Author: sander

  • Bruges. L’hôpital St-Jan doit rester public!

    La centrale professionnelle de la FGTB ACOD-LRB (l’équivalent néerlandophone de la CGSP-ALR) de Flandre occidentale résiste aux attaques contre les soins de santé et le personnel de l’hôpital académique AZ Sint-Jan de Bruges (le plus grand de la province) avec une campagne exemplaire. Il s’agit du dernier hôpital public de Flandre occidentale. Nous nous sommes entretenus avec Stan Geernaert, président des jeunes de la LRB, militant de l’ACOD et employé au service des urgences de l’AZ Sint-Jan.

    Propos recueillis par Andrej

    Comment en est-on arrivé à ce que l’hôpital Sint-Jan soit le dernier hôpital public de la province?

    Le 1er novembre 2023, le dernier hôpital public d’Ostende a été privatisé. L’hôpital Henri Serruys d’Ostende s’est détaché de l’AZ Sint-Jan de Bruges et a fusionné avec l’AZ Damiaan pour former un grand hôpital ostendais.

    Depuis la privatisation de Serruys, la qualité des soins est sérieusement mise à mal. Le 18 avril, la VRT a publié un article dans lequel des témoins parlent d’une atmosphère toxique et d’une méfiance généralisée. De nombreux travailleurs sont déjà partis depuis la fusion et les réductions de personnel pour cause de maladie sont incalculables. La charge de travail a également augmenté de façon spectaculaire, les équipes sont trop petites et il n’y a presque plus de marge pour prendre congé ou pour remplacer un collègue malade.

    Récemment, une agence externe a effectué un audit du service des urgences de l’hôpital Damiaan, qui s’est avéré extrêmement critique. La qualité des soins et la sécurité des patients sont compromises. L’accent est mis sur l’accroissement du nombre de traitements, en y consacrant moins de temps, avec un financement reposant sur la performance et non sur la qualité des soins. L’audit dénonce aussi le chaos régnant et émet de sérieuses réserves quant à la direction du service d’urgence unifié. La direction fait la sourde oreille et le travail acharné du personnel n’est pas apprécié à sa juste valeur.

    Dans cette voie se dirige l’hôpital Sint-Jan?

    “L‘an dernier, l’agitation régnait déjà au sein du conseil communal lorsque la question de la fusion et de la privatisation éventuelle de l’AZ Sint-Jan a été soulevée. La réponse du bourgmestre Dirk de Fauw (CD&V) illustrait la pression favorable à la privatisation au sein du pilier catholique.

    Un hôpital public unifié à Bruges est certainement possible et autorisé, mais nous continuerons à nous opposer à une privatisation. Nous refusons un scénario similaire, ou pire, à celui d’Ostende. C’est pourquoi nous avons lancé une campagne en faveur de soins publics conséquents pour toutes et tous, reposant sur le bien-être et non la recherche de profits !

    La campagne a été lancée par une grève à Bruges lors du 1er Mai. Le 3 juin, la FGTB a mené une action à l’AZ Sint-Jan, peu avant les élections du 9 juin et ce n’était pas un hasard. La Commission européenne veut que la Belgique économise 30 milliards d’euros et il est question d’en trouver une grande partie dans les soins de santé. 30 milliards d’euros, c’est trois fois le budget annuel des hôpitaux! Avec la droite, les soins de santé seront saignés. Avec une politique de gauche, nous irons chercher l’argent là où il est.

    Pourquoi les soins publics sont-ils si importants aujourd’hui ?

    Si on laisse faire le prochain gouvernement, la facture sera très salée pour tous les travailleurs, les chômeurs, les personnes handicapées et toutes les familles de notre pays. De nombreuses personnes reportent déjà des soins médicaux parce qu’elles craignent la facture. En 2023, elles seront 90.000! Les dépenses de santé absorbent une part importante du budget familial des personnes malades. Les maisons de repos sont quasiment inabordables (2.200€/mois en moyenne, hors médicaments) avec une pension moyenne de 1900€/mois. Les médecins généralistes sont débordés et ne savent plus s’occuper correctement des patients.

    “Les mesures d’austérité encouragent la privatisation des soins de santé! Pourtant, un hôpital public est la meilleure garantie de soins abordables. La présence d’un hôpital public a un effet régulateur. S’il y a des soins publics à proximité, cela fera baisser tous les prix dans la région. Les soins privés sont aux mains d’entrepreneurs privés, de certaines grandes entreprises. Il s’agit là d’une grande différence dans l’approche des soins de santé. Il y a la logique du profit, qui prévaut principalement dans les établissements de santé privés. Mais il y a aussi la sécurité des patients et la qualité des soins. Ces éléments sont évidemment prioritaires dans les soins de santé publics.

    Lorsque nous parlons de sécurité des patients et de qualité des soins, nous constatons que dans certains centres publics, la dotation en personnel est supérieure à la norme d’environ 30%. Cela signifie qu’en plus de la norme de 100% fixée par l’INAMI, il y a 30% supplémentaires. Dans les maisons de repos qui dépendent des villes et des communes, les anciennes maisons de repos du CPAS, la dotation en personnel est supérieure à la norme d’environ 30%. Dans les maisons de repos qui dépendent d’une ASBL, où l’on se trouve déjà en présence d’acteurs privés, ce taux varie autour de 15%. Il ne s’agit là que du montant encore subventionné par le gouvernement. Dans les véritables acteurs privés, les organisations à but lucratif, il n’y a pas de personnel supérieur à la normale.

    La charge de travail dans une maison de repos ou un hôpital privé est donc beaucoup plus importante. Il y a beaucoup moins de marge pour les personnes qui abandonnent pour cause de maladie ou d’autres absences, comme les congés. Dans le secteur public, la marge est plus grande et il y a donc plus de mains au chevet des patients.

    Pour le personnel, il existe également des différences entre les secteurs public et privé. Cela dépend de votre statut et il y a des différences locales. Si un syndicat bien implanté fait son travail, les conditions que le personnel peut faire respecter collectivement sont meilleures.

    La campagne Pas de profit, mais du bien-être (Niet winst maar welzijn) vise à préserver le caractère public de l’hôpital Sint-Jan, mais appelle aussi plus largement à davantage de soins publics.

    “Oui, c’est important que l’hôpital reste public pour des raisons d’accessibilité financière. Nous refusons la médecine de classe, où certaines personnes doivent faire une croix sur certains soins. Les soins doivent être accessibles et abordables. Cela exige de développer les soins publics.

