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  • France. Après le succès du 5 décembre, construire partout la grève générale reconductible

    Photo : Wikipedia

    Ce jeudi 5 décembre, la première journée de grève et de manifestation contre le projet de réforme des retraites a rencontré un succès éclatant et historique. Selon les syndicats, pas moins de 1,5 million de personnes ont participé aux près de 250 cortèges dans tout le pays. A titre de comparaison, la première journée de grève et de manifestation contre le projet de loi travail en 2016 avait réuni 500.000 personnes selon les estimations des mêmes syndicats ! Une nouvelle journée de lutte a été annoncée pour ce 10 décembre tandis que la grève a été reconduite dès ce vendredi dans plusieurs secteurs et que le 12 devrait également être une nouvelle date de mobilisation générale.

    Par Nicolas Croes 

    Avant même que la journée du 5 ne commence, il était évident que ce mouvement allait connaître une affluence de masse. La veille, un sondage Harris Interactive pour RTL et AEF Info indiquait encore que 69% des Français soutenaient le mouvement de grève contre la réforme des retraites. L’affluence aux manifestations n’a pas démenti ces chiffres, même si de nombreux manifestants se sont rendus aux points de rendez-vous la peur au ventre après une année marquée par la violence policière et les milliers de blessés du mouvement des Gilets jaunes.

    Les manifestations ont réuni des cheminots, des agents de la RATP (le service de transports en commun parisien), des travailleurs du secteur de la santé, des enseignants, des retraités, des travailleurs d’entreprises privées, des Gilets jaunes,… Les syndicats affirment que 70 % des enseignants étaient en grève, une partie d’entre eux l’ont à nouveau été le vendredi. La CGT estime à 45 % le taux de grévistes dans la seule fonction publique d’Etat. A EDF (Électricité de France), la CGT fait état de 50 % à 60 % des salariés en grève. A la SNCF, 61,4 % des cheminots étaient en grève selon la CGT, qui y a appelé à une grève illimitée aux côtés de l’UNSA-Ferroviaire et de SUD-Rail. A la RATP, dix lignes de métro sont restées fermées, plus que lors de la précédente grève, qui avait quasiment paralysé la capitale le 13 septembre. Même dans des entreprises aux traditions syndicales moins fortes, comme à Orange, les syndicats ont estimé la proportion de grévistes à 15 %, soit l’un des taux les plus élevés depuis les années 2000.

    Les ports et les docks étaient également à l’arrêt tandis que des chauffeurs routiers ont organisé des opérations de blocage. Sept des huit raffineries françaises étaient en grève, du «jamais vu » selon le syndicaliste CGT Emmanuel Lépine, en comparaison des précédents mouvements dans les raffineries (2018 sur les salaires, 2016 contre la loi El Khomri, 2010 contre la réforme Sarkozy des retraites). Quatre d’entre elles étaient encore en grève le vendredi. Même la police a été touchée par la grève, alors que le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner avait tenté de rassurer les policiers en affirmant que leur régime particulier de retraite sera « maintenu ».

    Elargir la lutte

    Personne ne pensait qu’une seule mobilisation, aussi impressionnante soit-elle, parviendrait à faire reculer le gouvernement. Dans plusieurs endroits, les grèves ont été reconduites (SNCF, RATP, certains enseignants,…) avant même d’attendre la réunion de l’intersyndicale CGT-FO-Solidaires-FSU et des quatre organisations de jeunesse qui se sont réunies le vendredi 6 au matin. De cette rencontre est sortie une nouvelle journée de grèves et de manifestations : ce mardi 10 décembre.

    Des assemblées générales ont déjà eu lieu à différents lieux de travail, le tout est maintenant de les développer et d’ancrer le mouvement le plus fortement possible auprès des collègues, en les impliquant démocratiquement dans l’organisation de la lutte, notamment dans la reconduction de la grève.

    Sur la chaine LCI, le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez expliquait : « Il faut généraliser les grèves dans toutes les entreprises (…) Il faut reconduire (la grève) jusqu’à avoir satisfaction sur le principe que cette réforme va générer de la misère et qu’il faut donc s’appuyer sur notre socle social qui est un des meilleurs au monde et l’améliorer pour les jeunes, les femmes, les précaires ».

    Le spectre qui plane sur l’administration Macron est celui du mouvement de grève contre la réforme des retraites en 1995, qui avait paralysé les transports publics pendant trois semaines et qui avait bénéficié d’un soutien populaire massif, forçant le gouvernement à revenir en arrière. Il s’agissait des plus importantes grèves depuis celles de Mai 68. C’est de ce type de potentiel dont nous parlons aujourd’hui.

    La puissance du mouvement actuel est telle que le parti le plus anti-grève qui soit, le Rassemblement national de Marine Lepen (ex-Front National), s’est senti obligé de soutenir le mouvement du bout des lèvres. Selon le sondage Harris Interactive dont il est question plus haut, pas moins de 75% des électeurs de Marine Le Pen soutiennent le mouvement. Cette lutte peut donc également jouer un grand rôle pour combattre l’extrême droite en soulignant ce qui unit les travailleurs quelle que soit leur religion ou la couleur de leur peau. La rhétorique de division de l’extrême droite ne tient pas face à une mobilisation sociale conséquente. Mais si le mouvement abouti à un échec ou s’il est trahis par les directions syndicales, le cynisme et la désillusion ouvriront un boulevard à l’extrême droite.

    La France Insoumise et les Gilets jaunes

    En France, le potentiel d’une lutte réunissant les différents mouvements sociaux contre Macron et le monde de l’argent qu’il représente n’a pas manqué d’illustrations. Déjà durant la campagne électorale, la campagne de la France Insoumise (FI) et son programme, notamment autour de la « planification écologique », avait élevé le débat sur le type de riposte nécessaire contre l’austérité et la destruction de notre environnement.

    Au début de la présidence de Macron, la FI a pris de très bonnes initiatives pour appuyer la lutte syndicale et tenter d’aider à surpasser l’indécision qui régnait aux sommets syndicaux. Les directions syndicales, avec des nuances, ont hélas bloqué toute tentative allant vers un mouvement de lutte national appuyé par la grève générale. La FI a poursuivi ses initiatives, mais peut-être avec davantage d’accent sur le combat parlementaire. Avec la fin des initiatives dans la rue, et confrontés aussi à une structuration du mouvement qui ne permettait pas la meilleure implication de la base, beaucoup de partisans ont pu se demander ce qu’il leur restait à faire au-delà d’applaudir le travail des élus. C’est certain, la campagne médiatique qui s’est déchaînée contre la FI n’a pas aidé. Ces mêmes médias n’ont d’ailleurs pas manqué par la suite de s’en prendre brutalement au mouvement des Gilets Jaunes, comme c’est également chaque fois le cas quand les travailleurs relèvent la tête.

    Quand le mouvement des Gilets jaunes a surgi il y a un an, il fut le plus fort là où une convergence a pu être trouvée avec le mouvement des travailleurs, en dépit des réticences de certaines directions syndicales, comme à Toulouse où le blocage a été massif à plusieurs reprises, aussi grâce au renfort des syndicats de routiers.

    Aujourd’hui, alors que le mouvement des travailleurs utilise son outil de travail comme outil de combat grâce à la grève, une puissante convergence des luttes est possible autour de lui. Comme à chaque mouvement social d’ampleur, les références à Mai 68 ne manquent pas dans la presse ou sur les réseaux sociaux. Au plus fort de ce véritable mois de révolution, la combinaison de la jeunesse en lutte et d’une grève générale forte de 10 millions de travailleurs a failli renverser le système. La colère sociale atteint actuellement un point d’ébullition similaire à celui de l’époque. Avec un tel type de lutte, une véritable grève générale reconductible reposant sur des assemblées des travailleurs et de la jeunesse en lutte, nous pourrions arracher nos revendications.

    C’est tout le système qui doit dégager !

    La productivité au travail a grandement augmenté ces dernières décennies : nous produisons plus, avec moins de travailleurs. Il est faux de dire que les retraites sont impayables : il n’y a jamais eu autant de richesses qu’aujourd’hui. Il y a non seulement moyen de payer nos retraites, mais aussi de répondre aux nombreuses pénuries qui font craquer la société de partout.

    Les assemblées locales de travailleurs et de jeunes (sur les lieux de travail, dans les quartiers,…) peuvent non seulement permettre de démocratiquement décider de la reconduction de la grève et des mesures qui s’imposent pour la renforcer, mais aussi débattre collectivement de l’élaboration d’un cahier de revendications plus large tel que celui-ci :

    • La baisse immédiate et le blocage des prix de l’essence et de l’énergie ;
    • Des revenus pour vivre, pas pour survivre : augmentation des salaires et des allocations sociales et leur indexation sur les prix, y compris du carburant ;
    • Une sécurité d’emploi avec de vrais contrats de travail à durée indéterminée ;
    • C’est au chômage qu’il faut s’en prendre, pas aux chômeurs : réduction du temps de travail à 32 heures par semaine sans perte de salaire et avec embauche compensatoire ;
    • Mettre les besoins au centre de la politique : transports publics gratuits et non polluants, services publics (notamment de proximité : crèches, écoles, maternités, bureaux de poste, logements publics sociaux, …) ;
    • La (re)mise en place de l’impôt sur la fortune, la lutte contre l’évasion fiscale par les ultra-riches et les multinationales, y compris par la réquisition sous contrôle démocratique des entreprises, la fin des taxes indirectes (TVA, etc.) remplacées par une imposition forte des riches et des grandes entreprises ;
    • Un grand service public environnemental pour créer des centaines de milliers d’emplois nécessaires à la transition énergétique et écologique (agriculture écologique, alimentation en circuits courts, énergies renouvelables,…) ;

    Réaliser un tel programme nécessite des mesures réellement socialistes telles que la nationalisation et l’unification de tous le secteur financier dans un service national d’investissement et de financement sous contrôle démocratique de la collectivité, de même que la nationalisation des secteurs-clés de l’économie afin que les grandes entreprises ne puissent continuer à saboter la transition écologique et que la planification démocratique et écologique, basée sur les besoins y compris écologiques, devienne possible.

    Si la France se soulève aujourd’hui, elle est loin d’être la seule. Depuis les premiers pas de la révolte des Gilets jaunes, le développement des luttes de masse et des grèves générales aux caractéristiques révolutionnaires fut puissant à travers le monde. Et la liste des pays aux prises avec un soulèvement de masse n’est pas encore terminée. Engageons-nous avec confiance dans cette nouvelle ère de lutte avec l’ambition de conduire les travailleurs et les masses à renverser le système d’exploitation capitaliste pour que l’humanité toute entière puisse accéder à une véritable émancipation au travers de la construction d’une société socialiste démocratique.

