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  • “Les sans-papiers ne sont pas des criminels”

    Nous avons interrogé Abdeslam lors de l’action menée au centre fermé de Merksplas dimanche 19 février, qui s’est déroulée dans une ambiance combative .

    Propos recueillis par Emiel Nachtegael

    Qu’est ce que l’UDEP?

    L’UDEP est une organisation créée récemment par des sans-papiers, l’idée étant que les sans-papiers s’organisent eux-mêmes pour réclamer leurs droits. Nous proposons trois revendications principales : la régularisation de tous les sans-papiers, l’arrêt immédiat des expulsions et la fermeture des centres fermés.

    Depuis le 19 octobre, nous menons des actions à l’église St Boniface à Ixelles. Lors de cette lutte, trois personnes ont été arrêtées en 10 jours et enfermées dans un des centres fermés : David et Vincent à Merksplas et Barry à Vottem. Le 7 février, 2500 manifestants ont défilé à Vottem pour soutenir les sans-papiers. Aujourd’hui, nous sommes ici non seulement pour réclamer la libération de Vincent et de David, mais de tous les sans papiers emprisonnés ici (y compris douze mineurs !).

    L’atout de l’UDEP, c’est que c’est une organisation où les sans-papiers décident eux-mêmes des actions à mener. Evidemment, nous collaborons et nous nous réunissons souvent avec les autres organisations qui se soucient du sort des sans-papiers. Pour élargir notre lutte, des comités de soutien à l’UDEP se sont mis sur pied.

    Que pensez-vous de l’accélération de la répression et des attaques du gouvernement (et en premier lieu du ministre de l’Intérieur Dewael) contre les sans-papiers?

    Nous sommes convaincus que tout cela n’est pas un hasard. Pour vous donner un exemple: David qui est le responsable de l’UDEP à Bruxelles, a été arrêté alors qu’il était chez le médecin. Ce jour-là, deux tentatives d’expulsion ont eu lieu, ce qui est exceptionnel. David a-t-il été visé en particulier? Nous ignorons exactement comment il a été arrêté mais il est clair qu’il a été traqué. Le jour de son arrestation, nous avons organisé une conférence de presse.

    Nous nous opposons aux déclarations de Dewael. Nous sommes déterminés à aller jusqu’au bout. Nous ne sommes pas des criminels simplement parce que nous réclamons nos droits!

    Le gouvernement veut raccourcir la procédure de demande d’asile et restreindre les possibilités de porter recours contre une décision négative. En réaction, nous avons rédigé une proposition de loi qui devrait simplifier cette procédure. Nous exigeons des critères clairs et permanents comme la régulation automatique des réfugiés gravement malades. Actuellement, la commission pour la régularisation n’a traité (traité ne signifie pas approuvé) qu’un nombre très limité des dossiers introduits depuis 1993. Par conséquent, les sans-papiers sont contraints de vivre dans des conditions atroces sans couverture médicale ni permis de travail. En bref, l’illégalité complète!

  • Avec ou sans papiers, nous sommes tous des travailleurs

    10.000 personnes ont participé le samedi 25 février à la manifestation de soutien des sans-papiers à Bruxelles et, parmi elles, il y avait une forte proportion de sans-papiers. Pour l’Union de Défense des Sans-Papiers et tous ceux qui soutiennent ce combat, c’est donc un grand succès. Mais, pour parvenir à une régularisation de tous les sans-papiers et obtenir la suppression des centres fermés, le chemin à parcourir reste encore long. Car cet objectif va à l’encontre de toute la politique menée en Belgique et en Europe depuis plus de trente ans.

    Xavier Dupret

    Depuis le choc pétrolier de 1974, les frontières de la Belgique et des autres pays européens sont, en effet, officiellement fermées aux migrations de nature économique. Cependant, loin de se tarir, les flux migratoires se sont, au contraire, intensifiés. Le démantèlement des politiques sociales en Europe de l’Est et en Afrique en est la principale raison. Les grandes institutions financières internationales (FMI et Banque Mondiale) ont imposé à l’ensemble de ces pays toute une série de plans d’assainissement des finances publiques, qui ont durement touché l’emploi, la santé, l’enseignement,… avec pour conséquence logique une détérioration des conditions de vie des populations.

    Une nouvelle couche de travailleurs clandestins s’est ainsi constituée dans les pays capitalistes avancés. Les «sans-papiers» sont en réalité des ouvriers fragilisés par les orientations restrictives des politiques migratoires. Ils travaillent souvent dans le bâtiment, la plonge des restaurants et autres métiers pénibles dans des secteurs connus pour leur recours au travail au noir. Les sans-papiers partagent donc – en plus dur encore – le sort de la masse des travailleurs précaires de chez nous, contrairement à ce qu’affirment patrons et racistes qui essaient de les faire passer pour des parasites et des concurrents des travailleurs belges.

    Au total, la multiplication des travailleurs sans-papiers apparaît comme un des éléments de la grande stratégie de précarisation du monde du travail qui, à des degrés divers, nous touche tous. Depuis la fin des années 80, c’est à. un mouvement de régression géénralisée que nous assistons. Une partie des précaires d’hier (femmes, jeunes, immigrés) devient les exclus d’aujourd’hui. Et ceux qui pouvaient espérer occuper un emploi fixe doivent le plus souvent se contenter d’un emploi flexible. Voilà le résultat de 20 ans de politique néolibérale.

    Dans ces conditions, comment le mouvement des sans-papiers peut-il continuer à avancer ? Nous pensons qu’une stratégie axée sur le lobbying auprès des partis représentés au parlement risque d’épuiser le mouvement parce que les partis traditionnels ne veulent pas réellement modifier la situation actuelle.

    Le combat le plus important est, en dépit des difficultés, d’ancrer la lutte des sans-papiers à l’intérieur du mouvement ouvrier belge, parce que celui-ci est le meilleur allié dans la construction d’un rapport de forces avec le gouvernement. Cette lutte n’est pas que syndicale. Elle est aussi politique.

    La lutte des sans-papiers doit être incluse dans la construction d’une nouvelle force de gauche défendant résolument les intérêts de tous les travailleurs, qu’ils soient belges, immigrés ou sans-papiers.

  • France. Etudiants en lutte: l’avenir des jeunes plus que jamais menacé

    Rapport d’un participant

    La France est secouée par les mobilisations étudiantes et lycéennes contre la « loi sur l’égalité des chances »… d’être exploité. AJB, membre d’Etudiants de Gauche Actifs (EGA/ALS) et du Mouvement pour une Alternative Socialiste (MAS/LSP), est parti en France, conscient que ces luttes sont dirigées contre un ennemi commun à tous, par-delà les frontières : le néo-libéralisme et le capitalisme qui l’a engendré.

