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  • [INTERVIEW] Le Tax Shift ne laisse pas subsister d’espoir au CD&V

    taxshift_cscLa CSC doit être prête au combat!

    A la place d’un transfert de fiscalité du travail vers le capital, le Tax Shift a représenté une nouvelle attaque antisociale. Nous en avons parlé avec une secrétaire de la LBC (centrale flamande des employés de la CSC), Tina De Greef.

    Interview réalisée par Anja Deschoemacker et publiée dans l’édition de septembre de Lutte Socialiste.

    La décision prise par le gouvernement autour du Tax Shift illustre qu’il ne faut rien attendre du CD&V. Qu’en pense-t-on à la CSC?

    Tina: “Différentes figures de la CSC se sont exprimées négativement sur le Tax Shift. La CNE (centrale francophone des employés de la CSC) a calculé que la sécurité sociale et l’Etat contribuent trois fois plus que le capital! Même Luc Cortebeeck, l’ancien président de la CSC, a déclaré que le CD&V ne fait pas assez la différence. L’ancien président de la LBC Ferre Wyckmans a déclaré ‘‘nous sommes encore plus trompés qu’avant’’, en ajoutant que si la manifestation du 7 octobre ne donne rien, il faudra considérer des actions plus dures.

    ‘‘Maintenant tout l’accent doit être mis sur la mobilisation du 7 octobre. Mais il faut tirer les leçons des actions précédentes contre ce gouvernement. Une manifestation ne va pas suffire si même le mouvement massif de l’an dernier n’a livré qu’une promesse vide. Et nous ne pouvons compter que sur notre propre force, la force du mouvement ouvrier organisé contre le gouvernement et le patronat.’’

    Cet été, nous avons été témoin des tensions entre Marie-Hélène Ska (CSC) et Marc Goblet (FGTB). Ce dernier a notamment dit : ‘‘Ils (le sommet de la CSC) continuent à croire que le CD&V et Kris Peeters peuvent peser’’.

    Tina: “Le plan d’action de l’année passée s’est notamment terminé sur la promesse d’un Tax Shift favorable aux travailleurs. Cette attitude s’est heurtée à une opposition historiquement grande dans les rangs de la CSC, ce qui a fait que l’accord salarial a finalement été approuvé avec une majorité extrêmement faible, mais sans qu’il ne dise qu’il fallait stopper la lutte contre le saut d’index et la politique d’austérité.

    ‘‘En réalité, le scepticisme était grand dans les rangs de la CSC quant au rôle progressiste possible du CD&V. Au Congrès de la CSC, le parti n’a pas été mentionné dans la liste des partis pro-austérité durant le speech de clôture. Pour beaucoup de participants, c’était ridicule. A ce même congrès, la direction nationale a essayé de marginaliser la méthode de la grève, une tentative bloquée par le congrès. C’est la preuve qu’à la base la confiance que l’on peut obtenir des choses par la concertation sociale diminue.

    ‘‘Qu’importe l’opinion de la direction, on ne peut nier que ce gouvernement continue ses attaques contre les travailleurs et les syndicats et que le CD&V est incapable de changer le caractère de ce gouvernement. Ne rien faire ne sera pas une option pour la CSC. Un nouveau plan d’action doit être élaboré et nous ne pouvons pas cette fois-ci nous laisser freiner par une chimère.’’

    Pourtant, la CSC et Beweging.net continuent soutenir de les liens avec le CD&V.

    Tina: “C’est vrai. Mais la CNE/LBC a déjà depuis longtemps fait le pas de ne pas considérer le CD&V en tant que partenaire privilégié. Des similarités existent entre cette discussion dans la CSC sur le CD&V et celle dans la FGTB sur le PS. Dans le cadre du syndicalisme de concertation qui s’est développé après la Deuxième Guerre mondiale – quand le capital était bien obligé de faire des concessions au mouvement ouvrier – cela arrangeait les grands syndicats d’avoir un partenaire au gouvernement. Mais ces 30 dernières années, les concessions ne sont venues que d’un seul côté, celui des travailleurs. Au lieu de se porter garants de la défense des intérêts des travailleurs, ces partis n’ont rien fait d’autre que d’offrir un peu d’accompagnement social à la dégradation des acquis sociaux.

    ‘‘La base le comprend très bien, surtout après la mobilisation brillante de l’an dernier et le constat actuel suivant: nous avons été trompés et nous en payons le prix par de nouvelles mesures antisociales. Nous devons aussi constater que le CD&V est bien moins compétent dans le rôle de ‘‘l’opposition sociale au gouvernement’’ que le PS.

    ‘‘Si la direction des grands syndicats entretient des liens avec des partis comme le CD&V et le PS, ce n’est pas grâce à un quelconque soutien à la base mais par manque d’alternative. Dans d’autres pays, quand des alternatives de gauche crédibles se sont développées, le lien entre la base syndicale et de tels anciens partis n’a plus tenu qu’à un fil.

    ‘‘Le PS et, dans une moindre mesure, le CD&V ont pu maintenir leur soutien électoral chez les travailleurs grâce à l’idée du “moindre mal”. Si nous voulons plus, il nous faut avant tout compter sur notre propre force, celle de la mobilisation de la classe des travailleurs. Ensuite, il nous faut un nouvel instrument politique, un large parti de lutte acharné à défendre les intérêts de la classe des travailleurs. Cette discussion doit être saisie par tous les militants de gauche dans tous les syndicats. Le mouvement qui arrive peut offrir l’opportunité de poser des pas concrets en cette voie.’’

  • Manifestation du 7/10 : assurons que ce ne soit pas une nouvelle occasion gâchée !

    greve_michelDepuis la fin du mois de mai dernier, nous savons que le front commun syndical FGTB, CSC et CGSLB prévoit une manifestation nationale à Bruxelles pour ‘‘célébrer’’ le premier anniversaire du gouvernement Michel. Pour beaucoup, que cette coalition de droite dure soit capable de souffler sa première bougie est une triste surprise tant il semblait possible de la balayer l’hiver dernier.

