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Category: Social
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Inclusivité de façade? Organisons-nous pour les droits LGBTQIA+ au travail
En ce mois des Fiertés, les drapeaux arc-en-ciel colorent les rues et les bâtiments de nombreuses entreprises. Le mot “inclusivité” fait partie du vocabulaire usuel de nombreux dirigeant.es d’entreprises. Et pourtant… malgré ce décor bienveillant, les discriminations envers les personnes LGBTQIA+ ne diminuent pas.
Ainsi, en Belgique, 2/3 des couples homosexuels n’osent pas se tenir la main en rue et 3/4 n’osent pas parler ouvertement au travail de leur identité de genre ou de leurs préférences sexuelles. Cela impacte leurs participations à des événements informels où les conjoint.e.s sont invité.es et restreint leur intégration au travail. Pratiquement toutes et tous déclarent avoir été confronté.es à des actes de haine, 40% ont fait une tentative de suicide suite à ce contexte discriminant (contre 7% dans la population générale).
Des Chartes aux actions concrètes
Face à ces statistiques terrifiantes, de nombreux employeurs (entreprises privées et publiques) ont été poussés à signer des chartes et développent des brochures montrant ainsi que leur entreprise se préoccupe de ces questions. Si c’est un pas en avant, dans la pratique, ce n’est que très peu suivi d’actes, comme si ces discriminations étaient déconnectées de toute réalité tangible et de nos conditions de travail.
Notons que signer une charte n’a rien de contraignant, tandis que des accords d’entreprise ou interprofessionnels, négociés par les syndicats, eux le sont ; même s’il faut aussi encore les défendre et en assurer la vie sur le terrain. Les discriminations continuent à être clairement affichées comme un outil du patronat. Ainsi, 13% des personnes LGBT+ déclarent avoir été questionnées sur leur orientation sexuelle au moment de l’embauche et la moitié des personnes LGBT+ victimes de discrimination le sont au moment de l’embauche ou sur leur lieu de travail (statistique de l’IFOP-France).
Des uniformes aux sanitaires, les conditions de travail doivent évoluer
Longtemps, de nombreuses entreprises ont prétendu qu’il n’était pas possible d’engager des femmes vu l’absence de vestiaires spécifiques. Aujourd’hui, ce problème est relativement résolu dans une majorité des secteurs (mais pas dans tous, comme dans la construction par exemple). Cependant, des sanitaires et vestiaires collectifs ne permettent pas d’assurer la sécurité et la tranquillité de tout le monde, en particulier des personnes transgenres. Lutter pour des cabines individuelles lors de la construction et la rénovation des lieux de travail est nécessaire pour favoriser le bien-être de tout le monde au travail et réduire les discriminations à l’embauche.
La présence de représentant.e.s syndicaux durant les entretiens d’embauche est également importante pour éviter les questions discriminatoires. La loi prévoit cette possibilité, mais une pression de travail accrue pèse sur elles et eux. Alors que les élections sociales viennent de prendre place, nous devons lutter pour que les représentant.e.s puissent être libéré.e.s autant que nécessaire pour l’ensemble de leurs tâches.
D’autres revendications contre les discriminations au travail pourraient porter sur des uniformes “neutres”, adaptables à la demande des travailleur.euse.s. Ou encore la nécessité de privilégier le travail en équipe, ou au moins en binôme, plutôt que seul, lorsqu’on est en contact avec le public afin de ne pas être isolé en cas d’hostilité, d’agression, de violence ou de comportement discriminant.
Le mouvement syndical doit combler son retard
Les syndicats ont quelques trains de retard en matière d’attention aux discriminations de genre et LGBTQIA+phobe. Face à une discrimination LGBTQIA+phobe au travail, il est clair que le réflexe n’est pas, aujourd’hui, d’en faire part à son.sa représentant.e syndical tant l’attention et la compréhension du problème sont souvent faibles en la matière. Les travailleur.euse.s se tournent plutôt, dans l’ordre, vers des associations LGBTQIA+ extérieures, la justice ou la hiérarchie. Dans 12 % des cas, ils et elles quittent leurs emplois, faute d’amélioration.
Il semble nécessaire qu’un plan de formation soit développé dans les syndicats à destination des militant.es, et à fortiori les délégué.es d’entreprise, mais aussi des permanent.es syndicaux afin que le mouvement syndical puisse organiser et défendre tous les travailleur.euse.s. Des campagnes d’affichages pour communiquer à ce sujet et sur des revendications spécifiques pour l’entreprise ont été développées çà et là par des militant.es et pourraient être davantage généralisées.
À l’image de ce que fait la CGT en France, un kit militant pourrait être développé pour que les travailleur.euse.s puissent participer de manière militante aux Prides, non pas avec les couleurs de leur entreprise, mais celles de leur syndicat. La lutte contre les discriminations n’est pas une sous-lutte du mouvement syndical, mais en fait partie à part entière. “Plus forts ensemble !” nous rappelle la FGTB. En tant que militant.e, participons à la construction de cette unité de l’ensemble des personnes opprimées et exploitées !
Pride is a Protest 30 juin. Coyendanspark Gand
13h. Accueil, ateliers et musique
15h. Début de la marche
17h. Discours, spectacle de travestis et aérobic des années ‘80
20h. Groupes et DJ (fin à 22h)
Ateliers, de 13h15 à 14h30 :
– Atelier d’autodéfense queer, par Queer Gym: cet atelier propose une introduction à l’autodéfense.
– Activisme trans révolutionnaire. De S T A R à aujourd’hui. Avec Conor Tomey (il/lui) de la Trans and Intersex Pride Dublin (atelier en anglais).
– Mouvement anti-genre. Qui sont-ils et comment les combattre? Avec Rylan (iel), doctorant.e à l’Université d’Anvers spécialisé.e sur les mouvements anti-genre.
– Pas de Pride dans un génocide! Avec Carmen (elle), fondatrice d’Anvers pour la Palestine et directrice de l’ASBL Palestine Solidarity. Carmen discutera de l’histoire de la Palestine et de la résistance et abordera notamment le “pinkwashing” du régime israélien.
– L’histoire de la Pride. Sam (iel) de la Campagne ROSA nous ramènera au soulèvement de Stonewall de juin 1969 et aux idées radicales qui ont donné naissance aux Pride.
– Où en est le capitalisme hétéronormatif et binaire? Cet atelier explorera l’utilité des rôles de genre binaires pour le système capitaliste.
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Pride radicale à Paris “Pour l’autodétermination et la libération des identités et des peuples”
Ce dimanche 16 juin a eu lieu à Paris l’édition 2024 de la Pride radicale, à l’initiative des collectifs Queer Racisé·e·s Autonomes, Décolonisons Le Féminisme, Nta Rajel?, DIIVINESLGBTQIA+, Queer Education, RaíZes Arrechas et Maré Mananga. Alternative Socialiste Internationale – France y était également et y a notamment distribué le tract disponible ci-dessous.
Il y a urgence ! La menace d’un gouvernement d’extrême droite est bien réelle. Nous le savons, ça signifiera notamment encore plus de violences et d’attaques de l’Etat contre les personnes LGBTQIA+, tout particulièrement contre les personnes trans, de même que contre les personnes qui subissent déjà aujourd’hui la brutalité du racisme ou du sexisme systémiques, contre la jeunesse et contre les syndicalistes. C’est la classe travailleuse dans toute sa diversité qui est visée.
Ce n’est pas une fatalité. Par l’unité dans l’action, ensemble, nous pouvons repousser la menace et passer à la contre-offensive pour en finir avec elle. Voter pour le Nouveau Front Populaire (NFP) est un des prochains pas pour aller de l’avant, mais ce sera très loin d’être suffisant. Nous devons construire la lutte sociale de manière à disposer d’un puissant rapport de force à notre faveur, dans la rue et sur les lieux de travail. C’est par la lutte que nous avons arraché nos conquêtes sociales, c’est ainsi que nous les défendrons aussi. C’est aussi la meilleure manière d’instaurer une pression sur le NFP pour assurer que ses candidat⸱es défendent nos intérêts dans les actes. C’est encore la meilleure façon de démasquer les mensonges du RN et de ses propositions soi-disant “sociales”. Enfin, l’action collective, c’est le remède idéal contre la division et la haine de l’autre semées par la macronie et l’extrême droite. Les préjugés ne résistent pas aux manifestations et aux grèves organisées démocratiquement dans les rues, sur les lieux de travail, dans les universités, etc. contre toutes les formes d’oppression et d’exploitation. Si toute la diversité de la classe travailleuse est accueillie et valorisée dans la mobilisation de masse, plus rien n’est impossible !
Les jeunes et les personnes opprimées montrent la voie. Ielles sont à l’avant-garde de la résistance qui a commencé à se former immédiatement dimanche dernier, avec des manifestations quotidiennes dans toute la France rassemblant des dizaines de milliers de personnes de la classe travailleuse. Deux lycées à Paris et à Lyon ont été bloqués lundi et les organisations queers, féministes, de jeunesse ainsi que les syndicats lycéens et étudiants appellent à l’unité dans la lutte. Leur détermination et le mouvement de résistance grandissant font écho aux nombreuses luttes inspirantes de ces derniers mois : de la solidarité avec les masses palestiniennes ou kanaks à la grève féministe du 8 mars, en passant par la nouvelle vague #metoo dans le cinéma et les hôpitaux, et par la riposte trans, il est clair que la jeunesse et les personnes opprimées refusent d’être ramené⸱es en arrière. Ces luttes doivent être reflétées de manière centrale dans le NFP et dans son programme.
5 des 8 principales organisations syndicales (CFDT, CGT, Unsa, FSU et Solidaires) ont lancé l’appel unitaire à manifester dans toute la France ce week-end contre l’extrême-droite. C’est absolument crucial et c’est la dynamique à suivre. Quel que soit le résultat des législatives, nous aurons besoin de nous battre pour faire valoir nos droits. Pour l’assister et assurer le contrôle du mouvement par la base, du bas vers le haut, nous devons mettre en place sans perdre de temps des comités de lutte démocratique antifascistes partout – au boulot, dans les universités, les écoles et les quartiers – afin de décider d’un plan d’action en escalade, avec l’objectif du blocage de l’économie par la grève. De cette manière, nous pouvons reconstruire l’ambiance explosive de la bataille contre la réforme des retraites et aller là où les directions syndicales ont refusé d’aller : vers la grève générale reconductible contre l’extrême droite, mais aussi contre les oppressions, l’austérité et le système capitaliste dans son ensemble.
De la bataille historique contre la réforme des retraites à la menace d’un gouvernement d’extrême droite. Comment expliquer ça ?
