Category: Europe

  • France. Gilets Jaunes : entretien au cœur du mouvement


    “Faire le lien avec le milieu syndical, pour organiser une grève générale qui puisse bloquer l’économie de l’intérieur”

    Plusieurs mois après le début du mouvement, la colère est insatiable contre Macron et son monde. Un mouvement puissant et déterminé, même s’il connait bien sûr des hauts et des bas. Déclenché autour de la hausse des taxes sur le carburant, le mouvement s’est rapidement transformé en révolte générale contre le coût de la vie, les salaires, retraites et allocations trop faibles, les privilèges des plus riches et des élus, la manipulation de l’information par les médias établis, la violence policière et l’arrogance des élites et les manquements démocratiques. Nous avons pu discuter de ce mouvement inédit, de sa nature et de ses perspectives avec Rachel (1), Gilet Jaune organisatrice de différents blocages et manifs à Montélimar (Drôme, Sud-Est) et membre de la Gauche Révolutionnaire, organisation-sœur du PSL en France.

    “Le mouvement étonne absolument tout le monde, y compris les Gilets Jaunes, par sa durée, par la détermination des gens et la capacité à mobiliser” explique Rachel. Des mois après, et malgré les nombreuses tentatives de discréditation et de déviation, le mouvement jouit toujours d’une très grande sympathie, même si surtout encore passive.

    Depuis le début du mouvement, le gouvernement a dû reculer, peu, mais quand même : sur certaines taxes sur le pétrole et un léger bonus pour le salaire minimum. “Macron est vraiment en mauvaise posture. Il est sur un vrai champ de mine. Où qu’il aille, ça peut réexploser. Et donc il y a une certaine paralysie du programme économique que le gouvernement voulait mettre en place. Et ça, quelque part, c’est déjà une victoire.”

    La fameuse ‘lettre aux français’ de Macron, lançant le ‘Grand débat national’, est l’un de ces essais de déviation. “C’est un tentative de division. D’abord sur la question d’aller ou pas dans ce débat demandé par Macron, et deuxièmement en avançant des questions comme la procréation médicale assistée (PMA), le mariage pour tous et l’immigration. Il veut diviser un mouvement dangereux et fort.” Comment va réagir le mouvement aux appels à ‘débattre’ du président des riches ? “Des discussions que j’ai eu à notre QG, il n’y a absolument personne qui veux entrer là-dedans. Aucun gilet jaune actif avec qui j’ai pu discuter ne perçoit ce soi-disant grand débat comme quelque chose pouvant apporter une solution à nos revendications.”

    L’extrême droite et les tentatives de division

    Macron relance la discussion sur l’immigration et la laïcité. Des thèmes qui, depuis que le mouvement s’est intensifié et massifié, sont clairement plus en arrière dans les discussions et revendications parmi les Gilets Jaunes. En général, d’ailleurs, les idées racistes comme les organisations d’extrême droite sont peu présentes dans le mouvement. “Elles font beaucoup de bruit dans les médias et sur les réseaux sociaux, mais elles n’organisent pas grand-chose sur place. Beaucoup d’électeurs d’extrême droite sont par contre présents, mais n’osent pas non plus avancer ouvertement leurs idées.”

    Le mouvement fait aussi face à de nombreuses accusations d’antisémitisme. C’est, comme toujours, une tentative de diviser le mouvement et, plus largement, le soutien parmi la population. Tour à tour accusé d’être ‘anti-climat’, puis ‘complotiste’ après l’attentat de Strasbourg, le mouvement est attaqué par la classe dominante. Mise en grosse difficulté, celle-ci essaie toujours de dévier l’attention et de ‘diviser pour régner’, ou, dans ce cas : ‘diviser pour éviter un mouvement de masse de tous ceux qui ont intérêt à faire tomber Macron et son monde’.

    Dans un mouvement peu structuré, chaque personne émet une analyse ou une idée sans que celles-ci soient pour autant portées par l’ensemble du mouvement. Il est d’ailleurs particulièrement remarquable que les idées nauséabondes soient très souvent directement répondues par d’autres Gilets Jaunes, souvent plus nombreux. Mais les choses remarquables qui sont positives pour le mouvement sont très rarement relayées par les médias dominants ; elles sont peu utiles aux intérêts des puissants.

    “Dans le Gard, plus au sud, certains QG sont composés quasi que d’électeurs d’extrême-droite. Il y en a qui disent ne plus vouloir voter dans ce sens, parce qu’ils se sont impliqués dans le mouvement, avec notamment des gitans, et se sont rendus compte qu’on est tous ensemble dans la lutte.” La trahison des partis traditionnels, du PS surtout, a poussé beaucoup de travailleurs à la recherche d’une alternative politique ou même simplement d’un vote-sanction. L’absence d’une alternative correcte et claire de la part de la gauche a laissé l’espace pendant longtemps à des forces populistes de droite pour se construire, comme le Rassemblement National (ex-FN) de Marine Le Pen. Beaucoup de gens voient encore chez elle, de manière erronée, un vote plus cohérent qu’à nouveau voter pour Macron ou son camp. Il faut y apporter une alternative de gauche à ce vote anti-système.

    La France Insoumise

    “La France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon est la formation à gauche qui a la position la plus juste depuis le départ par rapport au mouvement.” De nombreuses revendications des Gilets Jaunes étaient en effet présentes dans le programme ‘L’Avenir en commun’ pour les élections de 2017. C’est d’ailleurs la FI, bien plus que le RN, qui représente un réel danger pour Macron et les élites. “Il y a clairement une manipulation médiatique pour essayer de minimiser le lien et la représentativité que pourrait avoir la France insoumise. Surtout là avec les européennes qui arrivent, la FI est une vraie menace pour Macron.”

    Mais la classe des travailleurs se remémore les nombreuses trahisons des représentants politique de gauche. C’est pourquoi le mouvement rejette en général les étiquettes politiques, même si “beaucoup d’Insoumis sont actifs parmi les Gilets Jaunes”. La question cruciale du relais politique devra pourtant se poser. Pas seulement pour les urnes, mais surtout pour organiser la colère et l’orienter vers un réel changement. La France Insoumise, très active depuis le début de la législature pour stimuler la contestation contre la politique de Macron, a clairement les armes en termes de programme pour jouer ce rôle. Mais elle devra tout de même revoir une partie de son fonctionnement interne peu démocratique, et se battre pour une réelle rupture avec le système capitaliste et l’instauration d’une alternative sociétale.

    Revendications et structuration

    Pour son débat, Macron dit n’avoir aucun tabou, mais refuse de revenir sur les mesures déjà prises… “Il dit tout de suite qu’il ne veut pas lâcher sur les questions économiques et sociales.”

    La plateforme de 42 revendications sortie il y a quelques semaines comporte pourtant énormément de demandes socio-économiques. “A côté du RIC (2) et de la démission de Macron bien sûr, certaines revendications sortent du lot, comme l’augmentation du SMIC (3), la réinstauration de l’ISF (4), la suppression du CICE (5) qui signifie 40 milliards de cadeaux fiscaux aux plus grandes entreprises, et l’abolition des privilèges des élus.” Mais c’est bien le RIC, moins coûteux et plus inoffensif, que les médias surexposent. “Demander une réelle démocratie, c’est important. Mais pour moi, si on ne prend pas le pouvoir économique, et si on n’a pas d’égalité, on n’aura jamais de démocratie. Le système nous oppresse économiquement. Il faut le renverser, pour pouvoir imposer la démocratie.”

    “Des obligations de référendum peuvent être un premier pas. Mais la mise en avant de cette revendication par les médias, c’est une tentative d’enfermer le débat dans un truc institutionnel.” Cette surexposition pousse la demande pour le RIC à être largement reprise au sein du mouvement. “C’est présenté comme la solution miracle par tout un tas de Gilets Jaunes. Avec l’idée que, si on se limite à ça, c’est davantage possible de l’obtenir et donc, après, d’avoir le pouvoir pour tout changer. Mais beaucoup d’autres, dont la quasi-totalité dans notre QG, pensent qu’on ne peut pas se contenter de revendications démocratiques. (…) On est dans un mouvement extrêmement flou, même en termes de revendications. Les gens ne savent pas exactement ce qu’ils veulent, si ce n’est vivre mieux. Mais concrètement, comment traduire ça, ça reste flou, même si ça dépend très fort d’un endroit à l’autre.”

    “La faible structuration du mouvement est perçue par la plupart des Gilets Jaunes comme une faiblesse, une fragilité. Mais en même temps, il y a une tendance à rejeter toute représentativité. Ceci dit, c’est très divers. Il y a des endroits où ils sont très structurés, avec des représentants.” Des points forts sont présents, comme la rédaction collective de tracts comprenant les revendications et les appels aux manifs et à rejoindre le mouvement, ainsi que la tenue régulière d’Assemblées Générales. “Sur Montélimar, on a fait quotidiennement des AG avant Noël. Depuis, on est passé à deux AG par semaine. Il y a cette idée lancée au niveau départemental de faire une AG avec deux mandatés pour chaque QG de Gilets Jaunes, dans tout le département. Ça a été voté à notre AG à une très large majorité. Mais il faudra bien sûr voir comment ça se met en place.”

    La violence, l’une des manipulations des médias établis

    La violence semble être omniprésente. De la part du mouvement, elle a beau être ultra-minoritaire, les médias établis en parlent comme étant une généralité. De la part des forces de l’ordre, elle a beau être ultra-majoritaire, les médias établis n’en parlent presque pas. “La violence elle vient d’abord des autorités et de leur politique, et c’est perçu comme ça à l’intérieur du mouvement. Ensuite, c’est la répression policière qui pousse à la violence qui émane du mouvement.” Cette violence policière que les Gilets Jaunes subissent est brutale et permanente : gaz lacrymogène, tirs de flashballs, arrestations arbitraires,… Elle a pour but tant de provoquer une réponse violente de la part des manifestants, afin de discréditer le mouvement dans la société, que de pousser d’éventuels actuels ou futurs Gilets Jaunes à rester chez eux et abandonner la lutte. “Beaucoup de gens extérieurs tombent dans le piège présenté par les médias. Il reste un très grand soutien, mais la manière dont les choses sont présentées refroidit quand même la possibilité d’avoir un large soutien actif parmi les couches qui ne sont pas mobilisées.”

    “Mais ici, localement, ça se passe bien. Ça dépend vraiment des villes, et c’est surtout dans les plus grandes. On a plutôt de bons contacts avec les forces de l’ordre, si ce n’est les CRS quand on faisait vraiment de grosses actions comme le blocage d’Amazon-logistique au sud de Montélimar (…) Mais par contre, ils ont vraiment beaucoup durci tout l’aspect judiciaire. On a énormément de Gilets Jaunes qui se prennent des amendes.”

    Si la violence émanant du mouvement à l’encontre des forces de l’ordre et de journalistes est compréhensible, étant donné la méfiance qui règne contre toutes les institutions, particulièrement celles qui sont vues comme déformant l’information, elle constitue tout de même un frein au rassemblement de couches encore plus larges dans la société. Comme le disait Jean-Luc Mélenchon le 16 janvier dernier au Journal de 20h sur France2 : “(…) la preuve a été faite que quand on est très nombreux, le nombre submerge y compris les violents. (…) La conduite d’un mouvement, ça nécessite que ça s’enracine, que ça s’élargisse. Dès qu’il y a de la violence, ça rabougrit, ça réduit.”

    Et pendant que les pro-Macron (grands patrons, médias dominants, …) condamnent l’attitude soi-disant trop complaisante de Mélenchon envers la violence du mouvement, l’ancien Ministre de l’Education Luc Ferry disait le 7 janvier sur Radio Classique, sans recevoir de critiques des médias et partis établis : “ce que je ne comprends pas, c’est que l’on ne donne pas les moyens aux policiers de mettre fin à ces violences”. “Quand on voit des types qui tabassent à coups de pied un malheureux policier… Qu’ils se servent de leurs armes une bonne fois, écoutez, ça suffit ! Ces espèces de nervis, ces espèces de salopards d’extrême droite, d’extrême gauche et des quartiers qui viennent taper du policier, ça suffit”,”. “On a, je crois, la quatrième armée du monde. Elle est capable de mettre un terme à ces saloperies, faut dire les choses comme elles sont”.

