Le 23 septembre, La France Insoumise a réuni 150.000 personnes pour sa “marche contre le coup d’Etat social” de Macron ! Photo : Gauche Révolutionnaire (CIO-France)
Cet été, Macron et son gouvernement sont partis en croisade contre les travailleurs. La méthode est brutale, le timing serré. Mais le mouvement ouvrier se soulève contre la loi travail XXL.
Par Nicolas M (Bruxelles)
Au beau milieu d’une crise politique majeure qui a vu la recomposition du paysage politique français, Macron est apparu comme le candidat miracle de l’establishment capitaliste. Durant la campagne, il s’est fait une place de champion du ‘‘consensus mou’’ et des phrases creuses. Mais il portait bel et bien un projet : celui du patronat et des grandes entreprises françaises. Sa ministre du Travail, Muriel Pénicaud, fut d’ailleurs directrice générale adjointe chez Dassault, DRH chez Danone ou encore patronne de Business France… Le gouvernement de La République En Marche (LREM) s’apparente à un club de spécialistes du boursicotage et d’habitués des grandes messes du Medef (la fédération patronale française) avec à leur tête un président qui fut jadis employé de la banque d’affaires Rothschild.
Une arme de destruction massive des conditions de travail
Avec la ‘‘Réforme pour le renforcement du dialogue social’’, la nouvelle ‘‘Loi Travail’’, les grands patrons français accèdent à un puissant arsenal pour baisser les coûts de production sur le dos des salariés en augmentant la précarité et la flexibilité du marché du travail. Il parait que ‘‘la confiance est un élément indispensable si l’on veut relancer notre économie’’. Au cours du premier semestre de 2017 uniquement, les bénéfices du CAC40 (les principales entreprises françaises) ont atteint un nouveau record : 51 milliards €. Il s’agit de 11 milliards de plus qu’en 2016 sur la même période ! Elle s’arrête où leur soif de confiance ?
Pour le gouvernement, soutenir la confiance des patrons, cela passe par la quasi-disparition de l’impôt sur la fortune et d’autres mesures similaires. Les plus riches reçoivent ainsi un cadeau de trois milliards d’euros ! Quant à la nouvelle réforme du code du travail, elle vise à (encore plus) faciliter les licenciements collectifs et individuels ainsi qu’à limiter les indemnités de licenciement. La ‘‘hiérarchie des normes’’ est également renversée, c’est-à-dire que les accords nationaux, interprofessionnels et de branches passeraient à l’arrière-plan au profit de négociations au sein même des entreprises. Ce serait la victoire du ‘‘diviser pour mieux régner’’ et la voie serait ouverte vers des négociations individuelles, travailleur par travailleur face au parton. Plus aucun tabou ne semble subsister. Le contrat de travail pourrait être modifié à tout moment et pas seulement concernant la durée du travail, mais aussi au sujet du salaire, de la santé au travail, de la ‘‘mobilité’’, de la durée de la période d’essai,…
Le retour du spectre d’un mouvement de masse
En juin dernier, un plan de mobilisation a vu le jour. Une journée de grève fut annoncée pour le 12 septembre. Cette journée fut une réussite, des dizaines de milliers de grévistes et un demi-million de manifestants à travers le pays. Un appel à une grève reconductible dans les transports routiers pour le 25 septembre s’est rajouté à l’agenda, ainsi qu’une nouvelle journée de grève nationale pour le 21 septembre. Tous les syndicats n’ont pas rejoint ces dates de mobilisation mais l’ensemble d’entre eux ont appelé les fonctionnaires à la grève le 10 octobre.
Ce plan d’action est un bon point de départ pour renverser la dynamique. Ce serait une erreur pour les syndicats de se laisser enfermer dans les consultations avec le gouvernement. Construire un rapport de force dans la rue et dans les entreprises est une tâche cruciale, avec des journées de grèves couplées à une large campagne d’assemblées générales.
Le blocage de l’activité économique par la grève était largement présent dans les témoignages des délégués interviewés les 12 et 21 septembre. C’est le moyen idéal de stopper l’avalanche de sales coups du gouvernement, sur le modèle de la lutte contre le CPE (Contrat première embauche, 2006) ou contre les réformes des pensions (en 1995, 2003 et 2010).
La France insoumise : du parlement à la rue
La France Insoumise (LFI) a ajouté une journée de mobilisation avec la manifestion massive du 23 septembre à Paris, un bon outil supplémentaire pour construire la résistance. Après sa percée électorale (19,6% à la présidentielle et un groupe parlementaire de 17 députés aux législatives), LFI a explicitement appelé à participer aux actions syndicales. Durant toute la campagne, la formation de Jean Luc Mélenchon a illustré sa capacité à mobiliser massivement la jeunesse et les travailleurs au travers de meetings de masses et dans la rue (le 18 mars à Paris).
Diverses nouvelles formations de gauche en Europe ont par le passé plutôt eu tendance à diviser artificiellement le ‘‘syndical’’ et le ‘‘politique’’ et à rester cantonnés à l’arène électorale. La LFI semble adopter une approche différente, et selon nous, c’est tant mieux. Pour se battre, le mouvement des travailleurs a besoin d’utiliser ses deux poings de la manière la plus coordonnée possible. L’expérience concrète de la lutte et l’implication dans les mobilisations sociales et syndicales est aussi une merveilleuse école de la lutte pour les nouvelles couches qui sont entrées dans la politique avec la campagne de Mélenchon.
Bien que comportant encore certaines faiblesses à nos yeux, le programme de LFI figure parmi les programmes anti-austérité les plus aboutis en Europe. Nombre de ses revendications rejoignent celles des syndicats, cela peut constituer une alternative politique face au programme des Macron & Co (réduction du temps de travail sans perte de salaire et avec embauches compensatoires, le Contrat à durée indéterminée comme norme pour les contrats de travail, la revalorisation de toutes les allocations sociales,…).
Selon nous, la gauche radicale doit s’impliquer dans les actions syndicales et s’investir dans LFI – c’est-à-dire vers là où la classe des travailleurs et la jeunesse s’oriente, se rassemble et s’organise actuellement – pour aider à tirer les meilleures leçons de la lutte afin de poser les prochains pas du mouvement.
Notre organisation-sœur française, la Gauche Révolutionnaire, défend la nécessité d’un nouveau parti de masse des travailleurs. Un parti dont les membres sont ceux qui organisent les piquets devant leur entreprise, bloquent leurs universités et leur lycée et défendent autour d’eux une alternative anti austérité armés d’un programme offensif. Un tel parti – au fonctionnement démocratique – serait un levier pour largement populariser une analyse collective de la crise du système capitaliste et la nécessité de le renverser. Ce serait également un puissant forum pour discuter de l’alternative à opposer au système capitaliste, une alternative socialiste.
Continuer la lutte jusqu’à la république socialiste catalane !
Ce 3 octobre, la Catalogne a connu une journée historique alors que des millions de travailleurs, de jeunes et de citoyens paralysaient les entreprises, les transports, l’enseignement et l’administration. Ils sont descendus dans les rues pour protester contre la brutale répression policière du 1er octobre et contre les menaces d’une violence accrue contre le peuple catalan de la part du Premier ministre espagnol Rajoy et du Partido Popular (PP).
Déclaration d’Izquierda Revolucionaria [4/10/17]
La possibilité d’obtenir une république catalane grâce à la mobilisation révolutionnaire des masses provoque la panique parmi la classe dirigeante espagnole. Elle sait que cette victoire ouvrirait la voie à la lutte pour la transformation socialiste de la société en Catalogne mais aussi dans le reste de l’Etat espagnol.
La crise politique catalane est devenue la crise de la constitution de 1978, ce qui a motivé le roi Philippe VI à s’adresser à la ‘‘nation’’ dans la nuit du 3 octobre. Le roi allait-il dénoncer les violences de la police et de la garde civile à l’encontre des dizaines de milliers de familles, de personnes âgées et de personnes pacifiques qui désiraient simplement voter? Allait-il exprimer sa sympathie envers les près d’un millier de personnes blessées suite à cette intervention répressive de type franquiste? Le roi allait-il condamner les dirigeants du PP et de Cuididanos qui ont qualifié la grève générale et les énormes manifestations du 3 octobre de ‘‘nazies’’ et ‘‘xénophobes’’, en utilisant un langage de guerre civile ? Le roi allait-il s’opposer à la suspension de l’autonomie catalane ?
Dès le début, nous savions que le roi n’en ferait rien. Comme prévu, la monarchie a soutenu la politique répressive du gouvernement PP en la justifiant comme étant ‘‘la défense de l’état de droit’’.
Première page du journal d’Esquerra Revolucionaria, notre organisation-soeur en Catalogne.
L’oppression du gouvernement du PP et de l’appareil d’État contre le peuple de Catalogne montre quel est leur véritable ADN. Cela illustre que l’héritage de Franco continue à travers eux. Après le 1er octobre, loin de diminuer, la réaction a intensifié sa propagande nationaliste-espagnole. Elle présente la mobilisation policière (16.000 personnes) et les mesures répressives à venir comme des actes légitimes visant à défendre ‘‘l’état de droit’’.
Mais de quel Etat et de quel droit parle-t-on ? De quels droits dispose donc un gouvernement de corrompus et de voleurs qui a pillé les moyens de la collectivité pour enrichir une minorité ? Comment peut-il faire appel à son autorité pour agir de la sorte ? Cet Etat, c’est celui des banquiers qui ont les mains pleines de milliards d’euros volés. ‘‘L’Etat de droit’’ nous noie dans le chômage massif, la précarité, les bas salaires, la pauvreté et la misère. ‘‘L’Etat de droit’’ né du pacte de 1978 – quand la bourgeoisie espagnole et les dirigeants des organisations de gauche (PCE [parti communiste] et PSOE [parti social-démocrate]) ont accepté de réformer la dictature pour éviter une situation révolutionnaire – a garanti la suprématie de la bourgeoisie par un régime monarchique et parlementaire qui comprenait encore de nombreux éléments autoritaires.
La Constitution de 1978 a cautionné plusieurs choses: un roi imposé par Franco; une loi garantissant l’impunité des crimes de la dictature et de l’appareil d’Etat; le fait que le pouvoir judiciaire, la police et les forces militaires restent aux mains des réactionnaires habituels. Bien sûr, l’économie du ‘‘libre marché’’ et le pouvoir incontesté des capitalistes ont été entérinés tandis que le droit à l’autodétermination a été refusé à la Catalogne, au Pays Basque et à la Galice. La maxime de l’ancienne dictature – Una, Grande y Libre – a été inscrite dans la Constitution.
Ana Garcia, la présidente du Sindicato de Estudiantes (Syndicat étudiant) qui a notamment appelé à la grève générale étudiante contre la répression et en faveur du droit à l’autodétermination, sera présente en Belgique à l’occasion de notre week-end Socialisme 2017 ! Participez vous aussi !
