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  • Le régime issu du coup d’État recourt à la répression contre le retour du président Zelaya

    Pour que la lutte de masse renverse la dictature; pour que les politiques socialistes en finissent avec le règne des oligarques et de l’armée!

    Le président élu du Honduras, Manuel Zelaya, qui a été démis lors d’un coup d’état et exilé le 28 juin, est inopinément revenu dans la capitale du pays, Tegucigalpa, la nuit du 21 septembre. En soutient, une grande foule s’était rassemblée, pour une bonne part issue des secteurs ruraux pauvres, et ont entouré le bâtiment de l’ambassade brésilienne où Zelaya leur a adressé un discours. Cependant, pendant la nuit du 23 septembre, le régime issus du coup d’État a commis plusieurs actes de violence, y compris des tirs de balles en caoutchouc et des jets de gaz lacrymogènes, contre les milliers de partisans de Zelaya qui bordaient l’ambassade. De nombreuses personnes ont été blessée, et il y a eu deux décès.

    Niall Mulholland, Comité pour une Internationale Ouvrière

    Depuis le retour de Zelaya lundi dernier, le régime, dirigé par Roberto Micheletti, a décrété l’état d’urgence, suspendant ainsi le droit d’assemblée, et a donné consigne à tous les médias étrangers de quitter le secteur. Les aéroports civils sont tous sous contrôle militaire et les frontières sont fermées. La majeure partie du pays est à l’arrêt, avec des écoles et beaucoup d’entreprises fermées. On rapporte que l’armée entrave la circulation routière vers Tegucigalpa et l’alimentation d’électricité de la chaine 36 a été coupée pour empêcher le reportage sur le retour de Zelaya. On signale que des centaines de défenseurs de Zelaya ont été arrêtées et amenés au stade de Chochi Sosa. Cependant, en réponse à cette répression brutale, des rapports ont filtré malgré la pression du régime sur les médias, ceux-ci ont publié des reportages sur la réaction des masses qui agissent avec courage face à l’oppression, érigeant des barricades dans les quartiers de la classe ouvrière de Tegucigalpa et dans d’autres villes.

    Il s’agit de la troisième tentative de retour au Honduras depuis le coup d’État de juin. Jusque récemment, Zelaya était au Nicaragua. Son allié, le président vénézuélien, Hugo Chavez, a dit que Zelaya avait voyagé pendant deux jours par voie de terre, traversant fleuves et montagnes avec des partisans, atteignant par la suite Tegucigalpa. Le gouvernement brésilien a donné la permission à Zelaya de demander asile à leur ambassade. Le Nicaragua a été en état d’ébullition pendant les mois, qui ont suivi le coup d’État de juin, avec des protestations, des réunions et des grèves de masse menée par les travailleurs, les étudiants et les pauvres. Le régime autoritaire de Micheletti a sans doute pensé que leur coup d’État mettrait fin à l’administration de gauche et intimiderait les masses jusqu’à leur faire accepter le règne des grands propriétaires et des oligarques. Au lieu de cela, l’action de la contre-révolution a mis en branle les pauvres et les travailleurs, qui en ont assez des inégalités, du chômage et des problèmes sociaux énormes.

    La moitié de la population du Honduras vit sous le seuil de pauvreté et le taux de chômage officiel s’élève à 28%. Plus d’un million de personnes, sur une population de 7.8 millions, ont été forcées d’émigrer aux USA pour essayer et trouver le travail.

    Zelaya vire à gauche

     Zelaya, riche propriétaire foncier, a été élu comme président en 2005 comme représentant du parti libéral de centre-droit. Cependant, une fois au pouvoir, il a été mis sous pression par les masses de pauvres et de travailleurs et a effectué quelques réformes pour alléger la douleur des indigents, allant même jusqu’à allouer une augmentation de 60% du salaire minimum. En 2008, Zelaya a inclu le Honduras dans l’alliance régionale favorisée par le Venezuela, l’alternative de Bolivarienne des Amériques (ALBA) et a conclu un accord avec le Venezuela concernant l’importation de carburant, cassant ainsi le monopole des multinationales.

    Les politiques de Zelaya ont semé le désarroi au sein de la classe dirigeante hondurienne, qui a été longtemps liée aux intérêts d’impérialiste des USA. Dans les années ’80, le Honduras a été employé comme base de lancement pour le terroriste de droite et les Contras, soutenus par les États-Unis, qui ont combattu contre la révolution au Nicaragua. Dans toute l’histoire du pays, le peuple du Honduras a souffert de plusieurs coups militaires: la riche élite fait tout pour stopper n’importe quelle tentative de redistribution des richesses aux masses.

    C’est la tentative de changer la constitution qui a déclenché le coup d’État de juin (la constitution actuelle a été rédigée par un régime militaire de droite dans les années ’80), avec le renvoi du commandant de forces armées. Zelaya a déclaré qu’un référendum serait tenu le même jour que les élections du 29 novembre mais la court suprême, la droite (qui domine le congrès) et les militaires (qui ont la responsabilité d’organiser les élections au Honduras) se sont opposés au référendum. Comme Zelaya a persisté, l’aile droite l’a renversé.

    La classe dirigeante hondurienne a craint qu’aussi limitée soient elles, les réformes de Zelaya puissent constituer une menace pour leurs intérêts. L’idée d’une assemblée constituante pourrait réveiller la combattivité des masses pour qu’elles se mobilisent vers un changement social. Le coup d’État contre Zelaya a été formellement condamné par la plupart des pays latino-américains et l’administration d’Obama a émit des critiques prudentes, tout en évitant soigneusement une condamnation qui signifierait des sanctions contraignante contre le régime. En effet, il est probable que dans le complexe militaro-industriel américain, lié à Hillary Clinton, le secrétaire d’état des USA, on a pris connaissance du coup de Micheletti avant qu’il ne se déroule.

    Depuis juin, les pauvres et exploité du Honduras ont courageusement résisté au coup d’État. La direction la plus résolue dans le mouvement est venue du Front national de la résistance, qui a régulièrement organisé des actions de masse et tenu des assemblées de travailleurs et de pauvres. Le mouvement de résistance a appelé cette semaine à une manifestation énorme le 23 septembre pour protester contre le régime.

