Category: Europe

  • France. Organisons la résistance contre Macron!

    Il faut un vrai plan d’action pour contre-attaquer

    Macron veut y aller fort. La nouvelle loi « travail » prévoit de donner les pleins pouvoirs aux grands patrons pour exploiter sans limite les travailleurs. Le plan de Macron prévoit que le patron puisse « négocier » (traduire « faire du chantage ») les horaires des salariés, le salaire, les primes… ! Et Pénicaut, la nouvelle ministre du « Travail », doit s’y connaître, ancienne DRH chez Danone, elle a mené en 2013 un plan de 236 suppressions d’emplois en France malgré un bénéfice de 1,8 milliard d’euros. Et si les salariés ne sont pas d’accord, cela pourra constituer un motif de licenciement. Les patrons pourront faire des prétendus « referendums » quand bon leur semble pour appliquer ces reculs.

    Par Cécile Rimboud, Gauche Révolutionnaire (CIO-France)

    La fonction publique n’est pas en reste, avec un plan de suppression de 120 000 postes. Et c’est sans compter comment le gouvernement veut démolir les retraites, le chômage (et les chômeurs avec) et la Sécurité sociale en sapant son financement.

    La situation est déjà difficile pour des millions de travailleurs. Les luttes et les grèves sont nombreuses : des travailleur-se-s de Campanile à Paris qui se battent pour l’application du 13ème mois à ceux de DCNS à Brest qui sont en grève contre la suppression de 9 repos compensateurs. De nombreuses arrivent à gagner des avancées ou à stopper des reculs. Nous sommes une écrasante majorité dans la population à ne pas vouloir de ces réformes antisociales.

    Il faut une riposte à la hauteur !

    Organisons dès maintenant la lutte ! Pour avoir une riposte à la hauteur des enjeux, et qui nous permette de gagner, il va falloir que nous ripostions de manière massive ! Non seulement massive, mais aussi organisée. On l’a vu lors du mouvement contre la loi « Travail » de 2016. Ce qui nous a manqué alors pour gagner, c’est de passer d’une mobilisation largement soutenue (avec 70 % de la population contre la loi) à un mouvement de grève généralisé, qui aurait permis d’entraîner dans l’action la majorité des travailleurs et de la jeunesse, c’était un plan d’action pour que des millions puissent de se préparer et de s’impliquer collectivement dans la construction de la lutte.

    Dès maintenant il faut réfléchir et discuter collectivement d’un tel plan. L’objectif : impliquer dans la mobilisation la majorité des travailleurs. Le 27 juin, une journée de mobilisation est organisée : elle doit être la première étape. Cette journée, nous pouvons déjà nous en servir comme un avertissement au gouvernement et aux patrons, mais aussi comme un appel à envoyer aux travailleurs du public, du privé, avec ou sans emploi : « préparons la riposte ». Partout sur les lieux de travail, il faudra des heures d’information syndicale, des Assemblées Générales, pour analyser les mesures du gouvernement, discuter avec un maximum de travailleurs et ainsi leur permettre de se saisir des enjeux et d’expliquer les attaques à d’autres.

    La mobilisation dans les syndicats sera également essentielle. Sans tergiverser, les syndicats devraient refuser en bloc toutes les attaques et refuser d’en discuter avec le gouvernement. Les annonces de Macron sont suffisantes et il n’y a rien à discuter en catimini avec un tel gouvernement qui représente si peu d’entre nous ! Les mobilisations du 19 juin à l’appel du Front social sont une première réaction positive contre le carnage social annoncé. Nous sommes pour faire pression, dans les syndicats, pour que la journée du 27 soit par exemple appelée comme une vraie journée de grève partout où cela est possible. Et d’ores et déjà et pendant l’été, nous devons exiger que pour le mois de septembre soit appelée une vraie journée de grève, public-privé, comme première étape dans la lutte pour stopper les plans de Macron. Cette journée pourrait servir d’ultimatum pour dire « si vous ne retirez pas vos projets pourris avant la fin du mois, alors nous organiserons la grève générale dans tout le pays dès début octobre ». Ainsi nous montrerons que nous sommes déterminés à gagner et que nous aurons besoin de tout le monde (du travail) pour ce faire.

    Stopper Macron et combattre les politiques des capitalistes

    Une telle stratégie serait un immense pas en avant permettant de continuer à unifier la classe des travailleurs et la jeunesse. En effet, il ne s’agit pas que de Macron. C’est aussi dans les boîtes, les universités, les lycées, les services… il faut se défendre et en finir avec la dictature des petits chefs, la pression insupportable, le manque de moyens et de personnel, le chômage de masse, etc. C’est bien pour résister et lutter contre tout cela que le mouvement contre la loi travail avait pris de l’ampleur. Et c’est ce même sentiment qui explique, pendant la campagne présidentielle, la vague d’adhésion populaire à la candidature de Mélenchon. L’idée grandit : il faut tout remettre à plat, il nous faut un gouvernement qui gouverne pour nos intérêts et non pas pour les gros banquiers et les actionnaires.

    La séquence électorale est passée et le dégoût grandit encore. Face à Macron et au Medef, seul un mouvement d’une ampleur massive peut gagner, une grève générale qui bloque le pays montrera à ceux qui dirigent qui fait vraiment tourner la société. Et un mouvement massif contre le gouvernement Macron et Philippe reposera nécessairement ces questions politiques qui ont émergé depuis le mouvement contre la loi « travail » et, d’une autre façons, lors de la campagne de Mélenchon : comment stopper durablement les grands patrons ? Quel gouvernement pour mettre en place les politiques qui serviraient nos intérêts à nous, travailleurs et travailleuses, jeunes ?…

    Ces débats sur quelle alternative politique animent toutes celles et ceux qui veulent résister à cette société capitaliste et son lot d’injustices, ce sont les débats qui doivent irriguer la nouvelle force politique de masse, combative, rassemblant des dizaines de milliers de travailleurs et de jeunes qui est nécessaire pour s’organiser politiquement face aux partis au service de Macron et du Medef.

    La GR se bat pour une société où les principaux moyens de production sont nationalisés et sous le contrôle et au service des travailleurs et de la population, dirigée par un gouvernement démocratiquement élu de représentants des travailleurs : le véritable socialisme démocratique. C’est cette perspective-là dont nous avons besoin pour pouvoir construire la lutte qui devra faire reculer Macron et compagnie, et répondre à la question de pour qui et par qui la société fonctionne.

  • Royaume Uni. Justice pour Grenfell et sécurité pour tous!

    L’article ci-dessous a été publié par nos camarades du Socialist party, section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Angleterre et au Pays de Galles, autour de la question suivante : comment les travailleurs et leur famille peuvent-ils s’organiser et lutter pour la sécurité? 

    Pas de sécurité : pas de loyer !

    Personne ne devrait payer pour vivre dans un bloc de béton sans savoir s’il est sécurisé. Le minimum qu’un conseil municipal puisse faire, c’est de fournir une maison sûre !

    Jusqu’à ce que des contrôles urgents et approfondis de la sécurité-incendie soient effectués et que les résidents soient convaincus que les changements nécessaires aient été apportés, les groupes de locataires à travers le pays devraient envisager d’organiser collectivement le non payement du loyer.

    Voici quelques idées sur la façon dont cela pourrait être organisé:

    • Organisez une réunion de tous les locataires de votre quartier. Frappez à chaque porte : c’est l’occasion de contacter tous vos amis et voisins. C’est l’été, la réunion peut donc se tenir en plain air en essayant ainsi d’inclure un maximum de monde. Alors donnez-vous un peu de temps, mais commencez maintenant!
    • Si vous n’avez pas d’association de locataires, créez-en une. Si vous le faites, impliquez tout le monde. Vous aurez besoin de coordonnées de tous vos contacts.
    • Collez des affiches à la fenêtre pour annoncer votre campagne.
    • Organisez des équipes pour circuler dans les rues du quartier en demandant aux gens de s’inscrire en tant que partisan si des mesures doivent être prises contre les locataires de la tour défendant leur droit à la sécurité
    • Entrez en contact avec le Socialist Party si vous souhaitez discuter de la campagne !

    Reloger les survivants localement – Saisissons les habitations vides !

    Il y a une véritable peur de la dispersion. Chaque locataire de Grenfell Tower, et quiconque devant déménager de maisons à proximité, devrait être réintégré par le conseil municipal. Personne ne devrait être expulsé de son quartier : celui-ci a déjà souffert d’un nettoyage social à cause de la rente des loyers due à cet incendie. Les loyers sécurisés à vie devraient être offerts à tous. Les locataires devraient également bénéficier d’un relogement approprié.

    Une fois que l’opération de restauration sera terminée et que les ruines de Grenfell seront parties, le terrain qu’elle occupe devra rester dans les mains du public et être utilisé au bénéfice de la communauté locale.

    L’arrondissement de Kensington et Chelsea possède 1 390 propriétés vides, dont la majorité est détenue par des particuliers riches et des sociétés d’investissement pour la spéculation. Tout le nécessaire doit être réquisitionné immédiatement. Comme l’a déclaré Jeremy Corbyn lorsqu’il a soutenu cette revendication : «Il n’est pas acceptable que, à Londres, nous ayons des immeubles de luxe et des appartements de luxe laissés vides comme bancs fonciers pour l’avenir alors que les sans-abri et les pauvres cherchent un endroit où vivre. Il est urgent de résoudre ces problèmes. “

    Action immédiate – remplacer les gaines et les extincteurs dans chaque bloc

    Les mesures visant à reloger et soutenir les victimes et les sans-abri ne peuvent attendre les résultats d’une enquête. Les revêtements dangereux devraient être retirés de tous les blocs maintenant. Un programme d’urgence pour les extincteurs dans tous les blocs du pays devrait commencer maintenant. Les conseils communaux devraient commencer immédiatement et demander l’argent du gouvernement.

    La brigade des pompiers de Londres (FBU) a tweeté: “Personne n’est mort dans un incendie au Royaume-Uni dans une propriété dotée d’un système efficace d’extincteurs à eau. Grenfell Tower n’a pas de système de ce genre”. C’est aussi un problème qui doit être abordé dans d’autres types de bâtiments publics. En octobre, la FBU a écrit une lettre conjointe avec le Syndicat national des enseignants à la secrétaire à l’éducation, Justine Greening, demandant au gouvernement de reconsidérer sa décision d’abolir l’attente que tous les nouveaux bâtiments scolaires soient équipés d’extincteurs à eau.

    Une enquête complète – sous contrôle des travailleurs

    Il y a eu beaucoup de discussions entre les résidents locaux de Kensington et les partisans sur le type d’enquête qui devrait avoir lieu. Il est vital à plus long terme que toutes les leçons soient apprises et que les responsables de cette tragédie soient tenus responsables. Jugeons les tueurs!

