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  • Il est temps de changer de système !

    8 riches possèdent plus que les 3,6 milliards les plus pauvres !

    L’année dernière, il fallait encore un autobus pour embarquer les 62 multimilliardaires qui possédaient autant que la moitié la plus pauvre de la population mondiale. Leurs rangs se sont bien éclaircis depuis lors. Deux taxis suffisent aujourd’hui pour transporter ces 8 personnes. Ne croyez pas que quelques super-riches sont soudainement devenus beaucoup plus pauvres. Ce résultat, c’est celui d’une plus grande concentration des richesses alors que les dettes des plus pauvres avaient été précédemment sous-estimées dans cette étude annuelle de l’ONG Oxfam. En Belgique, les inégalités sont également très fortes : l’un des Belges les plus riches, Albert Frère, possède à lui seul plus que les 2,2 millions de Belges les plus pauvres ensemble !

    Par Geert Cool // Cet article est tiré de l’édition de février de Lutte Socialiste, abonnez-vous !

    Oxfam est particulièrement virulent: ‘‘Les grandes entreprises, en particulier celles qui prennent part à la réunion au sommet qui a lieu cette semaine à Davos, jouent un rôle majeur dans le fossé qui se creuse. Les ultra riches utilisent un réseau de paradis fiscaux pour éviter de contribuer, ils tirent les salaires de leurs employés et les prix qu’ils paient aux producteurs vers le bas, et diminuent les investissements dans leurs entreprises. Ils utilisent leurs relations pour veiller à ce que la politique gouvernementale soit en leur faveur’’. Pourquoi donc s’en prendre partout à nos conditions de vie alors que 8 super-riches à peine pèsent, réunis, quelques 426 milliards de dollars? Précisément pour les enrichir encore plus…

    Ces inégalités ont des conséquences politiques. Oxfam explique : ‘‘Du Brexit à l’élection de Donald Trump, en passant par la montée préoccupante du racisme ou la défiance vis-à-vis des partis traditionnels et de la politique, il apparaît de plus en plus clairement qu’un nombre croissant de personnes dans les pays riches n’acceptent plus ce statu quo. Pourquoi en serait-il autrement, alors même que, d’expérience, cela n’aboutit qu’à une stagnation des salaires, des emplois précaires et un fossé croissant entre les riches et les plus démunis? Le défi consiste à proposer une alternative positive qui n’exacerbe pas les divisions.’’

    Selon un sondage réalisé par le journal Le Soir (9 janvier), 74% des Belges ont l’impression que l’élite les laisse tomber, 62% estiment que le système va droit dans le mur et 49% pensent que l’Etat abandonne les gens comme eux à leur sort. La confiance dans le Parlement a diminué de 26% à 12% en 20 ans. Les médias ne font pas beaucoup mieux en passant d’un taux de confiance de 42% à 21%. Selon cette étude, en l’absence de résistance collective, les gens se replient sur eux-mêmes, ce qui a pour conséquence qu’ils sont de plus en plus négatifs à l’égard, notamment, des immigrés et des réfugiés. ‘‘C’est une guerre entre pauvres’’, résume ainsi un médecin prépensionné dans les pages du Soir.

    A la base de tout ce mécontentement, on ne trouve pas l’arrivée de réfugié syriens ou afghans mais plutôt la faillite de ce système à pouvoir offrir de bonnes perspectives d’avenir à de larges couches de la population. Les chiffres parlent d’eux-mêmes: en 2015, pas moins de 138.000 personnes avaient dû faire appel aux banques alimentaires dans ce pays, 1 enfant sur 5 vivait dans la pauvreté. Rien qu’en Flandre, ce sont plus de 10.000 familles qui sont expulsées de leur foyer chaque année… Le gouvernement s’acharne à appliquer une politique qui frappe plus durement les plus démunis. L’année 2017 avait à peine commencé qu’un saut d’index pour les allocations familiales et pour les moyens alloués à l’enseignement primaire et secondaire avait été annoncé en Flandre.

    Les critiques d’Oxfam sont accablantes pour le capitalisme. L’inégalité est inhérente à ce système. Il ne s’agit pas d’une petite erreur ou de quelques excès, le système entier repose sur la défense des intérêts d’une infime élite. Ces intérêts sont sauvegardés grâce à la propriété privée des secteurs-clés de l’économie et au pouvoir politique qui y est lié. Ils ont l’argent et le pouvoir, c’est vrai, mais nous avons la force du nombre, et c’est colossal.

