L’internationalisme est un élément essentiel de l’ADN du marxisme. Le capitalisme est organisé à l’échelle internationale, il n’est que logique que notre combat pour le renverser en fasse autant.
Nous avons connu une douloureuse période d’intense lutte fractionnelle qui a conduit à l’implosion d’Alternative Socialiste Internationale (ASI), avec pour cause immédiate la dissimulation d’un grave cas de violences sexuelles par la direction d’une importante section. Nous voulons tout d’abord présenter nos excuses envers les personnes survivantes impliquées quant au fait que cette internationale n’ait pas cru en elles. Nous leur exprimons toute notre solidarité. Cette dissimulation a été défendue par une courte majorité de la direction internationale. De tels abus et la protection de leurs auteurs sont inacceptables dans la société et très certainement également dans une organisation marxiste qui prétend lutter contre toutes les formes d’oppression et d’exploitation. Des comportements transgressifs étaient trop fréquents et, même dans nos rangs, on fermait trop souvent les yeux à ce sujet. Défendre le féminisme socialiste en paroles, mais pas en actes, c’est inacceptable.
Les responsables ont non seulement refusé d’endosser leur responsabilité politique, mais ils et elles ont de plus utilisé leur courte majorité au sein des instances dirigeantes d’ASI pour marginaliser et discréditer celles et ceux qui s’opposaient à ces pratiques coupables tout en manipulant les faits. Les dommages incommensurables que cette approche destructrice a causés dans et autour des rangs d’ASI sont difficiles à estimer. Nombre de camarades et de personnes survivantes d’abus sexuels ont été profondément affecté.e.s et les dommages sont bien plus profonds que certain.e.s ne veulent l’admettre. Il s’agit d’une trahison politique de tout ce qu’ASI prétendait autrefois représenter. L’opposition à de pareilles situations est au cœur de notre combat. Comme le disait Rosa Luxemburg, “la chose la plus révolutionnaire que l’on puisse faire est toujours de proclamer haut et fort ce qui se passe”.
Cette lutte fractionnelle a pour toile de fond l’ère du désordre dans laquelle nous sommes rentrés, une période de crises qui s’accumulent et se renforcent mutuellement, toutes imputables au fonctionnement du système capitaliste. Cette situation suscite une énorme colère, qui se traduit régulièrement par des explosions de lutte et une contestation de masse, sans pour autant qu’une large compréhension existe quant au type de système alternatif à défendre et à la façon d’y parvenir. Cela pose des difficultés pour toutes les organisations révolutionnaires, dont l’activité principale est d’œuvrer à un changement de système. Il n’est pas question pour nous de répondre à ces difficultés en se voilant la face ou par une répétition routinière et aride de slogans généraux qui finissent par être vidés de tout sens révolutionnaire. S’appuyer sur la méthode du marxisme pour comprendre la réalité en mouvement afin de transformer la société, cela exige un engagement sincère sur le terrain des luttes existantes. Cela aussi, faisait partie des débats au sein d’ASI.
Différentes sections ainsi que différents groupes et individus se sont engagés dans un “Projet pour une internationale marxiste révolutionnaire” avec. Le week-end du 31 août et du 1ᵉʳ septembre, 130 camarades de 29 pays se sont donc réuni.e.s. Un processus de discussion collective est en cours avec une analyse de notre tradition politique afin d’explorer la possibilité d’une nouvelle organisation internationale à plus long terme. Il n’est en effet pas possible de construire une organisation véritablement révolutionnaire en s’appuyant uniquement sur les expériences d’un seul pays.
Après six ou sept ans de débats internes, de séparations et, fondamentalement, d’implosion de notre courant politique, une sérieuse introspection s’impose. Nous devons identifier les origines de cette crise et tirer les leçons des échecs politiques et organisationnels d’ASI et de ses prédécesseurs. Une approche critique faite de patience et d’humilité sera nécessaire pour parvenir à la clarté politique nécessaire à la construction d’une organisation internationale marxiste saine. Alors que la lutte pour une transformation socialiste de la société est particulièrement urgente, nous aurons besoin de mêler de la patience révolutionnaire à ce sens de l’urgence afin de construire des forces révolutionnaires dont l’ambition est de jouer un rôle crucial dans le renversement du capitalisme.
Les débats intenses de ces dernières années ont mis en lumière la nécessité de revoir en profondeur notre compréhension de la lutte contre toutes les formes d’oppression, y compris le racisme, la LGBTQIA+phobie, le validisme (discrimination systémique contre les personnes en situation de handicap), la discrimination de caste… et de leur lien avec le capitalisme. Cela ne doit pas se limiter à des mots, mais aussi se refléter dans la pratique. Les liens étroits entre l’exploitation et toutes les formes d’oppression, ainsi que la nécessité d’intégrer pleinement la lutte contre celle-ci dans la gauche révolutionnaire et le mouvement ouvrier, sont particulièrement importants. Une organisation marxiste internationale ne peut se permettre d’être orientée vers les pays occidentaux et organisée de haut en bas, ce qui était malheureusement une tendance au sein d’une grande partie d’ASI et de ses prédécesseurs. Une des tâches essentielles qui nous font face est également de renforcer la diversité et la représentation des couches opprimées au sein de notre organisation.
Nous avons donc beaucoup de travail à accomplir et cette période incite par ailleurs à une réflexion critique sur soi-même en tant que militant.e. En parallèle, nous continuerons notre activisme révolutionnaire sur la scène internationale. Ce mois d’octobre, quatre membres du PSL se sont rendus en Irlande pour participer à la campagne électorale du Socialist Party. Ce dernier dispose d’un député, Mick Barry, et pourrait de plus faire élire au Parlement la conseillère municipale Ruth Coppinger. Ces activistes de terrain sont avant tout des porte-parole et des personnes ressources pour l’organisation des luttes locales et plus larges. Nous allons aussi investir du temps et des moyens dans l’organisation de la 2e conférence internationale ROSA à la fin du mois de mars, à nouveau à Vienne. Et, bien sûr, nous sommes impliqué.e.s dans les réunions internationales du Projet pour une Internationale Marxiste Révolutionnaire.
Le 5 octobre, le PSL a tenu une conférence nationale pour débattre de son fonctionnement international. Il a été décidé de quitter ASI et de participer au Projet pour une Internationale Marxiste Révolutionnaire, une décision qui doit être confirmée lors de la première session de notre Congrès national début décembre.
















