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  • Jeux Olympiques. MĂŠdaille d’or pour le nĂŠo-libĂŠralisme

    Jeux Olympiques

    LES JEUX OLYMPIQUES d’Athènes ont été marqués par l’empreinte de l’idéologie néo libérale qui se sert de cet événement comme d’une puissante machine de marketing, non sans conséquence pour les athlètes, les spectateurs et les travailleurs. Le budget de ces Jeux olympiques s’élève à plusieurs milliards d’euros dont 1,2 milliards sont réservés aux dispositifs de sécurité soit 5 fois plus que pour Sydney en 2000, transformant ainsi la capitale grecque en un véritable forteresse sous le contrôle de l’OTAN.

    Stéphan Delcros

    Il s’agit d’un coût exorbitant quand on connaît la situation de précarité dans laquelle vit une grande partie de la population. Les Roms ou Tziganes , très nombreux à Athènes et en particulier près de l’emplacement du village olympique, ont été "priés" de s’installer plus loin, à l’abri des regards." Il aurait en effet été fort gênant que les milliers de spectateurs et de sportifs remarquent que la Grèce préfère investir des millions dans l’installation d’un toit pour le stade olympique à l’architecture "tournée vers le XXIe siècle", plutôt que d’aider cette minorité à sortir de sa précarité sociale en commençant, par exemple, par leur offrir un logement décent pour remplacer leur taudis sans eau courante ni électricité. Il en va de même pour les mendiants, réfugiés et toxicomanes errants dans les parages des sites olympiques qui furent soit expédiés du champ de vue général, soit enfermés dans une nouvelle prison, construite pour l’occasion.

    L’hypocrisie ne s’arrête évidemment pas là. A la demande des responsables de la ville d’Athènes, la législation concernant la prostitution et le proxénétisme a été assouplie afin d’attirer les prostituées dans la capitale pour que les touristes et les athlètes puissent en disposer plus facilement. Il s’agit là d’une valorisation scandaleuse de l’exploitation de la femme à des fins capitalistes qui contraste clairement avec l’idéal de "pureté" proclamé par les organisateurs des Jeux olympiques d’Athènes.

    La "fête du sport" a également été ternie début août par la mort de 13 ouvriers sur les chantiers de construction. Subissant de nombreuses pressions pour terminer les travaux dans les délais, les ouvriers ont parfois dû travailler plus de 15 heures par jour, réduisant ainsi leur concentration et leur vigilance et augmentant les risques d’accident, parfois mortels.

    On ne peut parler des Jeux olympiques sans évoquer les fameux "dix commandements" dictés par les sponsors aux spectateurs. Il était par exemple interdit à ceux ci d’emporter leur propres boissons ou nourriture, certaines firmes multinationales comme Coca ou McDo ayant le monopole à l’intérieur des différents sites. Interdiction également de porter des vêtements de marques concurrentes ou même de faire une quelconque publicité pour des entre-prises ne sponsorisant pas les Jeux.

    Ce qui aura retenu l’attention lors de ces Jeux olympiques, ce sont les affaires de dopages avec notamment l’abandon pour non présentation à un contrôle antidopage des deux sprinters grecs Thanou et Kenteris, énormément appréciés dans leur pays. Marqué par l’idéologie individualiste, le sportif est devenu une "star", un exemple à suivre pour la jeunesse. Exploité par les sponsors, il est entraîné dans une spirale sans fin de recherche de la réussite à tout prix. Si l’on combine ceci à l’appât toujours plus grand du gain, nécessité également véhiculée par le système capitaliste, on comprend aisément pourquoi le sport actuel est souvent synonyme de dopage.

    Sous couvert de "trêve olympique" ou "d’amitié entre les peuples", les organisateurs des Jeux veulent lancer un message d’espoir, de paix et d’égalité entre tous. Le plus grand événement sportif de la planète n’est pourtant que le reflet de notre société et de la situation internationale économique et financière. L’idéologie néo libérale y est omniprésente et ce au détriment du sport en lui même, souvent relégué au second rang.

  • Explosion du gazoduc Ă  Ghislenghien. La fatalitĂŠ a bon dos

    Explosion du gazoduc à Ghislenghien

    LE 30 JUILLET à 8h55 une conduite de gaz naturel sous haute pression (80 bars) passant sous le zoning industriel de Ghislenghien explose, fait 21 morts (à ce jour) et plus d’une centaine de blessés dont certains dans un état critique. Une colonne de flammes, haute de plusieurs dizaines de mètres, s’élève dans le ciel tandis que le morceau de conduite (3 tonnes) qui a explosé est projeté à 150 mètres. Sous l’effet de l’onde de chaleur les circuits électriques de bâtiments situés à plusieurs centaines de mètres de l’explosion fondent. Certaines victimes (travailleurs à l’ouvrage sur le zoning, pompiers, automobilistes circulant à proximité de la catastrophe) tentent de fuir la fournaise et seront retrouvées gisant dans les champs calcinés autour du zoning.

    Guy Van Sinoy

    L’enquête pour déterminer les causes de la catastrophe sera longue. Mais d’ores et déjà un certain nombre de faits sont accablants. Comment expliquer que l’on permette d’installer un zoning audessus d’un gazoduc à haute pression? L’alerte a été donnée à 8H30, mais aucune évacuation du site n’a été organisée. Les pompiers, policiers et techniciens d’Electrabel, envoyés sur le lieu du drame quelques dizaines de minutes plus tôt (on avait signalé une fuite de gaz) ignoraient qu’il s’agissait d’une conduite de 90 cm sous haute pression (plus de 400 m3 de gaz transportés par seconde sur une distance de 145 km!). Pire: le permis délivré en septembre 2003 à la société Diamant Boart (dont les installations en construction ont été anéanties par l’explosion) parlait de la présence d’une conduite de gaz dans le sous-sol mais on n’en trouvait pas la moindre trace dans la modification du plan de secteur de 1993. Le morceau de conduite qui a explosé porte les traces de griffes d’un engin de terrassement (pelleteuse, bulldozer).

    La Confédération de la Construction flamande (VCB) a demandé, à la suite de cette catastrophe, un inventaire complet et précis de toutes les canalisations souterraines qui sillonnent les trois régions du pays. Car sous le bitume c’est la jungle! Les sociétés de distribution (Belgacom, les sociétés de distribution d’eau, de gaz et d’électricité) interviennent de façon anarchique. Avec la libéralisation des marchés des télécommunications, du gaz et de l’électricité, le nombre de sociétés et d’organismes intervenant va augmenter et encore plus compliquer la gestion du sous-sol de notre pays qui compte déjà 400.000 km de conduites souterraines.