    S’il n’est pas organisé dans une lutte collective pour le changement et le progrès social, le mécontentement conduit à la frustration. Nous avons besoin de dirigeants syndicaux qui organisent la lutte et d’une gauche qui non seulement dénonce les inégalités du capitalisme et la misère qui en découle, mais qui ose également proposer des solutions socialistes. Si nous ne nous engageons pas dans la lutte collective pour une rupture avec le gouvernement de droite et les politiques d’austérité en général, nous laissons alors le débat politique à ceux qui n’ont que la détresse à offrir.

    L’étude d’Oxfam confirme que nous disposons d’assez de moyens pour que chacun puisse bénéficier d’une vie décente. Pensons seulement aux milliers de milliards d’euros cachés dans les paradis fiscaux. Pourquoi attendre ? Pourquoi ne pas commencer dès maintenant à nous battre pour un système différent? L’élite capitaliste ne renoncera pas volontairement à son pouvoir. Nous devons nous organiser et nous confronter à l’élite. Comme l’étude d’Oxfam le confirme également, nous avons la force de notre nombre. Rejoignez le PSL!

  • Scandale Publifin/Nethys. C’est notre argent, pourquoi n’en avons-nous pas le contrôle ?

    Le chercheur en sciences politiques François Gemenne (ULg) n’y est pas allé de main morte en qualifiant sur la RTBF la structure Publifin-Nethys de ‘‘mafieuse’’ : ‘‘C’est un système de nature mafieuse car il fait la loi lui-même, il distribue de l’argent à tout le monde pour que personne ne pose de questions.’’ Et de l’argent, il en est effectivement beaucoup question, jusqu’à en donner le tournis. Et c’est le nôtre.

    Article tiré de l’édition de février de Lutte Socialiste

    Publifin (anciennement Tecteo) est une société coopérative intercommunale ayant entre autres à charge Nethys, VOO, l’intercommunale Liégeoise de l’électricité et du gaz, les éditions de l’Avenir, etc. En bref, il s’agit d’une boîte énorme (entre pouvoir public et privé) dont le chiffre d’affaire consolidé officiel s’élèverait à 759,1 millions d’euros. Son capital est détenu à 52% par la province de Liège et à 47% par 76 communes.

    Le scandale a tout d’abord commencé par les révélations concernant la générosité de l’intercommunale vis-à-vis des 31 membres (CDH, MR et PS) de ses quatre comités de secteur : 1.340 à 2.871 euros bruts par mois pour des réunions peu fréquentes, non-obligatoires et seulement consultatives (à l’intérêt douteux, donc). Au final, le coût de ces salaires exorbitants s’élève à 2,5 millions d’euros et, au vu de l’irrégularité des réunions, représenterait un bénéfice pouvant aller jusqu’à 516 euros la minute de réunion.

    Bien que parfaitement légal, c’était déjà problématique, surtout en ces temps d’austérité. Mais les choses se sont emballées, les révélations fracassantes ont succédé aux révélations fracassantes. Il a ainsi été révélé que Daniel Weekers, le ‘‘conseiller stratégique’’ de Stéphane Moreau, CEO de Nethys et bourgmestre (PS) d’Ans, gagne 50.000 euros bruts par mois, ce à quoi s’ajoute encore diverses primes et avantages. Une belle somme, qui revient chaque année à 600.000 euros et qui équivaut à plus du double du salaire du premier ministre. Une source anonyme a expliqué au quotidien L’Echo que pour pareil rémunération, ‘‘il travaille 10 heures par semaine’’.

    Stéphane Moreau ne pouvait bien entendu pas être en reste. Toujours selon L’Echo, il toucherait quelque 80.000 euros bruts par mois, soit 960.000 euros bruts par an ! A cela s’ajoute encore, notamment, son salaire de bourgmestre de 80.000 euros. D’autre part, Nethys aurait distribué 4,4 millions d’euros à ses administrateurs, parmi lesquels huit politiques (six mandats PS, un MR et un cdH) en 2014 et 2015 seulement. Et ce ne sont là que quelques exemples…

    Et maintenant ?

    Quand le scandale de ‘‘La Carolo’’ a éclaté en 2005 à Charleroi, tous les politiciens établis ont fait part de leur indignation. Elio Di Rupo avait déclaré, la main sur le cœur : ‘‘Je ne veux plus des parvenus. Je les traquerai moi-même, j’en ai marre des parvenus. Il n’y a pas de place pour les parvenus au parti socialiste’’. Les équipes de com’ d’Elio et les autres peuvent s’économiser pas mal de boulot en reprenant aujourd’hui les déclarations de l’époque… Avec la crise économique, ce fut la même chose : tout le monde parlait de s’en prendre aux banques et au monde de la finance, de ‘‘moraliser le capitalisme’’, etc. Au final, rien n’a changé. Business as usual.

