Category: Politique belge

  • Le PS et l’augmentation des salaires : les promesses n’engagent que les personnes qui y croient

    Une législature se termine. Une séquence électorale commence. Le PS, caché en coulisse, enlève le masque du sérieux et du compromis pour embrasser celui de la conviction sincère. Paul Magnette se fait chantre de l’éco-socialisme. Il est vrai qu’au PS, le socialisme est écoresponsable : biodégradable, il s’est dissout dans la nature depuis longtemps.

    Par Arno (Liège)

    Sur la question des salaires vient une proposition phare : un salaire minimum de 2800 euros brut par mois. Une proposition déjà rejetée par le MR, l’Open VLD, la NVA, le CD&V, les partis “sérieux” avec lesquels le PS négociera pour former un gouvernement, comme en 2019. Mais ne soyons pas mauvaises langues : sur la période 2019-2024, le salaire minimum net a progressé de 400 euros… pour l’essentiel du fait de l’indexation automatique des salaires du fait de l’inflation. Or si l’on calcule la différence, en net, entre le salaire minimum actuel et celui proposé par le PS, elle s’élève à 187 euros pour un.e travailleur.euse isolé.e. Au rythme de l’évolution actuelle des prix des biens de consommation les plus élémentaires, le PS risque de dépasser ses promesses de campagne sans rien avoir à faire !

    L’hypocrisie électoraliste en devient une caricature : le PS propose la suppression du statut de cohabitant.e.s qu’il avait pourtant créé en 1980. Le PS vous précarise, puis demande votre voix pour sortir de la précarité.

    Ce grand écart entre l’action politique réelle et les promesses de campagne de la social-démocratie se constate tous les jours ; il alimente une large méfiance envers la gauche de manière plus générale. Cependant, se contenter de dénoncer cette hypocrisie ne suffit pas. Il faut aussi se poser la question des racines de cette impuissance du PS à faire appliquer les propositions qu’il agite si fièrement en période électorale (et qu’il échange si volontiers contre des ministères). Le PS croit le changement possible dans l’arène paisible du jeu parlementaire. Cela le contraint, dans un système à la belge, à négocier avec d’autres organisations plus à droite.

    Mais la social-démocratie, même en régnant sans partage – comme ce fut le cas dans diverses communes wallonnes et bruxelloises durant des années ou pour le PS français de François Hollande en 2012 – finit quand même par trahir ses ambitions. Car il y a la VOKA, la FEB et l’Union européenne, car il y a toutes les institutions du patronat qui feront pression sur le pouvoir pour qu’il se conforme à ses ambitions, en menaçant de fuite des capitaux et de fermetures d’entreprises. Le PS opte pour des ministères et les trahisons plutôt que descendre dans la rue pour construire des victoires.

    C’est seulement en s’appuyant sur les luttes menées par la classe travailleuse à la base, en les renforçant et en étant porté par leur dynamique qu’un gouvernement de gauche arrivera à imposer, contre toutes les forces du patronat, les propositions sociales dont nous avons tant besoin, et non dans des négociations au sommet avec les partis de droite.

  • Vooruit. En avant, mais dans quelle direction ?

    Le changement de nom du SP (Socialistische Partij) en SP.A en 2001 (Socialistische Partij Anders, avec comme sous-titre Sociaal Progressief Alternatief) avait confirmé une évolution en cours depuis un certain temps : il ne s’agissait plus d’un parti “socialiste”, mais de quelque chose d’autre. Des dirigeants comme Patrick Janssens, Steve Stevaert, Johan Vande Lanotte et Frank Vandenbroucke s’inspiraient de personnalités telles que Tony Blair (Royaume-Uni) et Gerhard Schröder (Allemagne), en accentuant à droite l’orientation économique du parti.

    Par Jon (Bruxelles)

    On parlait alors de “troisième voie” pour qualifier cet hybride de social-démocratie et de néolibéralisme qui se résumait essentiellement à l’application de l’agenda néolibéral avec un brouillard de mots creux à consonance sociale. L’introduction des mécanismes du marché dans les services publics ne devait connaître aucune limite. Il suffit de penser au financement de la recherche dans l’enseignement supérieur, à l’entrée de capitaux privés dans des entreprises publiques comme la poste ou les télécommunications (Di Rupo parlait de “consolidation stratégique”, on en voit le résultat aujourd’hui…), à la commercialisation des soins de santé ou encore au “partenariat public-privé” dans le domaine du logement social. Bref, sur le plan économique, le socialisme n’était que dans les mots, pas dans les faits.

    Depuis Conner Rousseau et le changement de nom en Vooruit (en avant), même ce socialisme de façade a disparu. Le parti adopte désormais des positions ouvertement droitières sur le plan économique : il se prononce en faveur d’un service communautaire obligatoire pour les bénéficiaires d’un revenu d’intégration et contre l’abaissement de l’âge de la retraite de 67 à 65 ans.

    Mais c’est surtout sur le plan socioculturel que l’on constate que Vooruit court de plus en plus derrière la N-VA et même le Vlaams Belang. Sur des thématiques telles que l’immigration ou la criminalité, il adopte des positions franchement de droite dans l’espoir d’y prendre des voix. Cette stratégie n’a jamais fonctionné : elle légitime “l’original” et non l’imitation. C’est cette approche qui a conduit à l’application du programme du Vlaams Belang, cordon sanitaire ou pas, puisque les autres partis ont adopté ses vues (limitation du regroupement familial, construction de nouveaux centres fermés,…).

    En ce sens, les déclarations racistes et sexistes de l’ex-président (et ex-directeur de la communication) Conner Rousseau ne doivent pas être considérées comme un dérapage ponctuel, mais plutôt comme le symptôme de l’écroulement idéologique du parti. Ce changement est en cours depuis des décennies, mais il a pris de l’ampleur. Vooruit rivalise désormais pleinement avec le CD&V, la N-VA et le VB et, sur le plan socioculturel, il dépasse même l’Open-VLD sur la droite.

    Au lieu de s’orienter de plus en plus à droite, Vooruit ferait mieux de regarder vers la gauche, vers le vide qu’il laisse au PTB. Aller de l’avant, c’est bien, mais avant d’appuyer sur l’accélérateur, il vaut mieux vérifier dans quelle direction on va.

  • Stopper les attaques de la droite par la lutte en allant chercher l’argent là où il est !

    Pouvoir d’achat, services publics, sécurité sociale, enseignement

    Tous les organismes l’ont nié, mais une étude de l’UGent basée sur les transactions bancaires de 900.000 familles l’a démontré : le pouvoir d’achat de la plupart des gens s’est détérioré ces dernières années. Les 20% des revenus les plus faibles ont subi une perte de 6,8% de leur pouvoir d’achat l’an dernier. Seule une petite couche supérieure est mieux lotie qu’il y a quatre ans. Les partis procapitalistes, la droite en tête, veulent passer au rythme supérieur. Le Bureau du Plan a calculé que les programmes des partis de droite sont synonymes de régression pour les revenus les plus faibles. En bref, que les politiques actuelles se poursuivent.

    Économiser 4,5 milliards d’euros sur les soins de santé ?

    La N-VA se présente aux élections avec la promesse – la menace plutôt – d’économiser dans les allocations de chômage, les soins de santé, les pensions de la fonction publique et la sécurité sociale. Pourquoi demander de l’argent au club très sélect des super-riches quand on peut aussi le demander à quelqu’un.e qui vit avec une allocation de 858,97 euros par mois en tant que cohabitant.e ? Les 10 % les plus riches détiennent 55 % de la richesse du pays et leur sort s’est nettement amélioré ces dernières années, tandis que la moitié la plus pauvre doit se contenter de 8,4% de cette richesse. Non, ce n’est pas un hasard si l’on trouve des panneaux électoraux de la N-VA dans les grands jardins de grosses villas…

    Mais les attaques antisociales de la droite manquent de popularité. Le gouvernement Michel, dont le retour est le rêve de De Wever et Bouchez, a été rejeté en 2019. Ces partis ne disposent toujours pas d’une majorité dans les sondages. Mais la politique de droite a des alliés. S’attaquer aux chômeur.euse.s, notamment en limitant les allocations dans le temps, bénéficie du soutien de l’extrême droite, de la droite et même de Vooruit, désormais favorable à une plus rapide dégressivité des allocations.

    Limitation des allocations de chômage dans le temps, sauts d’index successifs, répression musclée contre les réfugié.e.s : la droite vise les plus faibles. Son approche est déconnectée du monde réel. Elle est d’ailleurs la première à vivre somptueusement aux frais du contribuable ! Sigfried Bracke (N-VA) a saisi la justice pour préserver son allocation de pension supplémentaire et faire sauter le plafond légal de 7.813 euros bruts par mois. Aujourd’hui, l’ancien libéral et partisan du Vlaams Belang Hugo Coveliers lui emboîte le pas. Et c’est ce genre de personnage qui ose parler sans ironie de “hamacs” à propos des chômeur.euse.s !

