure devait permettre d’en finir avec le travail au noir présent dans l’horeca. En réalité, le gouvernement a instrumentalisé la problématique du travail au noir dans ce secteur non pas pour transformer le travail précaire en contrats décents, mais pour formaliser le travail précaire dans l’horeca et initier plus largement la constitution d’un secteur à bas salaires !

    Ces flexi-jobs ne créeront pas un seul emploi. Au contraire, les contrats standards seront mis sous pression avec ce nouveau dumping social. Dans les secteurs de l’horeca et du commerce, une majorité des emplois sont à temps partiel, car il y a une exploitation de la flexibilité horaire des temps partiels. Avec les flexi-jobs, le patronat n’a donc plus aucun intérêt à embaucher ou à améliorer les contrats existants, y compris en cas de surcroit de travail.

    Taillables et corvéables à merci ? NON !

    À défaut d’une lutte généralisée contre le gouvernement Michel, les syndicats s’en sont remis à une requête en annulation devant la cour Constitutionnelle pour bloquer les flexi-jobs dans l’horeca, en arguant l’introduction d’une discrimination entre travailleurs sur un même lieu de travail. La requête a été rejetée, et la faiblesse entrainant l’agression, le gouvernement en remet une couche à présent.

    La voie légale ne doit pas se substituer à la lutte, qui est la seule manière d’obtenir des acquis sociaux. Dernièrement, en Angleterre, les travailleurs des McDonald’s de Crayford et de Cambridge sont rentrés en grève pour rejeter les conditions de travail invivables des contrats ‘‘zéro heure’’, équivalents aux flexi-jobs. Ils revendiquent la fin des contrats ‘‘zéro heure’’ et un salaire horaire de minimum de 10£. De telles revendications offensives permettent de construire la solidarité avec les travailleurs d’autres McDonald’s, qui démultiplient des actions de solidarité pour accroître le rapport de force.

    Les flexi-jobs signifient une dégradation majeure des conditions de travail. Cette mesure ne peut être renversée que par la lutte. Une campagne de mobilisation syndicale dans les secteurs de l’horeca et du commerce est nécessaire pour construire la solidarité et pour partir en action pour défendre de vrais contrats de travail et relancer la lutte contre le gouvernement !

  • Catalogne : Plus d’un million de manifestants pour la libération des prisonniers politiques


    Pour la lutte jusqu’à la victoire : une république catalane des travailleurs !

    Le samedi 11 novembre, une mobilisation massive de plus d’un million de personnes s’est étendue sur plus de 3,3 kilomètres de l’avenue Marina à Barcelone. Ils exigeaient la libération des prisonniers politiques. Cette démonstration de force représente un changement qualitatif dans la lutte contre la répression et le gouvernement du PP.

    Déclaration d’EsquerraRevolucionaria (Comité pour une Internationale Ouvrière en Catalogne) 

    Les masses veulent lutter jusqu’au bout

    Des millions de personnes ont compris que l’application de l’article 155 de la Constitution et la suppression de l’autonomie de la Catalogne ainsi que l’emprisonnement des «Jordis» et de 8 ministres du gouvernement catalan constituent une attaque sans précédent contre les droits démocratiques. Les mêmes excuses seront utilisées demain par le PP, Ciudadanos et le PSOE pour justifier l’emprisonnement de tout syndicaliste, activiste ou membre d’une organisation de gauche qui remet en question le régime réactionnaire de 1978 et sa Constitution.

    Comme souvent au cours de ces derniers mois, le fouet de la contre-révolution réactionnaire nationaliste espagnole a poussé les masses à descendre à nouveau dans la rue pour s’opposer à la sauvage répression policière et défendre leur droit à décider avec la même détermination que le 1er octobre et que le 3 octobre, date qui avait vu la Catalogne paralysée par une grève générale. La manifestation de masse du 11 novembre a pris place quelques jours à peine après une autre grande journée d’action. Le 8 novembre, en dépit de la campagne de diffamation médiatique et de l’opposition des principaux dirigeants syndicaux (CCOO et UGT), des centaines de milliers de personnes avaient occupé la rue pour une grève générale. Les lieux de travail étaient paralysés et les routes ainsi que les lignes de train bloquées tandis que prenaient place d’innombrables manifestations.

    Le Venezuela et la Russie

    Il est difficile de trouver une période de mobilisation aussi massive, puissante et soutenue dans l’histoire, et ses conséquences sont ressenties par les forces de la réaction. La campagne de mensonges et de manipulation à l’encontre du peuple catalan, de plus en plus grotesque, semble ne pas devoir connaitre de fin et dévoile le visage autoritaire du régime.

    Le gouvernement, avec l’aide de Ciudadanos et du PSOE, déclare maintenant que la crise catalane a été provoquée par Maduro et Poutine, qui ont “saturé” les médias sociaux de “désinformation” sur la Catalogne. Les premières pages des journaux tels qu’El Pais et d’autres contiennent de prétendues preuves selon lesquelles les mobilisations de masse en Catalogne résultent d’une ‘‘intervention étrangère’’. Il est impossible de ne pas comparer cette campagne de propagande avec les plus délirantes de Franco, qui parlait alors de ‘‘complot maçonnique juif’’ financé par la Russie derrière chaque révolte sociale et grèvequi s’opposait à la dictature.

