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  • [video] Interview de Jagadish (New Socialist Alternative) sur la situation en Inde

    Lors de la réunion du Comité Exécutif International du Comité pour une Internationale Ouvrière, nous avons discuté avec Jagadish, de notre organisation-soeur en Inde. Cette interview est intéressante pour avoir une meilleure compréhension du contexte de la situation actuelle en Inde. L’interview a été réalisée avant les évènements de Mumbai.

  • [video] Interview de Joe Higgins (Socialist Party, Irlande)

    Lors de la réunion du Comité Exécutif International du Comité pour une Internationale Ouvrièrew qui s’est tenue fin novembre, nous avons parlé avec Joe Higgins, ancien parlementaire du Socialist Party, au sujet de la situation politique en Irlande. Ce pays a été durement frappé par la récession économique. Des milliers d’emploi ont été perdus et le rêve du "Tigre Celtique" a disparu.

  • Manifestation de la confédération européenne des syndicats à Strasbourg – Reportage photo

    Ce mardi 16/12, bravant le froid piquant de Strasbourg, ce sont plus de 10.000 syndicalistes venant de toute l’Europe qui ont manifesté contre une directive européenne qui prévoit de rallonger le temps de travail hebdomadaire. Le texte, qui résume les discussions menées entre les Etats membres de l’UE, vise à rallonger la durée hebdomadaire maximale de travail en Europe à 65 heures, contre 48 à l’heure actuelle…

    Karim, délégué CGSP

  • Manifestation de la confédération européenne des syndicats à Strasbourg

    Ce mardi 16/12, bravant le froid piquant de Strasbourg, ce sont plus de 10.000 syndicalistes venant de toute l’Europe qui ont manifesté contre une directive européenne qui prévoit de rallonger le temps de travail hebdomadaire. Le texte, qui résume les discussions menées entre les Etats membres de l’UE, vise à rallonger la durée hebdomadaire maximale de travail en Europe à 65 heures, contre 48 à l’heure actuelle…

    Karim, délégué CGSP

    Les dirigeants des différents pays européens s’étaient aussi mis d’accord pour redéfinir le concept de «gardes » de diverses professions (pompiers, infirmières, médecins,…). L’idée est de considérer que les gardes pendant lesquelles le travailleur n’est pas appelé seraient considérées comme des «périodes de garde inactives» qui ne seront alors plus comptabilisées comme du temps de travail.

    Cinq cars de la FGTB et 2 de la CSC ont participé à la manifestation qui a débuté vers 14h. Des délégations françaises (CGT), allemandes (IGM, Verdi,…), portugaises (UGT), polonaises (Solidarnosc),…étaient présentes en nombre. Les manifestants ont défilé dans les rues de Strasbourg en direction du Parlement Européen.

    La manif s’est terminée avec des speeches des différents dirigeants de la Confédération Européenne des Syndicats. A nouveau, il est à regretter qu’aucun mot d’ordre clair n’ait été mis en avant et que la lutte entamée aujourd’hui contre cette directive n’a pas été liée aux différentes autres luttes que mènent les travailleurs dans leur pays contre la politique néolibérale de l’UE. Les discours étaient creux et sans aucune perspective. Les travailleurs font face à de vicieuses et agressives attaques du patronat ces dernières années, mais la CES ne semble pas prête à organiser une lutte d’ampleur au niveau européen.

    Die Linke, la nouvelle formation de gauche allemande, était présente au sein des délégations allemandes, essentiellement dans le cortège de Verdi. Pas mal de jeunes membres de Die Linke avaient fait le déplacement. Pour les formations politiques françaises, l’intervention était très faible. Quelques militants du PCF et du PS déambulaient autour du cortège. Le NPA était présent avec 5 membres qui n’avaient aucun matériel en leur possession excepté quelques pancartes. C’est en fait le Parti de Gauche qui a eu la meilleure intervention avec de nombreuses affiches le long du parcours, des militants qui distribuaient un tract.

    Camarades, cette nouvelle manifestation a redémontré deux choses très importantes :

    • Les travailleurs et les délégués combattifs veulent lutter contre les attaques antisociales mais il leur manque un plan d’action au niveau national et européen. Face à la directive proposée par l’UE, la CES devrait mettre en avant des revendications offensives qui pourraient unifier les travailleurs tel que ‘32h par semaine, sans perte de salaire et avec embauches compensatoires’ ! Car c’est uniquement comme ça que l’on améliorera nos conditions de travail et trouveront une solution efficace face au chômage galopant.
    • Les travailleurs ont aussi urgemment besoin d’un outil politique, d’un parti qui sera prêt à mener la bataille au sein des syndicats pour organiser la lutte autour de telles revendications!

    Si vous voulez discuter avec nous de tout ça, contactez-nous !!