    Editorial de l’édition de septembre de Lutte Socialiste, par Nicolas Croes

    Vous le savez, la grande grève générale de 24 heures du 15 décembre 2014 a été laissée quasiment sans suite (à l’exception de quelques mobilisations spécifiques sur le thème des pensions, des jeunes, des femmes et du dumping social juste avant les vacances d’été). Le gouvernement s’est donc vu offrir le champ libre pour se ressaisir et poursuivre son oeuvre de rouleau compresseur antisocial.

    Il nous faut un nouveau plan d’action !

    Au moment où cette date du 7 octobre 2015 a été dévoilée, il était question que la manifestation soit couverte d’un mot d’ordre de grève de 24 heures. Le secrétaire général de la FGTB Marc Goblet avait déclaré : ‘‘Il s’agira d’un point d’orgue de notre plan d’action, que nous menons crescendo.’’ (Le Soir, 28 mai 2015) Si nous sommes tout à fait d’accord avec cette idée de plan d’action allant crescendo (une dynamique que nous avons systématiquement défendue avant même la constitution du gouvernement), il est très clair que cette future manifestation nationale devra constituer le début d’un nouveau plan d’action et non un ‘‘point d’orgue’’ mettant fin à la ‘‘mobilisation’’ !

    Les responsables nationaux du front commun syndical ont raison de dire que ce gouvernement est celui ‘‘de l’injustice, qui s’en prend aux travailleurs et aux allocataires, au seul profit des grandes entreprises et du capital’’, ce qu’a encore illustré le Tax Shift en juillet. Tirons-en la leçon essentielle et finissons-en avec l’illusion d’un ‘‘dialogue respectueux’’ avec un gouvernement vendu aux riches! Construisons un calendrier d’action offensif ayant pour objectif affiché de le foutre à la porte ! Comment imaginer que des actions ludiques et symboliques soient aptes à rivaliser avec l’impact de la manifestation nationale, de la tournée de grèves provinciales et de la grève générale nationale de l’automne dernier ? Si tout cela n’a pas été suffisant, la seule conclusion à tirer c’est qu’il en faut plus, pas moins ! ‘‘Le mouvement syndical peut réaliser le plus lorsqu’il descend en rue et utilise ses méthodes de grève’’, comme le dit le politologue et historien Marc Hooghe (deredactie. be, 20 août).

    Un mois de préparation

    Il en faudra beaucoup pour remobiliser de nombreux jeunes et travailleurs dont l’enthousiasme et la combativité ont été trahis par l’absence de suite sérieuse à la grève générale nationale de décembre. Les assemblées générales d’information et de sensibilisation organisées dans les entreprises ainsi que dans les régionales et centrales syndicales ce mois de septembre sont d’une importance cruciale pour commencer à regagner leur confiance et les remobiliser.

    Ces assemblées doivent servir à discuter de la perspective d’un nouveau plan d’action sérieux, calqué sur le modèle de celui de l’an dernier. Toute la force qui est celle du mouvement organisé des travailleurs s’était alors exprimée, mais sans que la base n’ait réellement eu le contrôle du processus. Le renforcement et l’extension de la pratique des assemblées générales du personnel sur les lieux de travail – non seulement pour discuter des actions à entreprendre mais aussi pour démocratiquement décider de ce qu’il convient de faire par vote – reste la meilleure manière d’entraver le pouvoir des sommets syndicaux de retirer la prise du mouvement contre l’avis de la base.

    Une alternative politique Un plan d’action allant crescendo peut faire chuter le gouvernement. Mais l’austérité ne sera pas bloquée avec un nouveau gouvernement tripartite sous la direction de la social-démocratie. Seul son rythme changerait. L’absence d’une alternative politique joue des tours au mouvement des travailleurs.

    La lutte est cruciale, mais le champ politique doit lui aussi être investi. Le PSL estime que tous les activistes, organisations et partis de gauche doivent s’associer jusqu’à la création d’un nouveau parti de lutte large et démocratique. Voilà qui secouerait sérieusement le paysage politique.

  • Aylan, mort en essayant d’échapper à la barbarie – plus qu’un «drame», un assassinat

    Syrian_migranBoyLes images terribles d’enfants morts noyés sur les côtes turques après l’échouage du canot pneumatique qui n’a pu les emmener en Europe font le tour du monde, et entraînent tristesse, colère et révolte. Dans ce monde si développé, des enfants meurent ainsi pour échapper à la guerre, à la misère et à l’oppression, tandis que d’autres travaillent à s’en tuer dans des mines, des fabriques ou des champs.

    Gauche Révolutionnaire (CIO-France)

    L’Europe, si prompte à sauver les banques du naufrage en déversant des milliards d’euros ne pourrait pas accueillir ces hommes, femmes et enfants qui fuient la barbarie ? L’Europe est plus prompte à écraser des pays comme la Grèce, à mener des politiques d’austérité créant des millions de chômeurs ou à soutenir des régimes dictatoriaux et corrompus au Moyen Orient et en Afrique.

    Et quand les camps de réfugiés au Liban, en Turquie (presque 3 millions de réfugiés pour ces deux seuls pays) et ailleurs demandent qu’on augmente l’aide dont ils ont besoin, c’est silence radio.

    Les guerres menées à travers le monde pour s’accaparer gaz, pétrole et autres richesses ont plongé des pays entiers dans le chaos chassant des millions de personnes de leur maison et de leurs terres.

