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Category: Europe
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Coronavirus. Oui, faire des millions de tests, c’est possible !

Contribution externe de Florian Licht, étudiant de troisième cycle en biologie. Une version plus longue de cet article a été publiée pour la première fois le 24 mars sur sozialismus.info (site de la section allemande d’Alternative Socialiste Internationale).Des pays comme la Corée du Sud et Singapour ont donné l’exemple en luttant avec succès contre le Covid-19 grâce à une stratégie de dépistage de masse. Les virologistes et les épidémiologistes plaident depuis longtemps en faveur d’une augmentation considérable des tests, et l’OMS a réitéré ce message en publiant un document stratégique recommandant clairement à tous les pays d’augmenter les tests. Avec un total de 100.000 tests effectués dans 47 laboratoires à travers le pays (16 – 20 mars), l’Allemagne effectue plus de tests que beaucoup d’autres pays. Néanmoins, ce n’est pas suffisant ; la Corée du Sud a effectué trois fois plus de tests par million de personnes que l’Allemagne (voir graphique ci-dessous).

Pour protéger les travailleurs de la santé et les autres travailleurs fortement exposés au virus, ainsi que les personnes vulnérables et les personnes souffrant de pathologies sous-jacentes, il est nécessaire de tester des millions de personnes chaque jour. Dans ce qui suit, j’examinerai les possibilités à court terme d’accroître les capacités de dépistage en Allemagne.
Comment fonctionne le test du coronavirus ?
Il existe plusieurs méthodes de test différentes pour détecter le SRAS-CoV-2, et les scientifiques travaillent avec acharnement pour développer de nouvelles méthodes encore plus rapides et plus pratiques. La méthode la plus courante et la plus précise à l’heure actuelle est le test dit quantitatif de réaction en chaîne de la polymérase (qPCR). En termes simples, il tente de détecter le matériel génétique du virus dans l’échantillon. Pour ce faire, l’échantillon est mélangé à certains réactifs et placé dans un appareil appelé qPCR. En principe, la machine qPCR est simplement un dispositif qui chauffe et refroidit les échantillons à des températures spécifiques en plusieurs cycles. Dans ce processus, le matériel génétique du CoV-2 du SRAS est multiplié (à condition que l’échantillon provienne d’une personne infectée). En outre, la machine peut mesurer la vitesse à laquelle cette amplification a lieu, ce qui permet de quantifier la quantité initiale de virus dans l’échantillon. Cette méthode permet d’obtenir des résultats en quelques heures.
Des millions de tests sont possibles
Les éléments les plus importants pour effectuer un test qPCR sont les écouvillons pour l’échantillonnage, les tubes à essai pour le stockage et le transport des écouvillons, les réactifs et les appareils qPCR. En outre, il faut du personnel formé et des laboratoires adaptés pour travailler avec le dangereux virus SRAS-CoV-2.
Les machines qPCR, les réactifs nécessaires et les scientifiques formés sont disponibles non seulement dans les 47 instituts qui effectuent actuellement les tests, mais aussi dans pratiquement toutes les universités où se déroule la recherche dans le domaine de la biologie. Il existe probablement au moins un appareil qPCR dans le département de microbiologie, mais aussi dans les instituts de botanique, de génétique, de biotechnologie ou d’écologie. La méthode qPCR est utilisée quotidiennement. Tous les étudiants en biologie titulaires d’une licence la connaissent, sans parler des nombreux doctorants et assistants de recherche.
En outre, il existe en Allemagne de nombreuses entreprises dans le domaine de la biotechnologie et des sciences de la vie qui possèdent des machines qPCR. Dans le domaine de la recherche biologique, la machine qPCR fait partie de l’inventaire standard de presque tous les laboratoires. Il existe des centaines de machines qPCR en Allemagne qui ne sont pas utilisées actuellement pour les tests de dépistage du SRAS-CoV-2.
L’exemple suivant illustre l’étendue des capacités de test qui pourraient être mobilisées : à la demande du gouvernement britannique, l’université de Nottingham – qui n’a généralement pas réagi rapidement à la crise actuelle – a pu fournir 16 machines qPCR hors de son stock en 24 heures. En outre, des kits et des réactifs d’une valeur de plusieurs millions de livres ont été remis et plus de 600 étudiants se sont portés volontaires pour aider l’hôpital local et les installations de recherche. Si ces 16 machines fonctionnent en continu, 30 à 40 séries de 35 échantillons chacune peuvent être réalisées par jour. Cela fait 20.000 tests par jour. En utilisant uniquement les machines de l’université de Nottingham, il est donc possible de réaliser autant de tests par semaine que ceux effectués dans toute l’Allemagne pendant la semaine du 16 au 20 mars, soit 100.000. Comme nous l’avons déjà mentionné, il n’y a pas seulement 16 mais environ des centaines de telles machines disponibles en Allemagne.
Les réactifs nécessaires sont actuellement très demandés et leur production doit être augmentée. La majorité des réactifs sont fabriqués par quelques sociétés, par exemple Roche, Qiagen ou ThermoFisher Scientific. Il est probable que ces entreprises ont déjà commencé à augmenter leur production, mais cela ne suffit pas. Ces réactifs et les matériaux connexes sont vendus à des prix élevés. La plupart des laboratoires ont un budget serré et essaient donc de produire leurs propres réactifs maisons. Il serait donc nécessaire de divulguer immédiatement toutes les formulations, protocoles et brevets pertinents pour la lutte contre le SRAS-CoV-2, afin que tout ce qui est nécessaire puisse être reproduit dans le monde entier.
Pour prélever des échantillons, il suffit de disposer d’objets relativement simples ; ceux-ci ne doivent pas constituer le facteur limitant. A titre de comparaison : En Allemagne, plus de 300 millions de bouteilles en plastique jetables sont utilisées chaque semaine. Il est difficile d’imaginer que dans une société fortement industrialisée, il n’y aurait pas de capacités pour la production à court terme de plusieurs millions de cotons-tiges et de tubes en plastique.
Il n’existe pas de chiffres précis sur la quantité de réactifs et le nombre de machines qPCR. Mais même une estimation prudente montre qu’en Allemagne, il doit être techniquement possible d’effectuer plusieurs millions de tests par semaine.
Utiliser toutes les possibilités
De nombreux scientifiques et instituts de recherche comprennent que chaque jour compte et ont offert leurs compétences et leur équipement pour la lutte contre le SRAS-CoV-2. Des experts de tous les pays se portent volontaires et travaillent en réseau les uns avec les autres. Dans le monde entier, les scientifiques publient de nouvelles méthodes pour lutter contre le virus, comme un “test d’anticorps” spécifique. À la question de savoir à quelle vitesse ce test peut être appliqué à grande échelle, l’auteur d’une nouvelle étude a répondu sur Twitter : “Cela dépend de la rapidité avec laquelle les gens agissent au niveau local. N’attendez pas les gouvernements. Installez-le dans votre hôpital !”.
