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Category: Alimentation
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Horeca: flexi-jobs à 9,5 euros de l’heure sans sécurité d’emploi
Cet été, le conseil des ministres a décidé de prendre des mesures sur l’emploi dans l’Horeca. Avec des flexi-jobs et des heures supplémentaires bon marché, les employeurs reçoivent énormément de possibilités. Pour Gwendolyn Rutten (Open Vld), ce n’est qu’un début : ‘‘L’Horeca sert de test, pour la nouvelle économie aussi. Si ce statut flexible fonctionne, d’autres secteurs pourront également s’en servir.”Un flexi-job est possible pour ceux qui, sur trois trimestres, travaillent ou ont travaillé au moins quatre cinquièmes ailleurs. Sous le prétexte d’arrondir ses fins de mois dans l’Horeca, il est donc possible de travailler pour une rémunération horaire de misère de minimum 9,50… pour laquelle il n’y a pas d’augmentations barémiques possibles et aucune cotisation à la sécurité sociale ou précompte professionnel versée. L’employeur ne paie qu’une cotisation spéciale. L’argument étant qu’il a déjà largement contribué à la sécurité sociale dans l’emploi précédent d’au moins quatre cinquièmes…
Il n’y a pas de délai minimum pour prévenir le travailleur quand il doit travailler, on peut regarder au jour le jour si des flexi-travailleurs doivent être appelés et combien sont nécessaires. Un contrat pour un flexi-job ne doit pas nécessairement être écrit, un contrat verbal avec une déclaration journalière est également possible. On n’est vraiment plus très loin des contrats zéro heure qui n’offrent aucune garantie d’heures de travail et du salaire y afférent…
Même le personnel temps plein de l’Horeca est mis sous pression. Le nombre d’heures supplémentaires que ce personnel peut effectuer a été relevé à 360 par an. Ce qui représente presque 2 heures par journée de travail normale. Le sursalaire pour ces heures est supprimé et même le sursalaire pour travail des dimanches et jours fériés disparaît. La règle d’un tarif salarial plancher s’étend donc petit à petit à l’ensemble du secteur.
Ces propositions constituent une attaque contre la protection des travailleurs, des salaires et de la sécurité sociale. C’est un élément de l’introduction d’un secteur à bas salaires toujours plus étendu dans lequel les travailleurs n’ont aucun droit mais où ils doivent être à la disposition de leur employeur jour et nuit contre un salaire de misère.
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Grains Noirs Molenbeek : La grève arrache la réintégration des 9 ouvriers licenciés
Nous avons déjà fait part sur ce site du licenciement des trois délégués FGTB-Horval et de six autres ouvriers du traiteur Grains Noirs à Molenbeek. Le 17 mars, ils ont appris par sms et téléphone qu’ils étaient licenciés pour faute grave. Vingt et un collègues ont également reçu un premier et dernier avertissement. A partir du lendemain, 30 des 35 ouvriers se sont mis en grève. Quatre jours plus tard, la direction a retiré ses mesures à 95%. Une victoire comme il y en a eu peu ces dernières années.
Par Eric et Rachid (Bruxelles)
Grains Noirs livre des repas préparés surtout pour Delhaize et Pain Quotidien. Jusqu’il y a un an, l’entreprise faisait partie du groupe international Hain Celestial mais elle a été reprise par des consultants. Ces patrons prétendent que les ouvriers volent de la nourriture et ne respectent pas les normes d’hygiène. Les ouvriers affirment quant à eux qu’il ne s’agit que d’une excuse. Pris ensemble, les neuf ouvriers ont plus de 100 années d’ancienneté. Goûter fait partie de leur tâche et manger sur le lieu de travail est une tradition, quant au respect de l’hygiène, ils n’ont rien à apprendre.
Bien que la FGTB soit majoritaire et que la CSC n’a pas d’élu, les deux syndicats ont fait grève en front commun. La grève n’a pas manqué d’effet. Selon des rumeurs qui émaneraient des patrons, ils auraient perdu 100.000 euros le jeudi uniquement. Une première proposition de la direction de réintégrer les trois délégués à condition d’une mise à pied de deux semaines et de donner un C4 aux 6 autres ouvriers licenciés a été rejetée.
Samedi, une nouvelle proposition a été acceptée: la réintégration complète des 9 ouvriers, bien qu’avec mise à pied de deux semaines étalée sur les 10 mois à venir. Nous estimons qu’il s’agit d’une victoire à 95%, de quoi laisser un peu d’amour propre aux patrons. Il sera maintenant important de continuer à suivre la voie engagée : celle d’assemblées du personnel régulières pour arracher de meilleures conditions de travail et obtenir des relations de travail plus humaines.