  • Action de solidarité contre la répression policière en Grèce

    La répression policière s’intensifie actuellement en Grèce. Les membres de notre organisation sœur grecque, Xekinima, en ont eux aussi été récemment victimes (voir cet article à ce sujet). Ce samedi 7 décembre, une action est organisée à Bruxelles contre la violence policière et en solidarité avec ses victimes. Le PSL soutient cet appel, que vous pouvez lire ci-dessous.

    Initiative et appel des « Grec.que.s solidaires de Belgique » 

    La Grèce, considérée par beaucoup comme « le berceau de la démocratie », vit depuis quelques mois des évènements qui rappellent ceux qui ont lieu au Chili, en Bolivie, en Iran et en Turquie.

    Depuis le mois de septembre, la police anti-émeute (MAT) a évacué brutalement des squats d’accueil de migrant.e.s et de réfugié.e.s à Exarcheia, au centre d’Athènes, puis les a condamnés.

    Elle a ensuite pris d’assaut des cafés et des bars, prétextant la recherche de stupéfiants. Des dizaines de personnes présentes ont cru à une attaque terroriste. La police anti-émeute les a obligés à s’agenouiller, se déshabiller, en leur criant qu’ils n’avaient aucun droits. Bien entendu, ces interventions violentes ne visaient pas à arrêter les trafiquants qui poursuivent leurs activités sans être dérangés.

    Le dépôt d’un projet de loi sur l’éducation par le nouveau gouvernement de droite (Nouvelle Démocratie) a provoqué de vives réactions des étudiant.e.s. Le gouvernement n’a pas hésité à envoyer sa police anti-émeute pour réprimer violemment une marche étudiante, blesser par lacrymo un étudiant, briser pour la première fois depuis plus de 40 ans l’asile universitaire en entrant dans la faculté d’économie d’Athènes sous prétexte qu’il y avait des explosifs (ils ne trouveront que des casques et des bouteilles de bières vides). Le jour même, un étudiant, membre d’une organisation de gauche dénoncera la fouille de sa voiture par des policiers alors qu’ils n’avaient pas de mandat, résultant à son arrestation et sa garde à vue pendant des heures, sans recevoir la moindre explication et sans que son droit de communiquer avec un avocat ou sa famille ne lui soit accordé. Son domicile sera ensuite fouillé, les policiers utiliseront ses clés sans son accord, et sa famille sera terrorisée puisqu’elle n’était pas mise au courant de son arrestation.

    17 novembre : après une manifestation massive et pacifique (marche commémorative de la révolte contre la dictature des colonels), 60 personnes ont été interpellées au hasard et 30 ont été arrêtées. Des personnes ayant manifesté, de simples passant.e.s et même un touriste ont été la cible d’attaques, de violences et d’interpellations arbitraires.

    La police anti-émeute insultait tout le monde, elle a déclaré en hurlant « nous avons une junte », faisait des commentaires sexistes aux femmes arrêtées mais aussi à de simples passantes, prenait des photos de personnes menottées, mises à genoux, violant ainsi des droits fondamentaux. Ils ont procédé à des perquisitions sans mandats. Des personnes proches ou solidaires aux inculpé.e.s ont été victimes de violences de la part de la police anti-émeute devant les tribunaux. De plus, des appareils de surveillance ont été retrouvés sur des véhicules appartenant aux manifestants, et une plainte a été déposée contre le gouvernement.

    Des journalistes se font agressé.e.s et intimidé.e.s, même après avoir déclaré leur identité professionnelle, tandis qu’un étudiant en cinéma a été attaqué pour avoir filmé une scène de violence policière.

    Il est remarquable que quelques jours plus tard, le gouvernement ait rejeté la révision de l’article constitutionnel en vue de l’interdiction de la discrimination sexuelle (en plus des critères de religion, d’origine et de langue qui existent déjà) – à 178 voix contre 122.

    L’excès de provocations de la part de la police témoigne d’un climat qui prône « Loi et Ordre », climat que le gouvernement veut instaurer. Ils tentent de terroriser les jeunes et ciblent des personnes et des lieux qui se battent pour une autre société. Les jeunes et le peuple combatif ne cèdent pas. Au côté des peuples du Chili, de Bolivie, de Hong Kong, du Liban, d’Iran et France, elles et ils continueront à se battre pour une vie digne et juste.

    Et nous, à Bruxelles, nous les soutenons, solidaires de leur lutte, nous nous opposons à la violence de la police et à la misère économique.

    La violence policière et leur terreur ne passeront pas!

    Action soutenue par : CADTM, PSL/LSP, Campagne ROSA, Gauche Anticapitaliste, Convoi solidaire Liège-Exarcheia, Antarsya-Belgique,…

    Evénement Facebook

  • France. Grève du 5 décembre, une date qui peut tout changer

    Selon un sondage IFOP, 64% des Français estiment que la grève générale de ce jeudi 5 décembre est justifiée. La réforme des retraites du président Macron passe mal. La liste des secteurs appelant à la grève n’a cessé de s’allonger de jour en jour (SNCF, RATP, contrôleur aérien, transport routier et urbain (personnes et frets), EDF, étudiants, justice, éducation nationale, enseignement supérieur, pôle emploi, la poste, fonction publique territoriale, soignants, police, presse, édition,…). Cette situation à 3 mois des élections municipales pourrait avoir de lourdes conséquences dans un paysage politique où les partis traditionnels sont en ruine.

    Par Simon (Mons)

    Voilà déjà un an qu’a surgi le mouvement des Gilets jaunes. Un mouvement à la durée inédite qui a illustré toute l’ampleur de la colère qui vit jusqu’aux tréfonds de la société. Un mouvement qui a aussi représenté les premiers pas de la renaissance d’une conscience de classe à large échelle. Le mouvement de contestation contre la réforme des retraites en est le prolongement direct.

    Comme l’explique le député de a France Insoumise Adrien Quatennens, la situation en France est celle d’une « colère sociale qui dépasse la question des retraites ». La société craque de partout et les autorités ne font plus grand-chose pour combler les failles. Cette semaine encore, un reportage du Monde a mis en lumière l’explosion du nombre de mères sans domicile fixe alors que nous sommes encore sous le choc de l’immolation par le feu d’un étudiant qui venait de perdre sa bourse d’étude en novembre dernier. De tels gestes désespérés en disent long sur la France de Macron, la France des riches, la France de l’injustice.

    Mais de nombreux secteurs sont entrés en lutte ces derniers mois et ont tenté de riposter. On pense bien entendu aux blouses blanches. Mais cette journée internationale de lutte contre la violence envers les femmes a connu une participation impressionnante en France ce 23 novembre, et elles seront une nouvelle fois directement les plus touchées par le caractère austéritaire de cette réforme des retraites.

    Que contient exactement la réforme des retraites ?

    Pour l’heure, il s’agit d’allonger la durée de cotisation pour ouvrir son droit à un départ à la retraite, tout en diminuant le montant total perçu par les travailleurs en établissant un système de pension par point. Le gouvernement fait valoir la suppression des régimes spéciaux en jouant la carte d’une politique « pseudo-égalitariste » qui remettraient tout le monde sur le même pied d’égalité. Le tout en montrant du doigt les enseignants, cheminots,… qui bénéficient de régimes spéciaux que le monde du patronat qualifie de « privilèges ». Mais quand celui-ci parle d’égalité, il entend bien sûr une égalité à la baisse, au niveau de la catégorie de travailleurs dont le régime des retraites est le moins coûteux…

    Une politique véritablement égalitariste serait plutôt d’élargir à toutes et tous ces avancées sociales. Cela signifie d’aller rechercher l’argent là où il est, comme dans la poche des actionnaires du CAC 40 ! En 2018, le CAC 40 a réalisé pas moins de 100 milliards d’euros de profits.

    La productivité au travail a grandement augmenté ces dernières décennies : nous produisons plus, avec moins de travailleurs. Il est faux de dire que les retraites sont impayables : il n’y a jamais eu autant de richesses qu’aujourd’hui. Nous devons nous organiser contre ce hold-up du fruit de notre travail ! Au final, la lutte de masse qui verra le jour demain ne concerne pas que les retraites, elle a le potentiel de remettre en question l’aberration d’une société où les leviers de l’économie sont laissés aux mains d’une infime minorité de rapaces. Il faut revendiquer la nationalisation des sec-teurs-clés de l’économie (banques et finances, énergie, métallurgie, communication,…) et leur gestion et contrôle démocratique par les travailleurs et la collectivité. C’est la seule manière de pouvoir nous-mêmes collectivement planifier ce qui est socialement et écologiquement nécessaire pour l’ensemble de la classe des travailleurs.

    Construire l’unité contre le camp d’en face

    L’appel à la grève de ce 5 décembre donne l’opportunité de regrouper la colère présente dans toute la société en une lutte généralisée. Une majorité des organisations syndicales appelle à la mobilisation contre la réforme des retraites tandis que certains syndicats, à la RATP ou encore à la SNCF, ont fait de cette journée le point de départ d’une grève reconductible.

    Si le mouvement ouvrier utilise son outil de travail comme outil de combat, il est capable de jouer un rôle primordial pour un changement réel de système. La journée du 5 décembre doit être considérée comme un pas vers l’organisation d’une véritable grève générale qui bloquerait la totalité de l’économie du pays. Une telle démonstration de force permettrait non seulement de frapper les capitalistes là où cela leur fait le plus mal, au portefeuille, mais clarifierait aussi que ce sont les travailleurs qui produisent les richesses et que sans eux, plus rien ne tourne.

    Sur base de cette confiance, et de l’enthousiasme que créée l’actuel contexte international de lutte de masse, il sera possible de diriger le mouvement vers le capitalisme lui-même, de le renverser, et de poser les bases d’une économie centrée sur le bien de tous, une économie socialiste démocratique, où les secteurs-clés de l’économie seraient démocratiquement contrôlés et gérés par les travailleurs et leurs familles.

  • Grèce. la jeunesse en lutte contre l’incinérateur de Volos

    Par Xekinima, section du CIO (Majoritaire) en Grèce

    Rythme, vivacité, enthousiasme et impressionnante participatio ont été les principales caractéristiques de la manifestation des élèves du 21 novembre dernier contre l’incinération des déchets par la cimenterie Lafarge à Volos, contre la pollution de l’air de la ville et contre le projet des autorités municipales de Volos de construire une usine de “Combustibles solides récupérés”.