    Les experts juridiques ont avancé des points de vue différents sur la question de savoir si une enquête ou une enquête publique offre la meilleure et la plus rapide chance de justice. Tous les facteurs devraient être pris en compte et les résidents devraient avoir un droit démocratique de décider en qui ils ont le plus confiance pour enquêter et juger rapidement. La représentation juridique des locataires devrait être financée.

    Le Socialist Party appelle à une enquête sous contrôle des travailleurs. Il s’agirait d’une enquête menée par des groupes indépendants, syndicaux et résidents, en s’appuyant sur des experts, qui pourraient mettre en évidence les répercussions des réductions de dépenses et formuler des recommandations qui ne compromettent pas la sécurité à cause de l’austérité.

    Par exemple, Unite the Union (NDT : le plus gros syndicat anglais) pourrait fournir des représentants des travailleurs du logement et des travailleurs du bâtiment. S’il n’y a pas d’action immédiate, Jeremy Corbyn devrait intervenir pour établir une telle enquête.

    Dégageons les propriétaires avides d’argent! Débloquons maintenant des budgets, arrêtons avec l’austérité et la privatisation !

    Dans la quartier, il y a de la colère contre la réponse du conseil communal de Kensington, à tel point qu’une nouvelle équipe d’intervention a été créée pour coordonner le relogement et le secours.

    L’appel a poussé les dirigeants du conseil à démissionner. Un conseil qui représente la classe ouvrière et les jeunes de n’importe quelle région défendrait les droits des résidents, assurant un réapprovisionnement immédiat, une distribution d’aide d’urgence et l’obtention des réponses dont ils ont besoin. Nous exigeons pour que les conseillers locaux, supposés défendre nos intérêts, ne se cachent pas pour échapper à des questions !

    Ce conseil municipal, insensible et froid, défendant les riches, a des réserves de £300 millions, utilisons-le maintenant pour résoudre cette crise!

    Le conseil communal conservateur de Kensington a poursuivi les coupes. Cela doit s’arrêter. Et nous exigeons que tous les conseillés du Labour Party cessent d’appliquer les coupes et la privatisation organisées par les conservateurs, s’ils veulent éviter d’une part la perte totale de confiance à Kensington et de l’autre de nouvelles pertes humaines !

    Si les conseillers ne sont pas prêts à investir dans nos foyers et nos services, s’ils ne sont pas prêts à s’opposer aux réductions du gouvernement, ils devraient se retirer pour ceux qui le feront.

    Sans-abris et surpopulation

    Par David Acer, travailleur dans le service du logement et membre du Socialist Party

    Selon les estimations, entre 400 et 600 personnes vivaient à Grenfell Tower, qui disposait de 80 appartements de deux chambres et de 40 appartements d’une chambre. Il s’agit de 200 chambres au total.

    Il y a une crise du logement intense à Londres. Les salaires n’ont pas suivi la croissance des loyers. Le parc immobilier a été réduit. The Benefit Cap (NDT : une mersure antisociale limitant la quantité de droits sociaux) a rendu le logement à Londres totalement inabordable à 30 000 ménages.

    Pour les sans-abris, le choix est particulièrement marqué. Il y a près de 2 000 ménages dans l’arrondissement de Kensington et Chelsea que le conseil a accepté comme sans-abris. Les conseils de Londres ont dispersé les ménages sans domicile vers des logements temporaires à de grandes distances de Londres. Un projet basé à la mairie de Kensington relocalise les familles vers les Midlands de l’Ouest sur une base permanente.

    Compte tenu d’une situation aussi impossible, de nombreux ménages sans-abri vont rester avec leur famille et leurs amis afin de maintenir l’emploi, l’éducation et le lien via les réseaux sociaux. Mais une conséquence est que les blocs comme Grenfell Tower peuvent devenir fortement surpeuplés.

    Une enquête approfondie est nécessaire

    Nous demandons une véritable enquête démocratique sur le feu de la tour Grenfell. Cela devrait inclure les problèmes de gestion du logement. Cependant, cela ne va pas assez loin. Il devrait également y avoir une enquête sur l’itinérance à travers Londres. Les ménages sans-abri ne devraient pas être chassés de leur communauté locale de quartier !

    Jeremy Corbyn a insisté pour exiger que les logements privés vides dans le quartier soient réquisitionnés pour loger les familles de la Tour. Il s’agit d’une réponse immédiate, mais des problèmes plus vastes doivent également être abordés.

    Lorsque Thatcher a promu le «droit d’acheter», les propriétés ont été privatisées une à la fois. Le New Labour a favorisé le transfert volontaire à grande échelle (LSVT), dans le cadre duquel des biens entiers et l’ensemble du parc immobilier dans les zones de conseil individuelles ont été transférés à des propriétaires immobilier dans le but de privatiser 200 000 propriétés chaque année.

    Les groupes de locataires à travers Londres devraient se réunir pour exiger un programme immédiat pour répondre aux besoins du logement. Une première étape devrait empêcher l’assemblée du Grand Londres et les conseils de vendre des terrains publics à des promoteurs privés. De nouveaux logements sociaux sécurisés devraient être construits avec des loyers véritablement abordables et un contrôle démocratique de la gestion du logement.

  • Jobstown Not Guilty : le jury se prononce en faveur des accusés !

    Pour l’establishment politique irlandais, la défaite est écrasante. Le jury du procès de 6 des activistes anti-austérité de Jobstown (voir notre article : Le plus grand procès politique en Irlande depuis des décennies) a déclarés ces derniers non coupables des charges de “séquestration” (false imprisonment) de l’ancienne vice-première ministre, Joan Burton (Labour), lors d’une manifestation spontanée contre la taxe sur l’eau et l’austérité dans le quartier ouvrier de Jobstown, à Tallaght, dans le sud-ouest de Dublin.

    Parmi les accusés se trouvait le député Paul Murphy, élu de Solidarity et membre du Socialist Party, parti-frère du PSL en république irlandaise, ainsi que Kieran Mahon et Mick Murphy, conseillers municipaux de Solidarity et membres du Socialist Party. Pour l’establishment, ce procès avait une importance toute particulière car il visait à freiner l’essors actuel de la gauche, très certainement après que la taxe sur l’eau ait été suspendue suite au mouvement de contestation massif qui a agité tout le pays.

    Face à cette attaque contre le droit démocratique de protester, une campagne internationale de solidarité avait été lancée, rejointe notamment par Jean Luc Mélenchon, Yanis Varoufakis ou encore Angela Davis. En Belgique également, plusieurs figures du monde syndical et politique (notamment le président du PTB Peter Mertens ou encore la députée fédérale ECOLO Muriel Gerkens). Avec des membres de la fraction GUE (gauche unitaire européenne) du Parlement européen, nous avons également mené une action face à l’ambassade irlandaise à Bruxelles.

    Ce verdict est d’une grande importance pour le mouvement des travailleurs en Irlande. Ci-dessous, vous pouvez voir une vidée de Paul Murphy à la sortie du tribunal et une autre du député Mick Barry (Solidarity et Socialist Party) qui a annoncé le verdict au Parlement.

     

  • Royaume Uni: Incendie de la Tour Grenfell – Tout l’establishment est exposé

    Au fur et à mesure que plus de détails émergent et que le nombre de morts s’élève, le désastre se fait de plus en plus terrible. Le feu s’est répandu à une vitesse ‘‘grand V’’ et les témoins décrivent des scènes déchirantes alors que les victimes essayaient désespérément d’échapper à l’emprise des flammes.

    Editorial de l’hebdomadaire The Socialist (journal du Socialist Party, section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Angleterre et au pays de Galles)

    C’est une grande tragédie pour le quartier. Des enfants sont morts. Trois générations d’une même famille ont péri dans le feu. Mais plutôt que d’être déchirés, le quartier a témoigné d’une remarquable solidarité humaine, se soutenant les uns les autres, recueillant des dons de biens et d’argent, organisant un hébergement d’urgence, coordonnant les secours. L’héroïsme, le courage et le sacrifice des services d’urgence et des résidents locaux ont été incroyables. Qui n’a pas été ému en voyant ces pompiers applaudis alors qu’ils s’éloignaient des lieux de la catastrophe ? Le vrai visage de l’Humanité a été révélé au travers de la solidarité qui a fait suite à ce tragique événement.

    La colère est parallèlement énorme, contre le conseil communal, contre la société de gestion du logement, contre les entrepreneurs qui ont rénovés le bâtiment, contre le gouvernement et contre le système dans son ensemble. De nombreux résidents sont persuadés que le nombre de morts sera beaucoup plus élevé qu’initialement estimé et que des faits sont cachés.

    Ce n’est ne sont pas seulement le Socialist Party ou d’autres militants qui l’affirment, les résidents de la tour le crient eux-mêmes: cette affaire concerne la division entre riches et pauvres, à la base de tout cela se trouve un arrogant mépris pour la vie des travailleurs et de leurs familles. Il s’agit d’une communauté aux origines diverses, beaucoup étant issus de l’immigration africaine ou asiatique, qui vivent dans une zone ouvrière pauvre au côté de l’immense richesse des plus nantis.

    Après plusieurs années à avoir été ignorés par le conseil communal, certains locataires qui avaient mené campagne pour accroitre la sécurité face aux incendies dans la tour ont péris par les flammes. Deux femmes menacées d’une action en justice par le conseil communal manquent à l’appel, présumées mortes. Dans leur lutte pour augmenter la sécurité sur le site, elles ont été confrontées à divers obstacles, y compris la coupure de leur aide juridique, ce qui signifie concrètement qu’elles ne pouvaient plus se permettre de représentation légale. Mais elles ont mis par écrit leur expérience.

    La faillite du conseil communal

    La colère est énorme contre l’arrogance et à l’inertie du conseil communal à réponse à la crise. Durant les deux premiers jours qui ont suivi la catastrophe, c’est à peine si le conseil et le gouvernement étaient présents, tout a été organisé par la communauté.

    Plus de 5 millions de livres sterlings ont été donnés par la population, ce qui est incroyable, mais tout de même négligeable en comparaison des réserves détenues par le conseil communal de Kensington et Chelsea (300 millions £). Ce conseil a géré un excédent de 15 millions de livres sur son budget consacré au logement (en gagnant 54 millions de livres en loyers et services divers tout en ne dépensant que 40 millions de livres). Malgré cela, les autorités avaient économisé sur les extincteurs et sur d’autres mesures de prévention des incendies.

    Le relogement d’urgence est un véritable scandale. Les survivants sont simplement dispersés dans des hôtels. Lors de la deuxième guerre mondiale, les familles victimes des bombardements étaient relogées dans les 24 heures! Selon le député David Lammy, il semblerait que les survivants qui ne veulent pas être répartis dans tout le pays puissent être menacés d’être déclarés délibérément sans abri (ce qui leur ferait perdre plusieurs aides). En continuant de la sorte, la colère ne pourra que continuer à croitre. Le conseil et le gouvernement sont invités à revenir sur leur politique concernant le logement, de sorte qu’aucun résident ne risque de perdre ses droits s’il refuse un logement inadapté.