    Cette campagne quiaccuse ‘‘l’ennemi extérieur’’d’être responsable de la crise politique la plus aiguë depuis la fin de la dictature est une preuve évidente de désespoir. On parle déjà de la possibilité d’ingérences russes et vénézuéliennes dans les élections catalanes du 21 décembre, ce qui sera utilisé dans le cas où le résultat du vote seraitdéfavorable aux forces de la réaction.

    Colère et recherche d’alternatives parmi la gauche

    Les 1 et 3 octobre, après que les masses eurent vaincu la répression par l’action de masse, une crise révolutionnaire s’est ouverte en Catalogne. Les capitalistes espagnols l’ont mieux compris que les dirigeants de la gauche réformiste. C’est pourquoi ils ont recouru à une telle répression sans précédent. Ils veulent mettre fin à la crise révolutionnaire en écrasant le mouvement de masse et en effaçant l’idée de “sí se puede” (oui nous pouvons) de l’esprit des masses.

    Ces événements mettent toutes les forces à l’épreuve et provoquent de vifs débats et même des scissions. Le PSOE de Pedro Sanchez et les dirigeants bureaucratiques des syndicats CCOO et UGT ont été traînés derrière Rajoy en soutenant l’article 155. En trahissant le mouvement de masse du peuple catalan contre l’oppression et pour la République, ils se sont eux-mêmes encore plus séparés des couches avancées de la classe des travailleurs et de la vaste majorité de la jeunesse ainsi que des couches moyennes appauvries. Leur conservatisme et leurs intérêts matériels les ont poussés à fusionner à l’Etat et à la classe dirigeante, convaincus qu’ils sont que leur destin est lié à la stabilité du système.

    Dans le même temps, des forces qui se disent républicaines et radicales, comme Podemos et Izquierda Unida (IU), ont emprunté la voie de ‘‘l’équidistance’’ au lieu de défendre la légitimité du référendum du 1er octobre, de clairement expliquer à la classe ouvrière du reste de l’Etat espagnol ce qui est en jeu et d’organiser la lutte dans la rue. Ils appellent l’Etat répressif et les politiciens à convoquer un référendum ‘‘légal’’ avec des ‘‘garanties’’. Ils gaspillent ainsi une excellente occasion de lier la défense de la République catalane à la lutte pour faire tomber le PP et ouvrir la voie à une République des travailleurs dans le reste de l’État espagnol. Ces dirigeants ont dans les faits refusé de répondre à la campagne du nationalisme espagnol.

    Les différences sont bien entendu nombreuses entre ces dirigeants. Le dirigeant d’IU Alberto Garzonest celui qui a été le plus loin. Il refuse d’admettre que les dirigeants du gouvernement catalan emprisonnés sont des ‘‘prisonniers politiques’’, déclarant ‘‘qu’ils savaient ce qu’ils faisaient’’ et qu’ils ne devraient pas trop se plaindre. Cette position est indigne de quelqu’un qui se réclame du marxisme ou du communisme. La première tâche de tout révolutionnaire, comme l’a déclaré Che Guevara, est de combattre toutes les injustices et toutes les attaques contre les droits démocratiques, d’où qu’elles viennent. Présenter, comme le fait Garzon, le mouvement de masse en Catalogne comme un mouvement de l’élite revient à falsifier la réalité. Les dirigeants du PDeCAT et la bourgeoisie catalane ont totalement été balayés par le mouvement. Des centaines de milliers de personnes considèrent la République catalane comme un moyen de briser le régime de 1978, de mettre fin à l’austérité et d’avancer vers la libération sociale et nationale.

    Dire, comme le fait Garzon, que la République catalane va à l’encontre des intérêts de la classe ouvrière et que les «communistes» ne peuvent pas la soutenir, c’est une manipulation flagrante et une falsification du marxisme. Le marxisme a toujours défendu le droit des nations à l’autodétermination – un combat contre chaque tentative de garder une nation dans des frontières contre sa volonté. Les idées de Garzon sont utilisées par la classe dirigeante pour promouvoir la confusion et les préjugés nationalistes espagnols à l’intérieur et à l’extérieur de la Catalogne.
    Pablo Iglesias (Podemos) a rejeté les mesures répressives du gouvernement beaucoup plus clairement que Garzon et a dénoncé l’existence de prisonniers politiques. Mais cela ne suffit pas, si en même temps, il renonce au devoir de mobiliser dans la rue contre la répression et d’expliquer le sens révolutionnaire de ce mouvement. De plus, Iglesias a déclaré que les résultats du référendum du 1er octobre sont “illégitimes”. Quoi de plus légitime qu’un vote qui s’est effectué en dépit des balles en caoutchouc et des matraques, avec la participation d’environ 2,2 millions de personnes, soit plus qu’aux dernières élections européennes?

    Ces positions privilégient le «respect de la primauté de la loi» – une loi héritée du franquisme et destinée à maintenir l’ordre capitaliste – contre la volonté démocratique du peuple. C’est une trahison de l’une des idées centrales qui a permis à Podemos de grandir autant ces dernières années aux dépens du PSOE. Podemos s’est présenté au people comme la force qui en finirait avec le régime de 1978, avec l’austérité, le chômage de masse et les politiques qui ne bénéficient qu’aux grandes banques et aux monopoles.