    Propos recueillis par Nicolas Croes

  • Paris: des centaines de milliers de manifestants contre le CPE
  • France. Contrat Promotion Esclave!
  • Pour une grève tous ensemble, jeunes et travailleurs. Retrait du CPE
  • Tracts, déclarations,… de la Gauche révolutionnaire
  • Peux-tu nous expliquer ce qu’est cette loi sur l’égalité des chances ?

    Il s’agit d’une attaque sans précédent, orientée contre les jeunes, mais qui concerne l’ensemble des travailleurs. Ce projet de loi est constitué de trois parties: la possibilité d’aller en apprentissage dès 14 ans, celle d’effectuer du travail de nuit dès 15 ans, et la dernière partie est le fameux Contrat Première Embauche (CPE). Selon le CPE, tout jeune pourra, jusqu’à 26 ans, être licencié sans justification durant les deux premières années qui suivent son embauche. En cas de licenciement, après trois mois d’attente, il pourra de nouveau être engagé aux mêmes conditions… De quoi apprendre à accepter n’importe quoi sous la menace constante de se retrouver sans emploi à tout moment !

    Cela a évidemment mené à des actions de protestation…

    Oui, qui ont atteint une ampleur qui n’est pas sans rappeler mai 68. Je suis arrivé à Paris ce mardi 7 mars au matin, juste à temps pour participer aux manifestations contre le CPE qui se sont déroulées partout en France et qui ont fait battre le pavé à plus d’un million de personnes à travers l’hexagone, dont 150.000 à Paris.

    Dans une ambiance peu commune on imagine.

    Il est assez difficile de se représenter ce que cela peut être quand on vient de Belgique. La grande majorité des manifestants étaient des jeunes, étudiants ou lycéens, et la combativité était très grande, même si elle variait selon les facultés. Certaines revendiquaient le retrait de la totalité du projet de loi, d’autres uniquement le retrait du CPE, au cri de «C comme chômage, P comme précarité, E comme exploitation : retrait du PCE, retrait du CPE !». J’étais déjà venu pour les mobilisations du 7 février qui avaient réuni 45.000 jeunes à Paris, et plus ou moins 400.000 dans toute la France, et ce en plein congé scolaire, ce qui rendaient impossibles les descentes d’information dans les écoles. La fac’ de Rennes était déjà occupée à ce moment.

    Qu’en est-il aujourd’hui ?

    Ce vendredi 10 mars, 42 facultés étaient occupées, sur les 80 que compte le pays. Plus de la moitié donc, et une faculté non occupée n’est pas une faculté non mobilisée!

    Que s’est-il passé après la manif’ ?

    Nous nous sommes réunis à la faculté de Jussieux. Enfin, il a tout de même fallu passer au-dessus des grilles que les vigiles avaient placées… Nous étions à peu près 200 étudiants et une cinquantaine de lycéens. Etaient présents également quelques jeunes travailleurs précaires. La majeure partie de ces jeunes les plus motivés étaient syndiqués à l’UNEF (Union Nationale des Etudiants Français) ou au syndicat SUD et organisés dans des organisations politiques comme la Confédération Nationale du Travail (CNT), la Ligue Communiste Révolutionnaire (LCR), la Jeunesse Communiste (JC) ou encore Lutte Ouvrière (LO). Ils composaient environ 75% de l’assemblée. J’espérais retrouver des camarades de la Gauche Révolutionnaire (organisation-sœur du MAS en France), mais, dans la capitale, ils étaient principalement à Paris 8.

    A cette réunion, il a été décidé de faire des descentes dans les autres facultés le lendemain pour en bloquer un maximum. A chaque fois, les blocages ont été votés à une bonne majorité.

    Et ensuite?

    Le jeudi matin, je suis allé à une des facultés les plus mobilisées, celle de Nanterre, qui était occupée. Tout y était bloqué, y compris la fac’ de droit (ce qui n’était plus arrivé depuis au moins une quinzaine d’années). Là, j’ai rencontré l’UNI…

    L’UNI ? Qu’est-ce c’est ?

    Il n’y a pas que les organisations de gauche qui sont présentes dans les facultés, les partisans de la chasse aux pauvres du gouvernement sont aussi présents. En fait, l’UNI est un mouvement de jeunes de droite, proche de Sarkozy, qui comprend une aile d’extrême-droite. Mais bon, quand on entend Sarko dire qu’il voulait nettoyer les banlieues au Karcher, on comprend qu’une proximité puisse exister entre ses partisans et ceux de Le Pen. Mardi, ils étaient une vingtaine à avoir fait le tour des blocages en chantant la Marseillaise en faisant le salut nazi. A cela, les grévistes répondaient « Nanterre, Précaires, on est tous solidaires ! » et en chantant l’Internationale.

    Ils ont réussi à rentrer à l’intérieur d’un bâtiment occupé, aidés par une dizaine de vigiles (en tout, ils ne devaient pas être plus d’une vingtaine). Une centaine d’étudiants en droit qui voulaient avoir cours en ont profité pour rentrer aussi. Finalement, ils ont été repoussés après une lutte entre grévistes et membres de l’UNI.

    Ceux-ci en sont restés là ?

    Non. Ils ont réussi à regrouper un millier de d’étudiants, venus à l’appel de « contre le blocage », et ils ont participé à l’Assemblée Générale de la faculté. En fait, si beaucoup de jeunes sont contre le CPE et la « loi pour l’égalité des chances », beaucoup s’opposent également aux blocages. Et là, dans les discussions, la situation a été complètement retournée. Des étudiants grévistes et moi-même sommes intervenus dans l’AG contre l’UNI et les étudiants qui voulaient reprendre les cours, et le blocage a été de nouveau voté!

    Qu’as tu mis en avant ?

    L’importance d’avoir une vision globale du problème. Que la loi sur l’égalité des chances est une suite logique des attaques libérales contres les travailleurs, les jeunes et les étrangers. Que les attaques contre le travail ont commencé par des attaques contre les retraites en Allemagne, en France et, comme on le sait, il y a quelques semaines en Belgique. Le gouvernement français élu de manière quasi-illégitime (Le Pen – Chirac au second tour) ne cesse d’attaquer de manière frontale tous les acquis sociaux. On se rappelle aussi la manière dont ils ont réprimé successivement le mouvement lycéen, le mouvement étudiant contre le système « LMD », le mouvement des intermittents du spectacle, les émeutes dans les banlieues,… Aujourd’hui la réponse que le gouvernement amène passe encore par la répression policière. J’ai terminé mon intervention sur l’obligation d’ouvrir la lutte aux jeunes de banlieues qui seront les premières victimes du CPE mais aussi aux travailleurs sans attendre l’appel des bureaucraties syndicales qui se font assez discrètes dans la hantise de revoir un nouveau mai 68 ou des grèves massives comme celle de 1995.