    Le vrai visage des Tories

    Le vrai visage des conservateurs (tories) en tant que représentants de la classe capitaliste a été mis à nu. L’attitude dénuée de toute empathie de la Première ministre Theresa May n’est qu’un élément parmi d’autres. La vidéo de Boris Johnson assis au City Hall en se moquant des plaintes concernant les coupes budgétaires dans les services d’incendie est devenue virale. Un ancien discours du précédent Premier ministre David Cameron a aussi beaucoup circulé. Dans celui-ci, il se vante de vouloir ‘‘tuer la culture de la sécurité’’ et déclare : ‘‘Je veux que l’année 2012 soit décrite dans l’histoire non seulement comme l’année des Jeux olympiques ou du Jubilé de diamant, mais aussi comme étant l’année où nous en avons fini avec ce gaspillage inutile de l’économie britannique’’. Le ministre conservateur du logement, Gavin Barwell, aujourd’hui chef d’état-major de Theresa May, s’est scandaleusement assis sur les leçons de l’incendie de l’immeuble Lakanal à Southwark en 2009.

    L’austérité tue, cela ne saurait être plus clair. Mais cette politique fait des ravages depuis bien plus longtemps que le règne des conservateurs. Il y a eu des décennies de coupes budgétaires, de privatisations, de déréglementation et de manque de responsabilités démocratiques. Pendant ce temps, le Times rapporte que les topmanagers de Grenfell ont eu 650.000 £ de salaire. De Margaret Thatcher à Tony Blair en passant par David Cameron, tous les politiciens traditionnels sont passés par ce néolibéralisme sauvage.

    Les logements sociaux

    Le développement de logements sociaux a constitué un grand pas en avant pour les travailleurs; Mais les travailleurs n’ont que ce pour quoi ils se sont battus. Après la Première guerre mondiale, les subventions du gouvernement pour les logements sociaux ne sont arrivées qu’en réponse à la vague de boycott de paiement des loyers et à l’impact de la Révolution russe. Un des responsables d’un conseil d’administration local a notamment déclaré: ‘‘L’argent que nous allons dépenser pour le logement est une assurance contre le bolchevisme et la révolution’’. Le gouvernement travailliste de 1945 a créé l’État-providence, y compris la construction massive de logements sociaux, également sous la pression des masses.

    Mais les riches n’ont jamais accepté cette situation et leurs représentants politiques ont passé ces 35 dernières années à démanteler ces conquêtes sociales. En 1980, Thatcher a ainsi forcé la vente de nombreux logements sociaux.

    Un million de maisons ont été vendues en dix ans. Parallèlement, les restrictions de budgets ont réduit la construction de nouveaux logements sociaux. Puis, en 1988, le Transfert volontaire à grande échelle (LSVT) a permis de déplacer le parc de logements de la propriété d’un conseil vers celle d’association du logement, un processus ensuite massivement accéléré sous Tony Blair.

    Le New Labour a alors couru pour générer des bénéfices des logements publics grâce à l’initiative de financement privé et qui a poussé vigoureusement les «organismes de gestion sans limite» (Almos), éliminant le contrôle démocratique du logement social et le remettant au secteur privé. En 2000, le député New Labour John Prescott a prédit ‘‘la fin du logement social public’’. L’actuel dirigeant du Labour Jeremy Corbyn fut l’un des députés travaillistes qui se sont opposés à ces mesures.

    Tout cela a conduit à un transfert de responsabilité et de contrôle des locataires ou des conseillers communaux élus vers des organismes de gestion. Il est vrai que certains locataires sont impliqués dans la gestion, mais ces derniers n’ont aucun pouvoir. Les militants du logement estiment qu’une manœuvre concertée est actuellement en cours pour en finir avec les associations de locataires et de résidents à travers Londres. Les conservateurs veulent mettre fin au logement social, en conséquence de quoi des conditions datant d’il y a une centaine d’années (surpopulation et conditions de vie dangereuses) sont de retour.

    L’austérités des Tories

    Durant la même semaine que celle de l’incendie de Grenfell, il a été divulgué au Guardian que l’hôpital Charing Cross, qui traite actuellement des survivants, fait face à des réductions dévastatrices qui réduiraient l’institution hospitalière à 13% de sa taille actuelle. Tout comme pour les récentes attaques terroristes, cet événement horrible a fait ressortir le fait que le nombre de pompiers a été réduit à Londres de 550 soldats du feu. Dix stations ont été fermées et d’autres fonctionnent avec des moyens réduits. Le maire de Londres, Sadiq Khan, devrait revenir sur toutes les coupes budgétaires qui ont été opérées dans les services d’incendie de Londres.

    Tout cela a un effet profond sur la conscience des masses, non seulement vis-à-vis du logement, mais également quant à la manière dont est organisée la société. La colère s’exprime contre ‘‘les riches qui s’opposent à la classe ouvrière’’. Ce n’est guère étonnant que Jeremy Corbyn ait été si populaire dans la région – non seulement en raison de son attitude humaine, mais aussi en raison de la rupture qu’il offre potentiellement face aux politiques d’austérité.

    Theresa May et les Tories étaient déjà en crise, mais cette dernière pourrait encore s’approfondir sur base de cet incendie et de la colère des habitants du quartier et plus généralement des travailleurs.

    En plus d’offrir notre plus grande sympathie et notre solidarité avec les habitants de Grenfell et de la région, le Socialist Party défend également diverses idées concernant ce qui pourrait être fait aujourd’hui. Nous soutenons que l’organisation et l’action des locataires avec le soutient actif des syndicats pourraient apporter non seulement une justice rapide pour les survivants, mais aussi amener immédiatement la sécurité de tous les résidents des blocs-tours et des logements de masse.

    L’appel lancé en faveur d’une manifestation d’un million de personnes dans les rues le 1er juillet et pour que les syndicats organisent une manifestation de masse et une grève coordonnée pourrait être décisif pour mettre pression sur les conservateurs et avoir l’organisation de nouvelles élections générales.

    Le Socialist Party soutient les projets de construction de logements de Jeremy Corbyn, mais il pourrait aller plus loin. En plus d’abolir la ‘‘bedroom tax’’ (une taxe antisociale sur les logements), une politique socialiste de logement impliquerait des investissements massifs dans les logements sociaux, y compris dans la rénovation de nombreuses propriétés existantes; des contrôles de loyers qui contrôlent le niveau réel des loyers et pas seulement les augmentations ou encore la nationalisation sous contrôle démocratique des banques, des terrains et des entreprises de construction pour fournir des logements sûrs, sécurisés et véritablement abordables pour tous.

  • Nous ne voulons plus de l’UE! Pour une Europe socialiste, démocratique et solidaire!

    L’Union européenne en crise permanente.

    Il y a moins d’un an, une majorité de Britanniques votait favorablement à la sortie de leur pays de l’Union Européenne. Le 29 avril 2017, les chefs d’État des autres 27 pays membres ont approuvé à l’unanimité les directives pour les négociations du Brexit. C’était le sommet le plus court et le plus consensuel depuis très longtemps. Il n’a fallu que 15 minutes pour trouver un accord. Les dirigeants de l’UE veulent ainsi donner une image d’unité et d’unanimité au reste du monde.

    Dossier de Tanja (Gand) publié dans l’édition de juin de Lutte Socialiste

    Le projet d’unification européenne traverse une crise profonde. Pour la première fois de son existence, il n’y a aucune perspective d’élargissement du projet d’intégration européen alors qu’un pays veut quitter l’UE. Pour éviter la contamination politique, l’UE veut faire payer le prix fort à la Grande-Bretagne. La première-ministre britannique Theresa May (Parti conservateur), de son côté, ne doit pas broncher pour contenter sa base et éviter une fracture de son propre parti. Elle a prévenu Juncker, président de la Commission européenne, qu’elle sera une “femme sacrément difficile” lors des négociations.

    La deadline pour la clôture des négociations est fixée dans les traités européens à deux ans après l’activation officielle de l’article 50. Cela tombe donc en mars 2019, quelques mois après les prochaines élections européennes. Reste à voir si les négociations se concluront avec ou sans accord entre les deux partenaires de négociation.

    Y a-t-il des raisons d’être optimiste ?

    L’élection d’Emmanuel Macron à la présidence de la France a provisoirement soulagé Bruxelles. Mais beaucoup de facteurs et d’évènements au sein de l’UE et de la Grande-Bretagne peuvent perturber les négociations. En automne se tiendront d’importantes élections en Allemagne. Des menaces économiques et des risques dans le secteur bancaire continuent de peser. L’instabilité économique et politique reviendra à chaque élection. L’Écosse menace d’organiser un nouveau referendum sur l’indépendance et des tensions pèsent avec l’Irlande du Nord. Le 8 juin, des élections anticipées auront aussi lieu en Grande-Bretagne. Theresa May veut utiliser ces élections pour renforcer sa majorité. La question est de savoir si Jeremy Corbyn (le dirigeant du Parti travailliste) pourra mobiliser la classe ouvrière pour marquer les négociations de son sceau. S’il n’y parvient pas, la classe ouvrière risque d’être entraînée, des deux côtés de la Manche, dans des discussions dominées par de lugubres tendances nationalistes et racistes.

    En ce moment, l’unanimité semble régner parmi les dirigeants européens. Mais, tôt ou tard, les contradictions entre États membres vont refaire surface. La Belgique, les Pays-Bas et l’Irlande entretiennent des relations commerciales étroites avec le Royaume-Uni. Respectivement 8,8%, 9,3% et 13,7% de l’exportation de ces pays vont vers le Royaume-Uni. Pour ces pays, la question de savoir si un accord commercial fera ou non partie des négociations du Brexit n’est pas une question secondaire.

    Que signifie le vote pour le Brexit ?

    Dans les médias, le vote pour le Brexit est présenté comme un vote purement raciste et anti-migrants. Le vote pro-UE était soi-disant l’expression d’un état d’esprit progressiste. En réalité, les choses sont rarement blanches ou noires. Tous les sondages d’opinion montrent que l’immigration a joué un rôle, mais ce sont surtout les questions sociales qui ont été déterminantes dans le comportement électoral. Pour une grande partie de la population, l’immigration ouvrière et les mesures d’austérité imposées depuis Bruxelles ont été vues comme un instrument de l’élite pour faire baisser les conditions générales de salaire et de travail.

    Nos partis frères en Angleterre et au Pays de Galle, en Écosse et en Irlande du Nord ont mené campagne pour un Brexit. Non pas pour créer l’illusion qu’après un Brexit, les attaques contre la classe ouvrière cesseraient automatiquement. Mais parce que le Brexit serait un meilleur point de départ pour la lutte sociale dans le pays.