Comme les élections sociales de 2016 se rapprochent, le licenciement des délégués syndicaux revient à nouveau moins cher pour les patrons ! La loi du 19 mars 1991 qui régit la protection des délégués organise un système de sanction en cas de licenciement : au fur et à mesure que les élections sociales arrivent, cela devient de plus en plus bon marché de licencier les délégués puisque le dédommagement est calculé selon l’ancienneté du travailleur et en fonction de l’approche des élections sociales. Dans de nombreuses entreprises, c’est donc d’une véritable solde aux délégués dont il est question. Organisons la riposte !
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Grave dérive patronale à Grains Noirs
Avant-hier, les trois délégués FGTB-Horeca et 6 autres ouvriers de l’atelier traiteur Grains Noirs à Molenbeek ont appris par sms qu’ils étaient licenciés pour faute grave. Ce sont des ouvriers avec de 8 à 15 années d’ancienneté. Ensemble, ils ont plus de 100 ans d’expérience de métier. Les ouvriers concernés ont ensuite reçu un coup de téléphone pour leur dire qu’il ne fallait pas se présenter le lendemain. Parallèlement, 21 autres ouvriers ont reçu un dernier avertissement. Cela fait donc 30 ouvriers sur 35 ! Il faut oser le faire.
Par Eric et Rachid (Bruxelles). Photos : PPICS
Le patron prétend qu’en regardant les 24 caméras installées à l’intérieur de l’entreprise, il a vu les ouvriers manger, donc voler de la nourriture, et ne respectant pas les normes d’hygiène. Selon les ouvriers, c’est juste une excuse. En fait, ils ne sont pas seulement obligés de goûter, mais en plus, lorsqu’il y a beaucoup de boulot, le patron lui-même les fait manger à la chaîne. En ce qui concerne l’hygiène, les ouvriers considèrent l’argument comme insultant.
Grains Noir a beaucoup de clients, mais les principaux sont Delhaize et Pain Quotidien. La livraison chez ces deux entreprises est à l’arrêt depuis hier matin. Aujourd’hui, ils étaient une trentaine à bloquer l’entreprise. Finalement, la direction a acceptée de négocier. Nous ne connaissons pas les détails, mais elle aurait proposé d’annuler les licenciements des délégués pour montrer qu’elle n’était pas dans une manœuvre anti-syndicale. Les 6 autres licenciés recevraient leur C4, tout en abandonnant l’accusation de faute grave.
Loin d’illustrer la bonne volonté de la direction, cette proposition démontre surtout que ses avocats ont dû lui dire qu’elle avait dépassé les bornes et qu’il fallait essayer de s’en sortir. Evidemment, les syndicats n’ont pas accepté cette proposition. Même si la CSC n’a pas de délégués sur place, son permanent a soutenu les actions et est venu sur place exprimer sa solidarité. Face à une direction qui essaye de diviser, c’est ensemble que nous devons réagir. La direction menace de faire appel à des huissiers à partir de demain. A suivre attentivement.
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Victoire à Inbev : la lutte paye !
Hier, les travailleurs d’InBev ont obtenus une victoire : la direction retire ses plans de restructuration. Avant-hier encore, elle avait essayé de garder les portes fermées pour éviter que les travailleurs puissent aller bosser. Le travail n’a jamais vraiment cessé à InBev, mais les portes étaient bloquées afin qu’aucune goutte de bière ne sorte.
Article et photos par Sven
La direction voulait mettre les travailleurs sous pression, car « celui qui ne pouvait être à l’intérieur n’allait pas être payé ». Les syndicats avaient mis en avant qu’ils ne viendraient pas à la réunion de conciliation d’hier tant que la direction ne donnerait pas la garantie que chaque travailleur serait payé pour chaque jour. Cette garantie a été donnée et, lors des négociations, une issue a finalement été trouvée. La direction retire donc tous ses plans et veut retourner autour de la table avec les syndicats à partir d’une feuille blanche, pour voir comment avancer et de quoi l’avenir de l’entreprise sera fait. Elle se plie donc complètement à toutes les revendications des syndicats.
Il est clair que la méthode d’action des syndicats à Inbev était très forte. Le blocage a fait en sorte que plus rien ne puisse être vendu par InBev, et qu’en même temps, les travailleurs ne perdent pas leurs salaires. Ce dernier point est important parce qu’il assurait que la direction ne pouvait pas attendre que les travailleurs plient parce qu’ils ne pouvaient plus payer leurs factures. En plus, la solidarité avec cette lutte était énorme. Ces derniers jours, il y avait un va-et-vient de délégations syndicales venues exprimer leur soutien. Les gens ne digèrent pas le fait qu’une entreprise qui fait autant de profit et verse des primes énormes à ses dirigeants mette des travailleurs à la rue.