    Les services publics sont le moteur de la société. La vie quotidienne ne peut se dérouler sans les efforts de ces milliers de personnes qui assurent les transports publics, l’éducation, les soins de santé, la culture et bien d’autres choses encore. Les collectivités locales jouent un rôle crucial car elles sont très proches des citoyens et sont actives dans nombre de ces domaines, tels que l’éducation et les soins. Les soins en particulier sont très importants, parce qu’une société qui ne se préoccupe pas des autres n’est pas une société.

    Les soins sont le ciment qui maintient tout ensemble. Si nous ne prenons pas soin des gens, il n’y aura pas assez de personnes ayant l’énergie et la force de faire leur travail quotidien. En ce sens, les soins relèvent de ce que l’on appelle le travail reproductif. C’est tout le travail qui assure la survie de notre société au quotidien.”

    Comment gagner cette bataille ?

    Nous devons penser de manière beaucoup plus stratégique en tant que syndicat. Qui sont nos collaborateurs, quels sont nos objectifs et quelles ressources déployons-nous pour atteindre ces objectifs ? Notre objectif pour le secteur des soins de santé est très clair : préserver et développer les infrastructures et les équipements de soins de santé publics. Nous voulons une meilleure accessibilité et une augmentation de l’offre. Comment nous battre pour cela? Nous devons rallier l’opinion publique à notre cause, notamment par le biais de campagnes.

    La campagne Pas de profit, mais du bien-être a été lancée en Flandre occidentale, mais je pense qu’elle doit aller plus loin. La plupart des gens s’opposent à la commercialisation et à la privatisation des soins : il faut les impliquer dans notre lutte. Il faut redoubler d’efforts en matière de communication et de campagnes dans la société au sens large, dans l’espace public. Mais aussi sur le lieu de travail lui-même. C’est là que nous pouvons nous organiser au mieux contre les forces de la privatisation qui sont très puissantes, ne nous faisons pas d’illusions à ce sujet. D’où l’importance du syndicat.

    “L’ACOD LRB a demandé une déclaration d’engagement aux députés et aux mandataires locaux en faveur d’un maximum d’efforts pour renforcer les soins publics et refuser leur privatisation ou leur marchandisation. Nous avons obtenu environ 270 signatures de toute la Flandre, de nombreuses villes centrales importantes, d’un certain nombre de personnalités de premier plan, des partis progressistes, mais aussi de milieux parfois inattendus, parfois d’autres partis, ainsi que de nombreuses personnes issues de listes locales qui ont soutenu cette proposition.

    Cela montre clairement qu’en tant que syndicat, nous sommes un facteur important dans ce combat. De nombreux décideurs politiques le reconnaissent en signant notre déclaration d’engagement. Mais nous devrons entrer en action. Nous avons besoin les uns des autres, des forces progressistes de ce pays, du côté politique, mais aussi de la société civile. Ensemble, nous nous battrons pour obtenir les services publics que nous méritons en tant que société.”

  • Le MR à droite toute, et ça continue !

    Depuis l’arrivée de Georges-Louis Bouchez à la présidence du MR, la ligne du parti n’a fait que s’infléchir du côté conservateur de la force. Adieu Reynders et Michel et leurs sourires de technocrates, bonjour langage simple et arguments douteux. Court retour sur la descente conservatrice d’un des descendants du plus vieux parti de Belgique. Charles Rogier en sueur !

    Par Verba (Liège)

    Un “outsider” au pouvoir depuis 20 ans

    Rappelons un fait pourtant simple, mais qui semble avoir été effacé par les outrages discursifs de Georges-Louis Bouchez (que nous appellerons ensuite Gloub par souci d’économie de signes) : le MR a été aux manettes depuis 20 ans au fédéral et faisait partie des derniers gouvernements wallons et de Fédération Wallonie-Bruxelles, aux côtés du PS.

    Pourtant, toute la campagne a été axée autour de “l’opposition” du MR à la politique du PS, auquel il a lui-même participé. Ce tour de passe-passe a été rendu possible par la particip-opposition de Gloub aux différents gouvernements : le parti participe effectivement aux différents gouvernements, mais son président n’a fait qu’attaquer ses partenaires et monter en épingle tous les prétextes pour saboter les différentes actions desdits gouvernements. La manœuvre a été empruntée à Elio Di Rupo qui était en son temps le champion de la particip-opposition.

    De cette façon, le MR s’est construit une figure médiatique d’envergure à l’aide des techniques rhétoriques de Trump : ce qu’on veut, c’est de la polémique partout, tout le temps. Et si en plus on récupère des éléments de langage issus du sarkozysme ou des sujets de campagne de l’extrême-droite, c’est encore mieux. Que les propos soient vrais ou cohérents n’a que peu d’importance : il faut se faire voir, se faire entendre. En Belgique comme ailleurs, cette brume de provocations et de “diviser pour régner” vise à brouiller la perception de la politique du parti pour ce qu’elle est : unilatéralement antisociale et pro-riches.

    Le ver était dans le fruit

    Au-delà des mots et des carabistouilles, on peut également se questionner sur la présence au sein du MR d’anciennes personnalités proches ou ayant fait partie de l’extrême-droite. On notera ainsi la présence de Marc Ysaye, rentré au MR avec tambours et trompettes sur fond d’accord idéologique avec Jordan Bardella ou Marine Lepen, ou encore de Georges-Pierre Tonnelier (ancien du FN belge), de Drieu Godefridi (passé depuis à la NVA, puis continuant son petit bonhomme de chemin de son côté) qu’on pourrait décrire comme un chantre indépendant du libertarianisme mâtiné d’une sympathie non dissimulée pour des figures telles que Zemmour, Trump ou Bolsonaro. Les conservateurs haut en couleurs ne manquent pas au sein du MR, y compris parmi les figures de premier plan comme Pierre-Yves Jeholet qui, en plein débat, a balancé à Nabil Boukili (PTB) à “Ne venez pas nous donner des leçons ici en Belgique. Si ça ne vous plaît pas, vous n’êtes pas obligé de rester en Belgique.”

    Ces gentils chantres de la liberté de discriminer ont l’assurance d’être défendus par leur président. Après tout, ce dernier ne se cache pas pour partager sur les réseaux sociaux du Fdesouche (média d’extrême-droite français), du Damien Rieu (ancien porte-parole du RN français), du Alessandra d’Angelo (rédactrice en chef de Pan.be, ancien journal satirique, nouveau média numérique tendance extrême droitière et ancienne attachée parlementaire du tristement célèbre Laurent Louis). Concernant les élections communales passées, qu’est-ce que Gloub comme une “étape d’une dangerosité sans précédent pour notre démocratie” ? L’arrivée de l’extrême droite au pouvoir à Ninove et à Ranst ? Non. La possible présence du PTB dans une majorité à Molenbeek.