    Dans ces deux exemples, un seul constat s’impose : on ne contrôle pas ce qu’on ne possède pas. En finir avec la dictature de la finance implique de lutter pour la collectivisation du secteur financier. En finir avec les pratiques de Moreau & Co (tout à fait légales jusqu’ici, à la différences de ‘‘La Carolo’’) – et assurer que les autorités publiques œuvrent réellement au bien-être de la collectivité – signifie que les propriétés d’Etat doivent être effectivement contrôlées et gérées par les travailleurs et les usagers et non tout simplement fonctionner comme des entreprises privées dans lesquelles des institutions sont simplement actionnaires.

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    Modération salariale pour les uns… et vraiment pas pour les autres

    Voici ci-dessous quelques salaires de politiciens et de CEO d’entreprises publiques. Selon nous, un représentant des travailleurs doit gagner l’équivalent du salaire des travailleurs. C’est ainsi que Paul Murphy, député membre de notre parti-frère irlandais, ou Kshama Sawant, notre camarade élue à Seattle, reversent une bonne partie du salaire qu’ils reçoivent des autorités pour des campagnes locales, des fonds de solidarité,… La meilleure manière d’éloigner les parvenus, c’est encore de supprimer les privilèges. Pour cela, il nous faut lutter pour un gouvernement pour et par les travailleurs.

    • • Premier ministre : 227.000 euros par an / Vices-Premiers : 227.000 euros / Ministres : 223.000 euros / Secrétaires d’Etat : 212.000 euros
    • Elio Di Rupo : Bourgmestre de Mons : 122.501,14 euros par an
    • Dominique Leroy : CEO de Proximus : 799,175 euros par an
    • Jan Smets : CEO de la Banque nationale : 478.514 euros par an
    • Jean-Paul Philippot : CEO de la RTBF : 295.000 euros par an
    • Johan Decuyper : CEO de Belgocontrol : 204.380 euros par an
    • Luc Lallemand : CEO Infrabel : 303.171 euros par an
  • Construire un mur de protestation contre Trump et le populisme de droite

    L’élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis ne manquera pas d’avoir de profondes conséquences à travers le monde. Nous avons déjà largement analysé le résultat de son élection sur socialisme.be et ailleurs dans ce journal. Nous abordons ci-dessous quelques questions-clé.

    Article d’Eric Byl

    Trump a été élu démocratiquement, ne devons-nous pas respecter la volonté du peuple américain ?

    Seule la moitié des électeurs américains a participé au vote. Un quart des électeurs ont voté pour Trump, un bon million de voix de moins que pour Clinton, mais Trump a bénéficié de plus de vote de la part de grands électeurs. En dehors de ça, les élections sont aujourd’hui en grande partie déterminées par l’accès aux médias et à la publicité, ce qui nécessite des réseaux influents et beaucoup d’argent. Elles ne donnent qu’un reflet très déformé de la “volonté du peuple”. Cela vaut pour chaque pays capitaliste mais à fortiori pour les USA.

    Trump est richissime et Clinton a bénéficié du soutien de Wall Street. Bernie Sanders, en revanche, a récolté pas moins de 220 millions de dollars sans que le moindre cent ne provienne des grandes entreprises. Les primaires démocrates ont dû être falsifiées pour le mettre hors course. Tout indiquait que Sanders aurait gagné sans difficultés contre Trump. Selon l’agence de presse Reuters, le jour des élections, 72% des électeurs interrogés voulaient mettre fin au pouvoir des riches ! C’est Sanders qui reflétait le mieux cet état d’esprit et Clinton le moins. En l’absence de Sanders, le milliardaire Trump a pu s’ériger en unique candidat anti-système toujours en course.

    Trump est raciste et sexiste mais ne va-t-il pas désormais prendre des atours “présidentiels” ?

    Il est vrai que directement après son élection, Trump a adopté un ton plus conciliant, mais pour qui ? Sa promesse de supprimer la minime régulation du secteur bancaire est un cadeau offert à Wall Street. La diminution d’impôts de 5.500 milliards de dollars reviendrait à 83% pour les 20% les plus riches et à 50% pour le 0,1%. Clinton n’était plus menacée de prison et est soudain devenue une “digne adversaire”. En bref, Trump veut se réconcilier avec Wall Street, les Clinton et le 1% au sommet de la société.

    Parallèlement, il a reconfirmé son intention de construire un mur à la frontière mexicaine, il veut remettre en cause le droit à l’avortement et déporter trois millions de sans-papiers ces deux prochaines années. Pour que tout doute soit levé, il a nommé Steve Bannon chef de sa stratégie. Bannon est issu de cette vielle droite qui prône un conservatisme de droite dure, la suprématie blanche, l’antisémitisme, le sexisme et l’homophobie. Bannon traîne aussi derrière lui une accusation de violence conjugale.

    Est-ce positif que Trump veuille revoir l’ALENA, le TPP et le TTIP ?

