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Category: Flandres
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Flandre. Construire un mouvement pour gagner: Jambon doit dégager !

“Ce sont les barbares qui économisent sur les plus démunis”, pancarte vue à une action des travailleurs sociaux. Le gouvernement flamand est très ancré à droite et la liste de ses victimes s’allonge de jour en jour. Mais l’opposition qui lui fait face s’intensifie également. Les partis au pouvoir (N-VA, CD&V et Open VLD) avaient déjà perdu des plumes aux dernières élections en raison de leur politique antisociale. Cela ne les a pas empêchés de s’en prendre à nouveau, et encore plus brutalement, aux dépenses sociales. L’impératif qui guide leur budget est simple : cajoler encore plus les riches. La note est salée : ce sont nos emplois et nos services publics qui trinquent.
Tract du PSL distribué lors de la journée d’action du 5 décembre
Les soins de santé, le secteur social, la culture, les transports publics, etc. exigent de nouveaux moyens. Mais les autorités flamandes ne veulent pas mettre un terme au sous-financement qui sévit depuis de trop nombreuses années et elles prévoient de nouvelles réductions de budgets. Lorsqu’il est devenu ministre-président flamand, Jan Jambon avait promis un « gouvernement d’investissement », mais c’est un gouvernement de destruction sociale, une casse sociale qui sert à payer les cadeaux fiscaux aux grandes entreprises. De ce transfert de richesses là, la N-VA et les partis au pouvoir n’en parlent pas !
Ce gouvernement de droite ne sert que les intérêts de l’élite. Alors, pour tenter d’éviter les critiques, les partis de droite pointent des boucs émissaires, les migrants le plus souvent. Les nouveaux arrivants sont obligés de suivre un cours d’intégration qui leur coûte 360 euros. Un système d’apartheid est introduit pour obtenir un logement social ou accès à la protection sociale flamande. Les habitants sont ainsi divisés en différentes catégories aux droits différents. Ces mesures ont été présentées comme des nécessités visant à dégager des marges selon le principe “notre propre peuple d’abord”. Les mesures de harcèlement des migrants ont bien été mises en œuvre avec efficacité, mais les promesses sociales pour les autres sont restées lettre morte. Le gouvernement s’en prend non seulement aux nouveaux arrivants, mais aussi à tous les plus faibles de la société, aux travailleurs sociaux et aux services publics en général.
La majorité de la population est touchée par les mesures d’austérité prises par le gouvernement Jambon. Il y a l’abolition de l’allocation logement, la réduction des allocations familiales à, partir du troisième enfant, une attaque contre les fonctionnaires flamands (1.500 emplois disparaîtront), le projet d’imposer un service communautaire aux chômeurs ou encore une réduction des subsides à la société de transport en commun De Lijn. Dans tout ça, il n’y a évidemment pas la moindre trace d’un plan pour le climat. Tous les niveaux de l’enseignement sont également touchés et l’université de Gand vient d’annoncer qu’elle devrait en conséquence procéder à des économies structurelles (c’est-à-dire s’en prendre au personnel). Tout cela à un moment où les gens se plaignent partout de la charge de travail insupportable et de la nécessité d’engager plus de personnel.
De la colère à la révolte : arrêtons le travail !
Les travailleurs des CAW (Centrum Algemeen Welzijnswerk, centres d’aide sociale) où 70 travailleurs sociaux sont menacés à cause des nouvelles mesures d’économie avaient mené une première journée de grève. Mardi, ce sont tous les CAW de Flandre qui ont débrayé tandis que des milliers de travailleurs sociaux manifestaient à Bruxelles. C’est un exemple à suivre, d’autant plus que nous pouvons compter sur une large sympathie.
Le 19 décembre, les mesures d’économie annoncées seront votées au Parlement flamand. Nous avons donc deux semaines pour mobiliser davantage l’opinion publique avec les nombreuses actions en cours. Mais il faudra davantage pour mettre fin à cette politique d’austérité. Pourquoi ne pas organiser une grève générale le 18 décembre dans tous les secteurs touchés par ce gouvernement austéritaire ? Tout en prévenant déjà que de nouvelles grèves prendront place si le gouvernement persiste sur sa lancée. Si le secteur social, l’enseignement, le socioculturel, la VRT, De Lijn,… organisent une journée de grève, ce ne sera pas sans conséquences et cela permettra de construire la pression sociale nécessaire pour que ce gouvernement revienne sur ses plans.
L’argent ne manque pas
Ce gouvernement flamand a doublé les subventions aux entreprises pour qu’elles atteignent 400 millions d’euros. La pauvreté en Flandre est à son apogée alors qu’une richesse inédite est entre les mains d’une petite minorité. Si nous voulons une société qui prenne à coeur de répondre aux besoins sociaux, il nous faut aller chercher l’argent là où il est. Nous en avons bavé assez, il est grand temps de passer de la défense à l’attaque. Repousser les nouvelles mesures d’économie ne devrait pas être notre seul but, cela doit constituer la première étape d’une lutte sérieuse et offensive.
La lutte paie ! C’est ce que l’Histoire nous enseigne. Ecrivons de nouvelles pages de cette Histoire avec toutes les victimes du gouvernement austéritaire flamand : c’est-à-dire la grande majorité de la population ! Mais stopper la politique d’austérité de manière permanente exigera de renverser ce système qui ne repose que sur la soif de profits. C’est pourquoi le PSL défend la construction d’une société socialiste démocratique.
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Flandre – La culture mise au pain sec et à l’eau

Un soir de grève/le drapeau rouge (1893) d’Eugène Laermans fait référence aux grèves entre 1886 et 1893 pour le suffrage universel. (Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles) – Image de Wikipédia Le ministre-président flamand Jan Jambon (N-VA) et sa bande sabrent à la hache dans le secteur culturel. Les subventions de projets passent de 8,47 millions d’euros à 3,39 millions d’euros. Cela ne représente qu’une fraction du budget flamand, mais c’est une vraie claque pour beaucoup d’artistes. Ce n’est que le plus récent épisode d’une longue suite d’années de coupes budgétaires qui avaient déjà fait baisser le rideau sur une bonne partie d’un milieu culturel autrefois florissant. L’opération est une économie assez symbolique qui repose sur les préjugés populistes des ‘‘artistes paresseux et inutiles’’. Mais elle vise également à imposer le silence à la société civile.
Par Koerian
Sortir les artistes de la précarité
Les artistes font partie de la classe des travailleurs. Il n’y a aucune raison de séparer le travail artistique du travail ‘‘ordinaire’’. Pourtant, il est presque normal que les artistes connaissent des conditions de travail plus précaires. Se produire gratuitement sur scène ou réaliser des affiches ‘‘pour se faire connaître’’, ne pas être payé ou avec un retard abusif, passer d’un contrat mal payé à l’autre: c’est le quotidien de nombreuses acteurs du domaine culturel. La passion pour la profession sert d’alibi à l’exploitation la plus brutale. La précarisation du travail des coursiers de Delivroo et des chauffeurs d’Über s’applique au secteur culturel depuis déjà des décennies.
Depuis la fin des années 1970 et le début de la politique néolibérale, les emplois permanents et bien rémunérés dans le secteur sont devenus un bien rare et convoité. La nouvelle série d’économies ne fera que renforcer cette réalité. C’est précisément cette précarité qui place des directeurs artistiques comme Jan Fabre dans une position de pouvoir incroyable (en 2018, vingt danseuses qui ont travaillé avec ce chorégraphe l’on accusé de ‘‘gestes déplacés, brimades, harcèlement et chantage sexuel’’, NdT). Ils disposent entre leurs mains de la carrière de dizaines d’artistes, qu’il brise ou favorise aux grès de ses envies. Cette réalité conduit aux abus de pouvoir généralisé dans le secteur mis en lumière par #metoo. Chaque artiste mérite des contrats de travail et des salaires dignes de ce nom.