Un an seulement après que l’on ait ressenti le potentiel d’un nouveau mai ‘68, l’extrême droite est à l’offensive et pourrait diriger le prochain gouvernement. Comment en sommes-nous arrivés là ? Comment construire une lutte sociale plus forte et efficace ? Le combat contre les oppressions est central dans les deux cas.
Il y a un an, la pression de la base n’a pas été suffisante pour pousser l’Intersyndicale à organiser une grève générale reconductible. Le gouvernement Macron a bien vu les faiblesses des sommets syndicaux. Il a alors instrumentalisé les éléments émeutiers de la révolte qui a suivi le meurtre policier raciste de Nahel pour semer des éléments de division dans le mouvement avec une contre-offensive islamophobe et raciste visant à diaboliser tout soutien à #justicepourNahel. Face à la réaction tardive des directions syndicales et d’une grande partie de la NUPES pour soutenir les luttes antiracistes, Macron a continué sur sa voie. Et durant des mois, la faiblesse de la gauche réformiste en matière de lutte contre les oppressions a permis à la contre-offensive de la droite de prendre de l’ampleur avec l’interdiction raciste et sexiste de l’abaya, la loi raciste sur l’immigration, la répression brutale du mouvement de solidarité avec la Palestine ou encore l’écœurant soutien de Macron à Depardieu. Pour affaiblir la résistance sociale, Macron a fait le choix délibéré de normaliser bien des aspects de l’extrême droite.
Le projet de loi anti-trans proposé par Les Républicains (LR) et adopté par le Sénat à la fin du mois de mai – qui exclut les mineurs des soins de santé et menace d’amendes et de peines de prison le personnel médical qui les procurent – est une autre escalade de cette offensive réactionnaire. Les attaques contre les personnes LGBTQIA+, et en particulier les personnes trans, sont au premier plan du processus réactionnaire en France et dans le monde entier. En mai dernier, l’establishment péruvien a classé les identités trans et queer comme maladies mentales. En juillet de l’année dernière, la Russie a interdit toutes les transitions administratives et médicales, y compris la chirurgie et les traitements hormonaux. Aux États-Unis, nous assistons à l’interdiction de livres et à un assaut de lois queerphobes et transphobes.
Ces attaques et le discours “anti-woke” qui présente les personnes LGBTQIA+ comme “anormales” s’ajoutent à la crise quotidienne à laquelle sont confrontées les personnes queer de la classe travailleuse : ielles sont touché⸱es de manière disproportionnée par les coupes budgétaires dans les services sociaux de base et sont confronté⸱es à des taux élevés de pauvreté, de sans-abrisme et de violence de genre, ainsi qu’à des listes d’attente très longues en cas de soins de santé trans. Cela stimule et normalise la violence et le harcèlement. L’année dernière, les cas enregistrés par la police (une minorité !) ont augmenté de 19% en France et 2022 a été l’année la plus meurtrière pour les personnes LGBTQIA+ en Europe depuis une décennie. Tout cela doit cesser ! C’est pourquoi la Pride est synonyme de riposte !
C’est tout le système qui est coupable ! La libération queer, pas le capitalisme arc-en-ciel !
Ce déluge d’attaques est déclenché par la classe dirigeante pour protéger son système capitaliste pourri, qui se traduit par des profits pour une minorité et par l’austérité et la violence pour la majorité. La LGBTQIA+phobie, le sexisme et la violence de genre sont profondément enracinés dans la structure familiale patriarcale du capitalisme ainsi que dans le système dans son ensemble, qui ne peut fonctionner sans le modèle binaire du sexe et du genre. Le capitalisme s’appuie sur les soins et les travaux ménagers non rémunérés, dont plus des trois quarts sont effectués par les femmes dans le monde, et utilise la LGBTQIA+phobie, le sexisme et le racisme pour diviser la classe travailleuse et briser notre volonté de résister – et ce peu importe le résultat meurtrier des idées transphobes rampantes dans notre société.
Nous ne les laisserons pas faire! La riposte trans et la grève féministe du 8 mars ont montré la voie. Nous accueillons la mobilisation des syndicats comme la CGT et Solidaires, ainsi que des partis politiques de gauche comme LFI. Cependant, il faut aller plus loin. Inspirons-nous de la formidable lutte de la classe travailleuse en Argentine, mené par les femmes et les personnes LGBTQIA+. Depuis l’arrivée au pouvoir de Milei, ielles ont organisé deux grèves générales et une grève féministe massive le 8 mars sous le slogan “Cette fois, nous devons y arriver”, un discours devant le congrès clôturé par “Nous n’avons pas peur de Milei ! Nous étions une marée, nous deviendrons un tsunami !” Voilà comment on combat l’extrême droite !
Des comités de résistance antifascistes démocratiques partout !
Le Rassemblement national a obtenu plus de 30 % et Macron a tout de suite convoqué des élections législatives anticipées. Quel contraste avec son opposition acharnée à la résistance de millions de Français⸱es qui ont fait grève et ont manifesté contre sa réforme des retraites ! Il est plus prompt à se lancer dans une aventure qui peut conduire l’extrême droite au pouvoir. Le patronat regarde avec satisfaction, tandis qu’une partie de la droite est prête à s’allier au RN. La droite ne fait pas barrage à l’extrême droite, elle lui déroule au contraire le tapis rouge.
Face à cela, notre riposte doit aller au-delà du vote pour le NFP, elle doit être un front uni de la classe travailleuse dans toute sa diversité. Nous devons construire un mouvement dans l’esprit de la lutte contre la réforme des retraites, qui combine la force considérable du mouvement ouvrier organisé, grâce à l’arme de la grève reconductible, avec la volonté courageuse et inspirante de lutter en faveur d’un changement fondamental à l’avantage des jeunes et des opprimé⸱es, ce qui peut stimuler la lutte des classes dans son ensemble.
Des comités démocratiques de résistance antifasciste devraient être créés dans tous les quartiers populaires, les banlieues, les écoles, les universités et les lieux de travail. À petite échelle, cette méthode d’organisation a été utilisée dans les comités antifascistes de Bretagne, les assemblées générales d’enseignant⸱es, d’étudiant⸱es et de parents dans la lutte pour l’éducation nationale au début de cette année, ainsi que dans les comités de grève et les actions “Robin des Bois” pendant la lutte contre la réforme des retraites, lorsque les grévistes de l’énergie ont mis en place une distribution gratuite de gaz et d’électricité pour les écoles, les hôpitaux, etc. L’approvisionnement en électricité a été rétabli pour les utilisateur⸱trices qui ne pouvaient pas payer leurs factures et un tarif réduit allant jusqu’à 60 % a été mis en place pour les petit⸱es commerçant⸱es. Ces actions, bien que d’ampleur limitée, ont illustré ce que le contrôle et la gestion des travailleur⸱euses dans l’économie pourraient signifier. Cela donne un aperçu de ce que serait une société où celleux qui produisent les richesses décident de leur utilisation !
Le problème fondamental, ce n’est pas la diversité, c’est la toute-puissance de la dictature des marchés !
Combien de jeunes LGBTQIA+ ne se sentent pas en sécurité à l’école ? Mais les établissements scolaires sont dépourvus des ressources et connaissances suffisantes pour réagir de manière adéquate. Défendre un enseignement réellement inclusif, cela exige d’arracher un financement massif de l’enseignement, pour des classes plus petites, pour une formation accrue des enseignant⸱es y compris aux questions liées au genre, et pour une collaboration avec les associations de terrain qui ont accumulé une expertise largement ignorée par les pouvoirs publics.
Pour repousser la discrimination face au logement et en finir avec les longues listes d’attente pour bénéficier d’un logement social, nous devons nous battre en faveur d’un ambitieux plan de rénovation et de construction de logements sociaux, dont l’ampleur déterminera également l’efficacité de la pression sur l’ensemble des loyers du pays. Et ce, dans le cadre d’un plan public d’isolation et de rénovation du bâti, quartier par quartier. Nous voulons en finir avec toutes les formes de précarité, y compris la précarité énergétique!
Alors, oui, ça exige des moyens, mais la société n’en manque pas. En nationalisant les secteurs clés de l’économie sous contrôle et gestion démocratiques des travailleur.euse.s, nous pourrions utiliser les richesses monumentales qui existent pour répondre aux besoins de toute la population, et assurer l’épanouissement de chaque personne. Retirer tout le secteur pharmaceutique de la logique de profits, par exemple, permettrait d’assurer que la production de médicaments et de traitement hormonaux ne soit pas laissée à la simple appréciation des actionnaires. Pour en finir avec les pénuries, retirons la production des griffes des capitalistes!
Une telle révolution dans l’organisation de la société et au coeur de celle-ci – le système de production – modifierait aussi inévitablement les attitudes liées au genre et à l’orientation sexuelle. Celles-ci sont ancrées dans la société de classes et dans les relations de pouvoir qui en découlent. Une société socialiste démocratiquement planifiée poserait les bases de l’émancipation de l’humanité dans toute sa diversité.
Réunion ouverte – 1934-1936 : De la provocation fasciste au potentiel révolutionnaire
Le 6 février 1934, l’extrême droite manifesta dans les rues de Paris. La manifestation se termina par de violentes confrontations avec les forces de l’ordre. Le danger représenté par l’extrême droite en France devenait particulièrement évident. Mais la riposte antifasciste ouvrière ne se fit pas attendre et stoppa net le danger fasciste.

Cette réunion sera en ligne, toutes les infos sont disponibles pour y accéder avec ce code QR. La dynamique enclenchée alors conduisit au mouvement de grèves avec occupation d’usines de 1936, mouvement qui a posé les bases d’importantes conquêtes sociales telles que la semaine des 40 heures et l’extension des congés payés à tous les travailleurs. Cette grève générale s’est spontanément développée à la suite de la victoire électorale du Front Populaire, une alliance des socialistes (SFIO), des communistes (PCF) et du Parti radical, le parti pivot des gouvernements de l’entre-deux-guerres. L’ambiance était festive dans les entreprises : les travailleurs savaient que leur moment était venu. Le journal “Le Temps”, que Trotsky décrivait comme “la bourgeoisie sous forme de journal”, décrivait avec horreur comment les ouvriers se comportaient dans les usines : comme s’ils en étaient déjà les maîtres.
Le retentissement du mouvement dépassa les frontières françaises, il influença notamment la dynamique de la grève générale de juin 1936 en Belgique qui a posé les bases de la sécurité sociale obtenue après-guerre. La réussite du mouvement de masse en France avait le potentiel non seulement de renverser le capitalisme, mais aussi d’approfondir le processus révolutionnaire en Espagne tout en portant un coup décisif au fascisme en Allemagne et en Italie. Cela aurait rendu inévitable le déclenchement d’une révolution politique en Union soviétique contre la dictature bureaucratique stalinienne et en faveur de la restauration de la démocratie ouvrière, cette fois-ci sans que la révolution soit isolée. L’horreur de la Seconde Guerre mondiale n’aurait probablement jamais eu lieu.
