Author: sander

  • Pas de marxisme révolutionnaire sans féminisme socialiste !

    L’internationalisme est un élément essentiel de l’ADN du marxisme. Le capitalisme est organisé à l’échelle internationale, il n’est que logique que notre combat pour le renverser en fasse autant.

    Nous avons connu une douloureuse période d’intense lutte fractionnelle qui a conduit à l’implosion d’Alternative Socialiste Internationale (ASI), avec pour cause immédiate la dissimulation d’un grave cas de violences sexuelles par la direction d’une importante section. Nous voulons tout d’abord présenter nos excuses envers les personnes survivantes impliquées quant au fait que cette internationale n’ait pas cru en elles. Nous leur exprimons toute notre solidarité. Cette dissimulation a été défendue par une courte majorité de la direction internationale. De tels abus et la protection de leurs auteurs sont inacceptables dans la société et très certainement également dans une organisation marxiste qui prétend lutter contre toutes les formes d’oppression et d’exploitation. Des comportements transgressifs étaient trop fréquents et, même dans nos rangs, on fermait trop souvent les yeux à ce sujet. Défendre le féminisme socialiste en paroles, mais pas en actes, c’est inacceptable.

    Les responsables ont non seulement refusé d’endosser leur responsabilité politique, mais ils et elles ont de plus utilisé leur courte majorité au sein des instances dirigeantes d’ASI pour marginaliser et discréditer celles et ceux qui s’opposaient à ces pratiques coupables tout en manipulant les faits. Les dommages incommensurables que cette approche destructrice a causés dans et autour des rangs d’ASI sont difficiles à estimer. Nombre de camarades et de personnes survivantes d’abus sexuels ont été profondément affecté.e.s et les dommages sont bien plus profonds que certain.e.s ne veulent l’admettre. Il s’agit d’une trahison politique de tout ce qu’ASI prétendait autrefois représenter. L’opposition à de pareilles situations est au cœur de notre combat. Comme le disait Rosa Luxemburg, “la chose la plus révolutionnaire que l’on puisse faire est toujours de proclamer haut et fort ce qui se passe”.

    Cette lutte fractionnelle a pour toile de fond l’ère du désordre dans laquelle nous sommes rentrés, une période de crises qui s’accumulent et se renforcent mutuellement, toutes imputables au fonctionnement du système capitaliste. Cette situation suscite une énorme colère, qui se traduit régulièrement par des explosions de lutte et une contestation de masse, sans pour autant qu’une large compréhension existe quant au type de système alternatif à défendre et à la façon d’y parvenir. Cela pose des difficultés pour toutes les organisations révolutionnaires, dont l’activité principale est d’œuvrer à un changement de système. Il n’est pas question pour nous de répondre à ces difficultés en se voilant la face ou par une répétition routinière et aride de slogans généraux qui finissent par être vidés de tout sens révolutionnaire. S’appuyer sur la méthode du marxisme pour comprendre la réalité en mouvement afin de transformer la société, cela exige un engagement sincère sur le terrain des luttes existantes. Cela aussi, faisait partie des débats au sein d’ASI.

    Différentes sections ainsi que différents groupes et individus se sont engagés dans un “Projet pour une internationale marxiste révolutionnaire” avec. Le week-end du 31 août et du 1ᵉʳ septembre, 130 camarades de 29 pays se sont donc réuni.e.s. Un processus de discussion collective est en cours avec une analyse de notre tradition politique afin d’explorer la possibilité d’une nouvelle organisation internationale à plus long terme. Il n’est en effet pas possible de construire une organisation véritablement révolutionnaire en s’appuyant uniquement sur les expériences d’un seul pays.

    Après six ou sept ans de débats internes, de séparations et, fondamentalement, d’implosion de notre courant politique, une sérieuse introspection s’impose. Nous devons identifier les origines de cette crise et tirer les leçons des échecs politiques et organisationnels d’ASI et de ses prédécesseurs. Une approche critique faite de patience et d’humilité sera nécessaire pour parvenir à la clarté politique nécessaire à la construction d’une organisation internationale marxiste saine. Alors que la lutte pour une transformation socialiste de la société est particulièrement urgente, nous aurons besoin de mêler de la patience révolutionnaire à ce sens de l’urgence afin de construire des forces révolutionnaires dont l’ambition est de jouer un rôle crucial dans le renversement du capitalisme.

    Les débats intenses de ces dernières années ont mis en lumière la nécessité de revoir en profondeur notre compréhension de la lutte contre toutes les formes d’oppression, y compris le racisme, la LGBTQIA+phobie, le validisme (discrimination systémique contre les personnes en situation de handicap), la discrimination de caste… et de leur lien avec le capitalisme. Cela ne doit pas se limiter à des mots, mais aussi se refléter dans la pratique. Les liens étroits entre l’exploitation et toutes les formes d’oppression, ainsi que la nécessité d’intégrer pleinement la lutte contre celle-ci dans la gauche révolutionnaire et le mouvement ouvrier, sont particulièrement importants. Une organisation marxiste internationale ne peut se permettre d’être orientée vers les pays occidentaux et organisée de haut en bas, ce qui était malheureusement une tendance au sein d’une grande partie d’ASI et de ses prédécesseurs. Une des tâches essentielles qui nous font face est également de renforcer la diversité et la représentation des couches opprimées au sein de notre organisation.

    Nous avons donc beaucoup de travail à accomplir et cette période incite par ailleurs à une réflexion critique sur soi-même en tant que militant.e. En parallèle, nous continuerons notre activisme révolutionnaire sur la scène internationale. Ce mois d’octobre, quatre membres du PSL se sont rendus en Irlande pour participer à la campagne électorale du Socialist Party. Ce dernier dispose d’un député, Mick Barry, et pourrait de plus faire élire au Parlement la conseillère municipale Ruth Coppinger. Ces activistes de terrain sont avant tout des porte-parole et des personnes ressources pour l’organisation des luttes locales et plus larges. Nous allons aussi investir du temps et des moyens dans l’organisation de la 2e conférence internationale ROSA à la fin du mois de mars, à nouveau à Vienne. Et, bien sûr, nous sommes impliqué.e.s dans les réunions internationales du Projet pour une Internationale Marxiste Révolutionnaire.