    Les vrais responsables : les capitalistes et les gouvernements à leur service

    Non ce ne sont pas les « passeurs » qui ont tué Aylan, les autres enfants et quelques 3000 autres réfugiés cette année. Les passeurs ne sont que les vautours qui viennent se servir des dépouilles des pays que les USA et l’Europe ont bombardé ces 25 dernières années. Aylan venait de Kobanê, la petite ville du Nord de la Syrie qui a résisté à Daesh (l’Etat Islamique) et vaincu Daesh le 24 janvier dernier. Pendant ce temps, Hollande soutenait Erdogan, le président turc, qui soutenait Daesh et empêchait l’aide de passer la frontière turque vers Kobanê. Et Fabius et l’administration Obama parlent désormais de collaborer avec le Front Al Nosrah en Syrie. Et s’ils en parlent maintenant, c’est en fait qu’ils collaborent déjà avec cette branche d’Al Qaïda – qui est en gros du Daesh un peu moins salé – et qu’ils préparent le terrain pour rendre cela public. Et dans cette valse sur le dos des peuples, il y a la vente de Rafale au Qatar (le premier soutien de Daesh), les invitations au roi Saoudien (soutien de Daesh lui aussi) et le soutien aux dictateurs et aux états guerriers de la région, à commencer par l’Etat israélien.

    C’est de cela que cet enfant et 3000 autres personnes avec lui cette année sont morts, de ces politiques impérialistes qui sèment la mort et la destruction pour le profit des grosses firmes capitalistes. L’image est insoutenable, insupportable, car elle est l’expression la plus terriblement nue de la réalité du capitalisme et de la révolte qui doit nous envahir et nous animer pour mettre fin à ce système barbare.


     

    Bruxelles. Manifestation “Refugees Welcome”

    Organisée par la Plateforme citoyenne de solidarités avec les réfugiés

    “Plus de 35.000 personnes disparues depuis janvier 2015. Une Europe-forteresse qui se dresse face aux parcours de milliers migrants et ce depuis trop de trop longues années. Ne les laissons pas parler en notre nom. La solidarité avec les migrants n’a jamais été aussi importante chez les citoyens. Maintenant, allons faire plus de bruit que ces discours haineux.”

    Les modalités d’actions et les revendications de ce rassemblement seront débattues et validées lors d’une assemblée générale qui aura lieu ce dimanche 6 septembre, 16h, Parc Maximilien à Bruxelles.

    => Page Facebook de l’évènement

     

  • ‘‘Le front syndical est-il menacé?’’

    C’est ce que titrait un article de l ‘Echo du 3 août dernier suite à l’interview de Marie-Hélène Ska dans laquelle elle déclarait à propos de Marc Goblet ‘‘je pense que je suis tout ce qu’il déteste : une femme, j’ai fait des études, je lis des dossiers. Je pense que cela l’énerve au plus haut point.’’ (Le Soir, 1er août) Marc Goblet a immédiatement réagi sur twitter : ‘‘Faux, ce que je n’aime pas c’est qu’on mette les intérêts des travailleurs après ceux du CD&V.’’ Puis, dans une interview donnée le lendemain, il a dit être surtout inquiété des raisons derrière ces déclarations et qu’il ‘‘espère que ce n’est pas pour remettre en cause le front commun et mettre fin à la mobilisation sociale.’’ (Site du Soir, 2 août)

    Par Ben (Charleroi)

    Une polémique personnelle ayant trop pris d’ampleur ?

    Peut-être, mais pas vraiment, d’ailleurs il n’y a pas que Marc Goblet qui en prend pour son grade. A la question ‘‘pas tentée par le socialisme et ses valeurs de solidarité ?’’, Marie-Hélène Ska répond : ‘‘Ah non ! Je ne pourrais jamais. Il est dans le discours proche de ces valeurs mais j’ai vu l’exercice du pouvoir et à Charleroi, la solidarité, c’était ‘‘Je mets dans ma poche et je décide seul.’’ (Le Soir, 1er août) Di Rupo s’est senti obligé de répondre : ‘‘Madame Ska, en insultant de la sorte les militants socialistes, insulte une partie de ses propres membres : nombre de militants CSC sont également affiliés au Parti Socialiste.’’ Et il en profite pour l’appeler à ‘‘se ressaisir pour faire front dans la défense des travailleurs face à un gouvernement de droite.’’ (lesoir.be, 1er août) Ce qui nous rappelle la sortie de Marc Goblet lors du 1er mai dernier, lorsqu’il appelait la CSC à ‘‘redevenir un syndicat qui défende les travailleurs’’.

    La formation du gouvernement avec le CD&V et sans le PS en est bien évidemment l’élément principal de ces tensions. D’un côté, la direction de la CSC a freiné la poursuite du dernier plan d’action, en signant l’accord salarial et en agitant la chimère du Tax Shift pour ne pas malmener son partenaire CD&V. De l’autre, la FGTB aimerait trouver le moyen de ramener le PS au pouvoir, Marc Goblet le signifiant très clairement avec sa sortie en ‘‘Action Commune’’ aux côtés du PS et de Solidaris. (L’Echo, 24 mars).

    La CSC veut-elle rompre le front commun? Non !

    Il faut faire une différence entre la direction syndicale et sa base, ainsi qu’entre des approches tactiques foireuses et ce qui peut passer pour une volonté d’abandonner la lutte. Pour rappel, le 10 février, le conseil général de la CSC a approuvé le projet d’accord social avec une majorité plus étroite que jamais : 49% pour, 45% contre et 6% d’abstentions. Et cela, dans le cadre d’un débat truqué où une pression énorme a été mise pour pousser à voter ‘‘oui’’ et où le vote ‘‘oui’’ est resté conditionné à la promesse de tout de même maintenir la lutte pour revenir sur les réformes antisociales (voir notre édition du mois de mars). Malgré l’énorme poids mort qu’est la direction de la CSC, la base, les militants et les délégués, étaient clairs quant à la nécessité de mener le combat contre ce gouvernement. C’est toujours le cas.