Aujourd’hui, le blocage est levé et, ce soir, sera projeté le film de Michael Moore « Capitalism: A love story ». Cette projection, qui était un geste du distributeur du film, était déjà prévue à l’origine. Les travailleurs ont décidé de la maintenir car le film met bien en avant pourquoi des actions comme celle-ci sont nécessaires, pour contrer la cupidité d’une couche certes petite mais extrêmement riche dans cette société. Cela sera également une bonne conclusion des deux semaines de lutte où tous les sympathisants et, bien sûr, les travailleurs eux-mêmes pourront se retrouver. A ne pas manquer, donc !
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Inbev: élargissons la lutte!
L’arrogance de la direction d’Inbev n’a pas de limites. Dans la presse, on peut lire: “Inbev-Belgium appelle les partenaires sociaux au dialogue”. Mais pendant que ces dirigeants convoquent une réunion de conciliation, ils vont au tribunal pour obtenir une ordonnance judiciaire pour casser les blocages. En plus, la seule proposition qui ressort de cette conciliation, c’est le gel des pertes d’emplois. C’est ça qu’on appelle un dialogue chez Inbev ?
Tract du PSL
Inbev affirme aujourd’hui que l’ordonnance du juge n’a pas encore été signifiée, parce qu’ils ne veulent pas rompre le dialogue social et qu’ils espèrent reprendre les négociations. Mais pour quelle raison devrait- on encore une fois passer 12 heures en réunion pour quelque chose qu’on ne veut pas ? Le fait que l’on n’aie pas encore vu de huissier à la porte est, à notre avis, plus lié à la réaction des syndicats.
Astreintes : il ne faut pas laisser les syndicats d’Inbev entrer seuls dans la lutte
Une grève générale chez Inbev serait un pas très important et, selon nous, la seule bonne réaction. Mais nous estimons également que le mouvement syndical dans son ensemble a une responsabilité dans cette lutte.
La semaine dernière, il n’y avait pas seulement l’ordonnance du tribunal chez Inbev. Mercredi passé, un militant de la LBC devait passer devant le tribunal à Bruxelles après la répression brutale des piquets de grève chez Carrefour fin de l’année dernière et, vendredi, un dossier sur le licenciement d’un délégué de l’ABVV-Métal passait au tribunal à Louvain. Nous pensons qu’il est nécessaire de donner un signal important au gouvernement et au patronat. Apparemment, les accords avec les employeurs, ça ne marche pas, donc il faudra utiliser des moyens plus importants. Selon nous, il est temps que les syndicats commencent à penser à des actions intersectorielles pour préserver les droits syndicaux. Et pourquoi ne pas mettre Inbev en avant comme un exemple et mettre sur pied des piquets de masse aux portes de l’entreprise et organiser une journée d’action nationale ?
Augmenter la pression en élargissant la lutte à d’autres secteurs : Une Marche pour l’emploi et les droits syndicaux
Il va falloir augmenter systématiquement la pression sur la direction d’Inbev, le gouvernement et le patronat. Une grève générale à Inbev sera sans doute un élément important dans ce processus.
Mais pour mettre à genoux une multinationale comme Inbev, il faut s’organiser le plus possible, partout dans le pays.
Un des points forts aujourd’hui, c’est que le personnel et les syndicats font bloc à Inbev et qu’il y a énormément de solidarité et de soutien partout dans le pays. Il sera nécessaire que tout le monde soit impliqué et renforce la lutte.
Une grève ne signifie pas qu’on ne travaille pas, mais aussi qu’on essaie d’organiser les travailleurs et qu’on utilise le temps disponible pour étendre la lutte et pour transformer le soutien passif qui existe aujourd’hui en un soutien actif.
En organisant régulièrement des réunions du personnel aux piquets, tout le personnel peut être impliqué. Pourquoi ne pas appeler à une manifestation nationale, qui non seulement renforcerait la lutte chez Inbev, mais l’élargirait aussi, par exemple avec une marche pour l’emploi et pour la défense des droits syndicaux. De cette façon, le lien peut être fait avec d’autres entreprises en restructuration et, ensembles, on pourra mener une lutte pour nos emplois. Quand les forges de Clabecq étaient menacées de fermeture dans les années ‘90 et qu’une grève de longue durée avait commencé, les syndicats ont mobilisé 70.000 personnes pour une marche pour l’emploi, ce qui a fortement renforcé la lutte. Tous les travailleurs en grève pourraient utiliser leur temps ‘libre’ pour mobiliser, pour tirer d’autres entreprises ou distribuer des tracts à la population, et ainsi lancer un appel à venir à la manif.