    La catastrophe de Ghislenghien est au transport du gaz ce que le naufrage de l’Erika est au transport du pétrole par bateau. Dans un monde où règnent l’anarchie capitaliste, les lois de la jungle, la course effrénée au profit il est utopique de croire que les compagnies privées sont disposées à produire et à transporter l’énergie (charbon, pétrole, électricité, gaz, nucléaire) en toute sécurité. Car cette sécurité a un prix et elle pèse lourd sur la rentabilité et les profits.

    La seule façon de garantir que la production, le stockage et la distribution de l’énergie se fassent en respectant l’environnement ainsi que la sécurité des travailleurs et des riverains est de nationaliser le secteur sous contrôle ouvrier et sous le contrôle de la population.

    Un dernier point était choquant. Les obsèques nationales des victimes, le 4 août, n’étaient organisées que pour 7 des victimes: 5 pompiers, un policier et un employé d’Electrabel. Pas pour les ouvriers de Diamant Boart tués sur leur lieu de travail. Pourquoi cette discrimination indécente? Toutes les victimes n’avaient-elles pas droit à la même considération?

  • “Adieu, la prospĂŠritĂŠ!”

    C’EST LE titre d’un article de l’hebdomadaire Knack du 25 août sur l’Allemagne. Le plan d’austérité de Schröder est un bain de sang social. Les chômeurs de longue durée vont par exemple se retrouver avec une allocation de moins de 350 euros par mois dès janvier!

    Anja Deschoemacker

    Et la Belgique va suivre la même voie. La bourgeoisie a mis toutes ses cartes sur la table: les patrons ont mis en avant une liste impressionnante de revendications afin que le gouvernement tente d’imposer des restructurations sociales très dures. Celles-ci n’ont qu’un but: accroître les profits, au détriment des travailleurs et de ceux qui vivent d’une allocation.

    En Belgique si ceux qui siègent au gouvernement étaient d’authentiques représentants des travailleurs ils auraient mis en avant un plan d’action sérieux sur base des informations parues dans la presse au cours des dernières semaines. Ils s’apercevraient à juste titre que dans un des pays les plus riches du monde, plus de 2/3 des pensionnés (66,32%) vivent avec moins de 1.000 euros par mois, et 39,11% avec moins de 750 euros par mois. Et que la pension minimale est de 34% inférieure à la moyenne européenne. Il feraient tout pour résoudre ces problèmes, en commençant par mettre le holà à la politique de diminution des charges patronales qui vide les caisses de sécurité sociale.

    Mais ce ne sont pas des représentants des travailleurs au gouvernement. Ce sont des arrivistes qui vivent dans un milieu «particulier». Bruno Tobback, par exemple, dit qu’il n’y a pas vraiment de problème concernant les pensions, mis à part le fait que «dans l’avenir» les pensionnés ne vont «plus» pouvoir passer de somptueuses vacances en Afrique. De quels pensionnés parletil? Ou plutôt: sur quelle planète vitil?

    Il y a énormément de problèmes à résoudre. Cependant, si on suit les médias, le vrai problème en Belgique reste un problème communautaire. Il est donc probable que le gouvernement va en arriver à la scission de Bruxelles-Hal-Vilvorde, ou de quelque chose dans ce goût-là. Par contre tous les partis des deux cotés de la frontière linguistique s’accordent (même si certains parviennent à mieux l’emballer que d’autres) sur la nécessité d’une offensive contre la réglementation du travail, les services publics et la sécurité sociale. Quoiqu’il advienne, une chose est sûre: si les travailleurs ne descendent pas dans la rue pour défendre leurs acquis d’après-guerre, ceux-ci vont disparaître.

    Nous espérons que les travailleurs de notre pays ne se laisserons pas détourner par les querelles communautaires. Si Vandenbroucke affirme qu’il ne pouvait aller plus loin dans ses mesures d’austérité et ses attaques contre les chômeurs flamands, c’est parce qu’il espère gagner cette offensive en Flandre pour l’imposer plus tard sur le plan national. Cette politique de chantage aide les partis francophones à vendre leur politique d’austérité, «parce qu’ils y sont contraints».

    Et pendant que la question nationale est poussée à l’avant-plan par les médias, on peut retrouver derrière l’écran le patronat et leurs gouvernements main dans la main, en accord total sur le fait que l’état providence est devenu ingérable et qu’il doit donc être démantelé. Bref, si nous ne suivons pas l’exemple de résistance dont ont fait preuve les travailleurs français, espagnols, italiens et maintenant aussi allemands, les patrons l’emporteront!

  • AlgĂŠrie: le risque d’une explosion sociale?

    En Algérie, les tensions s’accumulent. Les grèves de l’automne dernier, la colère du peuple devant l’inaction de l’Etat pour reloger les victimes du tremblement de terre de Boumerdes, les émeutes quasi insurrectionnelles qui se multiplient dans de nombreux villages… en sont autant de démonstrations. Les classes dirigeantes sont très divisées comme l’a montré la scission du FLN entre les partisans de Benflis, ancien premier ministre, et ceux de Bouteflika.

    Alexandre Rouillard

    Le processus de restauration du capitalisme a été ralenti suite aux grèves dans de nombreux secteurs mais il a entraîné de nombreuses privatisations qui n’ont été évidemment profitables, que pour les anciens dirigeants. Ils essaient de se transformer au plus vite en capitalistes alors que le peuple vit toujours dans de mauvaises conditions. En 2003, l’Algérie a une croissance de 6,8%, mais le chômage officiel reste à 24%.

    Des milliards pour qui?

    En quatre ans de croissance continue, les dirigeants algériens ont largement permis que certains s’enrichissent sur le dos du peuple. La croissance ne repose en fait que sur deux secteurs: les hydrocarbures et l’agriculture, tous deux tournés avant tout vers les exportations. La balance commerciale est largement excédentarie (les exportations ayant rapporté 10 milliards d’euros de plus que les importations).

    Par contre, l’industrie et le bâtiment ont eu des croissances très faibles. Autrement dit, les milliards engragés ne vont ni directement à la grande masse des algériens ni même dans l’accomplissement de travaux publics ou le développement d’infrastructures et de services publics.