    S’en prendre aux salarié.e.s, réfugié.e.s et chômeur.euse.s, tout cela figure dans le manuel de la stratégie de “diviser pour mieux régner”. Les travailleur.euse.s n’ont rien à y gagner. En outre, on parle déjà ouvertement de réductions des moyens de la sécurité sociale. Par exemple, la N-VA veut économiser jusqu’à 4,5 milliards sur les soins de santé, alors que le secteur craque de partout après des années de sous-financement. Le secteur est à bout de souffle, le personnel tient à peine debout et la qualité des soins s’en ressent. Répartir autrement le manque de moyens n’est pas une solution, cela ne fera qu’exacerber les problèmes. On le voit aussi dans l’enseignement. Il faut des investissements publics massifs. La droite ne veut rien savoir, la N-VA veut économiser sur la dotation de la SNCB, le Vlaams Belang est en faveur d’une privatisation complète de Bpost.

    La droite roule pour les riches

    Le projet de la droite est limpide: à nous de subir les conséquences du manque de moyens tandis qu’un petit groupe de super-riches et de gros actionnaires empoche des sommes folles. Ces dernières années, les bénéfices des entreprises ont atteint un niveau historiquement élevé, des milliards ont été versés en subsides aux entreprises, des réductions d’impôts ont été accordées aux entreprises… Ce qu’on prend dans les poches du monde du travail disparaît directement dans celles des super-riches. Dès lors qu’on parle de nos conditions de vie et de travail, il faudrait se serrer la ceinture. Pendant ce temps, on ne cesse de réclamer de nouvelles réductions d’impôts pour les entreprises et la défense “doit” également faire l’objet d’investissements. C’est ce que la droite appelle un effort “équilibré”.

    La droite roule pour les riches, au motif que la richesse ruissellerait vers le bas ou encore que les super-riches travaillent dur pour en arriver là où ils sont. Le Global Wealth Report de la banque suisse UBS a souligné l’année dernière que, pour la première fois depuis 2015, une majorité de nouveaux milliardaires se sont enrichis non pas grâce à leur entreprise, mais par héritage. La richesse se transmet de génération en génération. Pendant ce temps, la classe travailleuse – à la base de cette richesse – s’enfonce dans la précarité. C’est cela la lutte des classes.

    Faisons payer les riches !

    Dans ce contexte, l’opinion publique est de plus en plus favorable à un impôt sur la fortune. Il s’agit d’une revendication importante pour trouver les moyens nécessaires aux mesures concrètes et indispensables à nos conditions de vie. Des logements abordables, des emplois décents, des services publics accessibles, des investissements massifs dans les soins de santé et l’enseignement, etc. ne sont possibles que si des ressources considérablement plus importantes leur sont allouées. Aujourd’hui, ces ressources ne sont pas destinées aux réfugié.e.s ou aux salarié.e.s, mais aux super-riches. Aux États-Unis, Bernie Sanders propose de taxer (c’est-à-dire d’exproprier) à 100 % les richesses supérieures à un milliard de dollars. Une idée intéressante, mais de toute façon incompatible avec le soutien que Bernie Sanders offre au président Joe Biden et derrière lui à l’establishment capitaliste du parti démocrate. Faire payer les riches nécessite un rapport de forces favorable à la classe travailleuse qui fasse craindre aux super-riches de perdre davantage s’ils ne contribuent pas.

    La lutte des classes est concrète. Les sociaux-démocrates et les verts au gouvernement n’ont pas protégé notre pouvoir d’achat. Leurs promesses sociales sont de moins en moins crédibles ou sont carrément abandonnées dans le cas de Vooruit. La meilleure option pour les élections du 9 juin est de voter pour le PTB, et en particulier sur leurs listes pour les militant.e.s qui ont fait leurs preuves dans la lutte. Ce vote est un vote contre la poursuite de la politique antisociale dominante et pour le changement social. Mais les élections en elles-mêmes ne changeront rien. Elles font partie de la construction d’un rapport de forces. Les syndicalistes, les étudiant.e.s qui ont participé aux occupations de campus en solidarité avec Gaza, les chômeur.euse.s, les réfugié.e.s, les usager.ère.s et le personnel des transports publics, etc. peuvent tirer leur confiance d’une présence renforcée du PTB aux parlements. Cela s’inscrit dans la perspective de forcer le progrès social par la lutte collective. Pour remporter ce combat, le PSL estime qu’il faut une rupture révolutionnaire avec le capitalisme. Une société socialiste est nécessaire afin de mobiliser les ressources et les richesses disponibles par une planification démocratique de l’économie dans l’intérêt de la classe travailleuse et de l’avenir de l’humanité sur cette planète.

  • Stopper la droite dans les urnes et dans la rue !

    La droite s’apprête à attaquer durement les chômeur.euses, les malades, les salarié.es et toutes celles et ceux dont le compte en banque n’est pas alimenté par l’exploitation après les élections du 9 juin. Ce terrain, c’est celui dont la haine et la division ont besoin pour s’épanouir, au grand plaisir de l’extrême droite. Le mouvement des travailleur.euses doit réagir et riposter. Le vote pour le PTB fait partie de cette riposte, tout comme l’organisation de la lutte contre l’extrême droite. Voici notre appel de vote.

    Le 22 avril dernier, les nouvelles règles budgétaires européennes étaient adoptées et Le Soir commentait : “Le Parlement européen a voté le nouveau cadre budgétaire. Pour la Belgique, l’effort d’assainissement sera substantiel: aussi sévère – sinon plus – que dans les années 90.”Après une pause depuis 2020 et la pandémie, cela sonne le retour de la camisole de force austéritaire. Cela n’a cependant rien d’une fatalité, tout dépendra de notre capacité à construire l’unité dans la lutte de toute la colère sociale qui existe dans la société. Et elle est immense.  

    Ces règles budgétaires européennes seront probablement imposées par l’Europe dès le 1er janvier 2025 et connaîtront un durcissement à partir de 2027. Nous n’avons pas de temps à perdre pour organiser la résistance sociale au vu de ce que nous savons déjà.

    Retour vers le futur ?

    À peu de choses près, il faut être pensionné.e. aujourd’hui pour se souvenir d’une période de conquêtes et de progrès social. Les autres n’ont connu qu’une longue liste de mesures antisociales, parsemée de-ci de-là d’un pas en avant éthique ou d’une mesure qui ne fait qu’adoucir un précédent recul. Mais l’on parle ici d’une période de “consolidation budgétaire” (c’est-à-dire d’avalanche de mesures anti-pauvres et anti-travailleur.euse.s) telles que les trois précédentes depuis 1982: de 1982 à 1987, de 1993 à 1998 et de 2011 à 2017.

    Des années ’80, on se souvient surtout des “sauts d’index” de 1984, 1985 et 1987, qui ont prolongé le gel des imposé après la dévaluation du franc en février 1982. Le gouvernement Michel en a imposé un nouveau en 2015 ; mesure qui à elle seule fera perdre entre 20 et 30.000 euros à chaque travailleur.euse à l’issue de sa carrière.

    Dans les années ’90, il y a eu une “contribution complémentaire de crise” portant sur l’IPP (impôt des personnes physiques) et sur l’impôt des sociétés, au nom de “l’équilibre de l’effort”, mais cet équilibre n’existait que sur papier: c’est la population qui a été saignée. Le taux normal de TVA a été relevé, de 19,5 à 21 % tandis que le mécanisme d’indexation a été miné par la sortie du tabac, de l’alcool et de l’essence du panier de référence. En matière de sécurité sociale, de nouvelles cotisations ont été imposées alors que des cotisations existantes étaient majorées. Mais si on se souvient du “plan global” de 1993, c’est surtout en raison du gel des salaires en termes réels en 1995 et 1996 qui a ouvert la voie à la “loi-prison” sur les salaires de 1996.

    Quant aux années 2010, on se souvient des attaques successives sur les bénéficiaires d’allocations de chômage, des réformes des fins de carrière (dont l’augmentation de l’âge de la pension), etc. Tout cela alors que les services publics étaient vendus (voire quasiment bradés) au privé, que le sous-financement devenait la norme et que la protection des travailleur.euse.s était rabotée jusqu’à précariser l’ensemble du marché de l’emploi. 

    Comparaison n’est pas raison, et ce n’est pas simplement d’une répétition que rêvent les grands actionnaires aux commandes d’une grande partie du personnel politique du pays, car ils exigent aussi des investissements dans l’infrastructure et la défense.

    Il faudrait que la Belgique investisse chaque année au minimum 2,6 milliards et au maximum 7,5 milliards d’euros dans ses infrastructures sociales pour rencontrer les besoins de sa population. Alors que l’austérité lui imposera plutôt de couper 2,5 milliards d’euros par an dans son budget, explique Dominic Caddick, l’un des auteurs d’une étude commandée par la Confédération européenne des syndicats. Ce rapport souligne par ailleurs les projections de l’institut Rousseau (think thank français) qui estime que 260 milliards d’euros additionnels d’argent public doivent être injectés dans l’économie européenne chaque année pour arriver au fameux “zéro carbone” fixés en 2050.

