Author: sander

  • Amendes de roulage. C’est la politique qu’il faut changer, pas les mentalités

    Amendes de roulage

    LA BELGIQUE fait piètre figure en matière d’accidents de la route mortels. Il paraît qu’il faut changer les mentalités. D’après les hommes politiques, «Celui qui ne veut rien entendre va le sentir passer». Depuis le 1er mars, les infractions sont réparties en 4 catégories: les infractions simples et 3 degrés d’infractions graves. En cas de perception immédiate, les amendes vont de 50 euros pour une infraction simple à maximum 300 euros pour une infraction grave du 3e degré. En cas de paiement différé, c’est 10 euros de plus. Celui qui ne paie pas est passible de poursuites judiciaires. Dans ce cas, l’addition pourra atteindre 1.375 euros pour une infraction simple et 2.750 euros pour une infraction grave des deuxième et troisième degré. A partir du 1er septembre, rouler à vélo sans feux ou ignorer la priorité de droite par inadvertance coûtera la peau des fesses.

    Eric Byl

    Les lourdes amendes vont-elles réduire le nombre d’infractions?

    Le gouvernement espère réduire radicalement le nombre d’accidents à coups de lourdes amendes. Il faut dire qu’on déplore en Belgique 13,7 tués sur les routes pour 100.000 habitants. Notre pays arrive en cinquième position après le Portugal, la Grèce, l’Espagne et la France. Les Pays-Bas (6,9), le Royaume-Uni (6) et la Suède (6,6) affichent de bien meilleurs résultats. La Belgique est même nettement au-dessus de la moyenne européenne (11,1).

    Comment cela s’explique-t-il? En tout cas, pas par le montant des amendes. Les tarifs néerlandais sont nettement inférieurs aux tarifs qui seront appliqués dans notre pays. Quelques exemples: aux Pays-Bas, rouler à vélo sans feux coûte 17 euros, brûler un feu rouge 86 euros. En Belgique, on paiera 137 euros dans les deux cas et même 175 euros à partir du 1er septembre.

    Il va de soi que ces supers amendes ne dissuaderont pas les fils à papa de foncer à toute allure avec leurs bolides. Ils payeront sans sourciller. En revanche, de telles amendes provoqueront des difficultés financières dans les familles modestes qui perdront de fait leur droit à la mobilité. Il fut un temps où le SP, avant qu’il ne devienne le SP.A, plaidait pour des amendes proportionnelles au revenu. On n’entend plus guère parler aujourd’hui de tentatives de tempérer quelque peu la justice de classe.

    La répression ne fait que sanctionner la faillite d’une politique

    Pour le CD&V dans l’opposition, ce ne sont pas les amendes mais les contrôles qui doivent augmenter. En 2001, les Pays-Bas ont distribué 7,2 millions de contraventions dont 6 millions pour excès de vitesse. En Belgique, c’est 1 million et demi dont seulement 500.000 pour excès de vitesse. Un plus grand risque de se faire pincer poussera sans doute bon nombre de conducteurs à la prudence, mais il y a plus. Les Pays-Bas oeuvrent depuis 50 ans à l’aménagement du territoire tandis qu’en Belgique, surtout à l’époque où le CVP faisait encore la pluie et le beau temps, on a laissé s’installer un joyeux chaos. Les magasins de quartiers ont été éliminés par la concurrence des grandes surfaces, les entreprises ont été installées dans des zones dépourvues de transport public, des méga-dancings ont été implantés en plein champs sans accès aux transports en commun,… En d’autres mots, ceux qui ont appliqué la politique des dernières décénnies sont au minimum co-responsables de chaque accident et de chaque amende. Une vie humaine n’est certes pas quantifiable en argent, mais des statistiques ont évalué le coût total des accidents de la route avec dommages corporels à 1 milliard d’euros par an. Il faut encore y ajouter le coût des embouteillages. Le MAS/LSP préférerait dépenser une telle somme pour créer des emplois de proximité et développer des transports en commun gratuits et de qualité. C’est la seule manière de garantir la sécurité sur les routes. Les amendes ne sont jamais qu’un moyen d’occulter la faillite d’une politique.