    Un point critique

    La situation au Honduras a atteint un point critique. Le retour de Zelaya a redynamisé les masses. Comment le régime réagira-t-il? Tandis que le gouvernement brésilien a averti le régime  que n’importe quelle tentative de donner l’assaut à son ambassade donnera la preuve de sa brutalité, on ne peut l’éliminer l’hypothèse que le régime pourrait essayer d’arrêter ou même de tuer Zelaya. Avec cela, en plus d’un contrôle militaire encore plus étroit dans le pays, le régime espère pouvoir mettre un terme à la révolte des masses. Un tel scénario serait mis en échec par les masses. Même si un écrasement des masses arrive, ce ne serait pas une victoire durable pour l’élite dirigeante, mais préparerait seulement une nouvelle période de soulèvement des masses.

    Le régime de Micheletti, cependant, craint le développement d’un mouvement de masse radicalisé d’opposition. Il y a aussi une pression énorme des USA et d’autres régimes latino-américains pour conclure un marché avec Zelaya. Jusqu’ici, Micheletti a mis de telles exigences sur table pour le retour de Zelaya au Honduras que cela rendait la chose inacceptable (Zelaya ne peut pas reprendre la présidence, Zelaya doit accepter les élections du 29 novembre organisées par le régime et Zelaya doit être jugé). Mais le régime de Micheletti, ou des éléments importants en son sein, sont préparés pour un accord avec Zelaya afin d’essayer d’endiguer la montée de l’opposition radicale qui pourrait menacer le régime entier et la classe dirigeante.

    Le 23 septembre, Micheletti a indiqué un changement de tactique, en déclarant qu’il était disposé à parler à Zelaya mais que Zelaya doit d’abord accepter que des élections présidentielles soient tenues en novembre.

    Concernant ses objectifs, Zelaya a fait des déclarations quelques peu contradictoires depuis son retour. Il a notamment dit aux foules en dehors de l’ambassade brésilienne qu’il «renverserait le gardien de dictature» (, 23/09/09) et il a repoussé la dernière offre de Micheletti, qu’il qualifie de "manipulation". Mais Zelaya a également déclaré qu’il était prêt «à lancer un grand dialogue» (EL Pais, 23/09/09).

    Les USA ont soutenu l’accord proposé par l’ancien Président du Costa Rica, Oscar Arias, qui verrait Zelaya retourner au palais présidentiel comme chef d’un gouvernement d’«unité et de réconciliation» qui impliquerait les protagonistes du coup d’État. Cet accord stipule que les personnes ayant pris part au coup d’État ne seraient pas poursuivies pour leur crime et Zelaya devraient cesser d’essayer de changer la constitution. Somme toute, l’accord proposé par Arias et ardemment soutenu par Hillary Clinton est une victoire pour les protagonistes du coup d’État.

    Pour les masses, il ne peut être en aucun cas question de négociations ou de compromission avec un régime illégal et brutal qui nie les droits de l’homme et qui fera tout pour s’assurer que le règne du grand capital continue aux dépens des travailleurs et des pauvres.

    La tâche principale pour les travailleurs, la jeunesse et les chômeurs est d’établir et développer la résistance de masse et les politiques indépendantes de la classe ouvrière. Les conditions de  pauvreté et d’inégalité ne seront pas changés par un gouvernement de d’unité nationale avec le régime de Micheletti, commandité par l’impérialisme américain et des puissances capitalistes régionales locales, impliquant probablement l’organisation des États américains et l’ONU. Il ne peut y avoir aucune unité avec la classe des capitalistes et des propriétaires et les intérêts impérialistes, qui sont diamétralement opposés aux intérêts de classe des masses honduriennes.

    Méthodes de lutte de classe de masse

     Pour renverser le régime et instaurer des réformes significatives pour les travailleurs et les pauvres il faut développer la résistance de masse mise en marche depuis le coup d’État de juin. Les masses ont montré leur courage et leur détermination dans le combat pour leurs droits démocratiques, y compris le droit de s’organiser et pour des syndicats indépendants. Réussir à renverser le régime et acquérir des droits démocratiques véritables et durables ainsi que des gains sociaux nécessite d’employer les méthodes de lutte de classe de masse, avec la classe ouvrière organisée comme avant-garde: avec la grève, des manifestations de masse et, finalement, un mouvement insurrectionnel qui sera à même de se débarrasser du régime et de l’oppression impérialiste. En tant qu’élément de ceci, le mouvement de résistance doit faire un appel de classe à la troupe des forces armées, issue des milieux pauvres du pays: ne tournez pas vos fusils contre vos frères et sœurs, vos pères et mères : rejoignez la lutte pour renverser l’oligarchie et la classe de dirigeante! Le mouvement doit se défendre, y compris de manière armée et sous contrôle démocratique, contre les attaques mortelles continues des forces paramilitaires.

    Le mouvement de masse doit également lancer un appel à la solidarité de classe vers ses frères et sœurs d’Amérique Centrale et dans l’ensemble des Amériques, y compris aux USA pour l’organisation d’actions syndicales afin d’aider à briser le régime de Micheletti.

    Les comités de base d’autres structures déjà installées par par le Front de la résistance doivent être développés aux niveau local, régional et national, et démocratiquement dirigés. Ces structures représentatives des masses, avec l’implication des communautés locales, des travailleurs, des syndicats, des jeunes, des étudiants et de la communauté au sens plus large, peuvent constituer la vraie base du pouvoir au Honduras et former la base d’un nouveau gouvernement national des travailleurs et des pauvres: pour une assemblée constituante révolutionnaire avec une aprésentation majoritaire des travailleurs et des pauvres!

    Un gouvernement national des travailleurs, armé de politiques socialistes, peut fondamentalement changer la situation au Honduras en plaçant la richesse du pays sous le contrôle et la gestion démocratique de la classe ouvrière. Ce serait une puissante attraction envers les masses d’Amérique, accélérant énormément le processus de radicalisation et la révolution déjà en jeu sur le continent.

  • TECTEO – 6 jours de grève au finish: Le préaccord est insuffisant. Il faut élargir le mouvement

    L’assemblée de lundi pourrait être décisive pour la suite du mouvement chez TECTEO. Le préaccord conclu entre les dirigeants de l’entreprise, de la CGSP liégeoise et du PS liégeois doit être présenté une deuxième fois aux travailleurs après avoir été rejeté vendredi. S’il marque un premier recul de la direction, ce préaccord est encore loin de répondre aux exigences des grévistes.