Une offensive idéologique
Pour la N-VA, les économies réalisées sur le journalisme d’investigation, la culture ainsi que la radio et la télévision publiques font partie d’une offensive idéologique. Dans leur discours populiste, les ‘‘culturos paresseux’’ s’opposent fatalement aux ‘‘travailleurs flamands qui bossent dur’’. Comme si le travail culturel n’était pas du travail. Les artistes passent des milliers d’heures à apprendre leur métier. Mais la droite veut l’extinction de tout ce qui n’a pas de valeur commerciale directe. Ce n’est pas un hasard si les secteurs actuellement visés sont précisément ceux qui ont critiqué la politique néolibérale du gouvernement flamand ces dernières années. La N-VA espère que ces coupes budgétaires porteront un nouveau coup à la résistance sociale.
L’art aux mains du public
Une autre raison de l’austérité est qu’elle pousse le domaine culturel plus loin dans les mains des investisseurs privés. Les grandes entreprises considèrent l’art comme une donnée de marketing et l’art devient de plus en plus une marchandise spéculative. Fernand Huts, le patron de l’opérateur portuaire anversois Katoen Natie et grand ami de Bart De Wever, a acheté le Couvent des Carmes de Gand pour y organiser l’Exposition sur l’art en Flandre, une entreprise de propagande qui défendait que les entrepreneurs ont été le moteur dynamique de la Flandre depuis le Moyen Age, une aberration historique et une dégradation de notre patrimoine artistique. Nous voulons un libre accès aux musées, intégrés dans le secteur public et gérés par des artistes et le public plutôt que par des galeries privées ! Nous voulons investir dans des centres de musique accessibles ! De tels investissements peuvent redonner aux centres culturels un rôle social et éducatif.
Investir dans l’éducation (notamment artistique)
Ces économies culturelles s’ajoutent à une série d’économies déjà opérées dans l’éducation. L’ancienne Ministre de l’Enseignement flamand Hilde Crevits (CD&V) a fait en sorte que les écoles de musique ne puissent consacrer que 15 minutes par élève et par semaine. L’obstacle financier au développement artistique est déjà élevé : les instruments et le matériel de dessin, de peinture et de sculpture reviennent chers. Des coûts qui ne font qu’augmenter dans l’enseignement artistique.
Il faut investir davantage dans les moyens humains et matériels pour l’enseignement artistique à temps partiel et à temps plein afin de garantir une formation gratuite et accessible pour permettre à chacun de développer son talent.
Nous devons nous battre
Les artistes ont à leur disposition moins de possibilités de frapper au portefeuille ceux qui sont au pouvoir et les entreprises, contrairement aux syndicats des secteurs de la chimie ou de l’acier, par exemple. Pourtant, dans le passé, des artistes se sont souvent retrouvés à l’avant-garde de la lutte. Les artistes à l’origine des célèbres séries d’animation Rick &Morty et Bojack Horseman ont récemment réussi à créer un syndicat et à imposer de meilleurs salaires et conditions de travail ainsi qu’une réduction des semaines de travail souvent inhumaines (plus de 60 heures ne faisait pas figure d’exception). Les artistes ont joué un rôle clé dans la Commune de Paris en 1871 (le peintre Gustave Courbet a par exemple appelé à la nationalisation des trésors d’art parisiens) ou encore dans le soulèvement hongrois de 1919. En 1968, pendant la vague révolutionnaire en France, les écoles d’art et les musées ont été occupés par des artistes qui s’opposaient au gaullisme et au capitalisme.
L’histoire nous enseigne que la façon la plus efficace de lutter dans les arts est de recourir à l’action collective et au mouvement des travailleurs. En Pologne, en 2014, le Forum citoyen pour l’art contemporain, a fait grève en collaboration avec la coupole syndicale Initiative des travailleurs en faveur de meilleures conditions de travail dans les grands musées du pays.
En Belgique également, nous avons pu constater l’importante solidarité du milieu culturel avec la vague de grèves en 2014 contre l’austérité des gouvernements de droite au fédéral et en Flandre. Hart boven Hard, le pendant flamand de Tout Autre Chose, a participé aux manifestations de masse et des écoles d’art ont organisé des piquets de grève où les étudiants étaient au côté du personnel.
Travailleurs et artistes : des intérêts communs opposés à l’austérité
Faisons vivre ces traditions avec des grèves d’artistes soutenues par les syndicats et des actions syndicales soutenues par les artistes. Après tout, ils ont des intérêts communs. La revendication de la FGTB d’un salaire minimum de 14 euros de l’heure est également importante dans le secteur culturel, tout comme la résistance à toute mesure d’austérité doit être reprise par le mouvement syndical.
L’argent pour des investissements de grande envergure dans la culture existe bel et bien. Les entreprises belges planquent 221 milliards d’euros dans des paradis fiscaux. Et le gouvernement flamand veut leur donner de l’argent supplémentaire en doublant les aides aux entreprises. Si nous voulons un secteur culturel accessible et mieux développé, nous devons nous battre pour arracher ces moyens et qu’une partie soit consacrée à la culture.
• Un salaire minimum de 14 euros de l’heure pour tous
• Des contrats solides et permanents pour chaque artiste
• Un enseignement artistique gratuit à temps plein et à temps partiel
• Des musées gratuits aux mains du public et sous le contrôle des artistes et des usagers
• Des investissements dans du matériel public, des salles de répétition et des ateliers
• 30 heures de travail par semaine, avec maintien du salaire et embauches compensatoire : laissons à chacun le temps nécessaire à l’épanouissement personnel -
Le gouvernement flamand détruit les transports en commun. Et tant pis pour le climat…

Les médias sont prompts à dénigrer le personnel de la société flamande de transport en commun De Lijn lorsque celui-ci dénonce tout ce qui n’y tourne pas rond. Il a fallu que le malaise atteigne des proportions telles que la direction a publiquement parlé d’un ‘‘navire en perdition’’ pour que le problème soit reconnu. L’évidence est d’augmenter les moyens publics pour améliorer la qualité du service et en élargir la portée. C’est d’ailleurs une urgence climatique. C’est aussi, bien évidemment, à l’exact opposé des projets du gouvernement flamand.
Le gouvernement austéritaire arrogant de Jan Jambon (N-VA) a fait savoir on ne peut plus clairement qu’il ne saurait y avoir de protestations contre la politique menée. La jeunesse doit arrêter de manifester pendant les heures de cours. Quant à la société civile, elle voit ses subsides réduits, même la chaîne de télévision publique VRT est touchée. Il ne faudra pas s’attendre à des reportages critiques de ce côté-là, le manque de moyens rendra difficile d’aller au-delà de la simple répétition des déclarations des autorités.
Le gouvernement n’entend pas changer de logique concernant De Lijn : chaque voix dissidente doit être réduite au silence. Ainsi, l’annonce des nouvelles mesures d’économies a immédiatement été liée à l’intention d’augmenter le niveau de service minimum en cas de grève. Toute l’absurdité de la situation tient au fait que le déficit de moyens humains et matériels est si criant que le service minimum est souvent impraticable en temps normal. Le niveau de service minimum requis en cas de grève signifiera bientôt que plus de personnel sera au travail les jours de grève qu’un jour normal !