Bien que le gouvernement affirme que tout est fait pour lutter contre le virus, il n’a pas réussi à mettre les capacités potentiellement disponibles pour les tests corona de masse au service de la lutte contre le virus. Cela aurait dû se produire il y a plusieurs semaines. Cependant, l’extension des capacités de test comprend également l’organisation de la logistique pour l’échantillonnage et la distribution. L’évaluation des résultats doit être coordonnée au niveau central. Dans le même temps, il faut s’assurer que les tests peuvent être effectués avec une grande qualité et dans le respect des normes de sécurité biologique.
Le fait de savoir quelles sont les capacités d’essai disponibles en principe augmentera, espérons-le, la pression exercée sur les gouvernements pour obtenir l’utilisation de millions d’essais.
Note :
Cet article a été publié le 24 mars 2020. Le 27 mars, le gouvernement allemand a annoncé un plan visant à augmenter les capacités d’essais, grâce auquel il sera possible d’effectuer 200.000 essais par jour à la fin du mois d’avril. En pleine panpidémie, ce plan n’est pas assez ambitieux, tant en termes de nombre que de calendrier. Comme le souligne cet article, en mobilisant toutes les capacités, il est possible de réaliser plusieurs millions de tests par semaine. Cela ne vaut pas seulement pour l’Allemagne, mais aussi pour d’autres pays du monde entier.
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[VIDEO] Giuliano, Resistenze Internazionali “L’Italie souffre de la privatisation de la santé publique”
Quelques mots de notre camarade Giuliano, membre de la section italienne de l’Alternative Socialiste Internationale, Resistenze Internazionali.
Il revient dans cette vidéo sur la manière dont la politique néolibérale a durement affecté les soins de santé ainsi que sur la vague de grève pour fermer la production et les usines non-nécessaires afin de contrer la propagation du coronavirus.
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Italie “Arrêtons tout avant qu’il ne soit trop tard ! Le virus ne s’arrête pas aux portes de l’usine !”
Réaction de Giuliano Brunetti, Resistenze Internazionali, Alternative Socialiste Internationale – ItalieAprès un retard inutile, le gouvernement a maintenant décidé de renforcer les mesures visant à contenir la propagation du coronavirus en Italie. Dès mardi, un décret du président du Conseil, Giuseppe Conte, a ordonné la fermeture de toutes les activités commerciales, à l’exception des pharmacies, des kiosques à journaux et des épiceries. Cette mesure s’ajoute à la fermeture de tous les lieux d’étude et de rassemblement : universités, écoles, gymnases, cinémas, bars et théâtres. Ce décret remplace celui qui a transformé tout le pays d’abord en zone orange puis en zone rouge, et celui qui a verrouillé de nombreuses régions du nord.
Afin de contenir la propagation du Coronavirus, il nous est demandé, à juste titre, de rester chez nous et de limiter les contacts au minimum. Si nous devons quitter notre domicile, nous devons signer une déclaration certifiant que nous sommes en bonne santé. En gros, cela signifie qu’il n’est permis de quitter la maison que pour aller travailler, chez le médecin ou pour faire des courses. Une seule personne par famille est autorisée à le faire.
Si vous quittez votre domicile sans raison valable, vous risquez une amende et une mise en accusation pénale. Des centaines de personnes ont déjà été signalées par la police pour avoir enfreint cette ordonnance. La police arrête les gens dans la rue pour vérifier s’il existe des raisons sérieuses et fondées de quitter son domicile. Ces mesures drastiques ont un sens si elles sont prises par toutes les personnes de tous âges et de tous statuts sociaux.
Mais pourquoi alors, les entreprises ne ferment-elles pas ? Même s’il est nécessaire de réduire les déplacements au minimum, les entreprises restent ouvertes, ce qui démontre la servilité du gouvernement envers la Confindustria, la fédération patronale italienne, et rend vaines les autres mesures adoptées.
Quelqu’un pense-t-il sérieusement que le virus ne va pas se propager aux entrepôts logistiques, aux cantines d’usine ou dans les bus et les trains que nous utilisons pour nous rendre au travail ? Quel est l’intérêt de bloquer le transit des personnes, si les marchandises circulent librement et sans être dérangées ? Quel est l’intérêt de fermer des restaurants, mais de maintenir les services de livraison à domicile des plateformes Justeat et Deliveroo ? Pourquoi permettre aux coursiers de la BRT de continuer à travailler sans aucune mesure de sécurité, comme des masques ? Pourquoi n’est-il pas possible de distribuer gratuitement et immédiatement des masques sanitaires au personnel de la grande distribution et aux catégories de travailleurs : chauffeurs, routiers, éboueurs qui doivent continuer à travailler ?
Face à cette situation, où les profits des capitalistes sont plus importants que la santé collective de millions d’Italiens, les travailleurs de dizaines d’entreprises se sont engagés dans des grèves spontanées pour exiger que leur droit à la santé soit respecté. Des grèves et des mobilisations ont déjà eu lieu chez Fiat à Pomigliano, Pasotti à Brescia, Piaggio à Pontedera, Electrolux à Susegana et Bonfiglioli à Bologne. D’autres grèves sont prévues pour chez Fincantieri à Palerme et Vitesco à Pise. Il est probable que ces grèves s’étendront encore. Les trois principaux syndicats de métallurgistes, la FIM, la FILM et l’UILM, exigent l’arrêt complet de la production jusqu’au 22 mars. L’Unione sindacale di base (USB) a, pour sa part, annoncé un plan de 32 heures de grèves dans les secteurs industriels non essentiels, à partir d’aujourd’hui.
Pour arrêter la propagation du virus, il faut mettre un terme à tout travail inutile. Les transports aériens, ferroviaires, maritimes et routiers, sauf s’ils sont essentiels, doivent maintenant cesser. Face à la gravité de la situation, à un système de santé national qui risque de s’effondrer, entraînant avec lui des centaines de vies, nous devons immédiatement arrêter la production, juste pour faire des profits, et fermer les bureaux, les usines et les entreprises inutiles. C’est la seule décision sensée à prendre pour le moment.
Dans le même temps, des paiements spéciaux de quarantaine doivent être immédiatement introduits pour garantir que les millions de travailleurs qui perdront leur salaire à cause de la pandémie ne risquent pas de mourir de faim. Le recours au Fonds d’allocations complémentaires extraordinaires doit être immédiatement mis à la disposition de tous les travailleurs de tous les secteurs, quel que soit leur type de contrat et quel que soit le nombre d’heures travaillées. Des suppléments de salaire devraient être accordés à tous les travailleurs occupant des emplois précaires, par exemple dans le tourisme et la restauration, qui travaillaient avant l’épidémie sans contrat en bonne et due forme ou avec des contrats « à durée zéro », surtout lorsqu’ils auront plus de difficultés à trouver du travail à l’avenir.