L’actuel mouvement de masse actuel qui se déchaîne en Catalogne en faveur des droits démocratiques nationaux a placé à l’agenda un point central: le déni que la Catalogne est une nation. Cela a été répété plusieurs fois par la classe dirigeante centraliste et par la droite via la répression ou la simple conquête militaire. La frustration concernant ce sujet est maintenant combinée avec une frustration généralisée face aux conséquences d’années de crise capitaliste, de chômage massif, d’expulsions, d’emplois précaires, de bas salaires et de manque d’avenir pour la jeunesse.
La lutte contre l’oppression nationale et l’oppression de classe sont liées, comme ce fut le cas d’autres fois (en 1909, 1931, 1934, 1936 et 1977), générant un potentiel révolutionnaire qui a défié les formes de domination politique du régime capitaliste espagnol.
La classe ouvrière et les jeunes de l’ensemble de l’Etat doivent comprendre que la cause de la population catalane est également la nôtre. ‘‘Un peuple qui opprime l’autre ne peut jamais être libre’’, a déclaré Karl Marx. C’est pourquoi le mouvement ouvrier tout au long de son histoire a toujours inscrit sur son drapeau la lutte pour l’émancipation nationale et pour l’autodétermination des nations opprimées, dans le cadre de la lutte pour la transformation socialiste de la société.
L’Etat espagnol prépare de nouvelles agressions contre les habitants de la Catalogne
Le 1er octobre, un tournant a eu lieu dans la lutte des classes. Non seulement en Catalogne, mais dans tout l’Etat espagnol. Le gouvernement du PP a révélé au grand jour ses actions répressives, sa faiblesse extrême et son manque absolu de légitimité. Dans les jours qui ont précédé le référendum, ses tentatives visant à mobiliser sa base sociale ont été réduites à quelques manifestations limitées dominées par des éléments fascistes, en chantant Cara Al Sol’ (hymne de la phalange espagnole et symbole du franquisme) et en effectuant le salut fasciste.
Il faut également souligner la complicité des dirigeants actuels du PSOE avec le PP afin de museler les habitants de Catalogne et de les empêcher de se rendre voter le 1er octobre. Le jour-même où des dizaines de milliers de personnes étaient victimes de la violence policière, alors qu’il versait des larmes de crocodile face aux contre les ‘‘accusations de la police’’ sans même oser appeler les choses par leur nom, Pedro Sanchez, le dirigeant du PSOE, a réaffirmé l’inébranlable soutien du PSOE à ‘‘l’état de droit, aux institutions, à la Constitution et à l’intégrité territoriale’’, c’est-à-dire au gouvernement du PP ! Quelle complète faillite politique !
Comme dans tous les grands événements de l’Histoire, c’est l’action directe des masses, leur intervention révolutionnaire, qui a changé toute la situation. La crise du régime politique espagnol est entrée dans une phase explosive. Cette crise atteint le gouvernement du PP, soutenu par les médias réactionnaires, qui a mis en scène un coup d’Etat contre les institutions catalanes, en dissolvant le gouvernement catalan et en mettant fin à l’autonomie catalane. Le PP et Cuidadanos sont prêts à jouer la carte du nationalisme espagnol et à encourager la polarisation dans la société selon des lignes nationales, en utilisant en abondance une démagogie réactionnaire contre la Catalogne et le peuple catalan. Albert Rivera [leader de Cuididanos] considère cette situation comme une occasion en or d’arracher une partie importante de la base sociale du PP et, par conséquent, il appelle à l’application de l’article 155 [qui permet la mise sous tutelle de régions autonomes d’Espagne par Madrid], ferme la porte à toute négociation avec la Generalitat [le gouvernement régional de Catalogne] et veut accroitre la répression. Cette stratégie met beaucoup de pression sur le PP, qui ne peut renoncer à sa base plus réactionnaire et d’extrême droite.
Nous devons répondre par une mobilisation massive. Pour une république socialiste catalane !
La grève générale du 3 octobre a illustré l’énorme force du mouvement. Oui, nous sommes tellement forts que nous avons rendu possible ce qui semblait impossible il y a quelques semaines encore : contrer la répression du PP et remporter la solidarité active des secteurs les plus avancés de la classe ouvrière et des jeunes dans l’Etat espagnol et à travers le monde. Maintenant, nous devons adopter la stratégie adéquate pour atteindre la victoire. Cela nécessite une organisation et un programme révolutionnaire.
Izquierda Revolucionaria appelle la direction de la CUP [Candidature d’Unité Populaire], de Podemos, de Catalunya in Comú et d’ERC [Gauche Républicaine de Catalogne] à construire un front combatif de gauche reposant sur les comités de défense du référendum (CDR) et sur toutes les organisations qui ont émergé ces dernières semaines en Catalogne. Des ‘‘comités pour la république’’ devraient être construits sur tous les lieux de travail et être coordonnés pour défendre une alternative des travailleurs – internationaliste et révolutionnaire – pour animer le mouvement de masse avec des actions de plus en plus audacieuses et massives. Le front des organisations de gauche doit maintenir une politique d’indépendance de classe et rompre toute allégeance à la bourgeoisie nationaliste (le PDeCAT et Carles Puigdemont, président de la Generalitat de Catalogne).
Nous ne pouvons pas oublier que même s’ils souffrent actuellement de l’attaque réactionnaire du PP, ces politiciens ont appliqué de sauvages coupes budgétaires antisociales qui ont causé des souffrances immenses. Ils défendent leurs propres privilèges et leurs propres intérêts de classe très concrets: ceux de l’élite économique. Nous ne pouvons pas exclure que ces dirigeants bourgeois trahissent les aspirations des gens comme ils l’ont déjà fait dans le passé et qu’ils acceptent un accord qui leur soit bénéfique avec l’Etat et le gouvernement du PP.
La gauche qui lutte, le mouvement des travailleurs et les syndicats ouvriers de Catalogne doivent construire ce front de gauche et offrir une solution qui repose sur les intérêts des opprimés dans cette crise révolutionnaire. Cela signifie d’approfondir et d’étendre le combat, de préparer une grève générale illimitée sur les lieux de travail pour résister à toute action répressive violente de l’Etat, pour repousser les forces répressives d’occupation et pour conquérir une république catalane avec un gouvernement de gauche.
Ce gouvernement de gauche devrait immédiatement appliquer un programme visant à résoudre les graves problèmes auxquels est confrontée la population : le fin des coupes budgétaires, la garantie d’un enseignement et de soins de santé publics et de qualité, la création de millions d’emplois avec un bon salaire et de bonnes conditions de travail, la fin des expulsions de logements et l’instauration d’un plan de construction de logements sociaux publics. Ce gouvernement devrait faire face à la dictature des grandes puissances économiques en nationalisant les banques et les grandes entreprises afin de les placer au service des besoins de la majorité de la société.
Une république catalane gagnée par l’action révolutionnaire des masses impliquerait nécessairement de lutter contre le PDeCAT et Puigdemont de même que contre toute l’oligarchie politique et économique qui a ordonné à la Catalogne d’appliquer des politiques néolibérales similaires à celles du PP tout en ouvrant la voie à la lutte pour une république socialiste en Catalogne et une république socialiste fédérative basée sur l’union libre et volontaire des peuples et des nations qui constituent actuellement l’Etat espagnol – cela gagnerait la solidarité active des masses opprimées d’Europe et du monde entier.
1er octobre, rassemblement à Madrid. Nos camarades d’IR étaient présents “contre la répression franquiste et pour la grève générale”
Pour la N-VA, le maintien de la politique d’austérité est plus important que le droit à l’auto-détermination
Le référendum sur l’indépendance de la Catalogne a été déclaré illégal par l’Etat espagnol. La période est houleuse et le répression très forte de la part de l’état national. L’opposition de la part de la population catalane s’exprime de façon massive. Nous nous sommes déjà exprimés sur le sujet (voir la déclaration de notre organisation-soeur dans l’Etat espagnol) mais, dans cet article, nous revenons plus spécifiquement sur l’attitude de la N-VA, la force dominante du nationalisme flamand actuel.
Dossier par Anja Deschoemacker
Pas de triomphalisme
Aujourd’hui, à l’occasion du référendum catalan, on ne voit plus rien à la N-VA des visages réjouis et de l’ambiance triomphaliste de la période précédant le référendum écossais sur l’indépendance. Même la combativité de Jan Jambon vis-à-vis de l’indépendance catalane est fortement retombée. Alors qu’en 2015, il faisait encore comprendre que la question catalane valait bien une crise gouvernementale, leurs collègues nationalistes en Catalogne doivent aujourd’hui se contenter d’une déclaration de Bart De Wever selon laquelle l’attitude répressive de l’état espagnol est “stupide et inacceptable”. Le gouvernement fédéral, dans lequel la N-VA est pourtant la force dominante, ne condamne même pas la vaste répression de l’Etat espagnol.
La détermination de la N-VA sur le plan communautaire en Belgique même est déjà mise en question depuis quelque temps par des figures au sein du mouvement flamand dont, notamment, le Vlaams Belang mais aussi deux ex-N-VA, Hendrik Vuye et Veerle Wouters (V&W) et encore des personnes telles que le politologue Bart Maddens. De fortes critiques s’étaient faites entendre après les récentes déclarations de Bart De Wever selon lesquelles le parti ne défendrait pas d’agenda communautaire lors de la prochaine campagne électorale de 2019.
Sur le plan européen, ces mêmes milieux critiquaient le passage en 2014, de la N-VA de la fraction EFA (un rassemblement de partis nationalistes/régionalistes et de verts) au parlement européen à la fraction groupe des Conservateurs et réformistes européens (CRE) où siègent, entre autres, les Tories britanniques. Pour sauver les meubles, la N-VA est restée membre du parti EFA (mais pas de la fraction) et elle a obtenu au sein du CRE, la liberté de voter comme elle l’entend autour des sujet relatifs à la question nationale.
Dans les deux cas, il s’agissait pour la N-VA de faire passer l’agenda socio-économique avant les objectifs nationalistes. Aujourd’hui, face au référendum catalan, nous remarquons beaucoup moins d’enthousiasme chez les dirigeants de N-VA en comparaison de l’époque du référendum écossais. Selon le mensuel Meervoud, Jan Jambon déclarait encore fin 2015, au sein de la coupole européenne des partis séparatistes, que : “Si la question catalane arrive sur la table du gouvernement belge, cela signifiera la fin de ce gouvernement”. La réalité actuelle est toute autre.
Le 21 septembre, ce n’est pas Jan Jambon qui a fait face à la Chambre pour répondre au nom du gouvernement aux questions du Vlaams Belang et de V&W quant à la la réaction du gouvernement belge suite aux récents développements autour du référendum catalan. A la demande de Siegfried Bracke, membre de la N-VA et président de la Chambre, c’est le ministre des pensions, Daniel Bacquelaine (MR) qui s’y est collé.
Cette réponse a parfaitement cadré avec les réactions officielles des institutions de l’UE jusqu’à ce moment. La constitution espagnole n’autorise pas à déclarer l’indépendance, les bourgmestres ne peuvent pas participer à son organisation,… Les arrestations de collaborateurs du gouvernement catalan ne lui posent pas de problème. Il conclut : “Nous souhaitons que cette situation interne soit résolue dans les règles de l’état de droit. Nous continuons à suivre ces évolutions avec l’attention nécessaire.”