  • Suède : La nationalisation de l’industrie automobile est maintenant un vif sujet de débats

    La campagne du Rättvisepartiet Socialisterna montre la voie

    Tandis qu’un tsunami de fermetures et de licenciements de masse ébranle la Suède, la décision des deux constructeurs automobiles Ford et General Motors de vendre leurs entreprises suédoises (Volvo et Saab) au plus offrant a choqué les travailleurs, et provoqué un débat soudain sur le besoin de nationaliser l’industrie automobile.

    Arne Johansson, Rättvisepartiet Socialisterna (COI-Suède)

    Les acquisitions de Volvo Cars par Ford en 1999 et de Saab en GM en 2000 sont maintenant généralement perçues comme deux catastrophes majeures pour la plus importante des industries manufacturières suédoise. Maintenant, la décision de se débarrasser de leurs compagnies suédoises à l’agonie va être une précondition pour Ford et GM s’ils veulent recevoir l’argent du Congrès ou du gouvernement américain afin de les sortir de leurs propres faillites imminentes.

    Les effets combinés de la crise du capitalisme mondial financier, de la surcapacité de l’industrie automobile mondiale et de la crise énergétique et écologique ont produit une crise dramatique de la propriété capitaliste. Puisqu’il ne se trouve pas d’acheteurs intéressés avec la capacité et la volonté d’accomplir les investissements massifs requis pour les producteurs suédois, leur propre survie est maintenant en jeu – y compris celle de la pyramide de sous-traitants qui sont les principaux fournisseurs des gros producteurs de camions que sont AB Volvo et Scania.

    Il y a encore quelques semaines, le Rättvisepartiet Socialisterna (RS, Parti de la Résistance Socialiste, CIO-Suède) était la seule organisation demandant la nationalisation de Volvo et Saab de manière explicite. Mais cette revendication a tout d’un coup explosé pour émerger sous la forme d’un débat politique crucial.

    Sans une intervention majeure de l’Etat, il est maintenant possible que l’entièreté de l’industrie automobile suédoise disparaisse complètement dans le futur proche. Cela implique 140.000 travailleurs (2% de la population suédoise en âge de travailler), qui ont produit l’an dernier un sixième de la valeur des exportations suédoises. Ceci aurait des conséquences catastrophiques : cela déclencherait une vague de chômage de masse qui provoquerait à son tour une dépression profonde et de longue durée, achevant ainsi ce qui reste de l’ « Etat providence » déjà à l’agonie.

    Selon un nouveau sondage ordonné par Sveriges Ingenjörer (Ingénieurs de Suède, le syndicat des ingénieurs), 68% des Suédois seraient en faveur d’un plan d’urgence de nationalisation (« étatisation » en suédois) de Volvo, même si ce doit être une mesure temporaire. Ceci représente néanmoins une hausse soudaine de la conscience quant à la profondeur de la crise capitaliste, aussi bien qu’un virage extrême quant à la manière de considérer la propriété publique.

    Rolf Wolff, qui est le chef du Handelshögskolan à Götenborg (une importante université de commerce), a, dans un article paru le 27 novembre dans le journal économique Dagens Industri (Industrie au Quotidien), parlé du fait que les périodes de crise sont aussi des «périodes d’opportunités, des moments pour repenser et penser différemment». Il a poursuivi en disant que «Tandis que les USA, le pays qui a été la machine idéologique qui a lancé le néolibéralisme, avec en tête l’échelle et les valeurs boursières, vont vers la nationalisation des compagnies de prêts hypothécaires, des banques et des compagnies d’assurance pour les sauver, nous autres, en Suède, continuons à refuser de discuter la survie future des plus importantes de nos industries».

    Mais le débat a maintenant explosé au cours des dernières semaines. Parmi ceux qui ont aussi défendu la nécessité d’une solution étatique, se trouvent Hans-Olov Olsson, ex-PDG de Volvo Cars, ainsi que Bo Elkman, un autre ancien patron de Volvo, qui suggèrent que le gouvernement devrait racheter Volvo, de même que Saab, pour «une couronne ou deux». Le syndicat des Ingénieurs suédois, l’Unionen (le syndicat des employés) et IF Metall (le syndicat des métallos) clament tous fortement que la fin de l’industrie automobile signifierait la perte définitive d’un savoir-faire industriel crucial pour la Suède. Ils militent également en faveur d’une intervention majeure de la part de l’Etat, y compris d’une phase de propriété étatique au moins temporaire – partielle si des investisseurs capitalistes sont prêts à participer aux côtés du gouvernement – avec une proposition d’organiser un rachat coordonnés par les fonds de pension de l’Etat et des capitalistes suédois.