Dès mercredi soir, avec plus de 12.000 cas confirmés, un chiffre certainement bien inférieur à la réalité, le test de dépistage de la maladie doit être effectué pour l’ensemble de la population, en commençant par les personnes les plus à risque. Des prélèvements ne devraient pas être faits uniquement pour les cas les plus graves, lorsque les symptômes de la maladie sont déjà évidents et que l’infection s’est déjà propagée. Les porteurs de virus peuvent être asymptomatiques et la période d’incubation peut durer jusqu’à vingt jours. Il est donc nécessaire de surveiller toute la population résidente afin de cartographier la population infectée pour qu’elle puisse être correctement isolée, traitée et assistée non seulement sur le plan médical, mais aussi en ce qui concerne la nourriture et les autres produits nécessaires !
Cette grave crise dans laquelle beaucoup d’entre nous risquent de perdre leur emploi, leur stabilité économique et, dans certains cas, même leur vie – il y a déjà plus de mille morts rien qu’en Italie – doit être abordée de manière décisive et transparente, avec la participation des syndicats et de l’ensemble de la population à la prise de décision.
Aujourd’hui, le Service national de santé devrait être doté de toutes les ressources nécessaires pour permettre à nos héroïques médecins, infirmières et personnel auxiliaire de mener cette dure bataille contre cet ennemi invisible. Pas un lit d’hôpital, pas une seringue, pas un seul médicament ne doit être détourné de son usage pour assurer la santé et le traitement des personnes. Les installations médicales privées doivent être réquisitionnées immédiatement ! Les cliniques et les centres de traitement privés doivent être immédiatement intégrés au NHS et le personnel qui y travaille doit bénéficier des mêmes conditions que celui qui travaille dans le système étatique.
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Les femmes en Gréce et en Turquie – défis et luttes
Jeudi 5 mars, à partir de 19h
Pianofabriek Cultureel Centrum (Salle Casablanca 2), Rue du Fort 35, 1060 Saint-Gilles
A l’occasion du 8 mars, le collectif Sok?k-? vous invite à une discussion sur les femmes en Gréce et en Turquie. Nous voudrions présenter et discuter la situation actuelle, leurs réalités, leurs luttes et les perspectives.Le mouvement féministe dans le monde se développe de plus en plus. Pourtant les féminicides, les viols, les attaques sexuelles sont toujours d’actualité. Nos deux pays ne font pas l’exception. Nous voudrions regarder donc ce qui se passe dans nos deux pays, mais aussi en Belgique pour les femmes grecques et turques qui vivent ici.
La langue principale du débat sera le français; il y aura la possibilité de traduction en grec et en turc.
Appel du Collectif Sok?k-?
Il y a un an, motivés par le réveil des tensions entre la Grèce et la Turquie, ainsi que par le fait qu’il n’y avait jamais eu d’initiative d’action commune, grecs et turcs de Bruxelles, nous avons créé Sok?k-?. Notre collectif a pour but la promotion de la paix et de la coopération parmi nos deux peuples, et notre première action a été une fête, en décembre 2018, qui a eu beaucoup de succès.
La croissance du mouvement des femmes partout dans le monde, et aussi en Europe et dans les pays du Moyen-Orient, est évidente ; le rôle des femmes dans les luttes plus larges est très important. En même temps, étant conscients de la gravité du sexisme dans nos pays, nous avons décidé d’organiser un débat, justement au sujet des problèmes auxquels font face les femmes, ainsi que leurs luttes en Grèce et en Turquie.
Les viols et les féminicides font souvent la une dans les deux pays. Même si l’on peut avoir l’impression que la situation en Turquie est plus dure, la fréquence de tels incidents en Grèce ne laisse pas d’espace aux illusions. Il ne s’agit pas seulement de la question du viol, mais également de la façon dont il est traité par la justice et la législation. L’exemple le plus récent est le procès du viol d’Eleni Topaloudi : cette femme a été brutalement violée et assassinée l’année dernière sur l’île de Rhodes. Le procès a commencé il y a quelques semaines et les avocats des accusés ont demandé l’exclusion des femmes du corps du jury, ce que la cour a accepté. Et ce n’est pas seulement les féminicides, mais aussi le fait qu’une grande partie des médias et de la société refuse d’accepter le fait qu’il y a des femmes assassinées, justement parce qu’elles sont des femmes, et que certains les considèrent comme leur propriété. Ainsi, les médias masquent la vérité avec l’emballage du « crime passionnel » ou du « meurtre par amour ».
En Turquie, des femmes ont été arrêtées récemment pour avoir essayé de réaliser la performance de la fameuse chanson chilienne de Las Tesis « Un violeur sur ton chemin ». Quelques semaines plus tard, on a pu lire dans la presse que le législateur turc propose que le crime du viol d’une mineure soit radié dans le cas où l’auteur accepte de se marier avec la victime. Comme si, pour certaines filles, ce n’est pas suffisant de se faire violer une fois : il faut qu’elles subissent cette atrocité tous les jours, avec l’approbation de la loi.
Mais en même temps, nous avons vu un grand nombre de manifestants dans les rues des villes grecques et turques le 25 novembre, manifestant contre les violences faites aux femmes. Nous avons aussi vu des députées turques réaliser la performance de la chanson chilienne dans le parlement, pendant que leurs collègues masculins tenaient des pancartes avec les noms des femmes assassinées. On voit des réactions importantes, immédiates et efficaces contre la tentative de remettre en question le droit à l’avortement en Grèce, un droit acquis et reconnu légalement depuis 1986.
En Belgique aussi, l’austérité et le chômage, qui augmentent de plus en plus, frappent surtout et avant tous les femmes. Les femmes ont davantage de mal à trouver un travail, tandis que les coupes budgétaires dans la santé, l’éducation et l’État-providence, rendent très dure la vie surtout des femmes, qui sont souvent les chefs des familles monoparentales et sont souvent moins bien rémunérées que les hommes.
En Belgique, comme en Grèce et en Turquie, les femmes hésitent souvent à se séparer d’un partenaire violent et, ce, pour des raisons financières. Le nombre de féminicides est élevé, tout comme le nombre de publicités sexistes.
En Belgique également, le 8 mars et le 24 novembre derniers, les rues des Bruxelles se sont remplies de gens qui se battent contre les violences faites aux femmes et exigent le renforcement des structures qui soutiennent les femmes et les mères. Avec la Campagne ROSA (Résitance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité), nous voulons intervenir dans ce mouvement, le renforcer et y amener notre programme socialiste féministe.
Notre débat aura lieu le 5 mars, dans le cadre des actions prévues pour la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes (manifestation le 8 mars et grève le 9 mars), dans le but d’informer sur ce qui se passe dans les deux pays, et de montrer qu’en Grèce, en Turquie ou en Belgique, nous avons la même lutte à mener.
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Une fois de plus, la violence raciste tue en Allemagne. Stoppons la haine par la mobilisation et une alternative !

Manifestation antifasciste à Gand au lendemain des élections de mai 2019 à l’initiative de la campagne Blokbuster. Une fois de plus, l’Allemagne a été choquée par la violence raciste de l’extrême droite. Dix personnes ont été tuées, dont la mère de l’auteur du crime, et ce dernier s’est suicidé. Une fois de plus, le meurtrier a laissé derrière lui un texte confus, rempli de racisme et de frustrations. Combien d’autres actes terroristes devront suivre pour que l’on ne parle plus de ‘‘loup solitaire’’, mais d’une vague de terrorisme d’extrême droite ? Depuis combien de temps le rôle des partis d’extrême droite et des autres partis qui rendent le racisme, le sexisme et la discorde acceptables est-il passé sous silence ? Combien de temps devrons-nous encore subir ce système qui alimente les tensions et les frustrations sociales ?