    Comment les différentes facultés sont-elles coordonnées ?

    La coordination d’Ile-de-France, c’est à dire de Paris et de sa région, se réunit tout les deux jours. Les différentes facultés se réunissent tous les jours en Assemblées Générales, auxquelles tous peuvent participer. C’est là que sont à chaque fois élus les étudiants qui iront à la prochaine réunion de la coordination d’Ile-de-France: 7 représentants par faculté occupée, et 3 par faculté mobilisée, mais non-occupée. S’ils fonctionnent comme ça, c’est pour éviter que les facultés de droite ne bloquent tout. Et au niveau national, cela fonctionne comme ça aussi, mais les réunions sont hebdomadaires.

    A l’intérieur des fac’, des commissions ont été mises sur pied: actions, interprofessionnelle (pour aller à la rencontre des associations et des travailleurs à l’extérieur de la faculté), sécurité, mobilisation, enseignants et travailleurs (orientée vers les travailleurs de la faculté), et enfin lycéenne. Dans plusieurs facultés, des motions de soutien ont été votées par les travailleurs en solidarité avec les étudiants, et beaucoup de lycées sont bloqués et occupés également. A titre d’exemple, une école professionnelle près de Nanterre est venue donner un coup de main pour bloquer la fac’. Le niveau de conscience politique des lycéens à Paris est très élevé. J’ai pu à de nombreuses reprises le remarquer, par les discussions politiques avec ceux-ci mais aussi en écoutant les interventions dans les assemblées générales. Les AG se tiennent dans des décors surréalistes avec comme slogans sur les murs : « Arrêtez d’étudier l’histoire, faites-la », « Une seule solution, la révolution » ou une des phrases mythique du Che « Hasta la victoria siempre » (Jusqu’à la victoire, toujours).

    Des actions sont donc prévues conjointement ?

    Tout à fait, et c’est tant mieux parce que c’est vraiment nécessaire. Isolés, séparés, les étudiants ne peuvent rien. Par exemple, le jeudi après-midi, il a été décidé de faire des diffusions de tracts dans un maximum de gares de la capitale afin d’expliquer la problématique du CPE et les positions des étudiants et aussi de mettre sur pied des manifestations « sauvages » – c’est à dire non annoncées – pour le vendredi.

    C’est ainsi que 2.000 étudiants ont déboulé sur les Champs-Elysées, pour la première fois depuis mai 68! La manifestation s’avançait, au rythme de l’Internationale et de slogans comme « Etudiants, salariés, même combat ! » ou encore, « Le pouvoir est dans la rue », « Tout est a nous, rien n’est à eux… ». Nous sommes restés deux heures Place de l’Etoile, en face de l’Arc de Triomphe, qui est un grand symbole. Il y a eu là-bas quelques heurts avec la police, mais les étudiants sont partis d’eux-mêmes pour bloquer les Champs-Elysées durant quatre heures, juste avant d’aller à la Sorbonne. En fait, la Sorbonne était occupée depuis la veille au soir par 150 étudiants et un bon millier d’autres manifestaient à l’extérieur, juste séparés de leurs camarades par les CRS. Or, pendant ce temps, les autres facultés étaient toujours occupées et il y avait mille tâches à faire. Les chiffres de manifestants ne sont donc pas révélateurs du nombre d’étudiants impliqués dans ces mobilisations. Des barricades ont été élevées au Boulevard Saint-Michel et au Quartier Latin, hauts lieux des évènements de mai ‘68, dans les chants et les slogans comme le traditionnel « CRS : SS » ou encore « Police partout, justice nulle part », « La police est en colère, le pinard il est trop cher », « On veut étudier, pour pas finir policier »,…

    Et vendredi, la Sorbonne tenait toujours bon…

    Oh oui. Nous étions 1500-2000 à protester à l’extérieur, tout en lançant de la nourriture aux occupants qui n’avaient rien mangé depuis la veille. Un groupe est rentré par derrière, un autre, dont je faisais partie, a réussi à rentrer par les toits. A l’intérieur, nous nous sommes retrouvés à environ 500. Il y avait des discussions politiques, des pièces de théâtre sur Mai 68’, sur la Commune de Paris (dont nous allons fêter le 135e anniversaire le 18 mars), de la musique,… Les flics, de l’extérieur, essayaient de voir où étaient les étudiants pour lancer des lacrymogènes à cet endroit.

    Mais finalement, le samedi, vers 4h du matin, les CRS ont chargé le bâtiment et évacué la fac’. La grande majorité des occupants a pu s’enfuir, grâce aux manifestants de l’extérieur qui ont tout fait pour aider leurs camarades de lutte. Mais il y a tout de même eu 27 arrestations. Une manifestation le lendemain a été organisée aux cris de « Libérez nos camarades ». Deux heures plus tard, tous les camarades ont été libérés.

    Et c’est ce jour là que je suis rentré en Belgique, crevé, courbaturé, mais avec un moral qui résistera à bien des coups durs avant de retomber !

    Et les actions continuent !

    Les actions continuent, et continueront encore. Dominique de Villepin, le premier ministre, vient encore de dire maintenant (dimanche 12 mars) qu’il était hors de question de retirer le projet de loi. Qu’attendre d’autre de la part d’hommes pour qui seuls comptent les profits des patrons? La « loi sur l’égalité des chances » n’est qu’un gigantesque cadeau pour eux, ils sont les seuls bénéficiaires de ce retour en arrière. Le MEDEF (la fédération patronale) appuie évidement le premier ministre tout en affirmant que le Contrat Première Embauche et le Contrat Nouvelle Embauche n’étaient pas suffisants et qu’il fallait élargir les facilités de licenciements qu’offrent ceux-ci à tous les types de contrats !

    Tout ce que tu dis est très intéressant. D’autant plus que l’on a entendu un autre son de cloche ici.

