Category: Fonction publique

  • Résistons tous ensemble !

    Nouvelle offensive contre nos conditions de vie

    L’accord d’été du gouvernement représente une nouvelle série d’attaques contre nos conditions de travail et de vie. A l’exception de certains cadeaux aux patrons – comme la diminution de l’impôt des sociétés – les plus importantes mesures sont l’abolition de la nomination dans un grand nombre de services publics et l’extension des possibilités de recours aux emplois flexibles et à l’intérim.

    Tract distribué par le PSL à l’occasion de la journée de grève du 10 octobre // Tract en version PSF

    Le gouvernement veut évoluer vers une situation où la reconnaissance du statut des fonctionnaires sera l’exception au lieu de la règle. Il s’agit d’un assaut frontal contre la sécurité d’emploi et d’autres éléments, dont les pensions. L’idée sous-jacente est de s’en prendre aux secteurs les plus combattifs : un intérimaire réfléchira deux fois avant d’entrer en grève. L’accord d’été comporte également une nouvelle atteinte au droit de grève.

    A la fin des années ’70, la Belgique comptait 20.000 intérimaires. Il en existe actuellement pas moins de 417.000. Aujourd’hui, la règle, c’est que les entreprises engagent de nouveaux travailleurs via l’intérim. On créée ainsi un groupe de travailleurs plongé dans une insécurité permanente et dans des salaires de misère. Ceux-ci sont ensuite utilisés comme pied de biche pour faire sauter les salaires et emplois relativement meilleurs. Une vie stable pour les jeunes et les travailleurs plus âgés? Le concept sera totalement miné.

    Entretemps, les pénuries sont énormes dans les services publics. Des lignes de trams deviennent des lignes de bus par manque de personnel. Les classes sont surpeuplées d’étudiants. Les trains sont vétustes. Le service est réduit à Bpost. Etc. Aucun service public n’échappe aux conséquences de l’austérité. Ce dont nous avons besoin, c’est d’investissements massifs dans les services publics. Mais c’est très éloigné des projets des autorités.

    Thierry Bodson (FGTB) appelle à la constitution d’un front progressiste contre les gouvernements de droite. C’est un développement positif tant que cela n’est pas utilisé pour repousser aux élections les tentatives de stopper les plans du gouvernement. Cet appel peut être utilisé comme socle pour construire un front de résistance sociale inclusif capable d’également entrainer des membres de la CSC. Au travers de la mobilisation de la rue, il peut être utilisé pour construire une alternative politique contre l’austérité.

    Malheureusement, pour la grève d’aujourd’hui, la préparation a fait défaut dans la majorité des lieux de travail. Les membres n’ont pas été consultés. La grève a été appelée d’en haut, et il a même fallu l’apprendre des médias ! Ces mêmes médias qui sont pourtant les premiers à s’en prendre à nos actions… Nous savons pourtant très bien pourquoi nous faisons grève et quand il faut le faire. Nous sommes parfaitement capables – par le biais d’assemblées du personnel et de moments d’information – de discuter du type de plan d’action dont nous avons besoin pour défendre nos acquis.

    Organiser la grève du 10 n’aura pas été facile. Les directions syndicales sont divisées. La CSC et une grande partie du privé ne participent pas. La base est sceptique quant au fait que les directions syndicales soient réellement prêtes à aller jusqu’au bout, vers la victoire. Faire un succès de ce 10 octobre était pourtant d’une grande importance. Le PSL a tout fait pour y contribuer et assurer que cette date puisse constituer le début d’un nouveau mouvement généralisé contre le gouvernement. Les mobilisations de l’automne 2014 ont illustré quel peut être l’impact d’un plan d’action à grande échelle. Mais il est crucial que le débat portant sur les actions à organiser soit également mené par nous tous. Ce n’est que de cette manière que nous serons capables de faire tomber le gouvernement et de balayer ses mesures antisociales.

  • [10/10 – La parole aux grévistes] Un délégué du CPAS de Liège

    Lors d’une grève du CPAS à Liège en juin 2016, un piquet de grève d’information avait été organisé, avec les tracts des différents syndicats et organisations politiques qui avaient visité le piquet. On y trouvait aussi des panneaux d’information expliquant la situation du moment et l’impact de l’austérité budgétaire. Le personnel avait fait des banderoles et de petites affiches pour aborder différents thèmes. Un délégué nous avait expliqué: ‘‘Nous voulons fournir autant d’informations que possible, rendre les tracts disponibles,… afin de pouvoir non seulement atteindre les syndicalistes mais aussi ceux qui ne participent pas régulièrement à des activités syndicales ou à des manifestations. Si quelqu’un n’est pas informé, nous devons nous assurer que l’information arrive à cette personne.’’

    La colère gronde dans l’ensemble des services publics. Des années de fonctionnement avec des moyens insuffisants ont alimenté une grande frustration, tant parmi le personnel qu’auprès des usagers. Les raisons de participer à la journée d’action du secteur public du 10 octobre sont nombreuses. Et qui pourrait expliquer cela mieux que les grévistes eux-mêmes ?

    On nous demande de plus en plus de contrôler plutôt que d’aider les personnes

    ‘‘Au CPAS de Liège, ce n’est pas un secret que ça craque de partout et depuis pas mal de temps. L’augmentation de la charge de travail a augmenté drastiquement depuis l’arrivée des exclus du chômage vers nos services. L’histoire est la même que partout ailleurs dans les services publics : il faut faire beaucoup plus avec beaucoup moins : suivre plus de dossiers, plus complexes, avec plus de procédures,… avec moins de moyens humains, notamment par le non-remplacement de départs, et des moyens inadéquats, avec parfois même pas un bureau pour des collègues de l’accueil.