    Nous n’avons jamais prétendu que le Brexit était en soi positif ou négatif, mais nous avons mis l’accent sur le caractère antisocial de l’UE actuelle. Une majorité de la population en faveur du Brexit serait une issue plus favorable, selon nous, pour permettre de renforcer la lutte pour de meilleurs soins de santé et contre l’austérité et les privatisations. Cela aurait pu contrer la campagne nationaliste de l’UKIP surtout si cela avait été soutenu par les syndicats et le nouveau président du Labour, Jeremy Corbyn à travers un message internationaliste fort. Nous avons regretté la position de Jeremy Corbyn qui, malgré son attitude critique vis-à-vis de “l’Employers Union” (l’Union des employeurs) a voté pour le “Remain” (maintien dans l’UE). En faisant cela, il s’est rendu responsable du monopole par les forces réactionnaires du discours en faveur du “Leave” (sortie de l’UE) et d’une certaine confusion des esprits.

    Il n’en reste pas moins que le Brexit était une sanction pour l’establishment européen et le projet de néolibéralisme et de l’austérité institutionnalisée. Des millions de personnes, surtout dans des pays comme la Grèce, l’Espagne et le Portugal, ont été poussées dans la misère et la pauvreté. Pas étonnant, donc, que des gens soient dégoûtés de l’arrogance de l’establishment européen planqué bien loin à Bruxelles et qui prend des décisions asociales au-dessus d’eux.

    Ces expériences assurent que de moins en moins de gens sont enthousiastes vis-à-vis de l’UE. Ce n’est pas un hasard si la crise de confiance à l’égard de l’UE coïncide avec celle envers l’establishment politique. Tous les soi-disant grands partis pro-européens qui déterminent et défendent la politique européenne sont aujourd’hui sanctionnés. La social-démocratie en est la principale victime. En Grèce, en Irlande et maintenant aux Pays-Bas et en France, elle a subi de sérieux revers. Dans certains pays, il est loin d’être sûr que ces partis parviennent à se rétablir.

    Malheureusement, les partis “euro-sceptiques”, racistes, de droite et réactionnaires en profitent souvent le plus. De grandes parties de la gauche essaient de s’accrocher au mythe d’une Europe sociale. Pour ceux qui croient à ces illusions, l’UE est “plus internationaliste” et “progressiste” qu’un retour à l’État-nation. Ils ajoutent souvent aussi que, grâce au processus d’intégration européen, cela fait 70 ans que la paix règne sur le continent européen autrefois en guerre.

    Si nous ne pouvons choisir qu’entre l’UE asociale actuelle ou un bain de sang nationaliste, c’est effectivement un choix cornélien. Qui voudrait encore d’une guerre en Europe ? Qui pourrait trouver que les programmes d’échange internationaux pour les étudiants sont une mauvaise chose ?

    Le PSL est convaincu que l’UE et le processus d’intégration européen basé sur une économie capitaliste et géré pour le 1 % des plus riches et ses vassaux politiques ne seront jamais progressistes.

    C’est pourquoi, dans la deuxième partie de cet article, nous approfondissons l’histoire de l’UE. Nous argumentons qu’une unification de l’Europe n’est possible que sur une base socialiste, démocratique et solidaire. Une Europe dans laquelle les intérêts, droits et talents de tous les habitants d’Europe sont garantis, construits et assurés.

    L’UE: construite sur des fondements capitalistes antisociaux

    Fin mars 2017, on a fêté, à Rome, le 60ème anniversaire du Traité de Rome qui a fixé la base de la Communauté économique européenne (CEE). Les dirigeants européens ont essayé avec beaucoup de tam-tam et de belles paroles de redorer le blason de l’UE. Ils ne savent que trop bien qu’ils traversent la crise la plus profonde que le projet ait jamais connu.

    La confiance de la population en l’UE est à un niveau historiquement bas. Lors des élections européennes de 2014, le taux de participation n’était que de 42%. Même dans les pays traditionnellement pro-UE, tels que l’Italie, l’Espagne, la France et l’Allemagne, en 2016, seuls 35 à 38% de la population avaient encore une image positive de l’UE.

    Comme en 2012 lorsque l’UE a gagné le prix Nobel de la paix en plein milieu de sa plus lourde crise, on mettra l’accent à Rome cette fois-ci aussi sur le fait que l’UE est le garant de sept décennies de paix et de prospérité croissante en Europe. Dans le Traité, signé par les six pays fondateurs en 1957, il est, en effet, question de “l’amélioration du niveau de vie et des conditions de travail des travailleurs, l’harmonisation des systèmes sociaux, un salaire égal entre hommes et femmes à travail égal, la garantie de l’équilibre des échanges commerciaux et une concurrence loyale”.

    Ce traité fut rédigé dans le contexte historique des années 1950. L’économie progressait sur les ruines de la Seconde Guerre mondiale, d’une part et avec à l’arrière-plan, la rhétorique de la guerre froide, d’autre part. L’Ouest capitaliste devait surtout faire ses preuves sur le plan social face aux pays dits communistes, où la propriété privée des moyens de production et par voie de conséquence la maximalisation des profits comme ressort de l’économie avaient été abolies.

    1957 a été le point de départ d’un marché unique et des premiers pas en direction de la libre circulation des capitaux, biens et services, l’un des aspects centraux de l’UE.

    Le processus d’intégration européen a connu, à ses débuts, des oppositions, des intérêts contradictoires et il a toujours été dominé pour des motivations économiques. La capacité de production des grandes entreprises dépassait les frontières nationales, les multinationales dominaient de plus en plus l’économie et le commerce. Les plus grands capitalistes européens devaient subir la concurrence des multinationales américaines et asiatiques qui se développaient rapidement et qui disposaient d’un beaucoup plus grand marché domestique. L’UE a été utilisée comme instrument politique sur le marché mondial. En même temps, elle a été utilisée sur le plan national, dans les États membres, pour imposer des contre-réformes pour renforcer la position concurrentielle de la bourgeoisie nationale, au sein même de l’UE.

    L’aspiration à la paix pour huiler le mécanisme

    L’aspiration à la paix était incontestablement grande en Europe. Les deux guerres mondiales avaient causé de lourdes pertes humaines. C’est pour cela qu’une alliance regroupant des ennemis mortels comme la France et l’Allemagne a été accueillie avec enthousiasme par la population. Même des idées socialistes telles qu’une société sans guerre et misère, une répartition équitable des richesses, du travail et la sécurité sociale pour tous étaient populaires à ce moment-là.

    On ne peut pas dire du projet qu’il était pacifiste. Déjà en 1950, une proposition de politique militaire commune a été lancée. La France était à l’initiative en la matière et a proposé de construire une armée européenne. Les USA voulaient remilitariser l’Allemagne, principalement comme tampon face à l’Union soviétique. L’Allemagne serait, bien entendu, non seulement un tampon, mais servirait aussi les intérêts américains en Europe de l’Est. La France essayait d’éviter cela. Finalement, la proposition d’une armée européenne a été balayée et la demande d’une politique militaire européenne reste jusqu’à aujourd’hui, un thème délicat du fait des différents intérêts impérialistes des grands pays européens.

    En Belgique et aux Pays-Bas, la perte des anciennes colonies a été un fort incitant à créer, via une union douanière, de nouveaux débouchés dans les pays voisins. Le ministre belge des Affaires étrangères de l’époque, Paul Henri Spaak, a pris l’initiative à ce sujet et a utilisé la coopération existant dans la Communauté du Charbon et de l’Acier (CECA) pour démarrer la Communauté économique européenne (CEE). L’Allemagne était sceptique à ce moment-là. La part du commerce allemand avec des pays en dehors des cinq autres états fondateurs de la CEE était beaucoup plus élevée. Elle craignait que les tarifs douaniers de pays tiers n’augmentent suite à une union douanière.

    En 1968, l’union douanière est quand même entrée en vigueur et le commerce entre les pays qui en faisaient partie a considérablement augmenté. Une première tentative d’union monétaire a échoué dans les années 1970, mais la CEE a connu une extension constante. Depuis 2002, l’euro a été instauré (voir plus loin). Le dernier grand élargissement a suivi en 2004, avec 10 nouveaux États membres, dont 7 issus de l’ancien bloc de l’Est. Ils ont tous dû subir, entre autres, un programme de privatisation sévère pour pouvoir adhérer à l’Union européenne. Le démantèlement de ce qui reste de l’économie planifiée a été imposé en 1993 en vue de l’adhésion à l’UE par ce qu’on appelle les critères de Copenhague. Ils stipulent, entre autres, que les États membres “ont une économie de marché opérationnelle qui puisse supporter la concurrence du marché interne”.

    L’unité monétaire comme aboutissement de l’union néolibérale

    En 1992, les préparatifs de l’union monétaire ont démarré avec l’instauration des critères de Maastricht et l’installation du pacte de stabilité et de croissance. Il s’agit de règles monétaires strictes qui imposent aux États membres une discipline budgétaire et d’austérité. Le déficit budgétaire ne peut pas excéder les 3% et la dette publique ne peut pas dépasser les 60% du PIB.

    Récemment, les critères ont encore été affutés et institutionnalisés avec le SixPack et le Pacte fiscal. Cela permet, entre autres, d’imposer des sanctions aux pays qui ne satisfont pas aux critères. Les budgets nationaux doivent aussi être soumis à l’approbation de la Commission européenne dans le cadre du Semestre européen avant d’être approuvés par les parlements nationaux élus. Cela a été vu, à juste titre, par de nombreuses personnes comme une limitation des compétences des parlements nationaux élus. Dans toute la législation européenne, des principes économiques libéraux de droite ont été gravés dans la pierre. Cela laisse peu d’espace aux pays membres pour des investissements publics dans l’emploi, l’enseignement, la santé et l’environnement.

    Le PSL est ses organisations-sœurs au sein du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) ont argumenté depuis le début contre cette unification libérale imposée et contre l’union monétaire. Dans la brochure “Non à l’Europe des patrons! Non à l’UME (union monétaire européenne)! Luttons pour une Europe socialiste démocratique”, nous écrivions en 1999: “La lutte contre l’euro/UME doit devenir une activité de campagne importante dans notre fonctionnement. Parce que les gouvernements et les patrons seront obligés d’intensifier leurs attaques contre les droits des travailleurs et l’État-providence. L’euro sera surtout utilisé comme arme pour continuer à déréguler le marché du travail, créer plus d’insécurité d’emploi, compresser les salaires et attaquer les droits acquis. À terme, cela mènera à un rejet croissant de l’euro/EMU dans de larges couches de la population.”

