Author: sander

  • FSE: Citoyenneté ou Socialisme?

    Samedi 15 novembre, 35 camarades d’Etudiants de Gauche Actifs et du Mouvement pour une Alternative Socialiste ainsi que des camarades de France, d’Angleterre, d’Allemagne, d’Ukraine, de Russie et du Kazakstan ont formé une délégation internationale de Résistance Internationale et de la Gauche Révolutionnaire (section soeur du MAS en France) au sein de la manifestation du Forum Social Européen (FSE) à Paris. La manifestation était massive. La presse parle de 100.000 manifestants. Les intermittants francais en lutte depuis des mois pour défendre leur statut étaient à la tête de la manif. Ceux-ci avaient déja manifesté à plus de 3500 deux jours auparavant lors de l’ouverture du FSE. Le caractère international (de fortes délégations de manifestants italiens, la délégation d’IG-Metal d’Allemagne,…) de la manif est très important.

    Boris Malarme

    50.000 personnes ont participé aux deux jours de « débat » du FSE. Nous sommes intervenus au Forum pendant plusieurs jours mais nous ne nous sommes pas limités à cela. Nous avons mené une campagne dans plusieurs unifs et lycées. Aucune affiche était présente dans les facs. Quasi aucune campagne n’a été menée à Paris pour sensibiliser les jeunes et les travailleurs. Le FSE s’est tenu quelque peu coupé de la population. Après le mouvement contre la réforme de Raffarin et contre la décentralisation de l’enseignement, beaucoup de jeunes et de travailleurs à la recherche d’une alternative à la politique antisociale du gouvernement s’étaient rassemblés dans le Larzac autour de José Bové (200.000 participants). Bové refuse que le mouvement antimondialiste fasse de la politique. Nikonoff, le président d’ATTAC dénonce le risque d’assimilation à l’extême-gauche si le mouvement est trop radical.

    Le terme citoyeneté revenait de nombreuse fois lors des débats du FSE. Ce terme avait un sens révolutionaire lors de la révolution francaise de 1789. Il déclarait la fin des privilèges de la noblesse et l’égalité en droit. Mais comme le disait Lénine : «Le sens réel du mot d’ordre d’égalité ne peut résider que dans l’abolition des classes sociales». Ce terme aujourd’hui sème la confusion. Les travailleurs produisent toutes les richesses et ont en mains les armes pour mettre à plat toute l’économie. La bourgeoisie na plus aucun rôle progressiste à jouer aujourd’hui. Le mouvement doit arrêter de ce limiter à dénoncer les horreurs du capitalisme mais doit avancer une stratégie pour en finir avec ce système. EGA avance dans le mouvement la nécessité d’un monde socialiste. La classe ouvrière (les salariés) a la force potentielle de le réaliser.

  • Suffrage universel ou “Notre peuple d’abord”?

    La question de l’extension du droit de vote, pour les élections communales, aux résidents étrangers non européens occupe à nouveau le devant de l’actualité politique. Le gouvernement précédent avait décidé de reporter ce point après les élections. Mais le gouvernement est paralysé: PS, SP.a, Spirit et MR (avec des réserves) sont pour. Le VLD est contre.

    Guy Van Sinoy

    Dans l’opposition, CdH et Ecolo sont pour. CD&V, NV-A, Vlaams Blok et FN sont contre. Une majorité alternative pour faire voter la loi semble possible au parlement. Toutes les manoeuvres semblent alors permises.

    Hugo Coveliers, chef de groupe VLD à la Chambre, a menacé d’utiliser la procédure de la "sonnette d’alarme", prévue par la constitution, pour bloquer le débat au parlement. Les quotidiens réactionnaires Gazet van Antwerpen et Het Belang van Limburg ont réalisé un sondage pour prouver qu’une majorité de la population est contre l’élargissement du droit de vote. Qui a été interrogé et comment les questions ont-elles été posées, c’est une autre paire de manches!

    Les élections régionales de 2004 approchent. Chaque politicien se demande si l’adoption ou le rejet d’une telle loi fera gagner ou perdre des voix à son propre parti. Quand on gratte un peu, on s’aperçoit vite que les beaux principes démocratiques foutent le camp au premier sondage électoral défavorable.

    Il y a plus de deux siècles, en 1793, pendant la Révolution française, la Convention montagnarde écarta le droit de vote censitaire – qui limitait le droit de vote aux riches – et instaura le droit de vote pour tous les citoyens (pas seulement pour les communales) quelle que soit leur nationalité. Mais c’étaient des révolutionnaires bourgeois qui avaient un peu plus d’audace que les épiciers politiques de notre pays.