    Femmes Gilets Jaunes

    L’un des points fort du mouvement, c’est la présence en très grand nombre de femmes, y compris parmi les leaders de la lutte. “J’ai été frappée par la place qu’ont les femmes dans le mouvement, de manière générale, c’est impressionnant”, explique Rachel. “Il y a eu une forme d’appel, de vague nationale pour organiser des manifs, pour valoriser la manière avec laquelle les femmes s’investissent dans le mouvement. On en a fait une ici à Montélimar le premier dimanche de janvier. Elle a été organisée complètement à l’arrach’, en une journée de mobilisation, et on était 350, donc ça a quand même rameuté beaucoup de monde. Les femmes étaient à l’avant du cortège et les hommes se sont mis à l’arrière, avec les enfants.”

    De nombreuses manifestations de femmes Gilets Jaunes ont ainsi eu lieu, comme la ‘Marche des lionnes’ du 13 janvier à Nice. Les hommes y étaient également invités, “pour ne pas ajouter un élément de division”, comme l’expliquait une participante. Ce sont notamment les revendications ‘Stop à la violence contre les femmes’ et la revalorisation des retraites et du pouvoir d’achat des mères célibataires qui y étaient à l’avant-plan.

    Grève générale et mouvement ouvrier organisé

    Différents appels à l’organisation de grèves générales ont été lancés depuis début janvier. “Il ne s’agit pas de mots d’ordres clairs. Les appels sont par exemple ‘pas de magasin ouvert’, ‘pas de consommation pendant 3 jours’,… Avec l’idée que le gouvernement cède. (…) Les gens impliqués parmi les Gilets Jaunes sont plutôt des couches périphériques de la classe ouvrière. (…) La plupart des gens ont conscience qu’il faut bouger, bloquer l’économie, mais souvent sans comprendre réellement comment l’économie fonctionne.”

    De par sa place spécifique dans la production économique et ses méthodes de lutte, et notamment la grève et le blocage de la production, le mouvement ouvrier est primordial pour un changement réel de système. Il pourrait aider à l’organisation d’une véritable grève générale qui bloquerait réellement l’économie et ferait extrêmement mal aux grands capitalistes et à ses relais politiques. Il permettrait aussi de davantage structurer le mouvement et de s’organiser contre la répression. Malheureusement, “de la part des directions syndicales, si ce n’est dans certaines villes, il n’y a aucune tentative de rapprochement. Il y a par contre beaucoup de syndicalistes qui sont investis parmi les Gilets Jaunes, et pour qui c’est un réel déchirement de voir leur direction rester à l’écart voire critiquer avec arrogance. (…) A Toulouse le week-end dernier, le blocage était massif, aussi grâce au renfort des syndicats de routiers.”

    Tout comme de nombreuses organisations de gauche dans le passé, la plupart des directions syndicales n’a pas toujours pris les décisions et initiatives nécessaires en faveur des travailleurs et leurs familles. Cela explique la méfiance qui vit également envers les dirigeants du mouvement ouvrier organisé.

    “Aujourd’hui, quand j’avance la nécessité de faire le lien avec le milieu syndical, c’est beaucoup mieux pris qu’il y a quelques mois. Au sein du mouvement, il y a davantage d’ouverture envers les syndicats qu’au début. L’idée de s’adresser aux syndicats pour qu’ils fassent un appel à une grève générale est discutée de plus en plus entre les Gilets Jaunes. Le but est d’arriver à organiser une grève et de bloquer l’économie par l’intérieur, parce qu’ils se rendent compte que de l’extérieur c’est compliqué. Jouer au chat et à la souris avec les forces de l’ordre constamment, c’est pas fructueux.”

    Les organisations du mouvement ouvrier doivent entrer en action, avec et aux côtés des Gilets Jaunes. Elles doivent rejoindre la lutte avec respect, sans donner de leçons, en tenant compte du fait que la direction syndicale a miné son autorité auprès d’une grande partie de la classe ouvrière. ” Si des bastions de la classe ouvrière ou des fédérations syndicales entrent aussi dans la bataille, ça redonnera certainement un souffle au mouvement. Que nous soyons tous organisés au sein de comités de lutte serait le pire cauchemar du gouvernement. Et c’est le moment d’y aller car il est vachement fragilisé.”

    Changer le système économique

    La jeunesse aussi, a son rôle à jouer. Dans chaque grand mouvement de classe, elle a joué un rôle dynamique. “Les lycéens en lutte il y a quelques semaines. Si le mouvement est retombé depuis, on sait que ça peut réexploser à tout moment.”

    Depuis le début du mouvement, de nombreuses références sont faites à Mai 68. Au plus fort de ce mois de révolution, c’était la combinaison de la jeunesse en lutte et de la grève générale de 10 millions de travailleurs qui avaient failli faire tomber le système. C’est vers un tel type de lutte que le puissant mouvement des Gilets Jaunes doit s’orienter pour obtenir des victoires.

    “Les discussions sur les revendications, c’est une porte ouverte pour moi pour discuter socio-économique avec les autres Gilets Jaunes et la nécessité d’un changement de société.” Nous devons nous doter d’un programme de revendications portant des mesures socialistes, telles que la nationalisation des secteurs-clés de l’économie pour décider nous-mêmes de la production nécessaire pour satisfaire aux besoins de tous, et pour pouvoir disposer des moyens financiers pour mener des politiques ambitieuses pour chacun et pour la planète sur laquelle nous vivons. Et, ceci, avec la perspective d’établir un gouvernement des travailleurs et d’aller vers un changement de système ; une société socialiste démocratique est la seule issue pour satisfaire aux revendications légitimes du mouvement.

    “Si la majorité des gens veut juste gagner quelques revendications, je vais bien sûr me battre avec eux. Mais je pense qu’on a un potentiel pour prendre le pouvoir aujourd’hui. Il y a un potentiel révolutionnaire.”

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    (1) Interview réalisée mi-janvier. Sauf mention contraire, toutes les citations de cet article sont issues de l’entretien avec Rachel. Une version courte de cet article se situe en page 11 de notre mensuel Lutte Socialiste de février 2019.
    (2) RIC = Référendum d’Initiative Citoyenne
    (3) SMIC = Salaire minimum interprofessionnel de croissance
    (4) ISF = Impôt de solidarité sur la fortune
    (5) CICE = Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi

  • Appel urgent à la solidarité : un membre du CIO et trois autres activistes menacés de prison en Russie

    4 participants à la “marche antifasciste” annuelle à Moscou ont été arrêtés ce 20 décembre, dont un membre dirigeant d’Alternative Socialiste, la section russe du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), Igor Yashin. Ils ont été détenus par la police jusqu’à lundi, date à laquelle ils ont dû comparaître en cour pour désobéissance à la police. Ils pourraient être emprisonnés pendant 15 jours.

    La marche antifasciste a lieu chaque année pour commémorer l’assassinat brutal de l’avocat Stanislav Markelov et de la journaliste Anastasia Baburoba il y a dix ans par des fascistes. Stanislav s’était notamment activement impliqué dans Youth against Racism in Europe.

    La marche s’était déroulée bruyamment mais sans aucun problème dans le centre de Moscou. Outre les groupes politiques habituels, dont un contingent très vivant du CIO, il y avait un contingent des syndicats indépendants dirigés par l’Union des journalistes, dont Igor est coprésident, ce qui est particulièrement important. Igor avait joué un grand rôle dans l’organisation de ce contingent. Apparemment, la police s’est opposée aux chants qui exigeaient qu’il soit mis fin à l’arrestation, à la torture et au meurtre de personnes LGBT en Tchétchénie (où des rapports indiquent qu’une autre purge généralisée a commencé).

    Il semble que la police ait choisi de s’en prendre à Igor en cherchant un prétexte. Lorsque le policier a tenté de l’arrêter, d’autres manifestants l’ont encerclé et ont refusé qu’il soit emmené. Il a fallu un bon 5 minutes avant que la police anti-émeute n’intervienne pour aider à emmener Igor et les trois autres.

    Le directeur de la section russe d’Amnesty International a déjà fait une déclaration : “La détention de participants à un acte pacifique pour avoir simplement exprimé leur opinion est inacceptable. La tâche de la police lors d’un tel événement est de garantir la sécurité, et non de censurer les participants. Bien sûr, la conduite de la police lors de cette marche a bouleversé les autres participants. Nous exigeons la libération immédiate de tous les participants”.

    La police a résisté à l’idée de permettre à un avocat de rencontrer les quatre hommes et ne suit pas la procédure normale qui prévoit de les libérer après trois heures.

    Nous demandons instamment que des protestations soient envoyées pour demander l’abandon des charges et la libération des quatre personnes – Igor Yashin, Nikolaï Kretov, Dmitrii Borisenko et Mikhaïl Komrakov -.

    Tout russophone peut téléphoner directement au poste de police pour demander des informations au numéro +7 4992410945 ou +7 499 2412814.

    Ou téléphonez ou envoyez d’urgence des courriels à l’ambassade de Russie de votre pays.

    Veuillez envoyer des messages de soutien à Igor et aux autres détenus à Robert.cwi@gmail.com

     

     

  • Le Brexit, une fenêtre sur notre époque

    « Face au coup porté contre eux », écrivait Socialism Today au lendemain du référendum européen de 2016, « la tâche maintenant, pour la majorité de la classe dirigeante, est d’essayer de « revenir en arrière » sur le résultat », citant la phrase du secrétaire d’Etat du président américain Barak Obama de l’époque, John Kerry.

    Article tiré de l’édition de janvier de Socialism Today, magazine du Socialist Party (section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Angleterre et au pays de Galles)

    Les principales forces du capitalisme britannique avaient fait campagne avec acharnement pour rester au sein du club des patrons de l’UE, le plus grand bloc réglementaire commun de l’économie mondiale en termes de PIB. Mais maintenant, repoussés par ce qui était au fond un vote de rage de la classe ouvrière de masse contre l’establishment capitaliste, ils ont dû se regrouper pour faire face à la nouvelle situation.
    Au pire, ils espèrent un « Bino », un « Brexit-in-name-only », qui maintiendra le Royaume-Uni au sein de l’union douanière et du marché unique de l’UE, avec ses règles néolibérales en faveur des grandes entreprises. « Mais si cela peut être accompli, après un délai convenable et un terrain préparé, l’objectif serait d’inverser le résultat, par le biais d’une élection générale ou d’un second référendum ». (Socialism Today, n° 201, septembre 2016)

    Après tout, la manœuvre de renversement du référendum était une tactique bien établie pour traiter les référendums de l’UE où le vote s’était exprimé « dans la mauvaise direction » du point de vue des capitalistes, mais qui était ensuite inversé par un second vote.
    Deux référendums ont eu lieu au Danemark en 1992 et 1993 pour approuver le traité de Maastricht établissant l’Union économique et monétaire. L’Irlande n’a approuvé les traités de Nice (2001) et de Lisbonne (2008) qu’après un second vote. Le traité constitutionnel de l’UE a été ressuscité par d’autres moyens. Déchiré par des défaites référendaires en France et aux Pays-Bas en 2005, il a été reconditionné en traité de Lisbonne et a été approuvé par le Parlement de ces pays en 2008, après de nouvelles élections.

    Les différents exemples du « renversement de référendum » étaient là. La situation pourrait sûrement être récupérée pour le Brexit aussi.
    Pourtant, nous vivons à une époque différente de celle qui a précédé la grande récession -qui a suivi le krach financier de 2007-08.
    Le dernier vote favorable à l’UE lors d’un référendum a été l’approbation par le Danemark, en 2014, de l’accord sur un tribunal unifié des brevets (bien que cet accord, signé il y a cinq ans en 2013, doive encore entrer en vigueur en raison de problèmes de ratification ailleurs).
    En dépit de certains sondages qui montrent qu’une faible majorité de la population reste favorable au maintien de la Constitution, un nouveau référendum – la classe dirigeante disant aux électeurs de la classe ouvrière qu’ils avaient tort – ne garantirait pas un revirement du Brexit.

    Et le pari électoral de May de l’année dernière n’a pas produit une majorité « forte et stable » à partir de laquelle elle a pu faire passer un accord « Bino » (Brexit-in-name-only ), mais bien la plus forte augmentation de membres et sympathisants du Parti travailliste entre les élections depuis 1945, en réponse au manifeste radical de Jeremy Corbyn.