    Par Jean Peltier

    Où en est-on après six jours de grève au finish en front commun syndical (rappelons que la CSC avait déjà fait trois jours de grève la semaine précédente) ?

    La première chose qui frappe, c’est que le départ en grève a complètement changé le rapport de forces. Les diverses actions menées par la CSC d’abord, puis la CGSP, avaient permis de briser la chape de silence qui pesait sur ce qui se passe chez Tecteo. Mais, si la presse avait du faire écho à certaines de ces actions, les articles consacré à Tecteo se retrouvaient en bas de la page 12 des quotidiens et tous les politiciens étaient aux abonnés absents. Depuis une semaine, Tecteo fait les gros titres et la pression monte pour forcer la direction à négocier.

    Une stratégie syndicale basée sur les coupures…

    Au cœur du rapport de choses se trouve évidemment les coupures – non pas de courant électrique mais simplement de télédistribution et d’accès à internet. Des milliers de familles, mais aussi bon nombre d’administrations, ont été affectés par des « pannes » de durée variable. La multiplication de ces « pannes » a incontestablement fait monter la pression sur la direction et sur le monde politique (rappelons que Tecteo est une intercommunale publique dont les principaux actionnaires sont la province de Liège et les communes de la région) : des clients se désabonnent, l’image de la marque Tecteo-Voo en prend un coup, et celle de Moreau dans le PS et la région aussi,… Ces « pannes » ne sont pas des actions syndicales revendiquées mais il est clair que les syndicats ne s’y opposent pas. Comme l’a répété à plusieurs reprises Christine Planus, secrétaire syndicale de la CGSP-Tecteo «On fait grève et on voudrait que tout fonctionne normalement ? Hé bien, non. Quand les TEC font grève, il n’y a plus de bus. Quand c’est La Poste, le courrier n’est pas distribué. Chez nous aussi, il y a des désagréments. Mais contrairement à ce qui a été dit, CGSP et CSC ne cautionnent pas les coupures d’électricité».

    L’argument a du poids. Il est clair que l’absence de bus a un impact économique réel et qu’il ramène rapidement la direction des TEC à la table de négociations. Mais il tout aussi est clair que les grèves de bus tout comme les coupures de télédistribution et d’internet ne sont guère populaires dans la population. Mais faire de la suppression des services à la population le cœur d’une stratégie syndicale est dangereux. Parce que c’est une stratégie qui ne vise que le rapport de forces immédiat au sein de l’entreprise mais qu’elle isole les grévistes au sein de la population. Elle ne permet pas de développer une conscience de solidarité dans la population – et encore moins de créer un mouvement de soutien. Elle donne des excuses en or à la presse pour casser du sucre sur le dos des grévistes. Elle ne permet pas non plus de faire réfléchir les autres travailleurs à ce qui, dans la situation des TEC ou de Tecteo, pourrait être aussi une menace pour eux par la suite et à l’importance de garder des services publics de qualité.

    …ou sur l’appel à la solidarité ?

    C’est pourquoi nous pensons qu’il faudrait que les syndicats, au-delà de tracts ponctuels, lancent une campagne d’information dans tout le mouvement syndical comme dans la population pour expliquer que les travailleurs de Tecteo ne se battent pas uniquement pour leur emploi et leur salaire mais aussi pour maintenir un vrai service public accessible à tous.

    Nous pensons aussi qu’il est urgent que les syndicats lancent rapidement un appel aux travailleurs des intercommunales et des autres services publics pour qu’ils entrent en action aux côtés des travailleurs de Tecteo. Une base existe très clairement. Des délégations de la Compagnie intercommunale liégeoise de l’Eau (CILE) et de l’Association liégeoise du Gaz (ALG) participent régulièrement aux assemblées et aux actions de Tecteo. Il est aujourd’hui indispensable d’aller plus loin en expliquant que les travailleurs de Tecteo ont besoin de la solidarité pour renforcer leur lutte, mais aussi qu’une action déterminée de leur part aujourd’hui serait le meilleur signal à envoyer à leurs patrons pour les dissuader demain de vouloir suivre la voie de Moreau.

    Nous pensons donc que l’idée d’organiser une journée de grève de solidarité dans les intercommunales et les services publics la semaine prochaine doit être soutenue à fond et qu’il faudrait saisir cette occasion pour organiser une vraie manifestation régionale de solidarité avec Tecteo.

    Sinon, les travailleurs de Tecteo risquent de se retrouver isolés face aux pressions de la direction et du pouvoir politique qui, de leur côté, ne perdent pas de temps.

    Négociations en coulisses

    Depuis mardi, des négociations serrées se sont tenues en coulisses. Mais dans des conditions très particulières qui ne renforcent certainement pas la cohésion des travailleurs. D’une part, parce qu’elles se tiennent au sommet, en dehors de toute participation des délégations syndicales de l’entreprise, ce qui limite très fortement l’information et la participation de la base à la prise de décision. D’autre part, parce que la CSC est tenue systématiquement à l’écart de rencontres qui se tiennent « en famille » entre responsables de la CGSP et de la direction de Tecteo sous la houlette de la haute direction du PS liégeois. Ceci aussi pèse sur la mobilisation des travailleurs, puisque la CSC n’est plus du tout un facteur complètement marginal dans l’entreprise Depuis cet été en effet, une centaine d’affiliés CGSP mécontents de l’apathie et des compromissions de la CGSP sont passés à la CSC, qui représente aujourd’hui 15% du personnel.

    Un préaccord a été conclu jeudi soir, appuyé par les big boss de Tecteo (Moreau et Gilles), de la FGTB (Goblet et Thone) et du PS (pas moins que les bourgmestres de Liège et Seraing, Demeyer et Mathot, et les ministres Marcourt et Daerden). Il marque un certain recul de la direction de Tecteo sur les retraits financiers imposés aux travailleurs. La prime barémique (qui devait être amputée de 250 euros par an) serait maintenue (d’autres points, comme le sort de l’augmentation de salaire automatique de 10% après 20 ans de service, sont moins nets). Il ne serait plus question de transférer du personnel de Tecteo vers sa nouvelle filiale privée et l’emploi des statutaires et des contractuels serait aussi garanti. Par contre, le passage de 36 à 38 heures payées 36, la suppression des facilités de départ à 58 ans pour la prépension et de la prime de l’entreprise aux pensionnés seraient maintenues.