Nécessité d’une alternative politique
Dehaene est aujourd’hui remarquablement silencieux et refuse de donner des commentaires. Pour lui, cette restructuration est probablement une bonne chose, du fait qu’il verra augmenter la valeur de ses actions et recevra peut-être même, avec un peu de chance, un bonus supplémentaire. Pourquoi ne pas lui rendre visite et l’obliger à prendre une position ? Et c’est valable pour les autres partis politiques. Milquet dit que l’attitude d’Inbev est inacceptable, les dirigeants du SP.a viennent déclarer leur solidarité au piquet. Mais qu’est-ce qu’ils attendent pour réellement s’attaquer à AB InBev, en commençant par demander la récupération de toutes les réductions de charges ainsi que les autres subventions publiques. Pourquoi ces parlementaires ne prennent pas d’initiatives pour introduire des lois qui interdisent l’intervention d’huissiers dans les conflits sociaux? Selon nous, il ne faut plus compter sur ces partis et il est temps que que la FGTB et la CSC rompent avec eux. Pourquoi ne pas prendre l’initiative nous-même, avec tous les mouvements sociaux et les organisations de gauche pour créer une alternative, un parti qui défende réellement les intérêts des travailleurs, un parti pour et par les travailleurs. Avec le Parti Socialiste de Lutte, nous essayons de soutenir chaque initiative qui va dans ce sens.
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Diekirch : seule la lutte payera !
Après Villeroy et Boch, c’est un autre pilier économique Luxembourgeois qui risque de disparaître. Pas à cause de la «fatalité » ou d’une baisse de la consommation de bière. Simplement à cause de la soif de profit d’un patronat qui veut à la fois éponger la dette contractée suite au rachat d’Anheuser- Busch, faire mousser les dividendes et faire exploser les bonus. Une fois de plus, la crise sert de prétexte aux capitalistes pour s’engraisser un peu plus sur le dos des travailleurs.
Tract du NPA, Comité Transfrontalier Longwy. npalongwy@yahoo.fr
INBEV se porte à merveille !
En 2009, la société a réalisé 2,8 milliards de profits. Les 13 membres de la direction ont pu se verser à eux-mêmes 73 millions de dollars (salaire + bonus) au premier semestre 2009. Une augmentation de 92% en comparaison avec la première moitié de 2008!
Cela ne l’a pas empêchée d’annoncer la suppression de quelque 800 emplois à l’échelle européenne, soit 10% des effectifs.
Le calcul est pourtant simple : l’augmentation des revenus de la direction sur un seul semestre suffirait à payer les salaires de 804 travailleurs pendant toute une année, avec un salaire moyen de 2500 euros brut !
Au Luxembourg comme en Belgique Inbev veut réduire ses coûts en supprimant des centaines d’emplois, pour presser encore plus les travailleurs comme des citrons et les jeter comme des kleenex.
La direction d’Inbev refuse de rediscuter son plan de restructuration ou même de revendre ses installations. Et il apparaît de plus en plus clairement que les décisions ne se prennent pas à Bruxelles ni à Diekirch mais bien au Brésil…
Seule la lutte et le blocage concerté de toutes les unités de production peuvent répondre à une telle arrogance. Les travailleurs belges ont montré la voie en bloquant les stocks et en refusant de discuter d’un quelconque plan social. Il faut organiser au plus vite des actions communes et coordonnées entre les travailleurs Belges et Luxembourgeois pour empêcher la direction de jouer la concurrence entre les différents sites de production.
A Diekirch aussi, l’avenir passera forcément par la lutte. Car pour obliger Inbev à maintenir ou à céder ses activités, il faudra mettre la pression, avec les travailleurs Belges car le fameux modèle Luxembourgeois de la collaboration sociale condamne encore syndicats et salariés à la passivité. N’oublions pas qu’au XIXe siècle, les ouvriers des Brasseries étaient à l’origine du syndicalisme au Luxembourg, ils n’ont sans doute rien perdu de leur combattivité.
Même un rachat providentiel de la Brasserie de Diekirch par Bofferding ou de l’Etat ne constituerait aucune garantie pour le maintien des emplois à long terme : dans la logique capitaliste, toute fusion engendre des restructurations profondes.