    L’ère de l’austérité a déclenché une crise de représentation de la politique capitaliste, avec tous les vieux modèles et méthodes de gouvernement profondément ébranlés. Au moment d’écrire ces lignes, Theresa May est toujours première ministre. Son projet d’accord – le projet d’accord de retrait de l’UE et la future déclaration politique-cadre qui l’accompagne – est toujours d’actualité. Mais au-delà, rien n’est sûr.

    Le stratagème de May : moi ou le chaos

    L’accord de May est incontestablement un accord de Brexit-in-name-only, établi pour défendre les intérêts capitalistes.
    Bien que le projet de traité soit à bien des égards un « Brexit » aveugle, laissant les détails des relations futures avec les autres États membres de l’UE27 aux négociations pendant la période de transition après mars 2019, il maintient clairement le Royaume-Uni sur l’orbite réglementaire pro-grande entreprise de l’UE.

    La Grande-Bretagne s’engagerait, par exemple, à maintenir un « alignement dynamique » avec l’UE sur les règles en matière d’aides d’État et d’autres directives de libéralisation, en les coupant et les collant dans le droit britannique. Le directeur général de la Fédération britannique de l’alimentation et des boissons l’a décrit comme « le plus doux des Brexit ». Il a été approuvé à l’unanimité par le comité d’élaboration des politiques de la Confédération de l’industrie britannique (CBI), après avoir recueilli les opinions de 900 dirigeants d’entreprises, comme étant la meilleure solution disponible et la seule alternative à une rupture sans accord chaotique.

    La majorité des députés – les conservateurs, la majorité blairiste du Parti travailliste parlementaire, le Parti national écossais et les Lib-démocrates – sont des représentants engagés du capitalisme. Et pourtant, l’approbation parlementaire de l’accord ne peut être obtenue que par May, si tant est qu’il en soit ainsi, qui devra l’approuver au bulldozer. Les procédures obscures de la Chambre des communes sont dépoussiérées pour s’assurer que l’exécutif – le gouvernement – ne peut être lié à une action alternative de la législature dans le cadre d’un « vote significatif » sur l’accord.

    En vertu de la Loi sur le Parlement à mandat fixe, une défaite ne serait pas une question de confiance – May pourrait revenir dans les trois semaines pour un second vote. Même des ministres du Cabinet auraient été « hués d’en bas » par des fonctionnaires non élus. Et puis il y a les marchés financiers et les marchés des changes. Un analyste de BlackRock, le plus grand gestionnaire d’actifs au monde, a parlé d’un « nouveau moment Tarp », faisant référence au fait que le programme américain Troubled Asset Relief Program, qui avait renfloué les banques en 2008, avait été initialement rejeté par le Congrès, mais adopté quelques jours plus tard avec quelques ajustements mineurs après le crash des marchés.

    Déjà, un certain nombre de Blairistes et de conservateurs qui s’étaient rebellés contre May signalent qu’ils pourraient à contrecœur approuver l’accord « aussi imparfait qu’il puisse être ». Forcer l’adoption du traité de retrait sur cette base – le ministre des Affaires étrangères Jeremy Hunt a mis en garde contre un « chaos effroyable » s’il n’est pas approuvé – ne serait cependant pas un signe de force.
    En fait, l’ensemble de la situation reflète plutôt l’isolement social sous-jacent et la faiblesse de la classe dirigeante, secouée par les contradictions économiques, sociales et politiques du déclin du capitalisme britannique.

    Remplir le vide

    En se demandant pourquoi le référendum de 1975 sur l’UE au Royaume-Uni avait abouti à un oui à l’adhésion, le ministre travailliste des Affaires étrangères de l’époque, Roy Jenkins, qui est devenu membre fondateur du Parti social-démocrate divisé en 1981, a déclaré que « le peuple suivait les conseils de ceux qu’il avait l’habitude de suivre ».

    Mais cette déférence à l’égard de l’autorité établie – la réserve sociale du capitalisme nourrie par le long boom de l’après-guerre qui venait à peine de s’achever – s’était transformée en son contraire en 2016. La confiance dans les partis ouvriers traditionnels s’est déjà érodée lorsqu’ils se sont transformés en formations capitalistes dans l’ère poststalinienne des années 1990, l’autorité de « ceux que le peuple avait l’habitude de suivre » a été balayée par l’âge de l’austérité.

    En effet, toutes les institutions et tous les instruments sur lesquels le capitalisme s’est appuyé historiquement, et les idéologies de division qui ont été utilisées pour les soutenir, ont été profondément sapés – alimentant, par exemple, comme l’explique Christine Thomas dans le Socialism Today de ce mois-ci, les nouveaux mouvements des femmes contre l’oppression qui prennent forme dans le monde.
    Mais en l’absence d’une direction claire du mouvement ouvrier, d’autres forces, réactionnaires, peuvent aussi glisser temporairement dans le vide.

    Jeremy Corbyn a commis une grave erreur en 2015 lorsqu’il s’est engagé à faire campagne pour un vote sur le statu quo, afin de maintenir les Blairistes dans son premier cabinet fantôme. Imaginez l’impact que les débats référendaires télévisés entre Corbyn et David Cameron auraient eu sur les événements futurs – contrairement au cirque Dave vs Boris – si Jeremy s’était tenu à sa position précédente de dénoncer, à juste titre, le caractère néolibéral du club des patrons européens et ses politiques.

    Le désarroi des représentants politiques du capitalisme peut encore être utilisé par la classe ouvrière pour imprimer sa marque sur les événements, mais la première exigence est un engagement ferme à une alternative socialiste et internationaliste. Même si l’accord de retrait de May est adopté par le Parlement dans les semaines à venir, les schismes au sein du parti conservateur ne feront que s’intensifier à mesure que les négociations de la phase de transition avec l’UE commenceront. Son gouvernement pourrait bien trébucher, soutenu uniquement par une opposition ouvrière insuffisamment organisée et dotée d’un programme socialiste clair. En ce sens, le drame du Brexit est vraiment une fenêtre plus large sur notre époque.

  • Le Corbynisme, trois ans plus tard

    Le gouvernement conservateur ne tient qu’à un fil. Sa politique désastreuse du Brexit menace de l’anéantir et le désespoir et la colère généralisée face à une austérité apparemment sans fin peuvent éclater à tout moment. Il est encore temps, selon PETER TAAFFE, que Jeremy Corbyn agisse de manière décisive dans la « guerre civile » du parti travailliste – pour développer une alternative socialiste à la crise et à la misère capitaliste.

    Article tiré de l’édition de novembre du magazine Socialism Today (édité par la section du CIO en Angleterre et au Pays de Galles)

    Cela fait maintenant trois ans que Jeremy Corbyn a été élu pour la première fois à la tête du Parti travailliste. Il s’agissait d’une révolution politique, de l’intérieur et de l’extérieur, provenant de forces essentiellement neuves qui exigeaient une rupture nette avec les politiques pro-capitalistes du Blairisme.

    Bien sûr, une révolution sociale – qui bouleverse la société de fond en comble – diffère d’une révolution politique au sein d’un même parti, que le mouvement Corbyn pouvait représenter. Cependant, la question du leadership est vitale dans les deux types de bouleversements.

    La révolution russe a prospéré pendant neuf mois en octobre 1917 pour une seule raison : le rôle vital de Lénine et Trotsky dans la direction du parti bolchevique.

    Eux seuls avaient compris le rythme de la révolution à chaque étape, en particulier de la conscience des masses, et l’ont dotée du programme et de la perspective nécessaires pour prendre le pouvoir.

    L’un des facteurs qui ont conduit à la défaite finale de la révolution espagnole de 1931-1937 est que la classe ouvrière n’avait pas de parti et de direction capable de prendre le pouvoir. Le Parti socialiste espagnol (PSOE) avait le potentiel pour devenir un tel parti, mais Largo Caballero, le leader de la gauche, a permis au parti de rester sous le contrôle de la droite dirigée par Indalecio Prieto.

    Les forces de l’ancien régime travailliste, la droite blairiste, ont mené une politique consciente de sabotage digne des révoltes de la réaction féodale vendéenne à la révolution française.

    Il est tout à fait intéressant de jeter un regard rétrospectif sur les trois années de guerre civile inachevées des travaillistes et sur les attaques continues, vindicatives et organisées de la droite travailliste et de ses partisans dans les médias sur ce que Corbyn représente.

    Ed Miliband a perdu les élections générales en mai 2015 et a démissionné. Le mois suivant, on disait que Jeremy Corbyn serait le porte-drapeau de la gauche à l’élection à la direction du parti travailliste et il s’est déclaré dans le journal local d’Islington comme « candidat anti-austérité ».

    En juin, Corbyn est arrivé sur le bulletin de vote avec quelques minutes d’avance. Certains députés de droite pensaient qu’il n’était qu’un « loser » et, par conséquent, qu’il n’y avait aucun risque à lui « prêter leur vote ».

    Nombre d’entre eux, soucieux de préserver leur réputation de « démocrates », avaient regretté d’avoir laissé Gordon Brown courir en toute liberté – accompagné de ses hommes de main – lors de la course à la direction en 2007.

    Ils ont passé les trois dernières années à regretter leur décision d’avoir facilité la victoire de Corbyn ! En septembre, il a été annoncé comme chef élu du Parti travailliste lors d’une conférence spéciale.

    La droite ne s’est toujours pas réconciliée de sa victoire. Depuis lors, les travaillistes ont connu des coups d’État ou des tentatives de coups dignes d’une république d’Amérique centrale !

    En décembre 2015, Hilary Benn s’est exprimé au Parlement en faveur d’une intervention militaire en Syrie. Cette position a été massivement rejetée par les membres du Parti travailliste et la masse de la population qui s’opposaient à toute nouvelle aventure après la catastrophe irakienne.

    Corbyn a refusé (à tort) d’émettre un « whip [i]» de trois lignes avant le débat. Puis, en juin 2016, lors du référendum de l’UE, les électeurs ont voté pour le Brexit.

    Immédiatement après le référendum, Benn a finalement été licencié par Corbyn pour avoir organisé des démissions massives du cabinet fantôme[ii].

    Cela a conduit à une révolte de la droite qui domine toujours le Parti travailliste parlementaire (PLP). Une motion de défiance à l’égard de Corbyn a été proposée par Margaret Hodge et appuyée par 172 députés à 40 ! Quelques jours plus tard, le 9 juillet, le leader adjoint du parti travailliste, Tom Watson, a refusé de rencontrer Len McCluskey, secrétaire général d’Unite, et d’autres dirigeants syndicaux qui se plaignaient de son hostilité et de celle du PLP envers Corbyn.

    Crucially, the main reason Labour registered a partial victory was the launch of the anti-austerity manifesto over the heads of the right, particularly the PLP. At its core was the promise to abolish student fees and bring back grants.

    Trois jours plus tard, le Comité exécutif national du Parti travailliste, les dents serrées – contrôlé comme il l’était encore par la machine Blairiste non reconstruite – a permis à Corbyn de revenir sur le bulletin de vote pour un nouveau défi de leadership.

    Dans une lutte âprement disputée, sur fond de diffamation personnelle et politique de Corbyn, Owen Smith était le porte-drapeau de l’aile droite.

    Il essaya de manière farfelue de se déguiser en gauchiste, voire même en « révolutionnaire aux yeux froids ». Pourtant, Corbyn a été réélu.

    Lors de l’élection générale surprise de juin 2017, bien que les travaillistes n’aient pas gagné, ils ont obtenu leur plus forte augmentation de votes depuis 1945 et éliminé la majorité du gouvernement conservateur.

    La Première ministre Theresa May ne s’est accroché qu’au travers d’un sale accord avec le parti unioniste démocratique d’Irlande du Nord[1][iii] ; ce pacte menace de s’effondrer à tout moment.

    La principale raison pour laquelle le Parti travailliste a eu une victoire partielle a été le lancement du manifeste anti-austérité par-dessus la tête de la droite, en particulier le PLP. La promesse d’abolir les frais de scolarité et de rétablir les bourses d’études était au cœur de ce projet.

    Ce message anti-austérité a électrisé toute une nouvelle génération qui étaient motivée pour soutenir le Parti travailliste de Jeremy Corbyn.