    ‘‘Tout ça dans un climat général de réorientation de nos missions : on nous demande de plus en plus de contrôler plutôt que d’aider les personnes alors que nous sommes dans un contexte de paupérisation croissante de la population. Le besoin en aide sociale augmente mais nos moyens sont constamment réduits.

    ‘‘Tout ça entraîne beaucoup de fatigue et de lassitude chez les collègues. On ne compte plus les burnout. Alors, les propos méprisants du gouvernement sur les services publics passent plutôt mal. Sans compter les attaques directes sur nos pensions, nos statuts et nos conditions de travail qui elles aussi témoignent d’un mépris prononcé.’’

  • [10/10 – La parole aux grévistes] Un cheminot

    La colère gronde dans l’ensemble des services publics. Des années de fonctionnement avec des moyens insuffisants ont alimenté une grande frustration, tant parmi le personnel qu’auprès des usagers. Les raisons de participer à la journée d’action du secteur public du 10 octobre sont nombreuses. Et qui pourrait expliquer cela mieux que les grévistes eux-mêmes ?

    “Le rail pourrait contribuer à résoudre les problèmes de mobilité et écologiques, mais cette possibilité est balayée”

    “Avec la réforme des pensions que le gouvernement prépare, la plupart des cheminots devraient travailler 4 années supplémentaires, et pour le personnel dit ‘‘roulant’’ dont je fais partie, il nous faudrait travailler 9 années supplémentaires si les projets du ministre Bacquelaine sont mis en place !

    ‘‘En septembre, un ouvrier d’un sous-traitant privé d’Infrabel est décédé d’un accident en gare d’Ostende. Ce genre d’accident est la conséquence d’une logique de privatisation des tâches, qui ne met l’accent que sur la réduction des coûts, au détriment de la qualité du travail et surtout de la sécurité des gens. Comme beaucoup d’autres, cet accident aurait pu être évité.

    ‘‘Le mécontentement est général. Quand un train roule avec du matériel datant des années 1970, quand des techniciens voient que leurs tâches sont progressivement déléguées au secteur privé, quand un guichetier se retrouve seul face à une file de 30 personnes… La colère ne vient pas seulement de la problématique du niveau de vie, mais aussi de la frustration de ne pas avoir le sentiment du ‘‘travail bien fait’’.

    ‘‘En 2016, beaucoup d’entre nous ont participé à une grève qui a duré 10 jours. L’élément déclencheur était l’adoption d’une mesure qui réduisait notre nombre de jours de congés, mais le champ des revendications était en fait bien plus vaste. La grève a été très difficile, et l’accord qui a ensuite été signé par les directions syndicales a été ressenti comme une défaite. Il aurait fallu, à ce moment-là, proposer à tous ceux qui avaient été impliqués dans la grève un plan d’action pour renforcer le syndicat et se mettre d’accord démocratiquement sur une stratégie de combat. Ça n’a pas été fait, et les méthodes routinières ont de nouveau été d’application. Les ressentiments envers les syndicats, la rancune et le défaitisme ont été alimentés par ce manque de perspectives. Il est pourtant nécessaire de rappeler que malgré les revers, si nous ne nous étions pas battus, nous aurions perdu encore bien plus.

    ‘‘Il est difficile d’estimer le succès qu’aura la grève du 10 octobre. Malgré les difficultés, il n’y a aucune raison d’être pessimiste. Depuis l’annonce du préavis de grève par le secteur cheminots, beaucoup d’autres centrales nous ont rejoints. Lorsque nous avons appris que des entreprises comme De Lijn, la VRT, ou les administrations flamandes allaient rejoindre le mouvement, cela a eu un effet fort positif, car en 2016 le patronat a énormément joué sur la division communautaire pour décrédibiliser les cheminots grévistes.”

  • [10/10 – La parole aux grévistes] Un fonctionnaire du SPF Finances

    La colère gronde dans l’ensemble des services publics. Des années de fonctionnement avec des moyens insuffisants ont alimenté une grande frustration, tant parmi le personnel qu’auprès des usagers. Les raisons de participer à la journée d’action du secteur public du 10 octobre sont nombreuses. Et qui pourrait expliquer cela mieux que les grévistes eux-mêmes ?

    Photo: Wikicommons. Par Varech

    “Ce ne sont pas seulement les fonctionnaires qui sont concernés par ces attaques, mais l’ensemble de la population qui assiste à une dégradation des services publics qui lui sont fournis”

    “Ça fait déjà longtemps que ça va mal et que la situation se détériore dans les SPF. Au SPF Finances, on est passé d’à peu près 32.000 membres du personnel à 22.500 aujourd’hui. En 11 ans, c’est presque 30% de personnel en moins. La conséquence, c’est une pression qui augmente sur les agents et une diminution de la qualité du service rendu. Mais avec ce gouvernement, la situation empire et pas qu’aux finances. Si on prend l’ensemble des services fédéraux, depuis l’arrivée de ce gouvernement, les effectifs ont diminué de presque 10%.

    ‘‘Le gouvernement a clairement annoncé que ‘‘l’idée est que le régime contractuel devienne la norme et remplace les statutaires lors des futurs engagements’’. Pour le moment, 80% des fonctionnaires dans les SPF sont statutaires et 20% contractuels. La volonté du gouvernement est de passer progressivement vers un 50-50 comme l’a expliqué le député fédéral MR Gautier Calomne dans ‘La Libre’ du 19 septembre. Il a même déclaré vouloir aller plus loin en permettant de faire appel à des intérimaires.