    Le début de restauration du capitalisme et l’accroissement de la production de gaz et de pétrole n’ont profité qu’aux mêmes: les dirigeants algériens et les nouveaux capitalistes. Tous accumulent des capitaux en attendant les prochaines privatisations. L’économie algérienne risque à tout moment une situation de rupture, ses capacités de production n’ayant pas été plus développées, sauf dans les hydrocarbures. Le risque de recourir de plus en plus aux importations peut en plus provoquer une vague d’inflation qui détruira les maigres augmentations de salaires gagnées l’an dernier.

    Comment réagir?

    Les grèves récentes dans les transports, les industries du pétrole etc. ont montré une réelle combativité des travailleurs algériens. Les émeutes dans de nombreux villages montrent que la colère contre les classes dirigeantes est loin d’être éteinte mais qu’elle cherche une voie.

    Le peuple algérien voit bien qu’une poignée s’enrichit sur le dos des travailleurs. Les acquis de la révolution algérienne qui avait, malgré la bureaucratie, assuré un certain niveau de vie et de développement, sont liquidés.

    Les partis qui ont participé à la presidentielle et les courants islamistes se battend en fait pour se partager le gâteau. Quant à la grande centrale syndicale, l’UGTA, elle avait accepté les privatisations, ne demandant que des aménagements en termes de "transparence" et c’est contre l’avis de sa direction que la base du syndicat a lutté.

    Le président Bouteflika a reconduit le même gouvernement qu’avant les élections. Les négociations continuent entre l’Algérie et l’OMC sur l’ouverture du marché algérien à la concurrence. Nul doute que le peuple algérien aura beaucoup à souffrir des nouvelles mesures qui risquent d’être prises. Bouteflika avait ralenti son programma de privatisations sous la pression des grèves, par crainte que les luttes ne s’étendent à toute la société. L’offensive du capitalisme va donc continuer et même se faire encore plus violente.

    Cette période va certainement voir une multiplication des luttes. C’est autour de celles ci contre les privatisations, pour de réelles infrastructures (routes, habitations, etc) que les travailleurs, les jeunes, les paysans pauvres etc peuvent se rassambler et avancer vers un nouveau parti. Ils devront alors se doter d’un programme de défense des intérêts des capitalistes algériens ou étrangers. Seule une organisation authentiquement socialiste de l’économie permettra que les énormes richesses de l’Algérie aillent réellement à l’ensemble de la population, pour la satisfaction de ses besoins, et mettre fin à l’exploitation capitaliste avec son cortège de misère, de chômage, de discriminations sexistes ou religieuses.

  • AIDEZ-NOUS A FORGER UNE ALTERNATIVE SOCIALISTE

    Rejoignez le MAS!

    DEPUIS DES années, le néo-libéralisme et l’extrême-droite dominent le débat politique. Atteints sévèrement par la corruption et les scandales, le PS et le SP.a essaient de limiter les dégâts inévitables dus à leur participation au pouvoir, en se référant lors de chaque scrutin aux traditions de lutte sociale. Il ne s’agit évidement que de paroles en l’air, car ensuite: rien. Ces partis n’ont pas pu nous offrir de réponses concrètes sur la manière de conserver nos acquis sociaux.

    Els Deschoemacker

    Là où des luttes ont éclaté, elles se sont heurtées à un mur de refus et d’impuissance. Le refus du patronat de toucher aux profits et l’impuissance des dirigeants du mouvement ouvrier d’organiser la résistance ont eu pour effet le passage de la défense des intérêts de la population aux mains de la droite.

    Depuis des années, le MAS est seul à avancer un programme de lutte, de solidarité et de socialisme. Avec celui-ci, nous allons à contre-courant, mais en ayant ébauché des perspectives correctes, nous avons été capables de lancer des initiatives qui nous ont permis de gagner une partie de la jeunesse au programme socialiste.

    Au début des années 90, nous nous sommes orientés vers la combativité d’une nouvelle génération prête à lutter contre le racisme ambiant dans la société. Blokbuster/Jeunes contre le Racisme en Europe a fait descendre des milliers de jeunes dans la rue. Mais si le Blok a été contesté dans les lycées, les problèmes dans la société se sont multipliés et ont formé un terreau fertile pour le Blok. Faute de mieux, les besoins sociaux se sont vus traduits en “Eigen volk eerst!” («Notre peuple d’abord!»).

    A la fin des années 90, nous avons mis sur pied Résistance Internationale/ Internationaal Verzet, cette fois-ci avec des sections actives de part et d’autre de la frontière linguistique. Avec à nouveau une analyse correcte des perspectives les plus probables, nous avons pu jouer un rôle dans la construction du mouvement contre la mondialisation. Nous sommes intervenus avec un programme socialiste et nous avons mis sur pied des comités dans les lycées. Nous avons organisé des débats et des actions, comme on l’a fait dans le mouvement anti-guerre.

    Notre orientation vers la jeunesse peut susciter un étonnement. Elle est le résultat de la période après la chute du stalinisme. Bien que nous n’ayons jamais soutenu ce genre de régimes, nous avons compris que la chute du Mur avait eu des répercussions importantes sur la conscience de beaucoup de travailleurs.

    “Lutte, Solidarité, Socialisme” était perçu comme un slogan d’une époque révolue. Mais les revendications de la jeunesse ne sont pas des slogans isolés. Elles sont la traduction des aspirations des travailleurs à un monde meilleur et dans ce sens, elles ne sont que les hirondelles annonciatrices des luttes plus importantes dans un futur proche.

    De nouveaux instruments de lutte vont être mis sur pied, mais entre-temps on ne peut pas se contenter de patienter. Si un mouvement de lutte massif se développe, et si un nouveau parti des travailleurs émerge, ce sera un gigantesque pas en avant. Nous nous investirons a 100% dans la concrétisation d’un tel projet, mais on ne peut pas s’arrêter là.

    La défense d’un programme révolutionnaire au sein du mouvement ouvrier est élémentaire si on veut gagner la lutte pour une autre société.

  • Pourquoi un parti rĂŠvolutionaire est-il indispensable?

    DEBUT 68, des étudiants se soulevèrent contre les règlements archaïques de l’université. L’agitation devint telle que les autorités décidèrent de fermer les établissements de Nanterre et de la Sorbonne. Bien vite, les manifestations se succédèrent, puis vinrent les barricades.