    Cela a confirmé nos arguments de l’époque selon lesquels un appel audacieux en faveur de mesures socialistes radicales trouverait une réponse de masse.

    Si cela avait été combiné avec l’adoption par Corbyn d’une position de principe claire sur l’Écosse – défendre le droit à l’autodétermination du peuple écossais et à un second référendum sur l’indépendance s’il le souhaitait – cela aurait pu sceller une victoire travailliste, soit comme parti le plus important, soit même avec une majorité globale.

    Redémarrage du Labour

    Il en va de même pour la situation interne au sein du parti travailliste, où les vagues radicalisées de nouveaux membres, en particulier, étaient ouvertes à un leadership audacieux.

    Le Parti socialiste[iv] a suggéré que, comme pour le lancement du manifeste, Jeremy Corbyn devrait contourner la machine travailliste de droite.

    Il devrait lancer sa propre constitution qui serait soumise au vote de tous les membres du Parti travailliste avec une resélection obligatoire.

    Dans le même temps, le mouvement travailliste devrait être reconstitué en tant que fédération ouverte de différentes organisations socialistes, y compris le Parti socialiste, tout en conservant les fondements des affiliations syndicales démocratisées.

    Il ne fait aucun doute que cela aurait suscité l’enthousiasme généralisé des membres de gauche, remplissant le mouvement travailliste d’une base active prête à s’organiser contre la droite qui aurait probablement pris cela comme le signal pour déserter le Labour.

    Au lieu de cela, la guerre civile s’est poursuivie et la droite a été autorisée à poursuivre sa campagne de provocation – en fait, d’autres soulèvements contre Corbyn et la gauche – comme l’a montré la campagne antisémite scandaleuse et renouvelée de Hodge et la cabale de droite toujours dominante dans le PLP cette année.

    Malgré les menaces de former un nouveau « parti du centre » avec des déserteurs « libéraux » du parti conservateur et peut-être des libéraux-démocrates, les travaillistes de droite n’ont pas encore fait le premier pas, pour une très bonne raison.

    En cette période de crise organique profonde du capitalisme et de forte polarisation des classes, le milieu favorable qui existait au moment de la formation du SDP [v]au début des années 1980 n’existe pas aujourd’hui.

    Les forces qui ont formé le SDP possédaient trois dirigeants de renommée nationale qui pouvaient rallier un bloc électoral important pendant un certain temps.

    Les « Lib-Dems », cependant, sont maintenant si faibles qu’ils ont dû envisager de faire de la publicité à l’extérieur de leurs rangs pour qu’un leader remplace Vince Cable dévoré par les mites.

    Les vagues de nouveaux adhérents du Parti travailliste, ceux qui pensaient rejoindre un parti socialiste rajeuni, sont devenus frustrés par la timidité politique, le refus d’affronter le sabotage blairiste et par l’hésitation de Jeremy Corbyn.

    C’est particulièrement le cas du leadership de Momentum, représenté par Jon Lansman et ses partisans.

    Souvenez-vous de leur mantra apaisant – « Yes we Khan » – en faveur de Sadiq Khan, le maire de Londres qui a exigé « plus de milliardaires pour Londres » dans sa campagne électorale de 2016 ?

    Lansman a également rejeté et s’est opposé à nos arguments selon lesquels, sans le contrôle de la resélection obligatoire des députés, le corbynisme était comme un couteau sans lame – qu’il serait difficile, voire impossible, de retirer l’ensemble de la droite blairiste par le mécanisme dit du « vote de déclenchement [vi]».

    Cette question a été écartée parce qu’elle n’était pas « pertinente ». Ce faux argument, déguisé en « réalisme » de gauche, a été mis à nu lors de la récente conférence du Parti travailliste avec la clameur des rangs travaillistes pour une resélection obligatoire.

    Cette proposition a été rejetée, certains syndicats de gauche comme Unite jouant un rôle moins que glorieux dans le règlement de la question de la prolongation du vote de déclenchement.

    Cela signifie que la majorité des députés de droite resteront en position, libres de saper Corbyn et de nuire à l’attrait du Parti travailliste en tant que parti socialiste transformé et radical.

    Cela aura de graves conséquences à l’avenir, en particulier si un gouvernement travailliste arrive au pouvoir.

    Les travaillistes de droite sont des agents ouverts du capitalisme, prêts à faire ce dont le système a besoin -s’ils pensent que c’est dans leur intérêt.

    Regardez les accusations pernicieuses, vicieuses et fausses d’antisémitisme portées contre Jeremy Corbyn. Malgré une couverture médiatique extrêmement biaisée, cela n’a toutefois pas empêché la grande majorité des membres du mouvement syndical ou de l’opinion publique de se rallier à son point de vue.

    Certains dirigeants syndicaux – à Unite, par exemple – pensaient sans aucun doute qu’ils agissaient dans le meilleur intérêt de leurs membres qui souhaitent désespérément voir la fin de May et des Conservateurs et les remplacer par un gouvernement Corbyn.

    D’où l’accent mis par les dirigeants syndicaux de gauche sur l’unité – « Soutenons Jeremy et John ». Malheureusement, cela pourrait surtout devenir l’unité de la fin.

    La tendance « au coup de poignard dans le dos »

    L’expression « église large » [vii] n’est utilisée par la droite travailliste que lorsqu’elle est minoritaire et de plus en plus rejetée par la base.

    Il n’y avait pas d’église aussi large quand la droite était dans l’ascendant. Au contraire, les chasses aux sorcières et les exclusions étaient à l’ordre du jour lorsque le parti était dirigé par le baron -aujourd’hui totalement discrédité- Neil Kinnock, suivi de John Smith, puis du criminel de guerre Tony Blair, qui a entrepris de détruire la clause IV – les aspirations historiques socialistes du mouvement syndical.

    Blair a poursuivi une politique de terre brûlée contre les droits des membres du Parti travailliste et la démocratie interne.

    Cependant, les bourgeois se préparent aussi politiquement à toutes les éventualités, y compris un gouvernement Corbyn et comment « gérer » cela.

    Le Evening Standard – édité par George Osborne, architecte de l’austérité en chef – a félicité Tom Watson pour avoir agi dans « l’intérêt national » en restant dans le mouvement travailliste.

    Watson est considéré comme un frein géant à toute « dérive à gauche » sous un gouvernement travailliste ! Il est douteux qu’il possède le poids politique nécessaire pour remplir cette tâche, mais il n’y a aucun pouvoir au sein du PLP prêt à jouer le rôle d’une cinquième colonne conservatrice.

    Theresa May a courtisé environ 31 députés travaillistes pour appuyer le gouvernement au sujet d’un éventuel accord du Brexit.

    S’ils trahissent ainsi le Labour, il y aura des pressions massives pour qu’ils soient retirés des rangs même du parti travailliste.

    Mais le fait qu’une telle spéculation puisse même apparaître -la trahison des députés travaillistes de droite- est en soi un avertissement pour l’avenir.

    Par conséquent, la décision de la conférence du Labour de ne pas introduire de système de contrôle effectif du PLP pourrait avoir des conséquences désastreuses pour le parti et la classe ouvrière à l’avenir.

    L’écrasante majorité des députés travaillistes ont déjà démontré qu’ils sont en fait la tendance « à poignarder dans le dos ».

    Ils ont qualifié d’antisémite le Parti travailliste et consciemment donné aux conservateurs et aux médias le bâton pour se faire battre ; et ont même soutenu l’affirmation de la députée blairiste Chuka Umunna selon laquelle le Labour est « institutionnellement raciste ».

    Malheureusement, les forces de gauche rassemblées derrière Corbyn n’ont pas fait preuve d’une réelle détermination. Momentum s’est rendu coupable d’avoir pris ses désirs pour des réalités.

    Les syndicats devraient réexaminer la question de la resélection obligatoire. La gauche devrait diriger l’appel à une conférence d’urgence d’une journée pour envisager son introduction immédiate.

    Programme économique

    Sur le plan programmatique, John McDonnell a fait de son mieux pour rassurer les capitalistes, tout comme Jeremy Corbyn, que les travaillistes ne menaceront pas leurs intérêts vitaux au gouvernement.

    Lors de la conférence du Parti travailliste, McDonnell a exposé les grandes lignes d’un programme qui, selon lui, ferait des travailleurs des  « copropriétaires » de leur entreprise, qui bénéficieraient finalement d’une « propriété partagée » par le versement de dividendes plafonnés à 500 livres par an.

    Les excédents iraient dans les coffres de l’État. Will Hutton de la Fondation Resolution, un fervent partisan du capitalisme « éclairé » et un opposant virulent au socialisme, a salué cette décision comme une étape bienvenue vers son concept d’un capitalisme « réformé ».

    Ce n’est pas une idée nouvelle, mais une idée qui a été testée par les grands et sincères prédécesseurs de Karl Marx, tels que Robert Owen.

    Elle représentait une tentative utopique de « changer la société dans le dos de la société ». Même là où elle a été mise en œuvre avec succès pendant un certain temps – par exemple, avec la reprise d’industries défaillantes – elle se heurte inévitablement aux barrières impénétrables du capitalisme et aux lois du marché et sa soif insatiable de profit.

    Au mieux, elle représente des îlots de socialisme dans un océan de capitalisme. Cependant, si elle ne s’étend pas rapidement pour s’emparer des hautes sphères de l’économie, des quelque 100 monopoles qui contrôlent la grande majorité de l’industrie britannique, elle sera vouée à l’échec.

    A cela s’ajoute la crainte des patrons qu’une fois qu’une ou plusieurs industries seront reprises par l’Etat, l’appétit augmentera en mangeant.

    Ce serait particulièrement le cas dans le contexte d’une situation économique qui se dégrade et dont l’arrivée au pouvoir d’un gouvernement Corbyn offre toutes les perspectives.

    S’il y avait des fermetures massives d’usines et de lieux de travail à la suite d’une nouvelle crise économique ou d’une crise encore plus grave qu’en 2007-08 – qui a mis au moins 20 millions de personnes au chômage dans les pays capitalistes avancés – la patience de la classe ouvrière s’épuiserait, les manifestations de masse et les demandes d’action remonteraient à la surface.

    Les stratèges du capitalisme, cependant, ne peuvent pas être entièrement sûrs qu’ils seront capables de contrôler complètement Corbyn et McDonnell étant donné la crise profonde du capitalisme britannique et mondial.

    Il y a déjà un mécontentement massif, les pauvres en particulier souffrant de réductions budgétaires cruelles et de conditions de vie de plus en plus mauvaises.

    C’est si grave que même d’anciennes stars du football comme le gardien d’Everton Neville Southall – reconnu comme l’un des plus grands – a écrit récemment : « Nous sommes en difficulté…. La NHS, l’emploi, le crédit universel, la pauvreté, l’austérité, Brexit.

    « C’est pourquoi j’ai rejoint Unison – les syndicats doivent jouer un plus grand rôle et pourtant le gouvernement essaie de dissoudre les syndicats, alors nous devons nous battre… J’apprécie Jeremy Corbyn. Il s’en tient à ce en quoi il croit, il ne change pas. C’est sûrement mieux que quelqu’un qui se plie avec le vent. »

    Les indignités quotidiennes menacent de déclencher des émeutes spontanées à tout moment. Les files d’attente dans les banques alimentaires se sont allongées, avec des rapports indiquant que le gouvernement a facilité l’approvisionnement en nourriture de ces points de vente afin de garder le contrôle d’une situation incendiaire.

    L’espérance de vie en Grande-Bretagne a stagné, contrairement à ce qui se passe ailleurs. La police proteste aussi contre les coupes budgétaires, tout comme les chefs d’établissement qui ont manifesté poliment à Downing Street, comme jamais auparavant.

    Les femmes retraitées lèvent les bras après avoir découvert qu’elles ont été escroquées, que l’âge de la retraite a été repoussé alors qu’elles avaient hâte de mettre les pieds en l’air…

    En même temps, le chancelier conservateur Philip Hammond a indiqué que la situation économique désastreuse de la Grande-Bretagne et la situation financière du gouvernement signifient la poursuite des réductions, y compris des augmentations d’impôts, dans le prochain budget.

    C’est pourquoi les perspectives de la Grande-Bretagne au cours de la prochaine période ne peuvent être contenues uniquement au sein du parti travailliste.