Mais la politique du gouvernement du Front populaire est finalement strictement restée dans les étroites limites du capitalisme. Et comme le soulignait Daniel Guérin dans son récit des événements « Une révolution qui cesse d’avancer est condamnée à refluer ». Le gouvernement de Front Populaire n’a finalement duré que deux ans et une fois de retour au pouvoir, la droite s’est sauvagement vengée de la peur panique qu’elle avait ressenti.
Quelles leçons en tirer pour aujourd’hui ? Comment la riposte antifasciste peut elle devenir un mouvement révolutionnaire ? Venez en discuter avec nous !
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30 juin, Gand: manifestation “Pride is a protest”. Un dimanche arc-en-ciel… après un probable dimanche noir
Ce mois d’avril, en France, les sénateurs Les Républicains ont déposé une dangereuse proposition de loi avec pour ambition d’interdire toute transition sociale et médicale avant 18 ans. Derrière le prétexte du combat pour la “protection de l’enfance” se cachent des années de mal-être pour les enfants transgenres si jamais ce projet passe. Un certain paradoxe existe en ce qui concerne la visibilité des personnes transgenres et non-binaires: plus il y a de visibilité et d’acceptation dans des couches larges de la société, plus il y a de haine et de transphobie.
Par Sam (Bruxelles)
De l’autre côté de l’Atlantique, la National Association of Intercollegiate Athletics, qui supervise les petites universités américaines, a annoncé le 9 avril qu’elle interdisait aux athlètes transgenres de pratiquer des sports féminins. Cette décision fait suite à toute une série de reculs des droits LGBTQIA+ aux Etats-Unis qui ont renforcé les discriminations à l’aide de recherches scientifiques manipulées et déformées.
Un “effet de mode” ?
L’an dernier, la télévision nationale flamande a diffusé un documentaire dans lequel la prise en charge des jeunes transgenres (et la prise en charge des personnes transgenres en général) était remise en question. L’un des arguments avancés était qu’il y avait la possibilité qu’il y ait une personne cisgenre (donc non transgenre) confuse parmi ces personnes et que cette personne cisgenre devait être sauvée à tout prix. Une des idées essentielles du reportage était que le fait qu’être transgenre n’est finalement qu’une mode et qu’il devrait donc être interdit aux personnes de moins de 40 ans de faire une transition.
Cette idée de “mode” laisserait de plus entendre qu’il serait plus facile de vivre en tant que personne transgenre ou non binaire. La réalité des faits est cependant que les personnes LGBTQIA+ courent un risque bien plus élevé de se retrouver dans la précarité. Trouver un emploi ou un logement accessible est beaucoup plus compliqué, ce qui accroît le risque de tomber dans la prostitution et la pauvreté.
L’offensive réactionnaire contre les droits LGBTQIA+, et trans en particulier, alimente la confiance de certains groupes et individus pour passer à l’intimidation et à la violence, en ligne et dans la vie réelle. Le nombre de personnes trans et non binaires assassinées chaque année continue d’augmenter d’année en année.
En février, aux États-Unis, dans l’État conservateur de l’Oklahoma, une jeune personne non binaire de 16 ans, Nex Benedict, est décédée des suites d’une violente agression à l’école. En dépit des nombreuses blessures, la police a finalement classé l’affaire comme un suicide, sans la moindre poursuite criminelle. Sur cette année 2024 uniquement, pas moins de 21 projets de loi anti-trans ont été adoptés aux États-Unis et 24 autres entreront en vigueur prochainement !
Toutes les études soulignent que les personnes LGBTQIA+ sont beaucoup plus susceptibles d’être victimes de violence que les personnes qui ne le sont pas, qu’il s’agisse de violence physique ou verbale. Et au sein de la communauté, les personnes transgenres sont encore plus souvent ciblées. Il ne s’agit pas le plus souvent d’événements ponctuels, mais d’expériences de violence répétées qui font partie intégrante du quotidien. Sans surprises, le taux de tentatives de suicide est plus élevé chez les personnes transgenres et non binaires: 25 fois plus que celui des personnes cisgenres.
La lutte pour les droits LGBTQIA+ est un combat antifasciste !
La polarisation dans la société devient un phénomène structurel, dans les domaines les plus divers. Plusieurs rapports annuels de l’ILGA (International Lesbian, Gay, Bisexual, Trans and Intersex Association) ont averti que cette polarisation augmente également de façon alarmante concernant les personnes LGBTQIA+, y compris dans les pays où d’importantes victoires juridiques ont déjà été remportées.
En Belgique, l’organisation de jeunesse Wel Jong rapporte également que la violence, la haine et l’intolérance à l’égard des personnes LGBTQIA+ ont visiblement augmenté ces dernières années, illustrée notamment par les attaques publiques de Theo Francken (N-VA) ou encore Dries Van Langenhove sur les réseaux sociaux. Quand Theo Francken était encore secrétaire d’État à l’asile et à la migration dans le gouvernement Michel, il justifiait parfois la déportation de personnes migrantes dans le but de “protéger les femmes flamandes et les personnes LGBQIA+”. Mais un rapide coup d’œil à son compte X (ex-Twitter) démontre qu’il ne s’est de toute évidence jamais soucié du sort des personnes LGBTQIA+.
A droite et à l’extrême droite, ce type de discours sert avant tout à consolider une base militante autour d’un discours “anti-woke” qui présente notamment les personnes LGBTQIA+ comme “anormales”. Mais il devient plus audible à mesure que ces partis, tout particulièrement l’extrême droite, progressent.
Il faut s’attendre à de nouvelles percées à l’avantage de l’extrême droite aux prochaines élections, en Belgique comme ailleurs, ne restons pas sans réagir et renforçons la riposte antifasciste !
Changer la société pour changer les mentalités
Nos idées sur le genre dépendent des conditions sociales dans lesquelles nous vivons. Lorsque ces conditions sociales changent, nos idées sur le genre peuvent également changer. Par conséquent, nous ne pouvons pas lutter contre la transphobie et toutes les formes de queerphobie sans lutter contre le capitalisme.
Ces deux combats sont liés. Le système capitaliste utilise la transphobie, et toutes les formes de haine et d’oppression pour diviser la majorité sociale, et tout particulièrement la classe travailleuse qui a le pouvoir de bloquer toute la société par la grève de masse. Ce système repose sur la logique de “diviser pour régner” comme il repose sur l’exploitation de la nature et des êtres humains.
Mais la droite utilise également ce discours de manière plus subtile en remettant en cause, par exemple, la nécessité de rembourser les soins de santé pour les personnes transgenres soit-disant parce qu’il n’y aurait pas assez de budget, alors que les soins pour les personnes transgenres ont déjà connu de sérieuses coupes budgétaires ces dernières années. La lutte pour la défense et l’extension des services publics et sociaux, c’est aussi un combat LGBTQIA+ !
Les coupes budgétaires dans ces services allongent les listes d’attente pour disposer de soins médicaux et psychologiques adéquats, de logements sociaux, de refuges pour les victimes de situations familiales violentes,… Toute la population est est victimes, mais l’impact est encore plus grave pour les personnes LGBTQIA+.
Ce n’est qu’un début, continuons le combat !
En présentant la pseudo “idéologie du genre” comme un problème, on détourne l’attention des véritables défis à relever dans cette société profondément inégalitaire. Les partis politiques conservateurs se présentent comme des défenseurs de la stabilité alors que c’est leur politique qui crée un désert social propice à la violence. Le problème fondamental, ce n’est pas la diversité, c’est la toute-puissance de la dictature des marchés !
Aujourd’hui, plus de 40% des jeunes LGBTQIA+ en Flandre ne se sentent pas en sécurité à l’école. Les écoles sont dépourvues des ressources et connaissances suffisantes pour réagir de manière adéquate. Défendre un enseignement réellement inclusif, cela exige d’arracher un financement massif de l’enseignement, pour des classes plus petites, pour une formation accrue des enseignants y compris aux questions liées au genre, et pour une collaboration avec les associations de terrain qui ont accumulé une expertise largement ignorée par les pouvoirs publics.
Pour repousser la discrimination face au logement et en finir avec les longues listes d’attente pour bénéficier d’un logement social, nous devons nous battre en faveur d’un ambitieux plan de rénovation et de construction de logements sociaux, dont l’ampleur déterminera également l’efficacité de la pression sur l’ensemble des loyers du pays. Et ce, dans le cadre d’un plan public d’isolation et de rénovation du bâti, quartier par quartier. Nous voulons en finir avec toutes les formes de précarité, y compris la précarité énergétique!
Alors, oui, ça exige des moyens, mais la société n’en manque pas. En nationalisant les secteurs clés de l’économie sous contrôle et gestion démocratiques des travailleur.euse.s, nous pourrions utiliser les richesses monumentales qui existent pour répondre aux besoins de toute la population, et assurer l’épanouissement de chaque personne. Retirer tout le secteur pharmaceutique de la logique de profits, par exemple, permettrait d’assurer que la production de médicaments et de traitement hormonaux ne soit pas laissée à la simple appréciation des actionnaires. Pour en finir avec les pénuries, retirons la production des griffes des capitalistes!
Une telle révolution dans l’organisation de la société modifierait aussi inévitablement les attitudes liées au genre et à l’orientation sexuelle. Celles-ci sont ancrées dans la société de classes et dans les relations de pouvoir qui en découlent. Une société socialiste démocratiquement planifiée poserait les bases de l’émancipation de l’humanité dans toute sa diversité.
Rejoignez-nous !
- 18 mai, Brussels’s Pride
- 30 juin, Gand, manifestation Pride is a protest
- 12 août : Pride à Anvers
- 24 août : Pride à Liège
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Sous les paillettes, la rage ! Rejoins la campagne “Pride is a Protest”!
Continuons le combat jusqu’à l’émancipation de tou.te.s !
“No Pride for some of us, Without liberation for all of us!” (pas de Pride pour quelque un.e.s sans libération de nous tou.te.s) disait Marsha P. Johnson, militante trans noire et figure centrale du soulèvement de Stonewall (New York) en juin 1969. Le combat pour l’émancipation LGBTQIA+ était alors étroitement lié au mouvement des droits civiques et aux luttes d’indépendance anticoloniale. Tout cela reste cruellement d’actualité : les luttes se renfrorcent les unes les autres! Constituez un bloc combattif en compagnie de la Campagne ROSA à la Brussels Pride le 18 mai et participez à la manifestation Pride is a Protest à Gand le dimanche 30 juin.