C’est seulement lorsque le patron a mal au portefeuille qu’il accepte de discuter. A Diekirch, nous bénéficions d’un atout supplémentaire : la direction ne pourra pas jouer la carte du pourrissement ou de l’impopularité d’un combat, tant l’attachement de la population à sa brasserie est profond.
Le NPA appelle les travailleurs à faire converger leurs luttes pour renverser le rapport de force et empêcher le patronat de profiter de la crise pour licencier, délocaliser et s’attaquer aux conditions de travail. Au-delà de ces luttes, il s’agit aussi de remettre en question le mode de production capitaliste et d’imposer le contrôle démocratique exercé par les salariés, la population et les élus sur les moyens de production
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Inbev Jupille. Interview de Nino Militello, délégué principal FGTB
Lundi 18 janvier, les travailleurs d’Inbev luttent depuis une semaine et demie déjà contre un plan de licenciement particulièrement agressif concocté par leur direction. Petit tour au barrage filtrant qui bloque l’accès au site de Jupille à Liège et interview express de Nino Militello, délégué principal FGTB.
Socialisme.be: Quelle est la situation financière de Inbev?
NM: « La situation est excellente! L’entreprise fait clairement du bénéfice. Elle peut aussi compter sur toute une série de mesure que le gouvernement a mis en place pour réduire les impôts des grosses sociétés comme la nôtre ou leurs charges sociales. Par exemple les intérêts notionnels. Il paraît que ces mesures devraient favoriser l’emploi. On voit bien que rien ne justifie ces licenciements! »
Cela fait une grosse semaine que vous êtes en lutte. Quelle a été votre stratégie jusqu’ici?
NM: « Nous ne sommes pas entrés en grève car nous savions que la direction avait accumulé du stock en prévision de notre réaction au plan de licenciement. Par contre, nous bloquons l’usine de façon à ce que rien ne sorte. De cette façon, nous allons quand même peser sur le chiffre d’affaire de la société. Et en attendant, les ouvriers sont payés puisque l’usine tourne, même si c’est au ralenti. »
Il semble que les négociations reprennent demain. Qu’est-ce que vous en attendez?
NM: « Il faudrait déjà que la direction mette quelque chose sur la table. En tout cas pour nous c’est clair: on veut le retrait pur et simple du plan. »
Le site de Diekirch au Luxembourg est menacé de fermeture. Y-a-t-il une stratégie de la part des syndicats belges pour rentrer en solidarité?
NM: « Bien sûr! Mais c’est quelque chose qui sera discuté lors de la préparation du conseil d’entreprise européen qui devrait avoir lieu bientôt. »
Ca fait une grosse semaine que vous êtes en lutte. Est-ce que vous avez reçu des témoignages de solidarité?
NM: « Pas mal de délégations syndicales d’entreprises de la région sont passées. Il y a eu aussi des délégations des TEC, des cheminots, des metallos (y compris de Bruxelles), des pompiers… Sinon on sent que la population en général comprend notre mouvement et nous soutient. On a fait une action de sensibilisation au Standard cette semaine. 4000 tracts ont étés distribués. Pas un seul n’était à terre. C’est clair que le mouvement doit dépasser le cadre de Inbev. On appelle l’inter-régionale à lancer des actions partout en Wallonie et en Flandres. »
Et du côté des politiques?
NM: « On en attend pas grand chose. Pour nous, même le PS est devenu un parti comme les autres. Il y a bien eu quelques effets d’annonce mais nous, on attend du concret. Ce n’est pas normal que des entreprises qui font du chiffre et qui bénéficie de baisse d’impôt et de charges puissent licencier. Des élus du peuple ne devraient pas favoriser ça. »
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Les travailleurs pressés comme des citrons pour les bonus de la direction de AB Inbev
AB Inbev annonce la 5ème ronde d’austérité en 5 ans de temps. Et ce, malgré la dernière CCT de juin 2009, dans laquelle la direction avait donné la garantie qu’il n’y aurait plus de restructurations jusque 2011.
Est-ce que AB Inbev ne ferait plus de bénéfice? Mais non, bien au contraire!
En 2009, la société a réalisé 2,8 milliards de profits. Les 13 membres de la direction ont pu se verser à eux-même 73 millions de dollars (salaire + bonus) dans la première partie de 2009. Un augmentation de 92% en comparaison avec la première moitié de 2008! (Trends, 20/08/2009) Et maintenant, ils viennent chercher l’argent chez les ouvriers, les employés et les cadres de Inbev…
Economiser suite à une baisse des ventes?