    Le 5 octobre, le PSL a tenu une conférence nationale pour débattre de son fonctionnement international. Il a été décidé de quitter ASI et de participer au Projet pour une Internationale Marxiste Révolutionnaire, une décision qui doit être confirmée lors de la première session de notre Congrès national début décembre.

  • Enseignant: oui! En saignant: non!

    La grève de ce mardi dans les écoles de la Fédération Wallonie-Bruxelles est probablement “le début d’un combat qui va être long”, a estimé le secrétaire général de la CSC Enseignement, Roland Lahaye, sur La Première. “Il y a longtemps que je n’ai pas vu une telle mobilisation spontanée de la part des équipes et des écoles”, a-t-il affirmé le syndicaliste. Des écoles habituellement réfractaires à la grève sont pratiquement à l’arrêt, “parce que tous les profs se sentent concernés et prennent conscience de la casse qu’on annonce dans l’enseignement.”

    “Une déclaration de guerre”, c’est comme ça que les syndicats de l’enseignement ont qualifié le décret-programme qui accompagne le projet de budget pour 2025. Déjà auparavant, les problèmes s’accumulaient sans être résolus. Et maintenant, la nouvelle coalition MR-Engagés à la Fédération Wallonie-Bruxelles s’apprête à tourner un couteau plus grand encore dans la plaie du personnel enseignant, administratif et technique des écoles. La journée de grève du 26 novembre est une première réponse sous cette nouvelle législature. Une grève de 48h est prévue pour fin janvier, ainsi qu’une semaine en mars. Nous sommes toustes d’accord là-dessus : arrêtons de juste aligner les journées de grèves et manifs ; il faut durcir la lutte ! C’est aussi la meilleure manière de convaincre les collègues démoralisé.e.s.

    Le gouvernement MR-Engagés attaque l’ensemble des services publics, à la région comme à la FWB où les mêmes partis règnent, et ils s’apprêtent à faire de même au Fédéral. Le Budget 2025 préparé par la droite s’annonce violent tout azimut, et l’enseignement s’en prend plein la gueule, comme d’habitude. L’attaque prévoit notamment la fin de la staturisation au profit de contrats à durée indéterminée, et la réduction des budgets pour l’enseignement qualifiant, pour les organismes publics, pour les établissements supérieurs, et pour les bâtiments scolaires.

    Le gouvernement s’apprête à procéder à un rationnement qui rendrait fier Elon Musk, le fraîchement nommé par Trump à la tête du “département de l’Efficacité gouvernementale”. Si ça passe, ça va être une sérieuse détérioration des conditions de travail et du statut du personnel, et donc une détérioration de la qualité et l’accessibilité de l’enseignement. À court terme, des centaines d’emplois seront supprimés ; à terme, des milliers, notamment sur base des fermetures d’options “peu peuplées” de l’enseignement qualifiant, des 3èmes techniques de qualification et des 3èmes professionnelles, des 7èmes techniques de qualification et de certaines 7ème professionnelles…

    Pour eux, l’école doit être un produit rentable. La volonté est flagrante de faire correspondre l’école au monde de l’entreprise, comme en témoignent la co-création par les entreprises des épreuves qualifiantes ainsi qu’un stage en entreprises de 5 jours dans le tronc commun. Pour le primaire, le gouvernement a annoncé vouloir “réévaluer” la gratuité. Ce catalogue des horreurs doit nous obliger à être plus radicaux et plus organisés que jamais.

    Ne nous laissons pas faire

    La volonté d’aller un cran plus loin est bien là, c’est ce qui ressort des assemblées générales du personnel. Plus loin que les manifestations disparates sans réel plan ni perspective pour le mouvement. Un tel plan s’est déjà produit par le passé avec l’enchaînement de grèves et de manifestations dans plusieurs grandes villes et qui a terminé en apothéose à Liège avec plus de 15.000 personnes, soit plus de 12% de l’ensemble du personnel.

    L’appel des syndicats “pour une plus grande collaboration entre les employeurs, les gouvernements et les travailleurs” n’est pas à la hauteur des enjeux pour la mobilisation aujourd’hui. Ce gouvernement ne nous épargnera rien, le seul élément qui pourra l’arrêter c’est une mobilisation massive et radicale des travailleur.se.s., de tous les secteurs.

    1 – Continuons et élargissons la politique d’assemblées générales pour garder les collègues en action, leur permettre de discuter les propositions et le programme ainsi que la stratégie pour gagner. Dans une école du centre-ville de Liège, un sondage en fin d’assemblée générale sur la Déclaration de politique communautaire (DPC) donnait la grève illimitée en 1re position dans les modes d’action. L’enthousiasme ne manque pas face à ces attaques.

    2 – Munissons-nous d’un programme politique : un programme de rupture avec la politique austéritaire. Défendons par exemple une taxation des plus riches à travers une taxe récurrente sur les fortunes. Une telle taxe pourrait rapporter jusqu’à 10 milliards d’euros par an. Ça permettrait de financer un enseignement et des services publics à la hauteur des besoins. Notamment à travers un plan de rénovation massive des bâtiments scolaires ainsi que l’engagement de personnel avec un statut qui permet une réelle indépendance face aux directions et à l’arbitraire politique : le statut de fonctionnaires.

    Pour que ce combat soit victorieux, il faudra y lier des revendications offensives qui clarifient qu’il s’agit avant tout de l’avenir des jeunes générations et de l’enseignement émancipateur qu’elles méritent : avec des classes plus petites (dans lesquelles il ne pleut pas…) et suffisamment d’encadrement pédagogique avec des conditions de travail propices à accompagner l’épanouissement des élèves. Ne nous laissons pas prendre au piège : repoussons les attaques et arrachons plus de moyens, notamment pour plus de collègues !

    De premières photos de Bruxelles et Liège

  • Solidarité dans l’action contre l’épidémie de soumission chimique et de violence sexuelle !

    Le 14 novembre, il a été révélé que sept femmes ont été victimes de “spiking” à Courtrai, c’est-à-dire l’administration délibérée de substances sans consentement. À chaque fois, les sept victimes ont commandé une boisson, après quoi elles ne se souviennent de rien. Le lendemain, à leur réveil, elles ont constaté des preuves d’agression sexuelle. Le nombre connu de victimes dans le quartier festif de Courtrai s’élève entre-temps déjà à 16.