    Un choix dont l’issue sera décidée par la lutte sociale

    Alors, vers où nous dirigerons-nous ? Si l’on écoute la droite, il sera question du retour à la semaine des 48 heures, de la limitation à deux ans des allocations de chômage, de l’extension des flexi-jobs, des heures supplémentaires, d’une indexation “revisitée”, etc. comme le réclament les programmes du MR et de l’Open-VLD. Tout ça en tapant sur les plus faibles de la société et en semant la discorde dans notre camp social.

    Posons dès maintenant les bases d’une mobilisation de masse pour répondre aux urgences sociales et écologiques tout en repoussant la droite. Plus tôt cette année, ce sont les agriculteur.trice.s qui ont fait entendre leur voix en mobilisant leurs outils de travail pour bloquer la capitale. Aujourd’hui, ce sont les étudiant.e.s qui occupent leur campus qui nous inspirent. C’est de ce type de dynamique audacieuse dont nous devons nous inspirer pour que la classe travailleuse réagisse avec la force du colosse qu’elle a été et est toujours. Nous connaissons les premiers pas dans cette direction: renforcer la gauche de rupture aux parlements, manifester contre l’extrême droite le 16 juin et participez à la manifestation Pride is a Protest le 30 juin.

  • 16 juin. Manifestation antifasciste et sociale nationale

    Appel unitaire à une manifestation antifasciste le 16 juin 2024 à Bruxelles

    Le résultat des élections du dimanche 9 juin prochain, avec une montée de l’extrême droite dans notre pays et un peu partout en Europe, s’annonce douloureux pour le monde du travail, pour la jeunesse, les migrant.e.s, les précaires et tous.tes les opprimé.e.s. La Belgique doit se préparer à un nouveau dimanche noir. S’il se profile clairement en Flandre, avec une extrême droite première dans les sondages, nous verrons ce qu’il en sera de la Belgique francophone. Restera-t-elle un îlot de résistance à la montée de l’extrême droite ? Nous n’en avons aujourd’hui aucune garantie. Bruxelles, qui accueille les institutions européennes, est quant à elle devenue un terrain de prédilection pour la stratégie de “normalisation” de l’extrême droite, symbole de sa volonté d’accéder au pouvoir.

    • Evénement Facebook

    Cette montée de l’extrême droite est le produit de la réponse politique donnée aux nombreuses crises qui se sont succédé : prix de l’énergie, inflation généralisée, crise sanitaire, crise de l’accueil, aggravement de la crise écologique, crise du secteur agricole, etc. Dans ce contexte, l’Union européenne pousse ses États membres à renouer avec une politique d’austérité, dont les conséquences seront payées par les travailleurs et les travailleuses : moins d’investissements dans les soins de santé, dans les transports en commun publics, dans l’enseignement, dans la lutte contre la crise écologique ou pour réduire les inégalités. Concrètement, la poursuite de cette politique austéritaire signifie la poursuite du démantèlement de l’État social.

    Et c’est l’extrême droite qui va encore en profiter, car en réponse au déclassement, elle continuera à nous diviser, en pointant la (fausse) responsabilité des migrant.e.s, pris comme boucs émissaires, et non la destruction des outils de redistribution de la richesse et des socles de droits sociaux fondamentaux.

    Jamais ce ne sera l’extrême droite qui demandera des salaires plus élevés pour toutes et tous. Jamais ce ne sera l’extrême droite qui demandera de taxer les plus riches, qui augmentera le nombre de logements sociaux, ou qui mettra en œuvre une transition écologique ancrée dans une logique de justice sociale, nécessaire pour notre avenir commun.

    On le voit partout, quand elle accède au pouvoir, l’extrême droite mène des politiques absolument désastreuses : contre l’État de droit, contre les travailleurs et les travailleuses, contre les droits des personnes migrantes, des femmes, des personnes LGTBQIA+. Partout, elle approfondit la casse sociale.
    Les partis d’extrême droite ne défendent pas les intérêts des travailleur·euses, ils sont l’assurance vie d’un système aux abois.

    La colère légitime des électeurs désespérés qui se tournent vers ces partis devrait pouvoir s’orienter contre les politiques qui sont véritablement responsables de la situation et devrait trouver un nouvel espoir dans un projet social, écologique et progressiste assumé.

    Cet appel à manifester est donc un appel en faveur d’un projet de société solidaire :

    1. Face au chômage, à la vie chère et à la dégradation des conditions de travail, revendiquons une meilleure répartition de la richesse et une réduction du temps de travail.

    2. Face à l’austérité européenne appliquée docilement par nos gouvernements, reconstruisons une sécurité sociale et des services publics forts.

    3. Face au changement climatique et son lot de catastrophes, exigeons une transition écologique juste et sociale.

    4. Face à la politique d’asile inhumaine, luttons pour une autre politique migratoire et d’accueil en commençant par la régularisation de tous les sans-papiers.

    5. Face au sexisme, racisme, LGBTQIA+phobie, … organisons-nous pour promouvoir une société plus inclusive et égalitaire avec notre meilleure arme : la solidarité !

    Par cet appel, la Coordination antifasciste de Belgique refuse la fatalité et la dépolitisation du débat. Au contraire, nous voulons signifier que la montée de l’extrême droite n’est pas inéluctable. Et que s’y attaquer passe par la construction d’une vraie alternative, sociale, écologique, et démocratique, seule capable de vraiment répondre aux grands enjeux d’aujourd’hui et de demain.

    Retrouvons nous tous à Bruxelles, le 16 juin à 13h au Mont des Arts (Gare centrale), pour défendre ce projet social seul capable de répondre aux enjeux de notre époque !

    La Coordination Antifasciste de Belgique

    Pour signer cet appel avec votre organisation ou collectif, envoyez-nous un mail à coordination@antifascisme.be

  • Pour un gouvernement d’urgence sociale qui ne laisse personne de côté

    Qui désobéit à l’austérité et applique une taxe des millionnaires

    Les services publics s’effondrent, tout comme notre pouvoir d’achat. La charge de travail est insoutenable et donne lieu à une épidémie de burnouts et de problèmes de santé mentale. Les listes d’attente interminables règnent partout. Pour marquer des points, l’extrême droite n’a pas grand-chose, particulièrement le Vlaams Belang en Flandre. Les autres partis et leur politique qui alimente les inégalités et les frustrations sociales lui offrent constamment des occasions à saisir pour banaliser sa haine.

    La faillite de la politique dominante est déjà évidente dans tous les domaines alors que la crise climatique s’aggrave et que le danger de conflits militaires grandit. Instaurer une politique d’urgence sociale qui ne laisse personne sur le bord du chemin exigent des moyens colossaux. Impossible sans cela d’empêcher les multiples crises du système de renforcer l’exploitation et l’oppression sous toutes leurs formes.

    A moins d’un véritable gouvernement de désobéissance en soutien à la lutte de masse, la politique socio-économique des futurs gouvernements est déjà connue : la Belgique est censée économiser 30 milliards d’euros au cours des six prochaines années. Le retour à l’austérité budgétaire est sur toutes les lèvres du personnel politique de la classe dominante en Europe, alors que le spectre de la récession économique plane sur la Belgique et les autres pays.

    De sombres perspectives d’austérité s’annoncent à tous les niveaux de pouvoir, y compris dans les communes dont de nombreuses sont sous tutelle financière de la Région bruxelloise ou du Centre régional d’aide aux communes, le “FMI wallon”. Nous devrons nous battre, en tirant les leçons des faiblesses passées du combat anti-austérité, pour briser la camisole de force budgétaire, où qu’elle puisse se trouver, et pas seulement aux niveaux du fédéral et des régions.

    Combattre le capitalisme et ses crises

    La société est plongée dans d’énormes crises. Le système a fait faillite, et les partis qui ont porté ce système ces dernières décennies sont en faillite. Ils sont incapables de répondre aux crises que nous subissons.

    Rester dans la logique du système capitaliste empêche de pouvoir résoudre les problèmes qui sont justement créés ou aggravés par ce système. Le capitalisme ne peut offrir que la misère, l’oppression, la guerre et la destruction de notre environnement écologique. Son socle est constitué par la propriété privée des moyens de production et la recherche de profit à tout prix. Il ne roule que pour une infime couche d’ultra-riches – les inégalités et la pauvreté font partie des fondements mêmes de la société capitaliste.

    Il est plus que temps de penser à un autre système sociétal! Il faut passer d’une politique de profits pour une infime minorité à une politique par et pour la classe travailleuse et la jeunesse.

    Débattons d’un programme qui conditionne la participation à des coalitions de gauche

    Pas moins de 43.000 enfants en Belgique, un sur dix, se voient forcés de sauter au moins un repas par jour en raison de la pauvreté. Un tiers des enfants se rend régulièrement à l’école avec la boîte à tartines vide ou à peine remplie. Les pensions faméliques (parmi les plus basses d’Europe) font connaître à nos aîné.e.s de terribles conditions de vie alors que les maisons de repos et de soin sont hors de prix. Les services publics craquent de partout faute de moyens. Et la liste est longue. Une politique de rupture devra être à hauteur des enjeux.