  • Iran: “Chaque semaine, il y a une grève qui éclate”

    LES DERNIERES élections législatives en Iran ont été un triomphe pour les religieux conservateurs autour de Khamenei. Ils ont organisé un véritable putsch contre la faction réformatrice du président Khatami. Alternative Socialiste a discuté avec Peyman, un militant de gauche iranien réfugié en Belgique. Il nous explique la situation dans son pays.

    La mainmise des conservateurs semble fortement renforcée suite aux dernières «élections». Comment analyses-tu les derniers développements politiques?

    – Les conservateurs ont commis l’erreur de laisser le réformateur Khatami accéder à la présidence en 1997. Khatami a lâché la bride aux journalistes même s’il n’entendait pas soustraire la liberté de la presse à la loi islamique. La population en a ainsi appris beaucoup sur la politique des conservateurs. Depuis 1997, une bonne centaine de journalistes ont été tués, 2.000 ont été arrêtés et quelque 100 journaux ont été fermés. Les réformateurs ont publié tout cela. Plusieurs scandales financiers ont aussi été révélés.

    Les conservateurs ne parvenaient pourtant pas à stopper les réformateurs. Ils y sont finalement arrivés par la voie judiciaire: ils ont constitué des dossiers, des milliers de candidatures réformatrices ont été invalidées à l’approche des élections. Les personnalités réformatrices les plus marquantes sont maintenant hors jeu.

    Comment les travailleurs et les jeunes ont-ils réagi?

    – Il y a eu beaucoup de manifestations pendant les élections. Des milliers de gens sont descendus dans la rue. Des étudiants et des travailleurs, dans les grandes comme dans les petites villes. A Shahre Babak, 20 ouvriers d’une usine de cuivre ont été tués lors d’une manifestation parce qu’ils s’opposaient à des licenciements et qu’ils tentaient d’occuper leur entreprise. Il y a eu aussi des manifestations à Semiram, à Lamerd,… On cherchera en vain des compte-rendus de ces manifestations sur CNN, mais on en trouvera sur les sites web et dans les journaux des réformateurs.

    Les illusions envers les réformateurs se sont dissipées. Les conservateurs ont entièrement repris le contrôle du gouvernement, du parlement, de la justice et des médias. C’est maintenant la population qui va affronter les conservateurs.

    Chaque semaine, il y a une grève quelque part en Iran. Sur le payement des salaires, sur l’assurance-maladie, contre les licenciements,… Dans la ville iranienne Khodro se trouve la plus grande entreprise du pays. On y produit la Peugeot et une marque locale de voitures. Plus de 1.000 ouvriers y sont en grève contre des licenciements et pour des revendications salariales.

    En mars, les enseignants ont fait une grève nationale d’une semaine pour de meilleurs salaires et contre le fléau des contrats temporaires. Ils menacent de continuer si le gouvernement ne cède pas. Le gouvernement tente de faire passer ces grèves pour «apolitiques», par oppo-sition aux actions des étudiants. Les travailleurs et les jeunes ne sont pourtant pas dupes. L’absence d’ouverture des conservateurs va mener à des explosions.

    La gauche n’a pas de presse libre, les meetings publics sont impossibles. L’activité politique est souterraine. Le sentiment général – «les réformateurs ne le feront pas pour nous, tout le régime doit partir» – nous est plus propice. Lors de la révolution de 1979, il y avait la ques-tion de la religion. Les jeunes d’aujourd’hui s’en sont éloignés à cause des méfaits du régime.

    On peut parler plus facilement du matérialisme et du socialisme. Je crains cependant que les religieux chiites irakiens n’optent pour un régime fondamentaliste. Al-Sistani n’a rien d’un Erdogan en Turquie. Les religieux chiites dissuadent les femmes de se mêler de politique. La liberté d’organisation est bafouée. On suit facilement les leaders religieux. Al-Sistani emboîte le pas aux Talibans et à feu l’ayatollah Khomeini, même s’il tempère ses propos sous la pression américaine.

    Propos recueillis par Peter Delsing

  • Remontée du FN en Wallonie?

    Élections 2004: un prochain dimanche noir?

    Flandre: nouvelle avancée du Blok?