    Réaction d’une conseillère de victimes de traite des êtres humains

    De manière absolument choquante, au moins une victime a été détenue par la police pour “ivresse sur la voie publique” après avoir été retrouvée par la police après son viol ! C’est parfaitement illustratif de la façon dont les surivivantes de violences sexuelles doivent faire face non seulement aux auteurs, mais aussi à la police, qui suit une logique sexiste et répressive. Le parquet de Courtrai, relayé par divers médias, a déclaré : Les filles devraient faire plus attention à leur consommation d’alcool si elles veulent éviter les rapports sexuels non désirés.” Nous demandons justice pour toutes les victimes de violences sexistes et sexuelles et la fin de la normalisation de la violence sexuelle perpétuée par cette société capitaliste !

    Dans ses recherches sur le phénomène de la soumission chimique, l’Institut National de Criminalistique et de Criminologie (INCC) indique que l’alcool est la drogue la plus répandue dans les cas de soumission chimique. Le plus souvent, les victimes sont délibérément rendues ivres avant d’être agressées ou violées. L’administration de stupéfiants peut se faire par l’intermédiaire d’une boisson, d’une aiguille ou même par inhalation à l’aide d’un ballon, d’un vaporisateur, d’une cigarette ou d’aliments. Au cours des deux dernières années, par exemple, des dizaines de cas de “needle spiking” (soumission chimique par aiguille) ont été signalés: lors d’événements publics, y compris la Pride, les victimes ont soudainement ressenti une piqûre.

    Étant donné que les substances telles que le GHB, la kétamine et le rohypnol ne sont détectables que pendant 24 heures ou quelques jours tout au plus, et que les victimes n’osent souvent pas porter plainte ou seulement plus tard, les traces sont presque toujours perdues. Le gaz hilarant n’est même pas détectable. Après plusieurs jours, un échantillon de cheveux est le seul moyen de détecter les drogues, mais cela ne peut se faire que sur ordre d’un juge d’instruction dans le cadre d’une enquête criminelle.

    Par la suite, les victimes peuvent encore être ignorées par les autorités censées les protéger. Je connais par exemple le cas d’un juge d’instruction qui a classé l’affaire d’une mineure placée sur une plateforme de travail sexuel par des “loverboys”, en déclarant que la jeune fille de 15 ans “est de toute façon une pute” parce qu’elle s’est offerte en ligne. Le fait que cette mineure ne se souvenait pas des photos prises d’elle a été écarté, tout comme le fait qu’un.e mineur.e de 15 ans ne peut pas légalement consentir à la prostitution.

    Le “spiking” est le moyen ultime pour priver les victimes de violences sexuelles de leur autodétermination. L’absence de souvenirs engendre alors beaucoup de peur, de honte et de culpabilité. En cas de procès, la défense de l’agresseur pourra même profiter de ces trous de mémoire et tenter de mettre en doute la crédibilité de la victime.

    Ces expériences négatives et traumatisantes répétées avec des institutions qui devraient protéger les victimes augmentent la probabilité d’un SSPT (syndrome de stress post-traumatique). L’État de droit dans une société capitaliste ne fonctionne pas pour protéger les victimes, il s’agit d’un système bourré de sexisme et consitué d’obstacles bureaucratiques et de décisions arbitraires. Le verdict dépend essentiellement des croyances personnelles des flics, des juges et des procureurs. C’est un juge qui décide si un incident est considéré comme une soumission chimique et non la victime ou le consultant médico-légal et l’institut de toxicologie. Je connais au cas d’un policier qui avait trouvé une jeune fille mineure au lit avec un adulte et n’ait pas signalé de crime sexuel. Quand il a été interrogé à ce sujet par des travailleurs sociaux, il a répondu : La fille avait l’air mature avec ses cils et son maquillage; je ne peux rien reprocher à Monsieur.

    L’existence de la violence sexiste et sexuelle dans la société est indéniable et omniprésente. Un échantillon national représentatif de la population de 2021 montre que près de 80% des femmes sont victimes de violences sexistes et sexuelles au cours de leur vie. Les victimes de viols représentent 16%. Le risque est environ deux fois plus élevé chez les non-hétérosexuels que chez les personnes qui s’identifient comme hétérosexuelles. Parmi les homosexuels, 48% sont victimes de violences sexuelles, dont 5% de viols. Ce n’est pas pour rien que presque toutes les jeunes filles sont aujourd’hui mises en garde contre le danger de la soumission chimique. Alors que tout le monde semble connaître le problème, le parquet de Courtrai déclare que c’est “la première fois” qu’il “traite le phénomène de la soumission chimique à une si grande échelle”.

    Il est temps de mettre fin à ce cercle vicieux de la culpabilisation des victimes et de la violence: dans la société, dans les tribunaux, dans les communautés et les familles. Nous exigeons davantage de ressources pour le conseil et la prévention des victimes de violences sexistes et sexuelles. Ainsi, nous défendons un investissement public important dans les refuges, les Centres de Prise en charge des Violences Sexuelles (CPVS) et les lignes téléphoniques d’urgence pour soutenir chaque victime. En tant que féministes socialistes, nous luttons pour une société qui mette fin à l’exploitation, y compris l’exloitation sexuelle, de l’ensemble de la classe travailleuse et où le racisme, le sexisme et l’oppression appartiendront au passé.

  • Commune Colère : assemblée de lutte contre la boucherie sociale annoncée

    “Pour ceux qui travaillent, il y aura plus de (salaire) net, mais pour le reste, ce ne sont que des réformes dans la sécurité sociale qui sont désagréables. Et il faudra continuer à pédaler en côte durant dix ans. Ça demande du courage.” Voici comment Bart De Wever annonce la reprise des négociations fédérales. Ce sera l’austérité à tous les étages et pour longtemps. La « supernota » qui a fuité dans la presse annonce par ailleurs le menu : allongement et déstructuration du temps de travail, généralisation des contrats “zéro heures” et des sous-statuts d’emploi, attaques sur l’index et sur le salaire brut, durcissement des emplois de fin de carrière, saccage des services publics et non marchands, privatisations, chasse aux malades, exclusion des allocations de chômage, recul voire abandon de la lutte contre le réchauffement climatique,… La liste des horreurs est longue.