    ‘‘Il ne faut pas se laisser tromper, vu le nombre important de travailleurs concernés, il préfère y aller progressivement mais il est clair que le gouvernement veut tout simplement supprimer le statut et faire passer l’ensemble des travailleurs des services public sous contrats privé. En faisant cela, ils veulent augmenter la pression sur les travailleurs, pouvoir les licencier plus facilement et désorganiser les services publics pour mieux justifier certaines privatisations. Ce ne sont donc pas seulement les fonctionnaires qui sont concernés par ces attaques, mais l’ensemble de la population qui assiste à une dégradation des services publics qui lui sont fournis.

    ‘‘Certains collègues pensent peut-être qu’ils ne sont pas concernés parce qu’ils sont déjà nommés, pourtant lorsqu’on regarde dans d’autres pays, certains ont décidé du jour au lendemain de purement et simplement supprimer le statut de fonctionnaire. Comme par exemple la Suisse, qui a supprimé le statut en 2002. Et lorsque l’on sait qu’aux Etats-Unis le recouvrement des dettes d’impôt est fait par des sociétés privées, il est clair qu’il est possible que le gouvernement aille de plus en plus loin si on ne l’arrête pas. En Belgique, la privatisation de certains services a d’ailleurs déjà commencé, le dernier exemple en date étant la fermeture de la Monnaie Royale fin de cette année.’’

  • Manifestation de la CGSP à Namur. Défendre les services publics et préparer la grève du 10 octobre

    Plusieurs milliers de personnes ont participé ce mercredi 20 septembre à la manifestation «Grogne au grognon» organisée par la CGSP dans les rues de Namur. Cette action était organisée pour s’opposer aux politiques de destruction des services publics menées par le gouvernement fédéral et la nouvelle coalition gouvernementale wallonne : instauration d’un service minimum, précarisation de l’emploi statutaire et contractuel, augmentation de la flexibilité, recours aux intérimaires dans la Fonction publique, diminution des dotations aux provinces,… De nombreuses délégations de fonctionnaires venus de toute la Wallonie étaient présentes, et notamment beaucoup de travailleurs du FOREM et des TEC, ceux-ci provenant de dépôts de l’ensemble de la Région.

    L’appel à la grève du 10 octobre, lancé à l’origine par les cheminots s’opposant aux réformes qui visent à nouveau à briser les conditions de travail, les pensions et le droit de grève, y a été largement relayé par la direction syndicale. L’atmosphère combattive ainsi que la présence de milliers de personnes, largement plus de 2.000 sur une attente préalable de 1.000 à 1.500, exprime la volonté de relancer un processus de résistance, malgré le scepticisme bien compréhensible existant parmi certains quant à la suite à donner à cette mobilisation.

    Une équipe de militants du PSL y a notamment proposé l’autocollant « GRÈVE 10/10 – JE SUIS SOLIDAIRE » aux militants ; du matériel édité par ‘Libre Parcours’ – réseau de militants combattifs du transport public – pour stimuler la solidarité autour de cette grève et la lutte contre l’offensive antisociale des autorités et des médias dominants. Les manifestants en ont pris une dizaine à la fois pour pouvoir en distribuer à leurs collègues ; à ceux présents à la manif mais également à ceux qui ne pourraient éventuellement pas participer à la grève du 10 octobre.

    Manifestation de la CGSP à Namur. Défendre les services publics et préparer la grève du 10 octobre

  • [INTERVIEW] Christine Planus, déléguée principale CGSP à Publifin

    Photo: clic-gauche.be

    Depuis le début de l’affaire Nethys-Publifin, les déclarations émanant du monde politique et économique ainsi que les analyses des éditorialistes n’ont pas manqués. Les travailleurs de Publifin sont loin d’avoir bénéficié de la même couverture médiatique, même si celle-ci n’a pas été complètement inexistante.
    Voilà pourquoi il a paru important à la rédaction de Lutte Socialiste et de socialisme.be de leur donner la parole par la voix de Christine Planus, délégués principale CGSP à Publifin.

    Propos recueillis par Simon (Liège)

    Lutte Socialiste : Peux-tu te présenter à nos lecteurs ?

    Christine Planus : Je m’appelle Christine Planus. Je travaille au service clientèle de Publifin, précisément dans le secteur qui concerne les relations avec les fournisseurs. Depuis la libéralisation du secteur de l’énergie et la réorganisation de l’entreprise, tous les services ont été rebaptisés en anglais ainsi que les fonction des travailleurs, mais je refuse de me rappeler comment on a rebaptisée la mienne!

    Je suis éducatrice de formation et j’ai d’ailleurs été déléguée pour le Setca quand je travaillais dans le secteur social à Spa. Depuis 21 ans, je travaille dans la structure qui s’appelle aujourd’hui Publifin. Je suis déléguée CGSP depuis 18 ans et déléguée principale depuis 2009.

    LS : Depuis le début des affaires, quel est le sentiment des travailleurs ?

    CP : Sur la question du scandale des rémunérations des mandataires dans les comités de secteur de Nethys, les travailleurs ne se sentaient d’abord pas concernés. Mais en même temps, des changements vont survenir et cela suscite de l’espoir.