    Faut-il rappeler la médiocrité démocratique des gouvernants depuis la création de la Belgique? Le 10 octobre 1830, alors que les masses populaires s’étaient faites tuer sur les barricades pour repousser les armées hollandaises, le gouvernement provisoire décida d’adopter "provisoirement" l’ancien vote censitaire. 46.000 électeurs censitaires, sur une population de 4.000.000 d’habitants, élirent le Congrès national chargé d’élaborer la Constitution. Ce "provisoire" allait durer 63 ans: jusqu’en 1893 où, sous la poussée des grèves pour le suffrage universel, le vote censitaire allait faire place au vote plural (un homme = une voix, mais ceux qui possédaient un bien immobilier, qui payaient un impôt ou qui avaient un diplôme avaient plusieurs voix). Ce n’est qu’en 1919, par peur de l’extension de la Révolution russe, que le suffrage universel fut adopté. Mais uniquement pour les hommes! Les femmes ne purent voter pour la première fois aux élections législatives qu’en 1948 (118 ans après l’indépendance belge!). Les politiciens bourgeois qui aiment tant vanter les traditions démocratiques de la Belgique devraient se rappeler ces dates et être un peu plus modestes.

    Le LSP-MAS est pour le droit de vote et d’éligibilité à tous les niveaux pour tous ceux et celles qui résident en Belgique. Cela n’a rien de révolutionnaire: cela existe déjà depuis des dizaines d’années pour les élections sociales. L’immense majorité de ceux qui pourront bénéficier de l’extension des droits démocratiques sont des travailleurs. Cet élargissement du droit de vote à tous ceux qui résident en Belgique donnera des droits politiques à tous les travailleurs, permettra de dépasser la division entre travailleurs, et renforcera le camp de tous les salariés face aux patrons.

  • 31 décembre 2003: Fêtez l’an neuf avec nous

    Pour la huitième année consécutive, la régionale de Bruxelles du MAS-LSP organise un repas et une veillée de réveillon le 31 décembre. C’est l’occasion, après une année de travail et d’activités politiques intenses, de se retrouver entre camarades, dans une ambiance chaleureuse, autour d’un succulent repas et d’une bonne bouteille. Comme les années précédentes, les camarades Gert et François mettront tout leur talent pour nous concocter un menu à la hauteur.

    Cette année il y aura au menu :

    • Velouté Palais d’Hiver
    • Scampis à la Diable
    • Magret de Canard sauce Gertrude ou Quiches et garniture (pour les végétariens)
    • Table de fromages avec fruits
    • Mousse au Chocolat
    • Café et TruffeEt tout cela pour le prix de 14,00 euros. Les boissons sont en sus, mais elles sont comptées à des prix très démocratiques. Eau minérale gratuite. Possibilité de petit menu pour les enfants. Une condition indispensable est de réserver (et de payer) avant le 20 décembre. Comment réserver? Par téléphone ou fax (02/534.97.38) ou par courrier (BP 41, 1060 St-Gilles 2) ou par e-mail (loisirsetcultures@yahoo.fr). Paiement au compte 001-1427930-69 de Francine Dekoninck.

      Important! N’attendez pas la dernière minute pour vous inscrire. L’an dernier nous avons dû refuser des inscriptions de dernière minute car tout était complet.

  • Emploi: Il faut un plan d’action!

    Avant les élections, Verhofstadt avait promis, dans son inimitable style «optimiste», de créer 200.000 emplois pendant cette législature. Le maigre résultat de la Conférence sur l’Emploi – seulement 60.000 emplois et uniquement par une baisse générale des charges salariales et l’instauration de chèques-services – montre le petit jeu de poker menteur de Verhofstadt. Il n’a plus un seul atout en mains.

    Stef Saliën

    3.000 emplois vont passer à la trappe à Ford Genk. La fermeture à Genk de la ligne de production du modèle Ford Transit provoquera de solides pertes d’emplois chez les sous-traitants. Rien que dans les entreprises de transport et de nettoyage qui travaillent pour l’usine de Genk, cela représente plus de 1.100 emplois! En outre l’avenir proche du siège de Genk n’est pas du tout assuré. Il n’y a, pour l’instant, qu’une promesse de la direction d’assembler une nouvelle version de la Ford Mondeo, un modèle qui est déjà vieux de 15 ans. Il sera décidé le 15 novembre de l’installation d’une nouvelle plate-forme de production nécessaire à la production d’autres modèles. En 1992, il y avait encore à Ford Genk 13.864 travailleurs. La CSC estime que l’an dernier plus de 5.000 emplois ont disparu au Limbourg.

    A la SNCB, Vinck, le patron des chemins de fer, veut supprimer 4.540 emplois fin 2005: cela concerne 1.098 travailleurs du service d’entretien de l’infrastructure des voies ferrées, 1.088 postes techniques du matériel roulant, 1.055 travailleurs aux guichets et dans les gares ainsi que 284 postes dans les divisions du logement et du nettoyage.