    Charleroi_260915La FGTB a elle aussi son lot de poids morts et de tactiques foireuses. Entre le président du Setca, Erwin De Deyn, qui s’était empressé de déclarer début d’année que le Setca n’était pas favorable à de nouvelles grèves (Le Soir, 5 février) et les nombreux défenseurs du PS, ce n’est pas gagné non plus.

    En fait, les directions syndicales jouent systématiquement un rôle de frein et, aujourd’hui, ce sont elles qui menacent le plus l’unité et le front commun syndical. Les élections sociales de mai 2016 se rapprochant, le phénomène ne fera que s’aggraver.

    Face aux divisions au sommet, l’unité de la base

    La conclusion s’impose, face aux divisions des directions syndicales, il faut construire l’unité de la base. Car ce n’est ni chez Marie- Hélène Ska – qui, quand on lui demande quels sont les hommes politiques qui portent le plus ses aspirations, pense à Verhofstadt et Dehaene, (Le Soir, 1er août) – ni chez Marc Goblet – lié au Parti Socialiste – qu’on trouvera la direction combative dont nous avons besoin.

    Cette direction sera le produit de la lutte elle-même, elle viendra de la base des syndicats, des travailleurs et des délégués qui s’organiseront concrètement sur le terrain, se réuniront en assemblée générale pour discuter collectivement de la meilleure stratégie à adopter et qui, renforcés par leur travail collectif, pourront montrer le chemin vers un syndicalisme de combat unitaire.

    => Meeting à Charleroi : “Résistons à l’austérité, construisons une alternative!”

  • Liège. Soirée-débat “Comment faire réseau?”

    100visages« Marcher séparément, frapper ensemble : pourquoi et comment ? », cela aurait pu être l’intitulé de cette la soirée-débat organisée hier dans le cadre du festival « 100 visages de lutte / lutte des sans visages » dans les locaux du Centre PolyCulturel Résistance (CPCR) à Liège. A la tribune étaient présents des représentants de divers réseaux actifs dans la résistance sociale : audit citoyen de la dette publique en Belgique (ACiDe), Tout Autre Chose (TAC), Stop Art.63§2 (contre les exclusions des allocations de chômage dites d’insertion), Stop-Répression (contre la répression policière), Alliance pour des Alternatives à l’Austérité (AAA) et Alliance D19-20 (contre le Traité transatlantique (TTIP) et l’austérité), le débat étant géré par un représentant de l’ASBL philoCité. Autant dire que les 2h30 d’échanges riches et conviviaux de cet évènement ont laissé un sérieux goût de trop peu…

    100visages_01La soirée avait commencé par une présentation du Collectif Krasnyi (un collectif militant de photographes) qui a investi les lieux avec son exposition « Tensions » relatant trois années de luttes sociales, essentiellement en Belgique, aux côtés d’une exposition d’affiches palestiniennes. Le cadre était donc bien placé pour aborder le travail des réseaux militants liégeois.

    Différents thèmes ont ainsi été abordés sous les angles différents et souvent complémentaires des réseaux présents : quelle dynamique mettre en place pour réunir les énergies d’individus et d’organisations pour défendre des sujets insuffisamment traités ou traités de manière dispersée, quelle articulation entre groupes locaux et structure nationale, quel processus de décision instaurer pour éviter que seuls les plus actifs aient leur mot à dire,… En bref, comment construire un rapport de forces efficace préservant un fonctionnement démocratique.

    100visages_02Mais le plus important, à notre sens, a surgi de la salle au travers de la question suivante : qui fait l’Histoire ? Les activistes des réseaux militants ou les masses ? Le rôle de l’action des masses a été plus que souligné lors du plan d’action de l’automne dernier contre le gouvernement Michel, où sans qu’il y ait besoin de longs palabres, tous les activistes et leurs initiatives se sont retrouvés dans l’action au côté des centaines de milliers de personnes qui se sont impliquées dans cet admirables mouvement de lutte.

    C’est hélas à ce moment clé où commençaient à se poser plus clairement les questions du rôle à jouer envers les masses, de la transmission et du partage d’expérience de lutte, de la préparation des activistes aux mouvements de masse à venir, etc. qu’il a fallu rendre la salle. La discussion a toutefois continué au bar et dans la rue, jusqu’aux petites heures pour certains. Et il est certain que cette soirée aura constitué un pas supplémentaire dans le développement de la confiance entre initiative diverses.

    Le festival se poursuit encore ces prochains jours, avec un débat sur la lutte des sans-papiers, un autre sur les solidarités internationales, une soirée d’information sur les actions opposées au traité transatlantique du mois d’octobre, projection d’un film, divers concerts,…

    Plus d’infos sur facebook

  • Faisons de la manifestation nationale du 7 octobre le point de départ d’un nouveau plan d’action!

    Pas_de_thatcher_en_belgique-620x330Que ce gouvernement patronal provocateur allait tôt ou tard être à nouveau confronté à des mouvements de lutte, c’était écrit dans les astres. Mais depuis peu, une date concrète a été annoncée : le 7 octobre 2015. Ce jour-là, une manifestation nationale contre la politique d’austérité du gouvernement prendra place dans la capitale, en front commun syndical. Nous devons tout faire pour que cette manifestation soit un grand succès et pour qu’elle donne l’essor à un nouveau mouvement dont l’enjeu sera la chute de ce gouvernement et de sa politique d’austérité.