    Il s’agit d’un procédé de traitement des déchets par déshydratation, condensation et incinération avec un très haut niveau d’émissions plastiques, de métaux lourds et e particules cancérigènes. Les manifestants exigent un traitement écologique des déchets sous propriété publique.

    Les élèves ont commencé à arriver à la place de la Liberté vers 10 heures et, à 11 heures, plus de 2.000 élèves ont commencé à manifesté dans les principales artères de la ville. En de nombreuses occasions, des personnes plus âgées qui passaient près de la manifestation ou qui la regardaient des trottoirs ont exprimé leur soutien en applaudissant les jeunes manifestants.

    Des étudiants du supérieur ont également participé à la manifestation en compagnie d’enseignants des écoles secondaires de la ville, dont le syndicat avait demandé un arrêt de travail de trois heures pour soutenir la mobilisation. Quatorze écoles sur vingt étaient également occupées par des élèves le même jour !

    C’est sans aucun doute le dynamisme des élèves qui a donné le ton à la manifestation. Avec des tambours, des slogans pleins d’esprit, des pancartes faites à la main, des banderoles de plusieurs écoles et des pancartes de la “Section Jeunesse” du “Comité d’action des citoyens de Volos”, les élèves ont crié qu’ils veulent vivre dans un environnement sain.

    Les principaux slogans étaient “Air toxique ? Non merci”, “L’air est pollué, l’éducation coûte cher, votre croissance est toxique”, “Non à l’incinération des déchets au profit des multinationales”, “Dans votre système nous n’avons pas la santé, nous rêvons d’une société différente”, “Nous voulons rendre le monde meilleur, non à l’incinération des déchets”, “Vous parlez de profits et de pertes, nous parlons des vies humaines” etc.

    Cette manifestation massive et réussie est le résultat du travail acharné de la Section Jeunesse du Comité d’action de Volos. La Section jeunesse a tenu une série de réunions publiques et a réussi à organiser une campagne militante dans les semaines précédant la manifestation. Au cours de cette période, environ 4 000 tracts ont été distribués dans la plupart des écoles, des centaines d’affiches ont été posées, des banderoles ont été placées et même une courte vidéo a été créée par les élèves eux-mêmes. La mobilisation a été bien couverte par les médias nationaux.

    Une fois de plus, la communauté locale et les jeunes ont démontré qu’ils sont pleinement conscients des grands risques sanitaires posés par l’incinération des déchets et qu’ils sont déterminés à lutter pour y mettre fin. Il est également clair que les manifestations de masse de la jeunesse contre le réchauffement climatique et les bouleversements de masse dans un certain nombre de pays ont eu un impact sur la jeunesse grecque.

    Il s’agit désormais de construire une organisation démocratique du mouvement, basée sur un réseau de comités d’action dans chaque école en lien avec les travailleurs et les autres couches de la population de Volos et de la région environnante, et d’élaborer un plan bien élaboré pour que le mouvement puisse poursuivre la lutte en vue de mettre fin à l’incinération des déchets. En même temps, il faut tirer une conclusion claire que la racine du problème, c’est le système lui-même. Le capitalisme fait passer le profit avant l’environnement et la santé publique. C’est pourquoi il faut s’organiser et se battre pour renverser le capitalisme et en finir avec le règne des grandes entreprises privées.

    Les partisans de Xekinima jouent un rôle très actif au sein de la Section Jeunesse, comme ils le font au sein du Comité d’action de Volos. L’idée de voir les élèves sortir de l’école et faire une grève scolaire a été proposée par les partisans de Xekinima qui sont actifs au sein du Comité Jeunesse. En même temps, Xekinima évoque la nécessité de se lier à la classe ouvrière et de planifier une grève générale de toute la ville, et souligne bien sûr la nécessité d’une lutte contre le système capitaliste et pour une société socialiste libre et démocratique.

  • Grèce. De jeunes membres de Xekinima arrêtés dans le cadre d’une opération d’intimidation policière

    Action de protestation à Thessalonique à la suite des arrestations.

    Par Nikos Anastasiadis & Eleni Mitsou, Xekinima, section du Comité pour une Internationale Ouvrière (Majorité)

    Deux jeunes membres de Xekinima ont été arrêtés dimanche 17 novembre en soirée et sont maintenant accusés de crimes graves.

    En novembre 1973, des étudiants grecs ont occupé l’école polytechnique d’Athènes pour protester contre le maintien du pouvoir de la junte militaire grecque. Bien qu’elle ait été dispersée par l’armée avec de nombreux morts, la manifestation a accéléré le processus de renversement du régime militaire qui a abouti un an plus tard.

    Chaque année depuis lors, des manifestations sont organisées pour commémorer cette action. Ce sont toujours des manifestations de masse. Cette année, elles ont été plus importantes que ces dernières années, avec 25.000 personnes à Athènes, 7.000 à Thessalonique et des milliers d’autres dans diverses villes grecques. Cela reflète la colère de la classe ouvrière et surtout des jeunes contre la vague de répression et de brutalité policière qui s’est déchaînée ces derniers mois. Bien que la répression ait inévitablement effrayé certaines personnes, elle a mis en colère une grande partie de la société et commence à les pousser dans la rue.

    A la fin de la manifestation pacifique à Athènes, Irini Eminidou et Zisis Sourlas marchaient dans le quartier d’Exarchia pour se rendre chez un de leurs amis. Bien que le quartier soit paisible, Irini et Zisisis ont été soudainement attaqués par la police anti-émeute des tristement célèbres forces anti-émeutes grecques (MAT) et arrêtés.

    Zisisis a été frappé à plusieurs reprises tandis qu’Irini a été jetée au sol avant de recevoir des coups de pied, notamment à la tête alors que son bras était maintenu écrasé sous les bottes. Un flic anti-émeute criait ‘‘quand vous voyez MAT, vous vous agenouillez’’. Irini et Zisisis ne sont pas les seules personnes à avoir été attaquées par la police anti-émeute cette nuit-là. Plus d’une douzaine d’autres personnes ont été attaquées, battues et arrêtées de manière injustifiée dans ce quartier.

    Avant d’être emmenées au quartier général de la police, les personnes arrêtées ont été emmenées par la police anti-émeute dans un garage fermé et photographiées afin de pouvoir être “reconnues”, lorsque l’affaire sera portée devant les tribunaux. Irini, Zisisis et d’autres ont entendu un policier anti-émeute dire “nous nous trompons, ce n’est pas eux” et l’officier responsable répondre “le plan a changé. C’est eux”.

    Au quartier général de la police, la police a confisqué les téléphones de toutes les personnes arrêtées et leur a refusé tout contact avec leurs avocats ou leurs familles pendant plusieurs heures. Ils ont dévêtu les femmes et les ont fouillées de manière humiliante dans une pièce dont la porte était ouverte à tous les passants. Ils ont également refusé de leur donner de l’eau et ils n’ont pas eu le droit d’aller aux toilettes pendant de nombreuses heures.

    Environ 5 heures après leur arrestation, la police a informé l’avocat d’Irini et Zisis qu’ils étaient accusés, entre autres, de possession d’armes, de possession d’explosifs, d’incendie criminel, de résistance à leur arrestation et de blessures graves infligées aux policiers. La police essayait de démontrer que Zisis, Irini et d’autres personnes arrêtées étaient un groupe d’anarchistes qui avaient attaqué la police avec des cocktails Molotov, des jets de pierres, etc. La police, bien sûr, n’avait aucune preuve à l’appui de ces fausses accusations mais, en Grèce, la police ne s’occupe pas de ce genre de “détails”.

    Le manque de preuves et la campagne de solidarité massive lancée dès ces arrestations ont contraint le procureur de la République à rejeter certaines accusations criminelles. Mais nos camarades et les autres personnes arrêtées sont toujours accusées de délit grave de “résistance à l’arrestation”, de “voies de fait intentionnelles”, de “lésions corporelles infligées à des policiers” et de “violence verbale à l’égard de fonctionnaires de police”. Ces accusations sont fabriquées de toutes pièces et doivent être immédiatement abandonnées !

    Xekinima a toujours critiqué les tactiques de “guérilla urbaine”

    Les membres de Xekinima n’ont jamais participé à des affrontements violents individuels avec la police et n’ont jamais utilisé ces méthodes. Au contraire, nous les critiquons sévèrement. Dans de nombreux articles et interventions politiques, nous avons expliqué que ces méthodes sont étrangères au mouvement de masse, qu’elles n’aident pas à construire un tel mouvement, bien au contraire. Ces méthodes effraient et repoussent la classe ouvrière tout en offrant un prétexte à la police pour attaquer les manifestants et les militants. Irini et Zisisis ont défendu publiquement cette position dans leurs universités et lors de nombreuses mobilisations et mouvements auxquels ils ont participés.

    Une vague d’intimidation policière

    Au cours de ces dernières semaines, la police a déclenché une vague de répression et d’intimidation sous l’instruction du gouvernement en visant tout particulièrement les jeunes. Les incidents relatés ci-dessous ne représentent qu’une petite partie de la vague de répression qui s’est déchaînée le mois dernier :

    La police anti-émeute a envahi l’Université d’études économiques dans le centre d’Athènes, en piégeant ainsi des centaines d’étudiants pour les asphyxiant ensuite avec des gaz lacrymogènes. Un ministre a justifié cette attaque en expliquant que la police avait trouvé “des armes similaires à celles utilisées pendant la guerre de Syrie” cachées dans les sous-sols des universités ! Il a été révélé plus tard que la police n’avait trouvé que quelques bouteilles de vodka, des drapeaux anarchistes et des casques de motards. Des étudiants ont malgré tout été arrêtés arbitrairement, le domicile de l’un d’eux a même subi une perquisition de la part de la police anti-émeute. Un certain nombre de ces jeunes sont aujourd’hui traduits en justice pour de fausses accusations ;

    • Les forces spéciales de police ont fait une descente dans les cinémas pour y retirer des salles les jeunes de 16 ans qui regardaient le film “Joker”, dont la projection est interdite aux moins de 18 ans. La dernière fois que la police a fait une telle descente dans les cinémas, c’était à l’époque de la junte militaire, dans les années 1970.
    • La police a pris d’assaut une boîte de nuit, forçant 300 personnes à se mettre à genoux et leur ordonnant de garder les mains en l’air pendant plus d’une heure ! Il s’agissait soi-disant d’une opération anti-drogue, mais ils n’ont trouvé que quelques grammes de drogue sur six personnes. Pendant l’opération, une jeune femme a protesté en disant “nous avons des droits, nous vivons dans une démocratie”. La police a répondu “vous vous trompez” !
    • Un habitant d’Exarchia a été attaqué par la police, dépouillé de ses vêtements, battu et arrêté. Pendant le passage à tabac, la police lui criait : “En Grèce, il y a une junte” et que “dans ce quartier, nous sommes aux commandes”.
    • Un étudiant qui filmait la police anti-émeute attaquant un groupe de personnes à Exarchia est lui-même devenu la cible de la police anti-émeute qui l’a battu et a brisé sa caméra de même que 4 de ses doigts avant de l’arrêter.