Il y aura des recrutements, c’est certain, essentiellement en raison du taux élevé de rotation du personnel. Les horaires rendus compliqués par le trafic de plus en plus dense et la limitation des périodes de repos ainsi que les salaires bien peu attractifs font que le nombre de travailleurs prêts à partir reste élevé. La pénurie de personnel permet d’ailleurs souvent de masquer le manque d’équipement. Un chauffeur de bus nous a raconté qu’un jour, un voyage sur quatre n’a pas été effectué à son dépôt, faute de chauffeur ! Difficile de rendre les transports publics fiables dans ces conditions, tandis que grandit la frustration des passagers et du personnel. Ce cocktail toxique est imposé par le gouvernement flamand et la direction de De Lijn.
Aujourd’hui, même des cadres supérieurs jettent l’éponge ! Selon le quotidien flamand De Standaard, trois à cinq managers (sur un total de 55) quittent leurs fonctions tous les mois. Le journal a notamment relayé les propos d’un membre de la direction technique de la société, qui a déclaré sous le couvert de l’anonymat : ‘‘Un navire en perdition, on le quitte.’’ Un autre ancien directeur de De Lijn expliquait: ‘‘Avec les ressources qu’on m’a données, il m’était impossible de faire ce que j’avais à faire.’’
Le pire est encore à venir. C’est à peine si l’accord de coalition flamand envisage d’investir dans De Lijn. Le gouvernement prévoit de laisser davantage pourrir la situation. Dans l’une des régions de transport (la Flandre est divisée en 15 de ces régions), un appel d’offres doit être lancé d’ici la fin de la législature pour que De Lijn ne soit plus la seule société de transport public. Tout ce qui fait barrage à l’arrivée d’opérateurs privé doit disparaître. Au profit de l’usager ? Nous en doutons. La libéralisation du marché de l’énergie a considérablement alourdi nos factures et il n’en ira pas autrement ici. Le gouvernement flamand a déjà annoncé que De Lijn ‘‘continuera à atteindre un degré plus élevé de recouvrement des frais’’, un jargon qui signifie que l’usager devra payer de plus en plus cher.
Il y a des années, Noam Chomsky avait expliqué le mécanisme de privatisation de cette manière : ‘‘Comment détruire un service public ? Commencez par réduire son financement. Il ne fonctionnera plus. Les gens s’énerveront, ils voudront autre chose. C’est la technique élémentaire pour privatiser un service public.’’ A moins que nous résistions ensemble. L’appel grandissant en faveur de mesures climatiques peut être concrétisé par des actions offensives des jeunes en faveur de transports publics plus nombreux, meilleurs et gratuits. Associons cela aux protestations du personnel et des usagers en faveur de meilleurs services et donc de meilleures conditions de travail.
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Face au gouvernement flamand arrogant et austéritaire : construisons la résistance !

Le siège du gouvernement flamand à Bruxelles. Photo : Wikipedia Le gouvernement flamand de droite a également été durement touché par les élections. Mais puisque la marge était plus grande que du côté francophone, les trois partis perdants (N-VA, CD&V et Open VLD) peuvent remettre le couvert. Le ministre-président Jan Jambon (N-VA) a arrogamment aboyé contre l’opposition. Son parti aimerait le présenter comme ‘‘l’homme fort’’, mais cache mal le fait que le gouvernement flamand est moins stable et moins fort que le précédent. Avec la politique d’austérité antisociale qui s’annonce, les turbulences ne manqueront pas.
Par Geert Cool
Le social n’est qu’apparence
A l’annonce de l’accord de gouvernement, Jambon a préféré ne pas publier immédiatement les chiffres du budget. Il voulait présenter son gouvernement comme un gouvernement social dans un certain nombre de domaines – avec des investissements limités dans les soins de santé ou autour de l’emploi. Par contre, les attaques contre les migrants étaient de suite très précises. L’idée était de faire passer le message selon lequel le ‘‘Flamand qui bosse dur’’ serait bien mieux lotis que les nouveaux arrivants.
Cette fable n’a pas vécu très longtemps. Ce gouvernement va appliquer une austérité sévère et même la dissimulation des chiffres n’a pu cacher cette réalité. Pour éliminer les listes d’attente dans le secteur des personnes handicapées, il faut 1,6 milliard, le gouvernement ne fournissant que 270 millions. La seule ambition est d’espérer qu’elles ne s’allongent pas trop. Une grande partie de l’investissement dans le bien-être est du reste économisée ailleurs dans le même secteur. La prime à l’emploi est la mesure la plus coûteuse prise par le gouvernement Jambon : 350 millions d’euros sont alloués aux travailleurs à bas salaires. Une prime très limitée de 50 euros nets par mois est bien sûr la bienvenue, mais le gouvernement indique immédiatement que les patrons n’auront rien à payer de leur poche en salaire supplémentaire (avec les prestations sociales correspondantes). C’est la collectivité qui payera.
Le caractère antisocial est très concret
Suppression de l’allocation logement, réduction des allocations familiales à partir du troisième enfant, réduction des services publics, attaque contre les fonctionnaires, travaux d’intérêt général pour les chômeurs, démantèlement des transports publics, etc. La liste des mesures anti-sociales est longue et difficile à avaler pour les travailleurs et leurs familles. La mise en œuvre concrète de toutes ces mesures est la raison pour laquelle Jambon n’a pas voulu mettre immédiatement ses chiffres sur la table et a préféré faire taire le Parlement.
Ceux qui pensaient que les nouveaux arrivants seraient les seuls à être attaqués se sont lourdement trompés. Les chômeurs se voient imposer un service communautaire obligatoire après deux ans de chômage (du travail forcé en d’autres termes, les gens ne travailleraient pas pour un salaire, mais pour leur allocation). Parmi les fonctionnaires, le gouvernement se prépare à commettre un massacre social : 1.500 emplois sont perdus à cause du non-remplacement des pensionnés. L’abolition de la prime au logement ou la réduction des allocations familiales fera également mal à une bonne partie de la population. La prime au logement était un cadeau au secteur immobilier (qui a pu augmenter ses prix grâce à la prime), sa suppression ne reviendra pas sur le cadeau (à Bruxelles, sa suppression n’a entraîné aucune baisse des prix).
Les problèmes sociaux restent concrets. En Flandre, par exemple, il y a 150.000 personnes sur les listes d’attente pour un logement social… seuls 150.000 logements sociaux sont disponibles ! La réponse du gouvernement est de modifier la composition de la liste d’attente : si vous ne parlez pas assez bien le néerlandais, vous serez repoussé au bas de la liste. En d’autres termes, la concurrence entre ceux qui sont en difficulté sera intensifiée. Une réponse de gauche, en revanche, consisterait à construire de nouveaux logements sociaux.
Le Vlaams Belang, architecte de l’accord de gouvernement ?
Tom Van Grieken, le président du VB, a déclaré que son parti est l’architecte de l’accord de coalition flamand. Il a ajouté qu’il n’a aucune confiance dans le CD&V et l’Open VLD pour sa mise en œuvre. Van Grieken confirme ainsi qu’il n’a aucun problème avec les propositions antisociales de l’accord de coalition flamand. La rhétorique sociale adoptée par le VB durant la campagne électorale n’était qu’une imposture et un calcul électoral.