La direction a communiqué qu’elle veut réduire de 10 % le nombre des 8000 emplois (environ) europèens. L’argument pour faire cela était la baisse de la vente de bière ces dernières années. Dans le dernier trimestre de 2009, la consommation de bière, en hectolitre, avait baissée pour Inbev, sur le plan mondial de 3,2%, comparé avec l’année précédente. Mais les gains nets ont augmenté de 837 millions de dollar à 1,13 milliard de dollar!
Une crise? On en est vraiment pas là. AB Inbev a fait un peu moins de chiffre d’affaires, mais pas moins de profit et Inbev a gagné des parts de marché dans les pays comme les Etats-Unis, l’Angleterre, la Belgique,…
La culture des bonus n’existe pas seulement chez les banques…
La vraie raison pour les restructurations repetées, c’est qu’on veut diminuer plus vite que prévu, les dettes qu’on a fait pour la reprise d’Anheuser-Bush. De plus, il semble que la direction de AB Inbev a une faim insatiable pour les bonus!
En 2007, le CEO Carlos Brito a reçu 4,25 millions d’euros. Ce montant comporte 0,85 millions d’euros en tant que salaire et 3,4 millions d’euros en bonus! Les bonus des membres de la direction sont en partie payé en actions, comme c’est le cas au sein de pas mal de banques.
Bien sûr, cette politique mène à des restructurations aveugles, afin de s’en mettre plein les poches, pendant que les travailleurs peuvent bien crever à chaque reprise.
Afin de pouvoir réaliser le paiement des dettes plus rapidement, on a proposé au comité de direction pour 2014 des options sur des actions pour un montant de 9,3 millions, à 10,32 par action. Cette culture de bonus mène à des plans d’austérité qui mettent une pression inhumaine sur le personnel. Les employés plus agés sont mis sous pression pour partir en prépension et sont remplacés par des intérimaires. Le travail est confié à des sous-traitants "moins chers" et on doit faire le même travail avec moins de personnel.
Pas de licenciements, aucun cent de la part des employés!
Cherchez l’argent auprès de Brito et les sa compagnie!
Nous avons fait un petit calcul: avec l’augmentation des revenus de la direction internationale pendant la première moitié de 2009, il est possible de garder 804 employés au boulot pendant tout un an, moyennant un salaire mensuel brute de 2500 Euros. C’est exactement ce nombre de travailleurs qu’on veut licencier en Europe.
Que Brito aille chercher l’argent dans son propre portefeuille et dans ceux des membres de sa direction.
Est-ce possible de résister contre les austérités des patrons et de gagner? L’exemple de Bayer à Anvers montre que c’est bien le cas. Là aussi, on voulait faire payer les ouvriers et on menaçait de fermer l’entreprise. Là aussi, on réalise encore des profits très importants.
Les syndicats et les travailleurs se sont mis d’accord de ne pas laisser passer l’attaque sur leurs salaires et leurs conditions de travail. A cause de ça, ils n’on pas été récompensés dans les médias, qui se trouvaient à 100% au coté des patrons. Mais la casse sociale n’a pas été réalisée.
La direction veut retourner vers le soit-disant core-business de Inbev, brasser et vendre. Il donc très clair que cette restructuration ne sera pas la dernière et que cette annonce n’est qu’une partie du plan de rectructuration entier. Il existe une forte probabilité pour que les divisions qui ne sont pas encore touchées aujourd’hui le seront plus tard. Nous estimons donc que le personnel et les différentes usines en Belgique – à Louvain, à Jupille et àHoegaarden – doivent former un front. Chez Bayer, des tracts communs ont été rédigés et distribués par les délégations syndicales allemandes et anversoises.
De cette façon, les différents sièges ne sont pas montés l’un contre l’autre, comme cela a malheureusement été le cas chez Opel. On pourrait organiser une manifestation de solidarité avec tous les sièges Inbev belges, afin de transformer la sympathie auprès de la population locale et auprès d’autres syndicalistes, dans un soutien actif pour les travailleurs touchés et leurs familles.
Celui qui se fait licencier aujourd’hui, quand retrouvera-t-il un emploi, avec la crise actuelle? Ces pertes d’emploi sont socialement complètement injustifiables.
La direction peut bien avoir installé des stocks, il est clair qu’elle ne sera pas très contente de se passer des profits importants qui sont toujours réalisés. Nous pensons que la décision des syndicats chez Inbev, de ne pas négocier et de demander le retrait complet de la restructuration, est la bonne attitude. Surtout si cela est lié à un plan d’action solide pour lutter pour chaque poste de travail.