    Préoccupations capitalistes

    La perspective d’un gouvernement travailliste s’inscrit dans le contexte des 30 dernières années ou plus de politiques néolibérales : privatisation, augmentations de salaires historiquement faibles frôlant les salaires de misère pour beaucoup, logements de location inadéquats et pratiquement inexistants, d’où l’augmentation du nombre de sans-abri qui frappe désormais les grandes villes britanniques.

    Cela remplit d’effroi les capitalistes. McDonnell a menacé de très légères augmentations de l’impôt sur la fortune qui ne feraient que leur couper les ongles.

    Jim O’Neill, ancien ministre du Trésor, conservateur et inventeur du terme « Brics » – pour décrire la puissance croissante dans le passé des économies « émergentes » du Brésil, de la Russie, de l’Inde, de la Chine et de l’Afrique du Sud – s’est présenté pour un gouvernement Corbyn ! Il reflète les préoccupations d’une aile des capitalistes qui voit à quel point le déclin du capitalisme en Grande-Bretagne a été favorisé par la concentration à court terme de la finance parasitaire à travers le « capitalisme actionnaire » au détriment de la reconstruction de la base industrielle, y compris les infrastructures.

    O’Neill a écrit dans le Guardian : « Au cours des quatre dernières décennies, il est devenu beaucoup plus facile d’embaucher et de licencier des travailleurs au Royaume-Uni, au point où l’investissement en capital est maintenant moins intéressant.

    “Dans ces circonstances, il n’est pas du tout surprenant que la productivité soit si faible. Changer l’équilibre pour aider les conditions de travail des employés, y compris leurs gains, devrait faire partie de la solution ».

    Un gouvernement Corbyn, avec un programme d’imposition et de dépenses modéré, pourrait en fait stimuler le marché et donc la « demande », explique-t-il.

    Le Daily Telegraph a récemment déclaré que la crise du capitalisme n’était pas économique ou financière mais le spectre d’un gouvernement Corbyn.

    Pourtant, son programme formel n’est que modérément social-démocrate, n’allant pas au-delà du programme du SDP séparé du Parti travailliste dans les années 1980.

    Cela n’a pas empêché une panique mineure dans les rangs des super-riches. Le Financial Times a rapporté : « Les ultra riches de Londres délocalisent des actifs hors du Royaume-Uni et certains se préparent à partir à mesure que les inquiétudes concernant un gouvernement travailliste de gauche dirigé par Jeremy Corbyn s’intensifient… 

    La plupart des gens [c’est-à-dire les patrons] sont beaucoup plus inquiets pour Corbyn que pour le Brexit…. Les ultra-riches du monde sont incroyablement mobiles, ce qui ne doit pas être sous-estimé. Si Corbyn mettait en place un contrôle des capitaux, il y en aurait beaucoup plus qui s’en iraient”.

    Bien sûr, nous et le mouvement syndical soutiendrons toutes les mesures qui cherchent sérieusement à empiéter sur le pouvoir économique des capitalistes et à le supprimer.

    Le scandale des tarifs élevés, le surpeuplement massif et la rareté des services ferroviaires, ainsi que le pillage scandaleux de leurs budgets, en font une cible de choix pour une nationalisation démocratique.

    Le dépouillement tout aussi scandaleux des actifs financiers des compagnies des eaux signifie que la proposition de les reprendre, ainsi que les services d’énergie à tarification élevée, recevrait un soutien enthousiaste.

    Malgré cela, il s’agit de mesures très modestes qui ne dépassent pas les frontières du capitalisme.

    Briser le mythe blairiste

    La lutte n’est pas seulement ou même principalement dans les salles de commission du Parti travailliste, étant donné la décision de la conférence du parti de mettre en suspens une véritable resélection, le contrôle des membres sur les députés.

    Il est plus susceptible de se développer dans les rues et dans les usines, les écoles, les universités et les collèges – où la lutte se poursuit actuellement – en particulier à cause des coupes continuelles dans les conseils communaux.

    La promesse de May de reporter ou de réduire l’austérité est un non-sens : « D’ici 2021, 37 milliards de livres sterling seront dépensés en moins pour la sécurité sociale pour ceux en âge de travailler qu’en 2010, malgré la hausse des prix et du coût de la vie, selon les estimations de la bibliothèque de la Chambre des communes“. Les crédits d’impôt seront réduits, de même que les allocations pour les enfants, pour l’incapacité et pour le logement.

    Les anciens premiers ministres Gordon Brown et John Major ont mis en garde contre des émeutes de type « poll-tax [viii]» si le crédit universel n’est pas retiré ou amendé – sa mise en œuvre complète a récemment été repoussée.

    Le spécialiste de la gauche travailliste Owen Jones s’est joint au chœur de protestation tout en prônant une résistance de masse sur le modèle de la taxe électorale, en louant même la All-Britain Anti-Poll Tax Federation – créée par Militant[ix], ce qu’il ne reconnaît pas, évidemment.

    La fédération a organisé la défaite de la taxe électorale en convainquant 18 millions de personnes de ne pas payer. Elle a été organisée et dirigée par des militants qui ont consenti à de grands sacrifices : 34 de nos camarades sont allés en prison.

    Jones admet maintenant que la taxe électorale a relégué Thatcher aux oubliettes.

    Les raisons du sabotage de la droite travailliste ont été résumées par un député travailliste anonyme dans le « INews » (24 septembre) : « Après avoir passé ma vie à essayer d’obtenir un gouvernement travailliste au pouvoir, je suis maintenant dans la position incroyable de devoir faire tout ce que je peux pour empêcher Corbyn de devenir Premier ministre. Cela me brise le cœur ».

    Ils souhaitent un gouvernement travailliste, mais pas un gouvernement Corbyn. Pourquoi ? Parce qu’ils soupçonnent à moitié qu’un tel gouvernement, alimenté par une autre crise économique, aura été élu sur un programme radical et avec une pression massive pour le changement, contrairement aux gouvernements Blair et Brown.

    S’ils mettent en œuvre même quelques-unes de ces politiques radicales, cela briserait le mythe blairiste selon lequel le Parti travailliste ne peut réussir sur le plan électoral qu’avec des politiques « centrales » (pro-capitalistes) – comme l’ont fait les succès électoraux du Parti travailliste de Liverpool, quand il était fortement influencé par le Militant dans les années 1980.

    De plus, le bilan « modéré » des gouvernements Brown et Blair, aux côtés de celui des Conservateurs, est quotidiennement réfuté par des rapports, les uns après les autres.

    Aditya Chakrabortty dans The Guardian illustre à quel point Blair a été désastreux en cherchant à réaliser le même programme que Thatcher.

    Il utilise l’analyse du FMI de 31 pays, de la Finlande à la France, qui montre que le Royaume-Uni « est dans le rouge pour plus de 2 000 milliards de livres sterling ».

    Seuls le Portugal, la Gambie et le Kenya sont en moins bonne posture, mais « les raisons pour lesquelles la Grande-Bretagne est dans un tel état sont presque aussi surprenantes : elles reviennent toutes au néolibéralisme », en particulier la privatisation.

    Chakrabortty conclut que les gouvernements britanniques ont « bradé presque tout ce qui se trouvait dans l’armoire, des aéroports au Royal Mail – souvent à des prix très intéressants – aux amis de la ville ».

    De telles privatisations, juge le FMI, « augmentent les recettes et réduisent les déficits », mais réduisent aussi les avoirs du gouvernement, et transfèrent en même temps la richesse à quelques privilégiés.

    « Le néolibéralisme vous a arnaqué et aveuglé. Les preuves s’accumulent – dans vos factures, dans vos services et dans les finances de votre pays ». De telles analyses sont assez courantes, en particulier dans la presse « libérale ». Pourtant, il n’y a toujours pas de conclusions tirées de ces mises en accusation cinglantes du système capitaliste…

    Transformer le Labour

    Il n’y a pas non plus de vaste programme de nationalisation socialiste et de planification économique venant de Jeremy Corbyn.

    En fait, il n’a mentionné le socialisme qu’une seule fois, en passant, dans son discours de conférence du Parti travailliste !

    La perspective d’un gouvernement dirigé par Corbyn a été évoquée à maintes reprises. Mais quel type de gouvernement ? Il y aurait du dégoût si c’était une répétition du désastre de Blair-Brown.

    Les bourgeois et les conservateurs réfléchissent à la manière de gérer la discussion sur la « crise du capitalisme » désormais largement reconnue.

    Il est donc absolument essentiel que le mouvement ouvrier, en particulier la gauche, saisisse l’occasion de soulever l’idée de véritables mesures socialistes démocratiques et de la planification de la société. Cependant, ce n’est manifestement pas le cas !

    Il est nécessaire d’adopter l’ancienne revendication contenue dans la clause IV, partie 4 de la constitution travailliste, supprimée impitoyablement par Blair et Brown dans les années 1990 : la « nationalisation des sommets de l’économie ».

    Aujourd’hui, cela signifierait la prise par l’État d’une centaine de monopoles sur la base du contrôle et de la gestion des travailleurs.

    Ce n’est qu’à cette condition qu’il sera possible de satisfaire pleinement aux exigences en matière de programmes de construction de logements, d’écoles, de services sociaux et ainsi de suite.

    Depuis le début de la guerre civile travailliste, la gauche officielle, y compris Momentum et certains dirigeants syndicaux de gauche, a pris beaucoup de retard sur les événements.

    Ils ont refusé de proposer des mesures politiques et organisationnelles audacieuses pour consolider le Parti travailliste en tant que force de gauche et socialiste.

    Les dirigeants de Momentum ont tenu à concilier avec la droite blairiste même si cette dernière s’en est prise à la gauche.

    Il en va de même pour certains dirigeants syndicaux de gauche, même ceux comme Matt Wrack, qui se sont précipités pour affilier le syndicat des pompiers (FBU) qu’il dirige au Parti travailliste.

    Cela signifiait remettre des honoraires considérables à la machine travailliste à une époque où elle restait sous l’emprise des Blairistes et où elle menait à bien les exclusions et les expulsions de ceux qui se trouvaient à gauche.

    Cela aurait été fait, semble-t-il, dans le but d’effectuer un « véritable changement », mais n’a pas été couronné de succès. Il faut toutefois reconnaître à son honneur que le FBU a été pratiquement le seul syndicat à appuyer la resélection obligatoire à la conférence du Parti travailliste.

    Néanmoins, comparez ceci à la position de principe du syndicat Rail Maritime et Transport qui a obstinément résisté aux appels de Matt Wrack et d’autres à remettre ses précieuses ressources financières à la machine toujours non « reconstruite » du Parti travailliste.

    Les maires travaillistes ont refusé de soutenir le syndicat à propos des trains sans accompagnateurs. Le RMT est tout à fait disposé à se joindre au mouvement travailliste s’il y a une perspective réaliste qu’il devienne une arme pour ses membres et les autres travailleurs dans leurs luttes quotidiennes. Mais cela ne s’est pas produit jusqu’à présent.

    Le changement au sein du parti travailliste doit être efficace, non seulement en exerçant un contrôle sur les députés, mais aussi sur la question cruciale des coupes dans les conseils communaux souvent effectuées par les conseillers travaillistes eux-mêmes.

    Le soulèvement contre ces coupes budgétaires se poursuit. Elle touche de plus en plus les partis locaux, avec des critiques sur le rôle honteux des conseillers travaillistes en particulier, qui président à l’austérité du gouvernement. Les budgets des conseils municipaux sont nécessaires pour mobiliser les travailleurs dans l’action.

    C’est pourquoi, tout en soutenant Jeremy Corbyn à toutes les étapes – y compris lors d’une élection générale – un défi électoral aux conseillers travaillistes de droite continuera d’être nécessaire, même contre ceux qui se font passer pour de « gauches » tout en faisant le sale boulot du gouvernement conservateur au niveau local.

    Même d’anciennes figures pro-Blairistes comme l’écrivain Polly Toynbee – aujourd’hui une Corbynista- écrit que seulement 4% des gens soutiennent les coupes budgétaires.

    Si elle dit ça, cela doit être vrai ! Il n’y a pas d’excuse pour traîner les pieds sur cette question. Les conseillers communaux devraient lutter contre l’austérité, comme Liverpool l’a fait dans les années 1980 avec d’autres conseils.

    Dans le cas contraire, les personnes touchées par les coupes – dont certaines sont dévastatrices –s’y opposeront lors des élections, et nous serons à leurs côtés.