    La direction est aujourd’hui fragilisée et donc, le processus vers la privatisation risque d’être enrayé. Ce qui n’avait plus d’intercommunale que le nom pourrait bien se recentrer sur ses missions de services publics, c’est à dire rendre un service aux citoyen tout en rémunérant les actionnaires publics (communes et province). La course à la profitabilité pourrait s’arrêter et on pourrait reprendre une vraie vie d’entreprise publique avec des engagements, des négociations syndicales réelles,…

    En même temps, nous n’osons pas encore trop y croire, nous restons prudents. Depuis longtemps, les travailleurs sont très sceptiques vis-à-vis de la volonté d’agir du monde politique.C’est pour ça que beaucoup ne pensent pas que la commission d’enquête parlementaire va donner quelque chose, que la classe politique va être vraiment courageuse et légiférer pour favoriser une gestion saine des entreprises publiques.

    LS : Pourtant, pas mal de politiques se sont positionnés pour défendre la privatisation de la structure. Jean-Claude Marcourt notamment, s’est prononcé pour une entrée en bourse de Publifin. Vous ne craignez pas que le moment soit utilisé pour aller plus loin dans la privatisation, qu’on vous fasse du chantage à l’emploi ?

    CP : Disons qu’on a l’habitude. Ces dernières années, chaque fois qu’il y a eu un moment de crise, c’est l’argument que l’autorité nous a sorti. Le fait que Stéphane Moreau soit mis sous pression ne l’a d’ailleurs pas fait changé de discours. Auditionné par la commission d’enquête parlementaire, il a quand même redit qu’il allait falloir continuer la politique d’économie et la compression du personnel. Mais sur ce discours du chantage à l’emploi, les travailleurs seront attentifs et nous ne nous laisserons pas faire.

    Dans ce contexte, c’est d’ailleurs incroyable qu’il nie sous serment avoir été présent au sein du siège de l’entreprise le 22/02 alors que plusieurs travailleurs l’ont vu ce jour-là ! Il y a toujours un sentiment d’impunité, de se sentir au dessus des lois. Comme un enfant gâté qu’on a jamais recadré. Sur cette question-là aussi, sur le laisser-faire,il y a une responsabilité politique.

    LS : Quelle est l’attitude de la direction vis-à-vis des travailleurs et des organisations syndicales en ce moment ?

    CP : C’est la panique en ce moment ! Depuis début janvier, je ne vois plus mon autorité, alors qu’auparavant, je les voyais au moins une fois semaine pour des dossiers personnels ou du travail syndical quotidien. La directrice générale et la DRH sont aux abonnés absents. La dernière fois que je les ai vus, l’arrogance habituelle avait laissé la place à un ton plus conciliant. Ils ont eu le culot de demander que la délégation syndicale sorte un communiqué pour soutenir la direction vu le contexte. Alors que moi-même et les militants syndicaux ont été constamment sous le feu d’attaques personnelles de la part de la direction, on nous demandait de nous solidariser contre la soit-disant « cabale » qui visait Stéphane Moreau. Une demande qui m’a surprise donc, et que j’ai bien sûr refusée.

    LS : Vous avez organisé un rassemblement devant le parlement wallon le jour de l’audition d’André Gilles par la commission d’enquête. Quel était le but de cette manifestation et comment s’est déroulée la mobilisation ?

    CP : Le but était de positionner les travailleurs dans le débat qui va forcément avoir lieu sur la réorganisation de l’entreprise : les politiques vont travailler sur un autre modèle, les travailleurs ne doivent pas êtres oubliés. La mobilisation a été très facile : avant même de la lancer largement, on avait déjà remplis une bonne partie des cars. On a dû en demander un supplémentaire pour pouvoir emmener tout le monde à Namur. C’est le résultat du sentiment parmi les collègues que quelque chose peut changer et que c’est le moment de bouger mais aussi grâce au travail de terrain que la délégation mène quotidiennement. Par exemple, il y a peu de temps, je suis passée dans chaque service pour faire une information sur la réforme des pensions. Je voulais des petits groupes, maximum 20 personnes, pour que chacun se sente à l’aise pour participer et poser ses questions. Ceci, ou bien les assemblées générales régulières, c’est illustratif de ce travail concret qui permet également de mobiliser les travailleurs durant les actions.

    LS : Jusqu’à présent, quelle a été l’attention médiatique accordée aux revendications des travailleurs ?

    CP : Dans les premiers temps, elle n’était pas énorme mais il faut dire que de notre part, il y avait aussi une volonté de ne pas trop communiquer. Depuis que la publication par le journal Médor de la vidéo où l’on voit Stéphane Moreau hurler pour intimider les travailleurs, il y a quand même une attention sur l’ambiance qui règne à l’intérieur de l’entreprise. Cela a peut-être favorisé le fait que nous soyons invités sur les plateaux télé. RTL par exemple, réserve une séquence dans sa prochaine émission de débat dominicale où seuls les syndicalistes sont présents.

    Cependant, il y a une forte personnalisation du débat, une focalisation sur les personnes impliquées quand il faudrait dénoncer un système. De ce point de vue, nous, militants syndicaux, sommes conscients que nous sommes utilisés. Le tout est de tirer parti de cette exposition médiatique comme du fait que nous allons être auditionnés par la commission d’enquête, pour attirer l’attention sur nos conditions de travail et sur la nécessité de nous recentrer sur nos missions de service public.

    LS : Plus généralement, quelle est le plan d’action que la délégation propose ?

    CP : Nous avons tenu une assemblée générale au mois de janvier. Un seul point était à l’ordre du jour : le cahier de revendications dont celles d’une augmentation des barèmes de 2%,….Après pas mal de discussions avec la délégation CSC, on a réussi à déposer ce cahier de revendications en front commun.
    Une AG extraordinaire des actionnaires de Publifin doit avoir lieu à la fin de ce mois. Nous allons organiser une mobilisation pour assurer la présence des travailleurs de façon à nous positionner dans le débat sur la structure : nous voulons une gestion saine de l’entreprise où les missions de l’intercommunale et le bien-être des travailleurs sont au centre du projet.