    A la Poste, Thys veut diminuer l’effectif de 8.000 unités. L’instauration du système Géoroute fait que le système de tri rend superflu 80% du personnel dans les équipes de nuit. Par la suppression de la deuxième tournée, le nombre de facteurs de tournées va également fortement baisser. Belgacom fait son entrée en bourse en février 2004. La privatisation conduira également à une perte massive d’emplois.

    La baisse des charges salariales décidée par le gouvernement n’est pas une solution pour la création d’emplois. La conséquence de la crise économique mondiale est la surcapacité de production qui pousse les capitalistes à réduire leur appareil de production et à fermer les usines. Les gouvernements en Europe ainsi que les directions syndicales ne font rien contre une telle situation.

    Nous avons besoin d’une direction syndicale qui ne se contente pas de négocier des plans sociaux, mais qui organise la lutte pour défendre chaque emploi. C’est dans de tels moments que la solidarité se construit à l’intérieur d’un secteur, d’une région et au besoin nationalement. L’arme de la grève n’est pas faite pour reporter la pression à plus tard, mais pour construire un rapport de force pour gagner. En bref: il faut développer un plan d’action de mobilisation.

    Une diminution radicale du temps de travail à 32 heures sans perte de salaire et avec embauche compensatoire est indispensable. Tout comme un arrêt du démantèlement des services publics. Les grandes entreprises qui menacent de licencier ou de fermer doivent être nationalisées. Le gouvernement britannique est mis sous pression par la population pour renationaliser l’exploitation du chemin de fer. Car les privatisations dans les années 90 ont été un désastre: baisse de la qualité du service, dégradation des conditions de travail, catastrophes ferroviaires.

    Luttez avec le MAS pour dégager un solide courant combatif dans les syndicats, pour défendre nos droits et nos emplois!

  • Ford Genk: Les débrayages contraignent la direction à lâcher du lest

    Les travailleurs de Ford et les délégations syndicales ont obtenu une première victoire. Deux mois plus tôt que prévu la direction a promis sur papier de produire la nouvelle version du modèle Mondeo à Genk. De plus, le 15 novembre une autre décision importante sera prise: la direction de Ford décidera si le modèle Galaxy et le nouveau modèle cross-over seront produits à Genk.

    Eric Byl

    Si ces promesses se concrétisent il y aura, au moins jusqu’en 2012, du boulot pour 5 à 6.000 personnes. Dans la négative, seuls 3.000 à 3.500 postes de travail seront conservés. Naturellement cette victoire n’est que très conditionnelle. Par expérience nous savons que les promesses des capitalistes ne sont pas des garanties, même si elles sont mises sur papier. De plus, rien n’est clair sur le sort des 3.000 travailleurs considérés comme excédentaires et sur les 730 postes de travail déjà perdus chez les sous-traitants.

    Néanmoins il est significatif qu’une multinationale comme Ford soit contrainte à faire des concessions. Sans le blocage pendant trois semaines des pièces importantes et des véhicules produits, Ford n’aurait jamais reculé. La multinationale ne l’admettra pas volontiers, mais le blocage de la production de la Ford Transit à Southampton (Grande-bretagne) faute de pièces en provenance de Genk et la perspective qu’il en aille de même en Turquie ont été décisifs.

    Voilà une première bonne réponse aux “bons conseils” des politiciens qui affirmaient qu’on ne peut rien faire contre une multinationale et qui conseillaient aux travailleurs de ne pas mettre en danger les 6.000 emplois restants par des actions trop musclées. Il savaient pourtant, comme tout le monde à l’entreprise, que les contrats avec les sous-traitants n’étaient valables que jusqu’en 2006 et que sans lutte c’était la fin de Ford Genk après 2006.

    Deux poids, deux mesures

    Celui qui ne paie pas ses factures recevra en général la visite d’un huissier. Si l’on ne paie pas sa voiture ou sa maison, on risque de voir ses biens saisis. Si on est chômeur, on est considéré, après quelque temps, comme un “profiteur social” à sanctionner. Si on n’a pas de papiers? On est considéré comme illégal, on peut être incarcéré et expulsé. Par contre si vous êtes patron et que vous ne respectez ni la convention ni d’autres accords, et que vous privez des milliers de familles de leur revenu, vos biens ne seront pas saisis, vous ne recevrez pas d’amende, vous ne serez pas incarcéré ni expulsé, mais le gouvernement vous offrira en prime une baisse des charges sociales.

    La réponse du gouvernement Verhofstadt face au non respect par Ford des promesses d’investissement est: “Il faut rendre le travail en équipe plus attractif”. Bref, Verhofstadt veut puiser dans les caisses de l’État pour donner aux entreprises, comme Ford, qui détruisent la santé des travailleurs en organisant le travail en équipes. Après cela on accusera les travailleurs de surconsommation médicale pour tenir le rythme de travail.