    Mais, à la surprise des dirigeants PS et CGSP, l’assemblée des travailleurs de vendredi matin a rejeté ce préaccord à main levée à une écrasante majorité, estimant à juste titre qu’il y avait encore beaucoup trop d’imprécisions et pas assez d’avancées et de garanties.

    Un seul exemple suffit à illustrer les doutes. La direction estime à 3 millions d’euros le coût de ces concessions. Cela semble fort peu crédible. Pour rappel, le plan Moreau a pour but de réaliser 22 millions d’économies, dont 4,8 millions sur la masse salariale. Or le seul passage de 36 à 38 heures représente à lui seul 2,8 millions. Donc, les autres mesures à but salarial prises ensemble ne pourraient atteindre qu’un maximum de 2 millions. Et comme le préaccord ne les supprime pas toutes, on voit mal où Moreau va chercher ses 3 millions !

    Beaucoup de travailleurs doutent aussi de la bonne foi de la direction et ont une confiance à peu près nulle dans ses engagements. La délégation de la CSC qui s’est rendue cette semaine auprès du Ministre régional chargé des pouvoirs locaux a ainsi eu la surprise de constater que la direction de Tecteo n’avait rien envoyé à la tutelle régionale concernant le nouveau règlement de travail qu’elle a fait entrer en vigueur le 7 septembre malgré l’opposition syndicale.

    De plus, l’avenir de la nouvelle filiale (qui devrait être une société anonyme – donc une société privée – au sein d’une intercommunale publique) n’est pas clarifié. Le risque est toujours grand de voir cette filiale grandir à l’avenir et d’absorber au passage des secteurs actuels de Tecteo, ce qui fait que les promesses de maintien du statut et de l’emploi ne pèsent pas lourd.

    Le rejet du préaccord par l’assemblée de vendredi matin n’a pas plu aux diverses directions. Tout au long de la journée, les pressions se sont multipliées sur les délégués et les affiliés CGSP pour qu’ils acceptent le plan. Et les manœuvres d’intoxication envers la presse ont fusé. Déjà vendredi, en tout début de journée, La Meuse et le Soir annonçaient la signature du préaccord et la fin de la grève, avant même la tenue de l’assemblée du matin. Samedi, La Meuse relayait le bobard selon lequel le vote négatif serait du à la mobilisation des pensionnés qui se seraient déplacés en masse pour défendre leur prime.

    Une nouvelle assemblée en Front commun est prévue ce lundi matin. Il faut espérer que les travailleurs y maintiendront leur position de vendredi et poursuivront le mouvement jusqu’à obtenir un accord clair et satisfaisant.

  • Le retour des occupations d’entreprises

    Actions en temps de crise

    Ces derniers mois, différentes actions radicales de travailleurs ont forcé le patronat à faire des concessions. Le retour des occupations d’entreprises a constitué un développement notable, comme cela a été le cas entre autres avec les grèves des usines automobiles de Visteon (Angleterre et Irlande du Nord), des entreprises Waterford Chrystal (Irlande), INNSE (Italie), Vestas (Angleterre) et même des agences de voyage Thomas Cook (Irlande), sans oublier les nombreuses usines qui ont été occupées en France !

    Par Geert cool

    La crise de surproduction force les entreprises à restructurer sous peine de devoir fermer la porte et les travailleurs sont confrontés à des exigences patronales portant sur des baisses de salaires, l’allongement du temps de travail ou des licenciements. Si cette situation peut dans un premier temps mener à un sentiment d’abattement et de confusion, en même temps arrivent les premiers signes d’une résistance organisée. Cela se produit de différentes manières, mais là où elles rencontrent du succès, certaines méthodes font des émules.

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    Une occupation d’entreprise est-elle illégale ?

    Lors de différentes actions avec occupation d’entreprise, on a vu les autorités faire usage de la répression. L’argument qui était toujours utilisé dans ce cas était le droit à la propriété privée du patronat. Cet argument est également utilisé contre les piquets de grève – il a formé le point central dans la présentation de requêtes unilatérales en justice par la direction de Carrefour lorsque celle-ci voulait agir contre les actions de solidarité menées devant plusieurs établissements de Carrefour l’an dernier.

    Plusieurs gouvernements ont même fait preuve d’une grande créativité autour du droit de propriété privée. Lorsque les grandes banques et les établissements financiers ont connu des difficultés, ce n’était soudainement plus le problème de ces seules entreprises, mais aussi de la société toute entière. Dans certains pays, on a même été jusqu’à nationaliser certains de ces établissements. A ce moment-là, on n’a pas entendu un seul mot sur les principes de propriété privée, et les gouvernements ont même pu contourner toutes ces lois et règles qui auparavant étaient considérées comme quasi sacrées. Si on peut se permettre cela en faveur de l’establishment, pourquoi ne le peut-on pas pour nous ?

    Dans une occupation d’entreprise, plusieurs lois sont envisagées : le droit à mener une action et le droit à un avenir décent, contre le droit du patron à organiser un bain de sang social. Le patron va évidemment utiliser tous les arguments possibles pour faire prévaloir son droit à causer un bain de sang social. Mais lorsqu’on parle de ces différents droits, ce qui permet essentiellement de décider lequel l’emporte, c’est le rapport de forces qui doit être construit dans l’entreprise et parmi des couches plus larges de la population. Toute personne qui désire un meilleur avenir, se heurte de toute évidence parfois aux règles et aux lois qui nous sont imposées. La question qui se pose alors est de savoir si les droits formels d’un individu l’emportent face aux droits d’un groupe de travailleurs et de leurs familles. Notre avis est clair : mieux vaut briser la loi que les travailleurs et leurs familles.

    En lutte contre les conséquences de la crise

    La bourgeoisie redoute les conséquences sociales de l’effondrement économique mais elle est en partie apaisée par l’absence d’une organisation politique des travailleurs et par l’attitude généralement passive adoptée par les directions syndicales ces dernières années. A la suite de la chute du stalinisme, la social-démocratie (les partis «socialistes» traditionnels) a subi une nouvelle vague de pertes de membres et un nouveau pas a été fait dans la transformation de ces partis en partis complètement bourgeois. Cette transformation, combinée à l’offensive idéologique de la bourgeoisie, a également eu une influence sur une grande partie des directions syndicales qui ont capitulé ou ne voient plus d’alternative à la logique néolibérale.