    Pour le reste on va attendre de voir ce qui va se passer mais on va rester mobilisé et il est clair que ceux qui voudraient toucher à l’emploi, nous trouverons sur leur chemin.

  • Deuxième jour de grève à ISS

    Ce lundi matin, le personnel de nettoyage du campus du Solbosch à l’ULB est entré en grève car leur employeur, ISS, à qui l’université sous-traite le service, ne cesse les provocations. Etudiants de Gauche Actifs est intervenu sur le piquet. Où en est on au bout de cette deuxième journée?

    La première journée de grève fut une journée de lutte. En milieu de journée, le personnel a pu développer un tract reprenant simplement leurs revendications:
    – Payement des jours fériés extra-légaux
    – Du matériel pour nettoyer
    – Non au harcèlement par les contrôleurs
    – Remplacement du personnel en congé maladie ou en incapacité de travail
    Au bout de la journée, ce sont, en plus des deux syndicats du personnel de nettoyage, 3 délégations syndicales de l’ULB et 3 cercles étudiants qui ont cosigné leur appel. Mais ce dernier ne reprenait pas que les revendications.

    En prévision que le conflit puisse duré, il est vite apparu nécessaire de d’élargir le conflit dans la communauté universitaire en mobilisant vers
    une manifestation ce jeudi 16 mars dès 12h devant le foyer (campus du Solbosch).

    Ce mardi matin, nous avons donc pu directement tracter, dès 7h30, à l’entrée du campus avec des travailleuses d’ISS. Et les retours furent très positifs. Nous avons commencé à faire signé une pétition de soutient aux étudiants et au travailleurs de l’ULB pour évaluer la solidarité et, sans avoir encore pu compter le résultat, il était clair que le personnel de nettoyage n’est pas seul.

    Malheureusement, en fin de journée, il a été annoncé qu’ISS refusait la moindre concession. La colère est maintenant grande parmi le personnel qui compte maintenir la pression.

    N’hésite pas à nous rejoindre sur le piquet demain dans la journée pour rencontré le personnel. Il est très positif que la grève soit utilisée pour discuter de la lutte, saisissons cette occasion. Mais le moment le plus important sera la manifestation de ce jeudi midi sur l’avenue Héger, devant le Foyer.

  • ULB. En soutien à la grève du personnel du nettoyage de l’ISS

    Début février, le magasine féministe Axelle a publié un article sur les conditions de travail des femmes de ménages à l’ULB (du campus du Solbosch en particulier) : Une journée avec Anita, femme de ménage à l’ULB (1). Les problèmes rencontrés par le personnel de nettoyage du campus bruxellois découlent de la sous-traitance par l’université du partie de ses services.

    Par les Etudiants de Gauche Actifs – ULB

    Comme révélé dans l’article, la sous-traitance est encore aujourd’hui catastrophique pour le personnel (ultraflexibilité, manque de matériel…). Dans un premier temps, c’est la santé des travailleurs qui en pâtira. Mais aussi la qualité du travail. Pour ISS, voir qu’un de ses clients (un gros client en particulier) n’est pas satisfait de la qualité du travail, c’est prendre le risque de perdre le contrat l’année d’après. Plutôt que d’engager du personnel en suffisance et de fournir le matériel nécessaire, ce sont les travailleurs qui sont blâmés. En tout, ce sont 8 contrôleurs qui sont chargés de passer derrière le personnel du solbosch (4 engagés par l’ULB et 4 par ISS).

    Début 2015, les pressions de ces brigadiers avaient menés un délégué syndical à l’hopital en raison d’une crise cardiaque. Heureusement, le personnel du solbosch a débraillé (2) en solidarité. Mais de tel problème n’étaient-ils pas prévisible par l’université ?

    En décembre 2012, Martin Casier, vice-président de l’ULB, expliquait dans une interview pourquoi l’ULB recourt à la sous-traitance de plusieurs de ses services (3) : « Parce que ce n’est pas notre métier ! […] Une société de ménage qui fait 15.000 sociétés fait encore plus d’économies d’échelle. Ça revient à moins cher au mètre carré de sous-traiter et ça nous évite tout un suivi qui ne doit pas être fait en interne, ça permet de nous décharger de cette gestion du ménage. Mais on fixe un cahier des charges avec tout ce qui doit être fait et il y a un contrôle qui est effectué. »

    Pour délivrer le contrat, l’ULB fait jouer la concurrence entre les entreprises. Le secteur du nettoyage est caractérisé par l’attribution de marché sur la base de l’offre la moins chère avec des prix clairement en-dessous des prix du marchés (4). Même la FENI (Fédération Européenne du Nettoyage Industriel) reconnaît le problème (5): « la plupart des répondants conviennent sans réserve que le fait de sélectionner les soumissions uniquement sur la base du prix entraîne les prix dans une spirale à la baisse »

    Quand l’ULB fait des « économies d’échelle », c’est aux travailleurs de les payer. Comme le rappel Anita (6) : « ISS a proposé l’offre la plus basse pour pouvoir décrocher ce chantier en 2014. Le problème, c’est que l’ULB vient nous contrôler pour la qualité. Mais c’est impossible avec tout le travail qu’on a… »

    Et ce n’est pas tout. Les travailleurs payent une deuxième fois pour la sous-traitance. Une fois le contrat signé, ces derniers sont soumis à une convention collective différente de celle de l’entreprise cliente. Anita expliquait d’ailleurs dans l’interview n’avoir même pas accès au tarif réduit à la cantine depuis qu’elle ne fait pas formellement partie du personnel de l’ULB. La cantine n’est pas le seul point négatif du changement de convention collective : non payement des frais de déplacement et des frais de nettoyage des vêtements de travail, suppression des primes, non payement des jours férié extralégaux (St-V entre autres)… En opérant ainsi, l’ULB divise aussi le personnel : une entreprise différente, c’est un syndicat différent. Cela met à mal la résistance collective face à un employeur commun.