    Importer les conflits, une seconde nature signé MR

    En quelques années, Gloub a effacé toutes les personnalités médiatiques du MR. On ne ressort les seconds couteux que pour importer d’ailleurs diverses paniques morales. Drieu Godefridi s’est fait le relais d’une vieille panique morale issue de l’alt-right américaine selon laquelle on ne pourrait plus souhaiter un joyeux Noël et que la gauche aurait détruit la fête. David Clarinval, alors qu’il était vice-Premier ministre, s’est chargé de la promotion en Belgique du pamphlet transphobe “Transmania” écrit par deux militantes transphobes françaises et publié chez Magnus, un éditeur d’extrême droite, où l’on peut lire que “L’idéologie transgenre et ses dérives ouvrent une brèche intéressante pour l’avancée des revendications pédophiles.” L’importation des paniques morales est au cœur de la méthode Bouchez. À chaque moment sa polémique.

    Le champ lexical employé est lourdement marqué par la droite sarkozyste : travaux d’intérêt général pour les personnes au chômage de longue durée, interdiction de la mendicité, discrimination à l’emploi pour les femmes voilées, etc. La filière d’import française bat son plein et les sources d’inspiration du MR ne sont même plus cachées : le groupe Bolloré, la rhétorique du RN et ses thèmes avec un petit supplément Trump. Les cinq prochaines années ont de quoi nous faire rêver. Il se murmurerait même que l’ancien protégé de Reynders aura son ministère rien qu’à lui dans le futur gouvernement Arizona : celui de la Sécurité. Tout un programme.

  • Stop à la violence basée sur le genre! Manifestons le 24 novembre!

    Manifestation nationale : dimanche 24 novembre, 14h Place Poelaert à Bruxelles

    Appel de la Campagne ROSA

    Mettons fin à la misogynie dans les tribunaux, nos quartiers et nos maisons !

    • En Flandre, 42 signalements de violences domestiques sont enregistrés chaque jour, une augmentation de 73 % au cours des 20 dernières années.
    • La violence sexiste est une épidémie – 1 femme sur 3 dans le monde a été confrontée à la violence physique et/ou sexuelle dans sa vie.
    • 1 femme sur 5 est victime de violences sexuelles pendant ses études supérieures.

    TW : violences sexuelles

    La même semaine où l’athlète olympique Rebecca Cheptegei a été brutalement assassinée par son ex-partenaire au Kenya, Gisèle Pelicot, une femme française de 72 ans, a brisé le silence pour que les noms de ses agresseurs soient connus. Pendant dix ans, elle a été abusée par son ex-mari. Celui-ci la droguait et invitait des hommes à la violer, tout en filmant les actes. Plus de 80 agresseurs ont été identifiés, dont 51 déjà nommés. La plupart viennent de la même ville. Ce sont des hommes de différentes générations, parmi lesquels des journalistes, avocats, étudiants ou infirmiers. Ce cas démontre que les stéréotypes racistes sur les agresseurs, diffusés par l’extrême droite, sont faux. Dans la réalité, neuf femmes sur dix connaissent leur agresseur.

    Pendant ce temps, Gisèle a aussi été victime de “victim blaming”. Le sexisme dans la justice fait que la majorité des survivantes ne portent jamais plainte, et celles qui osent, comme Gisèle et tant d’autres, sont confrontées à la culpabilisation, au slut-shaming et à encore plus de misogynie !

    En solidarité avec Gisèle et en hommage à toutes les survivantes, mettons fin à la violence des hommes contre les femmes, exigeons une véritable justice pour toutes les survivantes, et organisons-nous contre le système capitaliste qui produit et normalise le sexisme.

    MeToo en Palestine, un an de génocide

    En l’espace d’un an, 186 000 Palestiniens ont perdu la vie à Gaza. Les forces d’occupation israéliennes ont systématiquement soumis les femmes palestiniennes à des violences sexistes et sexuelles. Cela va des mauvais traitements à l’intimidation et à la dérision des sous-vêtements. Les prisonnières palestiniennes sont torturées dans les prisons israéliennes. Chaque jour, il devient de plus en plus évident que la violence impérialiste et étatique ne peut être dissociée de la violence sexuelle. Nous devons tout faire pour y mettre fin. Nous sommes dans les rues pour un féminisme anticolonial : nous combattons le génocide, l’islamophobie et le racisme.

    Solidarité féministe socialiste, pas de toxicité d’extrême droite

    L’extrême droite devient de plus en plus audacieuse pour transformer sa haine en violence. Renforcés par le grand score du Vlaams Belang lors des élections du 9 juin, une dizaine de militants d’extrême droite du groupe Voorpost ont attaqué un centre d’accueil pour demandeurs d’asile à Zutendaal, principalement occupé par des familles avec enfants. Nous ne pouvons pas séparer la lutte contre le racisme et celle contre le sexisme. Solidarité, pas la haine !

    Aux États-Unis, un jour seulement après l’élection de Trump, nous avons vu des groupes religieux se tenir sur le campus de l’université d’État du Texas avec des pancartes portant des slogans tels que « Homo sex = sin » et « Women are property ». Sur les médias sociaux, le slogan « your body, my choice » est devenu viral.

    Rejoins-nous dans les rues le 24 novembre. Participe à la construction du féminisme socialiste. Nous nous unissons avec les femmes, les personnes de couleur, les personnes LGBTQIA+, les personnes handicapées et tous les travailleur.euse.s – ensemble, ce jour-là, nous disons : plus jamais ça !

    Tu veux t’engager davantage pour le féminisme socialiste ?

    Tu veux échanger des expériences avec des activistes de ROSA venant du monde entier ? Viens à la Conférence Internationale de ROSA à Vienne fin mars 2025. Inscris-toi via linktr.ee/campagnerosa.

  • Organisons-nous pour que la honte et la peur changent de camp!

    Dimanche 24 novembre, 14h, Bruxelles, marche de la plateforme Mirabal, Place Poelaert

    L’Etat turc a connu une nouvelle succession de mobilisations féministes à la suite, notamment, du féminicide de deux jeunes femmes le 4 octobre, assassinées par un homme proche de la sous-culture misogyne “incel” qui les harcellait depuis plusieurs années. Le pays compte plus d’un féminicide par jour selon les associations qui, faute de statistiques officielles, épluchent la presse et compilent les plaintes des familles. Pour les 9 premiers mois de cette année uniquement, elles recensent 297 féminicides avérés et 160 morts éminement suspectes, des femmes qui tombent de leur balcon par exemple.