    Trump a, en effet, promis, en contradiction avec ses prises de positions antérieures, de récupérer des entreprises sur le sol américain. Pour cela, il veut revoir ou révoquer des accords commerciaux et faire condamner la Chine pour manipulation des cours de change au risque de lancer des guerres commerciales. Je suis curieux de voir si les choses en arriveront là. Si les Républicains doivent se focaliser sur une chose, c’est bien de mettre Trump au pas dans ce domaine.

    Mais même si Trump voulait renoncer à l’ALENA (accord de libre-échange nord-américain), au TPP (accord de libre-échange transpacifique) et/ou au TTIP (accord de libre-échange transatlantique), ce ne serait pas pour brimer le règne des multinationales et donner à la collectivité son mot à dire concernant l’économie et encore moins lui en donner le contrôle. Tout comme le libre commerce sous le capitalisme implique la casse des conditions de travail et des salaires, le protectionnisme de Trump servira aussi l’intérêt des 1% les plus riches.

    Trump n’est-il pas moins belliqueux que Clinton et Obama?

    Trump souhaite entretenir de meilleures relations avec Poutine de même qu’avec le président Nord-Coréen et remettre en question l’article 5 de l’OTAN qui stipule qu’une attaque contre un Etat-membre constitue une attaque contre tous. Cela peut donner l’impression que Trump est moins belliqueux que Clinton ou Obama. Ne nous faisons pas d’illusions, n’oublions pas non plus que Trump soutient avec enthousiasme la colonisation de la Cisjordanie et le régime de Netanyahu tandis qu’il veut dénoncer l’accord sur le nucléaire avec l’Iran. Trump prétend qu’il ne voudra jamais être le premier à utiliser une bombe atomique mais son budget de défense est plus qu’un cadeau au complexe militaro-industriel. Maintenant que l’hégémonie des USA est en déclin, il veut “ rendre sa grandeur à l’Amérique”. C’est le discours de dirigeants autoritaires comme Poutine et Erdogan qui n’ont pas vraiment fait progresser la paix. De plus, Trump incite les Etats-membres de l’OTAN à accroître leurs propres dépenses militaires. Toute sa politique rend la perspective de conflits armés plus proche.

    Renforcement de la droite populiste ou fouet de la contre-révolution ?

    Il n’y a pas d’action sans réaction. L’élection de Trump est une catastrophe. Il veut supprimer l’assurance-maladie obligatoire, limiter les prêts pour les études, dénoncer les accords sur le climat et autoriser l’exploitation de réserves naturelles. La droite populiste en Europe se sentira renforcée et ira à l’offensive avec plus de confiance en elle.

    Pour la bourgeoisie internationale, ce n’est pas le premier choix, tout au plus l’unique échappatoire possible maintenant que les partis traditionnels perdent toute crédibilité du fait de leur politique néolibérale incessante de casse sociale et d’augmentation des inégalités. Elle est cependant consciente de la faiblesse et du manque de perspective de son système, du désordre que la droite populiste va laisser derrière elle et de la force potentielle du mouvement ouvrier. C’est précisément pour cela qu’elle craint l’arrogance et les provocations de la droite populiste. Cela peut ériger un mur de protestation et dans ce processus, le soutien massif pour des conceptions socialistes pourra être reconstruit.

  • Pour le gouvernement, mieux vaut la guerre qu’une santé de fer!

    Depuis le début de son mandat, le gouvernement donne le ton. La politique néolibérale avec son lot d’austérité frappera tant qu’elle le peut. Tant qu’il n’y aura pas de mouvement organisé et déterminé des travailleurs, un boulevard continuera d’être tracé au bulldozer sans épargner rien ni personne.

    Par Laure (Bruxelles)

    Dans cette avalanche austéritaire, le gouvernement a décidé, entre autres, de saigner à blanc les soins de santé. Ce service public tel que nous le connaissons risque, comme les autres, de peu à peu disparaitre. L’objectif est clair : faire plus avec moins. Il s’agit de sabrer les dépenses publiques à hauteur de près d’un milliard d’euros.

    Notre ministre de la santé ne manque pas d’humour puisqu’elle parle d’économies réalisées au scalpel et non à la hache ! Nous voilà rassurés, il s’agit d’inciser précisément, non de charcler comme des sauvages… Pourtant le résultat, lui, sera de toute évidence bien sanglant.

    Ces économies pèseront, une fois de plus sur les couches de la population les plus affaiblies, puisqu’il s’agit, entre autres, de demander aux allocataires d’indemnité maladie d’aller travailler et de ponctionner la sécurité sociale à hauteur de 144 millions d’euros… Mais rassurez-vous, il y en aura pour tout le monde !