Le manque de moyens dans les soins de santé, l’enseignement, le logement social,… démontre que la propagande sur les ‘‘migrants vivent sur notre dos’’ est tout simplement fausse. Ces dernières années, la sécurité sociale et les services publics ont été fortement réduits. Ce ne sont pas les nouveaux arrivants qui en sont responsables. Ce sont les grandes entreprises qui ont bénéficié de milliards d’euros d’exonérations fiscales diverses ! Ce cambriolage des caisses de la sécurité sociale et de la communauté n’a rien à voir avec les nouveaux arrivants. Mais le gouvernement veut leur faire payer leur cours d’intégration obligatoire 360 euros, une mesure qui ne pèse rien à côté des milliards d’euros que les grandes entreprises vont recevoir. Si nous voulons défendre notre bien-être, nous ne devons pas nous tromper d’ennemi !
Il nous faut une lutte offensive
Un certain pessimisme règne chez beaucoup travailleurs et jeunes : le VB et la N-VA obtiennent ensemble 40% des voix et dominent le débat public du côté flamand depuis plusieurs mois. Cela a bien entendu un impact sur les discussions au travail et entre proches. Mais il est possible d’inverser la tendance en se basant sur des revendications sociales concrètes pour la majorité de la population. Fin 2014, lorsque le gouvernement Michel vacillait, cela a illustré comment le débat public peut être tourné à l’avantage du mouvement ouvrier. Aujourd’hui, cela aurait d’ailleurs un impact encore plus considérable avec le plus grand nombre d’élus de gauche du PTB au parlement.
Il faudra résister à ce gouvernement d’austérité arrogant et descendre dans la rue pour construire un rapport de force qui placera les préoccupations et les revendications des travailleurs et de leurs familles au cœur du débat public. Des revendications telles qu’un salaire minimum plus élevé (14 euros de l’heure), des pensions plus élevées, des horaires de travail réduits, des investissements publics massifs dans les infrastructures et les services publics (tels que les transports publics, les soins de santé, l’enseignement),… ne s’imposeront pas avec de bons arguments. Il faudra se battre parce que nos conditions de vie entrent en conflit avec la soif de profit d’une petite élite qui n’est que trop heureuse d’être servie par ce nouveau gouvernement flamand.
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Mobilisation antifasciste contre la présence de Dries Van Langenhove à l’université d’Anvers

Une cinquantaine d’antifascistes se sont réunis mercredi soir devant l’entrée de l’université d’Anvers dans la Rodestraat, où le jeune député récemment élu du Vlaams Belang et fondateur du groupe néofasciste Schild & Vrienden Dries Van Langenhove devait prendre la parole lors d’une conférence. Les antifascistes ont clairement fait entendre qu’ils n’acceptent pas la haine et la division de l’extrême droite et veulent la combattons activement. Des slogans ont été criés en néerlandais, en anglais et en français, notamment « Résistance internationale contre le racisme et le capital » ou encore « Première, deuxième, troisième génération, nous sommes tous des enfants d’immigrés ». Les activistes brandissaient également des affiches qui reprenaient les plus sombres déclarations de Van Langenhove et ses amis d’extrême droite. Dries Van Langenhove n’est pas en prison, il est au Parlement, mais ce n’est pas une raison pour ignorer sa haine raciste et sexiste.
L’initiative de cette action a été prise par la campagne antifasciste flamande du PSL Blokbuster et par les Etudiants de Gauche Actifs (EGA). Jusqu’ici, nous n’avons reçu que peu de réponses de la part d’autres organisations. Certains n’ont pas osé rejoindre la protestation, d’autres n’en ont pas vu l’importance. Il est évident que tout le milieu de l’extrême droite profite de la victoire électorale du Vlaams Belang pour se renforcer ou se reconstruire. A l’Université d’Anvers, le NSV (organisation étudiante officieuse du Vlaams Belang) avait été extrêmement affaibli ces dernières années, mais il semble maintenant attirer du sang neuf. L’ancien cadre du Vlaams Belang comme les militants du Voorpost sont prêts à former ces nouveaux sympathisants et membres. Cela pourrait conduire à de nouvelles explosions de violence. Les néofascistes n’ont pas tendance à se déradicaliser tout seuls. Nous ne devons pas attendre et construire dès aujourd’hui un puissant mouvement antifasciste.
Avec de telles actions de protestation, nous n’exprimons pas simplement le rejet de l’extrême droite largement ressenti dans la société, nous rendons également plus difficile de s’engager dans l’extrême droite. Si la résistance au racisme, au sexisme,… reste inaudible, il peut alors sembler que la logique de division domine. Mais ce n’est pas le cas : beaucoup de jeunes et de travailleurs ne veulent rien entendre de l’extrême droite ou du populisme de droite. A juste titre : le gouvernement flamand, dirigé par la N-VA, va prendre dans nos poches l’argent des allocations familiales, de la prime au logement, des budgets des services publics, de la sécurité sociale,… et le Vlaams Belang applaudit !
Curieusement, certains critiques ont soutenu qu’une action de protestation irait à l’encontre de la liberté d’expression. Depuis quand une action collective comme celle de ce mercredi ne fait-elle plus partie de la libre expression de l’opinion ? Nous utilisons notre droit démocratique pour construire un rapport de force contre le racisme et la division.
Nous invitons tous les antifascistes à contribuer à la construction d’une plate-forme plus large pour les actions à venir contre l’extrême droite à Anvers. Malheureusement, nous ne pouvons pas contrecarrer l’action du Vlaams Belang de ce dimanche : nos forces sont encore trop limitées pour organiser deux actions en cinq jours (renforcez-nous pour être en mesure de le faire !). Mais de telles manifestations peuvent encore avoir lieu et, en mars de l’année prochaine, le NSV organisera une marche de la haine à Anvers contre laquelle une forte mobilisation antifasciste sera nécessaire. N’hésitez pas à nous contacter pour coopérer : info@blokbuster.be ou à soutenir financièrement nos actions sur le compte BE05 0012 2824 0975 de Blokbuster.

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Face aux provocations d’extrême droite, il est temps de réagir à gauche!

En juin, 500 antifascistes se sont réunis à Gand à l’initiative de Blokbuster. Avec la récente percée électorale du Vlaams Belang, l’extrême droite a gagné en confiance pour agir en dehors du parlement. Depuis les élections, des racistes ont attaqué un homme de couleur à la gare de Tongres, des lettres de menaces ont été envoyées à des habitants issus de l’immigration à Alost, Anuna De Wever et ses amies ont été attaquées au festival Pukkelpop. A Dour, de jeunes Flamands d’extrême droite avaient écrit des slogans tels que ‘‘Pas de Wallons’’ sur leur tente au milieu de la Wallonie…
Par Kenzo (Gand)
La fin de l’été n’a pas calmé les choses. Le Vlaams Belang (VB) tente de faire revenir son nouveau député Dries Van Langenhove (fondateur du groupuscule de jeunes néonazis Schild & Vrienden exclu de l’université de Gand) à l’université de Gand comme orateur, tandis que le cercle étudiant catholique ultra-conservateur KVHV tente d’utiliser sa photo sur de grandes affiches puisqu’il en fut un temps président. En septembre 2018, un reportage de la VRT (traduit et diffusé ensuite par la RTBF dans Question à la Une) avait fait grand bruit au sujet de Shild & Vrienden et de leur racisme et sexisme virulents. Un an plus tard, le chef de fil de cette bande nauséabonde n’a été condamné pour rien, il a même atterri au Parlement ! Les cercles étudiants d’extrême droite tels que le KVHV et le NSV se sentent ainsi renforcés.