    Selon Verhofstadt, Ford a une bonne raison de ne pas tenir ses promesses: les coûts salariaux “trop élevés”. Il faut donc les baisser en diminuant les charges salariales. En tenant le même raisonnement, Verhofstadt a-t-il déjà considéré que beaucoup de gens trouvent que leur loyer est trop élevé et que donc une baisse des loyers s’impose?

    Au parlement, une opposition digne de ce nom aurait déjà attaqué le double langage de Verhofstadt. Mais on n’a rien vu de tout cela. Bien que le coût salarial dans une entreprise comme Ford ne représente que 7% des coûts totaux, l’opposition s’est jointe à la majorité pour entonner le refrain de la baisse des charges salariales. Cette rengaine revient sans cesse, alors que le chômage continue de progresser… malgré les baisses répétées des charges salariales.

    Lobbying et manoeuvres politiciennes

    Comme c’est dans le cas lors de toute restructuration importante, on a assisté chez Ford à des manoeuvres politiciennes. Cela n’a encore jamais sauvé une entreprise, mais tout comme à Renault et à la Sabena, l’appareil syndical à placé le lobbying politique au centre de sa stratégie. Une équipe ministérielle a spécialement été constituée pour traîner de ministère en ministère les délégations syndicales. Elles ont même rencontré le ministre-président de la Région flamande Bart Somers.

    Le soutien des politiciens s’est limité à faire de la figuration à la manifestation de soutien à Genk. Un concert gratuit de “solidarité avec les travailleurs” a été organisé par le candidat VLD, Herman Schuurmans, son collègue Chokri Mahassine, candidat SP.a, et sponsorisé par des multinationales “amies” telles que Coca-Cola, Maes Pils et Pizza Hut.

    Ceux qui ont assisté à ce concert à l’issue de la manif du 18/10 se sont probablement demandé ce que cette kermesse au boudin avait à voir avec la lutte des travailleurs de Ford. N’était-ce pas plutôt une campagne publicitaire pour les partis au gouvernement? Il n’est pas surprenant que beaucoup de travailleurs grommelaient: “Nous n’avons pas besoin de musique, mais d’un emploi.”

    A cette manif du 18 octobre, des délégations des partis “démocratiques” s’étaient faites remarquer parmi les nombreuses délégations d’entreprises comme Opel et VW. Avec tant de soutien politique on s’attendrait à plus qu’une déclaration d’impuissance. Cette “impuissance” feinte est un rideau de fumée pour cacher la complicité des partis traditionnels dans les restructurations qui tournent en drames sociaux. Nous ne connaissons évidemment pas tout ce qui se dit dans l’antichambre du pouvoir. Mais il n’est pas exclus que le gouvernement ait été mis au courant, depuis des mois, de la restructuration chez Ford, et n’ait rien dit, comme cela a été le cas pour Renault et la Sabena. La Sûreté de l’État a déclaré qu’elle savait depuis juin que des choses se préparaient chez Ford.

    De la société industrielle à l’économie de la connaissance?

    Dès l’annonce de la restructuration chez Ford, la machine de propagande bourgeoise s’est mise en marche. Des “spécialistes” zélés tels les professeurs Blampain et De Grauwe, ou Hilde Houben-Bertrand (gouverneur du Limbourg) ont claironné que l’ère industrielle en Belgique était révolue et qu’il fallait passer à la “société des services et de la connaissance.”

    Yves Desmet, rédacteur en chef du Morgen et zélé trafiquant d’opium du peuple, résume ainsi: “Il y 40 ans la Flandre était agraire, alors a commencé le cycle industriel qui est maintenant en train de se terminer. A l’époque de la mondialisation un glissement des activités industrielles vers des pays à bas salaires est inévitable. On peut freiner cette évolution mais pas l’empêcher. Conclusion: la lutte pour défendre ces emplois n’a aucun sens. Nous ferions mieux d’investir dans des secteurs d’avenir où nous sommes encore compétitifs avec le reste du monde”.

    Les Desmet, Blampain, De Grauwe… semblent ignorer que le secteur de la recherche, “orienté vers le futur,” à perdu 15.000 emplois l’an dernier. Cette “tendance” s’est prolongée en 2003 avec 22.000 emplois perdus. C’est logique. Quelle entreprise voudrait séparer à moyen terme sa recherche et sa production? Si on ne peut pas garder la production en Belgique, les services et la recherche suivront. Desmet & Co ne doivent pas se faire des illusions: le 21eme siècle n’est plus l’époque coloniale, les pays à bas salaires ont de plus en plus de travailleurs qualifiés. Bientôt Desmet, Blampain et co seront peut-être aussi superflus, pour autant qu’ils ne l’aient pas toujours été.

    Ce que Blampain, De Grauwe et Desmet clament est fortement exagéré. Leurs thèses sont basées sur l’évolution du passé. La délocalisation de secteurs entiers, surtout des secteurs intensifs en main-d’oeuvre, vers des pays à bas salaires a été la règle pendant des dizaines d’années. L’industrie du textile en a le plus souffert.