Réaction de la campagne antifasciste Blokbuster
Au cours de ces 30 dernières années, la violence raciste a tué au moins 169 personnes en Allemagne. Cela fait du terrorisme d’extrême droite le plus grand danger à l’heure actuelle. Pourtant, les partis populistes de droite et même les partis et médias établis prétendent que la plus grande menace émane des migrants, qui sont généralement la cible du terrorisme d’extrême droite. Il convient d’ailleurs de noter que des groupes comme Daesh partagent beaucoup de caractéristiques avec les groupes d’extrême droite. La violence raciste n’est pas neuve. En Allemagne, il y a eu un certain nombre d’incidents ces derniers mois. Mais si l’on regarde un peu en arrière, on se souvient du scandale des ‘‘meurtres des kebabs’’, neuf petits commerçants dont huit d’origine turque et un originaire de Grèce, exécutés sur leur lieu de travail par le groupe NSU (Nationalsozialistischer Untergrund ou nazisme clandestin) entre 1999 et 2007 ou encore les incendies criminels commis dans les centres d’asile au début des années 1990.
Les politiciens traditionnels allemands ont à nouveau tous condamné la violence tout en lançant des appels à l’unité contre la violence. Ces politiciens établis jouissent d’encore très peu de crédibilité. Leur politique antisociale entraîne tensions et frustrations sociales. Elle conduit de plus en plus de gens en marge de la société. Ces politiciens se servent des divisions et des préjugés racistes pour dévier l’attention de l’impact de leurs politiques, ce qui renforce l’extrême droite et la rend plus acceptable. Récemment, il y a eu de l’agitation en Allemagne parce que les démocrates-chrétiens et les libéraux ont localement brisé le cordon sanitaire autour du parti d’extrême droite AfD (Alternative pour l’Allemagne) en Thuringe. Est-ce ainsi que les partis traditionnels veulent ‘‘s’unir contre la violence de l’extrême droite’’ ?
On constate également une augmentation des incidents racistes dans notre pays, tant sur les médias sociaux que dans le monde réel. L’essor du Vlaams Belang y joue un rôle et en est en même temps l’expression. Cela renforce la confiance en soi des militants d’extrême droite, ce qui se traduit sur les domaines de l’intimidation et de la violence. Il y a eu récemment l’incendie criminel d’un centre d’asile en construction à Bilzen ou encore la vague de propos racistes sur les médias sociaux lorsqu’on a appris que des réfugiés essayaient de passer en Grande-Bretagne via La Panne.
La haine est omniprésente. Beaucoup se demandent ce que nous pouvons faire à ce sujet. Deux choses sont importantes. Premièrement, nous ne devrions pas laisser les médias établis ou d’autres institutions être seuls à réagir, ni nous limiter à nous plaindre sur les médias sociaux. Nous devons nous mobiliser et montrer dans l’action qu’une grande majorité de la population n’accepte pas la haine. En ce moment, les racistes et l’extrême droite sont peut-être les voix les plus fortes sur les médias sociaux et même dans les médias établis en Flandre, mais nous pouvons occuper la rue et démontrer que la résistance à la haine est largement soutenue. En Allemagne, plusieurs manifestations ont déjà eu lieu ou sont en préparation. Chez nous, une manifestation antifasciste est également prévue pour la fin du mois de mars, contre le cercle étudiant d’extrême droite NSV à Anvers (le 26 mars très probablement).
Deuxièmement, nous devons nous attaquer aux problèmes à leur racine. La montée du racisme et de la division s’explique par la crise du système capitaliste et son déclin. Le capitalisme entraîne une aliénation et des tensions sociales croissantes. La soif de profits de l’élite implique qu’un groupe croissant de la population a du mal à garder la tête hors de l’eau, et une partie en attribue la responsabilité non pas aux super-riches mais aux boucs émissaires migrants. Le fait que l’extrême droite ne puisse pas apporter de réponse est démontré, entre autres, par le soutien du Vlaams Belang à de nombreuses mesures antisociales en Flandre. Une alternative à la haine signifie de défendre une société où le terrain propice à la division et à la haine n’existerait pas, une société où les ressources disponibles seraient utilisées en tenant compte des intérêts et des besoins de la majorité de la population.
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Le gouvernement grec vote contre les droits des LGBTQI+

Le parti de droite grec Nouvelle Démocratie est au pouvoir depuis 6 mois. Pendant cette courte période, il a déjà attaqué un certain nombre de droits des travailleuses et travailleurs de même que des droits démocratiques tout en intensifiant la répression d’Etat, en particulier contre les jeunes. Le parti a aussi lancé une campagne idéologique conservatrice à de nombreux niveaux, notamment par le biais de la réécriture des livres scolaires, en lançant un débat sur la possibilité que des prêtres enseignent dans les écoles publiques et en remplaçant certaines vacances scolaires par la fréquentation obligatoire de l’église. C’est dans le contexte de ce virage conservateur et réactionnaire que les droits des personnes LGBTQI+ sont également attaqués.
Par Giannos Nikolaou, Xekinima (section grecque de l’Alternative Socialiste Internationale)
Fin 2019, le gouvernement a révisé la Constitution – un processus parlementaire qui ne peut avoir lieu qu’une fois tous les 5 ans. Le principal parti d’opposition parlementaire, SYRIZA, a proposé d’ajouter au 5e article de la Constitution qui interdit les discriminations fondées sur la race, la langue ou la religion, l’interdiction de discriminer les personnes sur la base de leurs préférences sexuelles ou de leur identité de genre. Le gouvernement de la Nouvelle Démocratie a voté contre cette proposition, prenant ainsi position contre les droits des LGBTQI+. Pour de nombreux militants LGBTQI+ et activistes de gauche, ce fut un choc. Il était cependant prévisible.
Un certain nombre de députés et de cadres du parti gouvernemental ont fait, par le passé, des commentaires homophobes grossiers en public. Gerasimos Giakoumatos, député de la Nouvelle Démocratie dans l’ancien parlement, avait déclaré lors d’une interview que « l’homosexualité est une maladie infectieuse ». Pour appuyer ses dires, il a même invoqué sa profession médicale (il est médecin généraliste) et des recherches qu’il aurait personnellement menées !
En 2017, le gouvernement de la Nouvelle Démocratie avait voté contre le droit des personnes transsexuelles (incluant les mineurs dès 15 ans) de changer leur genre sur leur carte d’identité sans avoir à fournir aux autorités une évaluation psychiatrique et un certificat médical attestant un changement physique de sexe. Le premier ministre Kyriakos Mitsotakis, alors député, a raconté en séance plénière du Parlement une histoire qu’il avait soi-disant entendue d’un médecin. Cette histoire absurde et ridicule, qui était censée prouver pourquoi le projet de loi était mauvais, concernait un adolescent qui demandait au médecin de changer de sexe parce qu’un étranger lui avait conseillé de le faire !