    Sans direction ni organisation, la colère peut déborder en actions et en mouvements spontanés. Ceux-ci peuvent partir dans toutes sortes de directions, allant d’actes de protestation ou de menaces individuelles à une organisation collective de cette colère. Afin de transformer la colère en une résistance active, capable de remporter des victoires, il est nécessaire d’élaborer un programme clair, avec des revendications combatives et une organisation solide.

    Le fossé qui existe entre d’une part la situation objective du capitalisme en crise, et d’autre part la situation du mouvement des travailleurs, n’a sans doute jamais été aussi grand qu’aujourd’hui. Mais après des années d’offensive néolibérale, nous allons assister à un renouveau de toute une série de traditions du mouvement ouvrier, sur le plan politique comme sur le plan syndical.

    Avec une série de premières occupations d’entreprises en Grande- Bretagne, en Irlande, en France et en Italie, un lien a été renoué avec une importante méthode d’action du mouvement ouvrier, par laquelle la résistance collective peut revenir au centre des préoccupations. Bien entendu, un mouvement ne se développe pas en ligne droite, et des éléments de confusion sont toujours présents. Les socialistes de lutte tenteront de briser cette confusion grâce à un programme clair et à des propositions concrètes pour développer la lutte sur base de l’unité des travailleurs et de la solidarité.

    Occupations d’entreprises : qui a son mot à dire sur le lieu de travail ?

    A chaque moment, il faut réfléchir à la meilleure réponse à apporter face aux agressions patronales. Ce n’est pas parce qu’une grève avec occupation d’entreprise est une méthode efficace pour organiser les travailleurs de manière collective et exercer une pression sur la direction que cette méthode doit être employée sans réflexion préalable dans chaque situation. La méthode d’action retenue à chaque étape doit être celle qui mobilise les couches les plus larges couches de travailleurs. Alors que les travailleurs garantissent le fonctionnement quotidien de l’entreprise, ils n’ont pas ou peu de pouvoir de décision sur la manière dont le travail au sein de l’entreprise devrait être organisé. Une grève avec occupation remet en question cet état de fait. Le patron est doublement mis sous pression : d’abord, il ne tire plus de profit de son entreprise puisque la grève force l’arrêt de la production et, en plus, c’est la propriété elle-même de l’entreprise qui est mise en question au cours d’une occupation : qui sont maintenant les véritables seigneurs et maîtres?

    Pour qu’une occupation d’entreprise soit un succès, il est indispensable d’impliquer au maximum les travailleurs. Un des instruments à cette fin est la mise en place d’un comité de grève, élu par des assemblées générales du personnel, lors desquelles les membres du comité de grève peuvent également être révoqués. Un comité de grève est utile pour faire reposer l’organisation pratique de la grève sur un groupe plus large, ne pas limiter cette organisation aux personnes qui sont garantes d’éventuelles négociations avec la direction et d’assurer un meilleur contrôle de la base sur les démarches et les engagements que prennent les permanents syndicaux.

    Avec un comité de grève, l’implication des travailleurs peut être renforcée, et il est également possible de limiter autant que possible d’éventuelles divisions sur le lieu de travail : entre ouvriers et employés, entre syndicalistes rouges, verts, bleus, etc. Une structure unifiée pour diriger la grève peut empêcher le patronat de jouer sur les différences existantes et semer la division pour affaiblir la lutte.

    Quel pas en avant ?

    Une occupation d’entreprise remet en question les relations de propriété, mais pose aussi une nouvelle question, celle de l’organisation de la production. Dans toute une série d’exemples historiques, on a vu la production être reprise sous la direction du personnel. Ceci peut être une option temporaire, mais il est impossible, dans le cadre du capitalisme, de former une alternative à petite échelle, qui devra bien vite affronter la concurrence. Une occupation d’entreprise doit mettre en avant la revendication de sa nationalisation sous contrôle de la collectivité.

    Avec la mise sous tutelle collective de la production, celle-ci peut s’accomplir en-dehors de la logique du profit, et il devient en outre possible de la contrôler de manière démocratique. Les structures du comité de grève constituent un embryon d’organe par lequel le pouvoir des travailleurs sur le lieu de travail peut être organisé. Ceci ne peut cependant être obtenu que sur base d’un mouvement et d’une solidarité reposant sur un large soutien.

    Léon Trotsky sur les occupations d’entreprises

    Dans le «Programme de Transition» qu’il a rédigé en 1938, Trotsky évoquait entre autres les grèves et les occupations d’usines. Ceci n’est pas un hasard, puisqu’en 1936 s’était produite en France une vague d’occupations d’usines, une méthode avait déjà été employée dans le passé.

    “Les grèves avec occupation des usines (…) sortent des limites du régime capitaliste “normal”. Indépendamment des revendications des grévistes, l’occupation temporaire des entreprises porte un coup à l’idole de la propriété capitaliste. Toute grève avec occupation pose dans la pratique la question de savoir qui est le maître dans l’usine : le capitalisme ou les ouvriers.

    Si la grève avec occupation soulève cette question épisodiquement, le COMITÉ D’USINE donne à cette même question une expression organisée. Élu par tous les ouvriers et employés de l’entreprise, le Comité d’usine crée d’un coup un contrepoids à la volonté de la direction.

    (…)

    Dès que le comité fait son apparition, il s’établit en fait une DUALITÉ DE POUVOIR dans l’usine. Par son essence même, cette dualité de pouvoir est quelque chose de transitoire, car elle renferme en elle-même deux régimes inconciliables : le régime capitaliste et le régime prolétarien. L’importance principale des comités d’usine consiste précisément en ce qu’ils ouvrent, sinon une période directement révolutionnaire, du moins une période pré-révolutionnaire, entre le régime bourgeois et le régime prolétarien. Que la propagande pour les comités d’usine ne soit ni prématurée ni artificielle, c’est ce que démontrent amplement les vagues d’occupations d’usines qui ont déferlé sur un certain nombre de pays.”

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    HISTOIRE: occupations d’entreprises ans notre pays

    Au début des années ‘70, notre pays a connu une grande montée des conflits sociaux. Après “l’âge d’or” des années ‘60, les mouvements de protestation étudiants de 1968-69 ont été le signe avant-coureur d’une radicalisation parmi de plus larges couches de la classe ouvrière. En 1970-71, le nombre de jours de grèves était similaire à celui des neuf années précédentes, avec 265.000 journées. Mais entre 1970 et 1976, il y a eu en moyenne 850.000 jours de grève par an…

    La lutte syndicale a été inaugurée par la grève de Caterpillar à Gosselies en décembre 1969 et par la grève des mineurs de 1970. Près de 80% de ces grèves étaient spontanées. Au début des années ‘70, la plate-forme de revendications des grèves spontanées ne se limitait pas à des revendications salariales, mais portait aussi sur les conditions de travail (cadence de travail, monotonie du boulot,…). Dans toute une série d’actions de grèves, on a eu des occupations d’entreprise, comme à Michelin (1970) et Glaverbel (1973).