    Appel de Commune Colère

    Avec les gouvernements les plus à droite que la Belgique ait connu depuis longtemps, patrons et actionnaires ne s’y sont pas trompés : c’est l’occasion rêvée de démanteler tout ce qui les empêche de faire payer la faillite de l’économie néolibérale aux travailleur.euse.s. Cette montée en puissance s’appuie aussi sur une attitude toujours plus conservatrice et autoritaire. Il faut s’attendre aussi à des attaques sur les droits syndicaux et le droit de manifester ou de faire grève. Sans oublier que derrière la violence d’État, les divisions semées par la droite et le désespoir politique et social se cache la montée d’idées et d’organisations d’extrême droite toujours plus fortes, toujours plus normalisées, en particulier par l’axe MR-NVA. Ces gouvernements nous mènent à la guerre. Leur complicité dans le génocide commis par Israel en Palestine est insupportable.

    Face à ce rouleau compresseur, pour certains c’est l’incrédulité, pour d’autres une forme de résignation devant la pénétration des propositions de droite parmi les travailleurs. Pourtant la meilleure façon de contrer cette dernière, c’est en se mettant en ordre de bataille ! Il faut apprendre des batailles précédentes, et en particulier du mouvement de 2014, mais il nous semble impossible de ne pas se préparer à résister à cette offensive sans précédent. Il y a urgence! Mettons-nous autour de la table pour identifier les bonnes pistes, se coordonner et renforcer les actions de nos organisations syndicales. Les liens avec toutes les composantes du mouvement social seront essentiels pour battre le gouvernement des patrons!

    Travailleur.euse.s, délégué.e.s syndicaux, militant.e.s féministes, antiracistes, associatives, écologistes, avec ou sans emploi, avec ou sans papiers,… ces gouvernements nous attaquent tou.te.s, répondons en construisant la résistance.

    Nous appelons donc à une assemblée de lutte contre la boucherie sociale annoncée. Rdv le 26 novembre 2024 à 18h30 au DK, Rue du Danemark 70b 1060 Saint-Gilles.

  • [Entretien] Limitation dans le temps des allocations de chômage: c’est au système économique qu’il faut s’en prendre, pas à ses victimes

    Dans le catalogue des horreurs que préparent De Wever, Bouchez et tous les partis de l’Arizona figure en bonne place la limitation dans le temps des allocations de chômage, un véritable “trophée de chasse” pour la droite. Nous en avons discuté avec Cédric Leterme, du GRESEA.

    Propos recueillis par Nicolas Croes

    Merci, Cédric, de nous accorder cet entretien. L’an dernier, tu avais écrit une carte blanche intitulée Limitation des allocations de chômage : où sont les profiteurs ? Tu y développais d’une part l’inefficacité des mesures de répression des chômeurs pour lutter contre le chômage et d’autre part qu’attaquer les chômeurs permet de faire diversion (et division) quant aux vrais profiteurs.

    Vooruit s’était pour la première fois déclaré en faveur de cette mesure, une nouveauté qui ne vient pas de nulle part : elle est dans la filiation du plan d’activation des chômeurs instauré en 2004 sous l’action du ministre Frank Vandenbroucke, très proche de l’actuel président du parti Conner Rousseau. Les Engagés ont également rejoint la cohorte à ce moment-là. Cette nouvelle configuration rendait très probable que ça arrive sur table après les élections.

    Par ailleurs, c’était clairement une manœuvre de diversion. Quand on parle de ça, on ne parle pas de ce qui est plus massif. C’est systématique depuis des décennies : pour ne pas parler de l’évasion fiscale, pour ne pas parler de l’inflation, pour ne pas parler de profits, on va parler chômeur et chômage de longue durée. C’est d’autant plus outrancier que la précédente attaque, en 2012, a limité dans le temps les allocations d’insertion et a rendu extraordinairement dégressives les autres allocations, puisque deux des trois planchers sont en dessous du seuil de pauvreté au-delà de la période maximum. C’est impossible de vivre correctement.

    Deux études ont fait le bilan des mesures de 2012, sans parvenir à de grandes surprises. On savait déjà qu’on ne crée pas d’emploi en punissant les chômeurs. Les chiffres montrent que la dégressivité et la limitation dans le temps des allocations d’insertion n’ont servi à rien. Ça n’a pas suscité de retour à l’emploi des personnes concernées, au contraire, ça a fait exploser la précarité et ça a accru la charge sur les CPAS. Mais parmi les personnes exclues du chômage, il n’y en a que la moitié qui arrivent ensuite au CPAS. Que deviennent les autres ? Alors, la droite parle de la toxicomanie, de la mendicité… Tout ça, ça a une source. À un moment donné, quand on coupe tout et que les gens passent même au travers du dernier filet de sécurité, ces personnes se retrouvent forcément quelque part. Il y a la solidarité intrafamiliale, les gens retournent chez eux, mais d’autres ont recourt au trafic. On perd la trace de ces personnes-là. Donc, même d’un point de vue de contrôle social, cette mesure est complètement absurde. La sécurité sociale, c’est aussi une manière de garder du lien.

    Les économies espérées sont ridicules. Ici, dans la note de De Wever, on espère économiser 1,8 milliard avec la limitation à 2 ans des allocations, en sachant que sur ce 1,8 milliard, il y a un milliard qui va être reporté sur les CPAS, dont 800 millions sur les communes. En gros, on vise à économiser 800 millions, des cacahouètes, en enfonçant des dizaines de milliers de personnes encore plus dans la misère et en aggravant les inégalités sociales et territoriales.

    Le gouvernement De Croo (avec participation du PS et d’ECOLO) a fixé cet objectif d’un taux d’emploi de 80 % en 2030, objectif repris aujourd’hui par les partis qui négocient la coalition Arizona. D’où vient ce chiffre ?