    Nicolas Croes

    Les étudiants réclamaient l’égalité des chances à l’université, de meilleures conditions de travail, certains dénonçaient la «société de consommation». Peu de temps après, près de dix millions d’ouvriers vinrent les rejoindre en entrant en grève, et dans plusieurs villes, des comités locaux prirent en main certains aspects de la vie publique. Face à la réaction bestiale du pouvoir en place, jeunes et ouvriers se radicalisèrent. Mais cette poussée des luttes se tarit bien vite. Des élections furent organisées, largement gagnées par la droite, et les syndicats stoppèrent les grèves pour quelques concessions. Les années suivant Mai 68 furent marquées par une répression énorme.

    En 1970, Allende accède à la présidence du Chili. Aux yeux des travailleurs et des paysans chiliens, c’était un pas en avant, une victoire sur les classes dominantes. Durant trois ans, les réformes se succédèrent, rendues de plus en plus difficiles par une bourgeoisie apeurée et de plus en plus organisée. Les anciennes structures de l’état ne purent que rejeter cette poussée progressiste, et l’armée prit le pouvoir le 11 septembre 73, plaçant à la tête du Chili le général Pinochet. La période de barbarie qui suivit est connue de tous.

    Ce ne sont que deux exemples parmi tant d’autres, anciens ou récents. Durant ces périodes de lutte, la classe ouvrière n’a pas tant souffert de la réaction que de l’absence d’une organisation révolutionnaire capable d’orienter les masses vers la conquête du pouvoir.

    L’élan spontané de la population contre le pouvoir en place ne pouvait seul suffire à renverser le système. L’expérience des luttes actuelles démontre la nécessité de s’organiser dans une structure large regroupant l’ensemble des forces progressistes et leurs idées, dans un nouveau parti des travailleurs se basant sur des principes de lutte et de mobilisation. Ce parti servira de catalyseur, mais sera fortement affaiblis sans un noyau révolutionnaire possédant un programme clair, une juste analyse de la société actuelle et des perspectives politiques pour l’avenir. Un parti large, pour nous, serait une étape dans la construction d’un parti révolutionnaire de masse.

    Cette question cruciale de l’organisation de l’avant-garde révolutionnaire des travailleurs fut longtemps éclipsée par l’omniprésence et le prestige des que l’enthousiasme parmi les travailleurs. Il faut donc à la fois assurer la défense des acquis de la révolution et aider celle-ci à se répandre. Pour cela, ainsi que pour prolonger la solidarité internationale au niveau politique, il est nécessaire que ce parti révolutionnaire soit organisé à l’intérieur d’une organisation révolutionnaire mondiale, avec une direction composée de représentants d’un maximum de pays, soumis à la critique de toutes les sections nationales. Ce parti doit bien sûr éviter de sombrer dans les travers qu’a connu l’Internationale Communiste stalinisée qui finit par défendre les seuls intérêts de l’URSS au détriment de la lutte mondiale.

    Le grand parti des travailleurs n’existe pas encore, il ne saurait se créer que sur base de luttes de masse dans la société. Mais le parti révolutionnaire, lui, ne peut attendre. Tous les jours, la société nous prouve son injustice et sa cruauté, et c’est dès à présent qu’il nous faut la combattre. C’est en ce sens que nous sommes membres du Mouvement pour une Alternative Socialiste, et en ce sens que nous sommes organisés au niveau mondial à l’intérieur du Comité pour une Internationale Ouvrière. Rejoins nous et aide nous à construire cet outil pour un autre monde, un monde socialiste.

  • La rĂŠvolution: un mouvement de masse conscient

    La lutte des classes est le moteur de l’histoire

    L’HOMME, DEPUIS la nuit des temps, par la combinaison de qualités qui lui sont propre, a cherché à diminuer l’emprise des conditions naturelles qui l’entouraient afin d’améliorer ses conditions de vie. Sa socialisation a permit la communication par la parole, son cerveau s’est développé, ses mains lui ont servi progressivement à fabriquer des outils.

    Vincent Devaux

    Dans un premier temps, ceux-ci lui permirent d’améliorer son quotidien (lances et arcs pour ramener plus de nourriture), puis de produire par lui-même ce que la nature ne lui fournissait plus en suffisance (naissance de l’élevage et de l’agriculture). Petit à petit, une division du travail a diversifié et augmenté les richesses produites et a donné naissance aux rapports marchands.

    L’appropriation de moyens de productions et l’accaparement des richesses par une minorité a trouvé sa justification au travers de la magie, la religion,… Dès lors, la société s’est divisée en classes luttant chacune pour ses intérêts. La classe exploitée cherche toujours à s’affranchir de l’oppression de la classe dominante (révolte de Spartacus en 73 avant J.C., les jacqueries et autres révoltes paysannes au moyen-âge, la Révolution française, …). Cette dernière, pour maintenir sa domination, a besoin d’un corps armé: l’Etat.

    La structure de la société est le reflet des relations sociales dans la production et du niveau technologique (outils, machines). Par les découvertes successives et leurs implications dans la production, ces rapports changent, et les anciennes structures deviennent un frein au développement de la société (par l’invention de la machine à vapeur par exemple). L’ancienne classe dominante en déclin cherche à garder ses privilèges et son pouvoir (elle joue dès lors un rôle réactionnaire) tandis que la nouvelle classe montante, en cherchant à s’émanciper, joue un rôle progressiste; la révolution est à ce moment une nécessité historique

    Vous avez dit “Démocratie” ?

    La démocratie parlementaire constitue chez nous la forme de l’Etat sous lequel le capitalisme s’épanouit tout en permettant à la bourgeoisie de justifier de manière déguisée sa domination sur les masses travailleuses. Fondamentalement, tout Etat n’est qu’un appareil d’oppression d’une classe sur une autre, et ce quel que soit la forme que prend cet Etat; monarchie, dictature militaire, démocratie parlementaire,… Contrairement à ce que la bourgeoisie voudrait nous faire croire, la démocratie n’est pas l’affaire de tous. Nous vivons dans une société de classes, et donc dans une démocratie de classes. Sous le capitalisme, c’est la bourgeoisie qui est la classe dominante et possède le pouvoir. Si l’Etat est une démocratie pour cette classe, elle est une dictature pour une autre : le prolétariat.

    Révolution ou coup d’État?