    En 1973, l’occupation de l’usine horlogère LIP à Besançon en France a constitué un exemple international: les travailleurs qui occupaient l’usine ont vendu leur production de montres eux-mêmes. Cet exemple a répandu l’idée d’une occupation d’usine réalisée avec la création de comités d’action ou, mieux encore, de comités de grève démocratiquement élus. Dans la foulée, une série de comités se sont ainsi créés, entre autres avec l’Avant-garde syndicale (à Caterpillar à Gosselies), et avec le Groot Arbeiderskomitee (GAK – Grand Comité Ouvrier) de l’entreprise Vieille-Montagne à Balen (pro- vince d’Anvers). Dans certains cas, les travailleurs ont temporairement repris la production entre leurs propres mains.

    Un exemple intéressant d’une occupation réussie a été la lutte contre la fermeture de la raffinerie RBP à Anvers en 1978. L’occupation par les quelques 250 travailleurs a été organisée de pair avec des actions de solidarité par l’ensemble du secteur. Après un an d’occupation, RBP a été rachetée et la plupart des travailleurs ont pu retourner au travail.

    La direction syndicale a réagi à ces actions spontanées en essayant de garder un lien avec cette radicalisation tout en voulant en reprendre le contrôle. Les actions étaient plus vite reconnues et la FGTB a rédigé un programme plus radical dans lequel elle se déclarait en faveur du contrôle ouvrier en tant que partie d’un programme de réformes structurelles et de planification de l’économie. Mais ce qu’elle n’a pas rédigé est un plan d’action afin de renforcer les occupations d’entreprises par un mouve- ment de solidarité national, ce qui aurait fait avancer la lutte vers la nationalisation sous contrôle ouvrier…

    (Source : R. Hemmerijckx, In de geest van Mei 68. Arbeidersprotest en radicaal militantisme in België, http:// www.npdoc.be/Hemmerijckx-Rik/Hemmerijckx-Rik.htm

    quelques exemples internationaux récents

    Vestas : lutte pour les emplois et un meilleur environnement (Angleterre)

    Les 600 travailleurs de l’usine d’éoliennes de Vestas, sur l’île de Wight (en face de la côte sud de l’Angleterre) ont occupé leur entreprise en guise de protestation face à la possible fermeture du site. Les travailleurs étaient menacés de se voir remerciés avec une prime d’adieu de moins de 1000£ par travailleur. A Vestas, les syndicats étaient à peine présents, à cause de la politique farouchement anti-syndicale de l’entre- prise.

    Avec des sympathisants de l’île, une occupation de 18 jours a été organisée. Cette action a été soutenue par le syndicat RMT (Rail, Maritime and Transport workers’ Union – Syndicat des Cheminots, des Marins et des Transports), auquel de nombreux travailleurs de Vestas ont adhéré.

    Plusieurs actions de solidarité ont été organisées et le gouvernement s’est vu contraint d’aller négocier avec les occupants et la direction syndicale. Le Ministre de l’Energie a déclaré que le gouvernement avait tout fait pour maintenir l’entre- prise, avec même une offre de racheter les installations de Vestas. En même temps, après 18 jours, la répression a été employée contre les occupants, qui ont été mis dehors par des huissiers.

    L’occupation a déclenché un grand mouvement de solidarité. Sur cette base, la lutte pour le maintien des emplois et pour l’environnement peut être encore renforcée.

    Innse : un accord après 15 mois de lutte (Italie)

    Après 15 mois de lutte, l’usine de scooters d’INNSE (près de Milan) a obtenu un accord pour l’embauche des 49 travailleurs restants qui occupaient l’usine. En mai 2008, la fermeture de l’entreprise avait été décidée, les travailleurs ont immédiatement organisé une occupation. La police est intervenue, mais les travailleurs ont continué à bloquer l’usine. On a alors tenté de forcer l’enlèvement des machines, d’une manière extrêmement brutale, avec 500 agents de police. Quatre travailleurs et un délégué syndical sont montés sur une grue pour arrêter la police. De nouvelles négociations ont suivi, lors desquelles un accord garantissant le travail pour 16 ans (!) a été conclu.

    Thomas Cook : une lutte courageuse (Irlande)

    Fin juillet, une grève très dure a éclaté à l’agence de voyage de Thomas Cook de Dublin: près de la moitié des employés devaient y être licenciés, avec une prime de licenciement fort limitée. 60 personnes devaient perdre leur emploi dans les agences, plus 20 dans le call-center et tous les employés licenciés devaient immédiatement quitter l’entreprise. Mais les travailleurs ont réagi par l’occupation d’une des agences dans le centre de Dublin.

    Les occupants ont reçu beaucoup de soutien et de solidarité. Les autorités ont ré- pondu à l’occupation par la répression. 28 employés ont été embarqués et traînés en justice. Lors de l’invasion policière (à 5 heures du matin!), aux côtés des occupants se trouvaient également des sympathisants, parmi lesquels notre camarade Matt Waine, conseiller communal du Socialist Party, qui a été embarqué. Mais aucun appel à une solidarité plus large n’a été lancé par les syndicats, ce qui laisse la porte ouverte pour plus de répression dans le futur. La répression peut sans doute s’exercer si l’action se limite à une trentaine de personnes, mais que se passerait-il si l’on avait 300, voire 3000 militants présents?

  • Les travailleurs de Tectéo rendent visite à leur Conseil d’Administration

    Hier, le Conseil d’Administration de l’intercommunale Tectéo s’est réunis. Devant le siège, les travailleurs de Tectéo s’étaient réunis pour manifester leur opposition face aux attaques qu’ils subissent actuellement (passage aux 38h payées 36,…) mais aussi face à la volonté de la direction de Tectéo de créer une filiale qui serait un véritable cheval de Troie pour la privatisation.