    Désindustrialisation et délocalisation

    La croissance du marché mondial et la division mondiale du travail ont surtout pesé sur l’industrie lourde. En sera-t-il ainsi au cours des prochaines années?

    La science et la technique ont été développées à un tel niveau que dans tous les secteurs les demandes de capitaux – pour développer de nouvelles machines de plus en plus performantes – sont telles que les coûts salariaux ne représentent plus qu’une faible partie des coûts de production. La présence d’un marché, d’une bonne infrastructure et la stabilité politique deviennent plus importants.

    La mondialisation n’est pas seulement un phénomène économique. C’est d’abord un régime politique – de flexibilité terrible, de libéralisation des anciens services, de démantèlement des contrats de travail, etc. – que les pouvoirs impérialistes veulent imposer au reste du monde. L’essentiel en est que tous les obstacles au marché doivent être éliminés, et cela “dans l’intérêt de tout le monde”. Verhofstadt à expliqué cette fable quand il prétendait qu’il ne fallait pas moins, mais plus de marché libéré de toute contrainte, afin de combattre la pauvreté dans le monde.

    En période de récession économique les obstacles au commerce et les mesures protectionnistes vont se multiplier. Mais en même temps il sera de plus en plus important d’avoir une présence industrielle dans chaque région cruciale du monde. Et l’Europe reste potentiellement le plus grand marché du monde.

    Après la loi Renault, une loi Ford?

    On avance un tas d’arguments pour ne pas construire un rapport de forces. La fermeture de Renault a accouché de la loi Renault qui “oblige” les capitalistes à annoncer d’avance quand ils veulent jeter les travailleurs sur le pavé. Entre-temps l’ancien parlementaire Ecolo, Vincent Decroly, a déposé en mars dernier, en collaboration avec le groupe de travail Démocratie économique d’Attac, une proposition de loi plus sévère. Le MAS ne rejette pas une telle loi, mais il ne faut pas avoir d’illusions. Non seulement parce que les lois peuvent être contournées par les patrons, mais aussi parce qu’elles reflètent inévitablement un rapport de forces à un moment donné. En général ce genre de loi est vidée de son contenu au moment où change le rapport de forces. Decroly et Attac devraient en être conscients.

  • Comment se battre contre des multinationales à l’époque de la mondialisation

    Ni la baisse des charges sociales, ni le lobbying politique, ni la loi Decroly n’ont incité Ford à faire des concessions. Des politiciens, des académiciens et des bureaucrates syndicaux en concluront qu’ils sont impuissants contre l’arbitraire des multinationales. De cette manière ils échappent à leur responsabilité et ne doivent rien faire de sérieux. Le MAS sera le dernier à nier le pouvoir des multinationales. Mais aucun pouvoir n’est invincible surtout quand la classe ouvrière est unie.

    Eric Byl

    On vient de le voir chez Ford. Bien que les travailleurs de Genk doivent se battre seuls – à l’exception d’un peu de soutien moral et une manif/concert à Genk – ils ont amené la direction de Ford à faire des concessions. Imaginons-nous ce qui aurait été possible si les appareils syndicaux avaient vraiment mobilisé dans d’autres entreprises et organisé des grèves de solidarité. Une grève régionale au Limbourg ou une grève de solidarité à Volvo à Gand (qui fait partie du groupe Ford) et dans les autres entreprises d’assemblage automobile auraient pu forger un rapport de forces, non seulement envers Ford, mais surtout vis-à-vis du gouvernement qui aurait été contraint d’agir plus efficacement contre la direction Ford, y compris à travers la menace de mise sous séquestre des biens de Ford en Belgique et de redémarrer l’entreprise sous sa propre gestion.

    Une telle attitude n’aurait évidemment pas été bien accueillie par les gouvernements des autres pays et par la classe capitaliste. Par contre, cela aurait suscité beaucoup de solidarité de la part des travailleurs sur le plan international.

    N’oublions pas que tout emploi qui disparaît coûte à la communauté environ 25.000 euros en cotisations sociales, en rentrées fiscales et en allocations de chômage. Le licenciement de 3.000 travailleurs chez Ford coûtera, si on compte les pertes d’emplois directes chez les sous-traitants, 100 millions d’euros la première année. Une étude de la Banque nationale a indiqué que 75% des emplois perdus ne sont jamais compensés. Bref: dans le système capitaliste les travailleurs doivent défendre pied à pied chaque emploi. Dans la société capitaliste la hausse de la productivité signifie plus de chômage, plus de pauvreté et plus de drames sociaux et pas plus de temps libre. Et cela aucune loi ne pourra le changer.