    Un coup d’Etat est la prise de pouvoir par une minorité qui ne possède pas l’appui actif de la majorité de la population, mais qui a le contrôle des armes. Souvent, l’impérialisme américain a aidé et aide encore, notamment en Amérique Latine, à la mise en place de dictatures réactionnaires sanglantes servant ses intérêts (ex: Pinochet en 1973 au Chili). Par la suppression des acquis tels que la liberté d’expression, des droits syndicaux, la bourgeoisie peut brutalement exploiter la classe ouvrière. Une révolution implique de grandes couches de la population aspirant à un changement, sa force tient dans le support actif de la majorité contre le régime oppresseur. La classe dirigeante, qui veut garder ses privilèges, discrédite le mouvement révolutionnaire en le présentant comme le fait de gens violents, comme une menace pour l’ordre publique, et fait son possible pour le réprimer. La classe exploitée doit donc s’organiser en armant le peuple afin de faire face à cette répression. La révolution russe de 1917 n’aurait pas été possible sans un parti révolutionnaire de masse (le parti bolchévique) parvenant à s’appuyer sur le prolétariat et la paysannerie et répondant aux aspirations de la majorité.

    Il faut tirer les leçons du passé Le peuple en armes

    Chili,Venezuela. Même combat?

    La période révolutionnaire au Chili (1970-1973) et la répression qui s’en suivit montre la responsabilité écrasante qu’eut Allende dans l’avènement de la dictature militaire sanglante de Pinochet. Après avoir été élu en 1970 à la tête de l’Unité Populaire (comprenant le PS, le PC et les radicaux), Allende commença par doubler les salaires les plus bas et repris la réforme agraire timidement ébauchée par son prédécesseur.

    En 71, il nationalisa les mines de cuivre. Les Etats-Unis voulurent en finir avec cette radicalisation qui existait au Chili. Pour la bourgeoisie, le masque de la démocratie peut tomber quand il s’agit de défendre ses profits. Aussi, une semaine après une manifestation à Santiago rassemblant 600.000 personnes en soutien à Allende et demandant les armes, le général Pinochet organisa un putsch et une répression féroce envers les syndicalistes, les militants politiques et les travailleurs. Si Allende avait armé les masses, le coup d’Etat aurait avorté.

    De même, le sort des travailleurs au Venezuela dépendra certainement des mesures que prendra ou pas l’actuel gouvernement. Hugo Chavez, élu démocratiquement en 1998, a déjà fait l’objet de deux tentatives de renversement. Il n’a dû son salut qu’aux mobilisations de masses des couches pauvres de la population qui se sont spontanément mises en action. Chavez, qui a introduit d’importantes réformes en faveur des plus pauvres, a appelé en avril 2004 à l’armement du peuple. Le danger est que Chavez fasse la même erreur qu’Allende en reportant l’armement effectif du peuple car la réaction va de nouveau tenter d’en finir avec le processus révolutionnaire en cours.

    Le terrorisme comme levier révolutionnaire?

    La fin du XIXe et le début du XXe ont vu l’émergence du terrorisme individuel comme moyen de changer la société. En Russie, un populiste russe du groupe Narodnaia Volia (La Volonté du Peuple) assassine en 1879 le gouverneur de Saint- Pétersbourg. Les «Narodnikiodniki», regroupant des intellectuels partisans d’un «communisme agraire», réussira, en 1881, à tuer le tsar Alexandre II. D’autres anarchistes en Europe posèrent des bombes dans des cafés, des théâtres, des trains. La pratique du terrorisme individuel qui ne s’en prend pas au système mais à des individus est vouée à l’échec. Elle fournit des prétextes pour renforcer la répression et isole le peuple de la lutte au lieu de l’organiser. Seul un mouvement de masse organisé peut renverser le capitalisme.

    La société socialiste

    La Commune de Paris (1871) et surtout la Révolution Russe (1917) sont deux exemples historiques où le prolétariat organisé a balayé l’ancienne classe dirigeante décadente et a abolit la propriété privée des moyens de productions dans le but conscient de marcher vers une société sans classe, c’est à dire une société communiste. Peut-on arriver du jour au lendemain à cette société? Non. Lénine, dans son livre l’Etat et la Révolution, met en avant la nécessité après l’abolition de l’Etat bourgeois de passer par le stade de «demi-état» s’éteignant progressivement jusqu’à l’obtention d’une société sans classe réalisant le principe «De chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins».

    L’expérience de la Commune de Paris en 1871

    Après que Napoléon III ait déclaré la guerre à la Prusse de Bismarck et que celle-ci ait envahit la France, le gouvernement de Thiers négocia traîtreusement le sort de Paris alors que la ville assiégée et affamée s’opposait à sa reddition et se révolta. La Garde Nationale, au centre de la révolte, élit un comité central préfigurant les soviets (conseils ouvriers) des révolutions russes de 1905 et 1917 avant d’organiser des élections et la défense de la ville. Après dix semaines de siège, Thiers repris le pouvoir et organisa une répression sanglante (50.000 morts).

    Marx, auteur du Manifeste du Parti Communiste, ne se contenta pas d’admirer l’héroïsme des communards «montant à l’assaut du ciel»; il en tira également les leçons. Dans ‘Guerre civile en France’, il cite et commente quelques décrets pris lors de cette première tentative de révolution prolétarienne – qui ont depuis été repris dans le programme des partis révolutionnaires:

  • La suppression de l’armée permanente et son remplacement par le peuple en arme
  • L’électivité et révocabilité de tous les responsables sans exceptions (police, justice, …)
  • Les responsables élus doivent percevoir le salaire moyen d’un travailleur.

    Ces mesures étaient prises pour briser l’ancien appareil d’état, nécessité permettant le passage d’une démocratie bourgeoise à une démocratie prolétarienne et qui, liées à la collectivisation des moyens de pro-ductions, devaient amener la transformation de la société du capitalisme au socialisme.

  • IRAK: Le fantĂ´me du Vietnam revient hanter Bush

    Le 30 juin est la date retenue pour le passage symbolique du pouvoir en Irak à une nouvelle autorité. Ce changement sera évidemment de pure façade: une autorité non élue et choisie par l’occupant américain sera remplacé par une nouvelle autorité… non élue et choisie par l’occupant américain. Mais, demain comme hier , le pouvoir réel appartiendra toujours à l’armée américaine.

    Jean Peltier

    Car le fait le plus marquant de ces dernières semaines est la montée du nombre d’attaques contre l’armée US et surtout contre ceux qui collaborent avec elle. Les postes de recrutement pour la police et l’armée sont devenues les cibles quotidiennes des groupes de résistants, tandis que l’organisation liée à Al-Qaïda multiplie les enlèvements de militaires et de civils étrangers, de manière à faire monter la pression sur les gouvernements de ces pays pour qu’ils se retirent du pays.