Sur le Parti Socialiste de Lutte
Le PSL a déjà montré jeudi, vendredi et pendant le weekend sa solidarité au piket de Inbev à Louvain. Nous avons publié des rapports, des intervieuws et des photos de ces actions sur notre site web.
Nous sommes à gauche du PS et de Ecolo et luttons pour un alternative socialiste au capitalisme.
Nous pensons qu’aucun des partis traditionnels, pas même le PS ou le Spa , ne défend encore les intérêts des ouvriers et de leurs familles.
C’est pour cette raison qu’en Belgique nous défendons l’idée d’un nouveau grand parti pour les salariés et leurs familles. Nous voulons aider à construire ce nouveau parti, lequel peut grandir suite à des luttes syndicales. Nous voulons y avancer un programme clairement socialiste. C’est donc avec attention que nous attendons la Table Ronde de Socialistes, auquel nous participerons aussi.
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Impuissant face à une multinationale?
Licenciements à Inbev
Vendredi 14 avril, les syndicats ont annoncé qu’ils n’allaient plus mener d’actions chez Inbev, mais que des négociations seraient engagées sur la fermeture du site à Hoegaarden. Dans le même temps, la direction d’Inbev a consulté les conseils d’entreprises, mais les résultats de ces pourparlers, ce qu’il adviendra des sites de Jupille et Louvain, n’étaient pas encore connu à l’heure de où ces lignes furent écrites.
Peter Delsing
Le 30 novembre, la direction d’Inbev a annoncé un plan de restructuration qui coûterait l’emploi à 232 salariés. La multinationale continue pourtant à réaliser des profits énormes, mais pas encore assez au regard de la concurrence, selon la logique perverse du capitalisme. La restructuration et le transfert du site de Hoegaarden, avec la perte de 59 emplois, s’intègre dans cette logique.
L’annonce de la fermeture du site de Hoegaarden a provoqué une énorme colère. Une manifestation dans la ville a rassemblé quelques 3000 personnes. Les syndicats avaient la possibilité de construire sur base de cette solidarité un plan d’action dans toutes les branches d’Inbev, car il pleut des licenciements partout. Ceux-ci ont été introduits successivement afin de maintenir la division parmi les salariés repartis sur les différents sites.
Cette tactique, Inbev l’applique sur le plan international. Quand, le 28 mars, 1500 personnes ont manifesté à Louvain, outre les délégations belges, des délégations étaient venues en solidarité d’Allemagne, des Pays-Bas et du Luxembourg, toutes unies contre les diverses restructurations au niveau international.
Les syndicats des divers sites européens ont entre autre revendiqué d’être "informés" des "futurs licenciements". Cette manifestation aurait pu être l’occasion d’appeler à des actions de grève sur le plan européen, discutées par le personnel et orientées vers la défense de chaque emploi. Se baser uniquement sur des négociations dans le cadre du capitalisme en crise équivaut à se préparer à saigner de nouveau.
Avec l’introduction du Pacte de Génération, la question est de savoir comment les négociations aboutiront. Les syndicats s’attendent à l’éventualité de prépensions. Est-ce ainsi que l’on peut défendre les travailleurs et leurs familles? Si le Pacte est appliqué, beaucoup ne pourront s’attendre qu’à une lettre de licenciement et au chômage.
Les travailleurs ne sont pas impuissants face aux multinationales. Une direction syndicale combative tenterait de déveloper la solidarité dans le secteur et dans la région. Seule l’arme de la grève frappe les patrons dans leur point faible: les profits. A Jupille, les travailleurs ont fait la grève le matin pendant un certain temps, mais les syndicats dans les autres sites n’ont malheureusement pas lié cela avec un plan commun capable de lancer la contre-attaque.
Le développement d’une force syndicale doit aller de pair avec le développement d"une alternative politique. Un parti large des travailleurs pourrait rallier les syndicalistes de combat. Un tel parti pourrait également mettre en avant la revendication de la nationalisation des entreprises en restructuration. Chaque victoire dans la lutte contre le patronat et leurs politiciens ne peut être définitivement garantie que dans une société socialiste.
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INBEV: Tournées de licenciements après tournées de licenciements pour étancher la soif de profit du géant de la bière…
Plus de 500 licenciements ont été annoncés en Belgique, ainsi que la fermeture des brasseries de Hoegaarden et de Molenbeek. Inbev est déjà la plus grande brasserie au niveau mondial – un de ses slogans est d’ailleurs « going from bigger to best » – mais les concurrentes Anheuser-Busch et SABMiller font plus de bénéfices avec un volume plus petit. En d’autres termes, il faut faire plus de profit, de préférence sur le dos du personnel. Mais quand il s’agit des primes des managers, il y a deux poids deux mesures.