La réponse du Président de la Commission européenne Jean-Claude Junckers a fait comprendre, en outre, que la Catalogne, en cas de scission avec l’Espagne, devrait se soumettre aux procédures normales pour devenir membre de l’UE. Etant donné que l’Espagne peut complètement bloquer cette procédure, il n’y a pas grand-chose à en attendre.
A la suite de leur propre expérience, les Écossais avaient déjà pu prédire qu’aucun soutien ne viendrait de l’UE pour les tendances indépendantistes des régions européennes. La fraction à laquelle la N-VA appartient au parlement européen, le CRE, sera d’ailleurs dans le camp le plus fortement opposé à la reconnaissance d’une Catalogne indépendante.
Pourquoi soutenir le référendum en Catalogne
Cela peut sembler ironique à première vue. Les nationalistes flamands qui se tiennent calmement à l’arrière-plan alors que l’Etat espagnol rappelle les fantômes du régime franquiste dans la répréssion d’Etat contre le référendum catalan alors que l’organisation-soeur du PSL en Catalogne et en Espagne mobilise activement contre cette répression et en faveur du référendum. Il y a pourtant une logique derrière cela : contrairement à la N-VA, le PSL n’essaie pas de défendre les intérêts de la bourgeoisie mais bien ceux d’intérêts des masses laborieuses.
Notre défense du droit à l’auto-détermination des peuples qui tendent à plus d’autonomie et/ou d’indépendance est honnête et ne sert pas à stimuler un agenda visant à diviser la classe des travailleurs afin d’économiser encore plus durement sur le dos de la majorité de la population. Nous soutenons la lutte pour l’indépendance de la Catalogne précisément parce que cette lutte est indissociable de celle à mener contre la politique d’austérité. Elle se résume à la question suivante : qui doit décider de la politique économique à mener ? L’élite de super-riches ou la grande majorité de la population ?
Pourquoi la N-VA est moins enthousiaste
Ce qui se passe aujourd’hui avec le parti gouvernemental N-VA n’est pas différent de ce qui s’est passé avec des partis comparables en Europe : SNP, CIU, les nationalistes basques modérés,… Ou à l’époque avec la Volksunie, le Rassemblement Wallon et le FDF en Belgique. Nés comme partis de la petite bourgeoisie qui tendent à l’autonomie ou l’indépendance, ils ont vite été placés face au choix suivant : soit jouer le jeu des partis d’Etat pour finalement faire de petits pas en avant en échange de leur soutien à un agenda antisocial – et risquer ainsi de se brûler les ailes au pouvoir et de perdre leur base électorale – soit rester en dehors du pouvoir avec un agenda radical et en construisant un mouvement capable d’atteindre l’objectif défini.
Le SNP en Ecosse et la CIU en Catalogne n’ont pas pu bénéficier longtemps de la majorité absolue qu’ils avaient acquise à une certaine période. Ils ont tous les deux fidèlement appliqué la politique d’austérité qui leur était imposée de la part de l’autorité nationale et ont donc, au mieux, essayé de cacher leur propre responsabilité en créant des procédures dont ils savaient pertinemment qu’elles ne représentaient pas une solution. Dans les faits, ils ont mobilisé les sentiments nationalistes sans tendre réellement vers l’indépendance. Au final, ils ont été obligés d’aller plus loin que ce qu’ils désiraient initialement, poussés par les masses qui en avaient marre de la politique d’austérité.
En Catalogne, cette pression est massivement présente depuis des années déjà. La majorité des dirigeants nationalistes catalans a été brisée par des forces nationalistes plus radicales qui ont défendu un agenda plus à gauche et progressiste que celui de la CIU et du PDeCat dont est issu l’actuel président de la généralité, Puigdemont. C’est cette pression qui a finalement poussé le PDeCat sur la voie du référendum, bien conscient que l’Etat espagnol ferait tout pour l’empêcher.
Le nationalisme n’est en effet pas neutre. Il peut être de droite avec pour base l’égoïsme économique et le revanchisme, comme c’est le cas en Flandre mais aussi en Catalogne quand on parle des partis nationalistes bourgeois au pouvoir. Mais il peut aussi être de gauche et tendre à se libérer de l’emprise de la classe dirigeante et de son agenda politique et économique. C’est le cas du large mouvement que nous voyons actuellement en Catalogne. C’était aussi le cas au sujet du mouvement autour du référendum écossais. Dans les deux cas d’ailleurs, sans que la direction des partis nationalistes dominants n’aillent si loin.
Alors que SNP se trouve dans le camp socio-démocrate d’austérité socialement accompagnée et le PDeCat plutôt au centre, la N-VA est bien plus à droite du point de vue socio-économique. Là où le SNP et le PDeCat ont encore au moins de beaux discours contre une série d’économies (ou pour des réformes progressives), la N-VA se positionne comme la puissance dirigeante qui essaie de toutes ses forces de mener les économies les plus dures et les attaques les plus structurelles contre la classe des travailleurs et les couches les plus pauvres La chance que ces derniers groupes rejoignent un mouvement derrière la N-VA pour l’indépendance de la Flandre est quasiment nulle.
Alors que la base historique de la N-VA était la classe moyenne flamande – qui prônait aveuglément le nationalisme flamand en ayant en tête que les choses iraient mieux si la “Flandre” n”avait plus à payer pour ces misérables Wallons – cette classe moyenne traverse maintenant l’expérience d’un gouvernement N-VA qui, à l’instar des gouvernements précédents et même plus ardemment, défend surtout les intérêts des grandes entreprises et des ultra-riches. Les moyens qui n’iraient plus en Wallonie (ou vers les chômeurs, les malades, …) n’iront pas non plus vers un renforcement du niveau de vie de la classe moyenne mais disparaîtront tout simplement dans les poches des ultra-riches et des grandes entreprises.
Lors d’un futur recul électoral de la N-VA, à défaut d’une alternative issue du mouvement des travailleurs dans la lutte pour plus de moyens contre l’élite dominante, une partie de ces voix reviendra à l’ancienne bergerie du CD&V. Une autre partie cherchera des voies plus radicales pour l’agenda nationaliste flamand, ce que le Vlaams Belang et V&W attendent. Ils seront probablement ensemble dans l’un ou l’autre front flamand.
Bien que le recul de la N-VA ne soit pas pour demain, surtout faute d’alternatives aux partis traditionnels qui soient progressistes, de gauche et suffisamment fortes, il est à terme impossible pour la N-VA de maintenir ce grand écart. Le mouvement perdra inévitablement de sa force à un moment donné, comme cela fut le cas pour le SNP et le PDeCa. En tout cas, la tendance dominante à la N-VA aujourd’hui est de s’accrocher au pouvoir et de considérer l’austérité prioritaire plutôt que de pousser de l’avant un agenda favorable à l’indépendance de la Flandre.
A défaut de viabilité pour l’indépendance flamande dans la société flamande, la stratégie avancée est de s’en prendre aux Wallons. Sous pression d’un gouvernement thatchérien de droite dominé par la Flandre – et donc par la N-VA -, des sentiments régionalistes pourraient vite remonter à la surface et assurer que des Wallons soient demandeurs d’une confédération. A la N-VA, on a donc dû être ravis que le PS organise un congrès wallon après son congrès idéologique et que les forces régionalistes se fassent entendre au sein de la FGTB wallonne.
Si un mouvement substantiel émergeait en Wallonie autour d’un programme anti-austérité, lié à la revendication de plus d’autonomie régionale – ce qui n’est pas exclus, surtout si une lutte syndicale nationale contre la politique d’austérité se fait attendre, que le mouvement social rencontre d’autres défaites et que la démoralisation commence à s’étendre – ce mouvement montrera cependant plus de similitudes avec les mouvements d’indépendance écossais et catalan qu’avec le flamand : la classe des travailleurs le marquera de son sceau.
Le possibilité de voir ce mouvement entrer gentiment dans le schéma de la N-VA et négocier avec elle une confédération dans laquelle la sécurité sociale serait scindée (ce qui, sans mesures compensatoires, mènerait à une sérieuse chute du niveau de vie en Wallonie et à Bruxelles) et la dette publique répartie de part et d’autre – ce qui permettrait à la Flandre de garder un contrôle au moins partiel sur Bruxelles – est cependant plus mince que de celle de voir le mouvement contre la politique d’austérité entraîner les travailleurs flamands derrière lui.
Ce qu’il adviendrait de Bruxelles et de la communauté germanophone dans un tel développement est une autre question importante. La chance que la N-VA puisse élaborer une proposition qui emporterait l’approbation de la population bruxelloise est nulle. Et que Bruxelles veuille avoir son mot à dire ne fait aucun doute.
Des études indiquent depuis l’existence de la Région bruxelloise, Bruxelles construit toujours plus sa propre identité, indépendamment de la Flandre et de la Wallonie. Il y a des tensions constantes avec la communauté flamande et la Fédération Wallonie-Bruxelles, toutes deux compétentes pour l’enseignement à Bruxelles. Ces tensions avec la Wallonie peuvent continuer à s’accentuer si les gouvernements de la région bruxelloise, de la région wallonne et de la Fédération Wallonie-Bruxelles conservent à plus long terme des majorités différentes.
La régionalisation des compétences communautaires à Bruxelles peut vite être à l’ordre du jour. Lors de telles négociations, il y aura peu voire pas de place pour la communauté flamande. Ainsi, “l’enfumage des Wallons” peut avoir pour conséquence que la Flandre perde toute participation à Bruxelles. Et quand la possibilité pour Bruxelles d’exister comme région et communauté en un seul bloc se posera, même dans la petite communauté allemande, le rêve d’une propre région refera surface.
Si elle a le couteau sur la gorge, la bourgeoisie pourra admettre une indépendance sur le papier – mais une réelle libération est impossible sous le capitalisme. Il est difficile de rénover des châteaux de cartes, chaque carte que l’on bouge met en péril l’équilibre de tout l’édifice et chaque mouvement peut faire s’écrouler tout le château. La bourgeoisie a beau utiliser la question nationale pour semer la division et détourner l’attention de la lutte des classes qu’elle est en train de mener, elle reste un défenseur absolu des Etats-nation existants. Elle n’acceptera que les Etats-nation soient brisés que si l’alternative est une révolution qui menace de renverser le capitalisme.
Et même dans ce cas-là, elle essaiera d’imposer au nouvel Etat-nation de rentrer dans le rang sur le plan économique – c’est-à-dire de poursuivre la politique d’austérité sur le dos de la majorité de la population – que ce soit via l’Union européenne, le Fonds monétaire international ou la Banque mondiale.
C’est pour cela que non seulement nous sommes en faveur de l’indépendance de la Catalogne mais également pour une Catalogne socialiste indépendante. L’arrivée au pouvoir d’un gouvernement de gauche sur base du mouvement indépendantiste, un gouvernement qui enfreint les diktats de l’Etat espagnol et de l’UE parce qu’ils rendent impossible une politique sociale serait un énorme stimulant pour la classe des travailleurs ailleurs en l’Espagne et en dehors. Dans un tel scénario, un mouvement de la base pourrait naître rapidement visant à une confédération des Etats socialistes ibériques, ce qui inspirerait la lutte des travailleurs dans toute l’Europe contre la politique d’austérité et le processus de décision anti-démocratique. Ainsi, une Europe de la base pourra être construite où équité et respect de la volonté seront centraux, tous comme les droits des minorités. Un mouvement qui puisse veiller à l’unité des travailleurs.