    A l’heure actuelle, la Grande-Bretagne semble relativement calme en surface. Cependant, une révolte de masse se prépare à mesure que l’ampleur et le type d’indignités qui ont été accumulées sur les épaules de la classe ouvrière augmentent.

    Cela remontera inévitablement à la surface. Il est nécessaire que cette colère soit dirigée par les bataillons organisés du mouvement ouvrier, qui s’unissent en un mouvement de masse pour renverser les conservateurs et amener au pouvoir un gouvernement travailliste socialiste, dirigé par Corbyn.

     Notes:

    [i] Dans les pays appliquant le système de Westminster ainsi qu’aux États-Unis, le whip est le député ou représentant chargé de veiller à ce que les élus de son parti soient présents et votent en fonction des consignes du parti.

    [ii]Dans les pays appliquant le système de Westminster, le cabinet fantôme (« anglais : shadow cabinet ») comprend les députés d’un parti d’opposition qui, sous la conduite du chef de leur parti, forment un cabinet alternatif à celui du gouvernement. Chaque membre du cabinet fantôme est chargé de surveiller et critiquer l’action d’un ministre du gouvernement.

    [iii] Le Parti unioniste démocrate (en anglais : Democratic Unionist Party, DUP) est un parti politique britannique présent en Irlande du Nord depuis 1971

    [iv] The Socialist Party, section-sœur du PSL en Angleterre et au Pays de Galles

    [v] Le Parti social-démocrate (en anglais : Social Democratic Party, abrégé en SDP) est un parti politique britannique fondé en mars 1981 et qui fusionne en 1988 au sein des Libéraux-démocrates. Pour les élections générales de 1983 et 1987, le SDP forme avec le Parti libéral l’« Alliance SDP-Libérale » puis, lors du congrès de 1987, décide de fusionner avec les libéraux au sein des Libéraux-démocrates.

    [vi] Actuellement, si une élection générale est déclenchée et que le député travailliste sortant souhaite se présenter à nouveau comme candidat, le processus de contestation implique un vote de toutes les sections, forums et organisations affiliées du parti de circonscription, comme les syndicats, qui doivent répondre par “oui” ou “non”. Une majorité simple de candidatures affirmatives de ces organisations signifie que le député évite un concours de sélection ouverte. Ce processus, connu sous le nom de ” scrutin de déclenchement “, est ouvert à la manipulation et confrontationnel, c’est pourquoi il est déconseillé aux députés d’ouvrir un processus de réélection contre leur député. Par contre, la réélection obligatoire signifierait une course ouverte chaque fois qu’une élection générale est déclenchée, les membres ayant le pouvoir de choisir leur candidat par un processus de sélection démocratique

    [vii] En anglais, le terme « Broad Church » est souvent utilisé pour caractériser toute organisation, par exemple politique, qui englobe un large éventail d’opinions.

    [viii] La poll tax (mot anglais signifiant « capitation »), officiellement appelée Community Charge, est un impôt locatif forfaitaire par tête, instauré au Royaume-Uni par le gouvernement de Margaret Thatcher en 1989. Entré en vigueur en 1990, il fut jugé très inégalitaire par les couches les plus modestes de la population car, frappant les foyers et non les personnes et ce sans distinction de revenu ou de capital, il était d’autant plus lourd pour les foyers les plus pauvres. La poll tax fut l’une des causes essentielles de la chute de Margaret Thatcher

    [ix] Militant tendency est un courant politique britannique fondé en 1964 autour du journal Militant par des militants trotskystes. Militant s’est spécialisé dans l’entrisme au sein du Parti travailliste et a atteint le maximum de son influence au début des années 1980. À partir de 1982-1983, la direction du Labour s’est employée à exclure les dirigeants de Militant. La tendance de Peter Taaffe a quitté le Labour et s’est rebaptisée en 1997 Socialist Party.

     

     

  • La députée Ruth Coppinger parle des Gilets Jaunes au Parlement irlandais

    Notre camarade Ruth Coppinger (députée de Solidarity et membre du Socialist Party) a introduit le mouvement des Gilets Jaunes au parlement irlandais. Ce mouvement de protestation fait de blocages, d’occupations et de manifestations dans les grandes villes s’oppose à une situation et une politique qui sont également très impopulaire ailleurs dans le monde. Le mouvement des Gilets Jaunes fait tâche d’huile.

    En Egypte, la vente de gilets jaunes a même été interdite pour tenter d’empêcher toute contagion… Lorsque Macron a été élu en mai 2017, il représentait le nouveau visage du néolibéralisme. Le premier ministre irlandais avait d’ailleurs pris Macron comme exemple. Les mobilisations françaises constituent donc un avertissement au Premier ministre (“Taoiseach”) Varadkar.

    Le mouvement se poursuit en France : il faut une grève générale de 24 heures pour faire tomber le gouvernement. Mais c’est le système capitaliste lui-même qui représente un cauchemar pour la majorité de la population. Ce dont nous avons besoin, c’est d’une économie démocratiquement planifiée à la place du chaos dévastateur du “marché libre”. Cela fait partie de la lutte pour une France socialiste comme tremplin vers une Europe socialiste.

  • France. Macron recule (un peu), faisons-le tomber, lui et sa politique

    Alors qu’au lendemain du 17 novembre Macron et son ministre Philippe passaient leur temps à dire « nous maintenons le cap », il aura quand même reculé. Certes pas beaucoup. Sur certaines taxes sur le pétrole et un bonus pour le SMIC, mais en gros financé par l’argent public, donc par nous-mêmes ! À aucun moment, ce ne sont les riches qui sont mis à contribution, alors que cette demande est au cœur du mouvement des gilets jaunes.

    Par Alex Rouillard, Gauche Révolutionnaire (section française du Comité pour une Internationale Ouvrière)

    Le mouvement, parti de travailleurs qui ont peu participé aux récentes luttes, est venu contester l’ensemble des injustices de cette société. Les bas salaires, les retraites trop faibles, les jeunes qui ne trouvent que de l’intérim et des contrats précaires… mais aussi le sentiment que tout est décidé par une poignée de larbins des riches, sans jamais écouter la population, et avec un seul critère : quelle rentabilité pour les plus riches, comment faire les poches des travailleurs et des retraités. Car la suppression de cotisations sociales (faussement appelées « charges »), la destruction de services publics et de milliers d’emplois dans ceux-ci, c’est autant de parties de notre salaire collectif qui nous sont volées.

    Pour les jeunes, la question de leur avenir et de leur éducation est exactement en phase avec le mouvement des gilets jaunes. Le refus de la sélection à l’Université qui prive des dizaines de milliers de jeunes d’études supérieures, de la réforme du bac qui va renforcer les inégalités entre les lycées, de la réforme du Bac Pro qui casse l’enseignement professionnel… c’est le refus d’une éducation que Macron veut réserver à une élite.

    Lutte des classes

    L’Egalité, journal de la Gauche Révolutionnaire.

    On peut comprendre qu’au début du mouvement, il ait pu exister une certaine méfiance de la part de syndicats et d’organisations de gauche. Mais il est sidérant d’avoir vu toute une gauche à la condescendance consternante vis-à-vis de travailleurs surexploités reprendre tous les gros titres des médias capitalistes pour en faire une campagne contre les gilets jaunes. Oui il y a eu des actes racistes, homophobes, dans quelques endroits parmi les milliers de barrages organisés. Oui l’extrême droite a essayé de s’accaparer le mouvement, voire pèse encore dans certains endroits, mais c’est logique quand un mouvement est aussi large. Et ce n’est pas en insultant les gens qu’on les fait progresser.

    Il n’est pas sérieux de la part des syndicats de ne pas avoir invité leurs militants à participer au mouvement ou à s’y intéresser. Fort heureusement, Mélenchon et la France insoumise ont soutenu le mouvement, et beaucoup de militants syndicaux sont venus, ont discuté, on pu voir que l’extrême droite est minoritaire. Quand des centaines de milliers de travailleurs relèvent la tête et se révoltent, on n’attend pas un carton d’invitation ou un tapis rouge, on y va sans forcément s’y dissoudre, mais on essaye de le faire progresser dans le bon sens. Tout en restant prudents, les militant-e-s de la Gauche révolutionnaire sont venu-e-s dès le premier jour sur les ronds-points et les actions, faisant partie de ce mouvement qui dénonce l’injustice sociale et fiscale.

    Besoin d’une grève générale

    C’est l’ensemble des revendications des jeunes, des travailleurs, des retraités, qui sont aujourd’hui popularisées par les gilets jaunes. Car ce qui domine, c’est l’accroissement des inégalités dans la société, la voracité des capitalistes qui ne cherchent qu’à faire du profit avec l’aide des lois et mesures du gouvernement. C’est cela qui domine tous les conflits sociaux en France et dans le monde, encore plus depuis le début de la crise en 2008. C’est l’offensive de la classe capitaliste contre les travailleurs qui pousse à la lutte, c’est donc contre les capitalistes que se tourne la lutte, avec Macron comme cible centrale.

    Les gilets jaunes eux-mêmes sont venus dans de nombreux endroits discuter avec les syndicats pour trouver des actions communes. Mais il faut plus, il faut que les syndicats appellent à la lutte et à la grève, il faut des appels clairs de la part de la CGT, Solidaires, etc. à une journée de grève totale et générale.

    Un gouvernement des travailleurs et de la majorité de la population

    En soulevant la question du référendum et du referendum d’initiative populaire, les gilets jaunes posent une véritable question de fond : la politique dans le pays ne peut pas être dans les mains de politiciens qui, comme ceux de la droite, d’En Marche, ou du PS, ne sont contrôlés que par les lobbies financiers et jamais par la population.

    Des obligations de référendum, cela serait un premier pas, mais on ne sera pas en démocratie tant que les gouvernements seront ceux des riches, ni tant qu’on sera obligés de travailler pour des capitalistes qui font leur profit en nous exploitant.

    Le mouvement manque encore de structures, d’assemblées générales de discussion. Il faut plus de comités de lutte, d’assemblées générales, qui discutent et décident, contrôlent les porte-paroles. C’est ainsi qu’on pourrait discuter à la fois de comment faire avancer la lutte mais aussi de quel gouvernement nous pourrions mettre en place, contrôlé par la base, par les travailleurs et la majorité de la population en lutte.

    Pour la révolution

    Macron et les capitalistes vont vouloir continuer, mais la révolte est en marche. Notre mouvement est venu rappeler que rien ne change sans lutte de masse, et qu’une révolution est nécessaire… et possible. Par millions, nous sommes en train de dire qu’on ne veut plus de cette société injuste et anti-démocratique qui ne fonctionne que pour les riches, les banquiers, les actionnaires…

    Il ne s’agit pas seulement d’avoir une plus grosse part du gâteau, mais que chacun ait le gâteau dont il a besoin. Et pour cela il faut que la pâtisserie, l’économie en fait, soit aux mains des travailleurs et de la population. Il ne suffira pas de taxer les grands groupes industriels et commerciaux, il faudra les mettre en propriété publique, les nationaliser, sous la gestion et le contrôle des travailleurs et de la population, pour ainsi planifier démocratiquement et écologiquement l’économie pour satisfaire les besoins de toutes et tous et non les profits d’une poignée.

    C’est en luttant pour un tel renversement du capitalisme et son remplacement par le socialisme qu’une révolution permettra de vraiment changer les choses, et construire une société réellement démocratique, fraternelle et tolérante, débarrassée des guerres, de la misère, du racisme, du sexisme…

    C’est pour cela que lutte la Gauche Révolutionnaire, en construisant un parti pour une révolution socialiste, tout en participant à tout ce qui fait avancer la lutte contre Macron et sa politique au service des ultra-riches. Rejoins-nous !

  • Etat espagnol. Le PSOE et Podemos unis pour stopper la casse sociale ?

    Pedro Sánchez, après sa victoire aux primaires du PSOE en 2017. Photo : Marta Jara (Wikimedia)

    En octobre, un accord sur le budget 2019 a été conclu entre le parti social-démocrate espagnol (PSOE) et Unidos Podemos(1). Après l’impitoyable politique d’austérité dont la population a été victime des années durant, les ‘‘ouf’’ de soulagement n’ont pas manqué.