    Oui, le rôle des médias dans toute cette histoire est on ne peut plus honteux. Ils ne disent pas la vérité, où alors ils la déforment à l’avantage des partisans du projet de loi. Contrairement à ce qui a été dit, rien n’a été cassé à la Sorbonne, sauf le local des réactionnaires de l’UNI, qui a été saccagé. Des papiers ont même été collés aux murs pour ne rien abîmer tout en écrivant partout slogans, réflexions et revendications. De même, il a été dit que les étudiants avaient brûlé des livres inestimables, alors que s’il y a bien eu un feu dans la cour, seules les publications de l’UNI et des syllabi périmés ont été jetés au feu. Un autre exemple est l’histoire de cette fille handicapée (Paris 10 Nanterre), qui voulait passer le blocage au-dessus de plusieurs escaliers, et qui est tombée en se cassant le bras par accident. Directement, le gouvernement, relayé par la presse sans que personne ne cherche à savoir ce qui s’était passé, a déclaré que les étudiants jetaient des gens dans les escaliers!

    Une dernière chose importante, il a été constamment répété que la Sorbonne était occupée par des intermittents du spectacle, des travailleurs précaires, bref, tout sauf des étudiants. Je n’ai rencontré que trois participants à l’occupation qui n’étaient pas étudiants. Il y avait des étudiants d’autres facultés, c’est vrai, mais la majorité était de la Sorbonne.

  • Liberté d’expression ou diviser pour mieux régner?

    Révolte contre les caricatures

    Le 30 septembre 2005 le quotidien danois Jyllands-Posten publie 12 caricatures malveillantes du prophète Mahomet dont l’une le représente avec une bombe dans son turban. Dès le mois d’octobre les représentants de la communauté musulmane du Danemark et des ambassadeurs de pays musulmans protestent auprès de la rédaction de Jyllands-Posten et du gouvernement danois. Ils se heurtent à une fin de non recevoir abrupte: la direction du journal refuse de présenter des excuses au nom de la liberté d’expression et le gouvernement se retranche derrière la liberté de la presse. A partir de là, la vague de protestation va s’amplifier peu à peu pour déboucher sur une crise ouverte fin janvier.

    Dossier par Thierry Pierret

    Les manifestations se multiplient dans le monde entier et les produits danois sont boycottés dans nombre de pays musulmans. Sous prétexte de défendre la liberté d’expression menacée par l’obscurantisme islamique, des journaux de plusieurs pays européens reproduisent les caricatures. Du coup, la colère populaire prend également ces pays pour cible et – parfois – leurs ressortissants dans les pays musulmans.

    Le gouvernement danois pointe du doigt des imams danois qui, lors d’une tournée d’information au Moyen-Orient, auraient fait un amalgame entre les caricatures du Jyllands-Posten et des caricatures plus odieuses encore jamais publiées dans la presse.

    Même si cela devait se confirmer, là n’est pas l’essentiel.

    Une attaque islamophobe

    Le gouvernement danois est un gouvernement de droite qui mène une politique ouvertement raciste. Il a notamment pris des mesures draconiennes pour limiter le regroupement familial des étrangers légalement établis au Danemark. De plus, ce gouvernement minoritaire est soutenu de l’extérieur par le Parti du Peuple danois, un parti d’extrême-droite dont le racisme est le fond de commerce électoral. Ce parti, ainsi que bon nombre de politiciens des autres partis, ne cesse de dénoncer l’islam et les musulmans comme une menace pour la démocratie et les valeurs occidentales et de faire l’amalgame entre islam et terrorisme.

    Après la chute du Mur de Berlin, les néoconservateurs aux Etats-Unis avaient besoin d’imposer une nouvelle image de l’ennemi pour justifier leur rhétorique de guerre. Bien que les Etats-Unis ont jadis soutenu des mouvements réactionnaires d’obédience islamiste, comme en Afghanistan, pour contrer l’influence de l’URSS et des partis communistes.

    L’interview que Carsten Juste, le rédacteur en chef de Jyllands-Posten, a accordée pour tenter de se justifier est révélatrice à ce sujet. Il y dit notamment : C’est le dessin qui représente Mahomet avec une bombe dans son turban qui suscite les critiques les plus vives. Pourtant, pour moi, l’association saute aux yeux. C’est une façon d’illustrer le problème du terrorisme islamique fanatique, dont les partisans font eux-mêmes le lien entre leurs actes et la religion et son contenu. C’est cela que notre caricaturiste a voulu montrer. C’est un sujet de débat fréquent : «Dans quelle mesure la nature de l’islam contribue-t-elle à engendrer des terroristes ? Cette religion crée-t-elle ses propres terroristes ? » C’est une question tout à fait légitime. Je n’aurais jamais imaginé qu’elle pourrait déclencher de pareilles réactions… »

    Suggérer que le terrorisme pourrait découler de la nature de l’islam sous prétexte que des terroristes s’en réclament est aussi stupide que, par exemple, vouloir faire découler le militarisme de la nature du christianisme parce que Bush et les néoconservateurs américains se réclament ostensiblement de cette religion. L’idée de représenter Jésus en tortionnaire de la CIA n’aurait d’ailleurs jamais effleuré l’esprit du plus anticlérical des caricaturistes européens. Et même dans ce cas il y a fort à parier que Jyllands-Posten ne l’aurait jamais publié parce que, là, Carsten Juste aurait très bien imaginé les réactions… Le gouvernement danois a beau jeu de se retrancher derrière la soi-disant liberté de la presse pour se laver les mains de toute responsabilité. Le fait est que les politiciens danois – en particulier ceux des partis qui forment ou soutiennent le gouvernement – ont créé un tel climat d’hostilité envers les musulmans que le premier quotidien du pays n’a éprouvé aucune gêne à s’en prendre ouvertement à la communauté musulmane à travers la figure de son prophète.

    Le gouvernement danois attise le racisme et l’islamophobie pour diviser les travailleurs et les empêcher de s’unir contre sa politique de régression sociale. Les politiciens et les patrons belges vantent le « modèle danois » comme un modèle à suivre parce que le taux de chômage y est très bas et que le taux d’activité y est très élevé. Il feignent d’oublier que la majorité des emplois au Danemark sont des emplois précaires, à temps partiel ou à durée déterminée. Un salarié doit souvent cumuler deux, voire trois emplois pour s’en sortir.

    La population danoise est pourtant loin de faire bloc autour de l’establishment politicomédiatique. Si le Parti du Peuple danois a gagné 5% d’intentions de votes dans les sondages depuis le début de la crise, plus de 50% des Danois disent comprendre la colère des musulmans et 49% des Danois désapprouvent la publication des caricatures contre 43% qui l’approuvent.