Nous ne soutenons les mouvements d’indépendance que si ces éléments sont réunis et alimentés par les masses et, surtout, la classe des travailleurs. Nous ne donnerons jamais notre soutien à un mouvement indépendantiste qui veut obtenir une amélioration pour ses “propres” travailleurs en imposant un appauvrissement à d’autres, comme la N-VA et le PDeCat le défendent. Nous pensons que l’histoire belge montre suffisamment que la question nationale ne sera jamais résolue sur base capitaliste. Commencée sous domination francophone, le français étant la langue de la bourgeoisie, pour arriver à une domination flamande au profit de cette même bourgeoisie, l’Etat capitaliste belge n’a jamais réalisé la libération de qui que ce soit, il n’a signifié qu’exploitation, oppression et discrimination.
Photo : http://www.flickr.com/photos/eppofficial/ CC BY 2.0
Les médias dominants font d’Angela Merkel la garante de la stabilité et de l’ordre dans une Union européenne en déliquescence et dans un monde toujours plus inquiétant. Elle serait ainsi un rempart contre le protectionnisme et l’aventurisme de Trump, Le Pen & Co, mais aussi contre les nouvelles formations et personnalités politiques de gauche. Merkel est ainsi présentée comme la gardienne par excellence des intérêts allemands (lisez : intérêts du capitalisme allemand).
Par Stephane Delcros, article tiré de l’édition de septembre de Lutte Socialiste
Angela Merkel semble bien partie pour rempiler à son poste de chancelière après les élections fédérales allemandes du 24 septembre prochain. Les sondages lui donnent 40% d’intentions de votes pour son cartel CDU/CSU (conservateur / chrétien-démocrate), un score proche de celui de 2013.
Croissance économique & inégalités grandissantes
Croissance économique élevée, taux de chômage bas : l’Allemagne fait figure de grand gagnant de la crise économique. Cette position a été bâtie en exportant les conséquences de la crise vers d’autres Etats européens, par le biais d’une concurrence agressive reposant sur des bas salaires et l’imposition d’une politique d’austérité drastique envers le reste de l’Europe. Ailleurs, surtout en Europe du Sud, cela a signifié des coupes budgétaires abominables et une explosion du chômage et de la précarité. En Allemagne, quelques réformes sociales limitées ont pu être introduites et le nombre de chômeurs s’est réduit.
Cette apparente ‘‘redistribution’’ est cependant extrêmement faible en comparaison des richesses créées, elle masque par ailleurs la paupérisation de larges couches de travailleurs. Selon les données publiées en mai dernier par l’institut de statistiques Destatis, 20,1 % de la population allemande était menacée par le risque de pauvreté ou d’exclusion sociale en 2015, soit 16,1 millions de personnes. Un salaire minimum horaire a certes été introduit, mais de 8,84€ à peine ! Merkel reçoit des louanges pour avoir divisé par deux le nombre de chômeurs depuis 2005 et promet d’arriver sous la barre des 3% de chômage pour 2025. Mais faut-il se réjouir d’une courbe du chômage à la baisse quand celle-ci est due à la création d’emplois très bas de gamme aux conditions de travail et salariales exécrables ?
Un levier social-démocrate pour imposer l’austérité
L’Allemagne fut le pionnier de la destruction de la législation du travail en Europe. En 2005 déjà, le SPD social-démocrate de Gerhard Schröder, alors au pouvoir en coalition avec les Verts, avait lancé une offensive brutale visant à déréguler le marché du travail (l’Agenda 2010) et à s’en prendre durement aux services publics. Des millions de travailleurs ont été poussés dans le secteur des emplois à (très) bas salaires. Profitant de ses relations étroites avec les directions syndicales, le SPD a su éviter que la colère sociale ne soit réellement organisée en une énorme confrontation de classes. D’importantes mobilisations eurent toutefois lieu, avec une participation active de sans-emplois. La baisse de soutien électoral pour le SPD a alors ouvert la voie à Merkel et à la CDU/CSU.
Début 2017, le SPD a tenté de donner l’impression d’un coup de barre à gauche en choisissant comme chef de file un politicien qui était resté éloigné de la scène nationale (Martin Schulz, ancien président du Parlement européen) et en émettant quelques critiques contre les inégalités et quelques propositions sociales. Quelques semaines durant, il semblait que le SPD pouvait concurrencer la CDU. Fin août, le SPD était déjà relégué 15% derrière la CDU/CSU dans les sondages d’opinion. La rhétorique de gauche était trop timide et abstraite, particulièrement de la part d’un parti qui a trempé jusqu’au cou dans l’imposition de la politique de casse sociale et par ailleurs partenaire de la coalition gouvernementale depuis 2013. La fine brise qui a soufflé un temps illustre néanmoins la recherche parmi les travailleurs allemands de davantage de ‘justice sociale’ et illustre aussi la ‘‘stabilité’’ toute relative de la position de Merkel.
Défendre un programme de rupture anti-austérité
Die Linke (La Gauche) bénéficie aujourd’hui de 8 à 10% dans les sondages, un résultat très en dessous du potentiel existant. Ce parti a pourtant un potentiel plus grand, mais il défend trop timidement un programme de rupture anti-austérité. Il s’est par ailleurs également compromis dans certaines coalitions régionales en appliquant un programme de restrictions budgétaires. Cette attitude est toutefois dénoncée par de larges couches au sein du parti, tant à la base qu’à la direction, une pression d’ailleurs reflétée dans le nouveau manifeste électoral, plus ancré à gauche que précédemment.
Il est crucial que le parti clarifie sans la moindre équivoque qu’il n’entend pas constituer ‘‘l’aile gauche de l’establishment’’ mais bien représenter une force combative défendant avec acharnement et sans compromission les intérêts des travailleurs et des opprimés. Dans le cas contraire, un plus grand espace pourrait être offert sur un plateau d’argent à des formations populistes de droite à l’image de l’AfD (Alternative pour l’Allemagne), une formation profondément antisociale et au racisme virulent qui peut instrumentaliser et dévier la colère des laissés-pour-compte de la société.
Die Linke a le potentiel de totalement bouleverser le débat politique en Allemagne, comme Sanders l’a fait aux Etat-Unis, comme la France Insoumise et Mélenchon l’ont fait en France ou comme le mouvement autour de Corbyn l’a fait au Royaume-Uni. Mais cela exige de l’audace tant dans l’approche publique, avec des élus considérés comme des relais des luttes sociales, que dans le programme politique, à l’aide de revendications telles que l’augmentation du salaire minimum, l’augmentation du budget des soins de santé, la nationalisation de secteurs-clés de l’économie,… C’est en ce sens qu’œuvrent nos camarades du SAV en Allemagne (Alternative Socialiste).
Après une offensive policière et judiciaire menée sans pitié plusieurs jours durant, piétinant avec fureur les droits démocratiques, le gouvernement du Partido Popular (PP) a décidé de recourir à la répression massive afin d’empêcher le peuple de Catalogne d’exercer son droit de décider de son avenir.
Déclaration d’Esquerra Revolucionària (Comité pour une Internationale Ouvrière – Catalogne)
Le peuple de Catalogne a le droit de décider
Au cours d’une opération rappelant l’époque de la dictature franquiste, la garde civile a arrêté 14 membres du ‘‘Govern’’, l’exécutif régional catalan, responsables de l’organisation du referendum du 1er octobre (‘1-O’). Quand la nouvelle de cette opération autoritaire a été connue, des milliers de jeunes et de travailleurs sont descendus dans les rues de Barcelone et d’autres villes pour s’opposer à cette répression et défendre la liberté et les droits du peuple catalan.
Hier, une action de solidarité a eu lieu à Bruxelles en face des locaux de la Commission européenne. Le PSL était présent et a distribué le matériel de nos camarades catalans.
La saisie d’imprimés, les descentes de la garde civile dans les locaux d’imprimerie, l’imposition d’un black-out massif sur les l’information, l’arrestation de jeunes ayant collé des affiches, les menaces de poursuites pénales contre des centaines de maires ayant soutenu le référendum, la saisie de documents dans les bâtiments gouvernementaux, les tentatives d’investir le quartier général de la CUP (Candidature d’Unité Populaire), l’interdiction d’actions politiques en soutien au droit de décider à Madrid, à Gasteiz et à Gijón, l’intervention du gouvernement central dans les finances du gouvernements catalan, le déploiement de milliers de policiers en Catalogne pour intimider la population, etc. tout cela, dans la pratique, est revenu à imposer l’état d’urgence. Voilà la recette que le PP, l’appareil d’Etat, Ciudadanos et, malheureusement, la direction du PSOE ont utilisée afin d’empêcher le peuple catalan d’exercer son droit de vote au sujet du type de relation qu’il entend entretenir avec l’Etat espagnol, y compris au sujet de son droit légitime à l’indépendance.
Cette attaque contre les droits et libertés démocratiques est sans précédent dans la période récente dans l’Etat espagnol. L’offensive policière a été préparée à l’avance par le gouvernement, au point que le premier ministre Rajoy a rencontré les dirigeants du PSOE Pedro Sanchez et Albert Rivera le mercredi 20 septembre. Que ces dirigeants du PSOE soutiennent cette offensive franquiste contre le peuple de Catalogne est un véritable scandale !
La complicité des actuels dirigeants du PSOE avec le PP pour museler le peuple catalan et empêcher la tenue du vote le 1er octobre restera dans l’histoire de la social-démocratie comme l’une de ses plus infâmes trahisons. Telles sont les conséquences d’avoir embrassé le nationalisme pro-espagnol pendant des années et d’avoir rejoint la classe dominante sur tous les sujets essentiels. La direction du PSOE n’a pas seulement abandonné le point de vue du socialisme sur la question nationale – la défense du droit à l’autodétermination des nations opprimées – elle s’est, de plus, mise du côté de Franco pour qui la Catalogne n’était pas une nation. Elle est maintenant prête à se lancer dans une nouvelle ‘‘croisade’’ en recourant à la violence et à la répression d’Etat.
L’idée selon laquelle le referendum représente un ‘‘coup d’Etat’’ et constitue une attaque ‘‘anti-démocratique’’ contre une couche de la population catalane est un des plus grands mensonges que les médias, au service de la bourgeoisie espagnole, tentent de nous faire avaler. C’est une absurdité en soi. Si l’Etat, le PP et les partis qui les soutiennent sont certains à ce point que les partisans de l’indépendance ne représentent qu’une minorité, pourquoi donc ne pas accepter le résultat sorti des urnes ? Pourquoi empêcher la tenue du vote ? Dans le cas du Venezuela, toutes ces personnes ont argumenté en faveur d’un vote, mais elles défendent le contraire en Catalogne !