    Entre décembre 2011 et juin 2018, c’est le conservateur Mariano Rajoy (PP) qui était à la tête des deux gouvernements de cette période. Leur politique a été aussi brutalement répressive qu’antisociale. En juin dernier – une semaine après la condamnation du PP dans un procès pour corruption – le Parlement a adopté une motion de censure déposée par le PSOE… qui avait pourtant autorisé la mise en place du gouvernement Rajoy II en 2016 ! A l’époque, un des seuls opposants à la trahison du PSOE au sein de ce parti était Pedro Sanchez.

    Contrairement à Jeremy Corbyn qui s’est régulièrement retrouvé opposé au cours politique du Parti travailliste britannique avant de se retrouver propulsé à sa direction sous la pression populaire, Pedro Sanchez a toujours été un membre loyal et discipliné du PSOE. Mais suite à l’effondrement du parti social-démocrate grec (PASOK) et à la crise qui a frappé l’ensemble de la social-démocratie européenne, il s’est mis à la tête d’une aile du parti qui a cherché à le préserver en adoptant une rhétorique plus ancrée à gauche. Elu secrétaire général du PSOE en 2014, il a été renversé par l’aile droite du parti en 2016 et a finalement regagné son poste en 2017.

    Une fois Rajoy destitué en juin dernier avec le soutien de Podemos et de partis basques et catalans, Sanchez s’est retrouvé au pouvoir avec un gouvernement PSOE minoritaire, ne pouvant compter que sur 84 députés sur 350. L’accord conclu avec Unidos Podemos sur le budget devrait lui assurer 151 élus. Il faut donc encore obtenir le soutien de partis basques et catalans pour rester en place jusqu’aux élections législatives de 2020. Sans cela, un retour anticipé aux urnes n’est pas exclu.

    Que comprend cet accord ?

    La mesure phare de l’accord est l’augmentation du salaire minimum à 900 euros par mois, une augmentation de 22% qui concernera un million et demi de travailleurs. Même si cette hausse fait pâle figure à côté de celle des loyers (+40% ces 4 dernières années) et des prix des denrées de base (tout particulièrement l’électricité), elle sera bienvenue dans de nombreux foyers. L’accord comprend aussi une augmentation des pensions de 3%, des propositions visant à réformer le marché de la location immobilière, un impôt de 1% sur les fortunes supérieures à 10 millions d’euros, etc. Tout cela représente un – réel – pas en avant, mais il est particulièrement timide face à la crise sociale que subit la population.

    Il a en outre une grave contrepartie : Podemos et le PSOE renoncent à l’abrogation des réformes du travail approuvées par le gouvernement Zapatero (PSOE) en 2010 et par le PP en 2012. Grâce à ces dernières, les patrons ont systématiquement pu baisser les salaires et précariser la situation de millions de travailleurs.

    Au cours de ses six ans et demi de gouvernement, le PP a instauré toute une série de mesures qui ont déforcé la position des travailleurs face au patronat, aggravé la privatisation des soins de santé et de l’enseignement, rendu constitutionnellement obligatoire de rembourser la dette publique (article 155), élargi l’arsenal répressif des autorités, etc. Ces législations connaîtront des ajustements, mais elles ne sont pas fondamentalement remises en cause par l’accord PSOE-Unidos Podemos.

    Une autre approche était possible

    L’objectif central du PSOE est très clairement de s’affranchir de toute pression de la rue et de rétablir la ‘‘paix sociale’’ sans avoir à modifier l’essence de la trajectoire budgétaire suivie par les gouvernements Rajoy ou Zapatero. Rejeter en bloc toute collaboration avec le parti social-démocrate aurait cependant représenté une faute grave qui n’aurait pas été comprise par la masse de ceux qui ont eu à tellement souffrir de la politique du PP. Des millions de personnes cherchent à être soulagées de leurs souffrances et haïssent le PP jusqu’au plus profond de leur chair.

    Podemos aurait pu considérablement renforcer sa position en mobilisant les travailleurs, la jeunesse et les divers mouvements sociaux à débattre du programme à défendre à la table des négociations dans des meetings et à exprimer leurs revendications dans des manifestations de masse. En s’appuyant sur l’implication des masses et armé d’un programme axé sur les besoins de la population ainsi que sur la manière d’y répondre et non pas sur ce que l’establishment pourrait accepter, bien plus aurait pu être arraché.

    Une telle campagne aurait suscité un enthousiasme bien au-delà des frontières de l’Etat tout en constituant une excellente préparation pour la riposte qu’exigera chaque mesure antisociale du gouvernement Sanchez. Les dirigeants de Podemos font hélas actuellement tout le contraire en cherchant à se montrer ‘‘responsables’’ face aux institutions pour obtenir des responsabilités dans une future coalition gouvernementale avec le PSOE.

    (1) Unidos Podemos est le nom de la coalition électorale qui a participé aux élections générales anticipées du 26 juin 2016, avec pour chef de file le secrétaire général de Podemos, Pablo Iglesias. Cette coalition regroupe entre autres Podemos, Izquierda Unida (Gauche Unie) et la formation écologiste Equo.

  • 10ème jour de lutte chez les gilets jaunes à Montélimar

    Malgré une météo catastrophique, la détermination des gilets jaunes sur Montélimar ne faiblit pas. Plusieurs milliers de personnes sont mobilisées, de jour comme de nuit, tournant au gré des disponibilités de chacun. Nos actions quotidiennes ont toutes l’objectif de dénoncer la politique injuste et destructrice de Macron, ne servant que les plus riches et nous condamnant à la précarité.

    Article de la Gauche Révolutionnaire

    Ce n’est pas l’extrême droite qui tient les rênes !

    Au début du mouvement, on a pu entendre que l’appel des gilets jaunes n’était qu’un truc d’extrême droite mais il s’agit bel et bien qu’un mouvement populaire large, qui rassemble les couches de la société les plus attaquées par Macron. La solidarité et l’implication de chacun sur notre campement sont extrêmement fortes, que ce soit des automobilistes qui klaxonnent, nous donnent des vivres, de l’argent… ou des gilets jaunes qui apportent aussi nourriture, bois, tentes, bâches ou autre matériel… C’est ainsi que notre rond-point de l’A7 Montélimar-Sud est un véritable QG !

    Notre objectif n’est évidemment pas de se cantonner à vivre sur ce rond-point mais bien d’avoir un lieu de rassemblement où nous pouvons discuter tous et toutes ensemble, déterminer nos revendications, nos actions et agir ensuite de manière coordonnée pour plus d’impact. Nous avons instauré des assemblées quotidiennes à 18h, où nous prenons toutes les décisions collectivement, ce qui ne laisse aucun espace à l’extrême droite.

    Il va falloir durcir le ton

    Nous avons levé les barrières de l’A7, bloqué le site d’Amazon et d’autres plate formes logistiques, bloqué Carrefour et l’ensemble de la zone commerciale… Toutes ces actions ont certainement entraîné un manque à gagner mais il semble évident aujourd’hui que cela ne suffit pas à faire reculer, voire tomber Macron comme la majorité des gilets jaunes le souhaite.

    La défiance vis-à-vis des médias et des politiciens est très forte et pour beaucoup, les syndicats sont mis dans le même panier. Ils sont perçus comme des traîtres et des appareils qui cherchent à profiter de l’ampleur de la « vague gilet jaune ». La proposition de l’union locale de la CGT de faire une manifestation commune le 1er décembre a été vivement critiquée à notre dernière AG, pour finalement aboutir à « ceux qui veulent y aller n’ont qu’à le faire mais ce n’est pas un rapprochement officiel ». Pourtant, tout le monde s’accorde sur le fait que bloquer l’économie est nécessaire et que la grève générale est le seul moyen d’y parvenir .

    Pour la suite du mouvement…

    Nous avons un tract qui sera prêt demain, avec des revendications qui vont clairement au-delà des taxes sur les carburants : augmentation des revenus, partage du travail, répartition des richesses…

    Il sera distribué massivement lors des filtrages pour continuer à rallier du monde au mouvement et clarifier tout ce que l’on peut entendre dans les médias sur ce que l’on demande.

    Le manque de structuration du mouvement à une échelle large nous affaiblit et les discussions commencent sur comment dépasser cela. Des propositions d’actions coordonnées à l’échelle du département ou de la région émergent aussi.

    La fatigue commence à se faire sentir et ce rythme ne pourra pas être tenu sur la longueur si la grève ne s’étend pas. C’est pourquoi, en tant que militant-e-s de la Gauche Révolutionnaire, nous tentons d’expliquer le rôle crucial des syndicalistes qui doivent mettre pression sur leur confédération pour qu’un réel appel à une grève totale soit fait rapidement.

  • France. Succès du 17 novembre, unissons les colères #MacronDégage

    Le 17 novembre, les actions de masse ont rassemblé des centaines de milliers de manifestants en colère sur 2500 blocages. Édouard Philippe peut très bien dire qu’il y avait 285 000 participants, on est bien loin de la réalité : 400 000, 500 000 voire même le double ? Pour beaucoup, majoritairement des travailleur-se-s aux faibles salaires, dans les services, le commerce, la santé, mais aussi des retraités, des artisans, quelques petits patrons aussi parfois. Même si c’est la hausse du prix des carburants (due à la hausse des taxes mais aussi à 60 % à la hausse des prix imposés par les multinationales pétrolières) qui a été le déclencheur, la colère est bien plus profonde.

    Par Alex Rouillard et Cécile Rimboud, Gauche révolutionnaire (CIO-France)

    Partout sur les blocages, les opérations escargot, péages gratuits… on parle de la dureté de la vie, de la difficulté des fins de mois, des impôts qui ne servent pas à financer ce qu’ils devraient (de vrais services publics), de l’injustice de la politique de Macron qui file tout aux riches. Ce mouvement, soutenu par 78 % des employés et ouvriers, a un potentiel gigantesque !

    C’est l’expression d’un ras le bol profond, contre tout ce qui ne va pas, contre la marche folle de cette société qui écrase les « petits » et qui ne fonctionne que pour les privilégiés.

    On l’a fait !

    La plus plupart des « gilets jaunes » n’avaient pas une grande expérience des luttes, de leur organisation. C’est la solidarité collective dans l’action et le combat commun qui nous a permis de faire autant de points de barrages. Et dans la plupart des endroits, sans se faire récupérer par les vautours de la droite et de l’extrême droite (Les Républicains, le FN/RN, etc.) qui n’étaient ni organisateurs ni réellement bienvenus. Certains comme Wauquiez ont pu aller tester leur popularité sur les barrages, sous les critiques, il est vite parti.

    Car la droite et le FN/RN sont pour la suppression des impôts sur les riches, pour le report de l’âge de départ à la retraite. La plupart des gilets jaunes se souviennent très bien qu’il y a quelques années, c’est Sarkozy et la droite qui nous en ont mis plein la figure et cassé les services publics.

    C’est pour ne pas se faire avoir que le réflexes des gilets jaunes a été de se dire « apolitique », pour ne pas avoir l’air de rouler pour un parti. En aucun cas cela ne voulait dire que les militants n’étaient pas les bienvenus.

    Faire avancer le mouvement

    Du fait de sa spontanéité, le mouvement a surtout été tourné vers l’action concrète, et a rarement donné lieu à de véritables assemblées générales pour discuter des revendications et des actions. Mais cela se développe désormais. Car il y a beaucoup de points qui rassemblent : blocage des prix, baisse des taxes, hausse des salaires et des retraites. Assez des cadeaux aux ultra-riches et grandes multinationales. Même s’il ne le formule pas ainsi, ce mouvement rejette le capitalisme et sa loi de l’exploitation pour le seul profit des grands groupes industriels et commerciaux. Et évidemment, il est tout entier contre Macron tant celui-ci symbolise cette politique pour les riches.

    Il y avait des consignes comme « pas de racisme » en préparation de nombreux blocages et dans l’immense majorité d’entre eux il n’y a pas pas eu de gros problèmes. Là où des actes racistes ou homophobes ont eu lieu, comme on peut le voir sur des vidéos, ils sont souvent le fait d’une seule personne ou d’un tout petit groupe. Dans la plupart des endroits, il a suffit de l’intervention de gilets jaunes défendant l’unité de toutes et tous dans la lutte pour que cela cesse. Le meilleur moyen pour continuer dans ce sens est que les militant-e-s aillent sur les piquets pour défendre cela. Nos seuls ennemis, ce sont les ultra-riches privilégiés et le gouvernement Macron.