    Selon le Financiel Times, GM et Ford ont demandé des prêts pour leurs entreprises suédoises, afin de rehausser leurs valeurs avant de les vendre. Mais les emprunts d’Etat, de même que le soutien de l’Etat à la recherche et au développement sans propriété ne font qu’améliorer le prix que recevront Ford et GM s’ils parviennent à vendre – sans aucune garantie pour la survie future de l’entreprise et pour les salariés.

    Confronté à cette situation, le gouvernement de droite et son Ministre de l’Industrie, Maud Olofsson, ne font pour l’instant que répéter, tels des perroquets, que «Nous (c-à-d, l’Etat) devrions posséder moins d’entreprises», que «L’Etat n’est pas un meilleur propriétaire que l’industrie automobile internationale», et que l’argent des contribuables et des pensionnés ne doit pas être risqué. A la question de savoir ce qu’il arriverait aux contributions et aux pensions si l’industrie automobile devait couler, ils n’ont, bien entendu, aucune réponse.

    Rolf Wolff, dans une interview accordé à un journal de Götenborg, a critiqué ce genre d’arguments, ajoutant qu’un prix d’un dollar pourrait bien être assez pour Volvo Cars (le coût serait de devoir accomplir les investissements requis). Dans une polémique contre des professionnels de la finance et des consultants en gestion qui «ont fait des profits énormes en dupant des gouvernements», il affirme que «Si l’Etat peut posséder des banques et des compagnies énergétiques, il peut posséder des entreprises automobiles… Aucune recherche économique n’a jamais obtenu des résultats permettant de prouver que l’Etat serait en soi un mauvais gérant».

    La campagne du Rättvisepartiet Socialisterna

    Les membres de RS ont milité en faveur d’une campagne syndicale massive pour la fin des fermetures et des licenciements, pour des programmes de recherche et d’éducation, pour une semaine de travail plus courte, et pour la nationalisation de l’industrie automobile. Quelques semaines plus tôt, des travailleurs de l’automobile à Götenborg qui venaient de se faire licencier ont obtenu une couverture médiatique nationale au journal télévisé, pour une première petite manifestation de 130 personnes, qui reprenait les mêmes revendications. Maintenant, ils ont obtenu les signatures de centaines de travailleurs de l’automobile.

    Le premier choc a aussi donné lieu à plus de manifestations. Il y a quelques semaines, une manifestation forte de 1.000 travailleurs a été organisée par la centrale syndicale métallurgique locale de Volvo Trucks à Umeå, afin de demander l’interdiction de licenciement pour deux ans, des lois visant à une meilleure protection du travail, un jour de travail plus court, etc. Dans un discours à la fin de la manifestation, ceci était relié à la revendication d’une campagne nationale pour considérer la prise en charge des banques et des principales entreprises.

    RS se réjouit du fait que la question de la propriété de l’industrie ait été soulevée en tant que point urgent. Il est maintenant nécessaire de militer en faveur d’une mobilisation syndicale massive et nationale afin de défendre les emplois, le bien-être social et la protection de l’environnement – reliée à la nationalisation d’urgence de l’industrie automobile toute entière. Un dollar semble être un prix raisonnable.

    Bien sûr, cela ne devrait pas être une mesure temporaire, mais devrait être considéré comme une mesure stratégique sur le long terme afin de non seulement protéger les emplois, mais également d’accomplir la transformation écologique nécessaire de l’ensemble du secteur du transport, en plus de rompre avec le capitalisme.

    La transformation nécessaire du secteur des transports ne peut être accomplie sur base des profits capitalistes. Celle-ci requérrait des investissements étatiques massifs dans la production de modèles de voitures non-polluantes, en plus d’un revirement majeur en faveur des systèmes de transport en commun – des trains à grande vitesse qui remplaceront les vols domestiques et continentaux, des lignes de bus confortables et gratuites qui remplaceront l’absurde trafic automobile. Il serait également assez possible d’utiliser les ressources de l’industrie automobile afin de développer l’énergie éolienne et marémotrice, etc.

    Pendant leur temps libre et ce, à titre bénévole, plus de cent ingénieurs de Volvo Cars ont déjà développé une centaine de propositions de voitures vertes, dont 13 ont été transférées au département recherche et développement de l’entreprise. Pendant longtemps, il y a eu de vives critiques par rapport à la mauvaise gestion de leur entreprise par les gérants de Ford et de GM, qui ont activement bloqué toute proposition visant à développer des voitures non-polluantes et à consommation minimale. Ces arguments sont parfaits pour montrer la nécessité d’accomplir la nationalisation sous le contrôle des travailleurs, en cogestion avec un futur gouvernement socialiste.