Il existe des dizaines d’exemples similaires que nous pourrions exposer et qui montrent la position de la Nouvelle Démocratie envers les personnes LGBTQI+ et leurs droits.
Le vote contre l’inclusion dans la constitution d’une interdiction des discriminations fondées sur les préférences sexuelles ou l’identité de genre a donné le feu vert aux personnes LGBTQI-phobes pour intensifier la discrimination et la violence.
La violence à l’encontre des personnes LGBTQI+ est loin d’être rare en Grèce. Entre 2014 et 2015, 140 cas de violence ou de discrimination ont été signalés à l’organisation « color youth » (jeunesse de couleur). Il s’agit d’incidents provenant uniquement de la préfecture de l’Attique (région du grand Athènes) et uniquement de ceux et celles qui ont été officiellement signalé·es à l’organisation, ce qui ne donne qu’un aperçu du problème.
Le meurtre de l’activiste et drag queen Zak Kostopoulos en 2018 est également caractéristique. Zak a été pourchassé (on n’a toujours pas identifié le ou les coupables) et a tenté de trouver refuge dans une bijouterie du centre d’Athènes. Le propriétaire l’a enfermé dans le magasin et a appelé la police. Avec le propriétaire, la police a battu Zak à mort, en plein jour et en public. La police et les médias ont tenté de présenter Zak comme un drogué qui voulait voler le propriétaire du magasin. Cependant, les vidéos, les tests sanguins, etc. publiés ont prouvé que la police et le propriétaire du magasin mentaient et qu’ils avaient bien commis un meurtre.
L’interdiction constitutionnelle de la discrimination à l’encontre des personnes LGBTQI+ représenterait une étape importante dans la lutte pour l’égalité des droits et pourrait également avoir un effet positif sur la vie des personnes LGBTQI+. Par exemple, une étude menée au Danemark et en Suède a prouvé que le mariage entre personnes du même sexe réduisait considérablement le taux de suicide chez les gays et les lesbiennes.
Bien entendu, les lois établissant les droits des LGBTQI+ sont loin de suffire à résoudre le problème. Nous devons constamment lutter contre les stéréotypes sexistes rigides, les idées conservatrices et LGBTQI-phobe dans la société, la discrimination et la violence à l’encontre des personnes LGBTQI+.
Pour que cette lutte soit couronnée de succès, elle doit s’inscrire dans la lutte contre le système dans son ensemble. Le capitalisme, malgré le masque « progressiste » qu’il peut porter à l’occasion sur ces questions, fonde son existence, entre autres, sur la discrimination. Il cultive des idées et des pratiques qui divisent la classe ouvrière ; la classe qui a le pouvoir de renverser ce système et de construire une société sans pauvreté, sans discrimination et sans exploitation, une société socialiste.
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France : le soulèvement se poursuit contre Macron et la réforme des retraites

Construire la grève générale reconductible sur tous les lieux de travail par des assemblées générales des travailleurs et travailleuses
Du jamais vu depuis mai 68 ! Au moment d’écrire ces lignes, le mouvement contre la réforme des retraites a dépassé la barre des 40 jours sans signe d’essoufflement et en dépit de la période des fêtes ! Combien de journalistes et de chroniqueurs ne nous ont pas rebattu les oreilles ces dernières années sur le thème des syndicats en perte de vitesse ou d’un autre âge ? Qu’ils et elles aillent se rhabiller : le mouvement ouvrier est toujours capable de mettre un pays à l’arrêt. Et, plus de 6 semaines après le début du mouvement, 60% de la population le soutenait toujours (baromètre Harris Interactive du 14 janvier).
Nicolas Croes, Parti Socialiste de Lutte (CIO Belgique)
Rendons à César ce qui lui appartient : Macron et le gouvernement ont tout fait pour mettre de l’huile sur le feu. Au 12e jour de lutte, le haut-commissaire aux retraites Jean-Paul Delevoye a dû présenter sa démission pour avoir oublié de déclarer ses liens avec les entreprises privées du secteur de l’assurance. Peu après, l’ancien dirigeant de GDF-Suez Jean-François Cirelli a été promu au rang d’officier de la Légion d’honneur… alors qu’il dirige aujourd’hui la branche française du géant américain de la finance BlackRock ! Pour ce fonds de pension, le plus grand au monde, ce projet de réforme des retraites représente une juteuse opportunité. A cela s’ajoutent les violences policières quotidiennes, perçues par de plus en plus de gens comme une politique délibérée de la part des autorités.
Ça craque de partout
Le climat qui s’est développé est inédit. Si les travailleurs et travailleuses de la RATP (transports en commun parisiens) et du rail ont été les premiers en entrer en grève, ils et elles sont loin d’être isolés et se retrouvent aux côtés des enseignants, des raffineurs, des dockers, des avocats, etc.
En plus des secteurs en grève au quotidien, il y a les journées nationales de manifestations et de grèves, et aussi une multitude d’actes de résistance collective. Des avocats ont jeté leur robe à la figure de la ministre de la Justice avant de partir en grève reconductible. Des pompiers en tenue ont repoussé les rangs des policiers. Les vœux de la directrice de France Inter Sibyle Veil ont été interrompus par les salariés (dont 299 emplois sont menacés) qui ont entonné le Chœur des esclaves de Verdi. Des grévistes de la CGT Energie ont fait basculer des centaines de milliers de foyers en heures creuses. A Bordeaux, les grévistes ont coupé l’électricité à Cdiscount (entreprise française de commerce en ligne) et la mairie pour la redistribuer : “On prend les kilowatts des plus riches et on les redonne aux plus pauvres”. Pas mal de ces initiatives ont pu donner un aperçu de ce qui serait possible une fois que les travailleurs et travailleuses seront aux commandes de la société à la place des patrons et des actionnaires.
Parlons-en des actionnaires ! On a appris ce début d’année que le record des dividendes octroyés aux actionnaires datant d’il y a 12 ans (juste avant la crise des subprimes) avait été battu en 2019. Les versements réalisés par les groupes du CAC 40 (l’indice boursier français) ont dépassé les 60 milliards d’euros, sur base de 88,5 milliards d’euros de profits. De ce côté-là, on ne peut que se féliciter de l’action de Macron et sa bande. Pourtant, il en faut plus, encore bien plus pour ne pas nuire à la compétitivité des entreprises.
Des pensions impayables ?
Le gouvernement a tenté de faire avaler que son projet de réforme est juste et simple puisqu’il vise à instaurer un système de retraite universel. Mais l’opinion publique a très bien décelé qu’il s’agissait avant tout de faire travailler plus longtemps pour des pensions plus basses. De plus, le système de la pension à points pénalisera plus durement les femmes, qui disposent déjà aujourd’hui de pensions plus basses en moyenne.