    Le sondage du Soir place le Blok en Flandre en deuxième position derrière le CD&V/N-VA. Dans la mesure où quatre partis (VLD, SP.a, CD&V/N-VA, Vlaams Blok) sont dans la fourchette entre 18 à 29%, le jeu électoral est plus ouvert en Flandre. Une chose est sûre: lles gesticulations du VLD à propos du droit de vote des immigrés aux communales l’a fort affaibli et en fin de compte profite au Blok. Là aussi une alternative radicale à gauche est nécessaire. C’est pourquoi le LSP déposera une liste non seulement pour les élections européennes mais aussi pour les élections régionales en Flandre orientale.

    LES TEMPS changent. Ces derniers temps, on entend beaucoup moins les ténors des partis traditionnels claironner que l’extrêmedroite francophone ne représente pas une menace électorale. Et pour cause: "l’exception wallonne" n’en est plus une…

    Cédric Gérôme

    Le sondage du Soir paru le 6 mars profile le Front national comme quatrième parti en Wallonie, devant Ecolo. Le FN semble confirmer son réveil constaté lors des législatives de mai 2003 où le parti néofasciste avait réalisé des percées dans des villes sinistrées telles que La Louvière ou Charleroi. On pourrait s’étonner qu’un parti dont le programme est si peu raffiné fasse autant d’émules.

    Surprenant également, le fait que les multiples scandales qui ont éclaboussé le président – à vie – du FN, le docteur Daniel Féret (dont les relations privilégiées avec divers groupes négationnistes et nazis européens ont été révélés au grand jour) ne réduisent pas sa crédibilité. La division de l’extrêmedroite wallonne, l’absence d’un cadre charismatique et fédérateur et l’inexistence de campagnes politiques menées sur le terrain sont autant de facteurs qui obscurcissent les raisons de l’audience électorale de ce parti.

    Mais peut-être faut-il rappeler qu’il existe le terreau social nécessaire à la croissance de la «mauvaise herbe»… Dans le Hainaut, le taux de chômage moyen atteint 24,1%, frôlant les 30% dans le Borinage. Ce chiffre ne reprend que les chômeurs complets indemnisés. En pratique une personne sur trois est inactive dans cette région. Le nombre de logements sociaux est insuffisant pour subvenir aux réels besoins. Et ce ne sont pas les futures mesures d’assainissements à l’agenda du gouvernement ainsi que les aventures fiscales de Daniel Ducarme qui vont diminuer le crédit du FN. L’introduction du seuil électoral de 5% afin d’empêcher la concurrence des petits partis ne changera rien.

    En France le FN voit s’ouvrir de larges possibilités pour les élections régionales, entraînant quelque peu le FN belge dans son sillage. Les provocations médiatiques de Jean-Marie Le Pen ne sont pas étrangers à ce phénomène. Mais la racine du problème n’est pas là: la croissance de l’extrême-droite est inhérente à la crise du capitalisme.

    La dégradation des conditions matérielles de la majorité de la population jette une partie d’entre eux dans les bras de la seule opposition qui se profile à leurs yeux. L’idée illusoire comme quoi le Parti socialiste est un «moindre mal» va s’éroder sérieusement après les élections.

    Néanmoins, tant qu’une opposition de gauche offrant de véritables perspectives aux travailleurs désabusés ne sera pas présente dans les quartiers, l’extrêmedroite parviendra à se frayer un chemin parmi les décombres provoquées par la politique néolibérale.

  • Procès Dutroux: un dossier symbolique

    LE PROCES Dutroux évoque beaucoup de souvenirs de la période politique la plus trouble de la dernière décennie. Divers ministres ont démissionné, l’appareil judiciaire a été secoué, la population était en colère et a exprimé celle-ci dans les rues… Ensuite, les bouches ont été pleines de «renouveau politique». Aujourd’hui, huit ans après les faits, le procès est encore un dossier symbolique qui exprime la méfiance de la population dans l’appareil judiciaire et politique.

    Bart Vandersteene

    Beaucoup d’habitants de notre pays, en premier lieu les parents et les victimes, sentent que toute la vérité ne remontera jamais à la surface. Qui étaient ces réseaux? Quel était le rôle de Nihoul? Dutroux jouissaitil de la protection d’en haut? Comment expliquer la série de «bévues» dans le dossier? Beaucoup de ces questions demeureront sans réponse.