A l’occasion d’un vote démocratique sur l’auto-détermination, quiconque ne soutient pas l’indépendance a clairement la possibilité de voter contre. Des partis comme le PP, Ciudadanos ou le PSOE, qui défendent la légitimité de la constitution de 1978, ont beaucoup de moyens et d’influence. La véritable raison qui explique l’attitude fermée de la droite et de l’Etat n’est pas qu’ils défendent la démocratie, mais plutôt l’inverse. Ils refusent au peuple catalan le droit de décider et de faire de la Catalogne une nation. La position du gouvernement, de l’Etat et de ses partisans n’est rien d’autre que la poursuite de ce que la bourgeoisie espagnole et l’Etat central ont défendu historiquement. Concrètement, cela a été synonyme d’écrasement militairement des aspirations nationales de la Catalogne, du pays Basque et de la Galice, à de nombreuses reprises. C’est encore ce qui s’est passé sous la dictature de Franco. Chaque progrès dans la défense de ces droits a toujours été le résultat de mobilisations massives.
Lors d’une conférence de presse, Carles Puigdemont, le président de la Généralité de Catalogne (la communauté autonome de Catalogne), flanqué de tous ses conseillers, a expliqué la réalité de la situation : ‘‘L’Etat espagnol a de facto suspendu l’idée d’un gouvernement autonome pour la Catalogne et, de facto, un état d’urgence a été instauré’’. Il est véritablement incroyable que le dirigeant d’un parti nationaliste bourgeois doive dire de telles choses ! La situation qui s’est développée voit le PP librement piétiner les droits démocratiques les plus élémentaires ! Nous comprenons maintenant pourquoi Rajoy et son parti ont toujours refusé de condamner la dictature de Franco. Nous voyons ici au grand jour ce que les marxistes ont toujours expliqué : que l’appareil d’Etat espagnol est saturé d’éléments fascisants et réactionnaires. La soi-disant ‘‘transition’’ (le processus ayant permis la sortie du franquisme) ne les a pas purgé, mais les a protégés et encouragés.
Ce que nous voyons en Catalogne, c’est la suspension de fait du statut du gouvernement catalan et le retrait de ses fonctions politiques les plus importances. Le PP et ses partenaires, encouragés par la presse et les média de la bourgeoisie pro-espagnole, se serrent mutuellement la main et se présentent comme les champions de la démocratie. Le PP est submergé de cas de corruption. Ce parti a sauvagement coupé dans les budgets de l’enseignement public et de la santé. Il a donné plus de 100.000 millions d’euros aux banquiers. Il nous expulse de nos maisons. Il nous condamne à des boulots précaires et aux bas salaires. Il soutient des dictatures militaires (Maroc, Arabie saoudite,…). Il encourage les interventions militaires étrangères de l’impérialisme. Et ce parti veut nous donner des leçons de démocratie !
La seule réponse à donner, c’est la mobilisation massive de la classe ouvrière et de la jeunesse ! Pour une grève générale de 24 heures maintenant !
La “une” de la dernière édition du journal d’Esquerra Revolucionària.
La population catalane a courageusement répondu à cette offensive franquiste, de manière déterminée, dans la rue. Cette protestation va croitre jour après jour. Mais il est urgent et nécessaire d’amener cette lutte vers la classe des travailleurs, d’une manière unitaire, pour réunir la jeunesse et les sections des classes moyennes déjà radicalisées dans cette lutte. Il faut aussi étendre le combat à l’extérieur de la Catalogne. Cette attaque contre les droits démocratiques représente une énorme menace pour la population de tous les territoires, et particulièrement pour les travailleurs, les jeunes et leurs organisations de combat à travers l’Etat espagnol.
Esquerra Revolucionària soutient pleinement les mobilisations qui se développent en Catalogne et dans l’Etat espagnol. Mais si nous voulons défaire l’offensive autoritaire perpétrée par le gouvernement central, nous avons d’urgence besoin que l’ensemble de la gauche s’implique dans cette lutte, les mouvements sociaux, les syndicats (CUP, ERC, Comu, Intersindical, UGT, CCOO, CGT Catalunya…). Nous nous engageons à utiliser nos forces pour construire le mouvement unitaire le plus fort possible. Cela ne peut être fait qu’en appelant immédiatement à une grande grève générale de 24 heures qui paralysera la vie économique et sociale de Catalogne.
Cette grève générale en Catalogne doit être accompagnée d’un appel à la mobilisation de la classe des travailleurs et de la jeunesse dans le reste de l’Etat espagnol en soutien au peuple catalan et à ses droits démocratiques. Cela serait un moment crucial à saisir pour la gauche, afin qu’elle gagne la direction du processus et pour défendre le droit à l’auto-détermination avec un programme anti-austérité et contre les coupes budgétaires. Une mobilisation de ce type est la manière la plus efficace d’entrer en confrontation avec le PP et ses politiques nationalistes, de les vaincre et de gagner le droit pour la Catalogne de se gouverner elle-même
Pour une république socialiste catalane
Le Sindicato de Estudiantes appelle à la grève générale étudiante pour le 28 septembre.
Le principal facteur qui a retardé la rébellion sociale issue de la colère des masses contre les conditions sociales et économiques existantes – dans l’idée de faire tomber l’Etat, le PP et ses politiques capitalistes – est que les formations parlementaires à la gauche de la social-démocratie (CUP, can, Comu, Izquierda Unida en Catalogne) et les syndicats ont abandonné la lutte pour être à la tête de ce grand mouvement de masses. Ils n’ont pas réussi à se battre pour un programme qui lie la lutte pour l’autodétermination aux revendications économiques et sociales pourtant exigées par la majorité de la classe ouvrière et de la jeunesse.
La direction formelle de la lutte contre l’Etat et le Gouvernement du PP a ainsi été offerte au PDECAT (le Parti Démocrate Européen Catalan), permettant à ces politiciens bourgeois d’apparaître comme les victimes de la politique autoritaire de la droite espagnole. Cela a créé une division négative parmi la classe ouvrière. La direction du processus par le PDECAT capitaliste n’a pas renforcé le mouvement, comme l’ont préconisé les dirigeants de la CUP et de l’ERC [Gauche républicaine de Catalogne]. Cela l’a affaibli. Même du point de vue de la défense des droits nationaux, les dirigeants de la PDeCAT ont cherché toutes les excuses pour ne pas appeler au référendum. Mais, la pression du mouvement et la perspective de fortes pertes électorales si elles n’appelaient pas un référendum les ont obligé à agir de la sorte.
Malgré la volonté de provoquer une réaction et la manipulation des faits des médias, la réalité est que des millions de jeunes et de travailleurs qui n’ont pas voté lors du référendum ‘consultatif’ du 9 novembre ou n’ont pas assisté à la ‘‘journée nationale’’ DIADA, n’étaient pas opposés à la population catalane ayant le droit de décider de leur avenir. La grande majorité d’entre eux se sont mobilisés contre tout ce que le PP représente: les coupes budgétaires, les expulsions, la corruption. S’ils n’ont pas soutenu le référendum jusqu’à présent, c’est parce que le ‘‘processus’’ est dirigé par Puigdemont et Palau, des capitalistes catalans. Ces mêmes personnages ont toujours été du côté du PP contre les travailleurs, en approuvant les ‘‘réformes’’ du travail, les coupes budgétaires dans la santé et l’enseignement ou encore la privatisation d’entreprises publiques.
Maintenant, tout cela peut changer. Il ne fait aucun doute que la répression déclenchée par le PP est un choc pour des millions de travailleurs et de jeunes issus des quartiers ouvriers de Catalogne. Les images de la Garde civile arrêtant des gens tandis que Rajoy se vantait avec arrogance des mesures répressives ont eu un impact sur la conscience de millions de personnes. Il s’agit d’une répétition de ce que les générations anciennes ont vécu sous Franco, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la Catalogne. Nous ne devons pas oublier que les droits démocratiques dont nous jouissons aujourd’hui, y compris la restauration de la ‘‘Généralité’’ et du statut de gouvernement autonome de la Catalogne ont été le produit de la mobilisation de masse des travailleurs en Catalogne, dont beaucoup de migrants qui peuplent avec leurs familles les villes de la ceinture rouge de Barcelone et d’autres villes.
À l’heure actuelle, les conditions sont présentes pour que bien d’autres encore rejoignent les millions de personnes déjà mobilisées, prêtes à défendre le référendum et à lutter contre la répression sans faire confiance au PDECAT. Les dirigeants de la gauche à l’échelle nationale et en Catalogne, conjointement avec les syndicats, pourraient appeler à une grève générale et ainsi mobiliser la classe ouvrière, les jeunes et les couches plus larges de la société tant en Catalogne qu’ailleurs, pour lutter contre le PP et la répression d’Etat. Ils pourraient ainsi se distancier clairement du PDECAT, et il serait alors possible de vaincre la répression et de lier ce combat à une lutte commune contre l’austérité et la privatisation. Cela ouvrirait la voie à un gouvernement de gauche et à l’instauration d’une république socialiste catalane.
La CUP doit immédiatement lancer une lutte de ce type et rompre son pacte parlementaire avec la droite catalane.
La seule façon d’assurer le droit à l’autodétermination est d’unifier la grande majorité de la population en Catalogne, sous la direction de la puissante classe ouvrière catalane, avec un programme qui considère comme inséparables la lutte pour l’auto-détermination et la lutte contre le capitalisme. Entre les mains de la bourgeoisie catalane, une véritable libération sociale et nationale de la Catalogne est impossible.
Esquerra Revolucionària (le Comité pour une Internationale Ouvrière en Catalogne) appelle tous les travailleurs et les jeunes de Catalogne à se battre pour le ”1-O” et le droit de décider de leur avenir, contre ce coup autoritaire du PP et de l’Etat. Pour le droit de décider et de pouvoir voter ! Pour une République socialiste catalane qui met fin à des coupes budgétaires, qui créée des millions d’emplois, qui met en avant les droits du travail et des salaires décents, qui met fin aux expulsions et nationalise les banques et les entreprises pour mettre la richesse au service des besoins de la majorité !
Une République socialiste catalane engendrerait une sympathie écrasante parmi les travailleurs du reste de l’Etat espagnol (qui souffrent du même ennemi – la bourgeoisie – et subissent les mêmes attaques) et dans tous les autres pays d’Europe, ouvrant la voie à la transformation sociale et à la libération de tous les peuples opprimés.
L’ouragan qui sévit ici ne s’appelle pas Harvey, Irma ou José… mais Macron ! Ce n’est pas un phénomène naturel mais bien une contre-révolution sociale menée très sciemment par notre nouveau président, le défenseur des ultra-riches. Cet ouragan Macron, débuté il y a à peine 6 mois, fait d’énormes ravages. Il avance à grande vitesse et dévaste sur son passage nos droits et notre protection sociale : destruction du code du travail, baisse des aides au logement, augmentation de la CSG, suppression des contrats aidés… Tant de mesures qui vont compliquer des conditions de vie déjà très difficiles pour la majorité de la population et creuser encore davantage les écarts de richesses.