    Édito de l’édition d’été de Lutte Socialiste

    ‘‘Ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux, soulevons-nous !’’ La fameuse citation du dirigeant syndical irlandais James Larkin décrit parfaitement la situation dans laquelle se trouve la classe des travailleurs en Belgique. Une fois que le mouvement de lutte de l’automne 2014 eu culminé avec la grande grève générale nationale du 15 décembre, la direction syndicale a refusé de finir le boulot. Le plan d’action avait rencontré le succès et il était possible de balayer le gouvernement. Mais quelle alternative représentaient les partenaires politiques traditionnels de nos dirigeants syndicaux ? Un gouvernement tripartite (libéraux, sociaux-démocrates, chrétiens-démocrates) qui arrondirait les angles les plus aigus de l’austérité sans remettre fondamentalement en question cette politique antisociale ? Un tel gouvernement serait lui aussi de suite confronté à la résistance sociale. S’organiser pour développer une véritable alternative politique anti-austérité n’est pas une option pour les sommets syndicaux. Ils ont donc musardé, tergiversé et hésité jusqu’à perdre l’élan impulsé par le premier plan d’action.

    Utilisons l’expérience acquise à l’automne 2014 pour renforcer le mouvement de résistance à venir ! Pourquoi ne pas organiser une concentration de militants début septembre destinée à appuyer la mobilisation vers le 7 octobre ? Des paquets de tracts et d’affiches pourraient y être massivement distribués parmi les militants afin d’appuyer leur travail de mobilisation. Les syndicalistes pourraient y discuter de la manière de mobiliser autour d’eux. Il a par exemple été remarquable de constater à quel point les actions de novembre-décembre étaient plus fortes dans les entreprises et institutions où la mobilisation avait été préparée par des assemblées du personnel, des actions de tractages et de sensibilisation,… Avec cette approche, nous pourrons assurer que la manifestation du 7 octobre soit non seulement une manifestation de masse, mais aussi un événement plus grand encore que la manifestation du 6 novembre 2014 (qui avait réuni entre 120 et 150.000 manifestants).

    Mais il nous faut également voir au-delà de cette date. Tout l’enjeu de cette manifestation doit être de lancer la dynamique d’un nouveau mouvement de masse aboutissant finalement à une nouvelle grève générale nationale. Les actions à venir doivent être discutées entre militants, à la base, et des revendications claires doivent être développées.

    Fin 2014, nous étions à deux doigts de la chute du gouvernement fédéral. Ce dernier n’a été capable de se ressaisir et de poursuivre sur sa lancée antisociale qu’en raison du refus des directions syndicales de donner le dernier coup de pouce. Par la suite sont arrivés un saut d’index, de nouvelles attaques contre les chômeurs et les services publics, le virage fiscal (tax-shift) est passé d’une mesurette destinée à finalement faire un peu contribuer les plus riches à une nouvelle occasion de donner au patronat des cadeaux payés par de nouvelles taxes sur le dos de la population. Il existe peu de soutien pour cette politique. La manifestation du 7 octobre doit constituer le début d’un nouveau mouvement capable de restaurer la confiance de pouvoir vaincre ce gouvernement et sa politique parmi des couches larges de la population.

  • A propos de l’allocation universelle – Comment garantir un revenu décent à tous ?

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    Près de 15% des Belges vivent sous le seuil de pauvreté, de très nombreux jeunes sont condamnés à des McJobs précaires,… Et pourtant, il n’y a jamais eu autant de millionnaires dans le pays. L’idée d’une redistribution des richesses rencontre un écho croissant, avec son lot de propositions pour la concrétiser. Dans le tas, il y a le ‘‘revenu de base inconditionnel’’ ou ‘‘allocation universelle’’.

    Le principe semble séduisant au prime abord: une somme forfaitaire est versée à chaque personne, qu’elle travaille ou non. Pour peu qu’on parle d’un revenu supérieur au seuil de pauvreté (1.047 euros par mois pour une personne isolée), ce serait une avancée significative pour nombre de pensionnés, de parents célibataires, de travailleurs intérimaires ou encore de chômeurs. Mais il y a anguille sous roche.

    Il faut d’abord se demander de quel montant on parle et qui en décide. Aujourd’hui, toutes les décisions politiques sont prises par le prisme des intérêts des grandes entreprises. C’est pourquoi les inégalités augmentent si fortement. L’ancien premier ministre de l’Etat allemand de la Thuringe est par exemple favorable au revenu de base, mais il propose une allocation de 420 euros par mois. On ne peut pas exactement parler de revenu décent… Même un montant plus élevé serait rapidement compromis par la hausse des prix. D’autre part, lier le salaire des travailleurs à un autre revenu déforce la lutte pour des augmentations de salaire (c’est-à-dire de revendiquer la juste part de ce que nous produisons). Le mythe néolibéral du ‘‘coût du travail’’ retentit plus fort que jamais.

    Cela nous conduit à la question du financement de cette proposition. Quand le politicien VLD et riche entrepreneur Roland Duchâtelet défendait l’allocation universelle, particulièrement à l’époque de son éphémère parti ‘‘Vivant’’, il était question d’un financement via augmentation de la TVA. Il existe bien entendu des propositions qui reposent sur une taxation des grosses fortunes. Cela exige un rapport de forces. À première vue, un revenu de base pourrait être de nature à renforcer l’unité entre travailleurs et chômeurs puisque, après tout, chacun commencerait à partir d’une base identique. Mais cela ne dit encore rien sur la pénurie d’emplois et le chômage et cela conforte même l’idée du chômage en tant que ‘‘choix personnel’’. La réalité est tout autre : tandis que certains se tuent à la tâche à des horaires et cadences infernales, d’autres cherchent désespérément un travail.