    Parallèlement, des membres d’organisation de gauche ont été arrêtés et ont reçu des amendes pouvant aller jusqu’à 50.000 euros pour tractage !

    Cette vague d’attaques est une réponse aux mouvements de jeunesse de Hong Kong, du Chili, de Catalogne, du Moyen-Orient et d’autres parties du monde. Ces soulèvements font trembler de peur la bourgeoisie grecque. Ils espèrent terroriser la jeunesse pour prévenir le développement d’un mouvement radical en Grèce dans un proche avenir. Ils savent très bien que la jeunesse et la classe ouvrière disposent de traditions très militantes en Grèce. Même si elles souffrent encore des défaites des années passées, elles pourraient se remettre en action. Presque tous les gouvernements dirigés par la Nouvelle Démocratie (droite) ont été sérieusement contestés et souvent vaincus par de tels mouvements de masse.

    Des méthodes éprouvées

    Les méthodes utilisées contre Irini, Zisisis et d’autres ne sont pas inconnues en Grèce.

    La police a retrouvé un chapeau avec un cheveu du poète aux positions anarcho-communistes Tasos Theofilou à proximité d’une scène de crime. Il s’agit de la seule “preuve” utilisée en l’accusant de diriger une organisation terroriste, de meurtre, de possession d’armes, etc. Il a été incarcéré pendant 5 ans jusqu’à ce que la Haute Cour l’acquitte de toutes les charges retenues contre lui.
    Irianna, une étudiante, a entretenu une relation amoureuse avec un homme accusé, mais non condamné, d’être membre d’une organisation terroriste. Sur base de cette relation et d’un échantillon d’ADN totalement partiel et insuffisant, elle a été condamnée à 13 ans d’incarcération. Elle a été acquittée après avoir passé une année en prison.

    Ces deux exemples ne sont pas des cas isolés d’intimidation policière. Ces pratiques accompagnent la violence extrême employée contre les manifestations, l’utilisation d’énormes quantités de gaz lacrymogènes et le recours massif aux tribunaux, qui déclarent illégale quasiment chaque grève. Des villages et des zones entières sont criminalisées pour leur lutte contre des mégaprojets miniers. Quatre cent cinquante personnes sont par exemple traînées devant les tribunaux pour avoir protesté contre l’exploitation d’une mine d’or à Chalcidique. Des plus, les forces anti-émeutes et d’autres forces entretiennent des liens avec le parti néo-nazi Aube Dorée.

    Des méthodes qui incriminent le gouvernement

    Le nouveau gouvernement de droite de Kyriakos Mitsotakis pense qu’avec ces méthodes, il est possible d’intimider les jeunes, la classe ouvrière et les pauvres pour leur imposer le silence. Ils se trompent. Les autorités ne font que créer encore plus de colère en procédant de la sorte. Cette colère finira par trouver son expression à travers la lutte de classe et l’organisation politique. Cela alimente la soif d’idées révolutionnaires pour changer le monde, se débarrasser du capitalisme barbare et le remplacer par une société socialiste basée sur le pouvoir et la démocratie des travailleurs.

    Comment participer à la campagne de solidarité ?

    Pour participer à la campagne de solidarité en faveur d’Irini Eminidou, Zisis Sourlas et d’autres personnes injustement attaquées, arrêtées et accusées de fausses accusations, vous avez deux options :

    1 : Demandez aux syndicats, aux organisations de défense des droits humains, aux organisations de gauche et à des personnalités publiques de signer le modèle de lettre de protestation ci-joint, sans oublier d’en envoyer une vous-même, aux adresses électroniques suivantes :

    ? Le ministère de la Protection des citoyens – kepik@mopocp.gov.gr
    ? Le ministère de la Justice – grammateia@justice.gov.gr
    ? Xekinima – Organisation socialiste internationaliste – contact@xekinima.org

    2 : Effectuez un don pour nous aider à couvrir les dépenses de la campagne.
    Les dons peuvent être effectués par Paypal à l’adresse http://net.xekinima.org/donate-paypal/ ou par virement sur le compte suivant :
    · ALPHABANK
    · IBAN: GR3001402980298002330000164
    · SWIFT/BIC: CRBAGRAA
    · Le nom du compte est ???????? (XEKINIMA)
    Identifier votre versement par la mention “Solidarity”.

    Nous vous invitons à envoyer le modèle de lettre de protestation ci-dessous, qui reprend les faits expliqués plus haut.

    Drop all fake charges and end police fabrications against Irini Eminidou, Zisis Sourlas and other people in Greece.

    On Sunday evening, 17th November, after the end of a 25.000 strong peaceful demonstration to celebrate the anniversary of the student uprising against the military Junta in 1973, university students, Irini Eminidou and Zisis Sourlas, were arrested by the riot police on their way to a friend’s house.

    The riot police (MAT) attacked them unjustifiably. They punched Zisis several times and threw Irini on ground, kicked her, crushed her head and her arm under their boots. More than a dozen other people who happened to be passing through Exarchia square were also unjustifiably attacked and arrested by the riot police.

    Before they were brought to the police headquarters, the people arrested were dragged into a nearby garage, where they were photographed so that the police could “recognize” them in court. At the police headquarters, Irini and Zisis were denied contact with their lawyer for many hours. Irini and other women were also denied water and a visit to the bathroom for many hours. They were stripped of their clothes to be searched in a humiliating way in a room with the door wide open. In addition, Irini was taken to hospital to have her injuries caused by the police attack treated only at the insistence of her lawyer.

    The police have fabricated a “scenario” in which Irini and Zisis were part of a group of people that attacked the riot police with petrol bombs and stones. Their initial strategy, to pin heavy felony charges on them has already collapsed as there was no evidence to support the charges, and as a result of the mass campaign in support of Irini, Zisis and all youth who were unjustly attacked and arrested. However, they are still charged with misdemeanour charges of “resisting arrest”, “intentional assault”, “causing bodily harm to police officers” and “verbal abuse towards police officers”. These charges are also completely false and fabricated and must be immediately dropped!

    Irini and Zisis are members of the left-wing organization Xekinima – Internationalist Socialist Organization. Xekinima is very well known in the Greek left, as well as to the police and its agents, for having repeatedly taken a position against the use of “city guerilla tactics”, i.e. the actions of small groups or individuals who, among other things, attack police patrols with petrol bombs and often use rallies and demonstrations as cover. Such methods are of no use to the mass movement, on the contrary they undermine it. It is absolutely clear that Irene and Zisis did not, and could not, do any of the acts that the police have pinned on them.

    We strongly protest and condemn the false and fabricated accusations of the Greek police against Irini Eminidou, Zisis Sourlas and all the people arbitrarily, unjustifiably and unjustly arrested.
    We demand the complete and immediate withdrawal of all the charges against Irini Eminidou, Zisis Sourlas and all the people arbitrarily, unjustifiably and unjustly arrested.

  • Royaume Uni. Le manifeste électoral du Labour met la barre à gauche

    Luttons contre les conservateurs et pour une alternative socialiste !

    Jeremy Corbyn a lancé cette semaine le manifeste électoral du parti travailliste à l’université de Birmingham. Dans son discours, il est revenu sur les 9 dernières années d’austérité. Commentant les promesses contenues dans ce manifeste, il a expliqué qu’elles seraient immanquablement considérées comme ‘‘impossibles’’ par les élites dirigeantes car elles refusent tout changement d’un ‘‘système truqué en leur faveur’’. Il a encore souligné qu’un tiers des milliardaires du pays ont fait des donations électorales au Parti conservateur, ce qui contraste avec le Parti travailliste qui est maintenant ‘‘de votre côté’’.

    Par Paul Callanan, Socialist Alternative (Angleterre et Pays de Galles)

    Ce manifeste est effectivement radical au regard des dix dernières années d’austérité et des trois dernières décennies de politiques néolibérales appliquées tant par les travaillistes que par les conservateurs. Ce programme représente une rupture avec l’orthodoxie selon laquelle il n’existe pas d’alternative au marché libre et sans entraves.

    Il est également vrai de dire qu’il est rempli de ‘‘politiques populaires’’. Les sondages ont démontré à maintes reprises que des mesures telles que la renationalisation des chemins de fer, de la poste et des services publics ; la fin des coupes budgétaires ; l’arrêt de la privatisation du service national de soins de santé NHS et la suppression des frais de scolarité représentent des atouts gagnants.

    La promesse de créer un million d’emplois verts se lie naturellement à la colère et à la volonté dont les jeunes ont fait preuve lors des récentes grèves pour le climat. Il est également bienvenu que le plan travailliste pour une économie zéro carbone comprenne un volet de ‘‘transition juste’’ pour que les travailleurs des secteurs du gaz et du pétrole se voient offrir d’autres emplois, afin que leurs compétences soient mises à profit.

    La mesure qui a récemment fait la une des journaux, celle de nationaliser le service Openreach de BT et de fournir gratuitement le haut débit à tous les foyers et entreprises du Royaume-Uni, est un autre indicateur de la pensée radicale exprimée dans ce manifeste.

    Toutefois, le discours de Jeremy Corbyn a également permis de mettre en lumière certaines lacunes dans l’approche du dirigeant travailliste.

    Corbyn a raison de souligner que ‘‘Johnson veut détourner le Brexit pour déchaîner un thatchérisme sous stéroïdes’’ et que les discussions commerciales avec les États-Unis ouvrent le service national de soins de santé aux entreprises américaines. Sa propre position à ce sujet s’est une fois de plus révélée confuse, car il ne précise pas quel type de Brexit il essaiera de mettre en œuvre et s’est limité à dire qu’il fallait ‘‘retirer le Brexit des mains des politiques’’.