    Nous avons besoin de conditions strictes en dessous desquelles une coalition n’est pas possible, des conditions qui puissent constituer la limite inférieure du programme de gouvernement. Cela pourrait prendre la forme d’un plan en 10 points. Cela donnerait au débat politique électoral une orientation pour un programme de gauche de rupture, et préparerait les électeur.trice.s de gauche aux négociations à venir.
    Les syndicats et les organisations militantes et associatives pourraient se joindre à cette campagne, qui mettrait pression sur les partis de gauche pour mettre sur pied une coalition qui soit réellement de rupture. Un plan de conditions pas seulement pour obtenir un accord, mais aussi comme base pendant la législature pour arrêter la participation à un gouvernement si l’accord de coalition n’est pas respecté.

    Pour obtenir ce dont nous avons besoin, il faut mener un véritable combat. Lutter pour gagner l’application d’un tel programme permettrait d’unifier la classe travailleuse partout en Belgique, et même au-delà de nos frontières. Et si, au contraire, ce sont les pénuries qui dominent le débat dans la société, sans une véritable lutte de notre part, cela laissera le champ libre pour que s’expriment avec confiance la division communautaire, ainsi que les divisions racistes, sexistes et LGBTQIA+phobes.

    Voici des éléments de réflexions concernant ce que pourrait être un tel plan, qui devraient être largement débattus :

    1 Faire payer les super-riches et les grandes entreprises

    • Une véritable taxe des fortunes sans échappatoires et avec une matraque à portée de main : l’expropriation des capitalistes qui se comportent de manière antisociale en s’enfuyant avec leur argent.
    • Plus de moyens publics pour les services de fiscalité et augmentation de l’impôt des grandes sociétés.
    • Ouverture de la comptabilité des entreprises et appel aux délégations syndicales de scruter ce qui se passe sur leurs lieux de travail
    • Suppression de la TVA sur les produits essentiels et taxe de 21% sur les vrais produits de luxe.
    • Pas un cent aux spéculateurs : abolition du paiement de la dette publique, sans indemnité, sauf sur base de besoins prouvés.

    2 Augmentation des salaires, des pensions et des allocations

    • Suppression de la Loi de 1996 sur les salaires.
    • Pas touche à l’index ! Pour un mécanisme d’indexation des salaires qui traduise réellement – et directement – l’augmentation véritable du coût de la vie.
    • Augmentation de toutes les allocations et pensions ; augmentation du salaire minimum vers 17€/h (2.800€ brut/mois).
    • Individualisation et revalorisation des allocations sociales au-dessus du seuil de pauvreté et une pension minimum de 1.800€/mois net.
    • Suppression de la dégressivité des allocations de chômage et extension du droit aux allocations pour tous et toutes, dès 18 ans.
    • Un salaire étudiant à la hauteur du salaire minimum et la rémunération de tous les stages.
    • Retour de l’âge légal de la pension à 65 ans ; pension complète pour tous et toutes après une carrière de 40 ans.

    3 Réduction collective du temps de travail vers 30h/semaine – sans pertes de salaires et avec embauches compensatoires

    • Contre la charge de travail intenable et l’épuisement au travail ; pour permettre de conjuguer travail, vie de famille et loisirs ; et pour garantir un emploi pour tous et toutes.

    4 Stop aux pénuries ! Un plan massif d’investissements publics dans les services publics et l’infrastructure

    • Refinancement des services publics, arrêt du processus de privatisation et d’externalisation des services.
    • Proximité, accessibilité et qualité des services publics, garanties pour toutes et tous.

    5 Des investissements massifs à hauteur des besoins dans les soins, le social et l’enseignement

    • Refinancement des soins de santé pour des prestations de qualité et combattre les listes d’attente ; révision à la hausse des normes d’encadrement pour mettre plus de personnel au chevet des patients.
    • Garantir le libre accès à l’avortement, aux soins d’affirmation du genre et aux soins de santé psychologique.
    • Refinancement de l’enseignement pour de meilleures conditions de travail et d’apprentissage ; diminution de la charge de travail du personnel enseignant ; gratuité des cantines scolaires.

    6 Un logement pour tous et toutes, et à prix abordable

    • Stop aux listes d’attente ! Construction et rénovation de logements sociaux publics en masse afin que le marché immobilier ne soit pas laissé aux caprices des propriétaires et des spéculateurs.
    • Interdiction des expulsions locatives sans relogement social public.

    7 Planification écologique pour sortir des énergies carbonées et nucléaire

    • Pour un plan d’investissements écologiquement et socialement utiles, pour sortir des énergies carbonées et sortir du nucléaire, tout en assurant la reconversion des travailleuses et travailleurs et en engageant massivement dans les secteurs concernés.
    • Un plan public de rénovation et d’isolation des bâtiments, quartier par quartier, pour drastiquement diminuer les émissions issues de l’énergie utilisée dans le bâti.
    • Pour un plan public d’urbanisme et de gestion du territoire et des rivières pour faire face aux événements climatiques extrêmes et encaisser des chocs d’inondations et de chaleur. Ce plan doit être élaboré en toute transparence, avec implication des organisations syndicales et des associations de terrain.
    • Des investissements publics massifs dans les services d’incendie et d’aide à la population : plus de moyens, plus de collègues, de bonnes conditions de travail et de meilleurs salaire !
    • Reconstruction du maillage de transports en commun publics : plus nombreux, de meilleure qualité, gratuits et écologiques.
    • Pour notre porte-monnaie et pour une transition verte : nationalisation de l’ensemble du secteur énergétique.

    8 Personne n’est libre si tout le monde ne l’est pas – Pour une lutte réelle contre toutes les oppressions

    • Stop au sexisme ; Stop aux violences faites aux femmes et aux personnes LGBTQIA+. Pour un plan d’investissements à hauteur des besoins, avec implication centrale par les associations du terrain.
    • S’attaquer réellement au racisme systémique ; à l’islamophobie. Stop aux violences policières – Justice et vérité pour les victimes. Interdiction du contrôle policier au faciès.
    • Soutenir une campagne massive de syndicalisation des sans-papiers et régularisation de toutes et tous.
    • Des moyens publics et des droits pour les personnes ayant des besoins spécifiques.

    9 Organisons une lutte d’ampleur pour imposer ces mesures !

    • Appel aux travailleurs et travailleuses et à la jeunesse en Belgique à participer activement à l’application de ces mesures : mobiliser un contre-pouvoir sociétal par la lutte pour imposer les politiques nécessaires.

    10 Appel international à la solidarité et à la lutte

    • Appel aux jeunes, aux personnes opprimées et la classe travailleuse en général des autres pays à faire preuve de solidarité en exigeant des politiques similaires de la part de leurs propres gouvernements.
    • Stop au néocolonialisme! Des relations et accords internationaux basés sur les intérêts des personnes opprimées et travailleur·euse.s sur place, pas sur les intérêts des élites capitalistes, la soif de profits des multinationales ou le push-back de réfugié.e.s.
    • Solidarité avec les masses palestiniennes et avec les peuples du monde entier! Suppression de toutes les licences d’exportation d’armes. Reconversion de l’industrie de l’armement pour une production socialement utile avec maintien des conditions de travail et de salaire.

    Empêchons les frileux de se défiler !

    Le PS, et les médias traditionnels, critiquent le PTB en le présentant comme incapable de “prendre ses responsabilités”, et incapable de faire quelques concessions à son programme pour qu’une coalition de gauche puisse exister. Raoul Hedebouw y répond très justement : “Les autres partis voudraient que le PTB rentre dans un gouvernement pour pouvoir dire ensuite: regardez, il n’y a pas d’alternative. Or les gens votent pour nous pour obtenir une rupture (…) Les gens qui votent pour la gauche ne veulent pas se retrouver avec une politique de droite. Une des raisons de notre succès, c’est que nous rendons espoir aux gens. Si le PTB se comportait comme un autre, ce serait un vrai drame pour la gauche.”

    On a raison de se méfier : le PS est connu pour son habitude de mener une campagne plus à gauche avant de ranger son programme une fois les élections passées. Si une telle coalition voit le jour, le mouvement syndical et associatif, ensemble avec le PTB et l’ensemble des militant.e.s de gauche pourraient s’en servir pour construire un rapport de force dans la société pour lutter contre l’austérité et pour appliquer un programme offensif de gauche – ce qui rendrait très difficile au PS et à Ecolo de manœuvrer pour éviter de devoir appliquer la politique qui s’impose.

    Et relayons les négociations par des meetings publics ouverts à tous et toutes et des assemblées du personnel sur les lieux de travail. De cette manière, les syndicats auraient directement leur mot à dire et pourraient contribuer à l’instauration de ces mesures.

    Si le PS accepte de respecter ses propres promesses électorales, alors la classe travailleuse et la jeunesse obtiendront une avancée sociale significative. Le PTB démontrera ce qu’il est capable de réaliser. Mais si le PS refuse, il sera démasqué aux yeux de tous et toutes. Mais dans ce cas, les meetings et assemblées du personnel auront le mérite d’ancrer un programme de gauche de rupture dans de nombreux lieux de travail et dans les débats publics afin de construire un rapport de force pour obtenir des victoires. Des victoires qui provoqueraient un énorme enthousiasme et poseraient les bases d’une lutte pour obtenir bien plus, et aussi ailleurs.