    Martin Casier évoque aussi ces fameux « contrôles » sur le cahier des charges imposés par l’ULB à ISS. Au vu des problèmes rencontrés par la délégation, on ne peut pas dire qu’ils soient du genre pointilleux, avec ISS en tout cas. Car pour contrôler le personnel, là on engage ! Dans la même interview, Martin Casier nous dit tout de même que, dans le cas particulier du nettoyage, l’ULB y gagnerait un peu en terme d’argent. Il est déjà intéressant de constater que le but de l’ULB n’est pas le service à la communauté mais d’être rentable. Mais alors, pourquoi ne pas réintégrer le personnel ? Car, selon lui, cela signifierait récupérer « tous les problèmes de gestion. » Des « problèmes de gestion » ? C’est comme cela qu’on appelle la flexibilisation des horaires et la précarisation des travailleurs maintenant.

    Une université ne devrait pas brader ses campus aux plus offrants. EGA revendique un refinancement de l’enseignement à hauteur de 7 % du PIB.

    La situation n’est pourtant pas nouvelle. Début 2000, le même personnel de nettoyage, alors employé par l’entreprise Adiclean, était rentré en lutte pour défendre un collègue abusivement licencié (7). Lors du Conseil d’Entreprise du 6 mars 2000, les syndicats était intervenu pour expliquer que c’était justement le sous-traitance qui avait permit le licenciement abusif (8).

    La même année, un nouveau conflit permet de nous faire une meilleure idée de ces prétendus avantages à sous-traiter la gestion du nettoyage (9). A l’époque, Adiclean abusait du personnel au niveau de ses horaires. L’ULB avait alors engagé un semblant d’enquête pour établir les faits. L’enquête en question avait alors été placée sous la direction… d’un des responsables du nettoyage auprès d’ISS. Heureusement, le syndical de l’époque, Gauche Syndical, était immédiatement entrée en solidarité avec les femmes et hommes de ménages (10). Par contre, pour accuser Gauche Syndicale de tous les maux, l’ULB ne s’est pas faite attendre (11).

    Dans les faits, la prétendue résolution de ces « problèmes de gestion » ne sent rien de plus que le néolibéralisme. ISS emploie près de 10000 travailleurs en Belgique et près d’un demi million mondialement (12). Leur apport ne réside pas dans la résolution des problèmes du personnel mais dans celui du CA de l’ULB. Depuis la sous-traitance, en cas de problème, l’ULB peut se dédouaner de toute responsabilité et jeter la balle à ISS, une multinationale qui pèsera plus lourd lors de conflits sociaux.

    En Belgique, le nettoyage est le 6e plus gros secteur en ce qui concerne les femmes (13) et il emploi à hauteur de 65 % de personnel féminin. De plus, le secteur est le 2e plus gros impliqué dans la sous-traitance (derrière les agences d’interim, c’est dire) et nous pouvons encore rajouter que 68 % du personnel du secteur travail à temps partiel (14). Tout ceci prit en compte, les femmes sont ainsi particulièrement touchée par la précarisation liée à la sous-traitance. Et encore, c’est sans avoir abordé les nombreux problèmes de santé du secteur considéré comme un des plus dangereux (problème de dos, usage de produits corrosifs…). (15)

    Il y a quelques années, nous écrivions « l’ULB ne sera vraiment démocratique que lorsqu’une femme de ménage pourra devenir Présidente de CA ou recteur. » Plus que jamais, EGA restera aux cotés du personnels qui a lui aussi désespérément besoin d’un refinancement de l’enseignement.

    NOTES

    (1) http://www.axellemag.be/journee-anita-femme-de-menage-a-lulb/)
    (2) https://gauche.be/2016/05/ulb-greve-du-nettoyage-pour-defendre-les-delegues/
    (3) http://lapige.be/2012/12/lulb-et-les-societes-privees/
    (4) http://www.ulb.ac.be/socio/tef/revues/TEF%206-2.pdf
    (5) FENI – Euro-Fiet, Rapport Pye-Tait, rapport de l’étude demandée par la FENI et Euro-Fiet sur les
    aspects clés du nettoyage industriel en Europe, Octobre 1999, p. 52
    (6) http://www.axellemag.be/journee-anita-femme-de-menage-a-lulb/
    (7) http://www.ulb.ac.be/assoc/gs/documents/tracts/nettoyage/adiclean2.pdf
    (8) http://www.ulb.ac.be/assoc/gs/documents/tracts/nettoyage/ce0.html
    (9) http://www.ulb.ac.be/assoc/gs/documents/tracts/nettoyage/adiclean3.pdf
    (10) http://www.ulb.ac.be/assoc/gs/documents/tracts/nettoyage/adiclean4.html
    (11) http://www.ulb.ac.be/assoc/gs/documents/tracts/nettoyage/ce2.html
    (12) http://www.annualreport.issworld.com/2016/
    (13) http://www.ulb.ac.be/socio/tef/revues/TEF%206-2.pdf
    (14) http://www.ulb.ac.be/socio/tef/revues/TEF%206-2.pdf
    (15) http://www.ulb.ac.be/socio/tef/revues/TEF%206-2.pdf

  • Manque critique de personnel aux centres d’urgences

    noodEn juin, un homme est décédé parce qu’il n’est pas parvenu à joindre le centre d’urgence au numéro 112. Un temps d’attente de quatre minutes peut couter des vies. En cas de tempête ou d’orage, les centres sont presque toujours débordés. Mais le manque de personnel se ressent aussi dans des conditions ‘‘normales’’. Nous en avons discuté avec Ann, déléguée ACOD (la CGSP en Flandre) au centre d’urgence de Louvain.