Le gouvernement et ses partisan·es répètent que, puisque l’on vit plus tard, il n’est que logique de travailler plus longtemps. En France comme en Belgique et ailleurs, il est vrai que l’on vit plus tard qu’il y a 40 ans. Mais nous produisons surtout beaucoup plus de richesses qu’il y a 40 ans au cours de notre carrière ! Où est passé cet argent ? Le système de pension serait impayable ? De qui se moque-t-on ? Il a été instauré au sortir de la Deuxième Guerre mondiale, dans un pays pillé par l’occupation nazie et ravagé par les destructions ! A l’époque, la force du mouvement ouvrier et de la résistance ont contraint la bourgeoisie à devoir lâcher du lest et poser les premiers jalons de la sécurité sociale. Cette force, nous la redécouvrons aujourd’hui.
Manœuvre grossière et coup dans l’eau
Le gouvernement a annoncé le retrait d’une des nombreuses mesures de sa réforme, l’âge pivot. Deux syndicats, la CFDT et l’Unsa, en avaient fait une ligne rouge, un préalable pour arrêter le mouvement. L’annonce de ce retrait visait à diviser et affaiblir les syndicats. Mais, sur le terrain, âge pivot ou pas, les grévistes exigent l’abandon pur et simple de la réforme.
D’autant plus que ce retrait serait provisoire jusqu’à la tenue d’une conférence sur l’équilibre et le financement du système de retraite à laquelle le gouvernement invite les syndicats. Rien ne dit que la mesure ne réapparaîtra pas à ce moment-là. Le but de la manœuvre ? Diviser le front commun syndical, gagner du temps et, surtout, laisser passer les municipales de mi-mars, qui s’annoncent extrêmement délicates pour le parti du gouvernement.
L’extrême droite démasquée
La force du mouvement est telle que le Rassemblement national de Marine Le Pen (ex-Front National), s’est senti obligé de le soutenir du bout des lèvres. Cela se comprend aisément : 75% de ses électeurs et électrices soutiennent le mouvement. Mais alors que le mouvement franchissait la barre des 40 jours, elle s’en est prise à Philippe Martinez, le dirigeant de la CGT : On a toutes les raisons de détester la CGT et Martinez.
Cette lutte qui unit les travailleurs et travailleuses, quelle que soit leur religion ou la couleur de leur peau, est un levier puissant pour combattre l’extrême droite. Le discours raciste de l’extrême droite qui tente de dresser les travailleurs et travailleuses les uns contre les autres ne résiste pas face à une vague de mobilisation sociale unitaire. Par contre si la lutte échoue ou si elle est trahie par les directions syndicales, le découragement et l’amertume ouvriront un boulevard à l’extrême droite.
L’importance des assemblées générales
Les autres organisations syndicales de travailleurs et travailleuses et d’étudiants (CFE-CGC, CGT, FO, FSU, Solidaires, UNEF, UNL, MNL, FIDL) ont à juste titre appelé à poursuivre le combat en défendant de réunir des assemblées générales sur les lieux de travail pour continuer et amplifier la mobilisation. Cette dynamique peut servir de levier vers une véritable grève générale démocratiquement reconductible, avec occupation des lieux de travail. Et, soyons clairs, l’objectif du retrait de la loi doit être dépassé. Si le rapport de force continue de s’améliorer, c’est la chute du gouvernement qui sera à l’ordre du jour.
Avec quelle alternative politique ? Les assemblées générales peuvent devenir autant de forums pour élaborer un ensemble plus large de revendications : augmentation des salaires et des allocations sociales, fin du travail précaire et du chômage par la réduction de la semaine de travail sans perte de salaire et avec embauches compensatoires, investissements massifs pour des services publics accessibles à toutes et tous sur l’ensemble du territoire, expropriation des entreprises qui résisteront à l’instauration d’un tel programme pour les placer sous le contrôle et la gestion démocratiques des travailleurs et travailleuses…
Certes ce programme est inapplicable en restant prisonnier·ères de la dictature du capital. Ce système doit suivre la même trajectoire que le projet de réforme des retraites et être envoyé dans les poubelles de l’Histoire. Une des tâches les plus fondamentales de ce jour est la naissance d’un véritable parti des travailleurs et travailleuses qui regroupe en son sein les différents sensibilités de la résistance sociales pour se battre en faveur de l’instauration d’un gouvernement du monde du travail.
Si les secteurs clés de l’économie (finance, pharmaceutique,…) étaient arrachés aux griffes des multinationales et des grandes entreprises et mis à la disposition de la collectivité, il serait alors possible de planifier démocratiquement les ressources de l’économie pour répondre aux besoins de la majorité et non pour les profits de quelques-uns. Cela poserait les premiers jalons vers l’instauration d’une société socialiste. Dans le contexte international actuel, où des luttes de masse se développent sur tous les continents, la France constituerait un exemple inspirant qui ne resterait pas longtemps isolé.
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France. Des journées cruciales pour l’extension et à la généralisation de la grève

Ce jeudi 9 janvier, le conflit sur les retraites atteint son 36e jour de lutte sans interruption depuis le 5 décembre, avec déjà 4 journée nationales de grève et de manifestation interprofessionnelles tandis que différents secteurs sont en grève par intermittence ou depuis le début du mouvement. Un record jamais vu en France depuis 1968. Après avoir perdu la bataille de l’opinion publique, qui reste résolument du côté du mouvement et des syndicats même après la période des fêtes, Emmanuel Macron et son gouvernement attendent l’épuisement des ressources des grévistes et donc des mobilisations.
Par Nicolas Croes
- France. Grève du 5 décembre, une date qui peut tout changer
- France. Après le succès du 5 décembre, construire partout la grève générale reconductible
Lors des voeux du président de la république, Macron avait encore confirmé l’obstination du gouvernement concernant son projet de réforme antisocial des retraites et sa stratégie de pourrissement. Les trois journées de mobilisations interprofessionnelles de ces 9, 10 et 11 janvier lancées par les syndicats CGT, FO, Solidaires et FSU visent donc à frapper un grand coup après les deux semaines de fêtes de fin d’année.
Ces organisations syndicales avaient appelé à « mettre en débat, dès lundi [6 janvier], dans toutes les entreprises, services et lieux d’études en organisant des assemblées générales de salarié.e.s, d’étudiant.e.s et de lycéen.ne.s, les conditions de la réussite du 9 janvier et de ses suites dès le lendemain ». Après le 9 et le 10 janvier, ces syndicats appellent à faire du samedi 11 janvier, « une journée de manifestation dans tout le pays ». Il s’agit d’une première dans l’histoire syndicale de ces quarante dernières années.
Contrairement à ce qu’affirment les médias et le gouvernement, les travailleurs de la RATP et de la SNCF ne sont pas seuls à poursuivre la lutte. Dans l’énergie, les raffineries, les ports et docks, l’enseignement, la santé, chez les pompiers, à la BNF, à l’Opéra de Paris, dans beaucoup d’entreprises du secteur privé,… la mobilisation est forte et la grève est suivie.