    De nulle part, ça n’a aucun sens. 80%, ça fait joli. Plus que 78% ou 82%. C’est tout. Dans ce taux d’emploi,  on compte le nombre de personnes qui ont eu un “travail rémunéré”  durant la semaine précédant l’enquête, y compris à temps partiel, en intérim, peu importe. Et peu importe aussi si ces emplois sont utiles ou nuisibles à la collectivité. On rapporte ensuite ce nombre à la « population en âge de travailler », en considérant que toutes les personnes entre 20 et 64 ans devraient logiquement avoir un emploi. Mais on a aujourd’hui un taux de chômage historiquement faible et, sur toute la population en âge de travailler, il y a plein de gens qui ont de bonnes raisons de ne pas être présents sur le marché du travail. Ces personnes sont malades, s’occupent de leur famille, se forment, etc. Beaucoup “travaillent”  donc, mais pas au sens du taux d’emploi.

    Par ailleurs, quand on rapporte notre taux d’emploi au nombre d’équivalents temps plein, on dresse une réalité différente. On nous parle d’un taux d’emploi magnifique en Hollande, qui frôle les 80%. Mais avec combien d’intérimaires et de contrats précaires ? Si la base du calcul repose sur les équivalents temps plein, la différence est marginale. De toute façon, ce n’est pas en punissant 100.000 chômeurs qu’on va atteindre ces 80% : il faudrait recaser 8 à 900.000 personnes absentes aujourd’hui du marché du travail pour des raisons diverses, en sachant qu’il y a 180.000 postes disponibles à l’heure actuelle.

    L’enjeu se situe donc ailleurs. Ce n’est pas innocent non plus qu’on en parle maintenant alors que la situation économique est morose et que les licenciements se succèdent.

    Oui, il faut s’attendre à ce que le taux de chômage explose et que les drames sociaux s’accumulent. Et on va de nouveau mettre la faute sur les premières victimes. Où faudrait-il recaser ces gens ? On ne nous chiffre jamais les emplois en pénurie. Oui, il y a des secteurs où il y a des tensions de recrutement. Pourquoi ? Notamment parce que les conditions de travail sont dégueulasses.

    Par contre, on ne parle pas de mesures beaucoup plus bénéfiques pour le taux d’emploi – à supposer que cet indicateur soit pertinent, ce qui est déjà discutable – comme la réduction collective du temps de travail. C’est une mesure qui a une efficacité prouvée bien plus élevée que de punir les gens.

    C’est très juste, et ça s’impose aussi face à la charge de travail. Dans tous les secteurs, les gens craquent. Ce type de revendication est au cœur de la bataille idéologique à mener contre la droite.

    Que le MR parvienne à se positionner comme parti du travail, c’est quand même incroyable. Leur première mesure au gouvernement wallon, c’est de supprimer les droits de succession. Ils parlent du mérite individuel et ils s’empressent de favoriser l’héritage et les nantis. Ils favorisent les actionnaires, qui sont quand même les premiers à ne pas travailler. C’est fabuleux.

    Ce monde-là ne parle que du travail dans une perspective marchande et capitaliste. Il faut un emploi, c’est-à-dire un travail qui paye, une façon d’avoir de l’argent, indépendamment des enjeux sociaux, indépendamment de la sécurité sociale, indépendamment du sens du travail et indépendamment de son utilité sociale. Et il faut surtout éviter que l’État ou les syndicats aillent à l’encontre de ce fonctionnement marchand du travail.

    Mais la gauche ne parle plus du travail, ou alors en parle selon les termes de la droite. C’est dramatique. J’ai lu une interview dans l’Echo de quelqu’un du PTB, on a absolument voulu lui faire dire qu’on a besoin des multinationales pour travailler, ce à quoi il a répondu oui, oui, effectivement, mais après il faut qu’elles payent leurs justes impôts. C’est un abandon complet d’accepter le “besoin”  de multinationales pour nous dire ce qu’on doit produire et comment le faire pour ensuite qu’elles en récupèrent un maximum en nous laissant éventuellement quelques miettes. Une fois que tu as accepté ça, le champ discursif idéologique est assez réduit. On a pourtant derrière nous une séquence historique, avec le covid et les inondations, qui aurait dû inviter à une remise en cause de notre fonctionnement, ne fut-ce que d’un point de vue écologique, pour réfléchir à une production mise au service de la collectivité et pas de quelques actionnaires. Mais les discours un peu radicaux étaient rares. Au contraire, c’est le MR qui a fini par imposer le nucléaire.

    Le renoncement à gauche en termes de réflexion un peu radicale sur l’économie est terrible. On a encore vu cela avec Audi, où le désert était complet en termes de solution et de perspective de lutte. On a quand même une histoire d’occupations d’entreprises en Belgique, qui remonte un peu, mais qui est réelle. On a aussi l’exemple de l’occupation et de la reconversion sous contrôle ouvrier de GKN en Italie et ça, c’est aujourd’hui. Et à aucun moment ça ne sort. Le PTB parle d’un moratoire sur les usines automobiles, on cherche des repreneurs, mais qui est-ce que ça fait rêver ça ? Qui y croit ?

    Il y a un fatalisme, une résignation. Il y a eu le résultat des urnes, c’est vrai. Mais on ne doit pas surinterpréter ça. Le discours de droite populiste est d’autant plus fort qu’il y a ce renoncement à gauche. Peu avant les élections, il y avait encore des sondages sur la popularité d’un impôt sur la fortune, tout ça n’a pas disparu. Les gens se rendent bien compte de la concentration obscène de richesses. Mais sans perspective stratégique collective, ça parait tellement énorme qu’on ne sait pas trop bien sur quoi agir. Tout parait inatteignable : nationalisation, socialisation… On n’arrive déjà pas à limiter la casse, alors pourquoi penser à aller plus loin ? Et donc, le truc concret sur lequel on pense avoir une prise, c’est le voisin qu’on soupçonne d’avoir 100 euros de plus.

    Pourtant, assumer la rupture, c’est exactement ce qu’il faut faire. L’échec vient souvent du manque d’audace. On doit avoir un projet qui parle à l’imagination, qui suscite de l’espoir, qui ne se contente pas de limiter la casse.