    Sous le socialisme l’augmentation de la productivité allégera la charge de travail pour tous. La surproduction sera éliminée par une diversification graduelle et une transformation vers une production socialement utile. On peut battre les multinationales, même à l’ère de la mondialisation. Si, dans le passé, un compromis était parfois possible en raison d’une conjoncture économique favorable, une troisième voie (entre capitalisme et socialisme) est aujourd’hui exclue. Des victoires à court terme et partielles sur les multinationales sont possibles à condition de forger un rapport de forces. Mais une période de longue durée de concessions systématiques par les multinationales est exclue. Cela exigera une rupture fondamentale et la construction d’une société socialiste.

  • Après une fermeture… Quelle reconversion?

    un témoignage d’André Fontaine, ouvrier chez Renault Vilvorde pendant 25 ans, licencié lors de la fermeture en 1997

    Pour faire avaler plus facilement la fermeture, Renault avait organisé un certain show. D’abord en installant dans les locaux de l’usine de Vilvorde un show-room avec des fauteuils, des téléphones et des piles de journaux à la disposition des travailleurs cherchant un nouvel emploi. De nombreux panneaux reprenaient des offres d’emplois… mais beaucoup d’annonces étaient périmées.

    Renault s’était aussi engagé à reprendre sur le site de Vilvorde 400 travailleurs (au départ c’était même 1.500!): 200 la première année, 100 la suivante, puis encore 100. A l’heure actuelle il n’y en a jamais eu 400. Ces travailleurs font de petits travaux annexes: petits travaux de tôlerie, montage d’échappements ou de pneus sur jantes. Ils ont subi une diminution de salaire, plus de flexibilité et perdu leurs primes.

    Enfin, il y avait la promesse d’aider les travailleurs à retrouver un emploi grâce à une formation. Il faut essayer d’imaginer le choc psychologique subi par des travailleurs occupés chez Renault depuis de nombreuses années et qui doivent tout d’un coup apprendre un nouveau métier. Dans quelle branche? Quel métier? Avec quel salaire? Dans quelles conditions? La plupart n’étaient pas préparés à cela.

    La sélection s’est faite sur base du dossier au service du personnel. Avec un certain arbitraire. Je ne dis pas que n’importe qui peut faire n’importe quoi. Mais ce n’est pas, par exemple, parce qu’on a été soudeur pendant des années que l’on n’est pas capable de faire autre chose. Ensuite certains ont été écartés de certaines formations en raison de critères physiques ou psychologiques. Certains ont été tout de suite orientés, sans la moindre formation, vers des emplois mal payés (plongeurs dans l’Horeca, par exemple) afin de les faire vite disparaître des statistiques et de "prouver" ainsi qu’on pouvait rapidement trouver un autre emploi.

    Avant d’entrer chez Renault, j’avais travaillé comme photograveur dans les arts graphiques. J’ai donc demandé à suivre une formation d’infographiste (mise en page sur ordinateur). J’ai passé une sélection. Puis on nous a envoyés suivre pendant quatre mois une formation dans le privé. Du côté francophone, nous étions une trentaine. On nous a alors dit que cela coûtait trop cher et on nous a incité à poursuivre cette formation au FOREm. Nous avons donc été dispersés: chacun a dû aller s’inscrire au FOREm près de son lieu de domicile. Certains, découragés, ont abandonné. Je me suis en fin de compte retrouvé le seul à poursuivre cette formation pendant deux ans.

    Aux cours organisés par le FOREm, j’ai été étonné de constater que j’étais le seul demandeur d’emploi. Les autres étaient des infographistes qui avaient un emploi et qui étaient envoyés au FOREm par leur employeur pour parfaire, à moindre frais, leur formation sur l’un ou l’autre point. Et en fait le programme de formation était organisé en fonction de leurs besoins. J’ai trouvé cela choquant. Ces travailleurs ont bien sûr droit à des compléments de formation mais leur employeur a les moyens de s’adresser à une firme privée. Le FOREm devrait s’adresser en priorité aux sans emplois. D’autant plus que la formation est aussi financée avec l’argent des chômeurs qui paient des impôts.

    Il était prévu, en fin de formation, de faire un stage de trois mois en entreprise. Mais le FOREm m’a signifié que j’étais trop âgé (plus de 50 ans), que le marché était saturé et que cela n’avait plus de sens de continuer ma formation. Je suppose que depuis le début ils avaient quand même dû lire ma date de naissance dans mon dossier!

    J’ai tenté en vain de terminer les cours à l’ORBEm (Bruxelles) mais le transfert de mon dossier du FOREm vers l’ORBEm (j’habite dans le Brabant wallon) a été refusé. On m’a donc traîné en longueur pendant des années pour finalement me laisser sur une voie de garage.

    Propos recueillis par Guy Van Sinoy

  • Le gouvernement fait son numéro, nous payons la note

    Imaginez la situation suivante: vous êtes jeune chef de ménage et vous empruntez 50.000 euros pour faire bâtir une maison. Vous allez chercher votre argent à la banque en toute insouciance, vous dilapidez cet argent pour toutes sortes de choses sauf pour votre habitation et puis vous allez sans rire demander à la commune («la communauté») de financer votre plan logement.