    Dans ce plan, personne n’est épargné. Le ticket modérateur ainsi que l’indexation des honoraires sont visés et les hôpitaux publics sont invités à adopter un régime imposé à hauteur de plusieurs millions d’euros également. De cette façon, le personnel soignant devra faire encore davantage malgré les burn-out et les pénuries criantes sans cesse dénoncées par les divers acteurs de terrain.

    C’est ainsi que l’on se dirige progressivement vers un accès aux soins de santé toujours plus restreint pour l’ensemble de la population, une pénibilité au travail intenable pour le personnel soignant et une dégradation sévère de la qualité des soins prodigués dans le public. Bientôt, travailler dans le public relèvera de l’exploit et se faire soigner ne sera pas seulement inaccessible pour la minorité la plus précarisée, mais pour l’ensemble des travailleurs et de leurs familles.

    Le gouvernement prévoit par contre d’acheter des navires de guerre (4 frégates et 12 chasseurs de mines) qui couteront pas moins de 2 milliards d’euros à l’État ! Si on ajoute à cela les 15 milliards que coûteront les avions de chasse bombardiers que le gouvernement souhaite acquérir, on peut bien comprendre qu’il va falloir se serrer la ceinture.

    Michel et sa bande ont un sens des priorités, mais il ne va pas dans celui de nos intérêts. Ils préfèrent investir dans le commerce de la mort plutôt que dans l’amélioration de nos conditions de vie. Pensons à toutes les perspectives d’amélioration de notre bien-être que pourraient offrir les possibilités technologiques actuelles ! Mais elles sont bridées par la logique même de ce système.

    Des milliards sont dédiés à des machines de destruction massive, d’autres passent dans les poches des grandes entreprises et des grands actionnaires sous la forme de cadeaux fiscaux ou encore profitent du laxisme fiscal du gouvernement pour atterrir au Panama ou dans d’autres paradis fiscaux. Et si tout cela était consacré à nos services publics ? À leurs gratuités, à leurs améliorations et à leurs extensions ? Imaginer ce que nous pourrions ainsi réaliser donne le tournis.

    Pour parvenir à arracher pareil résultat, il est urgent de nous organiser et de nous mobiliser pour stopper ce massacre et virer ceux qui l’orchestrent ! Cela implique de vaincre l’austérité en renversant le système capitaliste. Les richesses et les capacités technologiques existent pour assurer à chacun une vie épanouie et de qualité. Mais il faut les retirer des mains des rapaces richissimes qui bloquent l’évolution de l’humanité pour satisfaire leur avidité.

  • Italie : Renzi subit une cuisante défaite et démissionne

    Sa démission ouvre aux travailleurs et aux jeunes l’opportunité de lutter pour un meilleur avenir

    En janvier 2014, le jour de l’entrée en fonction de Matteo Renzi, nous écrivions qu’il s’agissait là du début de la fin pour le chef du Parti démocrate (PD), à qui rien ne semblait alors pouvoir résister dans sa marche vers la gloire. Le résultat du référendum constitutionnel, qui a vu Renzi être battu par près de 60%, ne montre pas tant notre clairvoyance que l’absence totale de prévoyance de la part de la classe dirigeante italienne. Cette dernière s’est reposée sur un dirigeant qui s’est avéré n’être qu’une voiture sans freins, destinée à s’écraser tôt ou tard. C’est ce qui s’est produit ce 4 décembre lorsque les Italiens ont envoyé un message clair et fort non seulement au gouvernement et au Premier ministre mais aussi à toute la classe politique, y compris ceux qui étaient du côté du «non».

    Editorial de ‘Resistenze’, mensuel de ControCorrente (CIO-Italie)

    Comme l’a écrit «Sole24Ore» (le journal des industriels et des financiers) au lendemain du vote, ceux qui ont voté «oui» étaient principalement des retraités et des personnes issues des couches supérieures et moyennes de la société. Ce sont les travailleurs et les jeunes précaires qui ont porté le coup solennel au gouvernement, alors qu’ils étaient précisément au cœur de la rhétorique du gouvernement ces trois dernières années. 81% des personnes âgées de 18 à 35 ans ont voté «non». L’establishment pensait qu’il serait possible de surmonter la vague de colère sociale en se contentant de briller aux émissions télévisées, en promettant quelques euros aux couches les plus pauvres de la société, en prédisant l’apocalypse si le «Non» l’emportait et en essayant de suivre Beppe Grillo (leader du Mouvement des Cinq Etoiles) et Matteo Salvini (leader de la Lega Nord) sur leur terrain «anti-caste politique » et anti-Europe. Cela s’est révélé illusoire. Il en va de même pour ceux qui se font passer pour des défenseurs de la constitution, y compris Grillo.