    Cette contradiction entre la rhétorique et la pratique de Podemos est ce qui a conduit à la scission de Podemos en Catalogne et à la démission du dirigeant de Podemos en Catalogne, Albano Dante Fachin, qui avait maintenu une position bien plus en accord avec les principes initiaux de Podemos. Albano Dante, tout en s’identifiant comme un internationaliste, a correctement défendu que les membres de Podemos devraient être en première ligne du combat pour le référendum, et ensuite pour l’application du résultat du référendum – la République catalane – contre la répression d’Etat. Cela a fait de Dante l’un des leaders les plus populaires des mobilizations en Catalogne.
    La direction espagnole de Podemos a désavoué Albano Dante et l’a pressé de démissionner et de quitter le parti. Ce harcèlement de Dante contraste avec l’indulgence dont ont bénéficié les autres dirigeants de Podemos qui ont encouragé les préjugés nationalistes espagnols, comme Bescansa, ou le dirigeant de l’Iniciativa (Parti catalan qui fait partie de la coalition Unidos Podemos), Joan Coscubiela.

    Si la direction espagnole de Podemos avait adopté la même position que Albano Dante, il lui aurait été beaucoup plus facile de lier le mouvement de masse pour une république catalane avec les couches de la classe ouvrière, en Catalogne et ailleurs, qui s’opposent au PP mais ne font pas confiance au mouvement pour l’indépendance en raison du rôle de Puigdemont et des nationalistes bourgeois du PDeCAT. C’est la tâche centrale du moment: prendre la direction du movement des mains de ces politiciens et la lier à la lutte pour transformer la société et mettre un terme à l’oppression de l’oligarchie catalane et espagnole.

    Parmi les membres des “Comunes” (alliances de gauche municipales établies par Podemos et d’autres forces, dirigées en Catalogne par la maire de Barcelone, Ada Colau) et parmi des milliers de ses électeurs vit un grand mécontentement face à la position défendue par la majorité des dirigeants. Les changements de position d’Ada Colau ont été largement critiqués. Cela a été reflété dans la décision des rangs de ‘Barcelone en Comun’ de rompre l’accord de coalition à la mairie de Barcelone avec le PSC (PSOE catalan) pour protester contre son soutien à la répression. Dans plusieurs sondages, plus d’un tiers des électeurs de “Comun” soutiennent l’indépendance de la Catalogne.

    Poursuivre la lute jusqu’à la victoire

    Après la démonstration de force des 8 et 11 novembre, les organisations de la gauche combattive et des Comités de défense de la République (CDR) qui ont construit leurs forces ces dernières semaines, élaborent un plan d’action pour une mobilisation soutenue jusqu’à la victoire. C’est aussi le meilleur moyen de vaincre la réaction nationaliste espagnole lors des élections du 21 décembre.

    Ce serait une grave erreur de considérer la mobilisation de la rue comme étant une tactique secondaire face à l’électoralisme. C’est exactement le contraire: nous ne pouvons vaincre la réaction et faire une réalité de la volonté du peuple que grâce aux méthodes qui nous ont amené jusque-là. Chaque fois qu’il y a eu un sérieux appel à l’action, les masses ont dépassé toutes les attentes. Chaque fois que les rues ont été abandonnées, les dirigeants du mouvement, dirigés par PDeCAT, ont tenté de battre en retraite, enhardissant par là-même la réaction.

    Il y a beaucoup d’exemples. La stratégie de défense poursuivie par Carme Forcadell et les autres membres de la commission parlementaire catalane devant les tribunaux – qui est de dire que la déclaration de la République n’était que “symbolique” et de promettre de “rester dans le cadre de la constitution” – est une erreur. La Cour suprême (qui leur a accordé la liberté sous caution) a agi différemment avec eux, non pas à cause de cette stratégie, mais à cause de sa peur du mouvement de masse. Des centaines de milliers de personnes, particulièrement des couches de la classe ouvrière qui ont mobilisé les 1 et 3 octobre mais qui n’avaient pas participé au mouvement depuis lors, sont revenus dans la rue les 8 et 11 novembre. Les représentants les plus lucides de la classe dirigeante craignent que l’opposition à la répression combinée au discrédit du régime espagnol et de la monarchie en général, pourrait créer les conditions pour que la classe ouvrière catalane soutienne décisivement la république catalane.

    Nous ne vaincrons pas cette sauvage campagne d’intimidation ou les tentatives de diviser la classe ouvrière catalane avec le poison du nationalisme espagnol en reculant. Accepter le “cadre de la constitution” et caractériser la République comme étant symbolique sont des erreurs qui seront utilisées par la classe dirigeante espagnole pour semer le doute et la confusion.

    Nous ne gagnerons pas par la rhétorique ou des trucs juridiques. C’est la méthode des nationalistes bourgeois en Catalogne, qui battent en retraite à chaque instant pour trahir les aspirations du mouvement. Le seul moyen de vaincre le régime antidémocratique de 1978 est de lutter pour faire de la république catalane une réalité et de lui donner un contenu social, contre les politiques d’austérité que tant le PP que le PDeCAT ont instauré, en mettant fin aux coupes budgétaires et aux expulsions de logements, en garantissant des soins de santé publics et un bon enseignement, des emplois avec des salaires décents et la nationalisation des banques sous contrôle démocratique. Seul le combat pour une République socialiste catalane pour mettre fin à l’oppression de classe et garantir la satisfaction des besoins de la majorité peut unir le mouvement ouvrier en Catalogne et au-delà. Cela permettrait également de gagner la sympathie de millions de travailleurs dans toute l’Europe, affaiblissant ainsi la capacité répressive de l’État espagnol.