    Le Moyen-Orient en ébullition

    La crise autour des caricatures du prophète n’aurait jamais pris une telle ampleur sans les tensions énormes qui traversent actuellement le Proche et le Moyen-Orient. Des régimes dictatoriaux et corrompus ont récupéré l’affaire des caricatures pour essayer de peser sur les rapports de force sur le plan national ou international. Outre l’Irak et le Liban, deux foyers de tension se sont particulièrement développés récemment.

    Iran. De males propos pour dissimuler les problèmes sociaux du pays

    L’ultra-conservateur Mahmoud Ahmadinejad a été élu Président de la République islamique d’Iran fin juin 2005. Ce populiste de droite a bâti sa fulgurante carrière politique en jouant sur son image d’homme proche du peuple : l’ex-maire de Téhéran avait gardé son salaire de petit fonctionnaire.

    Dans un pays où la corruption générée par la manne pétrolière arrose toutes les factions de l’establishment – et surtout où la population est confrontée à un chômage de masse et à des loyers inabordables dans les grandes villes – c’est un argument qui fait mouche. Ahmadinejad a aussi bénéficié de la démobilisation d’une partie des jeunes et des femmes déçus par la faillite des réformateurs à réaliser leurs promesses de démocratisation.

    L’Iran est une dictature où les partis sont interdits et où les candidats « non-conformes » sont écartés par les chiens de garde du régime des mollahs. Les travailleurs iraniens et leurs familles, ainsi que les couches paupérisées de la population, se sont donc engouffrés dans le maigre espace d’expression politique que constituait cette élection pseudo-démocratique pour émettre un vote de protestation contre l’establishment et un vote-sanction contre les réformateurs. Il ne s’agissait donc en aucun cas d’un vote d’adhésion au régime ou aux idées réactionnaires d’Ahmadinejad comme c’est souvent présenté en Europe.

    Ahmadinejad est d’ailleurs conscient de la fragilité de sa position. Depuis son élection, les conditions de vie de la majorité de la population se sont encore détériorées tandis que le contrôle social du régime sur les jeunes et les femmes s’est renforcé. Pour détourner l’attention de la population, il a multiplié les déclarations antisémites en appelant à plusieurs reprises à « rayer Israël de la carte » et en niant, à plusieurs reprises également, la réalité du génocide des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale.

    Le président iranien a tenu certains de ces propos dans le cadre d’une conférence intitulée “Le monde sans le sionisme”. En tant qu’internationalistes, les marxistes sont opposés à toutes les formes de nationalisme réactionnaire, y compris le sionisme et l’islamisme. Mais lorsque des politiciens réactionnaires au Moyen-Orient ou en Europe se profilent comme anti-sionistes ou anti-islamistes, ils ne font que jeter un voile idéologique sur leur anti-sémitisme ou leur islamophobie.

    Mais c’est surtout la décision d’Ahmadinejad de reprendre le programme d’enrichissement d’uranium – aux applications potentiellement militaires – qui a mis le feu aux poudres. Cela a déclenché une crise ouverte avec les USA et l’Union européenne qui menacent de saisir le Conseil de Sécurité de l’ONU avec des sanctions à la clé. Mais l’Iran a développé de forts liens économiques avec la Russie et avec la Chine.

    De plus, le régime iranien n’ignore pas que les Etats-Unis sont embourbés en Irak et qu’une intervention militaire est hautement improbable.

    Palestine. La faillite du FAtah ouvre la voie au Hamas

    La disparition brutale d’Ariel Sharon de la scène politique israélienne et la victoire du Hamas lors des élections législatives palestiniennes de janvier ont sans doute porté un coup fatal au soi-disant processus de paix. Ariel Sharon n’avait rien d’un homme de paix, toute sa carrière politique et militaire en témoigne. Désavoué au sein du Likoud, il l’a quitté pour lancer une nouvelle formation « centriste », Kadima. Jusqu’il y a peu les sondages promettaient à Kadima une quarantaine de sièges, soit la position de premier parti, lors des élections de mars. Kadima avait pour ambition de négocier avec l’Autorité palestinienne une paix aux conditions d’Israël.

    Mais les élections palestiniennes ont tout remis en question. La victoire du Hamas, qui a remporté la majorité des sièges au Conseil législatif (parlement) palestinien, est une gifle à la face de tous les protagonistes du conflit. Ce résultat est d’autant plus amer que ces élections ont été organisées de façon exemplaire d’après les critères de la démocratie bourgeoise. Les Etats-Unis pourraient même en tirer des leçons…

    Pourtant les Palestiniens ont plus voté contre le Fatah que pour les islamistes du Hamas. Ils ont sanctionné des années de corruption, d’autoritarisme et d’échecs dans la lutte pour la libération nationale. Si on veut prendre la mesure exacte de la corruption de l’Autorité palestinienne (AP), il suffit de savoir que l’Union européenne, principal bailleur de fonds de l’AP, enquête sur la « disparition » de 700 millions d’euros. Or l’aide annuelle de l’UE à l’AP est d’1 milliard d’euros… Nous avons toujours dit que le Fatah d’Arafat et d’Abbas était plus populaire auprès d’une certaine frange de la mouvance pro-palestinienne en Europe, y compris hélas une certaine gauche, que parmi les Palestiniens. Le résultat des élections en est la parfaite illustration.

    La victoire du Hamas n’a pourtant rien d’un pas en avant pour la lutte des Palestiniens. Le gouvernement israélien en prendra prétexte pour multiplier les faits accomplis. Il a déjà pris des mesures de rétorsion qui priveront l’AP de quelque 30% de ses ressources fiscales. C’est ce qui s’appelle prendre un peuple en otage pour avoir mal voté… Cette politique de rétorsions minera pourtant davantage la position du Président de l’AP, Mahmoud Abbas, que celle du Hamas. En effet, le Hamas pourrait récupérer une partie du manque-à-gagner en se tournant vers l’Iran, ce qui renforcera l’influence de ce pays dans la région. De plus, les gouvernements israélien et américain mènent une campagne d’isolement de l’AP au niveau international. Mais l’invitation des dirigeants du Hamas par la Russie ouvre déjà une brèche de taille dans ce boycottage. Pour ne rien arranger, des groupes armés liés au Fatah vont probablement reprendre l’initiative militaire contre Israël pour récupérer le terrain perdu dans l’opinion palestinienne.

    Un tel scénario pourrait peser lourdement sur le résultat des élections israéliennes de mars. Le Likoud de droite, qui était en perte de vitesse, pourrait regagner du terrain voire gagner les élections en surfant sur l’inquiétude et l’incompréhension des Israéliens envers le vote des Palestiniens. Le manque d’une alternative socialiste aux partis réactionnaires, nationalistes ou religieux, se fait cruellement sentir des deux côtés.