    RS/Offensiv se réjouit de la remise en question de la propriété des banques et de l’industrie automobile. Mais la crise de la propriété va bien plus loin que cela et parcourt toutes les grandes entreprises, dont les propriétaires font maintenant la preuve de leur plus profond mépris vis-à-vis de leurs salariés, avec des licenciements de masse, déjà alors que nous ne sommes qu’au tout début de la crise. Il y a un arrêt quasi total de l’activité dans le secteur du bâtiment, en dépit du besoin pressant de construire des maisons et de rénover des centaines de milliers de logements sociaux construits dans les années 60 et 70, et de ce faire d’une manière qui permette à la fois d’économiser de l’énergie, et de fournir un logement qui soit à la portée des jeunes et des travailleurs.

    Revendications

    Le temps est venu pour les travailleurs et les socialistes d’exiger une campagne syndicale massive pour les emplois, le bien-être social et le climat – reliée à la revendication de la nationalisation urgente des banques et de l’industrie automobile, sous le contrôle des travailleurs. Ceci signifierait également des revendications concrètes en terme de lois du travail permettant le veto par rapport aux licenciements, une semaine de travail plus courte, une hausse des allocations sociales, de meilleurs services publics (enseignement, santé, prise en charge des enfants et des personnes âgées, etc.), et un programme massif d’investissements publics afin de sauver l’environnement.


    Post Scritpum du 16 décembre :

    Depuis que cet article a été écrit, le gouvernement suédois a présenté un plan de crise pour le secteur automobile d’une valeur de 28 milliards de couronnes (2,5 milliards d’euro), basé sur des garanties d’emprunt et un soutien étatique pour une nouvelle compagnie de recherche et développement automobile, à charge de l’Etat, et qui soutiendrait les entreprises automobiles privées. Ceci a joué en défaveur des propositions plus radicales, et n’aura de bénéfices que pour une durée très limitée. Toutefois, l’Unionen, le syndicat des employés, a amené la revendication d’une fusion de Volvo et Saab en une seule entreprise avec un nouveau propriétaire – quelque chose qui semble très difficilement réalisable sans nationalisation.

  • Kazakhstan: Appel à la solidarité : protestons contre l’arrestation de Ainur Kurmanov

    Un membre du CIO attaqué par la police et arrêté

    Mercredi 17 décembre, dans la Cour Régionale Spéciale de Almaty (la plus grande ville du Kazakhstan, avec 1 300 000 habitants), le Juge Turgumbayev a une fois de plus condamné Ainur Kurmanov (membre de "Résistance Socialiste" – section du CIO au Kazakhstan) à 15 jours d’ « arrestation administrative ». Ceci signifie qu’il sera enfermé jusqu’après le Nouvel An.

    Yuri Milchevskii, Socialist Resistance (CIO-Kazakhstan)

    Au cours d’un meeting sur la Place Neuve de Almaty, organisé par des personnes qui ont perdu leurs économies et dont les hypothèques ont été annulées à cause de la crise économique qui s’aggrave au Kazakhstan, Ainur a été vicieusement attaqué par une brigade spéciale de la police, organisée pour casser toute manifestation pacifique dès qu’elle apparaît. Les policiers ont brisé ses lunettes, l’ont frappé aux jambes, et ont tenté de l’arrêter sur le champ, mais ont dû se replier grâce à la résistance des autres manifestants qui ont bondi à la rescousse d’Ainur.

    Après qu’Ainur ait calmé les manifestants et que ceux-ci soient rentrés chez eux, la police a honteusement profité de cet instant pour arrêter Ainur et l’emmener au poste de police de Bostandytskoye où, sans lui donner aucune explication, il a été détenu de 11 h du matin jusqu’au soir. Il a fallu tout ce temps à la police pour organiser vite fait un tribunal et un « jugement ». Aucune preuve n’a été fournie par la police, qui a présenté de faux témoins, et l’avocat d’Ainur s’est vu refuser l’accès au tribunal.

    Effrayés par un jugement honnête et ouvert, les autorités municipales, d’une manière couarde et cachée, ont une fois de plus enfermé ce combattant pour la cause ouvrière, sans aucune considération pour les lois pourtant déjà injustes en vigueur au Kazakhstan.

    Ainur sera en prison jusqu’au Nouvel An, et aura besoin d’un soutien moral et d’informations.

    Nous vous prions d’envoyer des protestations urgentes demandant la relaxation immédiate d’Ainur, aux adresses suivantes :

    • Le Procureur d’Almaty : gp-rk@mail.online.kz
    • L’ambassade du Kazakhstan (Belgique : kazakstan.embassy@swing.be ; France : nfo@amb-kazakhstan.fr)

    Sans oublier d’envoyer une copie de vos lettres de protestations, ainsi que des messages de soutien, à l’adresse : bolshevik1917@list.ru

  • Quel avenir pour le secteur automobile américain ?