    Les travailleurs, les jeunes et les membres appauvris de la classe moyenne n’ont pas voté «non» pour défendre «la meilleure constitution du monde». Ils ont procédé de la sorte pour rejeter ceux qui, au lieu de «démolir la vieille politique» (comme chacun le dit) continuent à démolir les travailleurs et à se moquer d’eux en parlant d’un pays qui n’existe pas : un pays où l’économie s’améliore, où les entreprises engagent des centaines de milliers de jeunes avec des contrats à durée indéterminée et où les impôts sont en baisse. C’était la seule vraie raison pour laquelle cela valait la peine de perdre quelques heures de travail pour aller voter.

    Une opportunité

    La défaite majeure de Renzi, sa démission et l’aggravation de la crise du PD (un parti qui a représenté la véritable «aile armée» des grandes entreprises au cours des cinq dernières années) représentent un développement positif de même qu’une opportunité pour les travailleurs et les jeunes en lutte pour un meilleur avenir. Mais pour qu’une opportunité devienne un pas en avant, il faut y lier une analyse réaliste de la situation politique et sociale. Il n’y a pas une seule force politique dans le camp du «Non» qui pourrait constituer un point de référence pour ceux qui veulent vraiment changer la société italienne.

    L’enthousiasme suscité par la victoire du Non pourrait servir à engager une sérieuse discussion au sujet de l’alternative politique dont nous avons besoin pour être capables de remplir les rues plutôt que les bureaux de vote. Sans cela pourrait se répandre l’illusion selon laquelle nos problèmes seraient désormais résolus puisque Renzi a été foutu à la porte et qu’un nouveau «centre gauche» pourrait ainsi renaître. Espérer une victoire du Mouvement Cinq Etoiles aux prochaines élections générales pour obtenir un vrai changement est tout aussi illusoire, comme l’illustrent tous les conseils locaux contrôlés par le mouvement de Beppe Grillo. Nous défendons de toute évidence une claire alternative combattive.

  • ING. Un bénéfice de 588 millions au 1er semestre 2016. Et un nouveau carnage social

    ing

    Pour les actionnaires des banques, les choses vont à merveille. C’est beaucoup moins le cas pour le personnel et les clients. Les quatre grandes banques ont réalisé 3 milliards d’euros de bénéfices durant le premier semestre de cette année: 1,1 milliard pour KBC, 1 milliard pour BNP Paribas Fortis, 588 millions pour ING et 252 millions d’euros pour Belfius. Au cours du second trimestre 2016, ces bénéfices pourraient être encore plus élevés, la taxe bancaire étant en effet presque entièrement réalisée lors du premier semestre. Pourtant, des milliers d’emplois sont menacés et il est parallèlement annoncé que les clients auront à payer plus pour moins de services. Pourquoi ? Pour les profits.

    3500 emplois menacés chez ING

    L’an dernier, ING avait réalisé un demi-milliard d’euros de profits, somme déjà dépassée dans la première partie de cette année uniquement. Et pourtant, un bain de sang social particulièrement sévère vient d’être annoncé : près de la moitié du personnel doit dégager. Les bénéfices devront encore augmenter avec la moitié du personnel en moins.

    Deux tiers des agences devraient également fermer leurs portes. Les agences indépendantes et celles de sa filiale Record Bank seraient destinées à être intégrées dans un réseau de 650 agences essentiellement indépendantes au lieu des 1200 actuelles d’ING et de Record Bank. 3.500 emplois devraient disparaître sur les 8.100 emplois d’ING-Belgique et les 600 de Record Bank. Internationalement, il s’agit de 7000 postes menacés sur les 52.000 employés d’ING. La moitié de ces pertes devraient s’effectuer via des départs volontaires, l’autre moitié par licenciements secs. Dans les deux cas, le résultat est le même: des emplois décents disparaissent pour les générations futures.
    La raison derrière cette restructuration, ce n’est pas que l’entreprise est en perte. C’est que les profits sont insuffisants selon la direction. Au vu du nombre de services bancaires aujourd’hui disponibles en ligne par PC ou smartphone, il est en outre plus facile de réduire fortement la prestation de service. Pour la direction d’ING, les personnes âgées et toutes celles qui ne savent pas maîtriser les nouvelles technologies comptent pour du beurre.

    Les bénéfices sont principalement consacrés aux actionnaires. Le PTB a révélé qu’au cours de ces dix dernières années, 7,2 milliards d’euros ont été versés aux actionnaires en dividendes sur les 10,9 milliards d’euros de bénéfice. La banque a également été en mesure de soustraire 1,9 milliard d’euros des impôts via le mécanisme de la Déduction des intérêts notionnels. Son taux d’imposition moyen est de 12,5%. Cela donne un nouveau sens au terme de ‘‘braquage’’. Une fois de plus, l’idée selon laquelle les allègements fiscaux conduisent à de nouveaux investissements et à de nouveaux emplois prend du plomb dans l’aile. Seuls les actionnaires comptent. Quant à la collectivité, c’est elle qui paye le prix des baisses d’impôts et elle doit en plus subir les effet d’un bain de sang social.