    Le processus d’intégration est allé plus loin que ce à quoi nous nous attendions. Cependant, notre perspective de l’époque s’est aujourd’hui confirmée. Les libéralisations et privatisations sont ancrées dans la politique européenne. Les directives qui prescrivent la libéralisation du secteur des télécommunications, du trafic aérien, de l’énergie, de la poste et des chemins de fer, des ports émanent toutes de l’Union européenne. Elles ont évidemment été approuvées par l’establishment politique dont les partis de la social-démocratie. Au moment où la stratégie de Lisbonne a été tracée, qui devait faire de l’UE l’économie de la connaissance la plus dynamique et concurrentielle, 2 pays de l’UE sur 3 avaient un parti social-démocrate au gouvernement.

    Une UE sociale est une illusion, une UE socialiste une nécessité

    L’actuelle UE est un projet capitaliste et le marché interne est le veau d’or de l’UE. C’est un instrument politique pour les grandes entreprises et banques européennes qui, dans un contexte d’économie globale, recherche la maximalisation des profits. Des interventions de l’État qui “perturberaient la concurrence” sont, par exemple, interdites. L’UE fonctionne comme un bloc économique pour concurrencer les autres blocs économiques et en même temps, la concurrence interne entre États membres existe. C’est pourquoi cette Europe ne développera jamais une réelle politique sociale harmonisée.

    Sur le plan du salaire minimum, par exemple, il y a un énorme fossé entre des pays comme le Luxembourg avec un salaire minimum de 11,27 euros et la Bulgarie avec un salaire minimum de 1,42 euro. C’est la réalité de l’Europe aujourd’hui. Tant que le principe à travail égal, salaire égal ne vaudra pas, l’UE fonctionnera comme une spirale vers le bas pour les conditions de salaire et de travail.

    Sur la politique des réfugiés aussi, l’UE montre son vrai visage. Les accords avec la Turquie et la Libye de même que l’élargissement des moyens et des compétences du corps européen de garde-frontières ont pour unique but de refuser de l’aide à autant de personnes que possible.

    L’élection de Trump est utilisée par certains pour plaider à nouveau pour une extension de la capacité d’action militaire de l’UE. Le ministre belge des Affaires étrangères de l’époque, Mark Eyskens, décrivait, en 1991, l’UE comme un géant économique, un nain politique et une larve militaire. Ce fossé devrait être comblé. Mais ici aussi il ressortira que les contradictions entre les intérêts nationaux et l’UE persistent tant que le capitalisme règne.

    Le processus d’intégration européen est allé plus loin que ce à quoi le PSL s’attendait. Malgré les forces centrifuges qui divisent le projet, l’élite essaie d’arrache-pied de maintenir une sorte de collaboration. Si nécessaire, d’autres formules seront étudiées.

    Jusqu’à présent, le but était d’approfondir l’Union. Dans le nouveau Livre blanc de la Commission européenne, on parle pour la première fois ouvertement de la possibilité d’une Europe à plusieurs vitesses. Une désintégration complète de l’UE signifierait une catastrophe politique et économique pour l’establishment actuel. C’est pourquoi l’agonie de ce projet va encore durer un petit temps.

    En fonction des rapports de force sociaux, une alternative de gauche peut aussi se développer. Pour cela, il est temps que la gauche conséquente en Europe ose ouvertement choisir une Europe basée sur la solidarité et la démocratie économique. Ce ne sera possible que si les besoins et intérêts de la majorité de la population en Europe sont centraux. Ces dix dernières années, l’UE a montré son vrai visage: les banques ont été sauvées, les profits des entreprises préservés d’une part; économie sur les budgets sociaux, salaires inférieurs et privatisation de services d’autre part. Nous devons lutter tous ensemble pour une collaboration européenne sur base socialiste.

  • Législatives françaises: victoire sans soutien réel pour Macron au 1er tour

    C’est un putsch électoral réussi pour Macron. Après avoir été élu président sans difficulté grâce à la présence de Marine Le Pen au second tour de la présidentielle, Macron a donc réussi à faire de ces élections législatives une simple confirmation de sa tactique, sans recueillir plus de soutien pour sa politique que lors de la présidentielle.

    Déclaration de la Gauche révolutionnaire (CIO-France)

    Une grande majorité des électeurs se sent complètement méprisée, à juste titre, et seuls 48,7% des inscrits ont été voter, la plus basse participation jamais enregistrée pour ce qui est censé s’appeler la « représentation nationale ».

    Seuls 4 députés ont été élus dès le premier tour (contre 36 en 2012 et 110 en 2007), là encore le plus bas score enregistré. Très peu même dans les rangs du mouvement de Macron, La république en marche (LREM), atteignent les 50 %. Certes, LREM recule moins que les autres partis entre la présidentielle et les législatives. Mais c’est aussi parce que le seul intérêt annoncé du vote serait de confirmer la victoire de Macron. Et sous cet angle, la confirmation reste très faible et sans enthousiasme. Les autres partis reculent, mais pas à la même vitesse.

    De fait, Macron a déjà créé contre lui une vague de dégoût profond, qui rapidement se transformera en hostilité et certainement en luttes contre sa politique. Car il l’a annoncé, il fera comme Hollande, mais en pire : nouvelle loi « travail », pire que la loi El Khomri, nouveaux avantages fiscaux pour les gros actionnaires, hausse de la CSG pour les retraités… En projet également, des attaques contre la Sécurité sociale et contre les chômeurs.

    Le Pen, l’opposition en carton

    Le Front National et Marine Le Pen avaient prétendu être la première force d’opposition à Macron, sur un clivage entre « patriotes » et « mondialistes », c’est à dire en fait ne remettant surtout pas en cause le capitalisme ou la domination des riches et des multinationales de France. ? C’est connu, ce sont les migrants ou les musulmans qui ferment les usines et envoient des milliers de travailleurs au chômage. Après avoir été le pantin du 2ème tour, juste l’idiote utile pour l’élection de Macron, Le Pen a été incapable de fédérer plus longtemps les divers courants d’extrême droite qui peuplent le FN. La crise est en cours, avec une division de plus en plus affichée. La campagne de Mélenchon avait retiré à Le Pen le monopole qu’elle prétendait détenir sur les milieux populaires (travailleurs, chômeurs etc.). Dans les villes, notamment ouvrières, le recul du FN était net et il a été largement confirmé lors des législatives.

    En résultats globaux, le FN recule très fortement, passant à 2 millions 990 000 voix quand il en avait 7 millions 660 000 au premier tour de la présidentielle, et 3 millions 528 000 aux législatives de 2012. Il est éliminé dans de nombreuses circonscriptions où il terminait deuxième lors de tous les scrutins précédents, passant souvent 3ème ou 4ème. C’est dans les circonscriptions les plus rurales que le FN garde une deuxième place, mais il est éliminé ou le sera dans la plupart d’entre elles. Il est en net recul dans le sud ; résiste un peu mieux dans le Nord et l’Est mais est largement en recul par rapport aux régionales de 2015 par exemple.

    Ce n’est pas la fin du danger FN, mais sa crise interne continue de s’amplifier, autant nourrie par les querelles liées aux ambitions personnelles que par les divergences politiques (entre un parti ultra conservateur prêt à s’allier avec des secteurs de la droite, et un parti souverainiste rejetant de telles alliance au nom d’une ligne irréalisable qui combinerait maintien du capitalisme et sortie de l’euro). Ce n’est pas non plus la fin du « problème » FN, tant sa propagande raciste continue de pourrir le débat politique.

    Écroulement total (mais malheureusement pas encore final) du PS

    Le PS subit le plus grand recul enregistré pour une telle élection, passant de 10 millions de voix en 2012 à 1,7 millions de voix en 2017. Dans de nombreux départements, le PS perd tous ses députés et n’en a aucun au second tour, comme en Seine Saint Denis (93) où il avait 9 députés et n’a aucun qualifié au second tour. Dans bien des endroits, le PS passe même sous la barre des 10% même pour ses figures les plus connues tel son 1er secrétaire, Cambadélis. Parfois, comme pour Valls dans l’Essonne, ou El Khomri à Paris, le PS ne doit sa présence au second tour qu’à la bienveillance d’En Marche qui n’a pas présenté de candidat contre lui. Le PS paye, enfin, ses trahisons mais également sa politique de l’année 2016 (loi « travail », 49-3 et gigantesque répression des mouvements sociaux), et plus généralement les politiques d’austérité qu’il a menées à tous les échelons (régions, départements, dont il dirigeait encore une majorité il y a 2 ou 3 ans). Et le plus pitoyable, c’est que même là, la plupart des dirigeants du PS ne remettent pas en cause la politique qu’ils ont menée, au contraire. Après avoir trahi leurs propres électeurs et le peu de militants qu’il leur reste, en effaçant complètement le programme de leur candidat à la présidentielle, Benoît Hamon, et en se présentant à la fois comme PS et comme soutien de Macron, nombre de cadres du PS en accusent d’autres d’avoir causé la déroute en étant trop « critiques » vis-à-vis de Hollande. Le règlement de compte va continuer dans un parti qui s’effondre et est complètement pourri de l’intérieur. D’autant que sur le fond, si une partie des dirigeants remet en cause la politique de Hollande, ce n’est que sur certains points et jamais sur sa totalité. Quant à l’aile, majoritaire au sein des dirigeants, qui défend le bilan de Valls-Hollande, qui voulait la fondation d’un grand parti du centre (capitaliste évidemment), elle s’est fait doubler par l’apparition d’En Marche et ne va pouvoir que tenter d’accompagner la ligne Macron.

    Les Républicains ne sont pas en meilleure posture après leur désastreuse campagne de la présidentielle et la désignation du pire candidat possible en la personne de Fillon dont le programme ultralibéral (et les affaires, dans une moindre mesure) ne pouvaient que susciter le rejet d’une majorité de la population. La manœuvre En Marche visait à détacher une aile libérale (et prête à tout pour des postes), ce qui a fonctionné avec l’arrivée d’Édouard Philippe et de Bruno Lemaire au gouvernement. Désormais, la droite va servir de force d’appoint en cas de problème sur certains votes à l’Assemblée, voire même à rien du tout si Macron parvient à maintenir une cohérence parmi son assemblage de députés.

    L’avenir est à gauche

    Rachel Mahé, candidate de la Gauche Révolutionnaire pour la France insoumise dans la deuxième circonscription de la Drôme

    Après un très bon score et une bonne campagne de Mélenchon à la présidentielle et les 7 millions de voix obtenues, la France Insoumise (FI) aurait pu confirmer la dynamique lors des législatives. Malheureusement, un accord n’a pas été trouvé avec le PCF malgré une proposition, certes limitée, de la FI (réserver 26 circonscriptions gagnables à chacune des deux formations). Le PCF souhaitait se présenter dans un maximum de circonscriptions et même, dans certaines, faire jouer les accords locaux avec le PS comme dans la Marne (51), ou avec EELV comme dans l’Aisne (02), les Hautes-Alpes (05), etc. Ailleurs, la FI aurait peut être pu montrer un peu plus de souplesse vis-à-vis du PCF mais dans la plupart des cas c’est ce dernier qui a refusé les propositions d’être suppléant sur une candidature FI. Dans l’écrasante majorité des circonscriptions, un tel choix, stupide, a vu le PCF loin derrière la FI, mais a aussi empêché que la FI soit 2ème et se qualifie pour le second tour. Ce qui est bien dommage puisque la FI et le PCF avaient comme candidat commun Mélenchon à la présidentielle et qu’il convient d’additionner leurs voix à ces législatives pour juger du potentiel d’une nouvelle force politique à gauche aujourd’hui.