    L’action sociale et syndicale instaure une pression à l’avantage des intérêts du monde des travailleur.euse.s, non seulement pour que les thèmes sociaux dominent le débat public, mais aussi pour déjà commencer à peser sur les décisions à venir. C’est dans la lignée de ce constat qu’une très intéressante action a eu lieu le 15 avril : une coalition de syndicalistes et d’activistes s’est invitée aux sièges du PS, d’Ecolo et du PTB pour réclamer la “socialisation des biens communs”. La centaine de personnes, regroupée sous le nom “Commune Colère”, a affiché des banderoles et des posters sur les façades pour dénoncer la privatisation des biens et services essentiels tels que l’énergie, le logement, les terres agricoles ou encore les transports, mais aussi pour défendre la constitution d’un gouvernement de gauche pour relayer ces préoccupations. “Détail” piquant : le PS avait attendu 2 heures avant de daigner répondre, non sans avoir préalablement appelé la police en renfort… (Photo : Commune Colère)

    Menons une campagne électorale offensive !

    Le mouvement social au sens large, des associations aux organisations syndicales, ne manque ni d’expériences ni de talents. Beaucoup de lieux de travail peuvent compter sur des militant.es et délégué.es syndicaux qui se battent sans relâche pour améliorer le quotidien de leurs collègues.

    Le PTB pourrait engager toutes ces forces – individus, associations, délégations, … – à ses côtés en utilisant sa campagne dans le but affiché de parvenir non pas simplement à des gouvernements de “gestion sociale” du statu quo avec le PS et Ecolo, mais à de véritables gouvernements de rupture reposant sur la force et la pression de la classe travailleuse organisée, dans le respect de sa diversité.

    Des comités de lutte pourraient être mis sur pied localement, sur les lieux de travail, dans les écoles et campus et dans les quartiers, pour mener une campagne active et tenter d’impliquer les couches les plus larges possibles dans cette bataille.

    Aucune égalité ne peut exister dans un désert social, il est donc vital que les jeunes et les mouvements contre l’oppression fassent entendre leurs revendications spécifiques avant les élections. Ces mouvements sociaux peuvent renforcer les voix en faveur du PTB et commencer à créer le rapport de force nécessaire au sein de la société pour qu’une politique à la hauteur des besoins soit appliquée.

    Aller à contre-courant des politiques d’austérité de l’UE, cela exige une implication de la classe travailleuse dans la bataille aussi pré-électorale. Discuter et populariser un programme de gauche de rupture avant les élections, l’intégrer aux élections sociales dans les entreprises, et le faire vivre par des discussions dans les écoles et les campus fait partie de la lutte des classes. Cela rendra la classe travailleuse plus consciente de son rôle particulier dans la société et créera les conditions pour commencer à se battre pour une société à son image et reposant sur ses intérêts.

    Avec meetings publics, manifs et grèves

    La FGTB pourrait coupler son appel pour un “front de gauche” à l’organisation de meetings publics qui laisseraient la parole aux représentants de partis mais aussi à la base du mouvement social, pour clarifier ce qui est exigé sur le terrain comme besoins à combler.

    Ces grands événements de discussion programmatiques pourraient être précédés de manifestations locales pour encourager les luttes par la dynamique de campagne électorale et non les mettre sur “pause”. La meilleure campagne, c’est la lutte sociale. Le plus efficace pour imposer nos revendications dans le débat public, c’est la mobilisation, la manifestation de masse, la grève.

    Les régionales syndicales, les organisations sectorielles et des délégations combatives pourraient organiser des assemblées et des actions pour soutenir une dynamique de campagne et faire vivre les revendications sociales nécessaires. La lutte sociale, c’est aussi la meilleure manière d’empêcher l’extrême droite de capter la colère et les frustrations quotidiennes.

    Une telle dynamique de lutte est également importante pour construire la confiance dans l’action collective et préparer les combats à venir, une fois les élections passées.

    Pour des discussions et négociations publiques

    Si un accord doit être trouvé pour une coalition de gauche, les discussions et négociations devraient être rendues publiques. Un débat ouvert permettrait de déterminer collectivement si un accord est possible ou non, via des meetings et des mobilisations. Cela impliquerait un maximum de gens dans le rapport de force nécessaire à construire après les négociations : pour soutenir la politique gouvernementale face à la riposte capitaliste, en cas d’accord ; et pour s’opposer à la politique menée, en cas de désaccord.

    Les débats devraient être menés ouvertement et dès maintenant, dans un vaste débat public impliquant activistes et électorats de gauche, syndicalistes et délégations syndicales, féministes, activistes pour le climat, antiracistes, associations actives sur le terrain,…

    Préparons-nous dès maintenant à la riposte capitaliste

    Le PSL veut se battre aux côtés du PTB pour qu’un programme de rupture puisse être mis en place, comme étape et élan vers beaucoup plus loin : le renversement du capitalisme.

    La crise du climat et de la biodiversité illustre particulièrement bien la nécessité de la propriété publique des moyens de production. Les crises du logement, de la santé ou de la précarité au travail l’illustrent tout autant.

    Il ne manque pas de richesses pour un programme de rupture, mais elle est concentrée dans les mains d’une poignée d’ultra-riches. Appliquer un tel programme nécessite de se préparer à la riposte inévitable de la classe dominante dont les intérêts seront mis en danger. À chaque capitaliste qui essaie de s’échapper par la fuite de capitaux ou la délocalisation : opposons-lui l’expropriation ! Et dans ce titanesque bras-de-fer, notre classe sociale pourra brandir l’arme de la nationalisation des secteurs-clés de l’économie, sans rachat ni indemnité, et placés sous le contrôle et la gestion démocratique de la classe travailleuse et de la collectivité, afin d’élaborer une planification rationnelle et démocratique de l’économie – à commencer par le secteur bancaire et financier, mais aussi l’énergie, les télécoms, la sidérurgie, la pétrochimie,… Sur cette base les moyens seront dans nos mains pour planifier l’économie et la transition écologique.

    C’est ainsi que des mesures socialistes pourront être appliquées et permettraient de profiler un nouveau système, une société socialiste démocratique débarrassée de l’exploitation et de la loi du profit. Car nous ne sortirons véritablement avec une victoire de ce combat que par le renversement du capitalisme. Un changement fondamental et révolutionnaire de la société, c’est-à-dire la fin de la propriété privée des grands moyens de production, est une question d’urgence sociale, écologique et économique absolue.

    Le Parti Socialiste de Lutte (PSL) défend une société socialiste où la majorité sociale décide démocratiquement de l’utilisation des richesses et des ressources disponibles. Nous sommes présent.e.s sur les lieux de travail, parmi la jeunesse, dans les mouvements sociaux. En tant que marxistes démocratiques, nous sommes résolument anticapitalistes et organisé.e.s au niveau international au sein d’Alternative Socialiste Internationale. Nous luttons en faveur d’une révolution fondamentale dans l’intérêt des êtres humains et de la planète.

  • [Interview] 20 ans après avoir été un élu du Vlaams Belang, Tony, chauffeur de bus, est un des candidats du PTB

    Tony Zwijsen, un chauffeur de bus anversois, est un visage connu lors des actions syndicales. C’est sur base de cet engagement qu’il se présentera en juin prochain sur une liste du PTB. Il n’est certainement pas le seul syndicaliste à le faire. Mais Tony voyait le monde de façon très différente dans un passé désormais lointain. En 2000, il a été élu au conseil de district de Borgerhout et au conseil provincial pour le Vlaams Blok. Comment un ancien membre du VB peut-il se retrouver à gauche ? Nous en avons discuté avec lui.

    Comment as-tu rejoint le Vlaams Blok à l’époque ?

    “Mes parents ont divorcé et j’ai déménagé avec ma mère de Deurne vers le quartier du Stuivenberg. C’était une période de crise, à la fin des années 1980 et au début des années 1990. La population était mécontente des problèmes sociaux. Parallèlement, de nombreux immigrés sont venus s’installer dans le quartier. Il y avait beaucoup d’incompréhension et d’ignorance à ce sujet. Il était aisé de les désigner comme la cause des problèmes.

    “Par la suite, je me suis retrouvé à Borgerhout. C’était à la fin des années 1990, lorsque le VB était en plein essor. À cette époque, le Vlaams Blok s’est élargi, même d’anciens socialistes comme Staf Neel et ses frères sont passés au Vlaams Blok. J’ai assisté à quelques réunions, j’ai fait la connaissance de dirigeants comme Dewinter, mais aussi de gens de ma rue. Ils m’ont demandé de figurer sur la liste. Avec peu ou pas d’ambition, j’ai accepté. Le VB a obtenu 35 % à Borgerhout et neuf élus, en plus de quoi, à ma grande surprise, j’ai obtenu beaucoup de votes préférentiels, ce qui m’a permis d’être également élu au conseil provincial. Je n’ai pas joué un rôle politique important, mais j’ai fait partie de ce monde. Dewinter était par exemple présent à mon mariage.”