    “Des services plus chers sont inévitables ”

    Les quatre grandes banques ont réalisé 3 milliards d’euros de bénéfices durant le premier semestre de cette année, mais 3 milliards d’euros de bénéfices sur un semestre, c’est visiblement insuffisant. Max Jadot de BNP Paribas Fortis a déclaré : “Des services bancaires plus chers sont inévitables.” Il explique que les banques “du fait des taux bas, doivent chercher d’autres revenus”. Il a ainsi déjà été décidé d’augmenter les frais de dossiers pour les nouveaux crédits hypothécaires de 350 à 500 euros et lors d’une révision, ils sont même doublés et passent à 700 euros.

    Les banques ne se limiteront sans doute pas à des services généralement uniques, comme les crédits pour l’achat d’une maison. Les frais pour les comptes à vue ou les cartes de crédit sont également dans le viseur. Le nombre de filiales diminue et nous devons faire de plus en plus d’opérations bancaires nous-mêmes via des automates ou l’ordinateur alors que les frais que pour ces opérations ne font qu’augmenter. L’objectif est clair : faire plus de bénéfices.

    Le ministre Kris Peeters a indiqué qu’il voulait soumettre les frais de dossier à des règles. “Je comprends que les gens ne voient pas pourquoi les banques font des bénéfices d’un côté et que de l’autre, les frais augmentent”, a-t-il déclaré. Mais il est loin d’être sûr que le fait qu’il comprenne soit suivi d’effets. Ce gouvernement de droite roule pour les grandes entreprises et les super riches qui ne veulent pas qu’on touche à leurs dividendes et bénéfices.

    Le secteur bancaire ne peut augmenter ses bénéfices en allant en dessous du taux légal minimum. En augmentant les frais, dans la pratique, ce taux est baissé, et ce, avec une taxe identique pour tout le monde : celui qui emprunte 150.000 euros pour une modeste habitation doit payer autant en plus que celui qui peut se permettre une grosse villa. L’augmentation des frais pour un compte à vue signifie que celui qui doit faire des efforts tous les mois pour rester au-dessus de zéro devra payer autant que les super riches. Non pas que la suppression du taux minimum légal serait une avancée, car alors nous paierions rubis sur l’ongle pour pouvoir confier nos petites économies aux banques.

    Enfin, il est dit que la régulation du secteur bancaire est un problème. Apparemment, les banques ne peuvent pas fonctionner de manière sûre, elles ont besoin que l’avidité des actionnaires les poussent à prendre les plus grands risques. Les spéculateurs peuvent bien jouer, à la collectivité d’éponger les pertes ?

    Nationalisation des banques !

    Nous voyons chez ING la même chose que chez Caterpillar: une entreprise rentable est responsable d’un bain de sang social pour satisfaire sa soif de profits. Toute l’argumentation gouvernementale concernant les incitations fiscales pour créer de l’emploi n’est qu’un vaste mensonge. Les actionnaires profitent de ces avantages pour augmenter les dividendes et elles n’hésitent ensuite pas le moins du monde à balancer leurs employés à la porte. Les seuls emplois créés aujourd’hui sont peu payés et super-flexible. Les emplois bien rémunérés et relativement stables disparaissent. Le progrès technologique actuel n’est pas utilisé pour faire progresser la société mais pour imposer une profonde régression sociale au nom du profit.

    Lorsque les banques se sont retrouvées au bord de l’abîme après avoir joué au casino et s’être compromises dans toutes sortes de spéculations, les autorités ont dû intervenir et certaines banques ont même été nationalisées. Mas la gestion des banques est quand même restée aux mains de cette même clique de banksters. L’idée était de faire passer les pertes à la collectivité pour assurer que les bénéfices futurs remplissent à nouveau les poches des actionnaires privés.

    Il a toutefois été démontré qu’il est bel et bien possible de nationaliser les banques. Pourquoi donc ne serait-ce pas possible aujourd’hui pour éviter un bain de sang social? Mais alors, ne nationalisons pas pour laisser les commandes aux mêmes banksters : c’est au personnel du secteur, aux syndicats et à la collectivité en général de prendre le contrôle de l’administration pour faire tourner les choses de manière démocratique.