    Quinze mois après le début de la guerre, le bilan est désastreux pour Bush. L’Irak devait devenir un « modèle » pour l’instauration de la démocratie « à l’américaine » au Moyen-Orient ; aujourd’hui, le pays est dans un état chaotique et le nouveau régime installé par l’armée américaine ne dispose d’aucune base populaire en dehors du Kurdistan. La chute de Saddam Hussein devait représenter un coup fatal au terrorisme ; l’Irak est devenu une base d’accueil pour les militants des mouvements intégristes radicaux de tout le monde musulman. La mainmise sur l’Irak devait assurer aux compagnies américaines le contrôle de l’appareil de production pétrolier et surtout des énormes réserves enfouies dans le sol du pays .

    Aujourd’hui, la production reprend à grand peine, les actes de sabotages dans les raffineries et les pipelines se multiplient et le cours du pétrole s’envole sur les marchés internationaux. Et, cerise sur le gâteau, la guerre devait assurer à Bush une réélection dans un fauteuil. Au lieu de quoi sa cote de popularité baisse avec régularité.

    Bush est maintenant confronté à un dilemme extrêmement douloureux. Soit il opte pour un gouvernement fantoche et une administration reconstruite et soumise aux USA. Mais, pour cela, vu l’impopularité énorme de l’occupation parmi la population et la multiplication des attentats, l’administration américaine sera obligée d’envoyer de plus en plus de troupes en Irak. Soit le gouvernement US essaie d’échapper à l’enlisement et retire peu à peu ses troupes d’Irak, laissant ses partisans se débrouiller sur place. Mais cela paraîtrait aux yeux du monde entier comme l’aveu d’un échec colossal…. avec le risque, en plus, de voir l’Irak basculer dans un chaos complet.

    Trente ans après, le fantôme du Vietnam revient hanter le pensionnaire de la Maison Blanche : soit l’enlisement pendant des années, soit le retrait sans gloire et lourd de conséquences, soit l’un puis l’autre !

    Mais, quoiqu’il arrive en Irak, un mythe s’est déjà effondré : celui de la superpuissance américaine que, depuis la chute du mur de Berlin et l’accélération de la mondialisation, rien ne pourrait plus arrêter. La résistance de la population irakienne, comme auparavant celle du Vietnam, montre les limites de la puissance US : elle peut, grâce à son énorme potentiel technologique et militaire, gagner sans trop de difficultés une guerre conventionnelle – surtout contre un régime dictatorial du Tiers- Monde. Mais elle ne peut imposer sa volonté face à la résistance massive d’un peuple.

    « Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage » (Jean Jaurès)

    Le vingtième siècle a été un siècle de guerres d’une ampleur jamais égalée jusque là : 10 millions de morts lors de la Première Guerre Mondiale, 55 millions lors de la Deuxième, 2 millions dans les guerres successives d’Indochine et du Vietnam et des dizaines de millions d’autres au cours de la centaine d’autres guerres locales ou régionales qui ont ravagé un grand nombre de pays depuis 1945.

    Certes, les guerres font partie de l’histoire de l’humanité depuis des millénaires mais le passage au capitalisme a donné une nouvelle ampleur à cellesci. Dès le 16e siècle, les premières bourgeoisies marchandes ont largement assis leur fortune sur la conquête du continent américain, qui a entraîné l’extermination d’une grande partie des populations indiennes d’Amérique, et sur la colonisation de l’Afrique, où le pillage des richesses s’est accompagné de la déportation de millions d’Africains vers les Amériques. Dans ce monde colonial, les grandes puissances européennes, l’Espagne, puis la France et la Grande-Bretagne, ont utilisé continuellement la guerre pour accroître leurs richesses et leur empire.

    Ces guerres de rapines et de pillages menées par les Etats ne diffèraient encore des anciennes guerres féodales que par leur ampleur. Mais il est un autre type de guerre plus propre au capitalisme qui va ensuite se développer : celle qui prolonge directement la concurrence économique entre les entreprises.

    Au cours des cent cinquante dernières années se sont constituées dans les pays économiquement les plus avancés de grandes entreprises ne visant plus seulement un marché national devenu trop étroit mais aussi une expansion internationale qui les pousse à l’affrontement avec leurs concurrents d’autres pays. Dans ce jeu, chaque Etat national exerce toute la pression dont il est capable – y compris au plan militaire – pour aider ses propres capitalistes à prendre l’avantage sur leurs rivaux étrangers. Aussi longtemps que l’économie est en expansion, la plupart des multinationales peuvent espérer réaliser des profits suffisants pour continuer à se développer. Mais quand une crise économique survient et s’approfondit, la concurrence économique devient une véritable guerre économique et la lutte pour la vie des capitalistes peut devenir une lutte pour la vie entre Etats, chacun disposant de moyens de destruction grandissants.

    Les deux grandes guerres mondiales ont été des guerres impérialistes, c’està- dire des conflits entre des alliances d’Etats capitalistes pour le contrôle des ressources et des marchés et pour la domination du monde. Par la suite, la grande majorité des guerres ont eu comme toile de fond les luttes entre les multinationales et leurs Etats pour s’emparer du contrôle de positions économiques et stratégiques décisives.

    Les deux guerres du Golfe avaient évidemment pour enjeu le contrôle du pétrole. Mais des guerres beaucoup plus locales n’échappent pas à cette logique. Ainsi, dans les multiples conflits qui ensanglantent l’Afrique, derrière les luttes entre chefs locaux pour le pouvoir se dessinent les manoeuvres des USA pour élargir leur emprise au détriment des anciennes puissances coloniales anglaises et françaises.

    La concurrence et la guerre sont inséparables et elles sont toutes deux au coeur même de l’existence du capitalisme. Ce n’est qu’en renversant ce système barbare et en construisant un système réellement socialiste – remplaçant la concurrence et la course effrénée au profit par une planification démocratique permettant d’orienter la production vers la satisfaction des besoins de la majorité de la population – que nous pourrons instaurer une véritable paix mondiale.

  • Albert Faust (1945 -2004)

    Albert Faust, ex-secrétaire général du SETCa de Bruxelles Hal Vilvorde et ex-président de la FGTB de Bruxelles est mort à l’âge de 59 ans ce dimanche 18 juillet 2004 à la suite d’une maladie incurable.