    La semaine blanche de la résistance

    Les dirigeants de ce pays suivent l’affaire de très près. Les événements de la semaine précédant la Marche Blanche sont restés gravés dans la mémoire collective. Stefaan de Clerck, ministre de la Justice à l’époque, a commenté il y a quelques semaines, dans l’émission Ter Zake, les événements entre le 15 et le 20 octobre 1996. Il a visionné les images des travailleurs en grève, dans la rue ainsi que des dizaines de milliers de lycéens en grève et manifestant dans toutes les villes. Stefaan De Clerck a parlé de situation «révolutionnaire». C’était indubi-tablement l’expression de la fureur de la population qui ne voulait plus que le pays soit géré par le pouvoir politique et judiciaire actuel.

    La crise a aussi confirmé que le capitalisme est une société de classe avec des intérêts antagonistes entre le patronat, leurs représentants politiques et les couches laborieuses. Les pancartes et les calicots de cette époque mentionnaient plus d’une fois le terme «Justice de classe». Malheureusement, il n’existait pas à ce momentlà une alternative claire dans la conscience de ceux qui étaient dans la rue.

    La plupart des manifestations ont éclaté de façon spon-tanée. A Gand seule une organisation était derrière ces manifestations. Aktief Linkse Studenten (notre organisation étudiante en Flandre), quelques syndicats lycéens et les étudiants de Militant (c’était le nom du MAS/LSP à l’époque) ont été capables de lancer un appel pour une manifestation de masse des lycéens, des étudiants, des travailleurs et de leur famille. La mobilisation a porté ses fruits le vendredi 18 octobre: 25.000 personnes ont manifesté au cri de «Le système est pourri jusqu’à la racine!»

    Le tournant de la Marche blanche

    Les autorités ont tout fait pour contrôler le mouvement. Même la maison royale a mis la main à la pâte. Selon Stefaan De Clerck «la maison royale a joué un rôle clef: elle a contribué à ce que le mouvement adopte un caractère candide et pacifique». Lors de la Marche blanche, toute activité politique a été interdite. Quelques membres du MAS/LSP ont été arrêtés et détenus jusque dans la nuit pour avoir distribué des tracts. Après la Marche Blanche, le mouvement s’est effondré. Le mécontentement n’avait pas disparu, mais bien sa force de mobilisation. Gino et Carine Russo, après avoir soutenu la lutte des travailleurs de Clabecq, ont menacé d’organiser une Marche rouge sur Bruxelles! Mais ils ne pouvaient réaliser cela seuls.

    Qu’est-ce qui a changé?

    Officiellement cela a changé. Dans les faits rien n’a changé. La police unique a été mise sur pied, on a beaucoup parlé du droit des victimes, des maisons de justice ont été construites et un «renouveau politique» a vu le jour avec les comités blancs, ID21, le parti blanc de Paul Marchal, etc. Depuis, la confiance de la population dans la justice et la politique n’a pas été renforcée, au contraire.

    Pour les marxistes, les institutions comme la justice et l’appareil policier ne sont pas détachées de la manière dont est organisée la société. Cela signifie que la lutte pour une jus-tice «plus juste» ne peut être menée sans la lutte pour une autre société: une société socialiste.

  • Bruxelles: le Blok bloquerait les institutions?

    Thierry Pierret

    Le sondage du Soir annonce que 8,4% des Bruxellois voteraient pour le Vlaams Blok le 13 juin. Le Blok obtiendrait la majorité dans le groupe linguistique flamand du Parlement bruxellois grâce à l’apport de 3,4% des voix francophones.

    Le PS et le MR seraient alors placés devant un dilemme. Soit rompre le cordon sanitaire en collaborant avec le Blok, soit se résoudre au blocage des institutions régionales vu l’exigence de la double majorité pour nommer les ministres et légiférer dans les matières bi-communautaires. Certains politiciens proposent déjà d’assouplir la règle de la double majorité. D’autres appellent à voter pour les partis démocratiques flamands afin de faire barrage au Blok.

    Aucun ne propose de solution crédible aux problèmes qui font le lit du Blok à Bruxelles: le prix des loyers, la paupérisation galopante, le chômage record (21%!), la dégradation des quartiers. Nous n’avons pas besoin d’un rafistolage institutionnel, mais d’une rupture avec la politique néolibérale. Plutôt que de soutenir les partis responsables de tout ce gâchis, il faut construire une alternative de gauche crédible qui parte des besoins du monde du travail.