Des fêtes passée sous le signe de la lutte
Des centaines d’initiatives combatives se sont tenues un peu partout dans le pays durant la période des fêtes. Dans l’agglomération parisienne, la CGT énergie a fait basculer près de 500 000 foyers au tarif des heures creuses durant la mâtinée du réveillon de Noël. “C’était notre cadeau de Noël”, expliquait le représentant CGT Nicolas Noguès, “Pour l’usager, ça se compte en centimes, mais pour l’entreprise, ça va faire un gros manque à gagner”. A Béziers également, les grévistes se sont introduits dans la centrale d’alimentation électrique afin de basculer l’ensemble des clients du réseau en « heures creuses ».
Ailleurs, d’autres travailleurs ont coupé l’électricité des riches pour la redistribuer aux pauvres, comme à Bordeaux où les grévistes ont coupé l’électricité à Cdiscount (entreprise française de commerce en ligne) et la mairie pour la redistribuer : “On prend les kilowatts des plus riches et on les redonne aux plus pauvres”
Ces initiatives ont sans aucun doute permis de continuer à marquer des points auprès de l’opinion. Mais elles ont aussi permis de donner un aperçu de ce qui est possible quand ce sont les travailleurs qui sont aux commandes et non plus les patrons et actionnaires.
Des travailleurs remotivés par la dynamique en cours
Depuis que le mouvement en défense des retraite a commencé le 5 décembre dernier, plusieurs raffineries avaient rejoint la lutte, mais sans véritable coordination : certaines n’étaient pas en grève tandis que d’autres ne l’étaient que par intermittence. Cela avait aidé le gouvernement à réorganiser les flux d’approvisionnement en coordination avec les directions d’entreprises pétrolières. Mais, depuis ce mardi 7 janvier, à midi, c’est la totalité des raffineries du pays qui est entrée en grève à l’appel de la CGT Chimie. Cela ne s’était plus produit depuis 2010. En 2016, dans le mouvement contre la Loi travail, une des raffineries n’avait pas suivi, contrairement à aujourd’hui. Cette situation illustre que le mouvement a un impact pour remotiver et remobiliser des travailleurs après la défaite de luttes passées.
La dynamique de structuration de la lutte touche bien d’autres secteurs, comme celui des avocats, qui sont entrés en grève pour toute la semaine pour dénoncer le projet de réforme des retraites. Ce mercredi matin, ils ont retiré leur robe noire pour la jeter aux pieds de la ministre de la Justice en déplacement à Caen.
Toute la question est de s’appuyer sur ces 3 jours de mobilisations nationales pour renforcer le mouvement de grève et l’étendre jusqu’à une véritable grève générale reconductible par les assemblées générales des travailleurs.
C’est tout le système qui doit dégager !
La productivité au travail a grandement augmenté ces dernières décennies : nous produisons plus, avec moins de travailleurs. Il est faux de dire que les retraites sont impayables : il n’y a jamais eu autant de richesses qu’aujourd’hui. Il y a non seulement moyen de payer nos retraites, mais aussi de répondre aux nombreuses pénuries qui font craquer la société de partout.
Les assemblées locales de travailleurs et de jeunes (sur les lieux de travail, dans les quartiers,…) peuvent non seulement permettre de démocratiquement décider de la reconduction de la grève et des mesures qui s’imposent pour la renforcer, mais aussi débattre collectivement de l’élaboration d’un cahier de revendications plus large tel que celui-ci :
- La baisse immédiate et le blocage des prix de l’essence et de l’énergie ;
- Des revenus pour vivre, pas pour survivre : augmentation des salaires et des allocations sociales et leur indexation sur les prix, y compris du carburant ;
- Une sécurité d’emploi avec de vrais contrats de travail à durée indéterminée ;
- C’est au chômage qu’il faut s’en prendre, pas aux chômeurs : réduction du temps de travail à 32 heures par semaine sans perte de salaire et avec embauche compensatoire ;
- Mettre les besoins au centre de la politique : transports publics gratuits et non polluants, services publics (notamment de proximité : crèches, écoles, maternités, bureaux de poste, logements publics sociaux, …) ;
- La (re)mise en place de l’impôt sur la fortune, la lutte contre l’évasion fiscale par les ultra-riches et les multinationales, y compris par la réquisition sous contrôle démocratique des entreprises, la fin des taxes indirectes (TVA, etc.) remplacées par une imposition forte des riches et des grandes entreprises ;
- Un grand service public environnemental pour créer des centaines de milliers d’emplois nécessaires à la transition énergétique et écologique (agriculture écologique, alimentation en circuits courts, énergies renouvelables,…) ;
Réaliser un tel programme nécessite des mesures réellement socialistes telles que la nationalisation et l’unification de tous le secteur financier dans un service national d’investissement et de financement sous contrôle démocratique de la collectivité, de même que la nationalisation des secteurs-clés de l’économie afin que les grandes entreprises ne puissent continuer à saboter la transition écologique et que la planification démocratique et écologique, basée sur les besoins y compris écologiques, devienne possible.
Si la France se soulève aujourd’hui, elle est loin d’être la seule. Depuis les premiers pas de la révolte des Gilets jaunes, le développement des luttes de masse et des grèves générales aux caractéristiques révolutionnaires fut puissant à travers le monde. Et la liste des pays aux prises avec un soulèvement de masse n’est pas encore terminée. Engageons-nous avec confiance dans cette nouvelle ère de lutte avec l’ambition de conduire les travailleurs et les masses à renverser le système d’exploitation capitaliste pour que l’humanité toute entière puisse accéder à une véritable émancipation au travers de la construction d’une société socialiste démocratique.
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Irlande : Une colère naissante alors que la crise du logement s’aggrave

Le jeudi 5 décembre, à la mi-journée, des milliers de personnes sont descendues dans les rues de Dublin pour exiger des mesures qui s’en prennent à la crise du logement. Des gens de la classe ouvrière de toute la ville et d’ailleurs, dont beaucoup ont été directement touchés par le sans-abrisme à un moment donné de leur vie, ont manifesté en amenant avec eux leurs familles et leurs proches. Ailleurs dans le pays, en tous endroits, des centaines de personnes se sont réunies dans des manifestations de solidarité.
Par Katia Hancke, Socialist Party (CIO – Irlande)
Il ne s’agissait pas d’une manifestation traditionnelle bien organisée avec des points de départ et d’arrivée clairs, où les gens se promènent tranquillement dans les rues d’un côté à l’autre du parcours. Il s’agissait d’une véritable vague de colère crue, un “j’accuse” crié par des milliers de personnes envers un gouvernement qui s’en fiche, un aperçu des choses à venir. On parlait partout de la nécessité d’un nouveau mouvement social similaire a celui qui a vaincu la taxe sur l’eau. Partout on soulignait avec détermination que cela ne pouvait être que le début d’un projet plus vaste. Un projet non pas dirigé par des ONG ou des groupes caritatifs bien intentionnés, mais par ceux qui sont le plus directement touchés : les travailleurs de tout le pays.