    Aux Etats-Unis, un plan de sauvetage d’un montant de 15 milliards de dollars a été approuvé pour le secteur de l’automobile. Des entreprises telles que General Motors, Chrysler et Ford menacent de tomber en faillite. La vente d’automobiles a fortement chuté aux USA ; des entreprises comme GM vendent moitié-moins que l’année dernière. En outre, les conséquences de la crise du crédit se font aussi fortement ressentir. Les démocrates songent à couronner un néolibéral pur et dur en tant que tsar de l’automobile.

    Contrôle néolibéral ?

    Nancy Pelosi (présidente de la fraction démocrate au parlement américain) a affirmé que le banquier Paul Volcker, âgé de 81 ans, serait le candidat idéal pour prendre la responsabilité du plan de sauvetage du secteur automobile. Actuellement, Volcker est le conseiller économique du président nouvellement élu, Obama. Entre 1979 et 1987, Volcker a été président de la Federal Reserve (la Fed); la banque centrale américaine.

    En tant que président de la Fed, Volcker était partisan de la ligne néolibérale dure. Il a expliqué par après que la défaite de la grève des aiguilleurs du ciel en 1981 a constitué «l’acte individuel le plus important du gouvernement dans sa lutte contre l’inflation». En 1981, le personnel du trafic aérien américain est entré en grève pour se battre pour de meilleures conditions de travail et pour une semaine de 32 heures. De ce fait, l’interdiction de grève dans le secteur public avait été enfreinte. Le président Ronald Reagan savait que des remplaçants étaient formés en secret et il a donné l’ordre aux grévistes de reprendre le travail. 11.345 grévistes (sur les 15.000) ont été licenciés sur-le-champ. Le syndicat perdit sa reconnaissance. Cette grève symbolique a ensuite été utilisée pour justifier une politique néolibérale plus dure.

    A présent, Volcker devrait s’occuper du secteur automobile. Il devrait surveiller toutes les transactions importantes et pourrait fermer les robinets si les restructurations n’étaient pas suffisantes. En d’autres termes, si l’on ne licencie pas suffisamment de travailleurs, alors, les cadeaux de la collectivité aux entreprises prendront fin.

    Nationalisation…

    Une autre piste dans la discussion au sujet de l’avenir du secteur automobile est venue du réalisateur Michael Moore. Moore est originaire de la ville de Flint et, ces dernières années, il a vu disparaître le secteur automobile dans cette ville. Il a publié quelques diatribes sur le plan de sauvetage et a aussi formulé certaines alternatives.

    Le secteur automobile demande des milliards de dollars au gouvernement pour «assainir» la production. Michael Moore affirme avec raison que les moyens de la collectivité ne doivent pas être utilisés pour mettre des milliers d’américains à la rue. Moore : «s’ils reçoivent les milliards, ils promettent d’assainir 20.000 jobs. Vous lisez bien : on leur donne des milliards pour jeter des milliers d’américains à la rue. Ces idiots ne méritent pas un cent. Virez-les et reprenez cette industrie pour le bien des travailleurs, du pays et de la planète».

    Nous sommes tout à fait d’accord avec cela et pensons, tout comme Michael Moore, qu’il faut investir beaucoup plus dans la recherche pour des sources d’énergie alternatives et des voitures qui consomment moins d’énergie. Un plan public de travaux d’infrastructure et le développement de transports publics accessibles à tous ; voilà qui nous semble un emploi plus efficace des milliards qui seraient utilisés pour licencier des travailleurs.

    … sous le contrôle des travailleurs

    Seulement, Michael Moore reste assez superficiel lorsqu’il s’agit de la reprise des entreprises automobiles par la collectivité. Il suggère qu’il suffirait que le gouvernement rachète des parts dans les sociétés. Ensuite, il veut qu’un certain nombre d’experts en transport soient engagés pour diriger les entreprises. Nous ne sommes pas d’accord ; nous pensons que c’est une nationalisation sous le contrôle des travailleurs qui est nécessaire. Pourquoi chercher des experts extérieurs alors que les gens qui y travaillent quotidiennement ont une très grande expérience ?

    La collectivité doit prendre le contrôle sur les secteurs-clés de l’économie. Cela est vraiment une meilleure option que de laisser piller les biens de la collectivité pour mettre en sécurité les profits d’un petit groupe de super riches.

  • Parachutes dorés et gros salaires

    Les énormes salaires et les parachutes dorés perçus par les topmanagers ont provoqué un fameux raffut ces dernières semaines. L’indignation devenait tellement forte qu’il fallait faire quelque chose.

    Par Karel (Bruges)

    Au début, le gouvernement a demandé aux patrons de « s’auto-limiter » et de réduire volontairement leurs indemnités de départ. Mais, comme la bonne volonté n’était pas au rendez-vous et que les choses tardaient, le gouvernement a pris la décision de limiter juridiquement la compensation à 12 mois de salaire.