    Quoiqu’il en soit, même si le recul entre la présidentielle et les législatives affecte aussi la FI (mais dans une proportion moindre que le FN et le PS), les voix PCF (615 000) et FI (2 500 000) représentent un net progrès par rapport aux législatives de 2012 (1 800 000 voix pour le Front de gauche). Tout le potentiel pour une nouvelle force politique, une gauche de combat contre la politique de Macron est visible dans ce score obtenu malgré l’ultra-domination médiatique de Macron et de son mouvement.

    Il faut essayer de faire élire le maximum de député-e-s d’une gauche de combat et de résistance le 18 juin prochain, que ce soit Mélenchon lui-même à Marseille ou Farida Amrani (France insoumise) face à Valls dans l’Essonne, ou les candidats du PCF comme Jean-Paul Lecoq au Havre et Hubert Wulfranc dans la 3ème circonscription de Seine-Maritime (banlieue de Rouen). Des député-e-s FI ou PCF qui devront servir de relais pour les luttes des travailleurs, des jeunes, contre les sales coups que prépare Macron avec sa politique au service des super riches.

    La Gauche Révolutionnaire (GR) participe à la FI dans bien des endroits. Nous avons soutenu les possibilités de campagne unie avec le PCF et d’autres, là où c’était possible, et aussi participé à l’animation de la campagne de la FI que ce soit en Côte d’Or, dans les Hautes Alpes, dans le Nord, la Seine Maritime, la région parisienne, etc. Dans la Drôme, Rachel Mahé de la GR, candidate pour la France insoumise, a obtenu plus de 10%, plaçant la FI comme première force de gauche dans la circonscription dominée de longue date par les Républicains et minée par le FN. Score d’autant plus important que les documents de propagande électorales n’ont jamais été envoyés aux électeurs, la préfecture ayant sous-traité à une entreprise privée qui s’est avérée incapable de faire parvenir ce matériel à des dizaines de milliers d’électeurs dans les département de la Drôme, du Gard, et d’autres. C’est donc un très bon score et un encouragement tant pour la FI que pour la Gauche Révolutionnaire, qui tout au long de ces campagnes électorales a défendu à la fois la nécessité d’une nouvelle force politique de masse et de lutte rassemblant les travailleurs, les jeunes, les retraités… contre les politiques au service des super-riches, et aussi la nécessité de s’organiser autour d’un programme permettant réellement d’en finir avec les horreurs de ce monde en renversant le capitalisme et en construisant une société nouvelle, fraternelle et démocratique, le véritable socialisme.

    Le combat va continuer, nous sommes des millions à ne plus vouloir de ce monde injuste et barbare. Il nous manque un véritable nouveau parti, réellement démocratique, pour lutter et réfléchir collectivement. Organisés tous ensemble, nous serions bien plus forts que les magouilles électorales de Macron qui n’a aucun soutien réel dans la population.

  • Royaume-Uni. Après ces élections, May et les conservateurs doivent être dégagés!

    « Theresa DésarMay », « Un pari raté » – voilà les titres à la une des torchons de droite que sont le Sun et le Daily Mail, qui avaient pourtant passé toute la campagne électorale à balancer une attaque après l’autre contre le chef du parti travailliste Jeremy Corbyn dans le vain espoir d’obtenir une victoire éclatante pour le Parti conservateur.

    Le jour où a été annoncée la tenue d’élections générales anticipées (élections législatives qui donnent généralement lieu à la nomination d’un nouveau chef de gouvernement), le Socialist Party, section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Angleterre et au Pays de Galles, avait déclaré ceci : « Si Corbyn se présente avec un programme clairement socialiste, notamment au sujet d’un Brexit favorable aux intérêts des travailleurs et des classes moyennes, il peut remporter cette élection ». Cette déclaration a suscité beaucoup de rires ici et là, y compris, malheureusement, de la part de l’aile droite du Parti travailliste qui pensait que cette élection allait lui donner un prétexte pour se débarrasser de Corbyn.

    En à peine cinq semaines pourtant, la campagne électorale de Jeremy Corbyn a prouvé à tous ses détracteurs à quel point ils avaient eu tort. Elle a complètement transformé la situation politique au Royaume-Uni. Face à une opposition impitoyable de la part de l’élite capitaliste et des médias ainsi que, hélas, de la part de l’aile droite de son propre parti qui a tout fait pour saboter sa campagne, Jeremy Corbyn a vaillamment défendu son programme anti-austérité pour le peuple du Royaume-Uni.

    Des centaines de milliers de gens, y compris le Socialist Party, ont mené campagne pour son programme dans toutes les rues du pays. Le résultat a été la plus forte hausse du nombre de voix pour son parti jamais vue depuis 1945. Le taux de participation des jeunes, qui était de 43 % en 2015, est passé à 72 % cette année, reflétant la popularité de Corbyn et le désir de lutter de la part de la jeunesse.

    Les Conservateurs sont sortis fortement endommagés de cette élection. Nous devons maintenant construire un mouvement pour les contraindre à quitter le pouvoir. Le 8 juin n’était que le début. C’était le début d’un mouvement pour chasser les Conservateurs et créer une société socialiste qui donnera l’enseignement gratuit, des logements décents et des emplois corrects pour tout un chacun.

    S’organiser, faire grève, résister et lutter pour réaliser le programme de Corbyn

    Par Hannah Sell, Socialist Party (CIO-Angleterre et Pays de Galles)

    L’échec du pari électoral de Theresa May est un cauchemar pour la classe capitaliste britannique. Il y a à peine sept semaines, la plus grande partie de l’élite britannique espérait encore que May parvienne à obtenir une augmentation spectaculaire du nombre députés conservateurs pour renforcer son gouvernement afin de faire face à la crise économique, faire passer sa politique d’austérité contre l’avis de la majorité de la population et négocier une sortie de l’Union européenne qui soit dans l’intérêt des 1 % les plus riches de son pays.

    Au lieu de ça, elle est maintenant présentée comme une Première ministre « morte-vivante », qui ne pourra continuer à s’accrocher au pouvoir que de manière temporaire grâce au soutien des députés réactionnaires du Parti unioniste démocrate (DUP), qu’elle décrit pourtant comme ses « amis ».

    Le DUP, dirigé par Ian Paisley est un parti d’Irlande du Nord bien connu pour ses liens avec les milices anti-indépendantistes qui ont leur part de responsabilité dans les multiples guerres civiles de cette région. En outre, ses membres sont contre l’avortement, contre les droits des LGBT et nient la réalité du changement climatique. Mais les Conservateurs ne sont pas les seuls qui sortiront salis de cette alliance.

    En effet, la base du DUP comprend une grande partie de la classe ouvrière protestante d’Irlande du Nord qui souffre elle aussi de la politique d’austérité (les « ajustements structurels ») mise en place par les Conservateurs. Il semble d’ailleurs que les dirigeants du DUP ont déjà demandé à May d’abandonner ses projets de retrait des aides aux retraités pour le chauffage de leur domicile.

    Conservateurs – dégagez ! May n’a aucune légitimité

    Non seulement les Conservateurs sont scindés en deux camps ennemis sur la question du Brexit, leur principale dirigeante est une personne qui n’a plus aucune autorité ni en-dedans, ni en-dehors du parti. La seule raison pour laquelle elle reste à son poste est que les Conservateurs n’ont pas encore trouvé de remplaçant et craignent que les discussions sur le choix d’un nouveau Premier ministre ne mènent à une rupture décisive de leur parti.

    Jeremy Corbyn et John McDonnell, à la tête du Parti travailliste, ont très justement appelé May à démissionner et ont promis de tout faire pour proposer leur programme au parlement et faire voter les députés en sa faveur. Il nous faut à présent construire un mouvement pour assurer que ce programme soit bien appliqué, quel que soit le nombre de députés qui sont prêts à le soutenir.

    Ces élections générales ont été une victoire totale pour l’attitude anti-austérité de Jeremy. Le jour où les élections ont été annoncées, le 18 avril, le Socialist Party a déclaré : « Si Corbyn lutte sur base d’un programme socialiste, et notamment pour un Brexit dans l’intérêt des travailleurs et des classes moyennes, il pourrait emporter l’élection ». Cette déclaration a suscité beaucoup de rires ici et là, y compris, malheureusement, de la part de l’aile droite du Parti travailliste qui pensait, à tort, que cette élection allait lui donner un prétexte pour se débarrasser de Corbyn.

    Souvenons-nous par exemple que c’était à peine en septembre que Peter Mandelson, un blairiste convaincu, disait dans la presse « prier chaque jour pour des élections anticipées », qui signifieraient selon lui la fin de la direction Corbyn.

    Corbyn renforcé

    Bien au contraire, ces élections ont énormément renforcé la position de Jeremy Corbyn à la tête du Parti travailliste et dans la société de manière générale. Le Parti travailliste a en effet obtenu 40 % des voix, contre 30 % en 2015. Cela représente la plus forte hausse de soutien pour ce parti depuis 1945. En même temps, le « phénomène Corbyn » est responsable d’une incroyable hausse du taux de participation, avec 3,5 millions d’électeurs en plus cette année par rapport à il y a deux ans (9,3 millions en 2015, 12,8 millions en 2017).

    Ce phénomène s’est particulièrement illustré par le nombre de jeunes qui se sont retrouvés devant les bureaux de vote. Alors que tout le monde des médias, des intellectuels et des politiciens décrivaient la jeunesse comme « apathique, sans conviction, consumériste », etc., voilà que nous assistons à une véritable révolte électorale de la jeunesse qui lutte pour son avenir. Certaines estimations indiquent que 72 % des jeunes ont voté, contre 43 % en 2015. Et deux jeunes sur trois ont voté Corbyn.

    Le Parti libéral-démocrate, qui prétendait avoir une base parmi les électeurs jeunes de classe moyenne, a quant à lui reçu la juste monnaie de sa pièce pour avoir voté en faveur de la hausse des frais d’inscription à l’université en 2010.