    L’idée est donc de créer une filiale sous la forme d’une société anonyme (donc privée) au sein du groupe Tecteo (qui reste une intercommunale publique). Le risque est donc grand de voir à l’avenir une partie des activités de Tecteo progressivement avalées par cette société anonyme, ce qui remettrait en cause le statut et l’emploi des agents et le fonctionnement de service public. Si une privatisation arrive, il est certain que le coup partira de là. Légalement, cette société pourrait même englober l’Association Liégeoise du Gaz (ALG). En bref, cette filiale, c’est un peu comme Alien dans le ventre de Sigourney Weaver…

    Le PSL était présent et a notamment distribué un tract proposant une journée de grève de solidarité dans d’autres intercommunales et d’autres services publics ainsi qu’une manifestation régionale de solidarité.

    Le CA a été forcé de faire appel au traiteur: le cuisinier était lui aussi en grève! Mais le CA aura finalement dû se contenter de café, le traiteur est reparti…

    Mr Stéphane Moreau, directeur général de Tectéo, inquiet, du haut de sa tour d’ivoire


    Pour plus d’informations:

  • Grippe porcine et système de profits

    La grippe porcine se répand rapidement. Il est urgent de produire un vaccin afin de prévenir l’épidémie, mais il faudra attendre un an avant de disposer d’un nombre suffisant pour l’ensemble de la population. Au Royaume-Uni, par exemple, la moitié de la population aurait le temps d’être infectée d’ici là.

    Jon Dale, Socialist Party (CIO-Angleterre et Pays de Galles)

    Heureusement, pour la plupart des gens, cette infection, bien que déplaisante, n’est pas grave. Le nombre de gens qui développent des complications dues à cette grippe ou qui en meurent ne semble pas plus élevé que pour une grippe saisonnière normale. Mais les virus de grippe sont imprévisibles, car ils peuvent changer brusquement. La situation pourrait donc empirer en conséquence.

    Des pandémies de grippe – des épidémies qui touchent le monde entier – se produisent une fois toutes les quelques décennies. Cela fait plusieurs années que des scientifiques parlaient du risque d’une nouvelle pandémie. L’apparition de la grippe aviaire en 2005 aurait pu en être le début, mais ce virus n’était pas très contagieux pour les humains.

    L’industrie pharmaceutique a eu beaucoup de temps pour se préparer : à quel point est-elle donc préparée pour répondre à une demande de plusieurs milliards de doses ? Les vaccins antigrippaux ne peuvent pas être développés à l’avance, à cause de la manière dont le virus change. Une ligne de production ne peut pas non plus être mise en œuvre du jour au lendemain, puisque les vaccins requièrent la multiplication d’une forme modifiée du virus, ce qui prend au moins douze semaines et peut prendre des mois.

    Des tests de sécurité doivent être effectués, au cas où il y aurait des effets secondaires. Mais il faut des usines prêtes à démarrer la production dès que le travail de développement a été effectué.

    Environ 300 millions de doses de vaccin contre la grippe saisonnière sont produits dans le monde chaque année. Si les producteurs se spécialisaient dans une seule souche de vaccin anti-pandémique, ils pourraient tripler le nombre de doses jusqu’à environ 900 millions.

    Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, jusqu’à 4,9 milliards de doses pourraient être produites en 12 mois. Mais si plus d’une seule dose par personne est nécessaire (on a souvent besoin de deux) et que le total de production est inférieur à celle de vaccin contre la grippe saisonnière, beaucoup moins de gens auront accès à la protection.

    Le 23 juin, la compagnie pharmaceutique américaine Baxter International a déclaré avoir reçu des commandes de cinq pays, y compris le Royaume-Uni, l’Irlande et la Nouvelle-Zélande, pour un total de 80 millions de doses de vaccin, et qu’elle n’en recevra pas plus. Elle produira ces doses dans de nouvelles usines en Tchéquie et en Autriche.

    Selon la Chicago Tribune, Baxter pourrait obtenir entre 30 et 40 millions de dollars grâce à ces contrats. Cela équivaut à 50 cents par dose. Dans le deuxième trimestre de 2009, Baxter a réalisé un profit de 587 millions de dollars – un gain de 8% par rapport à l’année passée. Les payements de dividendes ont cru de 13%.

    Une autre compagnie qui bénéficie de la frayeur causée par la grippe est GlaxoSmithKline (GSK), qui a une implantation en Belgique dans la région de Wavre – Louvain-la-Neuve. On prévoit que les ventes de l’inhalateur Relenza produit par cette compagnie, et qui est une alternative au Tamiflu utilisé entre autres par les femmes enceintes, vont atteindre un niveau record de 700 millions d’euro. Ce chiffre pourrait être augmenté jusqu’à 2,4 milliards d’euros en septembre, lorsque le nouveau vaccin va arriver sur le marché.

    “Nous ne cherchons pas à générer un taux ahurissant de profit » a dit Andrew Witty, président de GSK. «Mais de la même manière, nos actionnaires ne voudraient pas que nous fassions quoi que ce soit sans rien recevoir en retour».

    GSK et les autres compagnies pharmaceutiques ne veulent pas construire et entretenir des usines chères et dont ils pourraient ne pas avoir besoin pendant plusieurs années, pour le seul plaisir d’être prêts pour une pandémie lorsque celle-ci apparaît. C’est pourquoi la pression exercée pour trouver et produire un vaccin contre la grippe porcine aussi vite que possible menace la production normale de vaccins contre la grippe saisonnière. Les mêmes installations de productions pourraient être requises.

    Le gouvernement américain vient d’offrir un contrat de 35 millions de dollars à la Protein Sciences Corporation (Corporation des Sciences Protéiques). Cette compagnie est en train de développer une nouvelle méthode rapide de fabriquer des vaccins, en utilisant des cellules d’insectes dans lesquelles multiplier les virus, plutôt que dans des œufs de poule comme on le fait habituellement. Seulement, la veille de la signature du contrat, cette entreprise était au bord de la faillite !

    Le développement et la production de vaccins ne devrait pas être abandonné à la volonté de corporations gérées afin de faire du profit. Une industrie pharmaceutique publique et contrôlée démocratiquement placerait les ressources nécessaires à la préparation à une éventuelle pandémie, même si ces installations n’étaient pas utilisées pendant des années.