    La version la plus récente du Code Lippens, le code belge de gouvernance d’entreprise, qui devrait paraître début 2009, prévoyait un maximum de 18 mois. Mais il est clair que c’était encore trop au vu du tollé provoqué dans la population par les parachutes dorés qui ont accompagné les nettoyages chez Fortis et Dexia.

    Il est d’ailleurs assez embarrassant de voir que le cadre qui décrit comment les cadres supérieurs et les administrateurs d’entreprises doivent se comporter a été rédigé par quelqu’un qui est en partie responsable de la disparition de Fortis, la plus grande entreprise privée du pays…

    Les restrictions légales sur les parachutes dorés sont évidemment des pas dans la bonne direction, mais elles ne doivent pas nous impressionner : un an de salaire pour quelqu’un qui gagne un million d’euros, c’est toujours un pactole dont les travailleurs ne peuvent même pas rêver.

    L’écart entre les salaires les plus élevés et les plus bas s’est fortement creusé au cours de ces dernières années. Après les attaques contre les plus bas salaires (à coup de temps partiels, chèques-services et autres contrats super-flexibles) et l’augmentation vertigineuse des gros salaires, l’exigence d’une réduction de la tension salariale est plus que nécessaire.

    La critique des parachutes dorés ne doit pas nous détourner du débat sur l’amélioration du pouvoir d’achat des millions de travailleurs de notre pays et la redistribution mondiale des richesses.

  • Nouveau livre: “Socialism and left unity” par Peter Taaffe

    Le nouveau livre «Socialism and left unity – A critique of the Socialist Workers Party» est un livre intéressant à plus d’un titre chez nous aussi, en illustrant les idées et la méthode de notre organisation. Ce livre écrit par le secrétaire général du Socialist Party (notre parti-frère en Angleterre et au Pays de Galles) prend base sur une polémique avec le SWP, une organisation qui se réclame également du trotskisme et qui n’est maintenant plus représentée en Belgique.

    Certains penseront peut-être qu’il vaut mieux ne pas entrer en confrontation avec un autre courant de gauche dans un livre qui traite justement de l’unité de la gauche. Cette opinion est une expression du besoin d’un prolongement politique pour le mouvement ouvrier et de l’idée que l’unité des formations de gauche existantes pourrait constituer une étape dans cette direction. Mais pour parvenir à une véritable unité, nous devons toutefois également examiner pourquoi des désaccords existent et quelles méthodes appliquent les différentes organisations. À défaut de quoi, un enthousiasme temporaire pour l’unité peut rapidement tourner en une plus grande désunion. Malheureusement, il y a beaucoup d’exemples de tentatives de construction d’une nouvelle formation qui n’ont pas finalement pas été jusqu’au résultat souhaité.

    Le livre de Peter Taaffe est aussi un ouvrage intéressant pour les militants de notre pays. En Belgique, il n’existe plus d’organisation-sœur du Socialist Workers Party britannique depuis qu’il y a un peu plus de dix ans, en 1997, l’organisation Socialisme International a été exclue du fonctionnement international du SWP parce qu’une majorité de ses membres avait refusé d’aller militer dans les rangs du PS. Différents militants de SI ont alors rejoint les rangs du MAS/LSP et ont joué, et jouent encore, un rôle dirigeant dans notre parti. Mais il pourtant intéressant de voir sous l’angle d’une confrontation d’idées comment fonctionne le centralisme démocratique dans notre internationale, le Comité pour une Internationale Ouvrière, et comment nous avons analysé la période des années ‘90.

    L’évaluation de la période des années ’90 est un désaccord important entre notre organisation et le SWP. A partir de l’idée que les Etats staliniens du Bloc de l’Est étaient du ‘capitalisme d’Etat’, le SWP a affirmé que la chute du stalinisme ne représentait pas spécialement une défaite pour le mouvement ouvrier. Cela devait au contraire mener à plus de possibilités pour le mouvement ouvrier et à plus de potentiel pour la gauche dans les années ‘90 comparé aux années ’80 et même aux années ‘70. Nous avons rejeté l’idée du ‘capitalisme d’Etat’ et avons défendu que les régimes du Bloc de l’Est étaient des Etats ouvriers bureaucratiquement dégénéré ou déformés. Nous avons bien entendu toujours rejeté l’élément dictatorial du stalinisme, mais il y avait il y avait aussi des éléments progressifs dans l’économie planifiée. Cela a été particulièrement visible et clair après la chute du Bloc de l’Est et la chute fulgurante du niveau de vie pour la majorité de la population.