    Aux dernières élections pourtant, le VB n’a plus gagné qu’un seul siège à Borgerhout. Comment cela s’explique-t-il ?

    “Il y avait un sentiment d’incompréhension et de malaise. Le Blok en a profité pour mettre tout ce qui n’allait pas sur le dos des étrangers. Ce sentiment a changé à Borgerhout: récemment, 6.000 personnes se sont réunies à table pour célébrer l’Iftar et Pâques. Les gens ont appris à se connaître. En outre, l’administration progressiste de Borgerhout joue évidemment un rôle. Avec Zelzate, c’est le seul endroit où le PTB siège au conseil communal.”

    Comment as-tu pris tes distances avec l’extrême droite ?

    “Cela ne s’est pas fait du jour au lendemain. J’ai changé et je ne suis pas fier de ce que je pensais et disais à l’époque. En 2007, j’ai commencé à travailler pour De Lijn, un lieu de travail à la grande diversité. J’y ai vu des collègues qui voulaient aller de l’avant, qui voulaient la même chose que moi. C’est là que mes yeux se sont ouverts. J’ai également eu de nombreuses conversations avec Luc, un délégué syndical qui s’opposait patiemment au point de vue de la droite.

    “La mobilisation syndicale de 2014, contre le gouvernement Michel, m’a encore plus ouvert les yeux. Un parti de droite comme la N-VA avait promis plus de sécurité et de protection dans les bus, mais rien n’a été fait. Ce n’était que des promesses en l’air. Au contraire, ils ont proposé des mesures antisociales contre lesquelles nous avons lutté, j’avais depuis réintégré le syndicat.

    “Dans notre lutte contre les patrons et le gouvernement, j’ai vu que les collègues issus de l’immigration étaient des collègues de travail avec les mêmes intérêts que moi. Ensemble, nous avons été plus de 100.000 à descendre dans la rue contre le gouvernement Michel et à nous mettre en grève contre les mesures d’austérité. Cela a permis de voir qui était de quel côté. L’esprit de rébellion qui m’habitait depuis toujours s’est manifesté d’une manière tout à fait différente.” 

    Comment as-tu rejoint le PTB ?

    En décembre 2020, dans le cadre du programme “accessibilité de base”’ de De Lijn, il a été décidé de raccourcir “ma” ligne 22 entre le Groenplaats et l’UZA. Soutenue par des collègues d’autres syndicats, l’ACOD/CGSP a lancé une pétition qui a reçu beaucoup d’écho. Beaucoup de jeunes et de personnes âgées utilisent cette ligne et étaient en colère contre la réduction du service.

    “Le PTB est le seul parti à nous avoir contactés pour nous demander s’il pouvait soutenir la campagne. Ils ont diffusé la pétition et ont distribué des affiches. Jos D’Haese a pris la parole lors d’une réunion de quartier. Le PTB m’a demandé si la politique signifiait quelque chose pour moi. J’ai répondu catégoriquement que j’avais un passé, mais cela ne les a pas dérangés. Après quelques discussions et après Manifiesta, j’ai adhéré, à condition que Jos D’Haese prenne en même temps sa carte de membre d’un club de supporters de den Antwerp. Depuis lors, je suis devenu plus actif et je suis maintenant également candidat au parlement flamand.

    “Les actions autour de la ligne 22 se sont poursuivies et nous avons finalement gagné. L’ensemble du tracé a été conservé. C’est une victoire pour les syndicats, mais aussi pour le PTB.”

    Que tiens-tu à défendre durant cette campagne ?

    “La mobilité est bien sûr mon cheval de bataille. Les arrêts supprimés sont un scandale et il y a beaucoup de manques à De Lijn. Je veux aussi mettre l’accent sur les électeurs qui sont perdus et qui se retrouvent parfois au VB parce qu’ils sont confrontés à des problèmes sociaux, par exemple en matière de soins, de garde d’enfants, d’enseignement.

    “Le Vlaams Belang prétend être social, mais il s’oppose à une taxe sur les millionnaires qui veut récupérer l’argent des super-riches. Comme si l’argent se trouvait chez les réfugiés qui n’ont pas un franc ! Sur la redistribution des richesses, on ne les entend jamais. Ils ne parlent pas non plus de réduire les dotations des partis. Au VB, ils s’emparent volontiers de l’argent. Marijke Dillen, par exemple, a quitté le Parlement flamand en 2014 avec une indemnité de 450.000 euros, alors qu’elle a entre-temps retrouvé un salaire de députée. Le Vlaams Belang ne préconise que des salaires nets plus élevés, ce qui mine la sécurité sociale et nuit à nos pensions et à nos indemnités de congés payés. Le Vlaams Belang est contre les grèves et contre l’action syndicale. Beaucoup de gens tombent dans le panneau de la propagande de l’extrême droite, je veux contribuer à la démystifier. Si vous disséquez les points sociaux du VB, vous remarquez qu’il n’y a rien de social et que c’est un parti pour les riches.

    “Aller à l’encontre de tout ce qui nous divise est également important pour moi. Une personne est une personne, alors pourquoi cette haine contre les personnes LGBTQIA+ ? Le député VB Chris Janssens dit accepter les gays, mais on se moque de plus en plus des personnes LGBTQIA+, en particulier des personnes transgenres. Des groupes comme celui de Van Langenhove ou le NSV attisent la haine. Je veux m’y opposer. Je serai d’ailleurs présent à la manifestation contre NSV le 25 avril à Anvers.”

    Merci pour cette interview et bonne chance pour les élections !

    https://fr.socialisme.be/97435/avant-et-apres-les-elections-passer-a-laction-pour-une-politique-durgence-sociale-et-de-resistance-au-capital
    https://fr.socialisme.be/97058/lettre-au-ptb-relevons-ensemble-les-defis-de-cette-ere-du-desordre
  • Avant et après les élections : passer à l’action pour une politique d’urgence sociale et de résistance au capital

    “Le PTB a pris le pouvoir en Wallonie et à Bruxelles…” écrivait le 17 avril Demetrio Scagliola, rédacteur en chef de Sudinfo (La Meuse, La Capitale, etc.), dans le tourbillon “décret Paysage”. Fidèle à son habitude, Sudinfo exagère (beaucoup). Mais le précédent est historique. La majo­rité alternative PS-Ecolo-PTB née à cette occasion a sonné la mort clinique du gouvernement de Fédération Wallonie-Bruxelles (MR-PS-Ecolo). Mais elle a aussi revigoré le débat sur la possibilité de gouvernements de gauche.

    L’épisode a singulièrement miné le principal argument anti-PTB du PS concernant le prétendu “refus de prendre ses responsabilités”. Paul Magnette, qui a toujours du mal à cacher sa frustration, avait ré­sumé l’approche de son parti en mars dernier en parlant des “couillons” du PTB lors d’un débat entre présidents de parti.

    Mais peu de temps après, une figure de premier plan du PS a pour la première fois évoqué la possi­bilité d’une alliance avec le PTB. “Faisons ensemble quelque chose, un gouvernement avec des points de rupture”, avait proposé le Secrétaire d’État Thomas Dermine à Sofie Merckx (cheffe de groupe du PTB à la Chambre). Le lieu était tout sauf anodin: dans les locaux de la FGTB Charleroi, devant un parterre de syndicalistes dont les interventions avaient pas mal bousculé le représentant du PS.

    Imposer la discussion

    Il n’a pas fallu longtemps pour que Dermine soit rappelé à l’ordre par Magnette & Co. La préférence de la direction du parti est évidente: un Olivier aux côtés des Engagés et d’Ecolo. Tout le jeu étant de ne pas dire trop ouvertement que l’on préfère gouverner à droite. L’écart de Dermine s’explique avant tout par l’auditoire syndical auquel il faisait face et qui était particulièrement remonté contre la politique appliquée docilement par le PS depuis des décennies. Les syndicalistes faisaient égale­ment écho à l’appel pour un “front de gauche” lancé par le président de la FGTB Thierry Bodson en février dernier. Appel extrêmement peu commenté par les partis en question.

    Cette réunion syndicale à Charleroi illustre le rôle crucial que le mouvement ouvrier, et tout particu­lièrement les syndicats, peut jouer durant une campagne électorale. L’action sociale et syndicale instaure une pression à l’avantage des intérêts du monde des travailleur.euse.s, non seulement pour que les thèmes sociaux dominent le débat public, mais aussi pour déjà commencer à peser sur les décisions à venir.