Cette confiance renouvelée est également évidente dans la reprise limitée des activités autour de Blood&Honour, un groupe de ‘‘néonazis à bières’’ devenu célèbre en 2006 et depuis lors condamné pour avoir organisé un groupe de néonazis dans l’armée belge. Le 15 septembre, leur dirigeant, Thomas Boutens, voulait organiser une manifestation à Bruxelles. Malgré une interdiction – qui portait scandaleusement aussi sur une manifestation antifasciste non-violente – des dizaines de militants d’extrême droite se sont venus et ont été immédiatement arrêtés. Des groupes comme Blood&Honour se développent dans le sillage du VB. Blood&Honour a d’ailleurs été fondé par des jeunes du VB au lendemain du dimanche noir de 1991 et a connu son «pic» au début de ce siècle, lors de la dernière percée du VB.
L’extrême droite abuse du mécontentement contre la politique traditionnelle et prétend être opposée au monde de l’establishment, mais elle défend essentiellement les intérêts des responsables de ce système. Lorsque Raoul Hedebouw (PTB) a soulevé la question de l’indemnité de départ généreuse du patron de la poste Koen Van Gerven, Dries Van Langenhove a déclaré que ce salaire de 500.000 euros était normal à ses yeux ! L’extrême droite tente de nous dresser les uns contre les autres par le racisme et le sexisme pour mieux servir les intérêts des ultra-riches.
Notre meilleure arme contre l’extrême-droite, c’est la mobilisation, de sorte qu’elle perde confiance et qu’elle ait plus de mal à s’organiser. A Gand, les Etudiants de Gauche Actifs (EGA) ont pris l’initiative de protester contre la rencontre avec Dries Van Langenhove organisée par le KVHV le 26 septembre (tout juste après l’envoi de ce journal à l’imprimeur). Les positions parlementaires de l’extrême droite ne signifient pas qu’elle a les mains libres.
Mais pour une lutte antifasciste efficace, il faut également nous opposer au terreau sur lequel il repose : les inégalités et la politique de casse sociale. La conclusion des élections est la suivante : les gens en ont assez de cette politique. Nous avons besoin de logements abordables pour tous, de transports publics plus nombreux et gratuits, d’une éducation libre et démocratique, d’un salaire minimum de 14 euros / heure et d’une pension décente.
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Flandre. La politique antisociale sanctionnée, mais Jambon en rajoute avec encore plus de suédoise

Jambon. (Photo de Wikipedia) Les politiques antisociales des coalitions suédoises (au fédéral et en Flandre) ont été électoralement punies. Néanmoins, au niveau flamand, ce sera une réédition du gouvernement précédent. Les partis qui ont perdu persévèrent sur leur voie en en rajoutant une couche avec une politique encore plus antisociale. Ce ne sont pas seulement les migrants qui auront la vie dure, mais aussi les chômeurs, la société civile et les fonctionnaires. Qui sera à l’abri du danger ? Les plus riches, le lobby de l’immobilier, les grandes entreprises,… Il y a comme une marque du Vlaams Belang sur ce gouvernement qui semble utiliser pour devise : “les riches d’abord”. Ce sont les promesses sociales de l’accord de coalition qui sont mises en évidence dans les médias, mais il ne s’agit que d’une mince couche de vernis.
Par Geert Cool
Le manque de moyen ne résoudra aucun problème
Le gouvernement Jambon fait semblant d’être “social” pour ceux qui vivent en Flandre – nous avons failli écrire “pour les vrais Flamands” – et plus strict pour ceux qui veulent en faire partie. Un coup d’œil à ce qui est proposé comme mesures sociales démontre clairement que cela n’a pas de sens. Les besoins dans les secteurs des soins, de l’éducation et du logement, pour ne parler que d’eux, sont particulièrement importants. Mais les moyens proposés n’y répondent pas.
Il faudrait par exemple 1,6 milliard d’euros par an pour éliminer les listes d’attente dans les soins aux personnes handicapées selon l’Agence flamande pour les personnes handicapées (VAPH). Avec 270 millions d’euros, le nouveau gouvernement flamand en est loin ! Quant aux soins aux personnes âgées, il n’y aura pas de facture maximale et le gouvernement n’investira pas lourdement dans des soins de santé publics pour les aînés. Un grand nombre de personnes âgées devront tout de même augmenter leur budget consacré aux soins et la promesse de personnel supplémentaire ne fait que suivre les normes du secteur. Au total, l’aide sociale recevra un budget supplémentaire de 550 millions d’euros, soit un montant similaire à celui dégagé par l’ancien gouvernement flamand qui reste bien en deçà de ce qui est nécessaire.
Le secteur immobilier n’a rien à craindre du gouvernement Jambon : en évitant d’investir dans des logements sociaux supplémentaires, le “marché du logement” est complètement laissé la proie du secteur privé. Des dizaines de milliers de nouveaux logements sociaux ne seront pas en chantier, même si la liste d’attente est passée à 153.910 personnes en Flandre en 2018 (presque autant que le nombre de logements sociaux disponibles : 156.280). Le gouvernement prétend investir dans le logement social, mais il n’est pas très ambitieux. L’accord de coalition affirme : “L’autorisation d’investissement pour les nouvelles constructions et les rénovations sera maintenue au niveau de 2019 pour les 5 prochaines années” avec un accent sur la rénovation. En bref : il n’y aura pas d’investissement supplémentaire et c’est à peine s’il devrait y avoir de nouveaux logements sociaux. L’aide flamande au logement social dans les grandes villes (Anvers, Gand) sera maintenue. Selon le président de la N-VA lui-même, c’est consciemment que la note de départ de De Wever a proposé de mettre fin à ce financement, pour ensuite revenir là-dessus. Les choses vont ainsi avec les mesures sociales de ce gouvernement flamand : soyez déjà content de garder ce que vous avez… Un statu quo insuffisant est ainsi présenté comme un « progrès ». Sans logement social supplémentaire, la seule solution proposée est d’en rendre l’accès plus difficile aux nouveaux arrivants.
Il y a encore le bonus emploi : si vous gagnez moins de 1.700 euros brut par mois, vous recevrez une prime nette de 50 euros par mois. Si vous gagnez entre 1.700 euros et 2.500 euros brut, vous recevrez un bonus plus petit. Selon les libéraux, cela s’appliquerait à un travailleur sur trois. Cette mesure coûte 350 millions d’euros et est l’une des plus coûteuses prises par ce gouvernement. Les personnes à faible revenu vont certainement s’en réjouir, mais cela reste à voir : la mesure ne sera pas introduite avant 2021. L’idée derrière est que ce n’est pas aux employeurs de payer leur personnel, mais à la collectivité. Au lieu d’un salaire plus élevé donnant droit à des allocations sociales (par exemple des pensions), une prime sera versée à partir des caisses de la communauté.
Les mesures “sociales” sont donc bien maigres et ne l’emportent pas sur les nouvelles propositions antisociales de l’accord de coalition.
Contre les nouveaux arrivants, les chômeurs, les fonctionnaires,…
Le Vlaams Belang avait raison de penser qu’il aurait laissé son empreinte sur l’accord de coalition. Il est remarquable que le VB n’ait pas critiqué les lacunes des mesures “sociales” proposées et qu’il se soit limité à demander que les migrants et les nouveaux arrivants soient traités encore plus sévèrement. L’accord de coalition reprend des mesures du tristement célèbre programme en 70 points du Vlaams Blok : la Flandre quitte le centre pour l’égalité des chances Unia et rend plus difficile l’accès, entre autres, à l’intégration civique obligatoire. Les nouveaux arrivants paieront 180 euros de frais d’inscription pour le cours d’intégration et deux fois 90 euros pour les examens de néerlandais et d’orientation sociale.Ce cours d’intégration de 360 euros est plus cher qu’un bachelier de trois ans pour un étudiant boursier.