    Corbyn a parlé d’un ‘‘blitz d’investissements’’ pour financer des projets d’infrastructure. Le manifeste réaffirme la politique de création d’une Banque nationale d’investissement pour financer ce projet et les services publics. Toutefois, comme nous Socialist Alternative l’a précédemment souligné, cela ne permettra pas d’atteindre le niveau d’investissement requis.

    La plus grande lacune du manifeste est l’absence de promesse de nationalisation des grandes banques. Cette mesure n’est pas seulement vitale pour le financement des projets du parti travailliste. Corbyn a très justement abordé l’hostilité que ce manifeste suscitera à droite et parmi les puissants, mais cette hostilité ne prendra pas seulement la forme de mots.

    Tous les outils à leur disposition seront utilisés pour empêcher la mise en œuvre de politiques radicales de lutte contre l’austérité. Les banques joueront un rôle clé à cet égard. Un gouvernement travailliste devra empêcher que son programme ne soit saboté, par exemple par des grèves d’investissement de la part des riches, ou par la fuite des capitaux détenus par ces banques. Faire face à cette menace exige de nationaliser les banques sous le contrôle démocratique des travailleurs afin d’instaure ainsi un contrôle des capitaux pour éviter que cet argent ne disparaisse.

    Il ne suffit pas non plus de dire que seuls les services d’approvisionnement des ‘‘six grands’’ groupes énergétiques seront nationalisés. Les entreprises privées conserveraient ainsi le contrôle d’une grande partie du secteur de l’énergie. Il est nécessaire de nationaliser purement et simplement ces entreprises et leurs actifs.

    Nous appelons à la nationalisation des 100 premiers monopoles qui contrôlent 80% de l’économie du pays. Laissés aux mains du secteur privé, beaucoup d’entre eux délocaliseront pour éviter toute hausse d’impôts et de salaire dans le cas où le Labour arriverait au pouvoir. Prises en charge par l’État, ces entreprises offriraient des emplois avec de bons salaires et de bonnes conditions de travail. Les richesses et ressources technologiques et autres de ces entreprises pourraient permettre de démocratiquement planifier notre économie afin de satisfaire les besoins et désirs de la société dans son ensemble.

    Dans son discours, Corbyn a affirmé qu’il ‘‘suffit de voter’’. Ce n’est pas le cas. Aux dernières élections générales, le Labour a largement dépassé les attentes en mobilisant grâce à une campagne de masse faite de meetings et de moments de tractage. Il faut reproduire cette dynamique.

    D’autre part, comme l’illustrent les grèves à l’entreprise de courrier Royal Mail, dans l’enseignement ou encore parmi le personnel d’entretien à bas salaires qui fait grève pour les 15 £, il nous faudra nous battre pour faire une réalité du programme de Corbyn. Les grèves pour le climat ont frappé les esprits cette année en Grande-Bretagne et dans le monde entier. De pareilles mobilisations de masse seront également nécessaires une fois les élections passée, que Corbyn l’emporte ou non, contre le sabotage de la classe dirigeante dans la première option, contre un gouvernement conservateur austéritaire dans l’autre.

    Nous devons nous mobiliser dès maintenant pour expulser les Conservateurs du gouvernement le 12 décembre. Le manifeste du Parti travailliste a le potentiel de susciter l’enthousiasme et d’inciter les gens à se battre dans la rue et sur leurs lieux de travail. Mais ce mouvement a besoin d’être armé d’un programme socialiste audacieux pour affronter les patrons après les élections.

  • L’inaction environnementale menace la Méditerranée orientale

    Le changement climatique a de graves conséquences pour les pays de la Méditerranée orientale. Selon les scientifiques, la température de la région augmente à un rythme beaucoup plus rapide que la moyenne mondiale et les précipitations devraient diminuer dans toute la région. Ces facteurs, combinés à l’appât du gain des élites dirigeantes, auront des effets disproportionnés sur la destruction de l’environnement dans cette région par rapport à d’autres. [1]

    Par Athina Kariati – Nouvelle Gauche Internationaliste, CIO-Chypre

    Anastasiades, le Président de la République de Chypre a proposé au dernier sommet de l’ONU de créer une initiative dans laquelle 13 pays de la région collaboreraient pour trouver un moyen de lutter contre le changement climatique [2] La grande majorité de ces pays produisent des combustibles fossiles ! Les gouvernements capitalistes et les élites dirigeantes pleurent des larmes de crocodile et continuent leurs politiques.

    L’extraction de gaz naturel et de pétrole

    La découverte de gaz naturel dans la zone économique exclusive (ZEE) de Chypre en 2011 a freiné l’appétit pour de nouveaux forages et extractions dans le sud de Chypre, mais aussi autour de la Crète, dans la mer Ionienne de Grèce et dans la région de l’Epire. Les forages se déroulent dans des zones hautement sismiques, avec un risque élevé d’accidents similaires à celui survenu au Golfe du Mexique en 2010. Les forages exploratoires ont déjà un effet dévastateur sur la vie marine et, dans le cas de l’Epire, une forêt entière est en danger. Tout accident pourrait nuire à l’agriculture, à la pêche et au tourisme, les trois secteurs économiques essentiels au maintien des moyens d’existence de ceux qui vivent autour des zones de forage prospectives.

    Cependant, les gouvernements de la région sont prêts à tout risquer pour assurer les profits des magnats de l’énergie. Ils sont même prêts à protéger ces intérêts au risque de nouveaux conflits militaires. Tout au long de la dernière décennie, l’extraction du gaz naturel a exacerbé les tensions entre les gouvernements capitalistes de la région, aggravées par l’ingérence impérialiste mondiale. Un conflit vient particulièrement de dangereusement dégénérer, celui entre d’une part l’alliance dite du “triangle énergétique” entre la Grèce, Chypre et Israël en collaboration avec les géants impérialistes occidentaux de l’énergie et, d’autre part, les aspirations capitalistes turques.

    Début octobre, Erdogan y a envoyé deux navires de forage turcs, Yavuz et Fatih, sous escorte permanente de frégates, de sous-marins, de bateaux d’assaut, de navires de guerre, de drones sans pilote et de patrouilles navales, alors que les sociétés française et italienne Total et Eni avaient déjà obtenu des licences d’exploration dans la ZEE chypriote [3]. Il ne s’agit là que d’une violation de plus dans une série de cas survenus dans la zone couverte par la ZEE chypriote alors que la présence militaire des États-Unis, de la France et de la Russie autour de Chypre est croissante. Les navires turcs ont ainsi notamment été survolés par des drones israéliens.

    Le conflit national se poursuit dans la région

    Le siège continu de Gaza par le régime israélien a détruit toutes ses infrastructures. Les scientifiques estiment que d’ici 2020, 0% des eaux souterraines de Gaza seront propres à l’usage humain, tandis que 70 % des eaux usées non traitées de Gaza iront directement à la mer. Dans le même temps, l’irrigation excessive des eaux de Cisjordanie par le régime israélien dans les territoires occupés a conduit à l’épuisement des nappes phréatiques, ce qui augmente le risque de désertification de zones entières. [4]

    Au Liban, après la crise des déchets de 2015 qui a déclenché un mouvement de protestation, le gouvernement libanais, qui a consacré la division sectaire, a simplement proposé comme “solution” le transfert de la gestion des déchets aux entreprises privées. Des montagnes de déchets s’élèvent le long de la côte de Beyrouth, là où se trouvait la plage. Des tonnes de ces déchets finissent dans la mer. On estime que la mer Méditerranée a la sixième plus forte concentration de déchets plastiques parmi les mers du monde. Elle contient environ 5 à 10 % du volume mondial de déchets plastiques que l’on trouve actuellement dans les océans[5]. [6]

    L’exploitation minière

    On sait que l’exploitation minière contribue à l’élévation de la température de l’atmosphère, mais elle est aussi une cause majeure de la désertification de zones entières. Cependant, les gouvernements capitalistes de la région vendent les ressources naturelles dans des conditions du “tiers monde” et sans aucun contrôle. Ainsi, El Dorado Gold à Skouries, en Grèce, détruira une forêt ancienne, et le gouvernement turc a donné son feu vert à l’exploitation minière de la société Alamos Gold dans les montagnes Kaz. Le gouvernement chypriote a délivré des permis pour l’extraction de l’or des déchets de l’ancienne mine de Skouriotissa au pied des montagnes Troodos, ce qui laissera un énorme monticule de déchets contaminés au cyanure. Des permis d’exploration ont également été octroyés pour le cuivre et l’or à l’Ouest de Chypre, ce qui détruira la forêt de Paphos. Ces nouveaux projets miniers dangereux ont suscité d’importantes protestations ces dernières années.

    N’entretenons aucune illusion ! Agissons maintenant pour stopper le changement climatique et la catastrophe environnementale en Méditerranée orientale !

    La Méditerranée orientale est baignée par le soleil pendant environ 350 jours par an, a des vents forts et beaucoup d’eau à utiliser pour la production d’énergie. C’est une région idéale pour la production d’énergie renouvelable pour remplacer l’extraction et la combustion de combustibles fossiles. Cela pourrait créer des milliers d’emplois durables et correctement rémunérés. La protection des quelques forêts qui restent est plus importante que l’or, le cuivre ou l’argent que les compagnies minières peuvent empocher. Mais les élites capitalistes de la région et leur système aveugle basé sur le profit s’opposent à une telle solution.

    Nous devons nous battre, non pas pour que les politiciens nous écoutent, mais pour construire un mouvement suffisamment large et fort dans la région et dans le monde, qui puisse arracher à ces magnats le contrôle même des ressources naturelles, de l’énergie et de l’économie, dans le cadre de la lutte pour une économie socialiste reposant sur la logique de la planification démocratique et environnementale. Il n’y a pas d’autre moyen de mettre en œuvre toutes les réformes nécessaires, non seulement dans les secteurs de l’énergie et de l’industrie, mais aussi pour mettre un terme aux inégalités et aux conflits extrêmes dans notre région.

    1. http://emme-care.cyi.ac.cy/wp-content/uploads/CIMME-REPORT.pdf
    2. https://in-cyprus.com/cyprus-initiative-on-climate-change-aims-to-develop-a-forum-of-dialogue-minister-kadis-says/
    3. https://knews.kathimerini.com.cy/en/news/turkish-ships-disturb-cypriot-waters
    4. https://www.haaretz.com/israel-news/.premium-environmental-state-of-gaza-poses-threat-to-israel-s-national-security-report-warns-1.7328966
    https://link.springer.com/chapter/10.1007/978-1-4615-1327-8_35
    5. https://www.reuters.com/article/us-lebanon-garbage/no-end-to-crisis-in-sight-as-lebanons-garbage-mountains-grow-idUSKBN1FO0F1
    6. https://iopscience.iop.org/article/10.1088/1748-9326/10/12/124006/meta

  • La Catalogne se soulève suite à la lourde condamnation des prisonniers politiques

    Action de solidarité à Bruxelles.