    Un des slogans de ces manifestations – “les féminicides sont politiques” – souligne la responsabilité de la politique dominante dans l’entretien du climat qui permet les abus. Erdogan et son gouvernement ont retiré le pays de la Convention d’Istanbul (un traité international consacré à l’élimination des violences envers les femmes), discutent du remaniement de la seule loi protégeant les femmes contre les violences (la loi 6284), glorifient la famille (où se commettent la majorité des violences) au détriment des femmes…

    Erdogan est connu pour des déclarations telles que “Je m’oppose aux naissances par césarienne et aux avortements, et je sais que c’est pratiqué à dessein. Ce sont des mesures destinées à empêcher la population de ce pays de s’accroître. Je vois l’avortement comme un meurtre.” Mais face à la colère de la rue, il a bien dû réagir, en ne parlant toutefois que du durcissement des mesures de détention. Les activistes ont directement réagi en avertissant que celles-ci renforceront l’autoritarisme du régime et non les droits des femmes.Comment ne pas se dire que ces règles seront appliquées non pas aux meurtriers, mais aux journalistes, non pas aux voleurs, mais à ceux qui expriment leurs opinions, non pas aux harceleurs, mais à ceux qui agissent contre eux ?”, soulignait un journaliste.(1)

    Un phénomène systémique

    Au même moment, c’est la Côte d’Ivoire qui était sous le choc d’un nouveau féminicide dans la capitale. La Ligue Ivoirienne des Droits des Femmes (LIDF) tire la sonnette d’alarme concernant la recrudescence de violences sexistes et sexuelles ces dernières années. Pour Annick Gnazalé (de l’université Alassane Ouattara) : Les femmes s’insurgent contre l’hégémonie du patriarcat. Elles revendiquent plus de droits, elles revendiquent leur indépendance, même quand elles sont en couple. Et face à ce changement social, la violence sonne comme un rappel à l’ordre. (…) Les femmes n’acceptent plus d’être des victimes passives. Elles osent revendiquer leur liberté. Et cette nouvelle manière d’agir suscite, dans certains cas, de vives réactions chez leurs conjoints, pouvant aboutir au féminicide.’’(2)

    La Belgique, de son côté, est signataire depuis 2016 de la Convention d’Istanbul, mais notre pays ne respecte toujours pas le traité qui le contraint à collecter des données statistiques sur les violences basées sur le genre. Nous dépendons toujours pour cela des articles de presse regroupés sur le blog Stop Féminicide, qui recense depuis 2019 entre 24 et 27 féminicides chaque année. Depuis l’été 2023, la Belgique est toutefois devenue l’un des trois pays en Europe, avec Chypre et Malte, à adopter une loi reconnaissant officiellement le féminicide. “C’est une loi-cadre, pas très bien financée, qui répond à la nécessité de faire des statistiques, mais qui est très maigre sur le plan de la prévention et quasiment nulle sur la question de la prévention primaire (prévention qui vise à réduire autant que possible le risque d’apparition de violence, à défaut de supprimer totalement le risque de danger, notamment via l’éducation permanente, NDLR)”, argumente l’ancienne présidente du Conseil des Femmes francophones de Belgique Sylvie Lausberg. “La loi ne vise pas la modification des mentalités, donc on ne s’attaque pas à la cause du problème. Le féminicide est l’aboutissement d’un continuum de violences.”

    L’historienne Christelle Taraud, qui a réuni dans un récent ouvrage de multiples contributions de spécialistes sur la question (“Féminicides. Une histoire mondiale”, paru en 2022 aux éditions La Découverte), le souligne également : “On doit reconnaître qu’il s’agit d’un crime systémique et que nos sociétés sont construites d’une telle manière qu’elles produisent les crimes. Ça traverse toutes les couleurs de peau et toutes les confessions religieuses, c’est donc une pandémie mondiale et un phénomène planétaire.”

    Selon l’ONU Femmes, en 2022, environ 48.800 femmes et filles dans le monde ont été tuées par leur partenaire intime ou d’autres membres de leur famille. Cela signifie qu’en moyenne, plus de cinq femmes ou filles sont tuées toutes les heures par un membre de leur propre famille. Le foyer, que l’on devrait considérer comme un espace de sécurité, est potentiellement le premier espace dans lequel une femme ou un enfant va connaitre ses premières violences dès le plus jeune âge. En France, l’inceste continue de détruire des vies. Chaque année, environ 160.000 enfants sont agressés sexuellement… souvent par un membre de leur famille. Le dernier sondage réalisé par IPSOS illustre un constat glaçant : un.e Français.e sur dix confie avoir été victime d’inceste.  

    Combattre partout le continuum de violences sexistes et sexuelles

    En Belgique, en 2023, plus de 11.000 plaintes pour viol ont été déposées, soit une moyenne de 30 par jour. Ce chiffre ne représente qu’une fraction des violences, car 82 % des agressions sexuelles ne sont pas signalées selon le Moniteur de sécurité. Comment s’en étonner ? Lorsqu’une victime porte plainte, le calvaire se prolonge : le personnel médical comme celui de la police n’est pas suffisamment formé pour les accompagner et celles-ci ne sont pas toujours prises au sérieux. Beaucoup de plaintes sont classées sans suite et même lorsque ce n’est pas le cas, les condamnations donnent envie de hurler.

    En juin dernier, la cour d’appel d’Anvers a confirmé la culpabilité d’un gynécologue de 60 ans de Turnhout pour l’agression et le viol de six patientes. Il a été condamné à quatre ans de prison, entièrement avec sursis, c’est-à-dire la peine ne sera pas mise en exécution. En septembre, de la prison ferme a été infligée à deux militantes écologistes qui avaient jeté de la soupe sur un tableau (protégé par une vitre) de Van Gogh. Quel que soit le pays, la logique est la même : la possession de bien est mieux protégée par la justice que l’intégrité des personnes, tout particulièrement des femmes. Un système de justice de classe implique inévitablement une justice sexiste.

    Le manque de moyens est criant à tous niveaux. Entre octobre 2017 et décembre 2023, 12.456 victimes de viol ont poussé la porte d’un centre de prise en charge des violences sexuelles (CPVS). Pour l’année 2023, une hausse de 28 % de victimes prises en charge a été constatée par rapport à 2022. Une augmentation principalement due à l’ouverture de nouveaux centres (il y en a 13 actuellement) ainsi qu’à une meilleure communication autour de l’existence de ces structures. Alors qu’il en faudrait beaucoup plus, un à chaque campus au minimum, le financement adéquat de ces structures ne paraît pas garanti avec des autorités publiques dirigées par la N-VA et le MR. Les partis qui négocient pour le moment la coalition fédérale Arizona ne laissent aucun doute le sujet : ils ont fait bloc en septembre pour repousser une proposition de loi visant à étendre à 18 semaines le délai au cours duquel on peut procéder à une IVG (interruption volontaire de grossesse).