    La jeunesse a été principalement inspirée par le programme de Corbyn dans lequel on retrouve un nouveau salaire minimum de 10 £ de l’heure (7500 francs CFA), l’enseignement gratuit, un strict contrôle sur les montants des loyers et un plan de construction massive de logements sociaux. La jeunesse, désormais politisée, ne retournera plus à son état précédent : la base a ainsi été jetée pour le développement d’un soutien de masse aux idées du socialisme.

    Le soutien de la jeunesse à Corbyn est surtout répandu parmi la classe prolétaire et les classes moyennes. L’exemple le plus flagrant en est la victoire du Parti travailliste dans la petite ville universitaire de Canterbury (Sud-Est), qui, pour la première fois depuis 1918, n’a pas élu un Conservateur pour la représenter. On voit ici aussi de manière générale la radicalisation croissante des jeunes issus de la classe moyenne mais qui se retrouvent de plus en plus prolétarisés par les bas salaires et la hausse vertigineuse des loyers.

    Il est cependant entièrement erroné et même scandaleux de décrire, comme certains médias bourgeois l’ont fait, le résultat de cette élection comme provenant d’un conflit « de générations ». Il s’agit d’une nouvelle tentative consciente de diviser la classe des travailleurs entre « vieux » et « jeunes » – une tentative qui doit être combattue par la solidarité tant dans la lutte pour la gratuité de l’enseignement que pour l’aide au chauffage des pensionnés.

    De nombreux travailleurs plus âgés, déçus par le virage droitier imprimé par Tony Blair au Parti travailliste, ont de nouveau voté travailliste cette année pour la première fois depuis près de vingt ans, afin de soutenir Jeremy Corbyn. Au Pays de Galles, où les Conservateurs rêvaient de faire une percée, les Travaillistes ont connu d’importants gains.

    Il est clair également que la disparition virtuelle du Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni (UKIP) n’a pas tant profité aux Conservateurs, comme May l’avait espéré. Parmi les personnes qui ont voté pour l’UKIP en 2015 (qui comprennent évidemment aussi d’anciens électeurs travaillistes), certains ont voté cette fois-ci pour May en raison de ses promesses d’un « Brexit dur » (sans concessions à l’Union européenne). Si Jeremy n’avait pas fait une concession aux blairistes en acceptant (à contrecœur) de faire campagne pour rester dans l’Union européenne au lieu de s’en tenir à la position qui avait toujours été la sienne (et celle du Socialiste Party) et d’appeler à sortir du club impérialiste qu’est l’Union européenne en mettant en avant un programme antiraciste et internationaliste, May n’aurait jamais pu obtenir les voix qu’elle vient de récupérer de la part de certains travailleurs.

    Néanmoins, la position adoptée par Jeremy durant la campagne électorale (un Brexit dans l’intérêt des travailleurs) a permis de convaincre toute une série de travailleurs qui avaient voté pour l’UKIP aux dernières élections. Même Nigel Farage, le président démissionnaire de l’UKIP, a dû admettre que Corbyn est parvenu à s’assurer un soutien tant de la part des jeunes qui auraient préféré rester dans l’UE que de la part des travailleurs qui ont voté pour son parti.

    La raison fondamentale pour laquelle Jeremy Corbyn était tellement à la traine au début de la campagne est que la majorité de la population n’avait jamais entendu parler de son programme. Il est vrai que cette situation a été en partie causée par l’hostilité de la part des médias capitalistes, mais alors, comment expliquer que Corbyn ait pu gagner en soutien tout au long de la campagne électorale alors que cette hostilité des médias s’était encore intensifiée ! C’est que cette fois-ci, au lieu de rester silencieux dans une nouvelle vaine tentative d’apaiser les blairistes, l’aile Corbyn a décidé de porter son programme à travers tout le pays. La droite l’a laissé faire, se disant qu’ainsi, Corbyn serait « responsable » de la défaite ; au lieu de ça, le voilà devenu « responsable » du meilleur résultat électoral pour le Parti travailliste depuis 1997.

    Ce résultat aurait d’ailleurs été encore plus grand si Jeremy avait pris dès le départ une position plus claire par rapport au fait qu’il soutient le droit à l’indépendance de l’Écosse. En 2015, avant que Corbyn n’arrive à la tête du parti, le Parti travailliste avait mené campagne contre l’indépendance. Vu le soutien affiché à l’indépendance par toute une partie de la population (notamment par les couches les plus pauvres de la société), face à l’opposition farouche de tous les autres partis politiques du Royaume-Uni, le Parti national écossais est tout naturellement devenu premier parti d’Écosse. Cependant, vu que depuis, ce parti ne cesse d’appliquer la même politique d’austérité que les Conservateurs, la déception vit à présent parmi la population qui l’avait soutenu. C’est pour cette raison que Corbyn est parvenu à gagner beaucoup de voix parmi certaines circonscriptions ouvrières d’Écosse, sans pour autant concrétiser le potentiel qui s’offrait à lui. Par contre, les Conservateurs ont fortement accru leur vote dans les circonscriptions les plus privilégiées d’Écosse, tirant parti du courant anti-indépendantiste, plus fort dans ces régions.

    L’heure doit être à la mobilisation syndicale

    Après cette victoire de Jeremy Corbyn, il est urgent de poursuivre sur cette lancée en appelant immédiatement à une manifestation nationale contre l’austérité avec pour slogan « Conservateurs, dégagez ! », pour faire cesser l’ensemble des attaques menées entre autres sur notre système de soins de santé et nos établissements d’enseignement. Cette marche rassemblera des millions de gens ; on pourrait alors déclarer une grève générale de 24 heures qui forcera May à organiser de nouvelles élections.

    En même temps, Jeremy Corbyn et l’aile gauche du Parti travailliste doivent faire cesser l’application des plans d’austérité des Conservateurs par les conseils communaux et régionaux entre les mains de leur parti.

    En très peu de temps, des millions de gens ont été convaincus de voter pour Corbyn malgré le fait qu’il n’était pas clair s’il était vraiment prêt à appliquer son programme. Ce scepticisme est logique, vu toutes les trahisons perpétrées par le « Nouveau » Parti travailliste (« New Labour ») lorsque celui-ci a pris le pouvoir avec Tony Blair, et toutes les trahisons au niveau des conseils communaux qui sont responsables de la moitié des mesures de restriction budgétaires dans les services publics depuis 2010.

    Pour consolider l’enthousiasme généré par la campagne de Corbyn, il est nécessaire qu’il clarifie dès aujourd’hui qu’il est entièrement opposé aux coupes d’austérité au niveau local et que le gouvernement conservateur est désormais trop faible pour contraindre les conseils municipaux travaillistes d’appliquer cette politique. C’est particulièrement le cas dans les zones urbaines où le soutien à Corbyn est le plus grand, et alors que des élections municipales auront lieu l’an prochain.

    Transformer le Parti travailliste

    Comme le disait Riz Ahmed, du groupe de rap Swet Shop Boys, « Bravo Jezza pour avoir ramené à tant de gens l’espoir dans la politique. Si le Parti travailliste avait été uni derrière Corbyn, nous aurions pu remporter cette élection haut la main ! ». Cet avis est largement partagé parmi les partisans de Corbyn.

    Non seulement Jeremy est parvenu à s’imposer face à l’hostilité et au sabotage permanent de la part de l’élite capitaliste, mais il a aussi été énormément freiné par les blairites, ces représentants du capitalisme au sein du Parti travailliste. Si ces derniers n’oseront plus tenter un nouveau « coup d’État » contre lui en cette période postélectorale, nous ne devons pas nous faire la moindre illusion sur le fait qu’ils pourraient se réconcilier avec lui. Le Parti travailliste reste, jusqu’à nouvel ordre, deux partis qui partagent la même étiquette.

    Pour la classe capitaliste, la politique défendue par Corbyn représente une véritable menace et, plus encore, l’espoir qu’il est en train de susciter chez des millions de gens. C’est pourquoi les représentants du Parti travailliste vont chercher de nouvelles manières de vaincre Corbyn. C’est ainsi que, dans la semaine du scrutin, on a vu la députée Joan Ryan attaquer Corbyn publiquement et interdire aux agents électoraux d’utiliser des tracts qui mentionnaient son nom ! Hier encore, Hilary Benn est venu marmonner dans la presse que « Le Parti travailliste doit tirer les leçons de cette troisième défaite électorale ».

    Nous ne pouvons pas non plus accorder la moindre confiance aux blairistes qui ont récemment commencé à faire des déclarations de soutien à Jeremy. Il s’agit d’une manœuvre pour tenter de l’encercler avant de le forcer à abandonner un point après l’autre de son programme radical. Car c’est bien de cela qu’il est question lorsque Peter Mandelson, le plus blairiste de tous et qui avait un jour suggéré l’idée d’un assassinat politique, affirme que Corbyn doit « montrer du respect » envers l’ensemble des fractions du parti. Or, si beaucoup de gens ne connaissaient pas encore Corbyn et son programme à la veille du scrutin, c’est justement à cause de cette aile droite qui a tout fait pour l’étouffer depuis qu’il a été élu à la tête du parti.

    Nous ne pouvons nous permettre de voir cette situation perdurer. C’est pourquoi il nous faut immédiatement lancer une campagne pour transformer le Parti travailliste en un véritable parti démocratique et anti-austéritaire, un parti des travailleurs et de la jeunesse. Cela requiert l’introduction de la réélection obligatoire des députés. Les prochaines élections générales pourraient avoir lieu à tout moment ; il serait intolérable que le Parti travailliste ait à nouveau à faire campagne alors que la majorité de ses propres candidats s’opposent à son dirigeant.

    Il faut aussi prendre des mesures pour démocratiser le parti, y compris le droit de parole pour les syndicats affiliés et l’intégration des socialistes de lutte, tels que les militants du CIO, dans le cadre d’une fédération démocratique. Nous pourrons ainsi forger un parti qui pourra véritablement rassembler tous les jeunes, les socialistes, les travailleurs et les militants sociaux qui ont été inspirés par Jeremy Corbyn pour en faire une puissante force de masse.

    Lutter pour le socialisme

    Cette campagne électorale a permis à toute une nouvelle génération d’être touchée par les idées du socialisme pour la première fois. Cela est un énorme pas en avant. Mais elle a aussi révélé à quel point les capitalistes sont prêts à aller pour saboter la moindre tentative de mettre en place une politique en faveur de la majorité de la population et non pas de leur petit clan. L’hostilité à laquelle Jeremy Corbyn a été confrontée n’est que le pâle reflet de ce qui l’attendra le jour où il prendra la tête du gouvernement.

    Pour couper court à cette résistance de la part des riches, il faudra envisager des mesures socialistes radicales telles que la nationalisation des – disons – 100 plus grandes entreprises et banques qui dominent l’économie du Royaume-Uni pour les réorganiser dans le cadre d’un plan de production démocratique socialiste. Le gouvernement socialiste pourrait alors commencer à gérer l’économie de manière planifiée, sous le contrôle et la supervision démocratiques des travailleurs ; une politique « Pour les millions et non pour les millionnaires ».