    Le lundi 14 octobre, le Tribunal Suprême a annoncé la condamnation de représentants politiques, des acteurs institutionnels du référendum catalan organisé le 1er octobre 2017. Les peines vont jusqu’à 13 ans de prison pour certains ! Dès l’annonce des condamnations, un mouvement de masse spontané s’est rapidement développé. La première semaine de mobilisation a débuté par l’occupation de l’aéroport de Barcelone avec plus de 10.000 personnes directement inspirées du mouvement à Hong Kong. Il a culminé le vendredi 18 octobre par une grève générale qui a paralysé la Catalogne. Le mouvement renoue avec la lutte de masse qui avait pris son envol autour du référendum pour l’autodétermination du 1er octobre 2017 et la grève générale qui avait suivi le 3 octobre.

    Par Carlos (Bruxelles), article tiré de l’édition de novembre de Lutte Socialiste

    Les manifestations en faveur de l’auto-détermination et de l’amnistie pour les condamnés sont massives et font face à un déploiement impressionnant des forces policières nationales et régionales catalanes. Ces dernières chargent les participants et recourent à des dispositifs interdits comme le tir de balles en caoutchouc.

    Ces affrontements ont fait de nombreux blessés et plusieurs personnes ont partiellement perdu la vue. À Madrid, la police s’est révélé tout aussi brutale envers les manifestations de solidarité avec le peuple catalan. Des groupes d’extrême droite violents ont, quant à eux, profité de la situation pour sortir dans les rues et venir provoquer le mouvement.

    Les réactions des partis de gauche laissent à désirer. Pablo Iglesias (Podemos) appelle à ‘‘l’équidistance’’ et à la ‘‘réconciliation’’. Il refuse de prendre position contre l’appareil d’État répressif, politiquement dirigé par le PSOE social-démocrate de Pedro Sanchez, pour qui les condamnations doivent être ‘‘intégralement exécutées’’. De leur côté, les forces de droite déclarent avec une attitude incendiaire que la sentence n’est pas assez dure. Toutes ces réactions ont évidemment des relents électoralistes puisque des élections générales doivent se tenir le 10 novembre dans tout l’Etat espagnol.

    La classe ouvrière a un rôle fondamental à jouer pour la suite du mouvement. Elle doit intégrer des revendications sociales pour faire face à l’urgence sociale présentes derrière la lutte pour l’autodétermination. La grève générale du 18 octobre appelée par les syndicats indépendantistes ou alternatifs fut un grand succès, tout particulièrement en considérant le refus de soutenir la grève des directions syndicales des grandes fédérations syndicales CCOO et UGT. Les commerces, les services publics, la santé et l’enseignement ont été tout comme une partie de l’industrie. Certaines couches de travailleurs sont donc déjà engagées dans la bataille : 9.800 travailleurs de Seat ont ainsi fait grève et le syndicat portuaire de Barcelone a annoncé un arrêt de travail de 12 heures contre la violation des droits démocratiques.

    La société catalane est déjà entrée en action et dépasse de loin ce que veulent les partis nationalistes catalans concernant les libertés démocratiques et la remise en question du ‘‘régime de 78’’ qui a fait suite au franquisme. Ces partis imposent des mesures d’austérité et attaquent la classe ouvrière. Le mouvement doit mener à bien une campagne audacieuse pour développer la lutte à partir de la grève générale et atteindre la meilleure participation possible des travailleurs organisés de la CCOO et de l’UGT et ce, par-dessus la tête de leurs dirigeants si nécessaire.

    Une structuration démocratique du mouvement est nécessaire, via la construction de comités dans les quartiers, les universités et les lieux de travail, organisés de façon radicalement démocratique et basés sur des revendications tournées vers la classe ouvrière. Ce n’est qu’ainsi que le mouvement pourra progresser vers la construction d’un rapport de forces efficace et développer la solidarité des travailleurs dans tout l’État espagnol.

    Socialismo Revolutionario, notre section-sœur, lutte contre le capitalisme et le régime hérité du franquisme. Elle est en faveur des droits démocratiques pleins et entiers, du droit à l’autodétermination et de l’instauration d’une république socialiste catalane, ainsi que d’une confédération sur base libre et volontaire des peuples de l’État espagnol et de la péninsule ibérique, dans le cadre d’une confédération socialiste d’Europe!

     

  • 1989. Le Mur de Berlin s’effondre alors que le pouvoir est dans les rues

    Le mur de Berlin fut abattu le 9 novembre 1989. Ingmar Meinecke, membre du SAV (section allemande du Comité pour une Internationale Ouvrière majoritaire), a participé à ces événements à son adolescence.

    “Chers amis, chers concitoyens, c’est comme si l’on avait ouvert les fenêtres après toutes ces années de stagnation, de stagnation spirituelle, économique, politique, d’ennui et d’air vicié, d’excès de langage et d’arbitraire bureaucratique, d’aveuglement et de surdité officiels. Quel changement !”

    C’est par ces mots que l’écrivain socialiste Stefan Heym a commencé son discours le 4 novembre 1989 devant plus d’un demi-million de personnes sur l’Alexanderplatz à Berlin-Est. Un an seulement s’est écoulé entre les manifestations de masse dans l’ex-Allemagne de l’Est (RDA) au début du mois d’octobre 1989 et l’unification de la RDA avec la République fédérale d’Allemagne le 3 octobre 1990. En peu de temps, le gouvernement de la RDA fut renversé, le mur de Berlin érigé en 1961 par les dirigeants staliniens de la RDA et qui avait depuis servi de barrière entre les deux systèmes fut ouvert et la monnaie ouest-allemande de l’époque, le Deutsche Mark, fut introduite à l’Est.

    Au début, il semblait que toute la population de la RDA manifestait avec passion, dans le but de créer une nouvelle société basée sur un véritable socialisme. Pourtant, quelques mois plus tard, le nouveau gouvernement dirigé par la CDU conservatrice s’est engagé sur la voie de la restauration capitaliste et la RDA a disparu de la carte. Comment était-il possible que le train de la révolution ait été dévié de ses rails en direction de la restauration capitaliste ?

    Un mécontentement croissant

    Après la défaite de l’Allemagne lors de la Seconde Guerre mondiale et la division du pays par les puissances occupantes, un nouveau régime s’est constitué à l’Est en 1949. Bien que la RDA ait rejeté la forme capitaliste de l’économie, l’Etat lui-même était modelé sur la dictature bureaucratique stalinienne en URSS. L’Etat qualifiait la société de socialiste, mais elle était loin d’être une démocratie socialiste et était dirigée par un groupe de bureaucrates d’élite. Leur nature réelle fut démontrée par la répression brutale de l’héroïque soulèvement ouvrier de 1953. Mais même après 1953, la société n’a jamais été complètement calme en RDA. Pourtant, l’élite dirigeante a fait tout ce qu’elle a pu pour garder contrôle de la situation.

    Au milieu des années 80, des grèves de masse avaient eu lieu en Pologne, dirigées par le syndicat Solidarno??. En URSS, la nouvelle rhétorique de la Perestroïka et de la Glasnost commençait à apparaître et ces nouvelles tombèrent sur un terrain fertile en RDA. La direction “communiste” de la RDA a tenté d’y mettre un terme : lorsque le magazine soviétique “Spoutnik” a critiqué l’approbation du pacte Hitler-Staline par le parti communiste allemand d’avant-guerre, il a été interdit en RDA sans plus attendre.

    Mais trois événements de l’année 1989 ont alimenté le mécontentement croissant. En mai, le parti au pouvoir en RDA, le “Parti de l’unité socialiste” (SED), a affirmé à une population incrédule que 98,5% de cette dernière l’avait soutenu lors des élections locales. Puis, en juin, les dirigeants du parti ont justifié la répression brutale des travailleurs et des étudiants place Tiananmen en Chine. Enfin, tout comme c’était également le cas en Tchécoslovaquie et en Hongrie, une vague grandissante de personnes fuyaient la RDA. A la fin du mois de septembre, 25.000 personnes avaient déjà quitté le pays.

    Cette vague de réfugiés a lancé une discussion : pourquoi tant de personnes partent-elles ? Quel genre de pays les gens fuient-ils en laissant leurs biens, leurs amis et leur famille derrière eux ? La réaction officielle de “ne pas verser une larme pour ces gens” en a dégoûté plus d’un.

    L’opposition se forme

    Le lundi 4 septembre, 1200 personnes se sont rassemblées devant l’église Nikolaï de Leipzig après la “prière hebdomadaire pour la paix” pour une manifestation. Leurs slogans l’étaient : “Nous voulons sortir” et “Nous voulons un nouveau gouvernement”. Les forces de sécurité sont intervenues. Cela a été répété le lundi suivant. Le 25 septembre, il y avait déjà 8000 personnes et leur slogan “Nous voulons sortir” avait été remplacé par “Nous restons ici” !

    En septembre, les premiers groupes d’opposition se sont constitués. Le Nouveau Forum a lancé un appel, que 4500 personnes ont signé au cours de la première quinzaine de jours, avec la demande d’un dialogue démocratique dans la société. A la mi-novembre, 200.000 signatures avaient été recueillies. Mais le chef du parti Erich Honecker et la direction du SED ne voulaient pas d’un dialogue. Les demandes du Nouveau Forum ont été rejetées. Ce qui a rendu le groupe encore plus populaire.

    Les masses sortent en rue

    Lorsque des trains scellés de réfugiés de Prague ont traversé Dresde en direction de l’Ouest en octobre, de sérieux affrontements ont éclaté entre les manifestants et la police à la gare. Le soir du 7 octobre, jour du 40e anniversaire de la RDA, plusieurs centaines de jeunes se sont rassemblés sur l’Alexanderplatz de Berlin, avant de se diriger vers le Palais de la République, où Honecker and Co. célébrait les 40 ans. Deux à trois mille personnes ont chanté “Gorbi, Gorbi !” (en référence à Gorbatchev) et “Nous sommes le peuple” ! A minuit, des unités spéciales de la police populaire et de la sûreté de l’Etat ont commencé à attaquer, arrêtant plus de 500 personnes.