    Pour le MAS/LSP, Guy Van Sinoy

    Albert Faust avait pris depuis de nombreuses années des positions en pointe sur le terrain syndical, social et politique: mise sur pied d’une Commission des travailleurs immigrés dès les années 70, actions de solidarité contre le licenciement de délégués syndicaux employés ou ouvriers, occupation du siège de la FEB, organisation de fêtes de la FGTB le 1er Mai indépendamment du PS, soutien au peuple palestinien, campagnes contre le racisme et contre le fascisme, soutien au 13 de Clabecq, campagne de syndicalisation et de défense des travailleurs sans-papiers,…

    En juillet 2002, il avait été éliminé de façon anti-statutaire de ses responsabilités syndicales et licencié de façon illégale par le président national du SETCa national Christian Roland. Elimination anti-statutaire car Faust avait été élu par un congrès seul apte à le démettre de ses fonctions. Licencié de façon illégale car employé par le SETCa de Bruxelles Hal Vilvorde il ne pouvait être licencié par le SETCa national qui n’était pas son employeur.

    Pour réaliser ce coup de force, Christian Roland avait besoin de deux conditions: le feu vert de la FGTB nationale (car Faust était aussi président interprofessionnel de la FGTB de Bruxelles) et un appui au sein du SETCa de Bruxelles Hal Vilvorde. Il a trouvé cet appui auprès d’un certain nombre de secrétaires du SETCa BHV ligués dans une coalition sans principes: d’un côté des carriéristes prêts à tout, de l’autre des compagnons de route du PTB estimant être plus à gauche que Faust. Du côté de la FGTB nationale le feu vert avait déjà été donné par Mia De Vits quand elle avait annoncé lors de son arrivée à la présidence de la FGTB son intention de combattre au sein du syndicat «l’extrême gauche comme l’extrême droite». Le véritable enjeu pour la FGTB nationale était la reprise en main de la FGTB de Bruxelles jugée trop indépendante à l’égard du PS.

    Accusé de détournement de fonds par le tandem De Vits/Roland, Albert Faust avait d’emblée été placé par ses accusateurs dans une situation difficile car lors d’une conférence de presse Christian Roland n’avait pas hésité à communiquer à la presse des copies de documents comptables fragmentaires et invérifiables «semblant prouver» la mauvaise gestion de Faust. Le proverbe dit: «Il n’y a pas de fumée sans feu». Une fois publiés dans la presse, ces documents (vrais, fragmentaires ou carrément faux) avaient vite eu pour effet de jeter le trouble chez la masse des syndiqués. De surcroît la maladie foudroyante qui a frappé Albert l’a placé dans l’incapacité de se défendre.

    Pour l’appareil tenter de faire croire que Faust avait détourné des fonds était indispensable pour le discréditer car, de par son action militante en tant que responsable syndical, il était très populaire auprès de centaines de militants du SETCa de Bruxelles Hal Vilvorde et d’autres centrales.

    Le MAS/LSP ne partageait pas toujours les positions d’Albert Faust, mais il fallait se dresser sans réserves contre son élimination bureaucratique annonciatrice d’un tournant à droite de la FGTB et d’une nouvelle chasse aux sorcières. Dans les mois qui ont suivi l’élimination d’Albert Faust des dizaines de militants, de délégués, de permanents ou de membres du personnel du SETCa de Bruxelles Hal Vilvorde ont d’ailleurs été éliminés. Les responsables de ce gâchis devraient d’ailleurs tirer les conclusions de leur politique destructrice de l’organisation syndicale et démissionner.

    Le MAS/LSP salue la mémoire d’Albert Faust car c‘était un combattant du mouvement ouvrier – responsable syndical – comme on en trouve peu aujourd’hui. Il adresse aussi à tous les militants qui se sont dressés contre cette élimination bureaucratique et qui luttent pour un syndicalisme de combat et démocratique un salut fraternel.

  • LE CAPITALISME MÈNE À LA CRISE

    En 20 ans la valeur des biens et des services produits annuellement en Belgique a plus que doublé (de 106 à 268 milliards d’euros). Cependant les statistiques montrent que les pauvres officiellement recensés représentent 13% de population, contre 6% il y a 20 ans. Les listes d’attente pour les institutions de soins et pour les habitations sociales n’ont jamais été aussi longues. Le nombre de chômeurs, malgré les promesses de Verhofstadt, a progressé de 7% en un an. Le MAS pense que c’est le capitalisme lui-même qui crée ces contradictions.

    Eric Byl

    Dans toutes les sociétés précapitalistes la production était principalement organisée pour se procurer des biens utiles. L’argent n’était qu’un moyen d’échange. Le capitalisme a fait en sorte que la valeur d’usage d’un bien est devenue subordonnée à sa valeur d’échange. Les biens sont devenus des marchandises: non pas produits pour leur utilité mais pour la vente et pour en tirer plus d’argent qu’ils n’avaient coûté. L’argent est devenu le but, la marchandise un moyen.

    Les marchandises contiennent une valeur d’usage. Cet usage dépend d’un individu à l’autre, en fonction des besoins. Bien que la valeur d’usage soit la base pour l’échange – un fumeur achète des cigarettes pour leur usage – cette valeur d’usage ne peut expliquer pourquoi un fumeur paiera autant qu’un non-fumeur. De même pour ceux qui achètent des parfums. A côté de la valeur d’usage existe donc une seconde valeur d’une marchandise: sa valeur d’échange.

    Les valeurs d’usage peuvent aussi être trouvées dans la nature sans intervention du travail humain. L’air que nous respirons, par exemple. La valeur d’échange est par contre exclusivement produite par la force humaine de travail dans des conditions historiques spécifiques.

    La formation du prix

    A chaque fois la surproduction La valeur d’échange d’une marchandise est déterminée par la quantité moyenne de travail nécessaire pour la produire. Nous parlons ici de temps de travail moyen socialement nécessaire. Travailler plus lentement ou avec des outils vétustes n’ajoute pas un gramme de valeur d’échange, on parle alors de temps de travail superflu. Le degré d’instruction est aussi important. Le travail qualifié exige du temps de travail pour la formation et est donc égal à plusieurs unités de travail simple. Le prix naturel d’une marchandise est sa valeur d’échange.