    Pour un front unique de la gauche combative ! Pour une république catalane des travailleurs !

    La profondeur de la crise révolutionnaire en cours en Catalogne et les réserves impressionnantes d’énergie et de vie du mouvement qui ont été montrées ces derniers jours commencent à trouver une réflexion dans toutes les organisations, ce qui provoque de grands changements. ERC, sous la pression de sa base, a refusé de reproduire sa coalition électorale avec le PDeCAT. Il y a aussi des nouvelles de mécontentement généralisé à la base de l’ANC (Assemblée Nationale Catalane, organisation de masse pro-indépendance) au sujet de la faiblesse de sa réponse contre la répression d’Etat. Le 12 novembre, 54% des membres de Catalunya en Comu ont voté pour mettre fin à leur collaboration avec le PSC (PSOE catalan) à la mairie de Barcelone. Albano Dante, avec un important nombre de dirigeants et d’anciens dirigeants et membres de Podemos, a créé SomAlternativa (Nous sommes l’alternative), qui discute de participer aux élections avec d’autres partis tels que la CUP et l’ERC.

    Le même jour, les membres de la CUP ont décidé lors de leur congrès national d’opérer un virage à 180 degrés contre la tactique de soutien au PDECAT que sa direction avait suivie. Cette tactique a été une erreur complète – en permettant au PDeCAT de rester à la tête du processus, qu’il a trahi en de nombreuses occasions tout en s’opposant à l’incorporation de revendications sociales – pour gagner la classe ouvrière catalane de manière décisive.

    EsquerraRevolucionaria (le Comité pour une Internationale Ouvrière en Catalogne) a fait appel à la CUP, à Podem, à Catalunya en Comú ainsi qu’à SomAlternative pour constituer un front unique de la gauche combattive pour combattre le régime de 1978. Sur la base de l’organisation et de l’extension des comités CDR, nous devons construire un mouvement généralisé, soutenu et puissant dans les rues pour vaincre la réaction nationaliste espagnole et remporter l’instauration d’une République catalane des travailleurs.

    Rejoignez EsquerraRevolucionària pour lutter en faveur d’une république socialiste de Catalogne !

    • Non à l’article 155! Libération de tous les prisonniers politiques ! Retrait de la police militaire et de la police nationale espagnole hors de Catalogne !
    • Retrait de toutes les réformes réactionnaires du travail et des pensions ! La retraite à 60 ans avec 100% du salaire et de bonnes conditions de travail pour les jeunes travailleurs !
    • Pour un salaire minimum de 1.100 € et une semaine de travail de 35 heures sans perte de salaire !
    • Pour la fin des expulsions de logements ! Expropriation des logements vides détenus par les banques pour créer des logements sociaux publics !
    • Re-nationalisation de tous les services publics privatisés, maintien et augmentation du nombre de fonctionnaires et respect des droits des travailleurs !
    • Retrait des lois réactionnaires dans l’enseignement ! Pour un enseignement public gratuit et de qualité, de la maternelle à l’université !
    • Pour un système de soins de santé universel et gratuit !
    • Solidarité avec les réfugiés ! Retrait des lois migratoires racistes et abolitions des camps pour migrants !
    • Pour le droit démocratique d’expression, de réunion et d’organisation ! Retrait des lois répressives !
    • Nationalisation des banques et des industries stratégiques pour défendre les intérêts des travailleurs et garantir des conditions de vie décentes pour tous !
    • Pour le droit à l’auto-détermination en Catalogne, au Pays basque et en Galice ! Pour une république socialiste de Catalogne et une république socialiste fédérative basée sur l’union libre et volontaire des peoples de l’Etat espagnol, si cela est leur souhait démocratique.

  • France. Assez du président des riches!

    Unissons-nous pour bloquer Macron et sa politique!

    Les éditorialistes des grands médias se posent la question dans tous les sens : « Macron est-il le président des riches ? ». Mais pas besoin d’avoir un Bac + 10 pour en être persuadé. Il suffit de voir la baisse des aides au logement (APL) : ils nous volent 400 millions d’euros par an pour les donner aux 1000 plus riches par la suppression de l’impôt sur la fortune.

    Par Cécile Rimboud, Gauche Révolutionnaire (CIO-France)

    Sa politique n’a aucun soutien dans la majorité de la population. 73 % des gens pensent que les baisses d’impôts pour les riches n’auront aucun autre effet qu’enrichir ces derniers. Et à juste titre ! La fortune des dix français les plus riches n’a pas cessé d’augmenter ces vingt dernières années, passant de 22,9 milliards d’euros en 1997 à 240,8 milliards d’euros en 2017 (!!). Le résultat sur le reste de la société ? Le chômage a explosé, la pauvreté aussi, et la précarité et le sous-effectif deviennent la norme pour celles et ceux qui travaillent.

    Luttons pour bloquer Macron !