    Nous sommes au 80e anniversaire du Pacte social dont la Sécurité sociale est un pilier. On ne va pas manquer de commémorations insipides, autour de l’idée que tout le monde était d’accord. C’est faux, il y avait un rapport de force. Tout l’enjeu aujourd’hui est de ne pas défendre cette réalisation comme si c’était le maximum à obtenir. Il faut l’élargir, la prolonger, aller au-delà et dépasser la question de purs transferts financiers pour inclure la socialisation de la production et la sécurité d’existence des gens, avec le logement, l’alimentation, etc. Les patrons disent qu’ils ne sont pas contents avec cette sécurité sociale là, et bien nous aussi, on doit pouvoir dire haut et fort que c’est insuffisant et qu’on va se battre pour le faire valoir.

  • Palestine, Liban,… les femmes, premières victimes des guerres et du génocide

    Un rapport de l’ONU publié fin octobre dévoilait qu’en 2023, la proportion de femmes tuées dans les conflits armés (de Gaza à l’Ukraine en passant par le Soudan) a explosé à travers le monde pour atteindre le double de l’année précédente. Parallèlement, les violences sexuelles liées aux guerres ont augmenté de 50%. Quand l’étude des données de l’année 2024 sera réalisée, elle mettra de nouveau en avant l’impact disproportionné des guerres sur les femmes.

    Tous nos yeux se tournent évidemment aujourd’hui vers l’escalade meurtrière régionale de l’agression israélienne au Moyen-Orient, qui provoque des déplacements massifs et interrompt des services de santé vitaux pour les femmes et les filles. Dans le nord de Gaza, les autorités israéliennes forcent les hôpitaux à évacuer, parmi lesquels ceux qui proposent des soins obstétricaux d’urgence aux femmes enceintes, au milieu des bombardements et des opérations terrestres. Le sud est surpeuplé avec un manque dramatique d’infrastructures de base.

    Une situation similaire se développe aujourd’hui au Liban et déborde vers la Syrie.On compte au moins 98 centres de santé primaires contraints à fermer leurs portes au cours de l’année écoulée au Liban, et cinq hôpitaux désormais hors d’état de fonctionner à cause de destructions physiques ou touchant leur infrastructure. Ces déplacements de masse ont des conséquences particulièrement douloureuses pour les femmes et les filles.

    En un an, on estime que 60.000 femmes ont accouché à Gaza. L’UNFPA, l’agence des Nations Unies en charge de la santé sexuelle et reproductive, n’a pu aider que 45.000 d’entre elles. Le personnel médical rapporte une forte augmentation des fausses couches et des décès maternels, tandis que l’anxiété et la malnutrition limitent les possibilités d’allaitement et que des milliers de femmes enceintes sont au bord de la famine.

    À tout cela s’ajoutent les violences sexuelles commises par l’armée israélienne. Des experts indépendants liés aux Nations unies ont déjà fait état depuis plusieurs mois de des “allégations crédibles” d’exécutions et de viols de filles et de femmes par les forces israéliennes dans la bande de Gaza et en Cisjordanie. Ces experts, dont la rapporteuse spéciale de l’ONU sur la violence à l’égard des femmes, Reem Alsalem, ont déclaré avoir reçu des informations sur des exécutions “ciblées” de femmes palestiniennes dans la bande de Gaza, souvent en compagnie de membres de leur famille et d’enfants.

    De nombreuses femmes auraient été soumises à des traitements inhumains et dégradants, privées de serviettes hygiéniques, de nourriture et de médicaments, et gravement maltraitées. Lors d’un incident au moins, des femmes palestiniennes de Gaza auraient été détenues dans une cage sous la pluie et dans le froid, sans nourriture, ont dénoncé ces experts. De nombreuses femmes sont par ailleurs portées disparues après avoir été en contact avec l’armée israélienne.

    Le combat contre la machine de mort israélienne et contre l’impérialisme fait partie intégrante du combat féministe.

  • “Cyberharcelée, 10 étapes pour comprendre et lutter” La violence patriarcale 2.0, une violence tout sauf virtuelle

    “Un livre d’utilité publique”, souligne le texte de présentation en couverture. Ce n’est pas une exagération. Le phénomène du cyberharcèlement misogyne est mal connu et trop souvent minimisé. L’autrice, Florence Hainaut, est devenue experte sur le sujet à partir de la politisation de sa propre expérience en tant que journaliste. Elle fait partie de ces 73% de femmes journalistes qui ont subi une violence en ligne dans le cadre de leur travail (selon une étude de l’UNESCO). Apprêtez-vous à une avalanche percutante de telles données. Sa préfacière, Myriam Leroy, résume l’ouvrage avec la formule pertinente d’un mélange entre une trousse de premiers soins et une réserve de munitions. 

    La violence patriarcale, c’est partout, tout le temps, un “continuum des violences”, selon le concept élaboré par la sociologue britannique Elisabeth Kelly. La violence sexiste et sexuelle est présente dans la vie de presque toutes les femmes, de la blague sexiste au féminicide, c’est-à-dire de l’acte tellement banal qu’il est socialement vu comme acceptable aux formes criminalisées. La cyberviolence est un type de violence parmi tant d’autres spécifiquement infligés aux femmes. Elle vient se greffer sur des expériences sociales déjà vécues pour les aggraver. Autrefois, le harcèlement scolaire s’arrêtait momentanément une fois la victime rentrée chez elle. Aujourd’hui, il n’y a plus de répit. Pareil avec le harcèlement sexuel, désormais imposé partout, tout le temps. 

    De la même manière qu’une insulte homophobe ou antisémite ne va pas blesser uniquement la personne contre laquelle elle est dirigée, le climat de violence à l’égard des femmes sur Internet a un effet très réel sur quasiment toutes les femmes. De façon plus directe, une récente étude a établi que 84 % des victimes de cyberviolence en France sont des femmes. Alors que 41% des Françaises déclarent avoir vécu personnellement ne serait-ce qu’une fois une situation de cyberviolence, le chiffre grimpe jusqu’à 87% dans la tranche des 18-24 ans. À cette haine des femmes viennent souvent se greffer racisme, grossophobie, homophobie, transphobie ou validisme (discrimination envers les personnes en situation de handicap).  