    La formation de monopoles et la pénurie peuvent momentanément faire grimper le prix au-dessus du prix naturel. D’autre part, une offre abondante de marchandises peut faire baisser le prix en-dessous du prix naturel. Mais cela n’explique pas pourquoi un cure-dents coûte immanquablement moins cher qu’une voiture.

    Plus-value

    Pendant longtemps on a pensé que le bénéfice était réalisé en vendant cher quelque chose que l’on avait acheté bon marché. Si c’était ainsi, chacun vendrait plus cher. Ce que l’on gagnerait alors en tant que vendeur d’une marchandise, on le perdrait en tant qu’acheteur d’une autre marchandise. Seul le travailleur est roulé de cette manière, car la force de travail est la seule force de production qui fournit plus que sa valeur d’échange originelle. Pour les machines, les immeubles et les matières premières le capitaliste paie à son fournisseur le prix correspondant à la valeur d’échange nécessaire pour produire ces marchandises. Il ne fait ni profit ni perte. Seul le fournisseur a fait du profit.

    Le secret de l’exploitation capitaliste réside ailleurs. Le capitaliste achète la force de travail comme n’importe quelle autre marchandise: à la valeur nécessaire de (re)production de cette force de travail. Cela s’appelle le salaire. C’est la somme du salaire brut et des cotisations dites «patronales» à l’ONSS. Il n’achète pas le résultat du travail mais un nombre d’heures de capacité de travail. Il organise la production de telle sorte que le travail rembourse le plus vite possible ce qu’a coûté son salaire. Le temps restant pendant lequel le travailleur continue de produire, il offre gratuitement sa force de travail. On appelle cela la plus-value ou encore le travail non rémunéré.

    Le taux d’exploitation

    Le rapport entre le travail non-payé et le travail payé détermine le taux d’exploitation. Les capitalistes essaient constamment d’élever ce taux d’exploitation en allongeant la durée du travail ou en installant des machines plus performantes pour réduire le temps de travail nécessaire (qui sert à couvrir le salaire). Aujourd’hui on essaie d’augmenter le taux d’exploitation en éliminant les temps morts (comme le temps pour aller pisser) et en faisant appel au travail intérimaire quand il y a beaucoup de travail.

    L’Institut National de Statistiques (INS) donne un aperçu du rapport entre les coûts salariaux (le travail payé) et la valeur ajoutée (le travail non payé) en 2000. Dans toute l’industrie les entreprises ont reçu en moyenne 100 euros de travail non payé pour 60 euros de travail payé: un taux d’exploitation de 166%. Le coût salarial moyen par travailleur s’élève annuellement à 39.594 euros, la valeur ajoutée s’élève quant à elle à 65.991 euros! Dans la chimie, le taux d’exploitation se chiffre à 217%. Dans le textile: 165% (http:/ /statbel.fgov.be/figures/d422_fr.asp).

    Ces chiffres sont des moyennes. Les traitement des managers sont compris dans le coût salarial. Au Benelux, les managers doivent se «contenter» en moyenne d’1,4 million d’euros par an. Cela permet cependant d’expliquer comment Albert Frère, le seul Belge figurant sur la liste des 500 personnes les plus riches au monde, a pu amasser une fortune estimée à un milliard d’euros. Il a commencé sa carrière sans diplômes comme marchand de ferraille. Il a aujourd’hui 77 ans. Il a donc amassé à ce jour 13 millions d’euros pas an, depuis sa naissance. Et cela on ne peut pas le faire uniquement en travaillant dur.

    Surproduction

    Parce que les travailleurs fournissent du travail gratuit, ils ne peuvent jamais acheter tout ce qu’ils ont produit. Les capitalistes, une petite minorité qui se restreint, ne sont pas non plus capables de le faire. On peut d’ailleurs se demander dans quelle mesure les capitalistes sont prêts à acheter la camelote produite par leurs usines. Résultat: un penchant constant à la surproduction.

    Aujourd’hui celle-ci a atteint un point structurel. L’application des sciences modernes et des techniques atteint les limites du marché capitaliste qui ne peut déjà pas absorber tout ce qui est produit. Nous sommes arrivés à ce que l’on appelle une dépression: une longue période de croissance économique faible, de stagnation et de récessions périodiques caractérisées par un chômage structurel élevé.

    La bourgeoisie essaie de repousser devant soi la crise en incitant les travailleurs, les entreprises et les pouvoirs publics à acheter à crédit. Ce qui provoque un amoncellement de dettes qu’il faut un jour apurer, mais cela peut aussi étrangler totalement l’économie. La bourgeoisie agit donc comme le ferait un toxicomane: se donner un dernier «shoot» de crédit.

    Le taux de profit

    Le capitaliste n’est pas seulement intéressé par le taux d’exploitation mais aussi par le rapport entre le travail non payé et la totalité de ce qui a été investi en capital. On appelle cela le taux de profit ou la quantité de profit par unité de capital investie. Celui-ci a constamment tendance à baisser ce qui signifie qu’il faut investir de plus en plus de capitaux pour maintenir les profits. La concurrence oblige les capitaliste a installer des machines de plus en plus performantes, qui coûtent de plus en plus chers et qui doivent être amorties de plus en plus vite. C’est pour cela que les patrons instaurent le travail en équipes et le travail en continu. Leurs investissements doivent tourner 24h sur 24. La demande croissante de capitaux à investir se fait au détriment des dépenses en force de travail, seule source de plus-value.

    La bourgeoisie essaie de rétablir le taux de profit en augmentant le taux d’exploitation. Cela a pour conséquence de réduire le pouvoir d’achat. Résultat: les progrès scientifiques et techniques ne se traduisent pas dans la société capitaliste par plus de bien-être, mais par le chômage et l’affaiblissement du marché. Le taux de profit est tellement bas que la spéculation en bourse rapporte souvent plus.

    La crise est structurelle. Chaque solution se heurte aux limites du capitalisme. Ne nous demandons pas comment prolonger l’agonie de ce système, mais comment satisfaire les besoins des travailleurs et de leur famille.

    Le MAS est pour un partage équitable du travail disponible entre toutes les mains par l’application des 32 heures. Sans perte de salaire car nous ne voulons affaiblir le pouvoir d’achat et parce qu’il y a déjà suffisamment de travail salarié non payé. Nous n’avons rien contre le fait de consacrer une partie de notre travail pour les soins, l’enseignement et les services publics mais par pour remplir les coffres-forts d’une poignée de riches. Seule une société socialiste démocratique en est capable.

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