    Elle s’assurerait également qu’il y aurait assez de capacité que pour produire assez de doses pour toutes les personnes exposées, y compris celles qui vivent dans des pays où la plupart des gens ne disposent pas de soins de santé adéquats. La vitesse à laquelle ce virus est parti du Mexique pour se propager au reste du monde montre bien à quel point i lest nécessaire de mettre en place un plan international afin de combattre de telles maladies infectieuses.

    Depuis le 11 septembre 2001, les Etats-Unis ont dépensé plus de 864 milliards de dollars dans les guerres en Afghanistan et en Irak. Il n’aurait probablement fallu que 10 milliards de dollars pour produire assez de vaccin antigrippal pour le monde entier. La question de savoir laquelle de ces deux dépenses contribue le plus à notre sécurité ne se pose pas.

  • Université de Liège. Le personnel d’entretien dépose les balais

    « Avant, pour nettoyer les grands amphis du Sart-Tilman, on était quatre pendant quatre heures ; aujourd’hui, on n’est plus qu’une et demie. Et quand une fille est malade, elle n’est pas remplacée. Mais les amphis, eux, ils doivent toujours être nettoyés ». Les femmes d’ouvrage qui assurent le nettoyage et l’entretien de l’université de Liège n’en peuvent plus. Et ce jeudi, elles ont déposé les balais.

    Par le cercle EGA de l’ULg

    Elles, ce sont les travailleuses de la société Cleaning Masters, une entreprise de nettoyage de la région liégeoise dont l’université de Liège est le principal client. Car l’université sous-traite le travail. Et c’est là que le problème commence. L’université lance un appel d’offre et les entreprises qui veulent emporter le marché rentrent leurs propositions. Comme l’univ est un très gros marché, ces entreprises mettent évidemment le paquet en essayant de proposer le travail le plus complet pour le prix le plus bas. Et qui trinque dans cette opération ? Evidemment les travailleuses.

    Car, pour faire des économies, la direction de Cleaning Masters ne recule devant rien. « On doit faire le travail de cinq jours en quatre » explique Christine, la déléguée CSC. « Les personnes qui sont absentes (pour maladie ou pour congé) ne sont pas remplacées, les autres doivent se partager le travail supplémentaire. Car le travail doit être fait coûte que coûte. Et cela empire tout le temps. Le nouveau bâtiment du Génie Civil doit être nettoyé. Mais on n’a pas prévu des heures pour cela. C’est une charge nouvelle qui va s’ajouter à tout le reste. »

    Les travailleuses avaient déjà tiré la sonnette d’alarme à plusieurs reprises mais en vain. Alors, la coupe a débordé. Ce jeudi, elles sont parties en grève et ont bloqué l’accès au bâtiment B2, celui des "Administration des ressources immobilières" de l’ULg. Elles ont également distribué des tracts au rond-point d’entrée du Sart Tilman.

    Cette grève "d’avertissement" était organisée par la CSC qui est largement majoritaire chez Cleaning Masters. La délégation CSC de l’univ soutient le mouvement et était présente au piquet. La délégation CGSP a également apporté son soutien.« Nous poursuivrons le mouvement demain » explique encore Christine « car la direction de la société n’a pas voulu se déplacer pour discuter avec nous à l’univ. Alors, demain, nous irons négocier avec elle au siège de la société à Flémalle. Et il n’y aura pas que les déléguées qui feront le déplacement… »

    Une délégation d’Etudiants de Gauche Actifs, le cercle étudiant du PSL, était aussi présente ce matin au piquet. « Nous n’étions pas très nombreux parce que nous n’avons été au courant de l’action qu’hier », explique Thibaud « mais nous sommes totalement solidaires du personnel d’entretien. Leur action concerne autant l’Université de Liège que Cleaning Masters, parce que la dégradation des conditions de travail est le fruit de la politique de sous-traitance de l’ULg. Ce qui se passe avec le nettoyage, c’est en fait un élément du processus de privatisation qui contamine progressivement tout l’enseignement. Les étudiants doivent être solidaires des travailleuses de Cleaning Masters. Nous ferons tout notre possible pour informer les étudiants et la prochaine fois, nous mobiliserons pour que les étudiants soient aux côtés des travailleuses au piquet. »

  • Terminus pour Opel-Anvers ou le début d’une lutte commune?

    Ce mercredi 23 septembre, quelques milliers de travailleurs d’Opel et de sympathisants de leur cause se sont rassemblés sur le parking de l’entreprise à Anvers. Il s’agissait de la première action de protestation massive depuis l’annonce de la reprise très probable d’Opel par Magna, et il est clair que Magna ne voit pas d’avenir pour Opel à Anvers.

    Par Micha (Anvers)

    L’action s’est déroulée entre 13h et 15h et a pu compté sur une bonne présence de travailleurs allemands des sites d’Opel à Bochum et Kaiserslautern. L’ambiance parmi les travailleurs anversois n’était pas des meilleures. Ils avaient dû prendre leur pause ou perdre de leur salaire pour participer à cette action. La direction syndicale n’avait apparemment pas réfléchi à ce sujet.

    De l’estrade, les participants ont pu entendre 8 discours de "solidarité" et de "remerciement" envers ceux qui étaient venus protester. Par contre, il n’a pas été question du type de solidarité nécessaire. Tous les espoirs reposent sur un lobby politique pour que la production de la SUV revienne à Anvers pour éviter la fermeture.

    Différents orateurs ont remercié le Gouvernement flamand – un orateur a même remercié le gouvernement fédéral. Des appels ont été lancés pour être "solidaires" dans la répartition des "charges" (lisez: licenciements) entre les différentes implantations. La solidarité n’a de cette façon rien à voir avec la lutte, mais uniquement avec l’organisation d’une opération alternative d’assainissement. Heureusement, le dernier orateur, un ouvrier de Bochum, a dit que les travailleurs d’Opel en avaient déjà assez fait.

    Cette réunion n’a pas été le lieu de discussions pour mettre en avant des alternatives ou un plan de lutte. Alors que la colère et la volonté de passer à l’action sont présentes parmi les travailleurs, on organise la démoralisation. Le PSL/LSP veut proposer une alternative combative sur base d’une implication active de la base et de la revendication de la nationalisation pour sauver les emplois et pour réfléchir à une production alternative. Le PSL/LSP était présent avec une quinzaine de militants, qui ont distribué notre tract local anversois "la vapeur rouge" ainsi qu’une déclaration de solidarité de notre camarade irlandais, le député européen Joe Higgins.

    > Un avenir est possible pour Opel-Anvers!

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