Cette année, la lutte pour la liberté du peuple palestinien sera au centre de nos préoccupations. Le régime d’extrême droite en Israël continue d’abuser du « pinkwashing » pour instrumentaliser les droits LGBTQIA+ afin de justifier l’oppression palestinienne, une guerre génocidaire dans le cas présent. Mais en Israël, le mariage entre personnes du même sexe n’est pas légal et la chirurgie d’affirmation du genre ne bénéficie d’aucun soutien public. Sous l’influence de groupes religieux ultra-conservateurs, les droits LGBTQIA+ font d’ailleurs l’objet de nombreuses pressions. La lutte des personnes LGBTQIA+ est liée à celle des autres couches opprimées : pas de libération d’un groupe sans libération de tous les groupes !
“Our rights are under attack, stand up, fight back!”
Lorsque l’extrême droite et les partis conservateurs arrivent au pouvoir, les temps sont durs pour les droits des femmes et des personnes LGBTQIA+. Aux États-Unis, les jeunes queers perdent l’accès aux sports, aux livres et aux enseignants qui pourraient les soutenir. La haine ne reste pas limitée aux mots, comme l’a tristement illustré la mort de Nex Benedict en Oklahoma, une jeune personne non binaire tabassée à mort par des adolescents. Ce type de haine peut se déployer en Belgique également : l’an dernier, une lecture d’une drag queen à la bibliothèque de Bruges a été perturbée par le groupe néonazi Schild & Vrienden.
Pour la droite, la roue du temps doit revenir en arrière. Ce climat normalise la violence : une personne LGBTQIA+ sur trois a récemment été victime de violence physique.
Des actes symboliques ne conduisent qu’à des avancées symboliques
Des années de coupes budgétaires ont créé de longues listes d’attente pour de nombreuses formes d’aide. La pénurie de logements sociaux permet aux propriétaires d’opérer des choix discriminatoires. Par ailleurs, la lutte pour l’indépendance financière est essentielle. Les personnes qui vivent dans la pauvreté ou qui sont sans abri et qui n’ont pas accès aux soins médicaux sont plus exposées aux violences et à la discrimination.
Les listes d’attente pour les soins aux personnes transgenre et aux jeunes ont des conséquences catastrophiques. Des investissements massifs dans le logement social, l’enseignement, la prévention, les soins de santé et les soins de santé mentale sont nécessaires. Cela sauve des vies !
Oui à la libération queer, non au capitalisme arc-en-ciel !
Sous le capitalisme, toute victoire n’est que temporaire et précaire. La LGBTQIA+phobie est profondément enracinée dans la structure familiale patriarcale du capitalisme. Dans cette structure, les femmes sont souvent chargées des soins non rémunérés et des tâches ménagères. Les rôles de genre binaires, qui associent les hommes à la domination et les femmes au soin, maintiennent debout le capitalisme. Les personnes LGBTQIA+ remettent en question ces rôles de genre, en particulier lorsqu’elles ne se conforment pas à la norme ou à la famille nucléaire.
Tant que les racines de la LGBTQIA+phobie et de toutes les autres formes de discrimination n’auront pas été traitées, nous devrons continuer à mener cette bataille. C’est pourquoi nous lions la lutte contre les LGBTQIA+ phobies à la lutte pour une alternative socialiste anticapitaliste, une société où l’immense richesse et le potentiel social servent les besoins et non les profits.
Comme l’a souligné Leslie Feinberg, “aucun d’entre nous ne sera libre tant que nous n’aurons pas mis en place un système économique fondé sur les besoins de chaque être humain. En tant que personnes transgenres, nous ne connaîtrons pas la vraie liberté tant que nous n’aurons pas gagné une société où aucune classe ne tire profit de l’alimentation de la haine et des préjugés, où les lois restreignant le sexe, le genre et l’amour humain seront impensables.”
La Pride s’inscrit dans une histoire de lutte qui a conduit à des avancées juridiques. Allons plus loin et organisons-nous pour atteindre l’égalité réelle !
- Des investissements publics dans la sensibilisation et l’enseignement, notamment dans l’extension des cours d’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle (EVRAS) dans les écoles et dans la formation de personnel soignant !
- Des infrastructures qui intègrent la dimension de genre dans chaque école, établissement de soins de santé et lieu de travail !
- Des investissements publics dans les soins de santé, afin que toute personne ayant besoin de soins physiques ou psychologiques les reçoive sans pourrir sur une liste d’attente !
- La transition ne doit pas conduire à la pauvreté : tous les soins aux personnes transgenres doivent être remboursés !
- Des investissements publics dans les services publics, le logement et des emplois de qualité ! Là où il y a pénurie, il y a discrimination, que cela soit sur base de l’orientation sexuelle, de l’identité de genre, ou de l’apparence !
- Des investissements publics dans les refuges et les logements sociaux pour garantir un abri sûr à tou.te.s, y compris aux personnes en fuite !
- Plaçons les banques, le secteur de l’énergie et le secteur pharmaceutique sous contrôle public, afin de financer les investissements nécessaires !
- Pour une société débarrassée de toute forme d’exploitation, d’oppression et de discrimination, pour une société véritablement libre au service de la majorité et non des profits d’une petite minorité !
PARTICIPEZ
– Au bloc combattif “Pride is a Protest” pendant la Brussels Pride le 18 mai.
– A la Pride is a Protest à Gand, trois semaines après le “dimanche noir”. Dimanche 30 juin. // Evénement Facebook
– Au bloc combattif ‘Pride is a Protest’ pendant la Pride d’Anvers le 12 août.
– Au bloc combattif ‘Pride is a Protest’ pendant la Pride de Liège le 24 août.
Vous souhaitez participer à l’organisation de cette manifestation ? Contactez-nous !
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[MANIFESTATION] 25 ans, Vottem, je ne l’accepte toujours pas
RDV ce dimanche 14 avril, 14h, Place Saint-Lambert à Liège
Il y a 25 ans, en mars 1999, s’ouvrait le centre fermé pour étrangers de Vottem. Aujourd’hui, il existe en tout 6 centres fermés pour étrangers en Belgique dont actuellement un seul en Wallonie. En 2023 ils ont une capacité théorique d’environ 700 places. En 2023, 8333 personnes ont été éloignées de Belgique, dont 3383 à partir d’un centre fermé par une expulsion forcée, 1843 refoulements directement à l’arrivée à l’aéroport, 3107 départs « volontaires » (Le Soir 6/02/24) . De nouveaux centres fermés sont en projet : à Jumet, à Zanvliet, et un autre à Jabbeke remplacerait celui de Bruges afin d’augmenter encore le nombre de retours forcés. Ce durcissement de la politique migratoire de l’Etat belge est à mettre en lien avec la contamination des idées de l’extrême-droite.
Texte du CRACPE (Collectif de Résistance Aux Centres Pour Etrangers), à l’initiative de la manifestation
Nous n’acceptons pas :
Le renvoi vers leurs pays d’origine des personnes alors qu’elles ont fui des persécutions de toutes sortes, qu’elles soient politiques, racistes, sexistes ou homophobes etc.. Ou encore la guerre, les conséquences du réchauffement climatique, la misère liée à l’exploitation. Beaucoup n’ont pu obtenir un titre de séjour en Belgique, à cause de la politique restrictive de l’Etat belge en matière d’asile, mais aussi d’accès au regroupement familial, d’obtention d’un permis de travail ou d’un séjour étudiant etc.
La détention sur simple décision d’une administration, l’Office des Etrangers ; il ne s’agit pas d’une ordonnance judiciaire, d’un délit, mais d’un enfermement arbitraire, contraire aux Droits Humains.
La violence exercée à l’égard de ces personnes : les centres fermés ont comme objet la mise en œuvre du processus d’expulsion, tout est organisé pour briser la résistance à celle-ci. Dès qu’un.e détenu.e proteste contre les conditions de détention ou se montre opposé à son expulsion, il se retrouve au cachot -prison dans la prison- , ou en isolement, cachot déguisé ! La réalité des centres fermés, ce sont aussi des décès : suicides, décès de personnes mises au cachot alors qu’elles sont dans une situation de santé préoccupante. Ce sont des coups, des tortures, des insultes portés au paroxysme au moment de l’expulsion.
La maltraitance : la récente grève du personnel du centre fermé de Vottem en décembre 2023 a mis en lumière des conditions sanitaires et de vie déplorables non conformes à la dignité humaine. Dans les centres fermés se trouvent aussi des personnes malades, vulnérables, dont les soins ne sont pas pris en charge.
La séparation des familles qui devient définitive au moment de l’expulsion : une étude récente de JRS (Jesuit Refugee Service) – rapport_separation_de_familles.pdf (jrsbelgium.org – montre que 40% des personnes détenues ont une famille en Belgique, belge, européenne, ou étrangère avec titre de séjour ! Leurs enfants en souffrent quotidiennement, ainsi que leurs parents, leurs conjoint.e.s.
Le retour volontaire imposé par des Coachs de l’Office des Etrangers aux « sans-papiers » convoqués qui, s’ils n’obtempèrent pas, sont menacés de détention et d’expulsion.
L’absence de perspective de régularisation du séjour pour celles et ceux qui ont tissé des liens et construit leur vie ici, et vivent au quotidien dans la précarité et la surexploitation.
Le non-hébergement des demandeurs d’asile, laissés pendant des mois à la rue au mépris de toutes les conventions internationales !
Le futur Pacte Européen sur l’Asile et la Migration qui renforcera l’Europe forteresse par des centres fermés aux frontières extérieures prévus aussi pour des famillesNous revendiquons :
La suppression des centres fermés pour étrangers
L’arrêt des expulsions
Une politique d’asile et d’immigration qui respecte les Droits Humains
Le droit de vivre en famille
La régularisation des sans-papiers
Le respect du droit d’asile, la liberté de circulation



RDV LE 14 AVRIL
14h Départ Place Saint-Lambert
15h Enclos des Fusillés
16h Devant le centre fermé de Vottem -
Les personnes transgenres ont toujours existé! Réponse à la propagande conservatrice
La droite et l’extrême droite mènent une campagne haineuse contre les personnes qui s’opposent aux oppressions et aux personnes transgenres en particulier, présentées comme le produit d’un «wokisme» à la dérive. Cela n’a pourtant aucun sens, comme le confirme un bref regard sur l’évolution des normes de genre.