  • Le VLD a perdu des plumes dans la bagarre interne

    Jan Vlegels

    En février dernier, le VLD a connu un jeu de chaises musicales: Karel De Gucht a été remplacé à la présidence par Dirk Sterckx. L’origine du conflit porte sur l’octroi du droit de vote aux élections communales aux immigrés non-européens. Les grosses pointures sont entrées dans la danse: Verhofstadt, De Gucht, Hugo Coveliers. Cela a aboutit à un congrès où Verhofstadt a réussi à convaincre la majorité du VLD de ne pas faire tomber le gouvernement. Le congrès à peine clôturé, De Gucht a violé les décisions du congrès en déposant un amendement restreignant le droit de vote, jetant ainsi un os à ronger à l’aile d’extrêmedroite de son parti. Ça lui a coûté sa place de président.

    La population a réagi avec indifférence sur ce qui se déroulait dans le VLD. Les disputes internes ne peuvent mener qu’à une défaite aux élections prochaines. Les sondages annoncent une baisse du VLD de plusieurs pour cents. Il perdrait le leadership des partis bourgeois en Flandre. Aux yeux du patronat le SP.a se révèle aujourd’hui le plus fiable.

    A suivre après les élections.

  • EGA. Campagne de diffamation des autorités académiques de l’ULB

    Etudiants de Gauche Actifs

    NOTRE CAMARADE Karim Brikci, président d’Etudiants de Gauche Actifs/ULB (EGA) a reçu une lettre du recteur l’informant qu’il serait convoqué prochainement devant le conseil de discipline de l’université. Cette convocation fait suite à une plainte du Vicerecteur aux affaires étudiantes André Nayer. Celuici affirme qu’un «ancien de la VUB» l’aurait insulté et aurait dit «Vous avez de la merde dans la tête!». Il accuse notre camarade Karim d’avoir «évacué un crachat de dédain» en sa présence.

    EGA-ULB

    Les faits

    Lors de la journée portes ouvertes du 18 février, EGA a installé un stand d’information sur le campus de l’université afin de mener campagne contre la Déclaration de Bologne et son application à l’ULB. Quelques minutes après avoir commencé notre activité, le service de sécurité est venu nous intimer l’ordre de remballer le matériel sous pré-texte que nous n’avions pas de-mandé d’autorisation. Les étudiants de notre cercle ont refusé d’obtempérer au nom de la liberté d’expression, d’autant plus qu’EGA est un cercle étudiant reconnu par l’ULB. La sé-curité a alors appelé le vice-recteur aux affaires étudiantes.

    Celuici a déclaré d’emblée que toute activité politique était interdite sur le campus lors des journées portes ouvertes. Mais alors pourquoi nous demander de produire une autorisation? Boris Malarme, membre d’EGA, ancien étudiant à l’ULB (et non à la VUB) a entamé la discussion avec le vice-recteur qui s’est lancé dans une violente attaque verbale contre EGA, nous accusant de cautionner les crimes du stalinisme. Il confondait ma-nifestement EGA avec un autre cercle étudiant bien connu pour sa glorification de Staline, de Ceaucescu et de Pol Pot. Lorsque notre camarade a interrompu le monologue du vice-recteur en lui faisant remarquer que les trotskistes avaient été les premières victimes du stalinisme et ses plus ardents adversaires, il a marqué un temps d’arrêt quand il s’est aperçu qu’il s’emmélait les pinceaux. Puis il a tout de suite embrayé en faisant un grossier amalgame entre le stalinisme et le trotskisme.

    Devant tant de mauvaise foi, notre camarade s’est un peu emporté et lui a répliqué que «ce genre d’amalgame c’était une idéologie de merde et qu’il fallait prendre garde à ne pas faire écho à ce genre d’idées révisionnistes». On est loin des propos injurieux que lui prête le Vicerecteur. Sur ces entre-faites, Karim Brikci est arrivé sans avoir participé à toute la discussion. A un certain moment, il s’est retourné pour cracher dans une haie qui se trouvait derrière lui. Sans doute à court d’arguments politiques, le Vice-recteur a prétendu que notre camarade Karim lui avait manqué de respect.