    Peux-tu expliquer brièvement le fonctionnement des centres d’urgence ?

    “Il y a environ dix ans, il a été décidé que les appels d’urgences seraient pris en charge par du personnel civil. Avant, c’était la police. Le projet consistait aussi à utiliser le numéro 112 pour les appels d’urgences dans toute l’Europe. Cela demande évidemment du personnel pluridisciplinaire qui puisse envoyer l’aide adéquate.

    “L’argent a manqué, de même qu’une vision de la situation à atteindre, pour créer un service unique performant en Belgique. Les ministres se sont succédé avec chaque fois des propositions différentes. Entretemps, il existe toujours deux numéros d’urgence opérationnels: 100 (ambulances et pompiers) et 101 (police). À Louvain, nous nous trouvons tous dans la même pièce, mais ce n’est pas toujours le cas ailleurs. Quand on téléphone au 112, on arrive d’abord au 100 parce que des éventuelles interventions médicales ont la priorité.”

    Quels sont les problèmes principaux sur le lieu de travail ?

    “Le manque de collègues. Dans mon service, le cadre n’est pas complet : nous sommes 21, au lieu des 28 prévus. Cela mène à une pression plus élevée et régulièrement à un manque de personnes, ce qui devient encore plus problématique lors d’orages, par exemple. La pression au travail augmente l’absentéisme et les gens partent dès qu’ils trouvent un autre boulot.

    “Récemment, des collègues du 100 m’ont raconté qu’une nuit d’un dimanche, une seule personne était présente pour assurer le service. C’est irresponsable ! Finalement, après de nombreux coups de téléphone, ils ont trouvé une deuxième personne. C’est déjà arrivé qu’un collègue de Flandre Occidentale vienne faire un remplacement, car il n’y a personne d’autre. S’il y a quelques collègues en vacances lorsque d’autres sont malades à cause de la pression au travail, et que d’autres ont déjà dû faire trop de remplacements, c’est très difficile de trouver encore quelqu’un pour assurer le service. Imaginez-vous que deux personnes au service 100 doivent s’occuper d’un incident sérieux comme un attentat…

    “Un appel qui n’est pas vite pris en charge à cause d’un manque de call takers peut être critique. On l’a vu dans les médias en juin : un homme a essayé de téléphoner en vain au numéro d’urgence, n’est pas parvenu à les joindre et est décédé. Des cas pareils ne sont pas toujours visibles dans les médias, on ne vérifie pas toujours les appels passés sur le GSM d’une personne décédée. Avec le manque de personnel, il y aura d’autres victimes.”

    Cet été, les médias ont parlé du manque de personnel. Comment a réagi le ministre ?

    “Le Ministre Jambon et son cabinet ne nient pas le problème. C’est déjà quelque chose. Ils disent à chaque fois que la problématique est connue et que les recrutements sont en cours. Mais nous n’avons pas vraiment d’information là-dessus.

    “Auparavant, il y avait au moins une fois par an une concertation régionale pour le personnel du 100 et pour celui du 101. Depuis le gouvernement actuel, ce n’est plus le cas dans les centrales d’urgence néerlandophones. En fait, il n’y a aucune concertation. La raison, c’est que l’administration n’a plus de personnel pour présider ces comités de concertation et c’est difficile de remplacer du personnel de ce genre. Il n’y a qu’une concertation nationale sporadique. La dernière date du 22 mars, le jour des attentats. C’est évident qu’elle n’a pas eu beaucoup de résultats.

    “Nous attendons toujours un renforcement urgent. On est à cran. Cela mène au mécontentement, mais cela se limite souvent à une seule centrale ou même une seule équipe à la fois. La pression au travail et le manque de personnel minent la solidarité et rendent difficile le développement d’une vue plus large sur la politique globale de ce gouvernement. Pourtant, le manque de personnel récurant et le refus d’y remédier montrent clairement que ce gouvernement ne se soucie pas des travailleurs des centrales d’urgence ou de la population, qui devrait pouvoir compter sur le bon fonctionnement de ce service vital où chaque seconde peut faire la différence.”

  • Services publics. Et la RTBF dans tout ça ?

    RTBF_wikipedia

    Nous sommes nombreux à enrager en voyant la manière dont nos luttes et nos inquiétudes sont traitées dans les médias traditionnels. Et, très souvent, la RTBF en prend pour son grade, elle qui ressemble de plus en plus à RTL… Cette situation, des travailleurs de l’entreprise publique la dénoncent eux aussi. Depuis le mois de février, ils se sont déjà réunis une dizaine de fois en assemblée générale du personnel à Bruxelles, en organisant le trajet des collègues des autres sites.

    Au piquet de l’antenne de Liège, les grévistes ne décolèrent pas. ”La Loi Peeters, on connait déjà ça nous! On peut même bosser jusqu’à 50 heures suite à un accord pourri.” La situation est de plus en plus intenable et elle a déjà fait parler d’elle (lire notamment cet article de nos archives: “RTBF & précarité organisée”).