    Un troisième problème est dû au salaire des travailleurs. Un revenu de base pourrait être utilisé pour gommer les disparités de conditions de travail et de salaires de tous les travailleurs. Rendre une partie du revenu indépendante du salaire versé par le patron revient à accorder une énorme subvention à l’employeur dont le financement sera toujours sujet à une bataille sous le capitalisme. Les patrons essayeront toujours de réduire au maximum le salaire versé au-delà du revenu de base, tout comme ils essayent aujourd’hui de s’en prendre à nos salaires avec le saut d’index, la liaison du salaire à la flexibilité et à la productivité, etc. Le revenu de base sera de ce fait invoqué comme argument contre les augmentations de salaire, alors que le montant du revenu de base lui-même ferait partie de la lutte entre les travailleurs et leurs familles d’une part et les capitalistes de l’autre. Cela masque le point de départ de la production capitaliste, à savoir que toute valeur est le résultat de notre travail.

    L’idée d’un revenu de base a le mérite d’ouvrir la discussion sur la nécessité d’accorder à chacun un revenu décent. La petite élite de super-riches au sommet de la société n’a strictement aucun intérêt à accorder un revenu viable à la majorité de la population. L’inégalité est intégrée dans le code génétique de ce système et on ne peut pas y faire face avec des mesures cosmétiques. Sans exiger la propriété publique des moyens de production, la collectivité ne pourra pas contrôler l’utilisation des ressources et richesses existantes.

    Cela signifie-t-il pour autant que nous devons attendre l’arrivée d’un autre système pour obtenir un salaire décent? Certainement pas. Nous nous battons, avec d’autres, pour une semaine de travail plus courte, pour une redistribution du travail disponible à 30 heures par semaine, sans perte de salaire et avec réduction des cadences. Nous défendons les augmentations de salaire et appelons à un salaire minimum général de 15 euros par heure. La pension minimum devrait s’élever à 1.500 euros par mois, les allocations de chômage au moins 1200 euros par mois.

    Ces revendications sont de nature à accorder à chacun un revenu décent, sans masquer les causes des inégalités. Notre programme est basé sur la position des travailleurs dans le processus de production, ce qui est nécessaire en raison du fait que c’est le mouvement des travailleurs qui constitue la force fondamentale pour parvenir à un changement de société, par la lutte de masse contre ces rapaces capitalistes qui condamnent un groupe croissant de personnes à la misère et à la pauvreté.

  • Magnette & le PS: tel un phénix qui renaît de ses cendres ?

    La social-démocratie belge et européenne est en crise historique. C’est Paul Magnette, Ministre-Président wallon, qui le dit lui-même dans les toutes premières phrases de son livre ‘‘La gauche ne meurt jamais’’ sorti fin mai. En Belgique, il vrai, cela faisait très longtemps que le PS ne s’était plus retrouvé dans l’opposition au fédéral (1988…), attaqué à sa droite par le gouvernement Michel et à sa gauche par le PTB ainsi que par une fraction de la FGTB. Un des derniers sondages d’Ipsos montre des intentions de vote en baisse pour le PS, à 27% en Wallonie et 19% à Bruxelles(1).

    Par Cécile (Liège)

    Dans ce contexte, le livre de Magnette fait suite au grand ‘‘chantier des idées’’ lancé par un PS qui tente de se redéfinir et qui est secoué par des tensions internes (liées à la réélection de Di Rupo et aux critiques à propos de la bureaucratisation et à l’embourgeoisement du parti(2)). Si l’idée est, selon Di Rupo, de ‘‘redonner la parole aux militants’’, il s’agit surtout de resserrer les rangs parmi ces derniers et chez les délégués syndicaux.

    Selon Magnette, la social-démocratie a besoin d’un ‘‘retour aux grandes idées’’. Selon lui, le PS n’est adepte ni de la troisième voie, ni du centre. La gauche ne doit pas courir après la droite, selon ses termes, mais ne doit pas non plus tomber dans le radicalisme. S’il accorde son soutien à Syriza en Grèce, il décrédibilise toute alternative anticapitaliste en Belgique. Il s’attaque là frontalement au PTB, qu’il dénonce comme du populisme de gauche utilisant des campagnes publicitaires et des slogans simplistes. S’il n’a peut-être pas tout à fait tort, cela est un peu court pour rejeter toute alternative à la prétendue ‘‘gauche’’ de Magnette & Co et pour décrédibiliser l’ensemble des courants politiques et des couches de la population qui veulent sortir du mode de production capitaliste.

    ‘‘Comment continuer à faire vivre des idées de gauche?’’ se demande Magnette. Selon lui, le contexte économique actuel n’est plus favorable aux idées progressistes que le socialisme défend comme l’égalité, la justice fiscale ou la diminution collective du temps de travail. Le hic, c’est que les politiques appliquées par le PS depuis des décennies ont elles aussi contribué à la création de ce grand contexte économique tant déploré par Magnette… Le bourgmestre de Charleroi déclare également que ‘‘l’on ne peut pas se contenter (…) de luttes contre les discriminations qui ne s’attaquent pas à l’ordre social intrinsèquement inégalitaire dont elles sont issues’’ (3) N’est-ce pas pourtant exactement la politique qui a été appliquée dans sa ville en 2013 avec le nouveau règlement de la mendicité visant à disperser les mancheurs et à interdire la mendicité le dimanche (4)? C’est là toute la différence entre des ‘‘idées’’, un discours et un programme politique fort et sérieux, qui met réellement en place les structures dans la société pour que ces idées puissent exister et se réaliser concrètement. Son livre commence par le constat d’une social-démocratie réformiste en crise. On en est encore plus convaincu après l’avoir lu.

    Détail piquant; un millier de manifestants en front commun étaient dans la rue à Namur le jour même de la parution du livre, le 28 mai dernier, afin de dénoncer l’austérité dans la fonction publique de la Région wallonne. ‘‘Même si c’est Magnette qui est ici chez nous, on est quand même dans l’austérité’’ constatait un manifestant rappelant ainsi que les termes de ‘‘rigueur’’ (cher au PS) et ‘‘d’austérité’’ ont la même signification pour les travailleurs.