Le gouvernement flamand crée ainsi l’illusion que le déclin social de ces dernières années provient de la migration. Mais cela échoue à expliquer les bas salaires, le manque de moyens pour l’enseignement, l’insuffisance des infrastructures ou le déclin du secteur des soins. Tout cela résulte d’un transfert de ressources de la communauté vers les grandes entreprises via toutes sortes d’avantages fiscaux. Tous les gouvernements de ce pays – y compris le gouvernement fédéral à venir – refusent de s’opposer à cette logique. En prenant base sur les 43.397 nouveaux arrivants en Flandre en 2017 (les dernières données du Local Integration Monitor du gouvernement flamand), une contribution de 360 euros rapporterait un total de 15 millions d’euros. Rappelons que pour éliminer les listes d’attente dans les soins aux personnes handicapées, il faut 1,6 milliard d’euros, soit cent fois plus. En d’autres termes : les attaques contre les nouveaux arrivants sont principalement symboliques. Elles visent à donner l’impression que le gouvernement va d’abord défendre “son propre peuple”. Elles ne rapporteront presque rien, mais ces 360 euros représentent beaucoup d’argent pour des personnes sans moyens.
Les attaques ne se limitent pas aux nouveaux arrivants. Les chômeurs, par exemple, sont traités plus sévèrement. Le VDAB aura plus de possibilités de suivre les demandeurs d’emploi de plus près avec un “accord obligatoire sur un itinéraire personnel pour se rendre au travail” (pour lequel le VDAB ne reçoit pas de ressources supplémentaires) suivi de la possibilité d’un service communautaire obligatoire non rémunéré après deux ans. Les communes peuvent commencer à se débarrasser de leur personnel : le travail forcé non rémunéré les remplacera bientôt. C’est littéralement ce que cette mesure a impliqué aux Pays-Bas. Les médias avaient pas exemple relayé l’histoire d’un balayeur de rue licencié qui a ensuite dû balayer ces mêmes rues gratuitement, sans salaire, dans le cadre de son service communautaire.
Autre cible des attaques du gouvernement flamand : ceux qui travaillent pour lui. Désormais, les nouveaux employés ne seront engagés que sur base contractuelle, à l’exception de l’enseignement. Le statut de fonctionnaire sera totalement supprimé, ce qui constitue un grand pas en arrière pour le personnel concerné (en termes de sécurité d’emploi et de pensions, entre autres). Le gouvernement flamand veut un gouvernement “allégé” avec moins de personnel. En ce qui concerne les salaires, un pas en avant a été franchi en déclarant que “l’importance de l’ancienneté dans la formation des salaires” a été “réduite”.
Les nouveaux arrivants, les chômeurs et les fonctionnaires sont rejoints par tous ceux qui peuvent être “embêtants” pour le gouvernement flamand de droite. Par exemple, la contribution financière au centre fédéral pour légalité des chances Unia sera supprimé. La VRT devra être un vecteur de diffusion de l’”identité flamande” et cesser de publier des articles d’opinion critiques (le site d’information de la chaîne ne pourra être utilisé que pour soutenir le matériel visuel). Le Forum des minorités disparaîtra. Les mutuelles de santé seront prudemment attaquées par la proposition que les fonds des soins (payés par la prime santé) fusionnent et deviennent distincts des mutuelles.
Un accès plus difficile à l’enseignement supérieur
L’accord parle d’attirer du nouveau personnel dans l’enseignement, y compris en prenant en compte l’ancienneté dans le secteur privé. Des moyens supplémentaires seront allouées à l’enseignement préscolaire. Le M-Decree – une tentative d’inclure les élèves ayant des besoins spéciaux dans l’enseignement ordinaire, sans fournir les moyens nécessaires à cette fin – sera une fois de plus aboli. Il n’est cependant toujours pas question d’un refinancement public sérieux du secteur.
Ce qui change, c’est l’importance accrue accordée au rendement, notamment avec des tests standard obligatoires dans l’enseignement secondaire. Dans l’enseignement supérieur, les programmes de bachelier et de master seront fortement réduits, ce qui limite l’accès aux programmes de master (à moins que l’étudiant n’ait les moyens d’étudier plus longtemps). En outre, le gouvernement souhaite une “rationalisation” des programmes de bachelier qui menace les programmes comprenant moins de 115 étudiants.
Pas d’investissement dans les transports publics
De Lijn a réalisé des économies considérables ces dernières années et le gouvernement flamand souhaite poursuivre dans cette voie. Le gouvernement veut que nous payions plus cher : “En tout cas, De Lijn continuera d’atteindre un niveau plus élevé de recouvrement des coûts et l’efficacité des coûts restera une motivation permanente”. Le degré de recouvrement des coûts correspond à la part des coûts payés directement par les utilisateurs, en plus de la part que nous payons indirectement via les fonds de la communauté. En outre, le gouvernement imposera une libéralisation complète dans une région au cours de la seconde moitié de la législature : un opérateur y sera nommé par appel d’offres. Cela rendra les choses plus faciles aux entreprises privées : “Nous étudions également comment supprimer les obstacles réglementaires pour les initiatives de transport privé”, proclame l’accord.
Le gouvernement flamand est conscient que cela risque de pousser au conflit avec le personnel. C’est pourquoi l’accord de coalition stipule : “Nous faisons un pas de plus vers un service garanti”. À cette fin, il est question de consulter les partenaires sociaux, mais si cela ne fonctionne pas, le gouvernement imposera les choses. « En l’absence de résultats dans le délai de six mois, le gouvernement prendra l’initiative d’atteindre l’objectif susmentionné. »
L’identité flamande
Lors du congrès de la N-VA, les dirigeants ont été les plus applaudis pour les mesures nationalistes. Alors qu’une interdiction totale des signes idéologiques est appliquée dans l’enseignement fondamental au nom de la neutralité, dont le voile, cette neutralité ne s’applique pas à la ceinture du bourgmestre, qui pourra désormais porter soit le tricolore belge, soit une version flamande. Nous verrons donc d’après la ceinture si nous faisons face ou nom à un bourgmestre nationaliste flamand. Un « canon flamand » sera développé. Dans la périphérie flamande, il pourrait y avoir une « règle de priorité » pour donner préférence aux “élèves de la communauté flamande”.
Et le CD&V?
La formation du nouveau gouvernement flamand a beau reposé sur la même composition que le précédent, cela n’a pas été facile. Il a fallu quatre mois pour aboutir à un document non chiffré qui a scellé la formation du gouvernement. Cela reste un gouvernement de perdants où la N-VA essaie d’utiliser la percée du VB pour élargir sa propre empreinte. Les libéraux sont juste heureux d’être là. Mais le CD&V aura encore plus de mal à prétendre être le « visage social » d’un gouvernement de droite avec cet accord. Le parti était déjà sous la pression des politiques antisociales des gouvernements suédois précédents, mais son sommet semble maintenant sincèrement enthousiaste quant à la poursuite des attaques. Les seules discussions semblent porter sur le rôle que chaque dirigeant du parti jouera. Le CD&V a reçu une nouvelle claque avec les dernières élections et les sondages d’aujourd’hui sont encore plus dramatiques. Qu’en fera le CD&V ? Une fois les élections passées, les le parti a multiplié les accusations contre les dirigeants de la CSC. Avec cet accord de coalition, il sera encore plus difficile au sommet de la CSC de justifier ses liens avec le CD&V.
Entrons en résistance !