    C’est dans la lignée de ce constat qu’une très intéressante action a eu lieu le 15 avril: une coalition de syndicalistes et d’activistes s’est invitée aux sièges des partis politiques francophones considérés comme à gauche pour réclamer la “socialisation des biens communs”. La centaine de personnes, re­groupée sous le nom “Commune Colère”, a affiché des banderoles et des posters sur les façades pour dénoncer la privatisation des biens et services essentiels tels que l’énergie, le logement, les terres agricoles ou encore les transports, mais aussi pour défendre la constitution d’un gouverne­ment de gauche pour relayer ces préoccupations. PS, Ecolo et PTB ont par ailleurs accepté d’être présents à un débat organisé par “Commune colère” le 28 mai prochain (18h30 au DK, à Saint-Gilles). “Détail” piquant: le PS avait attendu 2 heures avant de daigner répondre, non sans avoir préalablement appelé la police en renfort…

    Faire barrage aux mensonges par des discussions publiques

    Il n’est pas trop tard pour prendre d’autres initiatives du même ordre, dans tout le pays d’ailleurs. La situation se présente différemment en Flandre. C’est vrai, mais si la gauche syndicale et politique était plus offensive, la marge de manœuvre du Vlaams Belang pour dévier le mécontentement social à son avantage serait d’autant réduite. Le 26 avril, une mobilisation syndicale réunissant l’enseigne­ment francophone et néerlandophone a eu lieu à Bruxelles, il est à regretter qu’il n’y ait pas eu d’autres occasions similaires. Dans le contexte des élections sociales de mai, cela aurait également permis de souligner l’importance des candidat.e.s défenseurs d’un syndicalisme de combat.

    Avant les élections communales d’octobre prochain, les négociations fédérales, régionales et des commu­nautés constitueront un autre moment crucial de mobilisation. En Wallonie, PS, Ecolo et PTB pour­raient disposer ensemble d’une majorité comprise entre 55% et 60%. Ce sera la première négocia­tion post-électorale au sud du pays.

    Les négociations cachées à huis clos permettent de dire tout et son contraire dès lors que l’on se trouve devant une caméra ou non. La gauche syndicale et politique doit exiger des négociations ou­vertes, avec notamment des meetings publics, des assemblées interprofessionnelles et des réunions sur les lieux de travail en invitant les représentants de partis.

    Le PS nous a habitué à rouler à gauche toute durant la campagne électorale pour ensuite sagement ranger son programme au placard. Une telle mobilisation durant les négociations aiderait à le forcer à respecter ses propres promesses électorales. Et le PTB pourrait démontrer ce qu’il est capable de réaliser. Dans le pire des cas, le ou les partis qui refuseraient de mener une politique progressiste seraient directement démasqués. Mais dans ce cas, les meetings et assemblées du personnel auront servi à préparer le terrain pour les luttes à mener contre un nouveau gouvernement antisocial et à se lancer de plain-pied dans la campagne des communales et provinciales pour obtenir des communes rebelles.

    Renforcer la gauche de rupture

    Le jour des élections, il faudra bien entendu renforcer la gauche en rupture avec la politique domi­nante. Tout comme nous le faisons avec constance depuis une bonne dizaine d’années, nous appe­lons à voter en faveur des candidat.e.s du PTB, convaincus qu’aujourd’hui, la position de la classe tra­vailleuse sera renforcée par le plus grand nombre possible d’élu.e.s de ce parti. Celles et ceux-ci pourraient soutenir une coalition de gauche, ou même un gouvernement minoritaire PS-Ecolo en ne soutenant que les lois représentant un pas en avant pour notre classe sociale.

    Bien entendu, voter ne suffit pas. Pour arracher un changement, une lutte d’ampleur de notre classe sociale est nécessaire, non seulement pour poser les premiers pas vers une politique réellement à gauche, mais aussi pour riposter contre la réaction de la classe capitaliste et de ses institutions. La meilleure manière de s’y préparer, c’est de dès aujourd’hui discuter du type de société vers la­quelle aller, une société de “socialisation des biens communs” qui en finira avec la dictature des ac­tionnaires et avec les ravages de la soif de profits du privé. Selon nous, ce type de société c’est le socia­lisme démocratique.

    https://fr.socialisme.be/97058/lettre-au-ptb-relevons-ensemble-les-defis-de-cette-ere-du-desordre
  • Les antifascistes deux fois plus nombreux que l’extrême droite à Anvers

    L’Association des étudiants nationalistes (NSV), l’aile étudiante du Vlaams Belang, s’est sentie confortée par les sondages en Flandre et a organisé une nouvelle marche de la haine après cinq ans d’absence. Le président du Vlaams Belang, Tom Van Grieken, et son allié, Dries Van Langenhove, avaient appelé à se rendre à Anvers renforcer le cortège. En cette année électorale, les candidats du VB étaient désireux de s’afficher, d’autant plus qu’une mobilisation internationale avait également ramené des délégations des Pays-Bas, de France et même d’Autriche. En vain. Sous le slogan “La jeunesse flamande se soulève”, moins de 200 personnes ont manifesté, une bonne partie d’entre elles pouvait d’ailleurs très difficilement être qualifiée de “jeunesse” et, vu la mobilisation internationale, elle n’était pas non plus très “flamande”. Au pas cadencé rythmé par des tambours menaçants, la haine est toutefois bel et bien descendue dans la rue. 

    https://fr.socialisme.be/97272/dossier-25-avril-manifestation-antifasciste-a-anvers-quest-ce-que-le-nsv
    Bruno Verlaeckt, président de la section d’Anvers de la FGTB.  

    Situation différente Dageraadplaats. A partir de là, une mobilisation antifasciste très diversifiée, vivante et dynamique a défilé dans les rues d’Anvers et du quartier de Borgerhout, sous les chaleureux encouragements des habitant.e.s. Le chiffre donné par la police juste avant le départ était une sous-estimation, nous étions un bon paquet au-delà des 250. Nous sommes partis à plus de 400 et la manifestation s’est encore agrandie en cours de route. Dans les discours prononcés au point d’arrivée, le président de la FGTB d’Anvers, Bruno Verlaeckt, a exprimé sa solidarité explicite envers les manifestant.e.s, jeunes pour la plupart, et a parlé à juste titre de 500 antifascistes. Son discours a souligné que l’extrême droite se trouve toujours de l’autre côté des barricades dans la lutte pour le progrès social. Le soutien du mouvement ouvrier organisé à la manifestation était très positif : l’extrême droite représente il est vrai une menace pour l’ensemble de nos droits sociaux, y compris nos droits syndicaux. Il est également excessivement positif que les jeunes activistes antifascistes, en tant que futurs syndicalistes, adoptent immédiatement cette approche à l’agard du mouvement ouvrier.

    La manifestation antifasciste a réuni des groupes et des participant.e.s de nombreuses organisations. On retrouvé mélangés nombre d’activistes queer, un groupe de la Coordination Antifasciste de Belgique (CAB) où se trouvaient des antifascistes francophones et néerlandophones, une forte délégation de la Campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité) et des Etudiant.e.s de Gauche en Action (EGA), divers groupes et individus anarchistes, des membres de Comac et du PTB, des membres d’Anvers pour la Palestine, des syndicalistes principalement issus de la FGTB (parmi lesquel.le.s des délégations du chemin de fer et de la société flamande de transports en commun De Lijn, des syndicalistes locaux et des activistes de Syndicalistes contre le Fascisme), Femmes contre le Fascisme et le Racisme… VegAnarchy était également présent et s’est chargé de fournir un bar à soupe pour les manifestant.e.s. A cela s’ajoutent encore bon nombre d’antifascistes inorganisé.e.s qui ont rejoint la mobilisation grâce à la campagne qui a été menée en amont de la manifestation.

    https://fr.socialisme.be/97236/entretien-avec-julien-dohet-fgtb-sur-la-creation-de-la-coordination-antifasciste-de-belgique

    L’atmosphère était combative et inclusive, avec un message sans équivoque : il nous faut une politique sociale qui s’en prend aux conséquences de la faillite du capitalisme. Les pénuries sociales en matière d’emploi, de logement décent et accessible, d’accès aux soins de santé,… nourrissent les divisions et la haine.

    La différence entre l’extrême droite et les antifascistes était évidente dès les premières prises de parole aux deux manifestations. Alors que l’extrême droite a commencé par une tirade transphobe, les antifascistes ont entendu une personne transgenre appeler à la solidarité contre la haine.

    D’autres orateur.trice.s de la manifestation antifasciste ont également dénoncé toutes les formes d’oppression et les ont liées au capitalisme. Par exemple, Nicky, de la Campagne ROSA et du PSL, a expliqué : Tous nos problèmes sont censés être la faute des personnes homosexuelles, des personnes trans, des réfugié.e.s ou des musulman.ne.s… Il s’agit toujours d’une distraction par rapport à la véritable cause de nos problèmes. Les inégalités et les oppressions sont enracinées dans le système capitaliste. Il n’y a pas de capitalisme sans exploitation. Tout le monde est pointé du doigt, sauf la riche élite capitaliste qui détient le pouvoir.