Luc Janssens
En chiffres
- 1,024 milliard de profits en 2005…
- 31 millions d’euros en prime de départ pour trois managers…
- Les familles Spoelberch, de Mevius en Vandamme, les plus importants actionnaires d’Inbev, ont une fortune de 7.357.577.790 euro, ce qui fait d’eux de loin les plus riches familles de Belgique…
- Et 500 licenciements…
La première restructuration a eu lieu en octobre dernier: 45 employés au bureau principal ont été licenciés. Alors que les négociations étaient encore en cours, les 45 travailleurs ont reçu, en décembre, leur lettre de licenciement. Fin novembre, une deuxième restructuration eut cours en Belgique. Il s’agissait de la fermeture des brasseries d’Hoegaarden et de Molenbeek et de licenciements dans presque tous les sièges. Cette restructuration était encore en cours lorsque Inbev en a annoncé une nouvelle le 24 février, lors d’une réunion extraordinaire du conseil d’entreprise : 360 licenciements à travers l’Europe, dont 201 en Belgique. Cette fois, c’est le siège de Jupille qui est visé, dont l’administration sera délocalisée vers la Tchequie et la Hongrie. Mais ça ne s’arrête pas là. Une semaine plus tard, plus de 200 licenciements étaient annoncés en Allemagne, en France, aux Pays-Bas et en Grande-Bretagne. Il apparaît clairement que d’autres restructurations auront lieu. Les sièges de Belgique ne seront pas touchés dans l’année à venir, à l’exception de cinq licenciements. Mais qu’arrivera-t-il ensuite? Une nouvelle tournée pour les sièges de Belgique? En appliquant la restructuration en différentes phases et en délocalisant, Inbev suit la stratégie de diviser pour mieux régner. Il s’agit de monter les travailleurs des différentes entreprises les uns contre les autres: méthode qu’Inbev continuera d’utiliser pour s’attaquer aux conditions de travail et de salaire du personnel (sauf évidemment pour les managers).
Les réactions ont fusé immédiatement. Après l’annonce de la fermeture de la brasserie de Hoegaarden, 3000 personnes ont manifesté dans le village. Après l’annonce des licenciements à Jupille, l’évêque de Liège et l’évêque auxiliaire de Namur ont déclaré dans une interview : « Si les lois économiques ne tiennent pas compte de l’être humain, ces lois doivent changer. Les pertes d’emploi s’empilent. Hier c’était à Arcelor, aujourd’hui à Inbev. Et demain? Est-ce cela le côté européen de la mondialisation de l’économie? Cela nous touche. Avec les victimes, leurs familles, leurs collègues et beaucoup de citoyens nous disons: si la logique financière provoque tant de souffrance, elle est inhumaine et elle doit changer. »
La logique du système actuel est en effet au service du profit. Pour augmenter ces profits, des travailleurs sont jetés à la rue. Ici et là, on entend proclammer l’impuissance quant à la volonté arbitraire des multinationales. Les politiciens crient au scandale, mais au moment décisif ils disparaissent. Ou peut-être ont-ils peur de perdre leur (futur) siège dans le conseil d’administration? Pourquoi n’entendons- nous rien de Jean-Luc Dehaene présent au conseil d’administration d’Inbev? Pas de commentaire? Quelques larmes de crocodile pour ensuite repasser à… de nouvelles attaques sur nos salaires et nos pensions. Bien que des multinationales comme Inbev sont influentes, cela ne signifie pas qu’elles peuvent faire n’importe quoi. Mais pour les arrêter, il faut établir un rapport de force. Il est donc nécessaire de répondre à la stratégie de division d’Inbev. Pour cela il faut un plan d’action commun, européen et combattif, discuté sur les lieux de travail, avec comme point central la lutte pour chaque emploi. Mais même si cela mène à une victoire, elle ne serait que temporaire. Tant que nous vivrons dans un système capitaliste, les profits seront toujours primordiaux, et l’attaque suivante n’est qu’une question d’échéance. Des victoires ponctuelles sur des multinationales comme Inbev sont possibles à condition de construire un rapport de force. Une longue phase de concessions systématiques occtroyées par les multinationales, comme, dans une certaine mesure, lors des « golden sixties », est par contre exclue dans cette phase du capitalisme. Pour de véritables résultats, il faut fondamentalement briser le système et construire une société socialiste.