    Mais la résistance est en marche. Des grèves et manifestations ont eu lieu les 12 et 19 septembre. La France insoumise a organisé une manif de 100 000 personnes le 23 septembre. Le 10 octobre, une grève des fonctionnaires a vu une énorme mobilisation telle qu’on n’en avait pas vu depuis des années. Sans compter la plus grosse manifestation de retraités depuis 2010 le 28 septembre et la grève organisée par la CGT et Solidaires du 19 octobre… Et surtout, des milliers de luttes ont lieu chaque semaine, partout dans le pays, pour l’augmentation des salaires, contre les chefs méprisants, contre les fermetures et les suppressions de postes, pour exiger des embauches… Il y a aussi les journées du 16 et du 18 novembre. Les luttes ne manquent pas mais elles doivent être unies pour qu’on stoppe tout ça !

    Unité pour mieux gagner

    Macron est arrivé avec un plan très sérieux pour faire passer sa politique, il l’a dit dès le début. Nous aussi, il nous faut un plan d’action pour battre ce gouvernement. Les journées de lutte de la mi-novembre peuvent regrouper celles et ceux qui luttent, et permettre de mobiliser largement, d’aller discuter et convaincre de la nécessité de rentrer dans la bataille. Et ainsi aller crescendo, et mettre en avant la nécessité (et la possibilité) d’une grève tous ensemble, jeunes, travailleurs, public, privé, retraités, chômeurs, etc. C’est cela qu’il faut pour gagner !

    En face, ils ne peuvent apparaître forts que parce que nous sommes divisés. Les syndicats et les partis devraient discuter et construire la lutte ensemble. Des assemblées et meetings en commun pourraient être organisés, pour débattre des revendications et discuter de la stratégie, avancer vers une lutte tous unifiés et ainsi prendre confiance dans notre capacité à bloquer Macron et toutes les politiques au service des riches.

    Dehors ce gouvernement

    Et au-delà. On ne va pas éternellement combattre, gouvernement après gouvernement, les politiques pro-capitalistes. Il va bien falloir en finir, qu’on mette en place un gouvernement qui représente enfin nos intérêts à nous, ceux de la majorité de la population. Ce gouvernement mettrait en propriété publique et démocratique les grands secteurs de l’économie comme les banques, l’énergie…

    Pour en finir avec la dictature du profit et de l’exploitation, il faut une société réellement démocratique, où l’économie sera organisée pour satisfaire les besoins de tous : le socialisme. C’est pour cela que la Gauche

    révolutionnaire se bat, en aidant aux luttes dès maintenant contre les mesures de Macron, mais aussi contre le sexisme, le racisme et contre le capitalisme. Dans ce combat, on a toutes et tous un rôle à jouer. Contactez-nous pour discuter et agir avec nous !

  • Pour une république catalane libre et socialiste !

    Vaincre l’article 155 et la répression franquiste par la mobilisation de masse!

    La déclaration d’indépendance de la République Catalane par le parlement catalan a provoqué la réaction immédiate de l’État, du gouvernement PP et de leurs alliés, Ciutadans et le PSOE.

    Déclaration d’Esquerra Revolucionaria (CIO-Catalogne)

    La tentative de supprimer la volonté d’un peuple qui s’est exprimé le 1er octobre, en exerçant son droit à décider, malgré la violence policière brutale, et avec une grève générale historique deux jours après, c’est la réponse d’un État héritier du franquisme et des partis qui soutiennent le régime de 78.

    Les marxistes révolutionnaires, opposés à toutes formes d’oppression nationale et de classe, considèrent que la lutte pour la république catalane doit être liée à un programme politique et d’action contre les coupes budgétaires et l’austérité, qui casse avec la logique du capitalisme et avec la domination de l’oligarchie, tant espagnole comme catalane. La république catalane doit être celle du peuple, des opprimés, des jeunes et des travailleurs. Pour cette raison, nous ne pouvons pas laisser cette république et sa défense dans les mains des politiciens bourgeois du PDeCAT qui défendent les intérêts des privilégiés. La lutte pour une république qui défend les aspirations de la majorité, fait partie de la lutte pour une transformation socialiste de la société.

    La classe des travailleurs doit être la force décisive dans la lutte contre la répression et pour la république catalane, et pour cela il est nécessaire de la lier avec une politique de création d’emplois de qualité avec des salaires décents, pour éliminer la précarité et les expulsions des logements, qui défend la santé et l’éducation publique. Une république qui en fini avec le sabotage économique des capitalistes catalans par la nationalisation des banques et des grandes entreprises. C’est la seule façon de conquérir la république et de la défendre, en assurant que l’énorme force de la classe ouvrière catalane se mobilise pour vaincre l’offensive répressive de l’État et du gouvernement central.

    La bourgeoisie espagnole et catalane, les médias traditionnels, tous les partis issus du régime de 78, le système judiciaire, les forces de sécurité et la monarchie se sont unis pour soumettre la volonté des millions de travailleurs et jeunes de Catalogne. En utilisant la violence et la coercition de l’État pour assurer l’ordre établi, la classe dominante espagnole met aussi en danger la stabilité de leur pouvoir politique et économique.

    La classe dominante espagnole et catalane regarde avec effroi la proclamation de la république catalane, pas seulement parce que c’est une rupture avec l’idée nationaliste d’une Espagne grande et libre. Ils savent que cela peut être le prélude d’une lutte encore plus intense et profonde dans l’intérêt des opprimés, contre la domination capitaliste, contre l’ordre social établi, pour une république socialiste en Catalogne, et une république socialiste fédérale, basée sur l’union libre et volontaire des peuples et des nations qui composent actuellement l’état espagnol. Une lutte qui est déjà en train de conquérir la solidarité active des masses opprimées en Europe et dans le monde entier.