Par Frede (Bruges)
« Les normes de genre simplistes et rigides ne sont ni éternelles ni naturelles. Ce sont des concepts sociaux en évolution. De nombreuses personnes seraient aujourd’hui surprises d’apprendre que dans les sociétés anciennes, les personnes transgenres étaient tenues en haute estime. Il a fallu une campagne sanglante de la part de la classe dirigeante émergente pour déclarer que ce qui était considéré comme naturel était le contraire. Ce préjugé, imposé à la société par l’élite dirigeante, existe encore aujourd’hui. »
C’est ce qu’écrit Leslie Feinberg dans l’introduction de son ouvrage « Transgender Liberation, A movement whose time has come », un texte novateur qui a plus de 30 ans mais qui n’a rien perdu de sa pertinence. Aujourd’hui, le contact avec l’histoire et la tradition des personnes transgenres a été perdu. De nombreuses personnes n’ont aucune idée que les personnes trans ont toujours existé. Cela n’a rien d’étonnant : les personnes trans ont été littéralement rayées de l’histoire.
Dans notre société capitaliste, la pression sur la binarité de genre est très forte. Commandez quelque chose en ligne, obtenez votre permis de conduire, abonnez-vous à un magazine : vous devez indiquer si vous êtes «homme» ou «femme». Avec un peu de chance, vous trouverez quand même la mention «autre». Pourquoi donc est-ce si essentiel que ces organismes sachent quel est votre genre ? Répondre à ces questions nécessite de remonter aux origines de la société de classes.
L’émergence de la société de classes
Avant que l’être humain ne commence à cultiver la terre, il y a environ 12.000 ans, nous vivions tou.te.s dans des tribus nomades qui pratiquaient la cueillette et la chasse. Dans un tel groupe, le travail de chacun.e était nécessaire et il n’était pas possible de récolter ou de fabriquer plus que ce qui était directement nécessaire.
Si l’on ramène toute l’histoire de l’humanité à l’échelle d’une année, nous avons vécu 360 jours dans ce type de société matrilinéaire (système reposant sur le lignage de la mère) fondée sur la propriété commune. La tolérance et le respect de la diversité humaine, y compris la diversité des sexes et des genres, découlaient du fait que les gens travaillaient ensemble avec des outils et d’autres matériaux en propriété commune.
Cette tolérance a disparu lorsque les hommes sont devenus sédentaires, se sont engagés dans l’agriculture et qu’une société de classes est apparue. Voici un exemple de ce qui s’est passé.
Le peuple Hébreux (prédécesseurs des Juif.ve.s) étaient l’un de ces groupes nomades. À un moment donné, ce peuple a émigré dans la région du Croissant fertile et s’est retrouvé constamment en guerre dans cette région disputée, une terre nourricière favorable à l’agriculture et véritable carrefour commercial entre l’Europe, l’Afrique et l’Asie. La confluence des conflits, de l’agriculture et du commerce a permis à un petit groupe de personnes dans cette société de s’approprier les surplus produits, les armes et les richesses et donc de commencer à opprimer les autres.
Les lois que l’élite voulait imposer sont énoncées, entre autres, dans le Deutéronome (5e livre de la Torah, 2e livre de la Bible). L’un de leurs objectifs était d’établir très clairement la différence entre les hommes et les femmes et d’opprimer ces dernières. En effet, les hommes qui étaient devenus l’élite tenaient à savoir très précisément quels enfants étaient les leurs, afin de transmettre leur héritage dans la lignée familiale.
Certaines de ces lois se lisent comme suit : « Une femme ne portera point un habit d’homme, et un homme ne mettra point des vêtements de femme ; car quiconque fait ces choses est en abomination à l’Eternel, ton Dieu. » et « Un homme qui a les testicules écrasés ou le sexe coupé ne doit pas être accepté dans l’assemblée du Seigneur. » Le travestissement et les chirurgies d’affirmation du genre étaient donc des pratiques existantes, sans quoi l’élite n’aurait pas ressenti le besoin d’inscrire cette interdiction aussi clairement dans les lois. L’obligation pour les hommes d’avoir les cheveux courts et pour les femmes d’avoir les cheveux longs a également été instituée. L’oppression des personnes transgenres a donc la même origine que l’oppression des femmes. Tout au long de l’histoire de l’humanité, diverses élites dirigeantes (noblesse, bourgeoisie…) ont poursuivi cette oppression. Semer la division était (et est) nécessaire pour leur maintien au pouvoir.
Jeanne d’Arc
Bien que la répression ait été très dure, les personnes transgenres et la tradition du travestissement sont restées présentes dans les sociétés et dans les traditions des paysan.ne.s qui vivaient encore en partie sur une base communautaire. Il en allait de même dans la France médiévale. L’exemple le plus connu est sans doute Jeanne d’Arc, que l’on présente souvent aujourd’hui comme une jeune fille rêveuse qui a sauvé la France et fini sur le bûcher, soupçonnée de sorcellerie. La réalité est différente.
Jeanne d’Arc a joué un rôle important dans la guerre des 100 ans (guerre pour la couronne de France entre les royaumes d’Angleterre et de France entre 1337 et 1453). À la tête d’une armée de paysans, elle a réussi à libérer Orléans et a aidé l’héritier du trône de France à se rendre à Reims, où il a pu être couronné. Elle était vêtue d’une armure destinée aux hommes. Cette tenue est parfois expliquée par un souci d’utilité : il serait plus facile de partir à la guerre en tenue masculine. Les soulèvements paysans où les paysans s’habillaient en femmes et s’appelaient « sœur » entre eux contredisent cette idée (par exemple, les « Émeutes de Rebecca » au Pays de Galles en 1839-43).
En 1430, Jeanne d’Arc fut capturée par les Bourguignons, alliés de l’Angleterre. Livrée à l’Inquisition (alors tribunal de l’Église catholique), dans sa cellule, elle a refusé à plusieurs reprises de porter des vêtements féminins. La France n’a rien fait pour sauver son héroïne, qui avait pourtant redonné l’accès à la couronne à « l’héritier légitime du trône ». Pourquoi donc ? Jeanne d’Arc était vénérée par les paysan.ne.s et les communautés rurales dont elle était issue. Les gens voulaient constamment la toucher. Elle constituait une menace pour l’élite dirigeante française. Le travestissement de Jeanne d’Arc était au cœur de ce culte. C’est très précisément cela qui lui a valu le bûcher et non la « sorcellerie ». Cela fut toutefois insuffisant pour étouffer dans l’œuf la tradition paysanne. L’Église a admis que les paysan.ne.s la considéraient comme la plus grande des saintes après Marie. Après sa mort, son armure fut exposée et vénérée dans l’église de Saint-Denis.
Les personnes transgenres ont toujours existé
Jeanne d’Arc, les Rebecca (Pays de Galles), Mère-Folle et ses enfants (Dijon, Langres et Chalon-sur-Saône) Mère-Sotte et ses enfants (Paris, Compiègne), Mère d’Enfance (Bordeaux), Lords of Misrule (Angleterre, Écosse)… sont autant d’exemples qui montrent que les personnes transgenres ont toujours existé dans des sociétés de religions différentes, disposaient d’un certain prestige et ont mené des soulèvements et même des guerres. Les arguments ne manquent pas contre celles et ceux qui prétendent que les personnes transgenres sont l’invention d’une génération woke qui a perdu ses repères.
Cela permet également de comprendre pourquoi les colonisateurs des Amériques ont été si prompts à cibler les personnes bispirituelles des populations indigènes pour leur faire subir une répression extrême.
Comprendre l’origine de l’oppression des personnes transgenres permet de mieux la combattre. Cela implique de supprimer la société de classes et la propriété privée des moyens de production. La transactiviste Leslie Feinberg explique à ce titre : « Le fait qu’à l’échelle d’une année, plus de 360 jours de l’histoire de l’humanité appartiennent à la vie coopérative et communautaire me donne un espoir concret sur ce qui pourrait être réalisé avec les puissants outils et la technologie qui existent aujourd’hui, si nous planifions toute la production pour répondre aux besoins de tou.te.s, sans avoir à considérer la question de la rentabilité. »
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Retour sur le dernier blocage de Code Rouge : une réussite malgré la répression policière brutale
« Cette action montre qui sont nos amis et alliés, et qui soutient l’industrie polluante », déclare Philip, l’un des 4000 participants à la troisième occupation réussie organisée par Code Rouge le 17 décembre. La troisième tentative de blocage massif d’un secteur polluant ne s’est pas déroulée sans heurts. La protestation pacifique a été confrontée à une violence policière brutale, à la fois à Anvers et à Liège. Pourtant, les activistes climatiques restent déterminés : « La simple manifestation ne suffit pas. »
Par Constantin et Arne, deux participants aux actions Code Rouge
Pour sa troisième édition, le mouvement de désobéissance civile Code Rouge s’est concentré sur le secteur de l’aviation. Des actions ont eu lieu dans les aéroports de Liège et d’Anvers. Code Rouge plaide en faveur d’une reconversion des secteurs polluants et utilise des blocages pacifiques pour accroître la pression. Il est soutenu par de nombreuses organisations, de Greenpeace à des groupes politiques tels que le PSL et les Etudiant.e.s de Gauche en Action (EGA).
L’industrie de l’aviation est l’un des secteurs les plus polluants qui soient. L’impact d’un vol sur le climat est jusqu’à 80 fois plus important que celui d’un voyage en train sur la même distance. Les émissions du secteur de l’aviation augmentent plus rapidement que celles de tous les autres secteurs de transport. Si nous laissons décider ceux qui sont aujourd’hui à la manœuvre dans le secteur, les émissions y tripleront au moins.
Abolition des jets privés !
Constantin, de EGA-Liège, explique : « 1 % des passagers sont responsables de 50 % des émissions du secteur. Ce ne sont pas les travailleurs qui volent deux fois par an en Espagne, mais surtout les utilisateurs de jets privés. Pour donner une idée, un voyage en jet privé émet jusqu’à dix fois plus de gaz à effet de serre qu’un vol en avion de passagers ! De plus, 80 % de la population mondiale n’a jamais pris l’avion. À l’aéroport d’Anvers, les jets privés représentent 76 % des vols. »
Alors qu’en Flandre, 3.200 arrêts de bus ont été supprimés, il y a de l’argent pour financer les jets privés. Pour chaque euro de bénéfice généré par l’aéroport d’Anvers, trois euros de subventions sont accordés. Sans l’argent du gouvernement, l’aéroport ne fonctionnerait pas. Pour financer le mode de vie écocide des milliardaires, le gouvernement prend directement l’argent dans les poches de la classe travailleuse.
Justice sociale, justice climatique : même combat !