    Le président d’EGA/ULB fait donc l’objet d’une procédure disciplinaire pour des propos déformés et attribués à un autre que lui! En outre les autorités de l’ULB semblent l’accuser d’avoir souillé une haie… alors que lors des soirées de beuveries dont certains cercles folkloriques sont coutumiers, bon nombre d’étudiants déversent leur trop-plein un peu partout sur le campus.

    Une tentative de criminalisation

    EGA est un nouveau cercle étudiant à l’ULB qui a été reconnu cette année. Il se compose d’étudiants qui veulent lutter contre le capitalisme et tous les maux qu’il entraîne comme le racisme, le sexisme, l’élitisme dans l’enseignement,… A ce titre, EGA est entré à plusieurs reprises cette année en opposition avec les autorités académiques. Lors de la grève de la faim à l’ULB des réfugiés iraniens, nous avons dénoncé la duplicité de l’ULB à leur égard. Nous menons une campagne active contre l’application de la Déclaration de Bologne dans les universités, et notamment à l’ULB. Les autorités académiques ont donc toutes les raisons de vouloir museler EGA. Elles voudraient briser un cercle qui incarne l’opposition à leur politique élitiste et antisociale. La fin justifie les moyens. Y compris la diffamation et la fabrication d’incidents de toutes pièces. Cette campagne vise à préparer les esprits à accepter des mesures répressives contre tous ceux qui contestent la politique des autorités universi-taires.

    La convocation devant le Conseil de discipline est une mesure d’intimidation sans précédent à l’égard d’un cercle politique reconnu. Nous appelons tous les étudiants et le personnel à lutter à nos côtés pour défendre la liberté d’expression et d’organisation à l’ULB.

  • Manif syndicale à Ostende: Une participation à la mesure du mécontentement

    EN DEPIT d’une plateforme de revendications limitée, les syndicats ont mobilisé environ 20.000 manifestants le 20 mars à Ostende. La CSC et les autres organisations du mouvement ouvrier chrétien avaient mobilisé massivement. Des organisations de retraités, les travailleurs des hôpitaux, des maisons de repos, des centres pour handicapés, etc. ont répondu à l’appel et ont exprimé leurs griefs. Les manifestants étaient unanimes pour dire que le gouvernement se souciait trop peu des besoins sociaux et de l’emploi.

    Els Deschoemacker

    Mais quelle différence entre l’attente des manifestants et les mots d’ordre des directions syndicales! La direction de l’interrégionale flamande de la FGTB soutenait ouvertement la politique du SP.a au gouvernement à titre de «moindre mal». La critique du gouvernement sonnait moins creux auprès de l’interrégionale wallonne de la FGTB et des syndicats chrétiens.

    Le lien qui assujetti les directions syndicales à leurs prétendus relais politiques joue un rôle néfaste. Leurs revendications se limitent aux allocations sociales qui souffrent d’un retard de 6% par rapport à la hausse des salaires. La revendication de la liaison de l’évolution des allocations à celle des salaires est évidemment une revendication juste mais insuffisante. Ce n’est qu’une aumône pour tous ceux qui perdent leur emploi. Les statistiques publiées par De Morgen (19/3/04) indiquent une augmentation du chômage de 7,7% entre 2002 et 2003. 16,8% de la population active, soit 1.140.463 personnes, dépen-dent de ces allocations. Il faut plus qu’une allocation pour tous ces gens-là, il faut un vrai emploi avec un vrai salaire.

    En se bornant à des revendications relatives aux alloca-tions et en ne s’opposant pas au projet politique du gouvernement violet on affaiblit le camp des travailleurs et on ralentit la construction d’un rapport de forces, y compris sur le plan politi-que. Où les travailleurs et leur famille peuvent-ils exprimer leur colère? Actuellement il manque un canal d’expression sur le plan politique et sur le plan syndical. Les directions syndicales empêchent la création d’un véritable rapport de force pour une politique vraiment socialiste, qui défende les intérêts de la population laborieuse. Nous ne pouvons pas nous contenter de quelques miettes tombées de la table de ce gouvernement soi-disant social. Le gouvernement fera tout pour atteindre les normes fixées par l’Europe capitaliste et rattraper son retard par rapport aux autres pays européens dans l’offensive d’austérité. Ce n’est un secret pour personne que le patronat exerce une pression maximale pour baisser à nouveau les charges sociales. Ce sont tou-jours les travailleurs qui en font les frais.