    Cela a fait monter la température. Deux jours plus tard, le lundi 9 octobre, tous les regards étaient tournés vers Leipzig. La RDA connaîtrait-elle sa propre “place Tiananmen” ? Trois jours plus tôt, une menace était apparue dans le Leipziger Volkszeitung : “Nous sommes prêts et désireux (…) d’arrêter ces actions contre-révolutionnaires enfin et efficacement. Si nécessaire, avec des armes.”

    Mais des fissures apparaissaient dans le pouvoir d’Etat. Trois secrétaires de la direction du district du SED de Leipzig ont participé à un appel à la désescalade diffusé l’après-midi à la radio municipale. C’est ainsi que Leipzig a connu sa plus grande manifestation à ce jour avec 70.000 personnes. L’appel “Nous sommes le peuple” retentit avec force. L’Internationale a également été chantée. Le même soir, 7000 personnes ont manifesté à Berlin et 60.000 autres dans d’autres parties du pays.

    Il n’y avait plus moyen d’arrêter la contestation. Les manifestations se sont poursuivies tout au long de la semaine : 20.000 à Halle et autant à Plauen, 10.000 à Magdebourg, 4000 à Berlin. Le lundi suivant, un nouveau record a été battu : 120.000 rien qu’à Leipzig ! Même les journaux officiels de la RDA ont commencé à parler objectivement des manifestants qui, une semaine auparavant, étaient encore qualifié d’”émeutiers, de hooligans et de contre-révolutionnaires”. Le même jour, les employés de l’entreprise “Teltower Geräte und Reglerwerk” ont démissionné de la FDGB, la fédération syndicale officielle de l’Etat, et ont annoncé la création du syndicat indépendant “Reform”, appelant les autres à suivre leur exemple. Ils ont exigé “le droit de grève, le droit de manifester, la liberté de la presse, la fin des restrictions aux déplacements et les privilèges officiels”.

    Erich Honecker a démissionné de son poste de secrétaire général du SED le 18 octobre et Egon Krenz lui a succédé. Mais cela n’a rien fait pour calmer les masses, elles sont descendues dans la rue en nombre de plus en plus important. Krenz a été accueilli avec suspicion par les masses. Lors de la manifestation du lundi 23 octobre à Leipzig, à laquelle ont participé 250.000 personnes, les slogans étaient “Egon, qui nous a demandé notre avis ?”, “Des élections libres”, « Des visas pour Hawaï ! » Mais il ne s’agissait plus seulement de manifestations. Dans la caserne de la police anti-émeute de Magdebourg, les appelés ont élu un conseil de soldats. Les élèves ont pris des mesures pour annuler les sanctions disciplinaires sur le comportement et ont aboli les cours du samedi.

    La percée

    Les manifestations à Leipzig n’ont cessé de croître – 20.000 le 2 octobre, 70.000 le 9 octobre, 120.000 le 16 octobre, 250.000 le 23 octobre, 300.000 le 30 octobre et finalement 400.000 le 6 novembre. Il y a eu aussi une manifestation de plus de 500.000 personnes (certains disent jusqu’à un million) à Berlin-Est le 4 novembre. Fin octobre, les protestations ont balayé tout le pays : au Nord comme au Sud, grandes et petites villes, avec des travailleurs et des intellectuels. Parmi les principales revendications figuraient la gratuité des déplacements, une enquête sur les violences étatiques des 7 et 8 octobre, la protection de l’environnement ainsi que la fin des privilèges et du monopole du pouvoir du SED. Le gouvernement a finalement démissionné le 7 novembre. Le 8 novembre, l’ensemble du Politburo a suivi.

    Dans la soirée du 9 novembre, Günter Schabowski, membre du Politburo, s’est adressé à la presse. Peu avant la fin de son discours, à 19h07 précises, il a annoncé que la RDA avait ouvert les frontières. L’excitation s’est répandue. Il a expliqué qu’à partir de huit heures le lendemain, tout le monde pouvait obtenir un visa. Les gens, cependant, n’ont pas attendu pour obtenir des visas, mais ont commencé à assiéger les postes-frontières vers Berlin-Ouest. Les gardes-frontières ont été surpris. À minuit, des commandants ont pris la décision individuelle d’ouvrir les points de passage sous la pression des masses. Le Mur est tombé. Au cours des semaines qui ont suivi, tout le pays a voyagé vers l’ouest.

    La ” lutte acharnée ” et l’hésitation de l’opposition

    Une lutte acharnée a alors éclaté entre les masses dans les rues, les groupes d’opposition et la bureaucratie d’Etat. La question que personne n’osait vraiment dire à haute voix, mais qui planait au-dessus de tout, était « qui a le pouvoir ? » L’appareil d’État et de parti perdait de plus en plus d’influence, mais les groupes d’opposition ne prenaient pas les rênes du pouvoir. Au début, les masses s’attendaient à ce que les chefs des groupes d’opposition, souvent des figures accidentelles, ainsi que certains réformateurs du SED, comme le nouveau chef du gouvernement Hans Modrow, et des artistes et intellectuels de renom le fassent.

    Lorsque l’ampleur de la corruption a été révélée début décembre, les travailleurs étaient plus déterminés que jamais à se débarrasser de l’ensemble de l’ancien establishment. Ils venaient de voir comment, en Tchécoslovaquie, une grève générale de deux heures avait rapidement amené le Parti communiste à la raison. Le 6 décembre, le Nouveau Forum de Karl-Marx-Stadt a également exigé une grève générale d’une journée à l’échelle nationale. Cet appel a été immédiatement condamné à l’unisson par le FDGB, les partis de l’opposition officielle et Bärbel Bohley, l’un des dirigeants nationaux du Nouveau Forum. Ils avaient tous peur que la situation ne dégénère. L’appel a été retiré. Néanmoins, une grève d’avertissement politique de deux heures des travailleurs de plusieurs entreprises de Plauen a eu lieu le 6 décembre, accompagnée d’actions de grève indépendantes dans d’autres lieux.

    Le gouvernement Modrow essayait maintenant d’impliquer l’opposition afin de stabiliser la situation. Le 22 novembre, le Politburo du SED s’est prononcé en faveur de l’organisation d’une “table ronde” avec l’opposition. Il s’est réuni pour la première fois le 7 décembre et a publié une déclaration dans laquelle il a déclaré : « Bien que la Table Ronde n’exerce aucune fonction parlementaire ou gouvernementale, elle a l’intention d’adresser au public des propositions pour surmonter la crise. (….) Elle se considère comme une composante du contrôle public dans notre pays. »

    Mais le contrôle, c’est encore autre chose que le fait de gouverner. Surpris par le rythme de l’évolution de la situation, les groupes d’opposition ont voulu poursuivre le dialogue avec le SED et les autorités de l’Etat au lieu de prendre le pouvoir eux-mêmes. Rolf Henrich, co-fondateur du Nouveau Forum, a déclaré dans une interview au journal “Der Morgen” du 28 octobre que le mouvement pouvait se passer de programme. Au lieu de cela, il préconisait un dialogue thématique qui ne se déroulerait plus uniquement dans la rue.

    Cette tiédeur et cette indécision de l’opposition découlaient de son incapacité à répondre à deux questions fondamentales. Premièrement : comment l’ancien gouvernement et la bureaucratie pourraient-ils vraiment être chassés du pouvoir ? Deuxièmement : à quoi devrait ressembler la nouvelle société, en particulier son système économique, et quel serait le rôle de l’autre partie de l’Allemagne, l’Allemagne de l’Ouest capitaliste ? Ces questions figuraient désormais en permanence à l’ordre du jour et n’étaient pas toujours clairement définies, mais entremêlées.

    Jusqu’en novembre, la révolution de la RDA était clairement pro-socialiste. C’est ce qui ressort des communiqués de presque tous les groupes d’opposition, des banderoles, des chants et des discours prononcés lors des manifestations. L’écrivaine Christa Wolf a déclaré le 4 novembre : “Imaginez une société socialiste où personne ne s’enfuit” et a reçu un énorme applaudissement pour cela. “Pouvoir illimité aux conseils” pouvait-on lire sur une banderole. Mais comment parviendrait-on à ce “meilleur socialisme” ou à ce règne des conseils ? Il n’y a pas eu de réponses. Le pouvoir était dans les rues. Mais l’opposition de l’automne 1989 l’y a laissé jusqu’à ce qu’il soit finalement repris par le premier ministre ouest-allemand Helmut Kohl, ce qui a ouvert la voie à la réunification capitaliste.

    La situation économique s’est révélée décisive. A partir de décembre, les rapports sur l’état de faiblesse de l’économie de la RDA ont commencé à s’accumuler. Dès lors, des chiffres et des faits secrets sur la faible productivité et l’endettement du pays ont été connus. Les visites à l’Ouest sensibilisaient les travailleurs de la RDA à l’amélioration du niveau de vie dans cette région. Les divisions sociales en Allemagne de l’Ouest sont passées au second plan. Après l’expérience de la RDA, l’atmosphère s’est tournée contre l’idée d’une nouvelle “expérience”. La confiance en soi de la classe ouvrière a été gravement affaiblie par le mauvais état des entreprises publiques. A cela s’ajoutait le manque de direction tel que décrit ci-dessus.

    A partir de décembre, le gouvernement fédéral et la classe capitaliste en Allemagne de l’Ouest ont pris un virage. Jusque-là, ils avaient été prudents pour ne pas aller trop brusquement dans le sens de la réunification. La transition lente de la RDA vers le capitalisme leur avait paru moins dangereuse. Mais ils se sont peu à peu rendu compte qu’une RDA aux frontières ouvertes pouvait déstabiliser la République fédérale. En même temps, ils ont reconnu la faiblesse de la bureaucratie du SED et de l’opposition en RDA et ont saisi l’occasion d’occuper ce vide en intégrant toute la RDA à la République fédérale et en ouvrant ainsi un nouveau marché.

    La majorité des travailleurs de la RDA ne voulait plus d’expériences en 1990. Mais ils ont ensuite été exposés à l’expérience de la contre-révolution capitaliste et à l’écrasement d’une économie d’Etat qui a conduit à des millions de chômeurs à une suite de fermetures d’usines, de privatisations et de dévaluations de la monnaie. Cette situation est devenue quasi permanente, l’Est est encore aujourd’hui désavantagé à bien des égards par rapport à l’Ouest.