    Ils n’ont donc pas manifesté avec le livre de Paul sous le bras…

    (1) http://www.rtbf.be/info/belgique/detail_sondage-le-ps-fait-la-grimace-le-mr-sourit-et-maggie-de-block-rit?id=8896349
    (2) http://www.lalibre.be/actu/politique-belge/di-rupo-assure-que-le-ps-se-porte-bien-54e9dad135701001a1df5084
    (3) Magnette, La Gauche ne Meurt Jamais, p.44
    (4) http://www.lesoir.be/250915/article/actualite/regions/hainaut/2013-05-28/charleroi-mendiants-devront-changer-commune-tous-jours

  • Espagne : après la percée de la gauche aux élections locales, vers un nouveau front de résistance contre l’austérité ?

    adacolau-300x160C’est une réalité: Barcelone, Madrid et d’autres importantes villes d’Espagne disposent de nouvelles mairies constituées autour de listes de confluence de gauche. Le cycle des mobilisations sociales et des travailleurs de ces dernières années – initié par le mouvement des Indignés en 2011et par les 3 grèves générales de 24h de 2012 et 2013 – s’est reflété pour la première fois dans les résultats électoraux le 24 mai dernier. La crise politique du capitalisme espagnol s’approfondit, l’establishment aura beaucoup de difficultés à garder la situation sous contrôle pour poursuivre sa politique d’austérité et de reculs sociaux. De nouvelles possibilités s’ouvrent pour les travailleurs et la jeunesse, une nouvelle période s’ouvre pour la lutte des classes.

    Par Marisa (Bruxelles)

    Depuis la fin de la dictature, le système politique espagnol était dominé par les deux grands partis, le PP (droite) et le PSOE (social-démocratie). Aucun des deux n’a hésité à appliquer des coupes budgétaires (notamment dans l’éducation et la santé) ainsi que des contre-réformes de la législation du travail et du système des pensions, ce qui a fortement diminué le niveau de vie de la majorité de la population. Après les élections de mai dernier, la représentation de ces deux partis est tombée à 52% des voix, alors que leurs résultats combinés atteignaient auparavant les 80%. Le coup a été spécialement rude pour le PP qui a perdu le pouvoir dans nombre de ses fiefs. Il a également perdu sa majorité absolue dans toutes les régions. Le PSOE continue lui aussi à reculer.

    Aux régionales, Podemos a engrangé de bons résultats en se hissant généralement à la troisième place. Izquierda Unida (Gauche Unie) a par contre perdu sa représentation dans 4 des 8 parlements régionaux. Le soutien à des options alternatives de gauche a nettement augmenté aux élections municipales qui se déroulaient en même temps. Barcelone, Madrid, La Corogne, Cadrix, Saragosse et d’autres villes importantes disposent maintenant d’autorités municipales constituées à partir des candidatures dites “d’unité populaire”.

    Les listes d’ “unité populaire”

    Ces listes étaient des alliances de partis de gauche et d’activistes des mouvements sociaux. Il s’agissait de fronts unis sur base d’organisations de gauche (Podemos, Izquierda Unida ou son aile gauche, écologistes de gauche et, parfois, des formations de gauche indépendantiste comme la CUP en Catalogne et Anova en Galice), de syndicalistes, d’activistes contre les expulsions de maisons, de militants antiracistes, etc. Même si ces listes sont parfois associées à Podemos, elles avaient un profil indépendant. Ces listes étaient clairement considérées comme les émanations de la résistance de gauche contre l’austérité.

    Elles sont parvenues à occuper un vide politique qui n’était pas rempli par les organisations traditionnelles des travailleurs tout en attirant de nouvelles couches d’activistes issues des mouvements sociaux. En général, leurs programmes reposaient sur une opposition aux coupes budgétaires, sur la défense d’un audit démocratique de la dette publique municipale et de l’accès à l’eau ainsi qu’à l’énergie pour les plus démunis, sur le rejet des expulsions des maisons et sur d’autres exigences actuelles des mouvements sociaux et des travailleurs.

    Ce qui est clair, c’est que les listes de confluence de gauche ont obtenu de meilleurs résultats au niveau local que ceux obtenus par Podemos, qui s’est présenté seul aux régionales. Le cas le plus visible de cette tendance est à Madrid. La liste de confluence de gauche “Ahora Madrid” (31,85%) a remporté 230.000 voix de plus aux élections locales que la liste de Podemos (17,73%) aux élections régionales pour la même circonscription.

    Coalitions ou gouvernements de gauche minoritaires ?

    Malgré ces magnifiques victoires, aucune de ces listes de confluence de gauche n’a gagné de majorité absolue, élément qui ajoute une dose d’instabilité sur une carte politique très fragmentée. La question qui se pose maintenant pour ces nouveaux gouvernements de gauche locaux est la manière d’instaurer une politique favorable aux intérêts de la majorité en tenant compte de sa position minoritaire. Dans plusieurs endroits se pose donc la question de constituer des coalitions avec d’autres partis, y compris le PSOE social-démocrate. Pour Socialismo Revolucionario (SR, section du Comité pour une Internationale Ouvrière dans l’Etat espagnol et organisation-sœur du PSL) cette discussion doit démarrer du programme et de la nécessité d’appliquer une politique de rupture avec l’austérité.

    L’expérience la plus récente d’une coalition unissant Izquierda Unida et le PSOE, en Andalousie, a abouti à un gouvernement régional qui a lui aussi appliqué l’austérité, à un rythme plus lent il est vrai. Izquierda Unida a reçu une sévère correction lors des dernières élections andalouses pour s’être compromis dans cette politique antisociale. La loyauté du PSOE dans l’application de la politique austéritaire exigée par la classe dominante rend impossible de conclure un accord de gouvernement avec lui pour instaurer des mesures sociales. Socialismo Revolucionario appelle à la formation de gouvernements locaux minoritaires (ne disposant pas de majorité au conseil municipal) avec les forces réellement engagées dans la défense d’un programme anti-austérité et qui se basent sur la mobilisation sociale pour le défendre.