    Peter Taaffe parle dans son livre de l’inconséquence historique des conceptions du SWP. Alors que cette organisation a sauté dans un soutien sans aucune critique d’Ho Chi Minh au Viêt-nam, elle avait un avis fort différent face à la Corée du Nord. Aucune déclaration théorique n’a jamais expliqué cette approche différente, et la raison pour laquelle le SWP a crié lors de manifestations des slogans favorables à un dirigeant ‘capitaliste d’Etat’ comme Ho Chi Minh reste inexpliquée. Cette approche du (précurseur du) SWP était purement un moyen de surfer sur l’opinion publique parmi les étudiants.

    La définition des régimes du Bloc de l’Est comme du ‘capitalisme d’Etat’ a bien entendu aussi eu des conséquences extrêmes au moment de la chute de ces régimes. Que signifiait cette chute du stalinisme pour la conscience et les possibilités pour la gauche ? Le SWP a affirmé que la chute du stalinisme ne minerait pas les possibilités pour la gauche en déclarant aussi que les années ‘90 pouvaient être considérées comme «des années ‘30 plus lentes». La défaite pour le mouvement ouvrier représentée par la chute du stalinisme (c’est-à-dire par la disparition des éléments progressifs dans ces régimes et par l’offensive idéologique de la bourgeoisie) a eu des conséquences extrêmes et a nécessité une adaptation des méthodes des marxistes pour faire face aux nouvelles conditions. Peter Taaffe se réfère alors à une expression de Trotsky à propos d’une estimation incorrecte d’une période ; Trotsky a comparé cela à un fou qui chante un chant d’anniversaire à un enterrement et vice-versa. Cela peut s’appliquer au SWP face à la période des années ‘90, une période erronément présentée comme une ère de radicalisation et de possibilités pour la gauche révolutionnaire.

    Cette évaluation a mené à une approche très propagandiste et optimiste de la part du SWP dans cette période. Cela a indubitablement mené à court terme à un certain nombre de succès, mais cela a continuellement plus poussé le SWP dans des problèmes à plus long terme. Cela apparaît aussi avec la crise que traverse maintenant cette formation en Grande-Bretagne. L’évaluation fausse de la période des années ’90 pour la gauche a aussi mené à une approche optimiste en matière d’unité de gauche et le SWP a voulu beaucoup trop vite centraliser ces initiatives (de préférence sous son propre contrôle). Dans le livre Socialism and left unity, il est aussi question de la manière dont le SWP est intervenu dans le mouvement anti-globalisation et dans le mouvement anti-guerre avec une approche et un contenu minimaliste. D’autres critiques intéressantes sont aussi évoquées dans d’autres domaines de fonctionnement comme le travail syndical. Il est frappant de voir comment cette organisation a assez facilement changé d’avis et d’approche sans une seule déclaration pour expliquer quoi que ce soit. Aucune évaluation n’est faite des erreurs passées, une nouvelle orientation arrive simplement sans aucune discussion.

    Cela révèle un deuxième problème, celui du fonctionnement interne et de l’aspect démocratique du centralisme démocratique. En opposition au Comité pour une Internationale Ouvrière, l’IST (la tendance internationale autour du SWP) n’a pas d’organe international démocratiquement élu et c’est du dessus que les décisions sont prises sur la manière de fonctionner. L’ancienne section belge de l’IST l’a vécu fin des années ’90 quand un appel est venu de Londres pour fonctionner au sein du PS. Les membres ont refusé d’appliquer cela et la section belge de l’IST a été tout simplement exclue. Notre internationale, le CIO, a peu d’expérience avec les exclusions. Cela n’est arrivé que deux fois au cours des dernières années et il s’agissait à chaque fois de mesures disciplinaires (en 1998, le Labour Party Pakistan a été exclu pour avoir abusé des moyens financiers des ONG et la direction de notre section ukrainienne a été exclue il y a quelques années pour cause de fraude).

    Peter Taaffe donne avec ce livre une parfaite image de notre évaluation des années ’90, de notre attitude face à la question de l’unité de la gauche dans le contexte britannique mais aussi au sujet à l’intérieur de Die Linke en Allemagne et vis-à-vis de notre application du centralisme démocratique sur le plan international et national. Cela rend ce livre tout aussi intéressant pour les marxistes qui ne sont pas directement confrontés au fonctionnement du SWP.


    “Socialism and leftwing unity – A critique of the Socialist Workers Party”, 100 pages, 7,5 euros, disponible en anglais uniquement. Vous pouvez passer commande via redaction@lsp-mas.be ou via le n° 02/345.61.81.

  • Occupation d’usine à Chicago

    Un exemple militant de la voie à suivre pour le mouvement ouvrier

    L’après-midi du vendredi 5 décembre, les 260 ouvriers de l’usine Chicago’s Republic Window and Door ont été mis au courant de la fermeture de l’usine et de leur licenciement. Les arriérés de retard en salaire et en vacance s’élèvent à approximativement 1.5 million de dollars. Il y a même des rumeurs selon lesquelles leurs chèques de paie les plus récents ont été refusés. Joyeux Noël.