    Peter Delsing

    Il y a de fortes chances qu’on vous prenne pour un fou. Et bien, lorsque le gouvernement dépense de l’argent pour autre chose que ce à quoi il était destiné, il peut toujours venir se remplumer à nos dépens – les travailleurs et leurs familles. Ils appellent cela une «aubaine budgétaire».

    C’est plus ou moins ce qui s’est passé avec le budget pour 2003 et 2004 du gouvernement Verhofstadt. La reprise du fonds de pension de Belgacom, 5 milliards d’euros étalés sur deux ans, n’a pas d’autre but que de dissimuler la mauvaise situation financière du gouvernement. De cette manière, le ministre du Budget Vande Lanotte (SP.A) et le Premier ministre Verhofstadt espèrent passer sans encombre le cap des élections de juin prochain.

    Depuis quelques années, les libéraux et les sociaux-démocrates (à l’époque épaulés par les Verts) tentent de boucler le budget avec des opérations non renouvelables: on brade les bâtiments, les services et les institutions publiques pour que Verhofstadt puisse parader avec un budget en équilibre.

    Sans la reprise du fonds de pension de Belgacom, le gouvernement se serait retrouvé en 2003 et 2004 avec un déficit cumulé de 1,7% du PIB (l’ensemble des biens et services produits en Belgique). Ajoutez-y la vente – pour 2,8 milliards d’euros – de Credibe (un ancien institut public de crédit hypothécaire) sans quoi le déficit aurait atteint les 2,7%. On approche dangereusement de la norme européenne des 3%. Cela démontre la vitesse à laquelle les déficits s’accumuleraient sans le bradage du patrimoine de l’État.

    On a liquidé des milliers d’emplois chez Belgacom et les pouvoirs publics doivent maintenant reprendre son fonds de pension pour sauvegarder la position concurrentielle de l’opérateur privatisé (les bénéfices servaient jadis à éponger les pertes en bourse du fonds de pension). Les contribuables (en gros les salariés, les allocataires sociaux et leur famille) vont donc devoir payer les pensions des employés de Belgacom parce que le gouvernement a, pour rembourser ses dette aux banques, détourné le fonds de pension de Belgacom (financé par les travailleurs de Belgacom!).

    Et tout ça en supposant que l’année prochaine verra une maigre croissance de 1,8% qui ne suffira pas à faire baisser le chômage. D’après Edwin De Boeck, économiste en chef chez KBC Asset Management, le gouvernement aurait même besoin d’une croissance de 4% (!) en 2005 pour éviter de se retrouver dans le rouge.

    Si nous voulons encore à l’avenir toucher une pension décente, garder le droit aux allocations de chômage ou de maladie invalidité, nous devrons forger un mouvement de masse socialiste pour renverser le capitalisme en putréfaction. Rejoignez le MAS pour réaliser une telle alternative socialiste.

  • Blocage des salaires aux Pays-Bas

    Les Pays-Bas sont en récession. Le gouvernement ne se limite pas à lancer une attaque en règle contre la sécurité sociale (pour économiser dans les soins de santé, les congés de maladie des salariés, la réglementation des fins de carrière, les allocations de chômage et les plans de carrières). Les coûts salariaux seront aussi concernés par les mesures d’austérité.

    Jan Van Emous

    Les prévisions de croissance économique sont de 0,6% pour 2004 (2% pour l’Union européenne) et on prévoit que le chômage augmentera de 100.000 unités en 2004, comme cette année. Le déficit public atteindra et dépassera l’année prochaine, malgré les solides mesures d’austérité, le seuil des 3 % fixé par le pacte de stabilité de l’Union monétaire européenne.

    Aux Pays-Bas, les partenaires "sociaux" (gouvernement, employeurs et syndicats) sont arrivés à un accord pour un gel des salaires pour 2004 et 2005. En échange d’un report de deux ans de l’exécution d’une part minime du plan d’austérité (17 milliards d’euros) le mouvement syndical a promis de ne pas revendiquer d’augmentations de salaires lors des négociations pour les conventions collectives. Concrètement cela signifie que le pouvoir d’achat des salariés va faire un saut en arrière. L’indexation automatique des salaires est impossible au Pays-Bas depuis des années.

    Les pays voisins qui sont d’importants partenaires commerciaux de la Belgique (France et Allemagne) ne sont pas non plus en bonne santé sur le plan économique. Quel danger cela représente-t-il pour les travailleurs de Belgique? Les exportations, dont dépend une partie importante de l’économie belge, seront plus difficiles que ce que Verhofstadt imaginait. Mais les patrons vont ici aussi appeler à une compression plus forte des coûts salariaux. Ils disposent également d’un moyen de pression légal avec la loi sur la compétitivité de 1996 – qui prévoit que la moyenne salariale belge ne peut pas croître plus vite que dans les pays voisins (Pays-Bas, Allemagne et France).