    A l’approche des élections, le conseil ministériel d’Ostende sert surtout à donner l’image d’un gouvernement qui agit de façon unanime. Les élections seront un cap difficile pour le gouvernement Verhofstadt. Les ministres libéraux ont pu se pavaner devant les caméras à Gembloux, les ministres sociaux-démocrates ont fait de même à Ostende. Loin d’être l’expression d’une politique sociale, ces quelques miettes ne servent qu’à dévier l’attention de la politique néolibérale.

  • Mia Devits s’en va. Bon débarras!

    «Je ne tolérerai jamais que certains se servent de l’organisation syndicale à des fins politiques» a clamé Mia De Vits en juin 2002 quand elle est devenue présidente de la FGTB. Moins de deux ans plus tard, en pleine campagne pour les élections sociales, elle déserte la FGTB pour faire carrière au parlement européen.. sur la liste du SP.a de son ami Frank Vandenbroucke qui vient de lancer une nouvelle attaque contre les chômeurs.

    Guy Van Sinoy

    Le départ précipité de Mia De Vits est l’occasion de revenir sur sa carrière syndicale. Entrée comme universitaire il y a une trentaine d’années au bureau d’études de la FGTB, elle a fait toute sa carrière dans l’appareil, n’a jamais été déléguée syndicale, ni candidate aux élections sociales, n’a jamais organisé une grève ni un piquet sur son entreprise.

    Il y a trois ans, alors qu’il était encore président de la FGTB, Michel Nollet avait annoncé à la presse que Mia De Vits lui «succèderait». Comme dans les dynasties! La question n’avait pas encore été évoquée dans les instances du syndicat. Au congrès de juin 2002, comme elle était seule candidate, Mia De Vits est devenue d’office présidente, sans vote. D’emblée elle annonça son intention de lutter «contre l’extrême-gauche et l’extrême-droite». Quelques semaines plus tard elle lançait une offensive hargneuse contre la FGTB de Bruxelles en faisant liquider Albert Faust et Anne-Marie Appelmans qui s’étaient notamment opposés à De Vits en refusant la régionalisation des conventions collectives. Pour opérer un tournant encore plus à droite et faire avaler aux militants de nouvelles mesures asociales, l’appareil de la FGTB devait se débarrasser de sa propre aile gauche.

    Mia De Vits a justifié son départ en invoquant l’hostilité de l’Interrégionale wallonne à la «modernisation» et le «machisme». D’une manière générale les appareils syndicaux, tant FGTB que CSC, sont peu démocratiques et laissent peu de place aux femmes. La lutte pour la démocratie syndicale est aussi une lutte pour que les femmes soient mieux représentées à tous les niveaux. Mais on ne peut avaliser au nom du «féminisme» les prises de position d’une Mia De Vits ou d’une Margaret Thatcher. La pseudo «modernisation» cache la volonté de certains respon-sables de l’ABVV de transformer leur syndicat en organisation de services avec des antennes locales pour concurrencer le réseau de l’ACV. Un tel virage signifierait la fin du syndicalisme de lutte et de négociations et la perte de pouvoir des centrales syndicales (SETCa, CMB, CGSP, Centrale générale) au profit des régionales FGTB. C’est une des raisons pour lesquelles Mia De Vits a perdu le soutien des centrales syndicales et a finalement jeté l’éponge. Les responsables FGTB maintiendront une unité de façade jusqu’aux élections sociales. Mais après la bataille reprendra entre régionales et centrales.

    Le MAS et ses militants syndicaux défendent l’unité de la FGTB, un syndicalisme de combat démocratique, un syndicalisme qui informe les travailleurs, les mobilise et les prépare à la lutte, où tout responsable doit être élu et révocable, et dont le salaire ne dépasse pas le salaire moyen d’un travailleur.

    Rejoignez-nous pour mener cette lutte!