    Intimider, humilier et imposer le silence

    En 2020, l’ONG Plan International a sorti un rapport effrayant sur l’expérience des filles sur Internet après avoir interrogé 14.000 filles âgées de 15 à 25 ans, originaires de 31 pays à travers plusieurs continents. 58 % ont indiqué avoir déjà subi une forme ou autre de cyberviolence et, parmi elles, 47 % ont été menacées de violences physiques ou sexuelles. Le portrait-robot qu’elles dressent du harceleur et celui d’une personne de sexe masculin qui supporte difficilement que les filles et les jeunes femmes puissent s’exprimer et refuse de se conformer à sa vision très restreinte de la féminité.” 

    Florence Hainaut développe : « En 2023, on crée encore des décors d’émission télé sur mesure pour laisser apparaître les jambes de la présentatrice ou de la journaliste qui travaillera. Parce que c’est joli, des gambettes, non ? Ça attire le chaland. Des seins aussi, c’est joli, il y en a plein les publicités pour parfum. Et une bouche ouverte, c’est sexy, non ? C’est bien, pour vendre une glace. Que les pots de fleurs sexy se piquent désormais d’avoir des choses à dire sur la société, c’est insupportable pour une partie de la population masculine, habitué à ce que les femmes soient des accessoires dociles. » En bref : « il s’agit de les empêcher d’avancer, de faire en sorte que les rapports de force restent inchangés, que leur désir d’émancipation soit étouffé entre deux menaces. 

    Ce n’est bien entendu pas sans impact. Selon une étude d’Amnesty international, 76 % de femmes interrogées et qui avait déclaré avoir été victime de harcèlement en ligne ont changé leur façon d’utiliser les plateformes, 32 % disent avoir arrêté de donner leur opinion sur certaines questions. Les recherches de l’Institut Européen pour l’Egalité entre les Genres révèle que 51 % des jeunes femmes hésitent à participer à des débats en ligne parce qu’elles ont été harcelées. 

    Le business de la haine

    L’autrice souligne le rôle des réseaux sociaux commerciaux. Les contenus qui engagent le plus les internautes, donc ce sur lesquels nous passons du temps, que nous commentons, que nous partageons le plus frénétiquement, sont les contenus les plus clivants, ceux qui provoquent en nous de la colère. Et « l’intérêt des plateformes, c’est la rentabilité, pas votre santé mentale ». On sait grâce notamment à la lanceuse d’alerte Frances Haugen qu’Instagram sait très bien que sa plateforme nuit aux plus jeunes : une de ses études internes indique qu’un tiers des adolescentes et 14 % des garçons déclarent que lorsqu’ils et elles ne se sentent pas bien dans leur corps, Instagram aggrave la situation. La plateforme connaît l’impact négatif sur la santé mentale de la sursexualisation des jeunes filles. Mais elle s’en moque. 

    La journaliste française Mathilde Salidou, autrice du livre “Technoféminisme, comment le numérique aggrave les inégalités” explique : Avant, ceux qui criait, sélectionnés et hiérarchiser l’information, c’étaient les médias traditionnels. Dans l’Internet 2.0, celui des réseaux sociaux, tout le monde fabrique de l’information et la diffuse sur ces plateformes. Et le travail de tri, de sélection et de hiérarchisation et désormais pris en charge par les plateformes via des algorithmes. Ce sont elles qui décident ce qui va être poussé comme contenu, ce qui va vous être proposé automatiquement. Leur logique s’inscrit dans un cadre capitaliste avant tout, notamment avant d’éventuelles réflexions sur la qualité des informations.  

    Nous ne pouvons pas lire ce livre autrement que comme un vibrant appel à continuer le combat contre le système capitaliste et les discriminations sur lesquelles il repose, avec empathie et en redoublant d’attention sur les conséquences des agressions permanentes qu’il signifie dans notre entourage. 

    Nous remercions l’AFICo, une asbl namuroise d’Éducation Populaire, d’avoir organisé une présentation du livre avec la participation de l’autrice en octobre dernier dans les locaux de la CGSP-Namur, ce qui nous a permis de mieux prendre connaissance de cet important travail.

  • Bruxelles: solidarité avec le personnel soignant de Gaza et du Liban!

    Ce vendredi midi, plusieurs dizaines de personnes, essentiellement des membres du personnel soignant, se sont réunies aux portes du CHU St Pierre afin de dénoncer le génocide en cours, avec un accent sur les attaques qui ciblent les diverses institutions de soins dans la bande de Gaza et au Liban.

    Plusieurs prises de parole se sont succédé, dont l’une d’un médecin palestinien qui a souligné que plus d’un millier de soignant.e.s seraient morts sous les bombes ces derniers mois. Des centaines d’autres sont emprisonné.e.s et torturé.e.s.

    Une membre de “Médecine pour le peuple” qui s’était rendue à Gaza il y a douze ans a également témoigné du courage de longue date du personnel soignant palestinien dans de terribles conditions depuis des décennies.

    Une représentante d’Ulysse, un service de santé mentale pour personnes exilées en attente d’un droit de séjour en Belgique, a souligné que l’effroi et le désespoir engendrés par la situation de violence extrême à Gaza, cumulé à l’absence d’accueil et de protection en Belgique, ont des effets délétères graves sur la santé mentale des patients concernés.

    Nous saluons bien entendu cette action qui peut par ailleurs stimuler d’autres délégations syndicales, dans les soins de santé et ailleurs, à intervenir en tant que tel dans le mouvement contre le génocide au travers d’actions et de motions de solidarité décidées démocratiquement, d’intervention dans les manifestations contre le génocide avec couleurs et banderoles syndicales,…

    Ce sont d’importants pas en avant qui peuvent mettre pression en faveur d’une campagne de boycott ouvrier pour refuser de fabriquer ou de manutentionner des armes et de l’équipement militaire sur le sol belge vers Israël.

    Solidarité internationale contre le génocide et l’oppression !

  • L’extrême droite est, et restera, infréquentable ! 