    En France, la Fondation des Femmes estime à 2,6 milliards d’euros par an le budget minimum que l’État devrait consacrer à la protection des victimes de violences conjugales, sexistes et sexuelles (contre 184,4 millions en 2023). Le calcul d’un pareil programme, à partir des besoins à combler, serait un grand pas en avant pour donner des objectifs clairs à la lutte en Belgique. Cela concerne les services d’aide aux victimes et les refuges bien entendu, avec également de l’espace pour les enfants, mais aussi la garantie d’accès à des logements sociaux pour permettre aux personnes en situation de dépendance économique et/ou de danger de ne pas devoir être sur liste d’attente avant d’être en sécurité. Du côté francophone, un pas important en avant a été posé avec les cours d’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle (EVRAS), mais ils sont dramatiquement insuffisants.

    C’est tout le système qui est coupable : renversons-le

    Le procès des viols de Mazan démontre une fois de plus à quel point toute cette société est imprégnée de la culture du viol et des violences reposant sur le genre. La honte doit changer de camp a déclaré Gisèle Pélicot en refusant le huis clos et en témoignant publiquement au procès de ses 51 violeurs. Ce courage inspirant marquera les combats de 25 novembre et ceux à venir. Plus de 50 ans avant elle, Simone de Beauvoir récusait par la phrase devenue slogan “On ne naît pas femme : on le devient” qu’aucun être humain n’avait à être soumis à un quelconque destin préétabli au nom d’une “nature féminine”. “On fabrique la féminité comme on fabrique d’ailleurs la masculinité, la virilité”, disait-elle. Ces constructions sociales et toute la violence qui en découle ne peuvent être radicalement affrontée qu’en changeant totalement de système, d’un système reposant sur les inégalités, les oppressions et l’exploitation vers un système dans lequel toute l’étendue des richesses et des connaissances sera utilisée pour assurer l’épanouissement de chacun.e. Cette société de la coopération et de l’empathie, c’est selon nous ce qui est au cœur du combat féministe socialiste et de la construction d’une société socialiste démocratique.

    1.  “La Turquie bouleversée par un double féminicide”, Marie-Pierre Vérot, publié sur francetvinfo.fr le 12 octobre 2024.
    2. “416 féminicides dans la seule ville d’Abidjan”, la hausse inquiète la Ligue Ivoirienne des Droits des Femmes, Ousmane Badiane, publié le 2 octobre 2024 sur bbc.com.
  • “De Wever et Bouchez veulent me faire travailler 9 à 12 ans de plus, je ne tiendrai pas le coup!”

    Pension à 67 ans ? Non merci! Témoignage d’un conducteur de train

    La note de De Wever pour la formation du gouvernement fédéral est de retour, avec quelques changements. Il a fallu attendre la fin des élections communales puisqu’aucun des partis qui négocient la coalition “Arizona” n’ait voulu se présenter face aux électeur.trices en défendant un projet si antisocial. Toute la classe travailleuse regarde ce catalogue des horreurs avec effroi, notamment les cheminot.e.s. Pour les conducteur.trice.s de train, c’est l’attaque contre leur système de retraite qui est la plus redoutée.

    Par un cheminot

    Un décalage horaire permanent

    Un.e cheminot.e qui a travaillé au moins 30 ans – aux heures les plus impossibles – peut prendre sa retraite au plus tôt à 55 ans.

    Il faut garder en tête que les horaires sont tous les jours différents. Parfois, vous commencez à 03h05, d’autres fois vous finissez à 01h35. Parfois, vous êtes dans une séquence avec, par exemple, uniquement des équipes “tôt” ou “tard”, mais il peut aussi y avoir des mélanges. Vous pouvez vous lever à deux heures moins le quart du matin, travailler jusqu’à midi et, le lendemain, pendant votre jour de repos, vous vous levez à 7 heures pour emmener vos enfants à l’école. Votre rythme est alors décalé de cinq bonnes heures. Plusieurs fois par semaine, vous souffrez d’un décalage horaire, un “jet lag”. Un rythme pareil durant des décennies, ça se paie en termes d’années de vie (en bonne santé). Mais en contrepartie, on bénéficie d’une retraite anticipée.

    Travailler jusqu’à 12 ans de plus

    Dans la nouvelle version de sa super note, De Wever propose de relever l’âge minimum de la retraite du personnel de la SNCB d’une demi-année chaque année à partir du 1er janvier 2026. Qu’est-ce que cela signifie concrètement? Tout dépend de l’âge et du nombre d’années de service roulant. Dans la pratique, beaucoup devront travailler jusqu’à 67 ans. En effet, à partir de 2049, l’âge légal de la retraite sera fixé à 67 ans.

    Prenons ma situation. Je ne pourrai pas partir en pension le 1er janvier 2037, comme convenu. À cette date, j’aurai 55 ans, mais l’âge minimum sera porté à 61 ans et continuera d’être progressivement repoussé. Je ne pourrais pas partir en pension avant le 1er janvier 2049 et je devrai donc travailler 12 ans de plus. À moins qu’il soit encore possible de démissionner après une carrière d’au moins 42 ans. Dans ce cas, je pourrai partir en 2046 et n’aurai à travailler “que” neuf ans de plus !

    Un dossier emblématique : nous ne tenons déjà plus le coup

    De nombreux.ses accompagnateur.trice.s et conducteur.trice.s ne peuvent déjà plus prendre leur retraite à 55 ans. Arrivé.e.s trop tard dans le service, il ne leur est possible de partir que peu de temps avant l’âge légal de la retraite. Un manager a déclaré à ce sujet à la mi-octobre que parmi celles et ceux qui ont 48 ans aujourd’hui, seule une minorité pourra partir en pension à 55 ans. D’autres commencent leur carrière assez jeunes, pour l’abandonner prématurément. D’autres encore doivent arrêter pour raisons médicales. Sur les 6.000 personnes concernées, combien finiront par prendre leur retraite à 55 ans sans tenir compte des projets de l’Arizona? Une minorité. La mesure ne représente donc pas grand-chose. Mais pour les partis de droite, il s’agit d’un dossier emblématique. La droite ne supporte pas nos droits de fin de carrière.