    Afin de sortir de l’impasse, il faut une unité des travailleurs dans la lutte commune contre le système capitaliste.

  • France. Lutte contre le Contrat Première embauche: Un relent de mai 68

    Les mobilisations chez les étudiants français furent rarement aussi combatives que cette dernière semaine depuis longtemps. Les étudiants de plusieurs universités se sont ainsi mis en grève afin de lutter contre le CPE (contrat première embauche), le CPE permettra aux employeurs de licencier sans aucun motif (!) Les jeunes de moins de 26 ans dans une période de 2 ans après leur engagement.

    Stéphane Ramquet

    Autre article sur le site de la Gauche Révolutionnaire (section française du CIO):

    > Le gouvernement a fait passer le CPE en force ! Refusons ça !

    A cela le PS ou le PC répondent mollement au parlement et sont incapables de mener une lutte effective, l’UNEF (le syndicat étudiant) suit mollement le mouvement poussé par sa base…

    Les étudiants, eux, ont parfaitement compris que la politique Chirac-Villepin-Sarkozy n’est autre que la politique des multinationales et de la richesse pour la minorité et de la précarité pour le reste.

    Ainsi plusieurs milliers d’étudiants manifestaient dans le quartier latin demandant le retrait du CPE, s’ensuit alors une occupation de la Sorbonne (célèbre pour avoir accueilli les évenements de mai 68). Ni une, ni deux et sans sommations, les CRS furent envoyés afin de vider les grévistes par la force, à coups de matraque et gaz lacrimogènes.

    Les étudiants de 45 universités sur 80 sont désormais en grève! Des assemblées générales se tiennent dans toutes ces fac’ en grèves afin d’élaborer la stratégie et la continuation de la lutte! A Lille 2 et à Nancy 2 des assemblées générales de 2000 étudiants ont reconduit le blocus, alors qu’ils étaient 1600 étudiants à Dijon, 1500 à Toulouse 2 et à Paris 10 Nanterre, 1000 à Jussieu…

    La lutte s’amplifie chaque jour chez les étudiants, mais les étudiants ne peuvent mener cette lutte seuls! Son centre névralgique se trouve chez les travailleurs! Afin de faire pression sur le gouvernement, les manifestations ne suffisent pas, il faut couper le robinet économique et que les travailleurs se mettent en grève!

    Travailleurs et Etudiants, Luttons ensemble! Pour le retrait du CPE! Occupez vos universités et usines, vers la Grève Générale!

  • La situation est mûre pour un nouveau parti des travailleurs

    Depuis quelques mois se développent des discussions pour lancer un nouveau parti en Belgique, un parti qui s’oppose à l’offensive néolibérale représentée par chaque parti au parlement. Chaque parti raconte, à quelques petits nuances près, la même histoire. Hommes et femmes aux revenus moyens ou modestes doivent subir l’austérité pendant que les méga-riches deviennent encore plus riches et que les profits des entreprises explosent.

    Bart Vandersteene

    Il est bien difficile maintenant de différencier le bleu du rouge au Parlement. Comme si la contradiction entre travail et capital n’existait plus et comme s’il était dans notre intérêt de défendre ceux du capital. Là est la raison principale qui explique le désintérêt croissant face au jeu “politique” de la Rue de la Loi, quoi que puisse prétendre sociologues et politologues.

    Le Pacte des Générations et la cassure politique

    Jamais l’absence d’une représentation politique pour le mouvement ouvrier n’a été aussi visible que l’année passée. La propagande du patronat sur la prétendue sécurité sociale trop coûteuse et les salaires trop élevés a été reprise par chaque politicien.

    Un match de boxe ne peut pas être gagné avec une main attachée derrière le dos, et la lutte pour le maintien de notre bien-être ne peut pas être gagnée sans un instrument politique.

    Ce n’est pas une coïncidence si il y a justement aujourd’hui une discussion sur la nécessité d’un nouveau parti des travailleurs. Même le président de la FGTB, Xavier Verboven, est obligé d’exprimer le mécontentement de sa base. Il a ainsi déclaré: “Il est clair qu’il faut repenser la relation (entre syndicat et parti), et peut-être faut il même la revoir régulièrement. Il est bien possible que cela mène à une relation plus libre.” Cela peut sembler une déclaration positive, mais peut aussi mener à la conclusion erronée qu’un syndicat n’a pas besoin d’un partenaire politique.

    Le 7 février, 2500 syndicalistes ont manifesté à Gand contre les attaques continuelles dans les entreprises contre les délégués syndicaux à l’occasion du licenciement de deux délégués de la multinationale de papier Stora. Du podium a été annoncé deux fois la présence d’une délégation du SP.a avec le président Vande Lanotte. Deux fois cette annonce a été accueillie par des huées et des sifflements. Ce n’est pas un hasard. La cassure entre la base syndicale et les ministres «socialistes» ne peut plus être réparée. Assurons-nous que la conclusion correcte soit tirée, c’est à dire la nécessité d’un nouveau parti.

    Est-ce que Jef Sleeckx va relever le gant?

    Depuis quelques mois, un groupe de militants et de syndicalistes discutent autour de Jef Sleeckx, un ancien parlementaire du SP.a, de l’idée d’une “alternative politique” à la politique actuelle . Différentes réunions intéressantes et avec une bonne participation ont déjà été organisées un peu partout, en Flandre essentiellement.

    Le MAS s’est dès le début inscrit dans ce projet. Aujourd’hui, nous analysons la situation pour voir dans quelle mesure une telle initiative peut recevoir le soutien du mouvement des travailleurs. Nous pensons que ce soutien est là, en Flandre comme en Wallonie, chez les syndicalistes comme chez les jeunes. La situation est mûre, peut-être même bientôt trop mûre. Ce qui manque aujourd’hui est une initiative clairement nationale.

    Sleeckx fait la remarque correcte que les partis traditionnels ne sont pas capables d’arrêter la croissance du Vlaams Belang, et que seule une opposition de gauche en est capable. Pour nous, la lutte anti-raciste a toujours été une priorité parce que le racisme (comme le sexisme) casse la résistance de façon venimeuse et divise le mouvement ouvrier. Pour contrer cela, il faut un programme qui puisse de nouveau unifier ces gens autour de revendications communes. Qui n’est pas pour le plein emploi, pour un enseignement gratuit et de qualité, pour une sécurité sociale solide et des services publics de qualité?