Frederik, un syndicaliste membre du PSL qui a participé à Code Rouge, voit une autre raison pour laquelle le secteur pose problème. « Toute l’industrie de l’aviation est célèbre pour son mépris des travailleurs et travailleuses : conditions de travail déplorables, salaires bas et heures supplémentaires constituent la base des profits du secteur. Ces derniers mois, il y a eu plusieurs actions syndicales. Par exemple, des pilotes de l’aéroport de Charleroi ont fait grève contre Ryanair, qui voulait imposer unilatéralement des heures de travail plus longues en violation de la législation belge. »
Il y a donc de nombreuses raisons de protester contre le secteur de l’aviation. Et nous n’avons pas encore parlé du rôle que le secteur joue dans le transport d’armes pour faciliter la guerre et le génocide. L’action directe massive est plus que justifiée. C’est ce que Code Rouge a tenté de faire avec une occupation de 24 heures de deux sites : l’aéroport de jets privés d’Anvers et l’entreprise Alibaba qui opère depuis l’aéroport de Bierset (Liège).
Il est temps de choisir son camp
À Liège, les activistes ont réussi assez facilement dans leur entreprise, mais à Anvers, le mot d’ordre du bourgmestre Bart De Wever (N-VA) était clair : réprimer violemment l’action. La violence policière excessive a ensuite été applaudie par De Wever et le Vlaams Belang. Ceux qui voudront voter en 2024 pour les défenseurs des jets privés savent vers qui ils peuvent se tourner. Ceux qui ne veulent pas voir le monde sombrer dans la décadence d’une petite élite ultrariche feraient mieux de voter pour le PTB, qui a pris parti pour les activistes et a dénoncé la violence policière lors du conseil communal le lendemain.
Les images parlent d’elles-mêmes : des activistes pacifiques ont été violemment arrêtés. Rebekka, membre du PSL, infirmière et membre de l’équipe médicale de Code Rouge, témoigne : « Plusieurs personnes ont subi des fractures et ont dû être hospitalisées. À Anvers, plus de 750 personnes ont été arrêtées, dont 50 de manière judiciaire. À Liège, 70 arrestations judiciaires ont eu lieu. Les conditions de détention étaient particulièrement scandaleuses. Les activistes n’ont pas reçu d’eau et même les installations sanitaires ont été refusées pendant longtemps, même pour les personnes menstruées, qui peuvent contracter des maladies infectieuses si les pratiques hygiéniques nécessaires ne sont pas suivies. Cela n’a rien à voir avec une prétendue sécurité, c’est de l’intimidation et une répression illégitime. »
La répression brutale et les arrestations massives montrent une fois de plus la vraie nature de l’État. Ce n’est pas une institution qui est au-dessus des contradictions de la société, mais un instrument de répression d’une classe sur une autre. Celui qui vole en jet privé est protégé. Celui qui voit sa station de bus supprimée est matraqué. Malgré la répression, l’action a été un succès : aucun jet privé n’a décollé à Anvers ou à Courtrai. À Liège, Alibaba a perdu 5 millions d’euros de chiffre d’affaires.
La répression n’est pas une surprise. L’année dernière, de Saint-Souline en France à Lutzerath en Allemagne, il y a eu de nombreux exemples de violence policière brutale contre des activistes climatiques. Le capitalisme montre qu’il n’a rien d’autre à offrir que l’exploitation, l’oppression et la destruction de l’environnement. Le soutien à ce système s’effrite. Des actions inspirantes comme celles de Code Rouge sont donc perçues comme une véritable menace. Ces actions peuvent en effet montrer l’importance de bloquer le processus de production comme moyen de forcer le changement.
La solidarité
Selon Clément, des Etudiant.e.s de Gauche en Action, « les actions de désobéissance civile massive sont une étape importante pour le mouvement. Pour nous organiser contre la répression croissante de l’État et surtout pour imposer des changements, nous devons renforcer les liens avec la classe ouvrière. » L’effet de la solidarité entre les travailleurs et les activistes climatiques peut parfois être très direct. Hugo, lui aussi d’EGA, souligne qu’alors que lui et quelques camarades étaient en train vers la manifestation, la police était également présente, ce dont les a avertis un accompagnateur. La présence de la police a ainsi pu être pris en compte plus rapidement.
Il aurait été possible d’aller plus loin dans cette direction. Pour emmener les activistes arrêtés, la police a dû réquisitionner des bus et des chauffeurs de sous-traitants de De Lijn (ce qui a entraîné à nouveau l’annulation de quelques trajets ordinaires). Une mobilisation du personnel des transports en commun aurait rendu plus difficile pour l’État de les mobiliser. Si le mouvement se concentre consciemment sur la classe travailleuse, des délégations syndicales peuvent organiser la solidarité en refusant de transporter des activistes arrêtés. Cela s’est produit lors des mobilisations du mouvement Black Lives Matter en 2020 aux États-Unis lorsque les conducteurs de bus à Minneapolis ont refusé de transporter les manifestants arrêtés.
Rebekka voit également un autre défi : « Il est également nécessaire d’élargir notre mouvement. Ce type d’actions suscite de l’enthousiasme, surtout parmi les jeunes, qui sont très préoccupés par le problème climatique. Mais nous devons être conscients que la répression n’était pas une arme unique. C’est pourquoi nous devons nous défendre contre elle. La meilleure façon de le faire est de descendre dans la rue avec encore plus de manifestants et de mobiliser le soutien dans la société afin que la violence ne puisse simplement plus être justifiée. »
Il serait bon que tous les participants à l’action de Code Rouge se réunissent pour discuter de la stratégie du mouvement. Comment pouvons-nous rendre la prochaine action encore plus importante ? Comment établir un lien entre Code Rouge et la classe travailleuse ?
Comment pouvons-nous, avec nos actions, nous joindre aux prochaines grèves, par exemple dans les transports en commun avec la grève des chemins de fer fin janvier ? Cela donnerait l’occasion de discuter de ce que nous revendiquons. Comment relier l’exploitation de l’industrie de l’aviation au fait que c’est un secteur géré selon des intérêts privés ? Comment exiger que l’ensemble du secteur des transports soit public afin que le respect de la planète et des usagers guide l’organisation de tous les transports ? Ce ne sont là que quelques-unes des idées que les militants du PSL présents ont discutées avec d’autres manifestants.
En ajoutant les discussions sur la stratégie et les revendications aux formations d’action de Code Rouge, nous renforcerions l’engagement démocratique et nous serions plus forts. Le week-end d’action a montré que notre force, c’est notre nombre, et pas nécessairement le caractère mystérieux de l’action dont ne sait pas à l’avance où elle aura. Dans tous les cas : nous continuerons. Le capitalisme et la crise climatique nous obligent à continuer à développer le mouvement pour une transition climatique juste. « Who shut shit down? We shut shit down! »
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Sortir du capitalisme pour sauver la planète – Une analyse marxiste de la décroissance
Ce 3 décembre s’est déroulée une nouvelle manifestation pour le climat dans le cadre de la COP28 de Dubaï. Ce fut l’occasion de se pencher sur une proposition populaire dans le mouvement pour la justice climatique : la décroissance. Nous en avons discuté avec Alain Mandiki, syndicaliste et militant du PSL.
Propos recueillis par Constantin (Liège), dossier de l’édition de décembre-janvier de Lutte Socialiste
Pourrais-tu faire un rapide état des lieux concernant la crise climatique ?
Le dernier rapport du PNUE (Programme des Nations unies pour l’environnement) indique que nous nous dirigeons vers un réchauffement de la planète qui atteindrait les 3°C par rapport à l’ère pré industrielle, là où les accords de Paris avaient fixé l’objectif de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C au mieux et à 2°C maximum. En dépit de toutes les promesses de l’industrie pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, on constate que les investissements dans le secteur des énergies fossiles continuent d’augmenter.
Tout cela illustre la débâcle de la classe dominante dans la gestion de la crise climatique, à travers les différentes COP, les conférences de l’ONU sur le climat. De plus, avec l’intensification de la nouvelle guerre froide entre les Etats-Unis et la Chine qui a notamment pour conséquence un processus de démondialisation, chaque classe capitaliste nationale est poussée à s’aligner sur le bloc impérialiste qui lui garantira la sauvegarde de ses intérêts. Cette nouvelle situation tend à largement réduire l’espace pour de nouveaux accords multilatéraux.
Qu’en est-il de l’état du mouvement pour le climat ?
Les grèves scolaires pour le climat de 2019 ont donné lieu à d’impressionnantes mobilisations qui ont contribué à rendre incontournable le thème du climat. Cela a conduit diverses grandes sociétés pétrolières comme TotalEnergies à tenter de “verdir” leur image, notamment via les différents mécanismes de compensation carbone, qui comportent certains aspect de rapport de domination néocoloniaux, ou par des campagnes de greenwashing.
Au regard de la trajectoire actuelle de réchauffement climatique, force est de constater que ces mobilisations pour le climat ne sont pas parvenues à faire bouger les lignes. C’est l’une des leçons à tirer : la mobilisation de masse ne suffit pas à elle seule.
C’est pourquoi une certaine radicalisation a pris place autour de groupes d’activistes plus restreints, comme Code Rouge ou Extinction Rebellion (XR). On a également parallèlement connu des tentatives plus institutionnelles, au travers de procès intentés aux Etats, qui ont parfois abouti à des condamnations pour inaction climatique, ou d’une loi sur “la restauration de la nature”. Ces approches institutionnelles aux étroites limites ne permettent toutefois pas d’affronter l’urgence de la situation. Entre radicalisation et espoirs dans les débouchés institutionnels, le mouvement cherche une issue dans toutes les directions.
Le mouvement d’aujourd’hui diffère d’il y a dix ans. Il essaye notamment de se lier à d’autres combats, ce qu’illustrent l’apparition de termes tels que “écoféminisme” ou “écologie décoloniale” opu des slogans comme “fin du mois, fin du monde: même combat”. La culpabilité du système capitaliste dans sa globalité est comprise, sans cependant qu’existe une compréhension claire du fonctionnement de celui-ci.
Le concept de décroissance est né dans les années 1970 et défend la diminution de la production de biens matériels et de la consommation. Que peut-on en dire ?
Le mouvement décroissant est une réflexion de cette recherche de débouchés pour le mouvement. Et, là aussi, il y a eu une évolution. Il y a dix ans, le slogan “plus de liens, mois de biens” exprimait une critique idéaliste de la société de consommation et de l’impact du mode de production sur la nature. A présent, la critique décroissante est beaucoup plus radicale. Elle ne s’attaque pas seulement au consumérisme et au productivisme, mais bien à l’ensemble du système. Cette évolution est très positive.