    Ce mercredi 13 novembre à Bruxelles, plus de 1500 personnes se sont rassemblées pour dénoncer la venue de Jordan Bardella, le président du Rassemblement National, qui s’était déplacé pour présenter son nouveau livre et pour faire une séance de dédicaces. Cette mobilisation a bien montré que l’extrême droite n’est la bienvenue ni en Belgique, ni ailleurs… 

    Par Aline (Liège)

    Le 13 novembre, 1500 manifestant.e.s sont sorti.e.s dans les rues de Bruxelles pour dénoncer la banalisation des rassemblements d’extrême droite, alors que le cordon sanitaire se brise dans certaines communes belges et que les partis d’extrême droite se développent partout dans le monde. Meloni en Italie, Orban en Hongrie, le PVV aux Pays-Bas et maintenant Trump aux Etats Unis : il ne s’agit plus simplement d’alerter sur les dangers de l’extrême droite, elle est déjà au pouvoir dans un grand nombre de pays. 

    Dénoncer la complicité libérale 

    De concession en concession, c’est ainsi que les partis d’extrême droite montent au pouvoir. Rappelons que ceux qui permettent à l’extrême-droite de s’installer partout, ce sont les partis traditionnels qui banalisent leurs propos et leurs discours. En effet, on ne peut pas combattre l’extrême droite avec un programme libéral qui encourage la division et la mise en concurrence des citoyen.ne.s pour détourner notre attention de la crise sociale et économique qui se joue.  

    Parce que la droite est sortie des élections plus confiante et que les mesures annoncées par la coalition Arizona de Bart de Wever sont claires, il faut se préparer à lutter contre la casse sociale qui s’annonce : ils comptent casser les services publics, la sécurité sociale, l’opposition politique et syndicale, … Ils veulent nous mettre à la merci de la classe capitaliste, peu leur importe s’ils doivent donner les clés du pays à l’extrême droite pour y parvenir.  

    Cette mobilisation avait donc aussi pour but d’envoyer ce signal fort aux nouvelles coalitions : nous ne laisserons pas passer le projet barbare qu’ils ont présenté jusqu’à maintenant. Nous devons empêcher l’extrême droite de se construire sur la misère sociale causée par les gouvernements de droite et d’une prétendue gauche, libérale, qui n’a fait que de se coucher devant les ennemis de notre camp social. 

    Police complice ! 

    Lors de ce rassemblement, la police été déployée par l’administration pour bloquer le périmètre dans lequel avait lieu l’évènement d’extrême droite… encore une fois ce genre de conférence est autorisée et protégée sans réserve par les autorités.  

    Durant le rassemblement, des militant.e.s ont plusieurs fois essayé de passer le barrage policier. De fortes répressions policières ont alors suivi : gaz lacrymogènes, matraques et autopompe, les policier.e.s ont finalement chargé la foule, partie en manifestation sauvage, et procédé à l’arrestation d’une quarantaine de personnes.  

    A la suite de ces évènements, la Coordination Antifasciste de Belgique a lancé un appel à témoins et ce qui en est sorti est brutal : violences racistes, insultes et propos islamophobes, sexistes, homophobes et transphobes ainsi que charges et gazages arbitraires et injustifiés. Ces retours montrent, une fois de plus, que la politique sécuritaire abusive et les propos haineux véhiculés par l’extrême droite sont totalement banalisés au sein des partis traditionnels et de la police.  

    Quel avenir pour la lutte ?  

    Les communications de la Coordination Antifasciste de Belgique sont claires : l’heure n’est plus à l’alerte mais à l’action ! Plus que jamais la mobilisation collective est nécessaire pour repousser l’extrême droite puisque nous ne pouvons définitivement pas compter sur les partis traditionnels pour l’endiguer.  

    La montée et la banalisation de l’extrême droite en Belgique et dans le monde montrent que la lutte antifasciste est inévitable si on veut protéger les minorités et nos acquis sociaux.  

    En Wallonie, le travail antifasciste a déjà permis d’éviter la croissance du parti d’extrême droite Chez Nous. Grâce à la lutte acharnée des fronts antifascistes locaux, ce parti est même très proche de la dissolution. C’est bien la preuve que l’organisation antifasciste porte ses fruits à certains endroits. Une résistance et une victoire sont encore possibles face aux politiques réactionnaires qui s’abattent sur un grand nombre de peuples. Il faut montrer et rappeler partout dans le monde, que l’extrême droite est, et restera, infréquentable !  

  • Projection-débat à Bruxelles “S’ils touchent à l’un d’entre nous”

    Ce dimanche 17 novembre, en après-midi, une cinquantaine de personnes se sont rassemblées au DK à Bruxelles pour assister à la projection du film documentaire “S’ils touchent à l’un d’entre nous” qui raconte la lutte victorieuse des travailleur.euse.s de la boulangerie industrielle Neuhauser, en France, face à la politique anti-syndicale de leur patron.

    La projection organisée par la CGSP-ALR a été suivie d’un débat riche et animé, en présence de Christian Porta délégué syndical CGT chez Neuhauser et membre de Révolution Permanente.

    Durant le débat, il a été mis en lumière les limites des stratégies des directions syndicales actuelles, trop souvent confinées à une logique défensive et sans véritable perspective de victoire. En effet, l’attaque généralisée qui se prépare nécessite une réponse à la hauteur : un front uni qui ne se limite pas à des journées d’action isolées mais qui pose la grève comme élément central. Cette stratégie reposerait sur des assemblées générales démocratiques, des comités de grève et une alliance forte avec les mouvements écologistes, féministes, antifascistes, etc.

    L’événement a été un succès non seulement par la qualité des échanges mais aussi par l’élan d’organisation qu’il a suscité. À la fin du débat, de nombreux participants ont échangé leurs contacts, discutant déjà des prochaines étapes pour construire cette dynamique et une vidéo de soutien à la nouvelle lutte que mène les Neuhauser a été faites avec les participant.e.s.

    En somme, la projection n’a pas seulement été un moment de réflexion, mais un véritable appel à l’action. Dans les semaines à venir, il sera crucial de transformer ces discussions en actes concrets, en posant les bases d’un mouvement capable de répondre aux futures attaques. C’est dans cette optique qu’à la suite de cette soirée, le PSL vous invite à l’Assemblée de lutte “contre la boucherie sociale annoncée” qui prendra également place au DK (rue du Danemark 70b 1060 Saint-Gilles) le 26 novembre, à 18h30 à l’appel de Commune Colère.

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