    Qui poursuivra une carrière complète dans ces professions? On constate déjà aujourd’hui qu’une grande partie des collègues arrête pour raisons médicales, ou de manière volontaire, tandis que certain.e.s décèdent dans leur soixantaine. C’est déjà un défi de tenir trente à trente-sept ans. Mais quarante-cinq ans à se lever à des heures impossibles, à arpenter les rails, à faire face aux agressions, aux collisions, aux heures de pointe et à d’autres sources de stress ? Les métiers du rail risquent de devenir des métiers que l’on n’exerce que pendant une courte période.

    Cerise sur le gâteau: la diminution du montant des pensions

    Comme si cela ne suffisait pas, le futur gouvernement veut aussi calculer les pensions des fonctionnaires de la même manière que celles des salarié.e.s du privé. Ces pensions sont parmi les plus basses d’Europe occidentale.

    Les fonctionnaires sont des privilégié.e.s, disent des parlementaires dont la pension est équivalente au triple du montant des pensions. Selon les critères belges, les fonctionnaires ont en effet des pensions élevées. Moi-même, je toucherai 2.179 euros par mois en 2037 (selon les règles actuelles). La vérité, c’est que ce ne sont pas ces pensions qui sont élevées, ce sont les pensions statutaires des employé.e.s qui sont beaucoup trop basses.

    L’attaque se ferait en adaptant le salaire de référence de quatre ans à finalement 40 ans en 2055 (ou 2049 selon la lecture de la note). En outre, en augmentant les conditions de carrière pour les services à partir du 1er janvier 2025 pour avoir droit à un montant de pension maximum. Cela signifie qu’il faudrait travailler plus longtemps pour un montant de pension plus faible.

    En outre, il y aura un plafonnement de l’indexation, alors qu’il n’y a pas de plafonnement de l’augmentation des prix. La péréquation liant les pensions aux barèmes salariaux devra également être supprimée. Même si les salaires n’ont pas augmenté dans les chemins de fer au cours des 22 dernières années, il s’agit d’un principe important.

    Si toutes ces mesures sont adoptées, de nombreuses personnes devront travailler beaucoup plus longtemps pour une pension beaucoup moins élevée.

    Un combat nécessaire

    Nous ne disposons que de très peu d’allié.e.s sur le plan politique. Conner Rousseau, par exemple, s’est prononcé à plusieurs reprises en faveur d’un relèvement de l’âge de la retraite du personnel de conduite. Les négociateurs du gouvernement n’ont pas trébuché sur ce point. A droite règne l’unanimité concernant la fragilisation de nos droits.

    Nous devrons donc compter principalement sur le rapport de forces sur le lieu de travail et dans la rue. Nous attendons avec impatience un plan d’action syndicale crescendo qui dépassera – de loin – celui de l’automne 2014.

  • Podcast “Résistance antinazie ouvrière et internationaliste : De Nantes à Brest, les trotskistes dans la guerre (1939-1945)”

    Le livre “Résistance antinazie ouvrière et internationaliste : De Nantes à Brest, les trotskistes dans la guerre (1939-1945)” raconte l’histoire remarquable de jeunes marxistes révolutionnaires engagé.e.s dans la résistance à l’occupation nazie et au capitalisme.
    Pour eux, la guerre n’a pas signifié de pause dans leur approche basée sur la lutte des classes. Ils et elles ont regroupé des dizaines d’autres jeunes – jusqu’à des soldats allemands ! – autour d’un antifascisme de classe visant à la transformation socialiste de la société. Cet été 2024, nous nous sommes rendus à Nantes pour y rencontrer deux des trois auteurs de cet important ouvrage : François Preneau et Robert Hirsch.

    Depuis lors, le samedi 5 octobre dernier, la ville de Brest a rendu un hommage officiel aux résistants trotskistes, français et allemands, victimes de la terreur nazie, avec la pose de deux plaques commémoratives.

    Une semaine après le bel hommage du 5 octobre aux militants trotskistes, allemands et français, unis contre le nazisme pour la fraternité ouvrière, les auteurs du livre ont retrouvé (grâce au travail du militant et chercheur italien Paolo Casciola) le premier numéro de Zeitung für Arbeiter und Soldat im Westen, le journal des soldats allemands de Brest.

    Le bulletin original était dans les archives de Ernest Mandel à Amsterdam. Il était totalement inconnu des chercheurs … et militants chercheurs.

    Il est bien entendu dommage qu’un document si important soit passé inaperçu dans une archive durant tout ce temps, mais grâce au travail de pionnier de Robert Hirsch, Henri Le Dem et François Preneau, il refait heureusement surface.

    C’est donc avec une émotion redoublée que nous vous invitons à écouter cet entretien réalisé en juillet dernier.

  • Liban : Netanyahou exporte le bain de sang

    Le 23 octobre uniquement, au moins 558 personnes libanaises ont été tuées par des attaques israéliennes, dont 50 enfants. Plus de 1.800 personnes étaient également blessées. Il s’agissait de la journée la plus meurtrière que le Liban ait connue depuis la fin de la guerre civile en 1990. Depuis son attaque terroriste de masse à l’aide d’engins explosifs dissimulés dans des milliers de bipeurs à travers le Liban les 17 et 18 septembre, Israël ne fait qu’augmenter le niveau de violence. Des dizaines d’immeubles de Beyrouth, la capitale, ont été complètement rasés, sans la moindre sommation, avec un déluge de morts. En date du 24 octobre, les rapports font état d’au moins 2.600 personnes mortes et de millions de déplacées.

    Par Ammar (Bruxelles), article tiré de l’édition de novembre de Lutte Socialiste

    Depuis plus d’un an maintenant l’Etat Israël assassine impunément des centaines de milliers de personnes. A Gaza, le nombre de personnes directement tuées est d’au moins 45.000 personnes et il faudrait encore y ajouer environ 200.000 personnes décédées “indirectement” des suites de la destruction de toutes les infrastructures de soin et de logement tandis que l’aide humanitaire est bloquée. Il s’agit de près de 10% de la population gazaouie, et l’estimation est encore prudente.

    Ce génocide puise ses origines avant même la création de l’État d’Israël en 1948, dans la politique de “diviser pour régner” de l’impérialisme britannique à l’époque de la Palestine sous mandat britannique, à la suite de l’effondrement de l’empire ottoman. Pour tenter de garder leur contrôle de ce découpage arbitraire, les peuples, notamment juifs et arabes, ont été montés les uns contre les autres, à l’image de l’Inde où les Hindouistes ont été opposés aux Musulmans.