Les mesures de l’accord de coalition s’inscrivent dans la lignée de l’ancien gouvernement flamand et vont plus loin à différents niveaux, notamment à l’encontre des migrants, des fonctionnaires ou du personnel et des utilisateurs de De Lijn. Les mesures sociales promises ne répondent pas du tout aux besoins et ne sont souvent qu’une confirmation de mesures déjà en place. Ce gouvernement se bat pour les riches. Les travailleurs ordinaires qui pensaient qu’ils seraient mieux lotis parce que les migrants seraient traités plus sévèrement se trompent. Cela commence avec les migrants, mais la logique d’austérité néolibérale ne se limitera pas à eux.
Il faudra résister au gouvernement Jambon. Nous ne devons pas nous laisser entraîner dans la méthode raciste du “diviser pour régner”, que le gouvernement défend aujourd’hui avec insistance pour dissimuler son échec dans d’autres domaines. Les partis de droite ont été sanctionnés pour leurs politiques antisociales, mais ils y répondent avec des politiques encore plus antisociales. Le mouvement des travailleurs doit collectivement lutter pour répondre aux besoins de la majorité de la population. S’il n’imprime pas sa marque sur les événements, le débat public sera prisonnier du racisme « modéré » et du racisme dur, de l’austérité dure et d’une version plus douce.
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Le mouvement de masse pour le climat conduit à la démission d’une ministre

Manifestation du 27 janvier. Photo : Liesbeth. Il est possible de pousser des ministres vers la porte grâce à des mobilisations soutenues. C’est ce qu’a illustré le mouvement des jeunes pour le climat. Après deux mois de manifestations, la ministre flamande de l’environnement Joke Schauvliege (CD&V) a dû démissionner. Elle était allée trop loin en indiquant que les marches pour le climat étaient le fruit d’un complot. Ses précédents faux pas avaient encore pu être camouflés, mais il est bien plus difficile de procéder de la sorte à l’occasion d’un mouvement de masse.
Par Kenzo (Gand)
Depuis le 2 décembre, la lutte contre le changement climatique est sur le devant de la scène. La première manifestation de masse du 2 décembre a été historique : des dizaines de milliers de personnes sont passées par Bruxelles. Mais la ministre fédérale de l’environnement Marie-Christine Marghem (MR) a s’est moquée des inquiétudes sur le climat par un “njet” au sommet sur le climat de Katowice. Après les examens puis les vacances de Noël, les mobilisations des étudiants du secondaire ont commencé : d’abord 3.500, puis 15.000 et ensuite 35.000 élèves ont ainsi manifesté à Bruxelles. Le dimanche 27 janvier, une nouvelle manifestation nationale a eu lieu et a réuni jusqu’à 100.000 personnes. La semaine dernière, 15.000 étudiants ont encore manifesté à Bruxelles, autant à Liège et 3.000 à Louvain, entre autres. Des étudiants du supérieur étaient déjà présents aux mobilisations mais, le 14 février, ils y participeront pour la première fois en masse.
Joke Schauvliege (CD&V) est la ministre flamande de l’Environnement, de la Nature et de la Culture depuis 2009. A partir de 2014, l’Agriculture et l’Aménagement du Territoire lui ont été ajoutés. Elle était auparavant faite connue pour des déclarations bizarres telles que : “Un arbre a toujours eu la fonction d’être abattu” ou encore : “En tant que ministre de la Culture, vous n’avez pas besoin d’être un expert culturel.’’ Mais tout a systématiquement été couvert, elle obtenait après tout pas mal de voix et est tout de même vice-présidente du CD&V. Mais la mobilisation de masse a rendu sa position intenable. En raison de la politique menée et de ses réactions maladroites face aux protestations de la jeunesse, les critiques se sont faites plus nombreuses et plus caustiques. ‘‘What a joke (quelle blague)’’, pouvait-on ainsi lire sur les pancartes d’élèves présents aux marches pour le climat.
Les rires ont accueillis ses déclarations selon lesquelles elle se sentait poussée dans le dos pour poursuivre sa politique grâce aux mobilisations de jeunes. Sa proposition visant à augmenter les taxes sur les vols était une tentative évidente de faire porter la responsabilité du problème sur des couches plus larges et sur la jeunesse. La fédération patronale FEB a immédiatement pris le train en marche en réclamant l’abolition de l’indexation des salaires avec l’idée que les mesures pour le climat entrent automatiquement en conflit avec le pouvoir d’achat ! L’appel à la gratuité et des transports publics et à leur extension n’a bien entendu pas été repris par la ministre ou les patrons. Enfin, elle a voulu apaiser les protestations avec des séances d’information des élèves des 5e et 6e années sur la politique climatique et les mérites de cette politique. Les applaudissements n’ont pas été nombreux.
La récupération ayant échoué, elle a essayé de criminaliser la mobilisation en prétendant qu’il s’agissait d’une conspiration du lobby écolo. Selon elle, cette conspiration aurait même été confirmée par la sûreté d’État ! D’où provenait le complot ? Selon elle, il s’agissait d’une vengeance suite aux manifestations agricoles qui avaient conduit à la démission de Vera Dua (ministre flamande Agalev, aujourd’hui Groen) en 2003. Certains manifestants n’étaient même pas nés ! Ces déclarations bizarres ont été suivies d’excuses : Schauvliege a dû reconnaître que la sûreté de l’Etat n’avait rien signalé. Elle n’aurait rien pu faire d’autre : la sûreté d’État a elle-même réfuté les allégations. Quelques heures plus tard, l’inévitable démission a suivi. Schauvliege était devenue un obstacle trop important pour toute tentative de récupération moins visible, par exemple via des groupes de réflexion financés par de grandes entreprises mais avec la participation d’organisations écologistes. Sa démission est un coup dur pour le gouvernement flamand qui, jusqu’à présent, a toujours été relativement stable.
Cette démission est une première victoire du mouvement, même si la bataille ne fait encore que commencer. Il ne s’agit pas d’une victoire concrète contre le changement climatique, mais d’une indication que la lutte porte ses fruits. Il est temps maintenant de passer à la vitesse supérieure ! L’appel à une grève internationale écolière le 15 mars pourrait jouer un rôle crucial à cet égard. Surtout si les syndicats profitent de la dynamique des jeunes pour se joindre à eux et déclencher une grève de toute la société pour le climat. C’est la meilleure réponse aux politiciens et aux patrons qui opposent climat et pouvoir d’achat pour éviter d’être placés face à leurs responsabilités.
Cette démission renforcera la confiance du mouvement. L’establishment espère éloigner la discussion de la rue le plus tôt possible, il espère que les mobilisations deviendront moins fortes et que toutes sortes d’experts, financés ou non par de grandes entreprises, mettront la main sur le débat. Le lobbying en faveur d’une loi sur le climat pourra alors être opposé aux mobilisations de la rue. Le mouvement doit en être conscient et s’organiser pour préparer les étapes suivantes avec un plan d’action crescendo et des discussions sur des revendications qui feront vraiment la différence. Les syndicats peuvent jouer un rôle majeur à cet égard en s’ouvrant aux jeunes et, par exemple, en aidant à défendre de manière offensive la revendication de transports publics gratuits et plus nombreux. Il s’agit d’une revendication qui allie pouvoir d’achat, meilleure mobilité et air de qualité.
La protestation contagieuse de la jeunesse montre que des actions déterminées qui ne sont pas apaisées par des promesses tièdes peuvent changer l’ordre du jour politique. Alors que la crise gouvernementale de décembre a attiré toute l’attention sur la migration et que la N-VA était déjà prête à y ajouter le confédéralisme, le débat public porte aujourd’hui sur le climat. Nous pouvons y ajouter le pouvoir d’achat : la grève nationale du 13 février offre cette opportunité. Nous serons plus forts en associant pouvoir d’achat et climat, en alliant l’enthousiasme des jeunes et la puissance économique du mouvement des travailleurs.