    Une occasion manquée

    Jusqu’en novembre 1989 et même après, de nombreux éléments de la révolution politique que le révolutionnaire russe Léon Trotsky considérait nécessaire contre le stalinisme, cette distorsion bureaucratique du socialisme, se sont manifestés au cours de ces événements. Mais en fin de compte, c’est un autre résultat que Trotsky avait considéré comme une possibilité qui est arrivé : la restauration capitaliste. Le facteur décisif était qu’aucune force d’opposition n’avait développé des racines solides parmi les travailleurs pour indiquer la voie à suivre vers une société viable, concrète et véritablement socialiste.

    Stefan Heym a résumé cette occasion manquée quelques années plus tard : “N’oubliez pas, il n’y avait aucun groupe, aucun groupe organisé qui voulait prendre le pouvoir. (…) Il n’y avait que des individus qui s’étaient réunis et avaient formé un forum ou un groupe ou quelque chose comme ça, mais rien dont on ait besoin pour faire une révolution. Cela n’existait pas. Tout a donc implosé et il n’y avait personne d’autre que l’Occident pour prendre le pouvoir. (…) Imaginez que nous ayons eu le temps et l’occasion de développer un nouveau socialisme en RDA, un socialisme à visage humain, un socialisme démocratique. Cela aurait pu être un exemple pour l’Allemagne de l’Ouest et les choses auraient pu être différentes.”

  • Catalogne: la grève générale du 18 octobre a illustré l’énorme potentiel du mouvement

    Une nouvelle génération radicalisée entre en lutte pour la première fois avec le mouvement de masse, issu de la base, contre les peines de prison prononcées à l’encontre de politiciens indépendantistes catalans. Cependant, pour le moment, il manque au mouvement les structures démocratiques et le programme politique nécessaires à la construction d’une force luttant pour une république catalane indépendante et socialiste. Le potentiel pour cela est néanmoins très important.

    Vlad B, Socialismo Revolucionario (CIO dans l’État Espagnol), Barcelone

    Une semaine de manifestations de masse à Barcelone et dans d’autres grandes villes catalanes a été couronnée par une grève générale, le vendredi 18 octobre, qui a rassemblé plus d’un demi-million de personnes lors d’un rassemblement dans le centre de Barcelone. Parmi eux, des dizaines de milliers de personnes qui, ces derniers jours, avaient marché des quatre coins de la Catalogne pour converger sur Barcelone. La grève et le rassemblement ont été remarquablement pacifiques, contrastant avec les émeutes qui ont eu lieu plus tard dans la nuit et certaines nuits précédentes. Selon la police, environ 4.500 personnes ont pris part aux émeutes, soit moins de 1% des participants au rassemblement! Cependant, les émeutes ont été massivement surreprésentées dans les principaux médias espagnols, dans le but habituel de saper la légitimité du mouvement de protestation et son soutien populaire. Néanmoins, bien que la colère qui alimente les émeutes soit compréhensible compte tenu de l’absence de direction politique au mouvement, le renforcement de la grève générale permettrait de canaliser cette colère dans un moyen de lutte beaucoup plus efficace.

    La grève a été déclenchée par des syndicats indépendants, tels que la CSC-Intersindical, l’Intersindical Alternativa de Catalunya (IAC) et la CGT, avec des taux de participation significatifs dans divers secteurs: 60-80% dans le commerce, 43% dans l’enseignement public, 26,3% dans la santé, 30% parmi les fonctionnaires, 36% des travailleurs des métros et 90% des étudiants. Fait important, contrairement à la grève du 3 octobre 2017 lors du référendum, les travailleurs de l’usine SEAT, la plus grande de Catalogne, ont également déposé leurs outils de travail.

    L’ampleur de cette grève est d’autant plus impressionnante que les dirigeants des principales fédérations syndicales telles que la CCOO et l’UGT ne sont pas impliquées. En effet, au lieu de soutenir cette grève, la CCOO et l’UGT ont honteusement négocié une “déclaration” avec les fédérations patronales catalanes, appelant à un “dialogue politique”. Cela reflète la capitulation des dirigeants officiels de gauche et du mouvement des travailleurs face à la question catalane. Leurs appels abstraits au «dialogue» et aux «solutions politiques» sont vains face à la répression d’un État espagnol qui a infligé des peines de prison plus longues aux élus indépendantiste qu’aux auteurs de la tentative de coup d’État militaire de 1981! C’est un État qui justifie ces lourdes peines par «l’opposition matérielle» des dirigeants indépendantistes aux institutions de maintien de l’ordre, ce qui ouvre une voie dangereuse à la criminalisation de toute future mobilisation de masse, notamment des grèves ou des occupations. C’est un État qui tire des balles en caoutchouc sur ses propres citoyens et où les membres des forces de police fraternisent ouvertement avec des voyous fascistes.

    Plus fondamentalement, c’est un État qui renferme toujours au sommet une faction ultra-nationaliste et franquiste qui n’accepterait jamais une voie «institutionnelle» vers l’indépendance catalane. Ils collaborent maintenant temporairement avec le gouvernement intérimaire du PSOE, qui préconise d’encadrer les prochaines élections législatives du 10 novembre autour d’un faux sentiment d’unité nationale face à la menace séparatiste. C’est un moyen utile pour le PSOE et le reste de la caste politique de détourner l’attention des problèmes socio-économiques persistants qui touchent la majorité des travailleurs et des jeunes, y compris la baisse de la croissance économique déjà faible, de 0,6% en juin à 0,4% en septembre 2019. Ces partis tentent maintenant de se présenter comme les défenseurs de «l’unité espagnole» et de la Constitution. La classe dirigeante espagnole est en fait divisée et n’a aucune vision cohérente de la gestion de l’économie du pays. Un potentiel gouvernement d’union nationale entre le PSOE et le PP aura des fondations très instables, notamment dans la perspective d’une nouvelle crise économique.

    Les tactiques nationalistes actuellement employées par les différentes sections de l’establishment risquent de se retourner contre elles. En effet, sur les lieux de travail, dans les écoles et dans la rue, les événements commencent à se dérouler selon un clivage gauche-droite qui dépasse la Catalogne: avec d’une part, des manifestations de solidarité de masse dans d’autres grandes villes de l’État espagnol, notamment à Madrid, Bilbao, Saint-Sébastien, Valence et Saragosse, où dominent les drapeaux républicains et antifascistes; d’autre part, la répression policière, les assauts fascistes et les politiciens de droite appelant à l’activation de l’article 155 de la Constitution qui suspendrait l’autonomie de la Catalogne. L’échec des dirigeants politiques de gauche est encore plus cuisant dans ce contexte de polarisation croissante. Ils adoptent une fausse neutralité au lieu de se tenir résolument du côté du mouvement de masse.

    Les manifestants dans les rues de Barcelone sont conscients du caractère répressif et réactionnaire de l’État espagnol ainsi que de la faillite de la direction de gauche. C’est particulièrement le cas avec les nouvelles couches de jeunes qui entrent en lutte. Bien qu’ils soient relativement ou même complètement nouveaux dans l’activisme politique, ils ne se font pas d’illusions dans un chemin «légal» vers l’indépendance. Ils ne se font pas non plus d’illusions sur les représentants politiques de la génération des «Indignés», tels que Pablo Iglesias et Ada Colau, qui ont fait leur entrée dans la politique traditionnelle et sont devenus partie prenante du même établishment auquel ils étaient censés s’opposer. Lors d’une manifestation à Barcelone, la réception hostile des manifestants envers Gabriel Rufian, dirigeant autrefois populaire d’Esquerra Republicana de Catalunya (ERC, parti indépendantiste de type social-démocrate) illustre le sentiment présent. Au cours des deux dernières années, son parti a adopté une vision pessimiste sur la question de l’indépendance, qu’il considère désormais comme un objectif à long terme.

    Malgré son image de gauche, l’ERC fait partie de la coalition gouvernementale depuis 2018 qui, avec les libéraux de centre droit de Junts per Catalunya (JxCAT), applique l’austérité dans toute la Catalogne. La volonté d’indépendance d’une grande partie des jeunes en colère qui participent aux manifestations de masse est largement alimentée par les problèmes sociaux et économiques auxquels ils sont confrontés avec leurs familles, plutôt que par un sentiment nationaliste catalan uniquement. Comme l’a expliqué un jeune de 18 ans de Gironne à un journaliste de Público, la démocratie espagnole «est une blague et non un pays économiquement sûr. Je suis devenu indépendantiste grâce aux institutions espagnoles et non pas aux catalanes ». En effet, les syndicats indépendantistes qui ont appelé à la grève du vendredi, principalement CSC-Intersindical et IAC, ont déclaré que leur principale motivation était liée à la revendication d’un salaire minimum plus élevé et à des mesures visant à promouvoir l’égalité sur le lieu de travail.

    Tout cela montre que les travailleurs et les jeunes sont de plus en plus conscients du fait que les dirigeants officiels du camp indépendantiste sont non seulement incapables de mener à bien la lutte pour l’indépendance, mais également que le type de république indépendante qu’ils envisagent est au service des élites et non des gens ordinaires. L’indépendance de la Catalogne mérite de lutter en sa faveur, bien sûr, sur la base du droit fondamental à l’autodétermination, mais surtout parce qu’elle offrirait l’occasion historique de construire un type de société différente, où les secteurs clés de l’économie sont sous propriété publique et sous contrôle démocratique de la collectivité afin de répondre aux besoins de la société.

    Cependant, pour le moment, aucune organisation de masse ne défend cela vu la faillite déjà mentionnée de la direction officielle de la gauche. Il existe un vide politique évident dans le mouvement de protestation actuel, comme en témoigne le rassemblement de masse de vendredi, où les quelques groupes de gauche n’avaient aucun matériel indiquant la voie à suivre. Mais il y a un énorme appétit pour cela, surtout parmi les jeunes participants. Le mouvement manque actuellement d’un programme politique et d’une stratégie, ainsi que de structures démocratiques pour permettre le développement de ce programme et de cette stratégie. Mais les couches les plus conscientes du mouvement sont clairement assoiffées de contenu politique et de direction.

    La Candidatura de Unidad Popular (CUP) doit jouer un rôle plus décisif à cet égard. Elle pourrait utiliser ses représentants élus et une base conséquente pour intervenir avec audace et œuvrer à la mise en place de comités démocratiques qui structureraient et coordonneraient le mouvement autour d’une stratégie et d’un programme radical pour l’indépendance. Socialismo Revolucionario est pleinement disposé à travailler avec tous les groupes intéressés par une telle approche, qui vise à construire un mouvement démocratique et militant luttant pour une république catalane indépendante et socialiste.

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