    Visca Catalunya lliure, republicana i socialiste !

  • Mon corps, mon choix ! La lutte en Irlande à un stade crucial

    Cet automne sera d’une grande importance pour le droit à l’avortement en Irlande, qui y est toujours interdit par le 8ème amendement de la Constitution. L’abrogation de cette loi anti-avortement est exigé sous le slogan ‘Repeal the 8th’ (‘Abroger le 8ème’). Ces dernières années, le soutien pour celui-ci a considérablement augmenté, tout particulièrement parmi les jeunes et les femmes. Il existe aujourd’hui une nouvelle génération qui défend avec confiance le droit de décider de son propre corps.

    Le gouvernement a mis en place une ‘Assemblée des Citoyens’ de 100 personnes ordinaires, en espérant mettre la question de côté. Mais de cette Assemblée sont sorties des recommandations progressistes qui ont accru la pression pour réellement organiser un référendum sur le droit à l’avortement. Les politiciens conservateurs feront tout pour l’empêcher. La pression doit donc rester élevée.

    La campagne ROSA en Irlande (‘for Reproductive rights, against Oppression, Sexism & Austerity’) et les parlementaires de ‘Solidarity’ (dont fait partie le Socialist Party, section-sœur du PSL en Irlande), parmi lesquels Ruth Coppinger, jouent un rôle majeur dans ce domaine. Ils mobilisent pour la grande ‘March for Choice’ (‘Marche pour le choix’) du 30 septembre (juste après la production de ce journal). La pression publique est telle que la commission parlementaire qui traite les recommandations de l’Assemblée des Citoyens ne parvient pas à s’en sortir avec ses manœuvres. Avec Ruth Coppinger au sein de la commission parlementaire, la pression publique est fortement relayée en son sein.

    Ruth Coppinger sera présente à Bruxelles le 21 octobre prochain à l’occasion du week-end ‘Socialisme 2017’ (informations pratiques et programme de l’événement). Nous lui avons demandé une réaction :

    ‘‘L’Assemblée des citoyens a été créée par le parlement l’an dernier dans une tentative désespérée de casser la dynamique croissante en faveur de l’abrogation du 8ème amendement. L’establishment s’attendait à des conclusions conservatrices, mais cette Assemblée a refusé de s’y conformer ! Forcer les gens ordinaires à prendre des décisions controversées est clairement une entreprise risquée.

    ‘‘Après avoir récolté informations et arguments, l’Assemblée a finalement conclu que le Dáil (le Parlement irlandais) devait absolument agir, que le 8ème amendement devait être abrogé et droit à l’avortement introduit pour des raisons de santé, socio-économiques ou liées à une anomalie fœtale fatale pour la mère et/ou l’enfant dans les premières 22 semaines et ‘‘sans restriction quant à la raison’’ dans les premières 12 semaines.

    ‘‘Le premier forum public sur le droit à l’avortement a formulé des recommandations radicales. Mais le Parlement est ultra-conservateur. Un seul groupe du Dáil, ‘Solidarity-People Before Profit’, plus une poignée de parlementaires appuient ces propositions.

    ‘‘En tant qu’activiste socialiste et pro-choix au sein du comité parlementaire, au nom de Solidarity et People Before Profit, je défendrai l’abrogation complète du 8ème amendement et pour qu’il n’y ait rien concernant le corps des femmes dans la Constitution. J’exigerai la reconnaissance juridique du droit à l’avortement.

    ‘‘Solidarity a défendu l’idée d’un référendum qui proposerait les recommandations de l’Assemblée des Citoyens. Ce serait bien mieux que de laisser la décision à une commission parlementaire non représentative.

    ‘‘Il y a quelques temps, l’establishment irlandais avait jugé nécessaire de soumettre le mariage homosexuel à un référendum car il n’osait pas lui-même prendre de décision. Les liens sont étroits entre l’establishment et l’Eglise catholique. On ne peut donc pas leur faire confiance pour proposer des mesures sociales qui, dans d’autres États de l’Union européenne, semblent pourtant évidentes, comme la séparation de l’Eglise et de l’État, l’instauration d’une éducation sexuelle sans culpabilisation ou jugement, une contraception gratuite ou à prix abordable et, bien sûr, le droit à l’avortement. Un mouvement social très fort et très actif va devoir arracher tout cela.

    ‘‘Cinq ans après la mort de Savita Halappanavar [une jeune femme décédée suite à une fausse couche après qu’un avortement lui ait été refusé, NDLR], il est incroyable nous ne puissions toujours pas avoir de loi permettant l’avortement.

    ‘‘Tous les partis et les parlementaires indépendants doivent maintenant être défiés sur cette position. Certains élus des partis traditionnels considèrent encore les femmes comme le ‘‘sexe faible’’. D’autres se taisent. Nous ne devons pas leur permettre de maintenir leurs positions médiévales. Mais même les partis favorables à l’abrogation du 8ème amendement, comme le Parti travailliste et les Verts, soutiennent une série de conditions avant d’avoir droit à l’avortement. Cela signifie qu’ils vont moins loin que la vielle loi britannique qui a 50 ans. Le Sinn Féin, tout en soutenant l’abrogation, ne soutient l’avortement que s’il y a une ‘‘grave menace’’ pour la santé mentale de la femme. Il s’agit de la possibilité déjà existante d’avortement pour éviter le suicide. Mais récemment encore, une victime de viol aux tendances suicidaires désireuse d’avorter s’est vue refuser ce droit ! L’approche du Sinn Fein doit changer : si ce n’est pas maintenant, quand alors ?