    En Belgique les patrons viennent déjà frapper à la porte du gouvernement Verhofstadt pour obtenir de nouvelles baisses des charges salariales. Les dirigeants syndicaux ont soldé la sécurité sociale. Cela ne sera cependant pas assez pour les patrons. La norme salariale cumulée pour cette année et l’année prochaine est de 5,4% maximum d’augmentation. Comme les bas salaires vont chuter aux Pays-Bas, les patrons belges insistent plus durement pour que les syndicats ne revendiquent pas le maximum de la norme salariale lors des conventions.

    Le danger existe que la direction syndicale – en contact étroit avec le gouvernement à travers la social-démocratie – cède aux exigences salariales. Comme il y aura des élections en 2004 et que l’économie ne se portera pas sensiblement mieux, l’appel patronal pour supprimer l’indexation des salaires sera de nouveau fortement écouté, en préambule au prochain tour de négociations sur la norme salariale.

  • Partis verts: Vers la crise finale?

    Ecolo et Agalev ne relèvent pas la tête après leur défaite électorale de 2003. Les derniers sondages leur promettent un résultat encore plus médiocre. Ambiance.

    Geert Cool et Thierry Pierret

    Agalev en passe d’être recyclé par le SP.A

    La discussion va bon train au sein d’Agalev sur l’opportunité d’adhérer au cartel SP.a/Spirit afin de préserver les chances d’avoir des élus. Agalev confirme ainsi sa vocation de parti qui jette par dessus bord tous ses principes pour pouvoir continuer à goûter aux prébendes du pouvoir.

    De son côté le SP.A n’a plus rien d’un parti ouvrier et veut désormais apparaître comme un parti "social-progressiste". Son modèle est plutôt le Parti démocrate américain, une machine électorale où les bureaux de marketing ont plus à dire que les membres. L’évolution vers une polarisation entre deux pôles bourgeois, l’un à droite, l’autre «à gauche», ne laisse pas d’autre choix à Agalev que de rejoindre le cartel de Steve Stevaert.

    Un tel cartel peut susciter des illusions chez les intellectuels pseudo progressistes. Certains croiront y reconnaître la grande alliance rouge-verte ou la loi d’airain selon laquelle les travailleurs finissent toujours par retourner dans le giron de la social-démocratie. Il n’est pas ex-clu que l’ACW (le MOC flamand) suive à terme le même chemin qu’Agalev vu le virage à droite du CD&V. Un tel pôle "de gauche" pourra compter sur un large potentiel électoral, mais ce sera un large potentiel d’illusions. Une telle formation ne luttera pas contre la logique néolibérale et encore moins contre le capitalisme. Au sein de la gauche révolutionnaire, l’un ou l’autre succombera peut-être à l’attrait d’un tel raccommodage. Dans un capitalisme en crise, un tel cartel politique "de gauche" deviendra vite une machine à privatiser et à assainir pour le compte de la bourgeoisie.

    Ecolo au bord de l’implosion?

    L’élection du nouveau secrétariat fédéral avait été fort disputée et les coups bas n’avaient pas manqué. Le choix d’Ecolo de rester au pouvoir à la Communauté française et à la Région wallonne ne fait pas l’unanimité au sein du parti. Les ministres Ecolo oscillent sans cesse entre la surenchère par rapport à leurs collègues du PS et du MR et les capitulations en rase campagne. Ainsi les ministres Ecolo du gouvernement wallon ont accepté le nouveau plan wallon des déchets qui entérine l’extension de la décharge de Mont-Saint-Guibert, malgré l’opposition des riverains et des associations de défense de l’environnement. Dominique Streel, ancien directeur de la Spaque (Société Publique d’Aide à la Qualité de l’Environnement) et cheville ouvrière entre le parti et le monde associatif, ne trouve pas de mots assez durs pour fustiger l’attitude d’Ecolo: "Les Verts sont en train de mourir. La démocratie interne est manipulée par des quasi professionnels entrés dans les cadres du parti. L’associatif n’en veut plus." (Le Soir, 31/10/03).

    Les deux candidats battus à l’élection du secrétariat fédéral, Paul Lannoye et Bernard Wesphael, se préparent eux aussi à la dissidence. Ils préparent un manifeste et évoquent – sans rire – la transformation d’Ecolo en "grand mouvement populaire". Ils n’excluent pas la création d’un nouveau parti vert en cas de défaite électorale en 2004 et évoquent l’urgence de recentrer le parti sur les thèmes environnementaux. Il y a décidément des signes qui ne trompent pas: les rats ont commencé à quitter le navire en perdition.

0
    0
    Your Cart
    Your cart is emptyReturn to Shop