Remarquons cependant que la décroissance est un fourre-tout théorique. Le concept a été saisi par l’ensemble du spectre politique de l’extrême droite, par des mouvances spiritualistes, par la tendance de “l’écologie profonde” mais aussi par des figures de gauche comme Kohei Saito ou Jason Hickel, qui sont anticapitalistes. Ces derniers développent d’ailleurs une critique générale du capitalisme.
Bien que la décroissance approche une critique du système dans sa globalité, l’imprécision du concept empêche de comprendre pleinement les mécanismes de celui-ci et donc d’agir efficacement contre lui. En tant que marxiste, nous voulons poser la critique du mode de production sur base d’une compréhension des mécanismes de son fonctionnement.
Pour nous, le capitalisme est un système fondamentalement néfaste pour l’humanité, la nature et le rapport entre le deux. La production n’y est pas organisée en fonction des besoins sociaux mais dans le but de l’accumulation du capital dans les mains d’une minorité. C’est pour cela que le capitalisme se présente en premier lieu comme une immense accumulation de marchandises. Il transforme tout en chose. Mais la marchandise est avant tout la cristallisation d’un rapport social d’exploitation. Dès son émergence, le capitalisme a eu besoin d’asservir l’être humain et la nature. Le phénomène des enclosures en Angleterre, que Marx considère comme un des points de départ du capitalisme, a marqué la fin des droits d’usage, en particulier des communaux, dont un bon nombre de paysans dépendaient. Ce bouleversement économique et juridique a provoqué l’émergence de contradictions entre ville et campagne, ainsi que l’instauration de relations commerciales destructrices pour les peuples des pays soumis au joug esclavagiste et colonial dont le modèle était la monoculture destinée à l’exportation. Ces exemples illustrent cette nécessité d’asservissement. C’est cette compréhension scientifique du capitalisme que nous voulons apporter au mouvement.
Le marxisme met beaucoup d’emphase sur la nécessité du développement des forces productives. Et au regard du bilan écologique de l’Union soviétique, on peut comprendre que des doutes existent quant à la pertinence de l’analyse marxiste vis-à-vis de l’environnement. La décroissance ne serait-elle pas aussi une critique du marxisme?
L’expérience du stalinisme, une caricature bureaucratique sanglante du socialisme, a détourné toute une génération des idées du marxisme. Les désastres écologiques n’ont pas manqué en URSS. On pense évidemment à Tchernobyl, mais il y a une foule d’autres exemples moins connus. De nombreuses rivières ou étangs ont été pollués sans vergogne. La planification bureaucratique ne prenait aucunement en compte le lien entre être humain et nature. En République populaire de Chine, “la campagne des quatre nuisibles”, l’une des premières campagnes lancées lors du Grand Bond en 1958, a également causé un important déséquilibre écologique.
Le stalinisme, sous toutes ses variations nationales, ne sont pas capables d’adresser les problèmes écologiques. Maintenant que la chape de plomb idéologique du stalinisme a disparu, cela nous offre l’opportunité de revenir aux apports véritables du marxisme à l’écologie politique. Le concept de rupture métabolique joue un rôle fondamental dans la pensée de Marx. Son travail découle du constat que le lien entre l’être humain et la nature est absolument fondamental.
Quand Marx fait l’analyse de la transition entre le mode de production féodal et le mode de production capitaliste, il tire le constat que pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, les producteurs sont détachés physiquement des moyens de production. Le sens des enclosures, c’était de déposséder les paysans de leurs terres. Il en résulte une première aliénation du travailleur vis-à-vis de son outil. Par conséquent, les gens sont obligés de vendre leur force de travail pour survivre. Il en résulte la division entre la ville et la campagne que nous avons mentionnée précédemment.
Précédemment, il existait une certaine harmonie entre l’être humain et la nature, permise par le retour des déchets émanant du processus de production vers le sol, ce qui permettait de compléter une sorte de cycle naturel. Avec l’exode rural et l’industrialisation massive, toute une série de cycles naturels ont été brisés. La destruction du cycle de l’azote, par exemple, a causé une multitude de problèmes écologiques. La fertilité des terres s’en est trouvée réduite. Par ailleurs, cette séparation ville – campagne, a causé une accumulation de pollution et de déchets dans les centres urbains.
La discussion sur le développement des forces productives est une des plus débattues et des plus intéressantes. Elle a été caricaturée par les staliniens, mais ce que Marx entendait par là, ce qui est expliqué dans le Manifeste du parti communiste, c’est que pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, un stade a été atteint où les crises sociales économiques et écologiques ne proviennent pas d’une sous-production mais bien de la surproduction. Pour résoudre toute ses contradictions internes, le capitalisme a abattu toutes les frontières sociales et naturelle qui se mettait en travers de son chemin. Il ne s’agit pas tant aujourd’hui d’augmenter les marchandises misent sur le marché mais bien de produire en fonction des besoins sociaux et de manière rationnelle. Nous voulons aussi que la vie humaine ne soit plus marquée par l’aliénation. C’est pour cela que nous voulons sortir du rapport salarial. Nous voulons que le temps consacré à produire ce qui est nécessaire soit limités au strict minimum pour que chacun et chacune puisse profiter de ce qu’il ou elle juge agréable dans le cadre d’une vie heureuse et épanouissante. C’est ce que Marx appelait le passage du royaume de la nécessité au royaume de la liberté.
Ton développement semble indiquer qu’il n’existe pas de solution sur base capitaliste. Mais en considérant le peu de temps qu’il nous reste, peut-on vraiment attendre le dépassement de ce système de production ? La décroissance ne représente-t-elle pas un intérêt dans ce sens ?
L’argument du temps n’est pas à prendre à la légère. Il y a urgence, c’est vrai. En plus du problème du CO2, il faut aussi prendre en compte que, sur les 9 limites planétaires à ne pas dépasser pour maintenir les conditions de développement de l’humanité, 6 ont déjà été franchies. Et les trois autres sont en passe de l’être.
La pression du temps a souvent été instrumentalisée pour nous faire accepter les maigres mesures que la classe dominantes a bien voulu concéder, en arguant qu’une petite mesure vaut mieux que pas de mesure du tout. C’est précisément ce type de raisonnement qui nous a conduit dans le gouffre actuel.
Au-delà du problème du réchauffement, c’est l’ensemble du rapport entre l’être humain et la nature qui est problématique sous le capitalisme. Ce système est incapable de répondre à l’ensemble des contradictions qui se présentent face à lui sur différents terrains.
On le voit en Belgique avec la crise des PFAS (substances per- et polyfluoroalkylées). Les industriels connaissaient depuis des années la nocivité de ce produit à trop haute concentration. Mais par souci de protégerr leurs marges bénéficiaires, rien n’a été fait. Suivant la même logique, quand a éclaté le scandale de l’usine 3M, qui avait pollué une bonne partie de la région d’Anvers, ce sont les travailleurs qui en ont fait les frais avec un plan social, les propriétaires s’en sont tiré à bon compte.
Ces exemples tendent à démontrer une des principales faiblesses de l’approche décroissante. Cette approche met en avant qu’il faut décroitre au niveau de notre consommation, qu’il faut décroitre au niveau de la production, mais elle ne fait pas l’analyse des fractures présentes dans la société. Or, quand on regarde le récent rapport d’Oxfam, on constate que les 1% les plus riches de cette planète émettent autant de Co2 que les deux tiers de l’humanité. Ceci illustre clairement que la société est bel et bien divisée en classes sociales. Laquelle d’entre elles est en mesure de surmonter les contradictions du capitalisme pour résoudre les problèmes économiques, sociaux et environnementaux ? On ne peut pas faire confiance aux capitalistes. Les divers scandales de santé publique et environnementaux que leur soif de profit engendre souligne clairement leur incapacité complète à gérer quoi que ce soit dans l’intérêt général.
Il va falloir prendre des mesures radicales pour diminuer la concentration de CO2 dans l’atmosphère et ainsi éviter que la température moyenne n’augmente au-dessus de 1,5° celsius.
Il va falloir reboiser massivement dans les territoires imperméabilisés et reconstruire les écosystèmes détruits par le mode de production. Toute une série de contraintes vont s’imposer à la production, sans compter les besoins sociaux à satisfaire. Ces quarante dernières années ont été marquées par le creusement des inégalités et des pénuries dans les pays riches. Nous n’avons pas encore mentionné les pays néocoloniaux où le développement du capitalisme a été plus tardif et où les besoins sociaux sont énormes. En plus d’oeuvrer à assurer que le vie en société reste compatible avec la nature, il faudra répondre à toute une série d’impératifs sociaux.
Nous n’avons pas d’autre choix que de planifier rationnellement l’économie de manière à pouvoir démocratiquement décider comment procéder à la nécessaire transition écologique. C’est impossible sans la nationalisation des secteurs clés de l’économie pour avoir à notre disposition les moyens et outils permettant de décarboner l’économie.
Pour réaliser cette transition écologique, certains secteurs vont devoir limiter fortement leurs activités, comme le secteur pétrolier. Mais ne semble-t-il pas raisonnable d’envisager que d’autres secteurs doivent au contraire drastiquement augmenter leur activité, comme celui des transports publics par exemple ?
Absolument. D’ailleurs la plupart des décroissants de gauche le reconnaissent. Il serait malhonnête d’assimiler le projet politique des décroissants de gauche à un phénomène de récession qui serait préjudiciable à l’ensemble de la majorité sociale.
Mais cela nous force à nous poser la question de ce qui ne va pas dans la société capitaliste. Le problème n’est pas seulement la croissance du PIB. Le problème émane de l’objectif fondamental de la société capitaliste, qui est l’accumulation de marchandises afin de pouvoir les vendre et en tirer profit. La marchandise, c’est avant tout un rapport social de production et d’exploitation. Et c’est ceci qui pose problème. Dans une société socialiste, la discussion sur la croissance se ferait sur une toute autre base, puisque l’objectif serait avant tout de répondre aux besoins sociaux. Les besoins sociaux comprennent également les besoins environnementaux, car c’est la majorité sociale qui va subir les conséquences du dérèglement climatique.
Construire une société où les besoins sociaux seront prioritaires exigera une lutte de masse acharnée. Comment construire le rapport de force nécessaire ?
Il faut partir des expériences récentes. Les mobilisations de 2019 ont marqué l’histoire. Elles n’ont pas abouti. Non pas parce que la mobilisation ne sert à rien, mais parce que la question du pouvoir n’a pas été posée correctement. Où se trouve le pouvoir ? Dans les rapports sociaux de productions. C’est pourquoi notre stratégie repose sur l’antagonisme de classe. Il faut jouer sur cette contradiction fondamentale du capitalisme.