    Une “alternative politique” peut casser le désespoir face au vide actuel. Seule l’extrème-droite a à gagner aujourd’hui de l’absence d’une initiative politique à gauche. Construisons donc activement un nouveau parti démocratique des travailleurs, qui puisse gagner dans l’action et la lutte la confiance de ceux qui se sentent abandonnés par cette société et ses représentants politiques.

  • Irak: La guerre et l’occupation mènent au chaos

    Il y a 3 ans, des millions de gens ont manifesté contre la guerre en Irak. Le 15 février 2003 était une journée d’action historique avec des manifestations gigantesques dans le monde entier. Le 20 mars 2003 les premiers bombardements sur Bagdad ont commencé et les premiers Irakiens sont tombés. Ce jour-là, le Jour X, des milliers de lycéens et d’étudiants ont manifesté contre la guerre. Trois ans plus tard il devient de plus en plus clair que les manifestants antiguerre avaient raison.

    Marijke Decamps

    Démocratie?

    Bush et Cie ont entamé cette guerre au nom de la démocratie et de la nécessité de détruire les armes de destruction massive de Saddam. Trois ans plus tard il s’est averé que tout cela était un mensogne. Les résultats de l’occupation sont négatifs.

    Comme nous l’avions dit avant la guerre, une des conséquences majeures de celle-ci a été une déstabilisation plus grande encore de la région. La prétendue démocratie est une blague. La Constitution Irakienne nouvellement créée est partiellement basée sur la charia, ce qui signifie un pas en arrière pour les droits des femmes. Le chômage et la pauvreté sont plus répandus que sous la dictature de Saddam Hussein. Beaucoup d’Irakiens n’ont pas accès à l’eau potable ou à l’électricité.

    Les dernières images de soldats britanniques maltraitant des adolescents irakiens et celles de la fameuse prison d’Abu Ghraib, indiquent ce que signifie la démocratie aux yeux de Bush et Blair.

    Vers une guerre civile?

    L’absence d’alternative politique ouvrière et les pénuries énormes constituent un terreau fertile pour l’islam politique et les autres courants réactionnaires. Le nombre d’attaques religieuses sectaires augmentent de jour en jour et font avancer le spectre d’une guerre civile entre sounnites et chiites. Au lieu de ressembler à ’une démocratie, l’Irak semble plutôt être aux bords d’une guerre civile divisant encore plus le pays sur des bases ethniques et religieuses.

    Cette division est renforcée par les pénuries énormes. Des mois après l’invasion impérialiste, la distribution d’eau n’était toujours pas rétablie. La “sécurité” apportée par les troupes d’occupation s’est essentiellement axée sur les installations pétrolières. En fin de compte, c’était l’enjeu principal de la guerre. Les énormes ressources pétrolières en Irak sont d’une importance cruciale pour les multinationales et leurs laquais politiques comme Bush.

    Le contrôle des ressources pétrolières et le prestige de l’impérialisme américain sont les raisons du massacre en Irak. Après «la fin» officielle de la guerre, plus de 100.000 Irakiens ont péri ainsi que 2100 soldats américains (en plus des 16.000 blessés).

    USA: les travailleurs paient la guerre

    Aux Etats-Unis même, le nouveau budget du gouvernement Bush contient un plan d’austérité historique. Afin de fournir les moyens nécessaires à la guerre en Irak, ce budget impose des économies qui touchent principalement les travailleurs et leurs familles.

    En même temps, l’armée cherche à recruter parmi les plus pauvres. Beaucoup de jeunes ne voient pas d’issue et vont se battre en Irak pour une guerre qui n’est pas la leur. La résistance systématique contre les occupants en Irak mène à une fatigue de la guerre. Même des personnalités au sommet de l’establishment américain commencent à défendre l’idée de retirer les troupes d’Irak.

    Retrait des troupes!

    82% de la population irakienne souhaite la fin de l’occupation. Au sein même des Etats-Unis, l’opinion publique commence à tourner le dos à l’intervention militaire. Lorsque l’ouragan Katrina a provioqué d’énorme ravages, la Garde nationale était en Irak. Il a été démontré que le gouvernement avait fortement réduit les budgets pour l’entretien des digues et l’aide de secours. Tout cela pour financer le très conséquent budget de guerre. Aujourd’hui le mouvement antiguerre a trouvé de nouveaux alliés et l’appel pour la fin de la guerre résonne d’autant plus fortement.

    Nous réclamons le retrait des troupes d’occupation. Afin de stopper un développement continuel vers la guerre civile, il faut un mouvement des travailleurs, jeunes, paysans et pauvres qui soit capable d’unifier les différents groupes religieux et ethniques. Pour cela, nous défendons un programme socialiste pour la sécurité, l’emploi et une vie meilleure, de pair avec des garanties pour toutes les minorités. Le pétrole en Irak fait que le pays est potentiellement très riche. Les entreprises pétrolières et autres doivent être nationalisées afin que les moyens puissent être rendus à la population pour satisfaire tous ses besoins.

  • PS et SP.a. Il n’y a plus d’excuses

    Depuis le Pacte des générations, rien ne va plus entre le SP.a et la base de la FGTB en Flandre. De plus, toutes les tentatives du SP.a de se profiler plus à gauche tournent au fiasco. Du côté francophone, le fossé entre la base de la FGTB et le PS semble moins profond, mais l’idée de couper les liens y fait son chemin également.

    Eric Byl, membre du Bureau exécutif du MAS, ancien membre du Bureau national des Jongsocialisten et ancien secrétaire politique du SP à Grammont.

    PS: dissimuler le néolibéralisme derrière une rhétorique communautaire

    Les dirigeants du PS et du SP.a l’ont bien compris. Leur attitude dans la lutte contre le Pacte des Générations n’est pas près d’être oubliée. Le PS se traîne à 28% dans les sondages, loin en-dessous des 36% qu’il avait obtenus lors des élections de 2004. Depuis lors, le parti est aux prises avec d’innombrables scandales et son plan Marshall pour relancer la Wallonie est très néolibéral. Si une nouvelle formation de gauche ne voit pas le jour d’urgence pour capter les suffrages des déçus, la Wallonie connaîtra un nouveau dimanche noir.

    Le PS en est conscient. Il tente de redorer son blason auprès des jeunes par une proposition de dépénalisation de l’usage du cannabis pour les plus de 16 ans ; il tente la même opération auprès des travailleurs par une proposition de loi visant à instaurer un représentation syndicale dans les PME de plus de 20 travailleurs. Fort bien. Mais le PS ne fait rien pour créer un rapport de force pour faire aboutir ces propositions. Va-t-il en faire une question de gouvernement? Chiche !