  • Organisons la résistance contre Macron, dans les urnes et dans la rue !

    Pour les Français de l’étranger, le premier tour des législatives prenait place plus tôt. Pour la circonscription du Benelux, la candidate de la France Insoumise Sophie Rauszer s’est hissée au second tour.[/caption]

    Les médias français et internationaux ont présenté la victoire de Macron comme un triomphe et une adhésion à ‘‘un projet politique novateur’’. Mais les scores de l’abstention (12 millions de personnes, soit 25,4%, un record depuis 1969) et des bulletins blancs et nuls (4 millions de personnes, soit 11,5%, record absolu) expriment le refus de cautionner ce que représente le nouveau président derrière son emballage : la continuation d’exactement la même chose. Le sondage consacré à la motivation de ses électeurs au second tour parlait de lui-même : 43% désiraient ‘‘s’opposer à Le Pen’’, 33% voulaient ‘‘un renouvellement politique’’, seuls 16% affirmaient rejoindre son programme et 8% se déclaraient en faveur de ‘‘sa personnalité’’. Tout sauf un vote d’adhésion.

    Par Stéphane Delcros, article tiré de l’édition de juin de Lutte Socialiste

    Le Front National n’a pas gagné, mais nous n’en sommes pas encore débarrassés

    Même si Marine Le Pen n’a pas gagné, sa campagne et son résultat représentent un sérieux avertissement: 10 millions de voix, c’est un record absolu. Comment est-ce possible, 15 ans après l’arrivée de Jean-Marie Le Pen au second tour ?

    C’est vrai, le FN de 2017 est plus ‘lissé’ et joue (un peu) moins sur la provocation xénophobe. Mais il reste ultraréactionnaire. S’il brandit davantage une rhétorique sociale, c’est pour mieux masquer sa politique foncièrement antisociale faite de coupes budgétaires et de haine, et surtout parce que même Le Pen sait que le core busines de son parti – le racisme et la xénophobie – ne dispose pas à lui seul d’un écho suffisamment important parmi les travailleurs et la jeunesse. La campagne menée par le FN visait bien plus à instrumentaliser le sentiment anti-élite.

    Le succès de Marine Le Pen repose avant tout sur la colère contre la dégradation des conditions de vie des décennies durant et sur le dégoût ressenti face à une élite économique et politique qui ne vit pas dans le même monde et cherche toujours à protéger ses seuls intérêts. 5,7 millions de chômeurs, 9 millions de personnes sous le seuil de pauvreté, 4 millions de mal-logés, dont 150.000 SDF, etc. voilà ce qui a alimenté le succès du FN ces dernières années.

    Les partis pro-élites qui ont mené cette politique de destruction sociale en ont payé le prix aux présidentielles: le PS de Hollande-Valls est au bord de l’implosion et n’a recueilli que 6% des voix tandis que la formation les Républicains de Sarkozy-Fillon n’est arrivée qu’en troisième place dans une présidentielle qui leur était pourtant promise il y a encore 6 mois. Aucun des deux blocs électoraux traditionnels n’est parvenu au second tour !

    Rajeunir l’emballage pour tenter de continuer la même politique

    Macron, c’est ‘‘le mondialiste’’, ‘‘le candidat du système bancaire et de la misère sociale’’ disait Marine Le Pen dans l’entre-deux tours. Elle n’avait pas tort cette fois. Ex-banquier d’affaires chez Rothschild, ex-ministre de l’Économie du gouvernement Hollande-Valls, le nouveau président est celui qui a donné son nom à la Loi Macron – qui augmente notamment la flexibilité au travail – et qui est à la base de la détestable ‘Loi El Khomri’ – dite ‘Loi Travail’, qui détruit la législation du travail.

    Son programme ? Supprimer 120.000 postes dans la fonction publique, réduire la dépense publique de 60 milliards d’euros – exactement comme François Hollande ces 5 dernières années(1) -, avec les conséquences désastreuses sur le plan social que cela implique. À cela s’ajoute la stigmatisation des chômeurs avec le renforcement des contrôles et l’interdiction du refus de 2 offres d’emplois. Pas étonnant qu’il ait été ouvertement soutenu dans sa campagne par des personnalités du MEDEF (organisation représentant le grand patronat français) !

    Juste après son élection, Macron a déjà annoncé une réforme du Code du travail dès cet été, pour accroitre la flexibilité au travail et les facilités de licenciement. Il a également prévu son instauration par ordonnances, c’est-à-dire en incluant le Parlement au tout début et à la toute fin du processus, dans le but d’aller plus rapidement et de passer en force. Le ton est donné.

    Macron ne va pas probablement pas obtenir de majorité lors des élections législatives des 11 et 18 juin. Il pourra toutefois compter sur le soutien des PS et LR, de l’intérieur comme de l’extérieur à un gouvernement, pour assurer sa politique. C’est dans ce genre de situation que l’on reconnait ses vrais amis et, ainsi, son camp…

    ‘‘On n’éteint pas un incendie à l’aide du pyromane’’

    Le Pen battue ? Peut-être pas pour très longtemps. ‘‘On n’éteint pas un incendie à l’aide du pyromane !’’, disait Mélenchon dans l’entre-deux-tours. Et c’est le sentiment partagé par beaucoup : avoir voté contre Le Pen au deuxième tour en 2002, ‘ça n’a servi à rien’. On ne peut pas bloquer l’extrême droite avec des politiques qui lui permettent de croitre.

    Les conditions qui ont amené Le Pen à ce niveau sont toujours présentes et risquent de décupler avec le même type de politique que sous les mandats Sarkozy-Fillon et Hollande-Valls. C’est exactement ce que s’apprête à faire Macron, sous couvert de la ‘nouveauté’.

    Le message clair de la France Insoumise

    Plus de 7 millions de voix et 19,6%, voilà sur quoi construire une lame de fond contre la politique antisociale du président Macron. 1 jeune sur 3 qui a voté a glissé un bulletin ‘Mélenchon’ dans l’urne ; il l’a emporté loin devant les autres candidats concernant les 18-24 ans. La France Insoumise est aujourd’hui devenue la plus grande force de gauche du pays, tant en termes de votes qu’en termes d’adhérents : plus de 530.000 !

    Des centaines de milliers de militants, dont beaucoup participaient là à leur première expérience politique, ont su construire une campagne audacieuse basée sur un programme très détaillé ne cherchant pas les compromissions avec les élites. Une campagne armée d’un programme, ‘L’Avenir en commun’, basé sur un principe : ‘partir des besoins réels, et ensuite trouver le financement nécessaire’. Un programme avec lequel nous avons des désaccords, mais qui va très clairement dans le sens d’une rupture avec le néolibéralisme : le refus des traités d’austérité de l’Union européenne, un changement institutionnel avec le passage à la Sixième République, une hausse des dépenses publiques de 173 milliards d’euros, couplée à un plan d’investissements de 100 milliards pour des créations d’emplois massives, un relèvement du salaire minimum et des pensions, la garantie de revenus pour tous, une planification écologique pour notamment atteindre 100% d’énergies renouvelables en 2050, la construction de 200.000 logements sociaux par an, l’école 100% gratuite, le remboursement à 100% des soins de santé prescrits,…

    Construire une force politique de masse pour les élections et pour la lutte

    L’enjeu des législatives est énorme : mettre le plus de ‘députés insoumis’ au Parlement pour être capable de décider d’une partie de la politique à mener en cas de majorité – et de bloquer certaines politiques macronistes. C’est aussi porter la voix des travailleurs et des jeunes sur le plan national, être le relais des luttes locales et essayer de canaliser la colère en un outil puissant qui défende les intérêts de la majorité sociale. Car tant pour bloquer la croissance du FN que pour imposer un autre projet de société, il sera très important de construire la résistance sociale contre la politique de Macron.

    Après une situation où une opposition réelle de gauche a été quasi absente ces dernières années, surtout durant le mandat de François Hollande, l’énorme mouvement de masse contre la Loi El Khomri du printemps 2016 et la campagne de la FI illustrent le potentiel existant.

    Avec sa campagne et son résultat électoral, la FI n’a peut-être pas gagné, mais elle a marqué un essai précieux ; il s’agit maintenant de le transformer. Cela passera nécessairement par une structuration du mouvement pour le développer encore plus loin, tout en gardant ses points forts que sont le caractère inclusif et ouvert et la liberté de mener la campagne comme chacun l’entend, en utilisant le temps qu’il veut, les moyens qu’il veut et en utilisant ses propres talents et capacités. Et en avançant vers la construction d’un réel instrument de lutte électoral et sociétal, armé d’un programme combatif de gauche, une nouvelle force politique de masse, qui préserve les sensibilités internes.

    Note :
    (1) Libération, Programme économique de Macron : un peu de rupture, beaucoup de continuité, 27 février 2017.

  • Soirée électorale à Bruxelles. La France Insoumise, première force de gauche des Français du Bénélux !

    Ce dimanche, les Français de l’étranger étaient appelés à voter pour le premier tour des législatives. Face au candidat En Marche de la majorité austéritaire, c’est la candidate de la France Insoumise, Sophie Rauszer, qui passe au deuxième tour. FI confirme sa position à la fois de première force de gauche française mais aussi de première force d’opposition.

    Plusieurs dizaines de personnes étaient présentes ce soir-là au Dynamo Bar, à St-Gilles, pour soutenir la France Insoumise et sa candidate pour le Benelux, Sophie Rauszer. La confirmation d’un deuxième round La République En Marche vs France Insoumise n’arrivera que tard dans la soirée. Le Mélenchon bashing de ces derniers semaines n’a pas réussi à écraser les Insoumis.

    Après le deuxième tour, la majorité présidentielle annonce déjà qu’elle ira à l’offensive sur les questions sociales. La France Insoumise sera amenée à jouer un rôle moteur contre cela et nous continueront à les soutenir avec le Parti Socialiste de Lutte et Etudiants de Gauche Actifs. Prochaine échéance le 18 juin avec le deuxième tour. Utilisons les deux semaines à venir pour mobiliser tout ceux qui veulent s’opposer à l’austérité, préparons les forces et construisons l’alternative de gauche.

  • [VIDEO] La TUSC soutient Jeremy Corbyn aux élections britanniques

    Cette année, la Trade Unionist and Socialist Coalition (coalition de syndicalistes et de socialistes) ne se présente pas aux élections britanniques du 8 juin. Ses membres, parmi lesquels nos camarades du Socialist Party, soutiennent le chef du parti travailliste Jeremy Corbyn. Lors de précédentes échéances électorales, tous les partis traditionnels défendaient la politique d’austérité. Cette élection est très différente. Un véritable choix peut être fait. La TUSC a réalisé cette vidéo pour expliquer son choix.

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