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Gestion des déchets à Gand. Leçons de la grève chez Ivago

Début août, une grève a éclaté chez Ivago, l’intercommunale gantoise de gestion des déchets, contre la forte pression au travail et contre le manque de respect de la part des cadres envers les employés. Cette grève n’était pas la première et ce ne sera probablement pas la dernière. Sous la pression des autorités communales, la grève a pris fin sans l’accord des travailleurs.
Par Thomas (Gand)
Le personnel d’Ivago signale depuis longtemps ce manque de respect. Il y a trois ans, plus d’une semaine de grève a été consacrée à cette seule question. Le travail a ensuite repris après qu’un manager trop insolent ait été muté à un autre poste et après des promesses de solutions structurelles.
Même à l’époque, des grévistes ne croyaient pas à ces solutions et étaient déçus que les dirigeants syndicaux n’aient pas d’abord discuté de l’accord avec eux, mais soient directement allés discuter avec la direction. La pression sur la grève a augmenté lorsque le bourgmestre de Gand Daniël Termont (SP.a) a commencé à faire pression sur les grévistes. Sous prétexte de santé publique, on a tenté de briser la grève. Cela a ensuite été utilisé par la N-VA en réponse aux critiques concernant le service minimum dans les prisons.
La grève du début du mois d’août a de nouveau donné lieu à des négociations entre la direction et les syndicats. Encore une fois, cela n’a pas été beaucoup plus loin que de traiter des symptômes. Beaucoup d’employés en ont assez. Ils savent d’ailleurs maintenant qu’une parole donnée par la direction et le conseil communal ne vaut pas grand-chose. Le mécontentement chez les travailleurs est très grand. Les leçons de communication pour les gestionnaires ne résoudront pas cela. Ivago a besoin d’une politique différente.
Le problème ne se limite pas à une seule personne, bien qu’il y ait bien sûr des différences de style entre les gens. Le problème, aujourd’hui, c’est que le profit est central. Cela signifie que le personnel est poussé à ses limites. Comme les actionnaires privés, le Conseil communal de Gand, qui est le plus grand actionnaire d’Ivago, ne s’intéresse pas à la manière dont les déchets sont collectés ni au traitement du personnel. Seuls les dividendes versés à la fin de l’année sont pertinents. Une pression est exercée sur les managers pour qu’ils présentent de bons chiffres, et cette pression est transmise au personnel.
Après la grève, certains membres du personnel ont une fois de plus été déçus par les syndicats et leurs délégués parce que certains d’entre eux ont défendu avec ferveur l’accord initial. Malgré le fait que les employés ont clairement indiqué qu’ils n’étaient pas d’accord, tout a été fait pour les ramener au travail. La bourgmestre par intérim Martine De Regge (SP.a) a également annoncé que du nouveau personnel serait nécessaire. Il en est résulté des divisions et de la confusion, ce qui a conduit à la reprise du travail avec la promesse de nouvelles négociations.
Cependant, les problèmes n’ont pas été résolus. La présidente du conseil d’administration d’Ivago, Tine Heyse (Groen), assumera-t-elle enfin ses responsabilités pour que la collecte des déchets en tant que service public à la population soit organisée avec un personnel satisfaisant ? Ou permettra-t-elle aux représentants des actionnaires privés (ECOV) de continuer à donner le ton ?
Les travailleurs doivent rester impliqués dans la lutte et ils sont les mieux placés pour le faire dans leurs organisations : les syndicats. En devenant actifs et en soutenant les délégués les plus combattifs, ils peuvent imposer une attitude plus militante au sein de leurs organisations. De cette manière, la relation de pouvoir construite avec cette grève et les précédentes, ainsi qu’avec le soutien de la population gantoise, peuvent être utilisés pour défendre un service public solide dans l’intérêt de la population gantoise et de son personnel.
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Anvers. Action de protestation contre la répression sanglante en Inde

Ce 31 mai, une vingtaine de personnes se sont mobilisées à Anvers contre la violence meurtrière à l’encontre des manifestants dans l’État de Tamil Nadu, dans le sud de l’Inde. Un mouvement de masse contre une usine polluante Sterlite a dû affronter une répression sanglante de la part des autorités. Treize personnes ont été tuées.
Le gouvernement indien de droite du parti nationaliste hindouiste BJP dénonce les manifestants, mais le gouvernement de l’État de Tamil Nadu n’est pas meilleur. Ce dernier essaie de faire semblant de soutenir les manifestants, mais c’est le gouvernement de l’État qui a appelé Sterlite. Il y a vingt ans, un autre Etat a refusé de permettre à cette fonderie de cuivre de fonctionner au motif qu’elle était trop polluante et qu’il y avait trop de protestations contre elle. L’entreprise a pu démarrer son activité à Tamil Nadu : les pots-de-vin ouvrent de nombreuses portes. La réglementation en matière de sécurité et d’environnement n’a pas été respectée. C’est contre cette énorme pollution que les protestations ont commencé à prendre de l’ampleur et sont finalement devenue un mouvement de masse.Avec l’action à Anvers, nous avons défendu le droit à l’action collective. Nous exigeons une enquête indépendante sur les décès, l’indemnisation des familles des victimes et des sanctions pour les responsables de ces décès. La droite réactionnaire a un problème international avec une protestation contre la politique poursuivie : de l’extrémiste hindouiste BJP au conservateur N-VA à Anvers. Lors de l’action sur De Coninckplein, la FGTB a été appelée à agir le 15 juin : deux membres du personnel de la FGTB doivent répondre en justice de leur participation à une action en grève, qui peut être punie d’une peine d’emprisonnement.
Le gouvernement de Tamil Nadu a temporairement fermé le site Sterlite, mais le tribunal national peut revenir sur cette mesure. Sterlite mis en avant les conséquences économiques de la fermeture et les pertes d’emplois. Si l’entreprise se réoccupait vraiment des employés, elle aurait adopté des mesures il y a des années pour garantir la sécurité sur le lieu de travail et pour protéger le cadre de vie autour de l’usine. Il est clair qu’il ne s’agit que de profit. Le gouvernement central du BJP n’a pas hésité à choisir son camp. Le fait que la société mère de Sterlite est un donateur financier important du BJP (mais aussi du Parti du Congrès dans l’opposition) joue sans aucun doute également un rôle.
Cette action qui s’est tenue à Anvers visait à défendre le droit de mener des actions collectives. Nous exigeons une enquête indépendante sur les décès, l’indemnisation des familles des victimes et des sanctions pour les responsables de ces décès. Mais, partout dans le monde, la droite réactionnaire a un problème avec les actions de protestation, que l’on parle des extrémistes hindouistes du BJP ou des conservateurs de la N-VA à Anvers. Ce 15 juin, deux membres de la FGTB doivent passer devant les tribunaux pour avoir participé à des piquets de grève et même être condamnés à une peine d’emprisonnement.
Cette action visait aussi à défendre l’environnement. Si cela se heurte à la soif de profits, les entreprises polluantes doivent être reprises en mains publiques afin que la production puisse être organisée de manière sûre et respectueuse de l’environnement. Le droit de vivre dans un environnement vivable est également une question internationale pour laquelle nous devons être actifs.
La solidarité internationale que nous avons exprimée avec cette action à Anvers était importante pour les militants de Tamil Nadu. Il était aussi utile de faire connaître la problématique aux passants. Nous avons distribué une centaine de tracts (trilingues : néerlandais, anglais et tamoul) et avons reçu des réactions positives.