    ‘‘On dit parfois que nous vivons des moments historiques. Aujourd’hui, l’occasion existe certainement de gagner un changement social historique en Irlande : l’abrogation de cet odieux 8ème amendement qui nous a été infligé par l’Eglise catholique et des politiciens opportunistes. Ce à quoi ressemblera la législation sur l’avortement pourra aussi être déterminé par la force du mouvement. Nous devons faire tout notre possible pour faire défendre les progrès historiques des femmes, des femmes enceintes et de toute cette génération.’’

  • L’establishment pris de panique et bousculé par les nouvelles formations de gauche

    Mélenchon, lors de la marche de La France Insoumise du 23 septembre, à laquelle ont participé 150.000 personnes. Photo : Gauche Révolutionnaire

    Le 23 septembre, ce sont 150.000 personnes qui ont répondu à l’appel de la France Insoumise (LFI) pour défiler à Paris contre le ‘‘coup d’Etat social’’ de Macron ! Tandis que ce dernier voyait sa cote de popularité continuer de chuter, LFI arrivait largement en tête des formations citées comme première force d’opposition au gouvernement. ‘‘Je crois en la démocratie, mais la démocratie, ce n’est pas la rue’’, a réagi Macron, visiblement très agacé. A Paris, face à la gigantesque foule, Mélenchon lui a répondu : ‘‘C’est la rue qui a abattu les rois, les nazis, le plan Juppé et le CPE… (…) La bataille n’est pas finie, elle commence.’’

    Par Nicolas Croes

    La révolte dans les urnes

    En France et ailleurs, le paysage politique traditionnel fait face à un séisme inédit. Depuis le début de la crise, les partis traditionnels ont appliqué une politique fondamentalement identique: l’austérité. Electoralement, le prix à payer fut très lourd, tout particulièrement pour les partis sociaux-démocrates. Leur argument du ‘‘moindre mal’’ était usé jusqu’à la corde. Pour les différentes classes capitalistes nationales, aux profondes difficultés économiques s’ajoutait la crise de leurs instruments politiques privilégiés. Longtemps exception à la règle, même le PS d’Elio Di Rupo est maintenant touché.

    Pour l’establishment capitaliste, le pire était encore à venir : le processus de développement de nouvelles formations et courants de gauche a été accéléré. Le phénomène n’était pas neuf, mais le caractère durable de la crise a offert un soutien particulièrement large à des formations telles que SYRIZA et Podemos. SYRIZA est arrivé au pouvoir début 2015. Dans l’Etat espagnol, Podemos et les listes de confluence de gauche prenaient leur envol. Au Royaume-Uni, la direction du Parti travailliste a échappé à l’aile droite du parti. Leurs multiples manœuvres n’ont pas réussi à contenir l’arrivée massive et enthousiaste des centaines de milliers de jeunes et de travailleurs qui ont porté le vétéran de la gauche du parti Jeremy Corbyn à sa tête. De l’autre côté de l’Atlantique, Bernie Sanders a chamboulé les primaires Démocrates face à la candidate par excellence du monde de Wall Street, Hillary Clinton.

    Comment parvenir au changement

    Les formations et figures de gauche qui ont su exprimer audacieusement l’envie de changements radicaux ont pu compter sur un large écho. Après des décennies où la pensée unique néolibérale a pesé telle une chape de plomb, l’arrivée d’un programme même limité de réformes progressistes a semblé révolutionnaire aux yeux de beaucoup de personnes, même si le programme de ces nouvelles formations ne dépasse généralement pas le cadre de simples ajustements au système capitaliste. L’idée la plus en vogue est encore que le capitalisme pourrait être graduellement démantelé pour donner naissance à une société égalitaire, sans grandes précisions sur ce que pourrait bien être une telle société.

    De nos jours, c’est encore la classe capitaliste qui constitue la classe dominante. Cette classe sociale possède et contrôle les ressources économiques cruciales de la société (finance, grandes entreprises,…) et est liée à l’appareil d’Etat (justice, forces armées, échelons élevés de la fonction publique,…) par un millier de ficelles. L’Histoire a déjà démontré à maintes reprises que si la classe dominante sent que son pouvoir, sa richesse, et ses privilèges sont menacés, alors elle n’hésitera pas à recourir au sabotage économique ou même aux coups d’État militaires, comme cela s’est produit au Chili en septembre 1973.

    De plus, en cette période de crise de longue durée, les limites du réformisme sont bien plus rapidement atteintes que dans la période exceptionnelle d’après-guerre où existait également la pression de l’URSS. L’expérience de SYRIZA démontre que, aujourd’hui, la confrontation ou la capitulation avec le système capitaliste et ses institutions se posera très rapidement. Pour les créanciers et la classe capitaliste, il faut à tout prix éviter le risque de contagion politique qui pourrait naître d’une rupture avec la politique d’austérité. La plus importante était d’humilier SYRIZA et de décourager de nouvelles initiatives de gauche. Là où un certain espace de réformes progressistes a pu exister, comme au Venezuela, la fin des prix élevés du pétrole a rapidement entrainé la fin de diverses conquêtes sociales tandis que le pays s’enfonçait dans la crise politique et sociale. Au Venezuela, l’échec ne provient pas du socialisme, mais justement de l’absence de rupture socialiste avec le pouvoir du capital.