  • Espagne: Aznar paie cash pour ses mensonges

    L’ABOMINABLE ATTENTAT aveugle à Madrid, qui a fait 200 morts et au moins 1.500 blessés, a profondément heurté le peuple espagnol. 12 millions de personnes ont manifesté contre la terreur. Le jour après, le PP, le parti conservateur d’Aznar au gouvernement perdait les élections. Le PSOE la sociale-démocratie obtient le meilleur résultat depuis la chute de Franco: 11 millions de voix. Izquierda Unida (IU) encaisse une nouvelle défaite en reculant de 9 sièges à 5 au parlement national. IU s’est brûlée les doigts dans des coalitions locales avec le PSOE, en menant avec lui une politique d’austérité. Les élections sont une punition aux instincts belliqueux d’Aznar, de sa politique asociale et des mensonges patents sur la «certitude» de l’engagement de l’ETA basque dans les attentats.

    Emiel Nachtegael

    Défaite du PP conservateur

    Deux semaines avant les élections, Aznar avait confié au Monde qu’il n’est pas «de ceux qui se laissent ballotter par le flux et le reflux de l’opinion publique, ceux-là sont des girouettes». Un vrai leader, selon lui, devait adopter les décisions «contre l’opinion publique si il était personnellement convaincu que c’était pour le bien du pays». La politique gouvernementale, avec sa criminalisation de chaque forme d’opposition a rappelé pour beaucoup d’Espagnols les souvenirs de la période de Franco. Les organisations des droits de l’Homme font annuellement mention de tortures de Basques arrêtés. Et dorénavant l’état a également la permission d’ouvrir le courrier et les emails, de procéder aux écoutes téléphoniques et de pouvoir entrer dans les habitations sans mandat de perquisition.

    Après ces attentats meurtriers on voit pointer à nouveau le débat sur «la vulnérabilité de la démocratie en Europe» face aux «provocations terroristes». Les marxistes n’ont rien de commun avec des réseaux réactionnaires islamistes comme AlQaeda. Presque toutes les victimes des attentats étaient de simples travailleurs espagnols ou issus de l’immigration, travaillant à Madrid. Le terrorisme offre un excellent prétexte à ceux qui veulent le renforcement de l’appareil d’état. Maintenant c’est contre le terrorisme, mais demain ce sera contre la lutte sociale comme Bush l’a fait après le 11 septembre.

    Répercussions sur le plan international

    La défaite magistrale du gouvernement PP qui a entraîné l’Espagne dans la guerre tandis que 90% des Espagnols étaient contre a un an plus tard renforcé le mouvement antiguerre contre l’occupation de l’Irak. Différents pays européens ont, comme l’Espagne, déjà annoncé qu’ils ne souhaitaient pas maintenir leurs troupes en Irak plus tard que le 30 juin. Les électeurs espagnols ont sanctionné l’arrogance avec laquelle Aznar a traîné le pays dans la guerre qui n’était pas la leur et qui a déjà coûté la vie à presque 10.000 civils irakiens, 13.500 militaires irakiens et 665 soldats des troupes de la coalition. Comme l’on pouvait lire sur une pancarte: «Aznar; c’est votre guerre, ce sont nos morts».

    PSOE

    Les jeunes et les travailleurs espagnols ne voient pas le PSOE comme un parti socialiste combatif. Avant les attentats, les sondages donnaient le PSOE comme grand perdant. Il s’est rendu impopulaire par de nombreux scandales de corruption et par sa transformation précoce en parti bourgeois. Même si le nouveau gouvernement PSOE, mené par José Zapatero va devoir faire quelques concessions limitées, son programme sera de pousser plus loin la libéralisation et la réforme asociale du marché du travail.

    Le PSOE ne doit pas sa victoire électorale à une opposition de gauche active à la politique d’Aznar, mais à la haine envers Aznar suscitée par ses mensonges sur les auteurs de l’attentat. Les Basques et les Catalans n’ont pas beaucoup à attendre d’un nouveau gouvernement PSOE, qui n’est pas prêt à rompre avec le système capitaliste et qui, en défenseur de l’état bourgeois, ne reconnaît pas fondamentalement le droit à l’auto-détermination. L’énorme prise de conscience politique, surtout de la part des jeunes et des jeunes travailleurs, offre de nouvelles occasions de construire un parti ouvrier qui soit socialiste dans la lutte et pas seulement en paroles.

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