    Will Soto, Socalist Alternative (CIO-USA)

    Il ne semble pas que la compagnie se soit totalement effondrée. Les travailleurs pensent plutôt que la compagnie essaye de déplacer la production vers un autre Etat où les salaires sont inférieurs.

    L’entreprise pensait qu’elle avait juste à mettre tout le monde à la porte, sans prêter attention aux lois concernant les documents officiels ainsi qu’aux salaires et vacances en retard. Les travailleurs ont vu les choses différemment et ont occupé l’usine.

    Un sit-in a commencé l’après-midi du vendredi 5 décembre. La police est arrivée, mais est ensuite repartie sans tenter de forcer le passage. Les travailleurs sont très bien organisés et l’occupation semble fort disciplinée et coordonnée. Ils occupent l’usine vingt-quatre heures sur vingt-quatre avec trois équipes. Quelques travailleurs sont installés dans l’usine avec leurs familles.

    Tous les visiteurs sur le terrain de l’usine sont escortés et les travailleurs gardent un œil sur tout. La compagnie a déjà emballé et emporté certaines machines, mais les travailleurs savent où elles sont et ils vérifient les machines toutes les quelques heures. Beaucoup d’habitants de Chicago aident en faisant des donations d’argent, de nourriture et de sacs de couchage. Ils ont eu un meeting de plusieurs centaines de personnes à l’extérieur du bâtiment le samedi 6 décembre.

    Cette occupation d’usine est une cassure nette bienvenue dans la tendance aux fermetures et aux licenciements sans lutte. La compagnie déclare qu’elle ne peut pas se permettre de payer les travailleurs parce que la Bank of America ne prolongera pas le crédit. La Bank of América affirme que les dettes de la compagnie ne sont pas son problème. Les travailleurs éprouvent une colère justifiée contre la direction de l’usine et la banque. Cette même Bank of America fait partie des géants financiers qui ont fait la queue pour recevoir des milliards de dollars de renflouement de la part du gouvernement fédéral américain. Les travailleurs se demandent : où est notre renflouement ?

    Une action qui montre le chemin à suivre

    Il n’y a pas de question à avoir : cette étape courageusement franchie par ces travailleurs est un grand pas en avant. Ils méritent le soutien de tous les travailleurs et du mouvement ouvrier entier. Socialist Alternative (notre section-sœur aux Etats-Unis) salue ces travailleurs et soutient l’occupation. Ce pays n’a pas vu beaucoup d’occupations d’usines ce dernier demi-siècle. Il y a 70 ans, dans le Michigan, que l’United Auto Workers a lutté et remporté la grève de Flint de 1936-37. Après quarante jours de lutte amère, ils ont vaincu la compagnie et ont inspiré une vague d’occupation à travers le pays. Beaucoup de dirigeants de cette occupation connaissent certainement cette histoire et se préparent à la possibilité d’une longue occupation.

    Il est important de noter l’histoire unique du syndicat auquel ces travailleurs sont affiliés. L’United Electrical Workers est un syndicat indépendant sorti de la fédération syndicale du CIO (Congress of Industrials Organisations) et des traditions radicales du syndicalisme industriel des années ‘30. À la différence de certaines directions syndicales corrompues, ses représentants n’obtiennent pas de salaires exorbitants. Pendant les années ‘90, ils ont soutenu la création d’un parti des travailleurs indépendant. La devise du syndicat est «les membres dirigent ce syndicat.» Les travailleurs ont voté démocratiquement pour occuper l’usine.

    L’UE et le Conseil du Travail de Chicago doivent construire publiquement le soutien à cette grève de la part des travailleurs et des autres syndicats de la région de Chicago. Cette action héroïque par ces travailleurs pourrait être employée pour revitaliser le mouvement ouvrier à Chicago et pour établir une nouvelle tradition de militantisme parmi la classe ouvrière.

    Cette lutte sera une inspiration pour d’autres travailleurs sur la nécessité de lutter contre les assainissements et les licenciements. Le mouvement ouvrier doit combattre chaque licenciement et assainissement en expliquant que si la propriété publique peut être utilisée pour protéger les riches investisseurs, alors les travailleurs doivent bénéficier de ces mêmes politiques.

    Ces travailleurs sont unis et déterminés pour gagner tous ce qu’ils peuvent. La victoire est à peine garantie, mais les occupations d’usines sont une tactique éprouvée employée partout autour du monde par des travailleurs qui n’ont souvent aucun autre recours contre les licenciements et les fermetures. Mais de façon plus importante, les occupations d’usine affirment le droit des travailleurs à contrôler leur propre lieu de travail. Comme l’a dit un travailleur en plaisantant samedi : «nous avons beaucoup, nous avons le bâtiment entier.»

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