Article de la Gauche Révolutionnaire (CIO-France)
L’arrogance macronienne au service des riches
Toutes les politiques des gouvernements précédents n’ont pas fait baisser le chômage mais Macron va continuer dans le même sens et même aggraver encore les choses. C’est ainsi que sont supprimés des milliers de contrats aidés pour soi-disant « économiser » 3 milliards d’euros, mais surtout supprimer d’indispensables emplois dans les écoles, les collèges ou les associations. A côté, il ne touche pas aux 51,9 milliards que représentent l’ensemble des dispositifs d’allègement des cotisations patronales.
Le mépris de Macron pour les couches populaires transparaît dans ses interventions publiques. Après « ceux qui ne sont rien », il accuse les opposants à la loi travail d’être des « fainéants » et des « cyniques ». « Les Françaises et les Français détestent les réformes » disait-il le 24 août. Mais non, les « Français » sont pour les réformes : la Sécurité sociale, les congés payés, les nationalisations… tout ce qui a amélioré les conditions de vie et de travail. Les « Français » détestent les « contre-réforme », celles qui entraînent une aggravation de nos conditions sociales et économiques.
C’est pour cela qu’ils sont massivement contre les mesures de Macron. Si sa cote de popularité chute ainsi et s’il rencontre autant d’opposition, c’est parce que ses « réformes » n’en sont pas, et qu’elles sont d’inacceptables attaques sociales !
Macron est déterminé? Nous aussi!
Ne laissons pas le champ libre à cette clique ultra libérale qui ne cherche qu’à aggraver l’exploitation. La colère et le dégoût qui nous habitent doivent être transformés en une résistance active. Les journées du 12 et du 23 septembre sont une base pour construire une lutte de
masse qui unisse l’ensemble des jeunes et des travailleurs. Rien n’est jamais plié comme voudraient nous le faire croire ceux qui cherchent à nous démoraliser.
On se souvient du CPE en 2006, que le gouvernement a été obligé de retirer quand les travailleurs ont commencé à entrer en grève massivement. Parce que rien ne résiste à la lutte des travailleurs lorsque celle-ci est organisée et déterminée ! Les classes dirigeantes le savent bien, et c’est pour cela qu’elles augmentent la répression (avec l’aide de la prolongation de l’état d’urgence), qu’elles utilisent la propagande
raciste contre les migrants ou les musulmans et font tout pour nous diviser, afin d’empêcher notre camp de se rassembler et de lutter ensemble.
Résister…et les dégager?
Résister à ces attaques, stopper la loi « travail » II, sont les premiers pas indispensables. Mais pour aboutir à une société réellement démocratique où tout le monde va pouvoir vivre correctement, il faudra se débarrasser de la dictature du profit et de l’exploitation. Il faudra se débarrasser du capitalisme et le remplacer par le socialisme démocratique. Pour cela, nous avons besoin d’une force politique de masse et de lutte, qui permette aux travailleurs et aux jeunes de défendre réellement leurs intérêts et leurs revendications. C’est en ce sens que la Gauche Révolutionnaire participe à la France Insoumise, pour contribuer à créer une gauche de combat qui défende nos intérêts et qui soit prête à se débarrasser définitivement de Macron et du système capitaliste qu’il représente.
Contre la politique de Macron et sa nouvelle « loi travail »!
Macron montre chaque jour qu’il est bien le président des riches. D’un côté, il décide la baisse des aides au logement (APL), l’augmentation des cotisations sur les salaires et les retraites (CSG), la suppression des aides pour les activités périscolaires et des contrats aidés,… les travailleurs, les pauvres et leurs familles n’ont qu’à se noyer dans la précarité. De l’autre côté, les plus riches vont profiter de la quasi-disparition de l’impôt sur la fortune : trois milliards d’euros de cadeau ! Cette politique là, on n’en veut pas, il faut la combattre tous ensemble !
Tract de mobilisation de la Gauche révolutionnaire (section française du Comité pour une Internationale Ouvrière)
NE NOUS LAISSONS PAS FAIRE !
Le 31 août, Macron et Pénicaud, la ministre-DRH, ont présenté la nouvelle loi « travail ». Facilitation des licenciements collectifs et individuels, limitations des indemnités de licenciement. Possibilité de modification du contrat de travail à tout moment et pas seulement sur la durée du travail, mais aussi désormais sur le salaire, la santé au travail, la « mobilité »… avec évidemment licenciement à la clef en cas de refus. Même la durée de la période d’essai ou le temps de pause pourront être modifiés… Dans le monde rêvé de Macron, on travaille 60 heures par semaine pour un Smic sans que les heures supp’ soient payées comme telles, et en CDD renouvelable infiniment, au bon vouloir du patron. Le seul but, c’est de permettre aux plus grands patrons de faire toujours plus de profits sur notre dos, et rien d’autre !
C’est la même politique qui continue depuis des années et le résultat aujourd’hui c’est 6,6 millions de chômeurs. Le chômage ne baisse pas, puisque ceux qui ont un emploi travaillent plus tout en étant encore plus précarisés et appauvris. Cette deuxième loi « travail », que le gouvernement veut faire passer par ordonnances, sans vote au Parlement, est emblématique de toute une politique : c’est une régression sociale complète qui continue.
TOUTES ET TOUS EN GRÈVE ET EN MANIFESTATION LE 12 SEPTEMBRE !
Des syndicats – et notamment la CGT – ont appelé à une journée de grève mardi 12 septembre. Participons massivement à cette journée de lutte ! Partout où on peut, faire grève et appeler à la grève le plus massivement possible. Organisons des Assemblées générales où on pourra discuter et construire la mobilisation collectivement, pour que chacun et chacune puisse y prendre part. Partout on manque de personnel, c’est la dictature de minables petits chefs, le harcèlement, les salaires insuffisants : de tout cela, il y en a assez !
Il faut une lutte réellement massive, où une majorité des travailleurs du public et du privé, des chômeurs, des jeunes, des retraités puisse être active. C’est cela qui va stopper Macron qui chute déjà dans les sondages.
Non à la loi « Travail » !
Un travail pour tous, pour la semaine de 32h !
Assez de précarité, aucun salaire sous 1500€ !
Des embauches en fonction des besoins !
POUR UNE VRAIE GAUCHE DE LUTTE ET DE COMBAT
La grève du 12 septembre doit être un début ! Il ne s’agit pas que de la loi « travail » mais bien de toute une politique : pendant que la majorité de la population subit la précarité et les inégalités, les plus grosses entreprises françaises ont fait plus de 51 milliards de bénéfices sur les six premiers mois de l’année (11 de plus que l’année dernière sur la même période). Le projet de Macron c’est de donner aux multinationales et aux super riches ce qu’il reste de services publics, de protection sociale. C’est cela le capitalisme, la dictature des super riches et des groupes d’actionnaires.
Il faut une lutte massive et aussi une véritable opposition politique, une gauche de lutte et de résistance, les deux sont indispensables. Le samedi 23 septembre, Mélenchon et la France insoumise, à laquelle la Gauche révolutionnaire participe, ont appelé à une manifestation nationale à Paris contre « le coup d’état social » de Macron. Cette date doit servir autant à développer la lutte qu’à construire une nouvelle force politique des travailleurs et des jeunes. On doit tous et toutes s’en saisir !
Nous agissons pour développer la lutte de masse contre Macron, pour construire une nouvelle force politique des travailleurs et de la jeunesse, pour renverser le capitalisme. Rejoignez-nous !
A bas le terrorisme et la guerre impérialiste ! Leurs guerres, nos morts !
Le 17 août, une brutale attaque terroriste a été commise à Barcelone. Une fourgonnette a remonté l’allée centrale piétonne de la Rambla sur plus d’un demi-kilomètre en fauchant des centaines de personnes sur son chemin. En résultat tragique de cette attaque, 13 personnes ont perdu la vie, plus de 100 personnes ont été blessées (certaines de manière critique) et la population de la ville a été profondément choquée alors qu’une journée de vacance se transformait en cauchemar. Cette attaque, immédiatement revendiquée par l’Etat islamique (Daesh), a été suivie par une autre quelques heures plus tard dans la ville de Cambrils (dans la province de Tarragone). 5 terroristes y ont été abattus et une femme poignardée par l’un d’entre eux est décédée.
Déclaration d’Izquierda Revolucionaria (Gauche révolutionnaire, section du Comité pour une Internationale Ouvrière dans l’Etat espagnol)
Izquierda Revolucionaria et le Sindicato de Estudiantes (syndicat étudiant) souhaitent exprimer leur souffrance, leur soutien et leur solidarité avec les victimes, leurs familles, leurs proches et tous ceux qui ont vécu ces terribles moments et craint pour leur vie.
A travers le monde, ce sont des millions de travailleurs et de jeunes qui se sont sentis solidaires des victimes de cet horrible attentat terroriste et des milliers de personnes qui ont participé à la grande vague de solidarité qui a suivi : ceux qui ont fait la queue pour faire don de leur sang, ceux qui ont ouvert la porte de leur maison, de leur taxi, de leur magasin, de leur voiture,… pour aider les victimes. Ce fut une fantastique démonstration de solidarité avec ceux qui ont vu la barbarie qui a également frappé les rues de Paris, de Nice, de Bruxelles, de Manchester, d’Orlando, etc. Cette barbarie est également trop familière pour des millions de personnes innocentes dans d’autres parties du monde, comma au Moyen-Orient et en Afrique.
Bien entendu, l’État a également réagi, par des lamentations et des appels à l’unité hypocrites de la part de ceux-là même qui ont soutenu et instigué les guerres impérialistes qui ont détruit des pays entiers pour remplir les poches d’une poignée de multinationales et garantir les intérêts stratégiques des grandes puissances. Leur consternation apparente face au massacre de Barcelone semble ne pas avoir été méritée par les milliers de personnes qui meurent chaque jour en Syrie, en Irak ou en Afghanistan, dans ces guerres que le Parti Populaire (PP) et les autres dirigeants de droite d’Espagne ont soutenues avec les autres ‘‘gardiens de la Paix’’ des Etats-Unis et de l’Union européenne.
Merkel, Hollande, Macron, May, Trump, Rajoy,… poursuivent les mêmes objectifs qu’Aznar, Blair et Bush à leur époque, quand l’invasion de l’Irak a été lancée, il y a de cela 14 ans. Les conséquences sont claires. Ces guerres n’ont apporté ni la paix ni la liberté, mais bien la barbarie, la mort et la destruction tandis que des millions de réfugiés ont cherché à fuir des situations intolérables et sont traitées de manière inhumaine aux portes de l’Europe.
Utiliser le terrorisme afin de répandre le poison du racisme et de l’islamophobie
Nous avons pu voir à bien d’autres occasions comment les défenseurs du système profitent d’événements terribles tels que les attentats terroristes. A l’aide de mots tels que ‘‘liberté’’, ‘‘démocratie’’, etc., ils instrumentalisent ces attaques comme prétextes pour justifier des mesures adoptées à l’encontre des travailleurs et des jeunes, en sapant nos droits démocratiques et en propageant un poison raciste et xénophobe.