    C’est sur cette même logique que l’État libanais indépendant a été créé et reconnu en 1943, sur une base confessionnelle et sectaires très strictes. C’est ainsi que depuis lors, à la suite du mandat français, le Liban a fonctionné sur base d’un système politique semi féodal reposant sur l’institutionnalisation des divisions confessionnelles essentiellement entre chiites, maronites et sunnites, au parlement comme dans tous les aspects de la vie politique du pays. Ce système avait pour but de figer la domination de l’élite chrétienne maronite sur le pays.

    A la sortie de la Seconde Guerre mondiale, les élites, principalement maronites et sunnites, se sont fortement enrichies en développant principalement un système bancaire qui est parvenu à attirer des placements venant de toute la région dans ce nouveau paradis fiscal. On parlait à l’époque de la “Suisse du Moyen Orient”.

    Ce système économique et politique n’a fait qu’accentuer les inégalités au cours des décennies, et a créé un État libanais complètement gangréné par la corruption et dépourvu de tout moyen financier entraînant une absence quasi complète de services publics dans le pays. Cette situation de crise sociale et politique amplifiée par une question nationale complexe, avec notamment environ 140.000 réfugié.e.s de Palestine arrivé.e.s au Liban dans le sillage de la guerre israélo-arabe de 1948, a conduit à une guerre civile entre 1975 et 1990 et, déjà, une intervention militaire israélienne meurtrière sur le sol libanais en 1982, suivie d’une occupation jusqu’en 2000.

    Corruption, crise financière et sous-développement de l’infrastructure

    La fin de la guerre civile n’a pas pour autant supprimé la misère. En 2019-2021, le pays a connu une série de mobilisations de masse – par-delà les frontières confessionnelles – à la suite d’une profonde crise financière, avec l’élément déclencheur d’un paquet de mesures d’austérité sans précédent et sous l’inspiration du Hirak algérien (mouvement de masse opposé à un cinquième mandat du président Bouteflika).

    En août 2020, deux explosions ont frappé le port de Beyrouth, une des plus graves explosions non nucléaires de l’histoire, qui a causé 235 mort.e.s, 6.500 blessé.e.s et 300.000 personnes sans abri. Plusieurs manifestations ont à nouveau exigé la démission du gouvernement et dénoncé la corruption généralisée de la caste politique. Durant la pandémie, quand un confinement national a été décrété alors que la faim, l’inflation et le chômage augmentaient, la police a tiré à balles réelles sur la foule de manifestant.e.s.

    Les inégalités dans le pays sont telles que les 1 % les plus riches, soit 42.000 personnes, possèdent 58 % de la richesse de l’ensemble de la population. La corruption des élites politiques des différentes communautés du pays n’a laissé aucun moyen dans les caisses de l’État pour la création de services publics viables. Dans la période à venir, un grand nombre de décès indirects de cette guerre seront dus à l’inaction de partis libanais corrompus depuis des décennies pour développer les infrastructures et les services à la population.

    La situation était déjà désastreuse au Liban avant cette attaque unilatérale qui vise principalement les régions où la majorité de la population est musulmane chiite, base confessionnelle du Hezbollah : au sud du Liban (où sont principalement aussi les camps historiques de réfugié.es palestinien.ne.s), dans la banlieue sud de Beyrouth, et dans la plaine de la Bekaa (dans l’Est du pays). Il est important de souligner que la population chiite est historiquement celle dont les couches larges sont parmi les plus pauvres du pays, par opposition aux populations chrétiennes du centre et du nord du pays. Même si cela n’empêche pas Israël de bombarder des zones à majorité chrétienne ou sunnite, telles que Tripoli ; où le Hezbollah ne dispose d’aucune implantation.

    Les ambitions coloniales des couches les plus réactionnaires de la politique israélienne débordent largement de Gaza, c’est l’ensemble de la sous-région qui est concernée, ce qui permet aussi de comprendre les frappes israéliennes en Syrie et l’invasion terrestre au Liban.

    Oui à la résistance, non à l’islamisme

    Sur qui peut-on se reposer ? Israël ne pourrait continuer ses exactions sans le soutien actif de la “communauté internationale”, c’est-à-dire des puissances impérialistes occidentales. Le double standard entre les sanctions appliquées à la Russie depuis l’invasion de l’Ukraine et le soutien militaire et financier à Israël saute aux yeux. Israël est la tête de pont par excellence de l’impérialisme occidental dans la région, elle continuera à bénéficier de ce soutien, peu importent les résolutions de l’ONU ou les condamnations de la Cour pénale internationale.

    Dans la région, la république islamique d’Iran est aujourd’hui la plus grande menace militaire vis-à-vis d’Israël. Elle soutient financièrement et logistiquement le Hezbollah, et aussi le Hamas, et est la seule force militaire dans la région capable de représenter une menace pour le régime sioniste.

    Les peuples palestiniens et libanais ont évidemment le droit aujourd’hui de résister contre l’envahisseur, y compris de façon armée. Nous refusons de renvoyer simplement dos à dos Israël et le Hezbollah ou le Hamas. Mais nous estimons toutefois essentiel de rappeler que remplacer un régime réactionnaire par un autre n’est pas la solution pour la libération et l’émancipation de toustes les habitant.e.s de la région. Si nous nous opposons résolument à l’offensive génocidaire israélienne et à sa politique coloniale, nous saluons aussi le courage et la détermination des femmes iraniennes et du soulèvement de masse “Femme, Vie, Liberté” déclenché par la colère suite de l’horrible assassinat de Mahsa Jîna Amini en 2022 par le régime misogyne iranien.

    Au Liban, le Hezbollah a lui aussi montré son vrai visage ces dernières années. Malgré sa capacité relative à unifier des couches issues de différentes confessions lors du conflit israélo-libanais de 2006, le Hezbollah a par la suite lui-même profité du système de corruption libanais, à l’image des autres forces politiques du pays, sur des bases confessionnelles sectaires et tout particulièrement depuis qu’il est devenu la force politique la plus influente au Liban.

    Le Hezbollah a même fait usage de son autorité et de la force pour freiner la révolution d’octobre durant l’automne 2019, en qualifiant la jeunesse révoltée de “traitre à la solde de l’Occident” et en attaquant physiquement les rassemblements contestataires. A l’époque, les revendications du mouvement, initialement économiques et opposées à la corruption de l’ensemble de l’élite politique, se sont transformées en revendications sociales pour réclamer un changement de société. Ainsi durant des mois, la Thawra (Révolution en arabe) a dépassé les frontières confessionnelles et a posé les germes d’une alternative à l’État libanais défaillant. Des assemblées générales ; des comités de quartier ; des groupes de solidarité financière, médicale et juridique ont vu le jour pour assister les occupations de places et des grèves générales. Malheureusement, la pression de partis tels que le Hezbollah, l’absence de coordination claire et de perspectives ainsi que la pandémie de covid ont eu raison du mouvement. Mais les causes sociales et économiques qui lui ont donné naissance n’ont pas disparu.