    Une fois que ces effets d’annonce se seront dissipés, le PS va sans doute tenter de rééditer le tour de force de 1987 en profilant le PS comme le défenseur des francophones face à l’agressivité flamande. Il va se retrancher derrière la soif de nouvelles compétences des politiciens flamands pour cacher sa responsabilité dans la politique néolibérale de régression sociale.

    SP.a : le populisme ne paie pas

    Les dirigeants du SP.a n’en mènent pas large. Ils se sont profilés ces dernières années comme des bûcheurs de dossiers et comme les principaux auteurs de la politique néolibérale de régression sociale. Jadis le populisme de Stevaert pouvait encore faire illusion, avec sa politique de gratuité et ses sorties médiatiques. Stevaert, patron d’une chaîne de cafés, savait s’y prendre pour plaire aux travailleurs et à leurs familles.

    La seule sortie dont le nouveau président du SP.a et ancien vice-premier ministre a été capable – «qui tourne le dos au SP.a lorgne vers la droite» – était une injure à l’adresse de la base de la FGTB. Une tentative de sa collègue Freya Vanden Bossche de se profiler comme celle qui allait faire payer le secteur pétrolier s’est soldée par un fiasco. Cela lui a valu de faire la une de l’hebdomadaire Knack qui a titré « Qui a encore confiance en Freya ? »

    Le professeur Vande Lanotte n’est pas un patron de café. Sa sortie populiste – réduire de moitié les effectifs de l’armée – a eu l’effet inverse. Les pacifistes et les antimilitaristes se souviennent du plaidoyer du SP.a pour la Constitution européenne qui prévoit justement d’augmenter les dépenses militaires. En outre, Vande Lanotte a réussi à inquiéter 40.000 familles de militaires qui voient leur sécurité d’emploi menacée sans qu’une alternative ne leur soit proposée. La nouvelle déclaration de principes du SP.a ressemble à un livre de recettes néolibérales qui n’a rien à envier au Manifeste du Citoyen de Verhofstadt.

    Le SP.a a perdu sa base active

    Voilà 10 ans que les prédécesseurs du MAS ont cessé de travailler dans le SP afin de construire une organisation indépendante. Le SP tournait alors déjà le dos à une partie importante de sa base traditionnelle. Le travail de quartier, les fêtes du parti, les maisons du peuple et une riche vie associative ont été remplacés par des campagnes publicitaires et des bals de gala où les militants n’avaient plus leur place. Les travailleurs en action se heurtaient frontalement au SP. Les habitants des quartiers s’en détournaient à cause de sa politique de rénovation urbaine taillée sur mesure pour les bien nantis. Le SP n’était plus le parti des travailleurs et de leurs familles. Si les prédécesseurs du MAS avaient continué à travailler au sein du SP, nous aurions été réduits à l’impuissance comme ce qui reste de la gauche au sein du SP.a.

    Nombre de travailleurs ont quitté le PS et le SP. D’autres, surtout des syndicalistes, leur sont restés fidèles à contre-coeur par manque d’une alternative large et suffisamment implantée, avec l’espoir de contrer la droite. Le fait que même un secrétaire national de la FGTB comme Verboven soit maintenant obligé de remettre prudemment en question les liens avec le SP.a démontre que ce parti est en train de perdre ce qui lui reste de crédit. Au lieu de contrer la droite, le PS et le SP.a sont en effet devenus les instruments par excellence pour faire avaler la politique d’austérité néolibérale aux travailleurs. Celui qui pense pouvoir détourner le paquebot PS de sa route vient 20 ans trop tard.

  • Vlaams Belang : une piscine qui en dit long

    Le Vlaams Belang essaie de se présenter comme un parti qui sait ce qu’est la vie des travailleurs et qui défend fermement ceux-ci. C’est pourquoi il a été particulièrement drôle de voir une des nouvelles dirigeantes du Vlaams Belang épinglée par la presse pour s’être conduite avec les manières élitistes d’une grande bourgeoise du 19e siècle.

    Peter Delsing

    Déjà remarquée il y a quelque temps pour sa rencontre avec un négationiste connu, Marie-Rose Morel a à nouveau fait parler d’elle. Mais, cette fois-ci, c’est parce qu’elle avait commencé à construire, sans avoir demandé les autorisations nécessaires, une piscine privée dans le jardin de sa villa… qui a coûté la bagatelle de 1 million d’euros !

    Morel avait déménagé à Schoten (près d’Anvers) pour être la candidate principale du parti pour les éléctions communales. Comment quelqu’un qui vit dans un tel luxe pourrait-il savoir ce que sont les problèmes des travailleurs et de leurs familles? Ce n’est pas une coïncidence si le Vlaams Belang soutient une politique extrêmement néolibérale. Beaucoup de ses politiciens ont déjà le mode de vie d’un patron ou un manager. Ou ils sont carrément des patrons eux-mêmes, comme Freddy Van Gaever, parlementaire du VB qui est un patron… en faillite.

  • Ville d’Anvers: arbitraire total et politique illégale

    Blokbuster (la campagne anti-fasciste du MAS/LSP en Flandre) a déposé une plainte auprès du tribunal de police d’Anvers contre une sanction administrative imposée à l’éditeur responsable des affiches de Blokbuster. Ces affiches ont été collées sauvagement à Deurne par des inconnus, suite à quoi la ville a imposé une amende administrative à l’éditeur responsable.

    Geert Cool

    François Bliki est poursuivi pour violation du réglement de police qui prévoit une interdiction du collage sauvage. Mais il n’était pas l’auteur des collages de Deurne.

    Il n’existe aucune indication allant dans cette direction, mais une amende administrative de 60 euros a quand même été imposée, sans aucune base juridique.

    Rendre civilement responsable l’éditeur responsable est une chose absurde. Si demain un inconnu publie des affiches avec dessus le nom et l’adresse de Grootjans (l’échevin de la sécurité) comme éditeur responsable et que cet inconnu colle ces affiches… qui paiera l’amende administrative si le colleur inconnu n’est pas intercepté?

    Autre exemple. Un navetteur achète un journal et après l’avoir lu, le jette par terre: du déversement clandestin donc. S’il n’est pas attrapé, l’éditeur responsable est-il passible d’être poursuivi?

    Les maisons d’édition apprécieraient… De même que les éditeurs des campagnes publicitaires de la Ville d’Anvers, pour citer un autre exemple.

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