C’est notamment l’approche des médias de droite, qui font la promotion du racisme et de la haine des musulmans. Alfonso Rojo (directeur de Periodista Digita) a ainsi réagi à ces événements en déclarant: ‘‘peut-être que ceux qui ont encouragé l’immigration de non-Espagnols en Catalogne doivent maintenant expliquer cela.’’ Isabel San Sebastián, une autre figure connue des médias, a directement relié les terroristes aux musulmans en affirmant: ‘‘Nous les avons rejetés d’ici une fois et nous le ferons encore’’ (en référence à la reconquête par les royaumes chrétiens des territoires de la péninsule ibérique et des îles Baléares occupés par les musulmans au Moyen-Âge, NDT). Il ne s’agit pas que de déclarations individuelles, elles représentent le sentiment qui vit au sein du PP et de la droite.
Les déclarations anti-terroristes des dirigeants du PP ou de Ciudadanos, de la Monarchie et de tous ceux qui ont profité des guerres et de leurs millions de morts ne sont toutefois qu’une façade qui vise à cacher des intérêts de classe concrets. Aucun d’entre eux n’a de problèmes avec la conclusion de juteux contrats de vente d’armes entre le gouvernement espagnol et l’Arabie saoudite, même s’il est de notoriété publique que l’Arabie saoudite aurait financé l’État islamique et que de nombreuses armes qui lui ont été vendues par l’Espagne sont utilisées dans la guerre menée au Yémen. Ils n’ont pas de problèmes non plus avec le régime d’Erdogan dans l’Etat turc, alors qu’il a protégé l’État islamique pendant de nombreuses années et avec lequel l’Union européenne a signé un accord honteux portant sur la question des réfugiés.
Leurs arguments et leur hypocrisie destinée à justifier les guerres criminelles, le meurtre d’innocents et la haine raciste – même emballés dans une indignation ‘‘anti-terroriste’’ – ne nous trompent pas. Nous connaissons – et dénonçons – la véritable motivation de leurs politiques de coupes budgétaires, d’austérité et d’attaques contre les droits démocratiques. Les travailleurs et les jeunes de Barcelone la connaissent aussi. C’est pourquoi ils ont expulsé les groupes d’extrême droite des manifestations de solidarité qui ont fait suite aux attaques. Leurs guerres, nos morts !
Le terrorisme et le mouvement catalan pour l’auto-détermination
Les porte-parole de la classe capitaliste ont émis leurs déclarations racistes et hypocrites habituelles. Au lendemain de l’attaque, l’éditorial du journal El Pais a également sauté sur l’occasion pour s’en prendre au ‘‘processus’’ lié au mouvement d’autodétermination de la Catalogne. Ils ont appelé le ‘‘gouvernement catalan et les forces politiques catalanes à s’occuper des véritables problèmes de la Catalogne’’ et à mettre fin à la ‘‘chimère sécessionniste’’. Cette terrible attaque terroriste pourrait maintenant être utilisée pour réprimer davantage le droit démocratique du peuple catalan à décider de son avenir.
Des arguments grotesques ont été employés contre le droit à l’autodétermination et en faveur de la criminalisation de tous ceux qui les défendent. Nous n’avons pourtant pas lu d’éditoriaux d’El Pais abordant les ‘‘véritables problèmes de la Catalogne’’, comme ils disent. Ces problèmes sont les réductions budgétaires dans la santé et l’éducation, le licenciement des enseignants, la répression contre les mouvements sociaux et les expulsions de logements. Leur hypocrisie ne connait pas de limites. Si le poison raciste de la droite n’était pas encore suffisant, cette dernière essayent également de séparer les travailleurs et les jeunes de Catalogne de ceux du reste de l’Etat espagnol.
Le capitalisme utilise n’importe quelle prétexte pour diviser les opprimés par la peur, la xénophobie ou tout autre moyen. En agissant de la sorte, il vise à nous monter les uns contre les autres, nous qui sommes allés ensemble dans la rue contre les attaques du PP et des capitalistes et partis de droite catalans qui ne cherchent qu’à défendre leurs propres privilèges. Ils veulent diviser la classe ouvrière et la jeunesse, ceux qui ont démontré qu’ils disposent du pouvoir de vaincre les capitalistes et leurs partisans dès lors qu’ils se battent.
Le capitalisme, c’est la barbarie !
Les horribles meurtres qui ont eu lieu dans les rues de Barcelone et la réaction répugnante des capitalistes et de leurs médias illustrent à nouveau la morale pourrie sur laquelle reposent ce système et ses représentants. Tant qu’ils seront dominés par la droite et par la bourgeoisie – qu’elle soit catalane, espagnole ou autre – les travailleurs et les jeunes ne pourront jamais connaitre de véritables progrès. Les intérêts de classe des capitalistes ne laissent aucune place aux droits, à la liberté ou à la dignité. Ceux qui paient les conséquences de leurs politiques – qui subissent les conséquences du terrorisme, de la guerre, du chômage et de la pauvreté – doivent être unis contre ceux qui nous condamnent à la barbarie. Ce n’est qu’en unissant les forces de tous les opprimés sous la bannière du socialisme international, au-delà des frontières nationales, des religions, de la couleur de peau et de la langue, que nous pourrons en finir avec l’horreur et les catastrophes que le capitalisme signifie pour la majorité de l’humanité.
Rassemblement le 3 juillet contre la casse du code du travail.
Les 7 millions de voix pour Mélenchon, les bons scores aux législatives pour la France insoumise et l’abstention consciente montrent un mouvement très profond de rejet de cette société et de sa fausse démocratie. C’est un potentiel réel pour changer réellement les choses. La France insoumise doit profiter de cet avantage, c’est le moment !
Par Leïla Messaoudi, Gauche révolutionnaire (CIO-France)
Ne mettons pas en attente la création d’une nouvelle force politique !
Malgré le caractère particulièrement antidémocratique de la représentation à l’Assemblée Nationale, la France insoumise a un groupe parlementaire qui sera le porte voix face à Macron et ses sbires, et ce, aux côtés de celui du PCF qui a aussi profité électoralement de la locomotive FI.
Ce serait un grave écueil que de penser que, de facto, la France insoumise sera l’alternative seulement grâce à ce groupe parlementaire. Donner l’impulsion à l’émergence d’une vraie gauche de combat ne se fera pas tout seul. En terme de voix, les FI et PCF additionnés représentent bien plus que le Front de gauche aux élections législatives de 2012 !
Ouvrir le débat public pour une nouvelle force est crucial. Imaginons alors l’écho qu’aurait l’appel à la création une nouvelle force politique ! Pas un Front de gauche bis, mais un vrai mouvement de masse, construit et organisé par les militants eux-mêmes. Cela répondrait au besoin exprimé lors des élections par des centaines de milliers de travailleurs et des jeunes d’un outil pour réfléchir, discuter, et agir ensemble.
De l’audace, passer à l’action maintenant !
La France insoumise est née autour de campagnes électorales et a regroupé des insoumis venant de terrains différents, des « tout nouveau » en politique, des insoumis venant des mondes syndicaliste, associatif, politique,…. Cette richesse n’a pas disparu. Et parmi la France insoumise déjà la question de constituer une nouvelle force politique pérenne et de la construire est au cur des discussions.
Nombre de groupes d’appui continuent après les campagnes électorales, des liens politiques ayant été tissés. Certains groupes tiennent des discussions organisées ou projettent des actions. Cest encore timide, mais ça va dans le sens de ce que pourrait faire une vraie gauche combative.
Construisons une vraie gauche de lutte !
Les structures actuelles et l’organisation de la France insoumise, calées sur les nécessités de la campagne présidentielle, organisées par un groupe restreint à Paris, ont montré leurs limites en terme d’efficacité militante et de liens avec les réalités locales pendant les législatives. Et elles ne sont clairement plus adaptées aujourd’hui. N’ayant pas de mouvement structuré à rejoindre, beaucoup des 500 000 « insoumis » se sont mis en retrait. Si la seule chose proposée c’est de bavarder, de ne se préoccuper que de militer dans leur coin, de laisser les députés agir et faire une ou deux manifestations nationales par an en attendant les élections municipales 2020, ça ne suffira pas et ça ne sera pas à la hauteur des enjeux.
Les plans de Macron nécessitent une réponse globale maintenant. Les militants organisés et actifs dans une force assez combative et solide peuvent à la fois participer à la construction d’un plan d’action face à Macron et Cie. Ce sera nécessaire pour préparer et faire grandir la grève du 12 septembre, et en soutien aux autres luttes.
Transformons l’essai !
Il faut impulser une discussion large dans la France insoumise pour décider de comment utiliser le programme « l’avenir en commun » et l’adapter à la situation actuelle. Comment continuer à développer ce programme dans la lutte contre Macron, mais aussi pour que davantage de jeunes et de travailleurs se l’approprient et développent eux-mêmes des thèmes et des revendications ? Le programme a besoin d’être renforcé : contre le capitalisme, pour la mise en propriété publique des secteurs clefs de l’économie. On avancera en se transformant, en luttant et en étant conscient ! Chaque insoumis, chaque groupe local doit trouver sa place. Dans ce sens, nous ne pouvons pas nous contenter d’attendre que des directives nationales tombent, en accord avec celles-ci ou pas. Nous devons organiser des Ag locales, d’agglomération pour discuter des suites et préparer une convention nationale avec des participants élus par la base.
L’objectif : une nouvelle force politique de masse, démocratique et de lutte, un nouveau parti mais qui na rien à voir avec ces machines électorales au service des riches. Ce que craignent Macron et Cie, c’est ça : une véritable opposition de gauche.
C’est ce que défendent les militants de la Gauche révolutionnaire dans la FI mais aussi auprès de tous les travailleurs, les jeunes qui veulent que cette société change. Les militants de la France insoumise peuvent jouer un grand rôle dans la création d’une nouvelle gauche de combat !
Lors des élections législatives, la Gauche Révolutionnaire avait une candidate sur les listes de la France Insoumise.
Le putsch électoral a été réussi pour Macron. Après avoir été élu président sans difficulté grâce à la présence de Marine Le Pen au second tour de la présidentielle, Macron a donc réussi à faire de ces élections législatives une simple confirmation de sa tactique, sans recueillir plus de soutien pour sa politique que lors de la présidentielle.
Déclaration de la Gauche révolutionnaire (CIO-France)
Une grande majorité des électeurs se sent complètement méprisée, à juste titre, et seuls 48,7 % des inscrits ont été voter au 1er tour (42,6 % au second tour contre 55,4 % au 2nd tour de 2012), la plus basse participation jamais enregistrée pour ce qui est censé s’appeler la « représentation nationale ».
Seuls 4 députés ont été élus dès le premier tour (contre 36 en 2012 et 110 en 2007), là encore le plus bas score enregistré. Très peu même dans les rangs du mouvement de Macron, La république en marche (LREM), atteignent les 50 %. Certes, LREM recule moins que les autres partis entre la présidentielle et les législatives et obtient 75 % des sièges au final. Mais c’est aussi parce que le seul intérêt annoncé du vote serait de confirmer la victoire de Macron. Et sous cet angle, la confirmation reste très faible et sans enthousiasme. Les autres partis reculent, mais pas à la même vitesse.