    Construire le mouvement

    Ces nouvelles formations de gauche représentent de véritables pas en avant pour débattre du programme, de la stratégie et des tactiques nécessaires à la prise du pouvoir par les travailleurs et la jeunesse. L’expérience de Syriza souligne l’intérêt fondamental d’adopter une approche révolutionnaire, c’est-à-dire de rompre avec les règles de la zone euro, de l’UE et du capitalisme. Ce dont nous avons besoin, c’est d’une stratégie de confrontation reposant sur le refus du paiement de la dette publique, sur l’instauration d’un contrôle des capitaux, sur la propriété publique des banques et des autres secteurs-clé de l’économie sous contrôle démocratique des travailleurs, sur l’élaboration démocratique d’une planification de l’économie collectivisée pour répondre aux urgences sociales et écologiques laissées par le capitalisme.

    Afin de contrôler effectivement les leviers de l’économie, la collectivité doit les posséder. On ne contrôle pas ce que l’on ne possède pas. Il en va de même pour le mouvement social lui-même. Le meilleur moyen d’assurer que ce programme soit appliqué, c’est qu’il soit porté par la base. Pour cela, il faut construire un instrument politique: un parti de masse des travailleurs capable de réunir toute l’énergie du mouvement afin d’en faire une véritable force reposant sur le nombre. Il faut bien entendu donner une direction à cette force, et c’est là tout l’intérêt d’un programme. Pour le PSL, arracher de véritables changements signifie de viser à une transformation socialiste de la société. Chaque pas en avant est positif en soi, mais il doit toujours être conforme à cet objectif.

    #JoinTheWave : construire une campagne de gauche large et inclusive en Belgique ?

    En 2014, la gauche radicale est arrivée au parlement pour la première fois depuis les années ’80. Depuis lors, Les élus du PTB ont donné plus d’échos à un débat qui, jusque-là, était essentiellement limité aux lieux de travail et aux milieux militants. Aujourd’hui, les sondages laissent présager une percée bien plus importante.

    Avec son appel #JoinTheWave (rejoins la vague), le PTB vise à construire une large campagne autour du parti en disant que voter ne suffit pas, qu’il faut aussi s’organiser. Au-delà de la répartition de tâches pratiques auprès des bénévoles pour les campagnes électorales, l’appel #JoinTheWave pourrait opter pour une approche large et inclusive reposant sur l’action. Les campagnes de gauche qui ont connu les plus grands succès électoraux sont celles qui ont su susciter l’enthousiasme et la participation massive dans l’action. Dans l’Etat espagnol, Podemos a bénéficié du mouvement des Indignés. Aux Etats-Unis, il y a eu le mouvement Occupy avant Sanders. Ou encore les meetings et manifestations de masse autour de Corbyn en Angleterre et de Mélenchon en France.

    Cela pourrait ainsi ouvrir la voie à l’engagement actif de dizaines de milliers de personnes impliquées dans les mouvements syndicaux, de jeunesse, féministes, écologistes, antiracistes, pacifistes,… autour du PTB. Et comment mieux lancer une telle campagne que par le moyen d’une large mobilisation vers des débats publics dans toutes les villes, ouverts à toute personne désireuse de rejoindre ‘‘the wave’’, à titre individuel ou avec son parti, sa délégation syndicale, son association,… ? La création de ‘‘groupes d’appui’’ pourrait y être proposée, à l’instar de ceux de la France Insoumise. Ces groupes pourraient donner de l’élan aux campagnes électorales, mais aussi aux mobilisations sociales, comme c’est le cas des groupes d’appui de la France Insoumise.

    Si le PTB confirme les résultats des sondages en octobre 2018, la question de majorités progressistes au niveau local peut être rapidement posée. Cela exige que ces majorités locales précisent qu’elles ont l’ambition d’appliquer une politique fondamentalement différente. L’introduction immédiate pour tous les employés communaux d’une semaine de 30 heures de travail sans perte de salaire avec embauches compensatoires, le remplacement des contrats précaires par des statuts de fonctionnaire ou au moins des contrats à durée indéterminée, un programme massif d’investissements publics pour davantage de logements sociaux de qualité et énergétiquement neutres et, entretemps, assurer l’accueil pour tous les sans-abris ou ceux qui vivent dans la pauvreté, etc.

    Le PTB et les majorités progressistes entreront en collision avec la camisole financière dans laquelle les gouvernements régionaux et le fédéral maintiennent les communes. Dans les années 80’, le conseil municipal de Liverpool, en Angleterre, a trouvé la parade pour lancer son vaste programme d’investissements publics. Il a construit un front de résistance d’une vingtaine de municipalités de gauche. Et, via des grèves et des manifestations de masse, il a forcé le gouvernement Thatcher à céder un refinancement de la ville.

    Une initiative inclusive basée sur l’action peut permettre une préparation politique via des discussions ouvertes et démocratiques, mais aussi la défense et la popularisation d’un programme qui rend possible de parvenir à la victoire. Des propositions et mesures concrètes sont indispensables, mais un projet pour ce qu’il conviendra de faire si l’establishment essaie de nous étouffer l’est également ; un projet qui ne peut être que celui du véritable socialisme démocratique car les marges pour changer la politique n’existent pas sous le capitalisme.

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