    Que faire avec une mairie de gauche ?

    La liste de confluence de gauche “Barcelona en Comú” a soutenu la grève illimitée des techniciens de Movistar pour l’amélioration de leurs conditions de travail. Cet exemple est très significatif et illustre le potentiel d’un gouvernement de gauche pour renforcer la visibilité des luttes des travailleurs et de la jeunesse. Tant à Madrid qu’à Barcelone, les listes d’unité populaire ont pour priorité des mesures destinées à paralyser les expulsions des maisons, en admettant que celles-ci ne pourront pas toutes respecter le cadre légal.

    Il est vrai qu’il y a des limites pour stopper les expulsions à partir des autorités municipales. C’est pourquoi un gouvernement de gauche, même en position minoritaire, devrait mobiliser et chercher à s’attirer un soutien actif dans la société pour créer un rapport des forces favorable. Il pourrait par exemple déclarer sa ville “zone libre d’expulsions”, boycotter les banques responsables et mobiliser un soutien massif de la population (par une combinaison de manifestations, d’actions, d’assemblées,…). Cela pourrait forcer les autorités et la police locale à rejeter indéfiniment l’application des expulsions. La pression publique et la désobéissance civile de masse ainsi générées permettraient à un gouvernement de gauche de faire face à toute contestation juridique.

    Le problème ne se limite toutefois pas à la paralysie des expulsions, il faut aussi créer des logements abordables. Un plan d’investissement massif de construction de logements sociaux publics pourrait résoudre le manque de logements tout en instaurant une pression à la baisse sur les loyers. Cela rentrerait évidemment en confrontation avec les coupes budgétaires imposées par le gouvernement du PP et par la “loi de stabilité budgétaire” qui empêche tout déficit au niveau local. Pour pouvoir investir dans la création d’emplois et améliorer le niveau de vie de la majorité, des mesures comme la désobéissance budgétaire et le refus du paiement de la dette municipale sont nécessaires. L’organisation et la mobilisation sociale pourraient forcer les partis pro-austérité à reculer.

    La répétition du même exemple dans plusieurs villes et villages pourrait poser les bases pour un front de résistance qui désobéirait aux obligations légales et aux coupes budgétaires imposées par les gouvernements central et régionaux, de la même façon que 19 mairies en Grèce avaient refusé d’appliquer une loi qui imposait le licenciement de milliers de travailleurs municipaux. Un réseau national de villes rebelles pourrait servir de préparation à la création d’un front uni à la base, incluant entre autres Podemos et Izquierda Unida, pour lutter en faveur d’un gouvernement central de gauche anti-austéritaire pour les prochaines élections générales qui auront lieu à la fin de cette année.


    Une politique basée sur les travailleurs : l’exemple de Liverpool 1983-1987

    liverpoolRompre avec la logique austéritaire dans une municipalité, c’est possible! A Liverpool, dans les années ‘80, la majorité du parti travailliste était sous l’influence du groupe “Militant”, qui deviendra ensuite le Socialist Party. Les travaillistes avaient remporté les élections en promettant d’en finir avec la politique de Thatcher, qui voulait imposer une austérité sauvage dans les localités, et de répondre aux aspirations de la majorité sociale. Ce fut respecté, notamment via de grandes mobilisations organisées par le conseil et le mouvement des travailleurs. En mars 1984, une grève de 24 heures a été menée par les 30.000 employés municipaux avec une manifestation qui a réuni 50.000 participants… pour soutenir le vote du budget des autorités municipales ! Le conseil de Liverpool a lancé la construction de milliers de logements sociaux, ce qui a conduit à la création de 6.500 emplois dans le secteur du bâtiment, a réengagé du personnel communal,… En raison de son isolement et de l’absence de tout soutien de la part de la direction du parti travailliste, le conseil municipal socialiste de Liverpool est tombé et le gouvernement de droite de Thatcher a pu lancer sa contre-offensive de manière totalement antidémocratique.

  • [PHOTOS] Un camp d'été pétillant, un dynamisme rafraîchissant

    L'impact de l'automne chaud marqué par la lutte contre le gouvernement Michel a été très clairement ressenti lors de l’édition 2015 de notre camp d'été, qui s’est déroulée du 1er au 6 juillet à Balen, près de Mol. Nous ne parlons pas ici uniquement de la météo – les visites à la piscine ont été bien nécessaires – mais surtout du fait que de nombreux jeunes ont fait connaissance avec la force potentielle du mouvement organisé des travailleurs. Les actions auxquelles nous avons pris part et dans lesquelles nous avons pu jouer un rôle, notamment parmi les étudiants du secondaire mais aussi du supérieur à Gand, visaient à renforcer l'action des syndicats. Ce lien entretenu avec le mouvement des travailleurs a renforcé notre travail parmi la jeunesse. Le résultat était évident dans le dynamisme rafraîchissant qui fut présent tout au long de ce camp.

    Les nombreuses discussions ont porté sur la formation politique ainsi que sur l’évaluation de nos campagnes menées l'année écoulée afin de mieux nous préparer pour les combats des mois à venir. Les formations ont portés sur des thèmes tant historiques qu’actuels, sur fond de campagne en Grèce pour le «NON» au référendum, dont nous avons pu suivre les résultats le dimanche sur grand écran tout juste avant une fête des plus mémorables… Quelque 90 personnes ont participé au camp, dont essentiellement une cinquantaine de jeunes.

    Photos : Nico

    => Tract de nos campagnes d’été

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