    Dans notre tract, nous ajoutions: Pour stopper l’extrême droite, nous devons nous attaquer au terreau qui le nourrit. Cela implique de défendre des investissements massifs dans le logement social afin d’éliminer les listes d’attente ; un financement public beaucoup plus important pour des services publics accessibles tels que l’éducation, les soins de santé et les transports publics ; une formation pour les enseignant.e.s afin qu’iels puissent s’opposer au sexisme, au racisme et à la LGBTQIA+phobie dans la salle de classe, ainsi qu’une éducation sexuelle axée sur l’égalité des genres ; une augmentation du salaire minimum à au moins 17 euros de l’heure ; un impôt sur la fortune pour les super-riches afin de libérer des ressources pour l’expropriation en cas de fuite des capitaux ; la nationalisation des secteurs centraux de l’économie afin que nous puissions en planifier démocratiquement le fonctionnement pour répondre aux besoins de la société.

    https://fr.socialisme.be/97291/pour-que-plus-jamais-ca-revienne-a-lordre-du-jour

    Ce n’est que le dernier jour que le NSV s’est montré à Anvers avec des affiches sur les campus et dans les quartiers étudiants. La tâche était cependant désespérée : l’espace public du quartier étudiant était dominé par des affiches et des autocollants appelant à la manifestation antifasciste. L’extrême droite espérait trouver se connecter aux étudiant.e.s anversois.es avec le soutien d’anciens membres du NSV aujourd’hui au Vlaams Belang (certains ayant un passé au cercle catholique d’extrême droite KVHV à Gand). Cela ne s’est pas concrétisé. La campagne antifasciste a joué un rôle crucial à cet égard.

    Nous évaluons cette manifestation ainsi que la coopération pour l’organiser comme extrêmement positives. Nous continuerons bien sûr à nous organiser et nous espérons que les lecteur.trice.s de cet article voudront également s’impliquer.

    Le 11 mai, par exemple, nous organiserons à Anvers un après-midi thématique sur l’antifascisme, suivi d’un quiz.

    Le 18 mai, nous participerons à la Brussels Pride, un jour plus tard il y aura la manifestation contre le massacre génocidaire à Gaza.

    Le 16 juin, la Coordination Antifasciste de Belgique organisera une manifestation nationale à Bruxelles, une semaine après la tenue des élections.

    Le 30 juin, la Campagne ROSA organise une manifestation “Pride is a Protest” à Gand : trois semaines après le “dimanche noir”, un dimanche arc-en-ciel !

    Un week-end antifasciste suivra les 6 et 7 juillet.

    Le 10 août, nous participerons avec une délégation militante à la Pride d’Anvers et, le 24 août, à la Pride de Liège.

  • Économiser 30 milliards ? Pas question !

    L’Union européenne et le Fonds Monétaire International (FMI) veulent imposer une nouvelle trajectoire d’austérité aux pays de l’Union européenne et clore le chapitre des dépenses extraordinaires liées à la pandémie depuis 2020. L’austérité, on la connaît déjà depuis plus de quatre décennies et ils veulent encore tailler plus profondément dans nos conquêtes sociales ! Aucun secteur ne connaît pas la douleur du manque de moyens : la petite enfance, l’enseignement et ses classes surpeuplées, les logements sociaux et leurs listes d’attente interminables pour y avoir accès, les soins de santé, les transports en commun,… Que l’on regarde de n’importe quel côté, ça craque de partout. Mais pour les institutions internationales du capital, ça pourrait être encore pire…

    Par Peter Delsing

    Selon le FMI, les gouvernements belges doivent économiser 30 milliards d’euros d’ici à 2030. Le chien de garde du capitalisme international déclare : Les allocations sociales étaient supérieures de 5,2 points de pourcentage du PIB en Belgique par rapport à la moyenne des pays avancés de l’UE en 2021. Le FMI recommande notamment de relever l’âge effectif de la retraite.

    D’une certaine manière, les nouvelles règles budgétaires au sein de l’UE reflètent la nouvelle “ère du désordre” dans laquelle le capitalisme est entré. L’élite européenne tient compte de la nécessité de nouvelles dépenses pour la défense, la politique climatique, la concurrence technologique avec la Chine. Gardons en tête qu’à chaque moment de crise plus profonde du capitalisme, il y a toujours eu des tentatives de faire intervenir l’État. Ces 15 dernières années n’ont pas manqué de plans de relance afin de gagner du temps et d’éviter une dépression économique dévastatrice.

    Le nouvel accord européen consacre la nouvelle donne qui combine des investissements stratégiques et l’austérité. Les pays qui réalisent les investissements nécessaires bénéficieront d’un délai supplémentaire pour rembourser leurs dettes. Mais les réductions budgétaires ailleurs sont impératives, car, dans le cas contraire, l’UE capitaliste pourrait se désagréger et la zone euro, avec sa monnaie commune, pourrait être menacée. Selon l’UE, qui rejoint le FMI, la Belgique devrait opérer un effort budgétaire de plus de 4 % du PIB d’ici à 2029, soit au moins 24 milliards d’euros.

    Trouver l’argent là où il se trouve

    Les dépenses liées aux pensions augmenteront de plusieurs dizaines de milliards d’euros au cours des années 2020. Nous conseillons aux dirigeants capitalistes de ne chercher cet argent ni dans nos poches ni dans les caisses des services publics déjà mal en point, pour une fois. En 2020, 265 milliards d’euros avaient été versés dans les paradis fiscaux de la part des grandes entreprises. (Le Soir, 16 octobre 2021) Pourquoi le gouvernement n’irait-il pas chercher de son côté l’argent nécessaire aux pensions (et à l’augmentation de leur montant) ?

    C’est précisément le problème. Le capital ne se laissera pas faire alors qu’ils pillent déjà des dizaines de milliards de l’argent des contribuables pour récompenser les gros actionnaires avec des dividendes mirobolants. Cette austérité imposée limite à l’avance les choix politiques une fois les élections passées, puisque presque tous les partis acceptent les contraintes austéritaires.

    Depuis que les réformes successives de l’État ont vu de plus en plus d’argent affluer vers les communautés et les régions, toute discussion sur de nouvelles économies générales en Belgique devient immédiatement communautaire. Cela garantit le retour tonitruant de la question nationale. La N-VA et le Vlaams Belang veulent accorder plus de pouvoirs au gouvernement flamand pour organiser une casse sociale encore plus rapide et laisser la population se répartir le manque de moyens dans un contexte où le mouvement ouvrier est divisé.

    Les travailleurs n’ont pu obtenir de victoires que lorsque leurs grèves bouleversaient le rapport de forces dans la lutte des classes. La position passive des syndicats à l’approche des élections – une forme de défense du “moindre mal” et des prétendus “partis progressistes” au gouvernement – est une grave erreur. Surtout C’est tout particulièrement vrai au moment où les licenciements collectifs commencent à tomber, comme chez le constructeur de bus Van Hool et dans l’industrie en général. C’est le Vlaams Belang, qui atteint déjà des sommets dans les sondages, qui sera le principal gagnant de cette passivité et de l’absence de mots d’ordre combatifs.

    PTB : plus d’investissements publics”, mais sous quel contrôle ?

    Le PSL rejoint le PTB pour dire qu’il faut plus d’investissements publics massifs. Nous sommes, nous aussi, favorables à une taxe des millionnaires et à une augmentation des impôts sur les grandes entreprises. Mais le capitalisme s’essouffle économiquement depuis quatre décennies. Le taux de croissance de l’économie belge est passé d’une moyenne de 4,7 % dans les années 1960 à 2,1 %, 1,8 % et 1,6 % dans les années 1990 à 2010. Les périodes de croissance sont devenues de plus en plus creuses.

    Les plus grandes entreprises font peut-être à nouveau de gros bénéfices grâce à la baisse des salaires et à l’inflation alimentée par la cupidité, mais beaucoup d’entreprises sont des “zombies” aux marges plus que faibles et criblées de dettes. Le grand et le petit capital résisteront à un gouvernement de gauche dans un contexte où les crises tendent à se multiplier. Les banques et les forces conservatrices de l’appareil d’État boycotteront les gouvernements qui favorisent un changement de cours vers la gauche s’ils ne parviennent pas à briser le pouvoir des grandes entreprises.

    La question fondamentale est la suivante : quelle classe domine l’investissement public ? S’agira-t-il d’un contrôle par en bas, dans notre classe sociale, la classe travailleuse, pour transformer le capitalisme en socialisme démocratique, avec un contrôle réel sur la production et la plus-value dans la société ? Ou laissons-nous le contrôle des moyens de production à une petite élite dont le système est en crise ?

    Un gouvernement de gauche qui respecte la propriété privée des moyens de production pourra peut-être appliquer quelques mesures symboliques, mais il se heurtera directement aux contraintes du caractère privé de la production. Il ne pourra pas imposer les investissements massifs là où ils sont nécessaires. Gérer le capitalisme mieux que les capitalistes eux-mêmes, c’est un projet auquel aucune gauche n’a réussi. Bernie Sanders aux États-Unis a capitulé devant Wall Street. Syriza en Grèce a également échoué. Tirons-en les leçons, soutenons le PTB de façon critique aux élections afin d’orienter la politique et ce parti vers la gauche, et organisons la lutte d’en bas avec le PSL, les syndicalistes combatifs, etc. pour parvenir à une rupture anticapitaliste démocratique et socialiste.

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