De fait, Macron a déjà créé contre lui une vague de dégoût profond, qui rapidement se transformera en hostilité et certainement en luttes contre sa politique. Car il l’a annoncé, il fera comme Hollande, mais en pire : nouvelle loi « travail », pire que la loi El Khomri, nouveaux avantages fiscaux pour les gros actionnaires, hausse de la CSG pour les retraités… En projet également, des attaques contre la Sécurité sociale et contre les chômeurs.
Le Pen, l’opposition en carton
Le Front National et Marine Le Pen avaient prétendu être la première force d’opposition à Macron, sur un clivage entre « patriotes » et « mondialistes », c’est à dire en fait ne remettant surtout pas en cause le capitalisme ou la domination des riches et des multinationales de France. C’est connu, ce sont les migrants ou les musulmans qui ferment les usines et envoient des milliers de travailleurs au chômage. Après avoir été le pantin du 2ème tour, juste l’idiote utile pour l’élection de Macron, Le Pen a été incapable de fédérer plus longtemps les divers courants d’extrême droite qui peuplent le FN. La crise est en cours, avec une division de plus en plus affichée. La campagne de Mélenchon avait retiré à Le Pen le monopole qu’elle prétendait détenir sur les milieux populaires (travailleurs, chômeurs etc.). Dans les villes, notamment ouvrières, le recul du FN était net et il a été largement confirmé lors des législatives.
En résultats globaux au 1er tour, le FN recule très fortement, passant à 2 millions 990 000 voix quand il en avait 7 millions 660 000 au premier tour de la présidentielle, et 3 millions 528 000 aux législatives de 2012. Il est éliminé dans de nombreuses circonscriptions où il terminait deuxième lors de tous les scrutins précédents, passant souvent 3ème ou 4ème. C’est dans les circonscriptions les plus rurales que le FN garde une deuxième place, mais il est éliminé dans la plupart d’entre elles. Il est en net recul dans le sud ; résiste un peu mieux dans le Nord et l’Est mais c’est largement moins qu’aux régionales de 2015 par exemple. Alors qu’il était annoncé 60 députés pour le FN, c’est au final 8 seulement, la plupart dans le bassin minier du Nord-Pas de Calais.
Ce n’est pas la fin du danger FN, mais sa crise interne continue de s’amplifier, autant nourrie par les querelles liées aux ambitions personnelles que par les divergences politiques (entre un parti ultra conservateur prêt à s’allier avec des secteurs de la droite, et un parti souverainiste rejetant de telles alliances au nom d’une ligne irréalisable qui combinerait maintien du capitalisme et sortie de l’euro). Ce n’est pas non plus la fin du « problème » FN, tant sa propagande raciste continue de pourrir le débat politique.
Écroulement total (mais malheureusement pas encore final) du PS
Le PS subit le plus grand recul enregistré pour une telle élection, passant de 10 millions de voix en 2012 à 1,7 millions de voix en 2017. Dans de nombreux départements, le PS perd tous ses députés et n’en a aucun au second tour, comme en Seine Saint Denis (93) où il avait 9 députés et n’a aucun qualifié au second tour. Dans bien des endroits, le PS passe même sous la barre des 10 % même pour ses figures les plus connues tel son 1er secrétaire, Cambadélis. Parfois, comme pour Valls dans l’Essonne, ou El Khomri à Paris, le PS ne doit sa présence au second tour qu’à la bienveillance d’En Marche qui n’a pas présenté de candidat contre lui. Mais au bout du compte, les anciens ministres (El Khomri, Touraine, Vallaud-Belkacem, Urvoas, Fourneyron) sont éliminés. Le PS paye, enfin, ses trahisons mais également sa politique de l’année 2016 (loi « travail », 49-3 et gigantesque répression des mouvements sociaux), et plus généralement les politiques d’austérité qu’il a menées à tous les échelons (régions, départements, dont il dirigeait encore une majorité il y a 2 ou 3 ans). Et le plus pitoyable, c’est que même là, la plupart des dirigeants du PS ne remettent pas en cause la politique qu’ils ont menée, au contraire. Après avoir trahi leurs propres électeurs et le peu de militants qu’il leur reste, en effaçant complètement le programme de leur candidat à la présidentielle, Benoît Hamon, et en se présentant à la fois comme PS et comme soutien de Macron, nombre de cadres du PS en accusent d’autres d’avoir causé la déroute en étant trop « critiques » vis-à-vis de Hollande. Le règlement de compte va continuer dans un parti qui s’effondre et est complètement pourri de l’intérieur. D’autant que sur le fond, si une partie des dirigeants remet en cause la politique de Hollande, ce n’est que sur certains points et jamais sur sa totalité. Quant à l’aile, majoritaire au sein des dirigeants, qui défend le bilan de Valls-Hollande, qui voulait la fondation d’un grand parti du centre (capitaliste évidemment), elle s’est fait doubler par l’apparition d’En Marche et ne va pouvoir que tenter d’accompagner la ligne Macron.
Les Républicains ne sont pas en meilleure posture après leur désastreuse campagne de la présidentielle et la désignation du pire candidat possible en la personne de Fillon dont le programme ultralibéral (et les affaires, dans une moindre mesure) ne pouvaient que susciter le rejet d’une majorité de la population. La manœuvre En Marche visait à détacher une aile libérale (et prête à tout pour des postes), ce qui a fonctionné avec l’arrivée d’Édouard Philippe et de Bruno Lemaire au gouvernement. Désormais, la droite va servir de force d’appoint en cas de problème sur certains votes à l’Assemblée, voire même à rien du tout si Macron parvient à maintenir une cohérence parmi son assemblage de députés.
L’avenir est à gauche
Après un très bon score et une bonne campagne de Mélenchon à la présidentielle et les 7 millions de voix obtenues, la France Insoumise (FI) aurait pu confirmer la dynamique lors des législatives. Malheureusement, un accord n’a pas été trouvé avec le PCF malgré une proposition, certes limitée, de la FI (réserver 26 circonscriptions gagnables à chacune des deux formations). Le PCF souhaitait se présenter dans un maximum de circonscriptions et même, dans certaines, faire jouer les accords locaux avec le PS comme dans la Marne (51), ou avec EELV comme dans l’Aisne (02), les Hautes-Alpes (05), etc. Ailleurs, la FI aurait peut être pu montrer un peu plus de souplesse vis-à-vis du PCF mais dans la plupart des cas c’est ce dernier qui a refusé les propositions d’être suppléant sur une candidature FI. Dans des dizaines de circonscriptions, un tel choix, stupide, a vu le PCF loin derrière la FI, mais a aussi empêché que la FI soit 2ème et se qualifie pour le second tour. Ce qui est bien dommage puisque la FI et le PCF avaient comme candidat commun Mélenchon à la présidentielle et qu’il convient d’additionner leurs voix à ces législatives pour juger du potentiel d’une nouvelle force politique à gauche aujourd’hui.
Quoiqu’il en soit, même si le recul entre la présidentielle et les législatives affecte aussi la FI (mais dans une proportion moindre que le FN et le PS), les voix PCF (615 000) et FI (2 500 000) représentent un net progrès par rapport aux législatives de 2012 (1 800 000 voix pour le Front de gauche). Tout le potentiel pour une nouvelle force politique, une gauche de combat contre la politique de Macron est visible dans ce score obtenu malgré l’ultra-domination médiatique de Macron et de son mouvement.
Ce potentiel s’est révélé au second tour, grâce aussi à une forte implication des militants et au final 27 députés (17 pour la FI et 10 pour le PCF). En Seine Maritime, avec le soutien actif des insoumis, le PCF recueille trois sièges (Le Havre, Dieppe, et la banlieue sud de Rouen), tandis que la FI obtient une élue à Paris, 4 en Seine-Saint-Denis, et voit l’élection de J-L Mélenchon à Marseille. Dans l’Essonne, Farida Amrani (France insoumise) était face à Valls, mais n’a pas reçu le soutien officiel du PCF local. Le recomptage est encore en cours, Valls ayant proclamé lui-même les résultats alors que le scrutin a connu de nombreuses irrégularités, un recours sera déposé par Amrani. Quoiqu’il en soit, c’est déjà quasiment une défaite pour Valls qui avait l’habitude d’être élu sans souci dans cette circonscription.
Les député-e-s FI ou PCF devront servir de relais pour les luttes des travailleurs, des jeunes, contre les sales coups que prépare Macron avec sa politique au service des super riches. Mais aussi, comme l’a dit Hubert Wulfranc, député de la 3ème circonscription de Seine Maritime (Saint-Étienne du Rouvray, Rouen rive gauche, Petit Quevilly, Oissel etc.) : « il va falloir continuer ensemble sinon cette victoire sera une victoire à la Pyrrhus » (une victoire qui cache une défaite sur le long terme).
La Gauche Révolutionnaire (GR) participe à la FI dans bien des endroits. Nous avons soutenu les possibilités de campagne unie avec le PCF et d’autres, là où c’était possible, et aussi participé à l’animation de la campagne de la FI que ce soit en Côte d’Or, dans les Hautes Alpes, dans le Nord, la Seine Maritime, la région parisienne, etc. Dans la Drôme, Rachel Mahé de la GR, candidate pour la France insoumise, a obtenu plus de 10 %, plaçant la FI comme première force de gauche dans la circonscription dominée de longue date par les Républicains et minée par le FN. C’est un très bon score et un encouragement tant pour la FI que pour la Gauche Révolutionnaire, qui tout au long de ces campagnes électorales a défendu à la fois la nécessité d’une nouvelle force politique de masse et de lutte rassemblant les travailleurs, les jeunes, les retraités, etc. contre les politiques au service des super-riches, et la nécessité de s’organiser autour d’un programme permettant réellement d’en finir avec les horreurs de ce monde en renversant le capitalisme et en construisant une société nouvelle, fraternelle et démocratique, le véritable socialisme.
Beaucoup n’ont pas voté par défiance contre la magouille électorale que représente le putsch électoral d’En Marche. Si un tel score de participation avait été enregistré à des élections de délégués syndicaux dans les entreprises, le scrutin aurait été invalidé et il aurait fallu le refaire. Mais Macron-Philippe n’auront pas de tels soucis démocratique. Le 1er ministre E. Philippe a même dit, sans rire évidemment, qu’il y avait ce dimanche 18 juin un « nouveau souffle pour la démocratie »… Il faut y comprendre que pour eux, seule comptait la formalité électorale des législatives, et que désormais ils vont déchaîner leur politique.
Il n’y a pas de scrutin électoral pour mettre en minorité le gouvernement dans les deux prochaines années. L’absence de structuration réelle de la France insoumise a rendu plus difficile la mobilisation des électeurs de la présidentielle et cela va devenir le principal enjeu des prochains mois. On ne pourra pas combattre la politique de Macron et la propagande capitaliste qui ira avec en n’étant pas organisés collectivement, au sein d’une véritable force politique de masse, pour résister et contribuer aux luttes.
Le combat va continuer, nous sommes des millions à ne plus vouloir de ce monde injuste et barbare. Il nous manque un véritable nouveau parti, réellement démocratique, pour lutter et réfléchir collectivement. Organisés tous ensemble, nous serions bien plus forts que les magouilles électorales de Macron qui n’a aucun soutien réel dans la population.