Avant cette date, le ministre du Logement Eoghan Murphy avait déjà connu quelques journées riches en événements. Cet éminent membre du parti de droite Fine Gael, qui peine à cacher sa condescendance, avait été la cible d’une Motion de défiance. En essayant de sauver sa peau, il s’est vanté au Parlement de l’efficacité de Rebuilding Ireland (Reconstruire l’Irlande), un projet bidon du gouvernement parmi d’autres, celui-ci étant consacré à la construction de logements. Il n’a pas hésité à déclarer que, selon lui, “les choses s’améliorent”.
Une crise qui va de mal en pis
En moyenne, les loyers sont supérieurs à 2.000 € par mois à Dublin. Les HAP (Housing Assistant Payments, aides publiques au loyer) versés aux propriétaires privés atteindront 1 milliard d’euros par an en 2020 ! L’âge moyen auquel les gens peuvent obtenir un prêt hypothécaire est de 39 ans. Le nombre officiel de sans-abri dans la capitale est de 10.514. Près de quatre mille enfants passeront Noël dans la rue. Mais le ministre responsable nous assure que tout va bien.
La réalité est toute autre : la politique du gouvernement vis-à-vis du logement est un échec total pour la majorité de la société. 1200 logements sociaux ont été construits durant la première moitié de l’année 2019, ce qui en représente environ 40 par municipalité en moyenne ! Ce refus des autorités de construire suffisamment de logements sociaux publics abordables conduit à une quasi-complète dépendance du programme de payement HAP aux propriétaires privés. Des familles qui, il y a une génération à peine, avaient un accès certain à un logement détenu par la municipalité sont maintenant poussés vers le marché locatif privé et dans l’insécurité de logement.
Parallèlement, la spéculation sur les maisons de la part des fonds vautours et des banques a rendu le prix d’une maison familiale moyenne si chère que les gens doivent travailler de 15 à 20 ans avant d’obtenir une hypothèque. Tout le monde reste plus longtemps à la merci du marché locatif privé, à moins de rester vivre chez ses parents jusqu’à la trentaine. Des travailleurs de tout âge sont maintenant directement touchés par la crise du logement. Des générations entassées dans des maisons devenues trop petites, des lits partagés, des logements surévalués et sans accès au transport en commun dans les banlieues : tout est de retour.
La soif de profit enrichit
Comment expliquer que cette situation se poursuit ? Eh bien, c’est qu’il n’y a pas que des mauvaises nouvelles. Les super-riches se frottent les mains de toute cette misère. Prenons l’exemple d’Ires Reit, un fonds vautour, c’est-à-dire une opportunité d’investissement sans visage pour les personnes les plus riches du monde. Ils représentent aujourd’hui le plus grand propriétaire de logements en Irlande, avec un “portefeuille” de 4.000 logements en pleine croissance. Il s’agit de l’un des moteurs de l’augmentation incessante des loyers à Dublin et au-delà. Ils en tirent des millions de bénéfices… et paient 0% d’impôt en Irlande !
BAM est une entreprise de construction internationale connue pour avoir surévalué le prix de la construction de l’Hôpital National des Enfants et de nombreux projets commandités par le gouvernement. D’une année à l’autre, leurs bénéfices ont grimpé en flèche. Les entreprises privées qui gèrent des centres de prise en charge directe ont reçu 72 millions de dollars de l’État rien qu’en 2018 : l’hébergement des réfugiés vulnérables est devenu une activité lucrative plutôt qu’un soutien humanitaire qui vise à les aider à s’intégrer dans leur nouveau foyer et à commencer une nouvelle vie.
La crise du logement jette des centaines de milliers de personnes dans une misère indescriptible, mais il s’agit d’une activité très rentable. Ce gouvernement a clairement indiqué de quel côté il est, et ce n’est pas du nôtre ! Il est que qu’attendre d’un parlement où plus d’un tiers des députés du Fianna Fáil et du Fine Gael sont propriétaires de voter pour des réductions de loyer ressemble beaucoup à demander aux dindes de voter pour Noël. Mais le problème est plus profond. Tout gouvernement dirigé par ces partis a prouvé que le révolutionnaire socialiste James Connolly avait raison lorsqu’il affirmait que “les gouvernements de la société capitaliste ne sont que des comités de riches qui gèrent les affaires de la classe capitaliste”. Mais les principaux partis dits d’opposition – le Sinn Féin, les Travaillistes, le parti vert et les Sociaux-démocrates – ont tous voté pour des accords pourris au niveau local. De nombreux terrains publics ont été bradés à des promoteurs privés.
Quelle est la solution ?
Il n’est pas difficile de trouver des solutions à la crise du logement : un programme de construction massif de logements publics sur des terrains publics pourrait fournir 100.000 logements en cinq ans pour une fraction seulement du coût actuel en vigueur dans le secteur privé. Faire en sorte que les grandes sociétés immobilières deviennent propriété publique démocratique, avec la participation des communautés locales, garantirait qu’aucun raccourci ne soit pris et que de nouvelles communautés viables soient construites avec une infrastructure appropriée. Cela mettrait également un terme à la hausse des prix et garantirait la sécurité de l’emploi, avec de bonnes conditions de travail et e bons salaires pour les travailleurs de la construction. D’importantes réductions des loyers et des plafonds de loyer pourraient être appliqués à l’échelle nationale pour maîtriser immédiatement la crise des loyers.
Pour mettre en œuvre de telles mesures, nous devons construire un mouvement social puissant. Le mouvement contre la taxe sur l’eau a démontré que si nous nous organisons, nous pouvons l’emporter. Des mobilisations de masse de la classe ouvrière et d’organisations locales peuvent exercer une pression énorme sur les pouvoirs en place.
La construction d’une alternative politique va de pair avec cette tâche. Une alternative politique qui n’accepte pas que les intérêts des profiteurs l’emportent sur ceux de la classe ouvrière. Une alternative politique qui pointe clairement vers le responsabilité du système capitaliste. Une alternative politique qui prône la solidarité et l’organisation de la classe ouvrière pour renverser un système qui ne fonctionne jamais pour nous.
Un mouvement de la classe ouvrière
Cela signifie également de réveiller les syndicats, ce géant endormi du pouvoir ouvrier. Si les syndicats mobilisaient leurs membres pour agir sur cette question, ils pourraient directement atteindre et organiser 750.000 travailleurs. Réveiller ce géant impliquer de construire un mouvement syndical contrôlé démocratiquement par la base capable de prendre les mesures nécessaires, y compris des grèves, pour s’assurer que cette crise soit immédiatement prise à bras-le-corps. Cela devrait être lié à la création d’un nouveau parti de la classe ouvrière reposant sur un programme de politiques socialistes qui rompent avec la logique du marché capitaliste où l’offre de logements dépend des profits et non de la satisfactions des besoins humains.
Une nouvelle mobilisation est prévue le samedi 11 janvier. Faisons en sorte que ce mouvement grandisse et grandisse sur la base de la solidarité entre toutes les personnes touchées – la classe ouvrière – afin que nous puissions construire ensemble le mouvement nécessaire pour supprimer le profit comme force motrice derrière l’accès au logement.