    Au même moment, en 2019-2020, des mobilisations anti-gouvernementales déferlaient sur l’Irak, là aussi par-delà les frontières confessionnelles, de même que sur l’Iran. C’est dans ce type de mobilisations populaires de masse et dans l’exploitation de leur potentiel révolutionnaire qu’une issue peut être trouvée. Nous soutenons la résistance, y compris de manière armée, mais pas sur des bases confessionnelles et antisémites, tels que le fait le Hezbollah, mais sur des bases anticoloniales et révolutionnaires. Cela pourrait trouver un écho dans toute la région, jusque parmi les masses pauvres israéliennes. La résistance contre l’impérialisme, ou qu’il soit, est plus puissante si elle repose sur l’unité dans la lutte de toutes les couches exploitées et opprimées, au-delà des différences confessionnelles et nationales, et surtout organisée de manière démocratique. Cette résistance doit prendre différentes formes, y compris de manière armée, mais elle doit surtout reposer sur l’action des masses qui lutte non seulement contre les colonisateurs mais aussi contre le capitalisme et les gouvernements dont le pouvoir repose sur ce système.

  • Action de solidarité avec Ahou Daryaei : femme, vie, liberté!

    Hier, nous étions une trentaine à participer à une action face à l’université de Liège en solidarité avec Ahou Daryaei, étudiante de l’université islamique Azad de Téhéran a bravé la répression en protestant courageusement contre la police des mœurs.

    Enlevée pour un hijab jugé “inapproprié”, elle s’est dévêtue jusqu’à ses sous-vêtements en signe de résistance. Elle est désormais en détention, et sa vie est en danger. Son action courageuse se place à la suite du soulèvement féministe en Iran qui avait fait écho au slogan kurde “Femme, vie, liberté – Jin, Jiyan, Azadî”

    La solidarité internationaliste était au coeur des prises de parole qui ont vu se succéder des camarades orignaire d’Iran, d’Italie et du Chili, aux côté d’un militante étudiante belge.

    Ce combat est lutte mondiale qui dépasse les frontières et qui constitue un cri de résistance commun : de l’Iran à la Palestine, contre toute forme d’oppression et d’injustice. Nous dénonçons la récupération de la révolte féministe en Iran pour servir les intérêts de l’impérialisme, l’escalade meurtrière du génocide à Gaza et l’agression israélienne dans la région.
    Le combat contre la machine de mort israélienne et contre l’impérialisme fait partie intégrante du combat féministe, au même titre que le combat contre un régime théocratique dictatorial comme celui de l’Iran.

  • Namur : nouvelle mobilisation contre l’armement d’Israël

    Hier, plus de 500 personnes se sont réunies à Namur pour une nouvelle manifestation contre la livraison d’armes en Israël à l’appel d’une large coalition.

    Cette mobilisation aux portes du parlement wallon s’imposait tout particulièrement au vu du changement de la composition du nouveau gouvernement wallon : “Nous exigeons du gouvernement wallon et de son ministre-président l’interdiction de la délivrance de toute licence d’exportation – directe ou indirecte – d’armes, de matériel de guerre ou assimilé à destination d’Israël”, défendaient les porte-paroles.

    La mobilisation visait notamment à défendre le maintien de l’interdiction de tout transit d’armes destinées à Israël dans les aéroports wallons et la la levée de toute opacité concernant le transit de marchandises à destination d’Israël via l’ouverture des registres douaniers.
    Les organisations syndicales ont un rôle crucial à jouer à ce titre, en organisant une campagne effective pour que les travailleur.euse.s surveillent ce qui passe par leurs mains et organisent un boycott ouvrier des livraisons et du transit d’armes par la Belgique.

    Photos : J-F

  • Bardella à Bruxelles? C’est non! Rassemblement antifasciste ce mercredi

    Mercredi13/11 – 18h, 9 Rue de la Loi devant la Maison de Hongrie.

    Appel de la Coordination Antifasciste de Belgique (CAB)Appel sur FB

    Jordan Bardella, président du Rassemblement National, parti d’extrême droite français, a prévu de donner une présentation de son livre mercredi 18h30 à la Maison de la Hongrie !

    Son livre parait naturellement aux éditions Fayard, propriété de Bolloré, et l’évènement est accueilli par la Maison de la Hongrie !

    Pour tou•te•s les militant•es antifascistes et toutes celleux qui souhaient lutter contre l’extrême droite, c’est hors de question ! Face à la montée du fascisme et de l’extrême droite partout, à nous d’imposer notre volonté : Bruxelles est, et restera, antifasciste !

    Faisons en sorte que les fachos arrêtent de se sentir chez eux à Bruxelles.

    Partout l’extrême droite monte et arrive au pouvoir ! Aux Etats-Unis, Trump vient d’être élu. En Italie Meloni gouverne. En France, Macron ne dirige que parce que Marine Le Pen le veut bien.

    En Hongrie, Orban est le modèle à suivre pour toutes les extrêmes droite du monde et ce n’est pas un hasard si c’est la Maison de la Hongrie qui accueille le président du Front National.

    Encore Bruxelles-ville ?! Une fois de plus l’extrême droite choisit Bruxelles-ville, ce n’est pas anodin. Systématiquement le bourgmestre Philippe Close et le Parti Socialiste de Bruxelles laissent leurs événements se produire et mobilisent les forces de police pour en assurer le bon déroulement. Jusque quand continuera cette passivité complice ?

    Comme toujours, on ne peut compter que sur l’auto-défense populaire pour assurer un cordon sanitaire !

    En Belgique, le cordon sanitaire a été rompu à Ranst et le Vlaams Belang a obtenu la majorité à Ninove.

    Notre futur gouvernement comprendra très probablement le parti de droite extrême N-VA avec l’affreux Francken, et le Mouvement Réformateur qui reprend allègrement les propositions d’extrême droite.

    Face à cela, nous organisons la riposte antifasciste ! Rendez- vous mercredi !

    Pour être tenu.es au courant rapidement des infos qui concernent la mobilisation du 13/11, rejoignez le canal Telegram : t.me/AntifaBXL

    Et contactez-nous sur nos réseaux ou à l’adresse coordination@antifascisme.be !

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