Le fait est que si la classe travailleuse ne travaille plus, la classe capitaliste ne peut pas continuer le processus d’accumulation de capital. Par conséquent, la grève est encore la meilleure arme dont nous disposons. La grève à elle seule ne suffira pas. Il faut mettre à l’ordre du jour la question de la réappropriation des moyens de productions pour satisfaire les besoins de la société. Il est évident qu’un tel mouvement ne va pas se construire en un jour. Il s’agit ici de l’objectif vers lequel nous devons tendre. Les mobilisations ponctuelles sont donc à chaque fois l’occasion de convaincre autour de nous qu’il faut changer le système et qu’une alternative existe : la planification démocratique socialiste.
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CODE ROUGE contre le secteur de l’aviation
Le nombre de vols privés a doublé en un an !
Tout indique que la crise climatique sera catastrophique si des mesures ne sont pas prises rapidement. En attendant, le nombre de vols privés double en un an ! Les émissions de CO2 des vols privés en Belgique ont atteint 41.000 tonnes en 2021. C’est autant que les émissions annuelles de 27.310 voitures. Les activistes de Code Rouge ont donc décidé d’agir concernant le secteur de l’aviation, un secteur qui pollue et qui révèle l’inégalité du système. Les actions se dérouleront le week-end du 15 au 17 décembre.
Par Rebekka (Gand)
Les précédentes actions de Code Rouge
Code Rouge est une initiative citoyenne qui a déjà mené deux actions directes de désobéissance civile. En octobre 2022 contre TotalEnergies et en juin 2023 contre Engie. Les deux premières éditions de Code Rouge visaient les grandes entreprises du secteur de l’énergie, avec pour revendication centrale l’arrêt des énergies fossiles. En plus d’exiger l’arrêt des investissements dans les énergies fossiles, les activistes mettent en avant des revendications sociales telles qu’une énergie abordable pour toutes et tous et la reconversion des travailleuses et travailleurs vers des secteurs durables. Les militants pour le climat sont prêts à enfreindre la loi pour faire comprendre que la façon dont la société est organisée aujourd’hui n’est pas durable.
L’aviation en plein essor alors que les transports publics craquent
L’avion est de plus en plus populaire, ce qui n’est pas surprenant étant donné que le transport aérien est environ 2,5 fois moins cher que le même trajet en train. Mais il émet environ 80 fois plus d’émissions. Malgré l’impact avéré sur le climat, le gouvernement belge continue d’injecter de l’argent dans le secteur de l’aviation. Les aéroports d’Ostende et d’Anvers ont reçu quelque 9 millions d’euros de subventions en 2021. A cela s’ajoutent 700 millions d’euros d’allègements fiscaux pour l’ensemble du secteur de l’aviation. Ces chiffres sont hallucinants, alors que les transports publics réclament plus d’argent, de moyens et de personnel. Dernièrement, les travailleurs de la SNCB et de De Lijn sont entrés en grève pour exiger davantage d’investissements pour plus de collègues et de meilleurs infrastructures.
Les activistes du climat et le personnel des transports publics partagent les mêmes objectifs
De meilleurs salaires et conditions de travail sont nécessaires pour répondre à la pénurie de personnel. L’expansion drastique du réseau de transports publics est nécessaire en tant qu’alternative aux déplacements en avion et en voiture. Mais la poursuite de la privatisation va dans le sens contraire. La collaboration entre les militants pour le climat et le personnel des transports publics en Allemagne sous la bannière #wirfahrenzusammen (#nousroulonsensemble) montre comment nous pouvons lutter ensemble. Les activistes du climat se sont rendus sur les piquets de grève des travailleurs et ces derniers se sont joints aux marches pour le climat. Cela a donné lieu à de petits succès, avec des billets moins chers et le prolongement de certaines lignes. Pour réduire les émissions, augmenter l’offre et offrir des conditions de travail décentes au personnel, il n’y a qu’une seule solution : des investissements publics massifs dans les transports publics.
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25.000 personnes à la manifestation “climat” : le temps presse, exproprions les criminels climatiques!
Les 25.000 manifestant.e.s réuni.e.s à Bruxelles ce dimanche soulignent une fois de plus que le climat reste une préoccupation majeure. Ce n’est pas surprenant : le changement climatique est là et affecte nos quotidiens, des récentes inondations dans le Westhoek à celles de 2021 en région liégeoise en passant par les sécheresses et canicules de ces derniers étés. Cette manifestation était une fois de plus formidable, mais elle survient à un moment critique où le mouvement pour le climat doit relever de nombreux défis. Comment passer de la protestation au changement réel ? Pour contribuer à ce débat, vous trouverez ci-dessous le tract que nous avons distribuée lors de la manifestation.

La crise climatique a la vie dure : des températures record sur tous les continents, des centaines de catastrophes causant de nombreuses morts et des réfugiés climatiques, et de plus en plus de frontières planétaires franchies. Le mois dernier, Il y a eu d’importantes inondations en France et en Flandre. Malgré cela, les émissions continuent d’augmenter. Le festival annuel de greenwashing (la COP28) n’y changera pas grand-chose. Ils nous mentent depuis assez longtemps. Il est temps de passer à l’action !
Activistes climatiques et cheminot.e.s : même combat !
Du 5 au 7 décembre, les cheminot.e.s seront en grève. Les transports publics sont l’un des secteurs clés de la lutte contre le changement climatique. Un quart des émissions européennes provient du secteur des transports.
Les projets de libéralisation ou de privatisation ont mené à une gestion basée sur la réduction des coûts et le profit. La qualité du service s’est dégradée. Cela conduit à une diminution de l’accès aux transports publics, à des tickets plus chers et à une augmentation du nombre de voitures sur les routes. Ce dont nous avons besoin, c’est d’investissements massifs et d’une gestion démocratique basée sur les besoins des usagers. Des transports publics plus nombreux, présent partout, plus fréquents et gratuits sont nécessaires dans la lutte contre le changement climatique. En tant que défenseurs du climat, soutenons la lutte des cheminot.e.s. Défendons des infrastructures de meilleure qualité, avec plus d’emplois “verts” et de bonnes conditions de travail. #MêmeCombat #WeRideTogether
Nous nous rendrons mercredi prochain sur les piquets de grève des cheminot.e.s afin de concrétiser notre solidarité. Venez avec nous !
L’énergie aux mains du public
Les factures d’énergie sont devenues exorbitantes ces deux dernières années. Le secteur de l’énergie a réalisé des profits inouïs. Cet argent a directement atterri dans les poches des actionnaires, alors que les investissements privés dans les énergies vertes restent ridiculement bas. La multiplication des guerres et des tensions impérialistes a servi de justification pour de nouveaux méga-investissements dans les combustibles fossiles sous le couvert “d’indépendance énergétique”.
Le secteur pétrolier ne contribue qu’à hauteur de 1 % de l’ensemble des investissements dans les énergies vertes. En 2022, elles ont investi 800 milliards $ dans de nouveaux gisements de pétrole et de gaz et seulement 20 milliards $ dans les énergies vertes. Les intérêts de ces grands actionnaires du secteur énergétique sont totalement opposés à ceux des populations et de la planète. Nous ne combattrons pas la crise climatique avec des profits records pour les actionnaires, mais avec des investissements massifs dans les énergies vertes. Le seul moyen d’y parvenir est de supprimer la course au profit privé dans ce secteur.
Il est temps de choisir
Si nous ne pouvons pas lutter contre la crise climatique, c’est à cause d’un système spécifique. Plus que jamais, il est temps de choisir entre le capitalisme et la préservation de la vie sur terre. Il est vital de s’engager dans le débat concernant l’alternative démocratique à ce système. Battons-nous pour une société socialiste démocratique, où les richesses et les secteurs clés de notre économie ne seront plus soumis à la soif de profits et au bellicisme des capitalistes, mais seront utilisés pour répondre aux besoins des gens et de la planète. Cela ne sera possible que si les secteurs clés de l’économie (énergie, banques…) sont contrôlés et gérés démocratiquement par la classe travailleuse. Exproprions la classe dirigeante !
Participe aux actions Code Rouge
Il ne suffit pas d’argumenter. Les 16 et 17 décembre, Code Rouge mènera pour la troisième fois une campagne contre les criminels climatiques. Les activistes ont déjà occupés des sites d’Engie et Total . Cette fois, c’est au tour de l’industrie aéronautique. Nous nous battons pour des transports publics plus nombreux, de meilleure qualité et gratuits, pour la fin des jets privés et pour l’écologisation de l’ensemble du secteur des transports.
FREE GAZA – STOP à l’oppression et à l’impérialisme – Pour la libération des palestinien.ne.s – Stop aux livraisons et à la production d’armes
Nationalisons l’industrie militaire, sous contôle démocratique, afin qu’elle devienne socialement et écologiquement utile
Les nombreuses manifestations qui ont eu lieu doivent se poursuivre, car pendant que les bombes continuent de pleuvoir sur Gaza, les profiteurs de guerre belges engrangent d’énormes bénéfices. Certains des meurtres et des bombardements sont effectués avec des armes produites ou transitant en Belgique. Des syndicats palestiniens et belges ont demandé l’arrêt des livraisons d’armes à l’armée israélienne. Il faut maintenant nous organiser et lutter pour y parvenir. La classe travailleuse en action peut arrêter les massacres.
Ce 1er décembre, nous avons participé à une première action à Liège contre la société israélienne Challenge, qui organise le transit d’armes vers Israël en passant par la Belgique. De nouvelles actions sont prévues et voulons nous battre jusqu’à la victoire! Nous devons faire pression pour mettre fin à la fourniture d’armes et mobiliser le soutien de celles et ceux qui travaillent dans le secteur pour organiser un tel boycott. Mais nous devons aller plus loin. Pas de profits sur les vies humaines. Cette industrie doit appartenir à la classe travailleuse. Nous devons la convertir afin qu’elle accomplisse désormais un travail socialement utile.
Lutter contre le changement climatique, c’est aussi lutter contre l’oppression, le (néo-)colonialisme et l’impérialisme. L’industrie militaire est l’une des industries les plus polluantes. Tant que le peuple palestinien et tous les peuples ne seront pas libérés, il ne sera pas possible d’obtenir une véritable liberté et sécurité. On ne peut pas faire comme si de rien n’était pendant que le carnage continue. Il est crucial de construire un mouvement de masse international.
Luttons contre ce système où les guerres sont normalisées et constituent des mannes financières pour certains ; contre une société dans laquelle les régimes répressifs sont soutenus à travers le monde, car cela génère des profits pour des multinationales. C’est en luttant contre le capitalisme que l’on pourra mettre fin à la guerre et à l’oppression.