    Aucun progrès social n’a vu le jour sans recourir à une forme de lutte pour le concrétiser

    Les grévistes avaient particulièrement soigné leur communication en préparant des tracts spécifiques. Celui préparé pour la journée d’actions et de grève du 31 mai dans les services publics et distribué ‘‘dans la perspective de la grève générale du 24 juin’’ était toujours disponible le 24 juin. Son texte aborde très justement ‘‘le désinvestissement massif dans les services publics devient un mode de fonctionnement du pouvoir politique partout en Europe, nous devons réagir. (…) Partout dans la fonction publique, on supprime, par le non-renouvellement des départs de 5 travailleurs sur 5, les effectifs nécessaires à offrir au citoyen des services publics à la mesure des impôts qu’il paie pour en bénéficier. De la culture aux prisons en passant par la sécurité, les soins de santé et la protection sociale, chaque secteur se vide des moyens qui lui revenaient pour assurer ses missions et du personnel nécessaire à faire fonctionner ses services.’’

    Mais il rajoute d’emblée les problèmes spécifiques à la RTBF : ‘‘moins de personnel stable puisque celui-ci restera limité à 1970 ETP, équivalents temps plein, (dont 59 ETP de personnes en Contrats à durée déterminée), moins d’activités, car nous ne pourrons pas relevé tous les défis de l’évolution numérique et médiatique avec si peu de personnel pour faire vivre 3 chaînes de TV, 5 chaînes de radio (avec de la radio filmée) en plus des médias sociaux, et enfin moins de diversité et moins de productions propres puisqu’il faudra bien sous-traiter des émissions et des services pour ceinturer de force le corset budgétaire qui nous donnera une apparence financière présentable…’’ Il se terminait enfin par ces mots: ‘‘aucun progrès social n’a vu le jour sans recourir à une forme de lutte pour le concrétiser’’.

    L’impact positif des assemblées générales pour impliquer le personnel

    Un autre tract spécifiquement préparé pour le 24 juin parle du climat difficile à la RTBF ‘‘qui résulte d’une bonne dizaine d’années d’économies et de réduction de moyens, dénoncées par la succession d’assemblées générales qui ont eu lieu au cours de ces derniers mois.’’ Il raconte aussi qu’en prévision du mouvement de grève CGSP du 24 juin, aucune réquisition de personnel ne serait pratiquée pour réaliser le programme convenu avec les organisations syndicales. ‘‘Le personnel de la RTBF, qui est censé pouvoir être partiellement réquisitionné dans le cadre des obligations de programme minimum du média public, pouvait donc se déclarer en grève sans qu’une partie des travailleurs soit obligée d’être présente. La direction a, sans doute, estimé que les organisations syndicales ne parviendraient pas à convaincre suffisamment de travailleurs de participer à cette grève. Elle s’est trompée !’’ La direction a donc dû unilatéralement revenir sur un accord passé en comité d’entreprise quelques jours plus tôt et limité d’autorité une grève qui lui a fait tellement peur pour ses conséquences.

    Les grévistes sont convaincus que cette participation plus importante au mouvement découle naturellement de la succession d’assemblées générales qui a pris place ces derniers mois. La confiance ébranlée de la direction face à la force potentielle d’une grève à la RTBF est un signal fort pour le personnel qui est de bon augure pour la suite du plan d’action à la rentrée, avec la manifestation nationale en front commun du 29 septembre et la grève générale nationale du 7 octobre.

    Au côté de leurs camarades, les syndicalistes de la RTBF défendront de ‘‘ramener le paquebot RTBF dans les eaux du service public de qualité. Avec des programmes de qualité, du personnel attaché à l’entreprise (la fin de la présence d’une agence d’intérim au sein de l’entreprise), la fin de l’externalisation et une diminution importante des postes hiérarchiques intermédiaires qui se sont multipliés ces dernières années.’’

    Arrêter notre lutte, ce serait accepter le retour aux conditions sociales du passé

    Enfin, un troisième tract était à disposition en abordant le thème plus vaste du droit de grève sous le titre : ‘‘Adapter le droit de grève au 21e siècle ? La régression sociale ne se négocie pas, elle se combat.’’ Il déclare notamment : ‘‘Vous qui êtes confrontés aux désagréments de la grève générale, ou qui manifestez votre solidarité à nos côtés pour défendre ‘‘autre chose’’, ne pensez pas que ce conflit social soit d’un autre âge… ! Qui et quoi combattre, et comment le faire, sont des questions légitimes. (…) Il reste parfois difficile de se positionner, mais un petit rappel s’impose : le ‘‘droit au travail’’ n’existe pas de la façon dont l’entendent ceux qui veulent justifier l’interdiction des ‘‘piquets de grève’’. En effet, si un droit absolu au travail existait, le fait d’être sans emploi constituerait alors la violation d’un droit, puisque l’Etat aurait à garantir objectivement et individuellement le droit à chacun d’obtenir un emploi adapté à ses compétences.’’ Très correctement, l’argumentation développée se termine ainsi : ‘‘Arrêter notre lutte, ce serait accepter le retour des conditions sociales du passé !’’

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    Café syndical à Liège : “Comment renverser ce gouvernement de malheur?” Ce mercredi 29 juin, 18h30,
    au Centre culturel “Le Zénith” (15, Rue Jean d’Outremeuse, 4000 Liège). Venez partager vos expériences et envisager la préparation d’un automne chaud contre Michel 1er avec des militants syndicaux et notamment GUSTAVE DACHE, vétéran du mouvement ouvrier à Charleroi. Métallo durant des années, il a été délégué à Caterpillar et à Citroën et a également très activement participé à la grande grève générale de l’hiver 1960-61.

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