    La responsabilité des syndicats et organisations anti-capitalistes

    On peut comprendre les hésitations, mais l’inaction est pire que tout dans ce genre de moments. Dans certaines villes et entreprises, le 17, des actions de grève ont eu lieu à l’appel de la CGT (à Reims, à Cléon (76) avec une grève à SPIE-Batignolles… Et surtout, depuis, il y a cet appel à la grève et à se joindre au mouvement par la CGT Chimie, FO transport, l’Union locale CGT du Havre, ou encore la venue sur le point de blocage de Montélimar-Sud des infirmières en grève le 20 novembre. Le soutien est en général bien pris, le mouvement n’est pas si anti-syndical que ça mais il tient farouchement à son indépendance, et c’est logique.

    Le 17 novembre a démontré une chose : chez les travailleurs, retraités, chômeurs, artisans… il y a une vraie envie d’agir. Un beau démenti pour tous ceux qui pouvaient penser que « les gens ne se battent plus » ou qu’ils sont « endormis » ! Oui, la colère est bel et bien là et cherche un moyen de prendre une forme collective, dans la lutte et le blocage de l’économie.

    Dans de nombreux endroits, les militants de la Gauche révolutionnaire ont participé aux barrages, pour à la fois aider cette couche nouvellement entrée dans la lutte mais aussi pour mener les discussions (et éventuellement combattre l’influence du FN. Cette dernière question s’est peu posée). Et il est clair que les syndicats auraient pu inviter une partie de leurs membres à se rendre sur les actions, sans obligatoirement avoir tout l’arsenal de banderoles et drapeaux, mais pour aider à faire avancer les travailleurs participant à la lutte.

    La proposition de manifestation nationale à Paris, le 24 novembre, peut représenter un tournant même si beaucoup ne veulent pas non plus lâcher les centaines de barrages qui sont devenus des rendez-vous de la lutte. Il s’agit de mettre en cause directement Macron et sa politique. D’autres propositions visent également les lieux de pouvoir (préfecture, etc.) ou les filiales des grandes multinationales. S’ils ne le disent pas avec les mêmes mots, la plupart des gilets jaunes veulent s’attaquer aux capitalistes et à leurs serviteurs du gouvernement Macron.

    Avançons ! Pour :

    • développer les assemblées de discussion et d’organisation de la lutte, et les revendications
    • pour une journée d’action massive partout le 24 novembre, en particulier la manifestation à Paris, sans oublier la grande marche contre les violences sexistes dans le cadre de la journée internationale contre les violences faites aux femmes
    • une grande journée de lutte, d’action, et de blocages avec une grande grève unissant travailleurs du public et du privé avec les jeunes et les retraités contre la politique de Macron.

    Qui sème la misère, récolte la colère ! Revendiquons !

    • la baisse immédiate et le blocage des prix de l’essence et de l’énergie
    • l’augmentation des salaires et des retraites et leur indexation sur les prix, y compris du carburant
    • la réquisition des bénéfices des multinationales pour financer les besoins : transports publics gratuits et non polluants, services publics notamment de proximité (crèches, écoles, maternités, bureau de poste…), logement
    • la remise en place de l’impôt sur la fortune, la lutte contre l’évasion fiscale par les ultra-riches et les multinationales, la fin des taxes indirectes (TVA, etc.) remplacées par une imposition forte des riches et des grandes entreprises
    • un grand service public environnemental financé en taxant les multinationales, pour créer des centaines de milliers d’emplois nécessaires à la transition énergétique et écologique (agriculture écologique, alimentation en circuits courts, énergies renouvelables etc.)

    Alors unissons nos révoltes, contre Macron et son monde de millionnaires où on n’a pas notre place, contre le capitalisme et ses injustices. Rejoignez la Gauche révolutionnaire pour lutter pour une société réellement démocratique, solidaire et fraternelle : le socialisme. Une société où les principaux secteurs de l’économie seront en propriété publique/nationalisés, permettant une planification démocratique et écologique, tenant compte des ressources naturelles et permettant de satisfaire les besoins.

  • France. Le 17 novembre et après, la révolte en marche !

    C’est la révolte contre le président des riches. Depuis que Macron est au pouvoir ça a été : la baisse des allocations pour les plus précaires (APL, AAH…), l’augmentation incessante des prix (péages, électricité, gaz, timbres, transports, alimentation), la baisse des revenus (hausse de la CSG pour les retraités, salaires gelés chez les fonctionnaires, précarité généralisée pour les travailleurs)… alors que pour les riches, l’impôt sur la fortune a été supprimé et les cadeaux n’ont cessé de pleuvoir. À tel point que le nombre de millionnaires en France a augmenté de 259 000 en 2017, alors qu’il y a 9 millions de pauvres !

    Article de la Gauche Révolutionnaire (section française du Comité pour une Internationale Ouvrière) 

    La goutte de gazole a finalement fait déborder un vase bien trop plein. Plus de 15% d’augmentation depuis janvier, en grande partie dus à la hausse des prix exercée par les compagnies pétrolières. Mais le gouvernement Macron a aussi annoncé vouloir augmenter les taxes sur ce carburant des plus modestes : celles et ceux qui ont déjà dû habiter loin des centre-villes parce que les loyers y sont trop chers, et qui n’ont que leur voiture pour aller se faire exploiter pour un salaire insuffisant.

    Mais ce n’est pas le seul sujet, loin de là. C’est un mouvement contre cette société qui ne fonctionne que pour les riches, les privilégiés, où tous les services publics sont détruits un à un : fermetures de gares, de lignes de train, de maternités, d’écoles, de bureaux de Poste. Et les taxes qui sont là pour nous faire payer toujours plus quand les multinationales ne paient pas d’impôts et pratiquent l’évasion fiscale.

    Empêchons les capitalistes de nous piller !

    L’augmentation du prix des carburants est due en partie aux taxes, mais surtout aux marges énormes que se font les distributeurs et les grandes multinationales de l’essence. Total et Shell ont fait respectivement 5 milliards et 4 milliards d’euros de profits en 2017 ! Total a même été exonéré d’impôts durant de nombreuses années et a reçu plus de 60 millions chaque années d’aides diverses (CICE etc.). A la pompe, on paye pour les profits de Total et avec les taxes, on paye pour les aides publiques aux multinationales.

    L’énergie, que ce soit pour aller travailler, se chauffer… est indispensable à nos vies. La privatisation d’EDF et la libéralisation du « marché de l’énergie » a vu les factures s’envoler, que ce soit pour le gaz ou l’électricité. En fait, les capitalistes font leurs profits avec nos besoins essentiels et avec l’aide des politiques gouvernementales depuis 20 ans. 70 % des travailleurs en France doivent prendre leur voiture (et payer un max) pour aller au boulot.

    Le faux prétexte écologique

    Macron prétend qu’augmenter les taxes sur l’essence est à des fins écologiques. Tout faux ! Seuls 20% de la taxe sur les produits pétroliers va à la transition énergétique. La privatisation de la SNCF, la menace de destruction de 9000 km lignes de trains, les prix de plus en plus élevés du train, transport le moins polluant, montrent au contraire que l’écologie c’est un prétexte. Sans parler du kérosène, le carburant des avions (très polluants), qui n’est pas taxé, ou de la mise en place des « bus Macron », très polluant eux aussi. Toute la politique des gouvernements ces dernières années a été de favoriser les modes les plus polluants mais qui sont les plus rentables pour les capitalistes. Normal, la facture environnementale c’est la population qui la paye. Les capitalistes ne sortiront pas de « l’économie du pétrole », c’est bien trop rentable pour eux, vu que c’est la population qui est taxée et non les multinationales. Aucune transition énergétique n’est faisable dans le cadre du capitalisme.

    Ce sont les multinationales qui polluent le plus : 71 % de toutes les émissions de CO2 depuis 1988 ont été produites par seulement 100 multinationales. Mais aucune mesure n’est prises contre elles, au contraire, Total s’est vu accorder l’exploitation de nouveaux gisements en Guyane.

    Naturellement, la destruction de l’environnement est un problème majeur. Mais Macron et les pseudo-écologistes qui soutiennent sa politique au service des riches, en font un motif électoral, pas une vraie politique. Même Nicolas Hulot avait rappelé en démissionnant qu’on « ne peut pas faire de politique écologique avec ce gouvernement ».

    Gilets jaunes : fâchés pas fachos !

    Car ce mouvement ne peut être clair dès le départ. Il se produit alors que les directions des syndicats refusent d’organiser une lutte massive et prolongée face aux attaques du gouvernement. Il se produit alors que la majorité du PS et de ses amis sont passés du coté des capitalistes. Macron était le ministre de l’économie de Hollande avant d’être président. C’est un début de révolte, et il faut proposer un programme de lutte pour l’étendre dans les entreprises et la jeunesse comme les appels à la grève par les sections CGT à Peugeot ou Renault pour le 17 novembre le font.

    Pensant voir une colère contre les « méchants impôts » qui nous volent tout, la droite et l’extrême droite (LR, DLF et le Rassemblement National de Le Pen) tentent de récupérer le mouvement. Dans certains endroits, il y arrivent un peu, même si en majorité, les animateurs des « gilets jaunes » ont annoncé par réflexe contre Le Pen et ses amis, faire un mouvement « apolitique », sous entendu sans les partis traditionnels. La droite essaye d’empêcher trop de revendications sociales (sur les salaires, l’évasion fiscale, l’ISF etc.) mais ils se heurtent aux aspirations profondes de la majorité des « gilets jaunes » qui sont en général des travailleurs ordinaires, des retraités ou des artisans. Car partout, ce sont des slogans contre les privilèges des riches, contre la suppression de l’impôt sur la fortune. Autant de slogans qui ne plaisent pas à la droite et à l’extrême droite : c’est comme cela qu’on empêchera ces ennemis des travailleurs et de la majorité de la population de surfer sur les aspirations anti-Macron.

    Le 17 novembre et après faisons entendre notre colère ! Macron dégage !

    La mobilisation lancée par de simples travailleurs est positive et témoigne de la colère dans le pays contre la politique du président des riches. Si on veut vraiment stopper Macron, alors il faudra un mouvement de masse avec des manifestations et des grèves dans tout les secteurs, toutes et tous ensemble : jeunes, travailleurs… avec les syndicats et toutes les organisations qui défendent vraiment les travailleurs. Des Assemblées générales ouvertes à toutes et tous ont eu lieu dans certains endroits pour discuter de la mobilisation, c’est aussi cela qu’il faut continuer le 17 et après.

    Revendiquons :

    • la baisse immédiate et le blocage des prix de l’essence et de l’énergie
    • la réquisition des bénéfices des multinationales pour financer les besoins : transports publics gratuits et non polluants, services publics, logement
    • l’augmentation des salaires et des retraites et leur indexation sur les prix, y compris du carburant
    • La remise en place de l’impôt sur la fortune, la lutte contre l’évasion fiscale par les ultra-riches et les multinationales, la fin des taxes indirectes (TVA, etc.) remplacées par une imposition forte des riches et des grandes entreprises
    • la défense des services publics et la réouvertures des services publics de proximité (crèches, écoles, maternités, bureau de poste…)
    • un grand service public de environnementale financé en taxant les multinationale, pour créer des centaines de milliers d’emploi nécessaires à la transition énergétique et écologique (agriculture écologique, alimentation en circuit court, énergies renouvelables etc.)

    La révolte et ses revendications doivent s’élargir pour attirer dans la mobilisation le maximum de personnes, car c’est toute la politique de Macron que nous contestons. Il y en a assez de cette société où les capitalistes exercent leur dictature de l’exploitation et du profit et où c’est « en marche ou crève », et où ceux qui ne sont pas d’accord se font réprimer.

    La Gauche révolutionnaire lutte pour une société réellement démocratique, solidaire et fraternelle, une société où les principaux secteurs de l’économie seront en propriété publique/nationalisés, permettant une planification démocratique et écologique, tenant compte des ressources naturelles et permettant de satisfaire les besoins. Contre le capitalisme et tout ce qu’il entraîne, racisme, sexisme, guerres et misère, pour le socialisme ! Venez discuter et agir avec nous, rejoignez-nous dans ce combat !

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