    Peut-être bien qu’ING sera suivie par d’autres banques. Les licenciements à grande échelle frappent aussi le secteur des assurances. Comme nous l’avons fait remarquer dans l’édition d’octobre de Lutte Socialiste au sujet des pertes d’emplois chez Axa et P&V: «Assurances, crédit, banques,… sont trop importants pour être laissés à l’appât du gain du secteur privé. Pourquoi ne pas placer l’ensemble du secteur sous contrôle démocratique de la collectivité ? Le secteur des assurances pourrait alors faire porter les catastrophes et dégâts collectivement sans que des spéculateurs et autres actionnaires en tirent des profits toujours plus grands. Les banques pourraient fournir des crédits bon marché et rendre des services à la collectivité. »

  • Chaque étincelle peut mener à une nouvelle explosion

    capital_fgtb_socialismebeLe plan d’action a beau être annulé, la colère est toujours présente

    Durant l’été, les directions syndicales ont petit à petit mis de côté la grève du 7 octobre pour le deuxième anniversaire du gouvernement fédéral. C’est le président de la CGSLB, Mario Coppens, qui fut le plus clair: ‘‘sauf si le gouvernement annonce soudainement des mesures imbuvables, je ne vois que peu de raisons de faire grève’’.

    Par Geert Cool

    A-t-il eu vent de cette carte blanche parue en Flandre d’une infirmière dénonçant le personnel insuffisant pour offrir des soins dignes à nos aînés en maisons de repos ? De ces cuisiniers qui se plaignent d’y devoir préparer trois repas par jour avec trois euros seulement ? De ces facteurs tellement à bout de souffle, sous le poids de la flexibilité accrue des plans géoroutes, que l’on songe à engager des réfugiés pour distribuer le courrier ? En réalité, le travail n’est pas ‘faisable’, pour reprendre le terme de Kris Peeters. Avant l’été, l’indignation et la colère se sont exprimées par les actions spontanées des agents pénitentiaires et des cheminots, notamment. Mêmes les magistrats se plaignent du manque de moyens.

    Après l’été, la rhétorique du ‘jobs, jobs, jobs’ a douloureusement été discréditée avec l’annonce de licenciements collectifs chez Caterpillar, Axa, P&V assurances, Douwe Egberts,… Pour les travailleurs, les mesures imbuvables sont légion.
    Ici et là, on peut entendre qu’il est préférable de se tenir prêt pour de pires mesures, car tout le monde partirait alors spontanément en action. Mais sans avant-garde donnant directement le ton en construisant la résistance avec un plan d’action, on risque de rester coincé dans cette stratégie de l’attente. Entretemps, nos conditions de vie et de travail continueraient à en voir de belles. L’absence d’actions de notre part renforcera l’arrogance du gouvernement et des patrons. La faiblesse entraine l’agression.

    Avec ce gouvernement de droite dure, les employeurs sont confortablement installés dans un fauteuil tandis que les attaques antisociales se succèdent devant leurs yeux: augmentation de l’âge de la pension, saut d’index, augmentation de la TVA, prolongations de la semaine de travail,… Les dirigeants syndicaux qui entretiennent encore l’illusion de pouvoir modérer ce gouvernement thatchérien ou de pouvoir sérieusement négocier avec lui se trompent quant à son caractère. Essayer d’arrondir les angles, cela ne fonctionnera pas.

    Attendre les prochaines élections n’est pas non plus une bonne stratégie. Nous avons pu le constater en Grande-Bretagne après l’arrivée du gouvernement Conservateurs-Libéraux-Démocrates en 2010. Quand les actions syndicales ont été stoppées après 2011, la droite a pu dominer le débat public, en conséquence de quoi David Cameron a été réélu en 2015. Le gouvernement conservateur britannique a réussi à diminuer les salaires de 10 % et à bâillonner encore plus les droits syndicaux.

    Si la direction n’organise pas d’actions, ou insuffisamment sérieusement, le mécontentement ne disparaitra pas, il se transformera parfois en frustration, d’autres fois en actions spontanées qui vont déborder la direction syndicale. Chaque étincelle peut conduire à une explosion. Ce qui manque surtout en ce moment, c’est une direction de combat avec un programme de rupture anti-austérité.

    Chaque syndicaliste combatif et socialiste a un rôle important à jouer: organiser la lutte, impliquer des collègues, donner une orientation avec des suggestions sur le programme et les méthodes, évaluer collectivement,… bref, construire le rapport de force avec lequel nous pouvons faire dégager le gouvernement de droite, et toute sa politique d’austérité.

    Un espace grandissant à gauche: le PTB à 15% dans les sondages

    Le plan d’action de fin 2014 l’a démontré: avec des actions unifiées et bien organisées, nous pouvons faire vaciller le gouvernement. Construisons sur cette expérience. Commençons avec ce groupe d’avant-garde dans le mouvement des travailleurs, qui a grandi. Saisissons chaque ouverture pour impliquer un maximum de collègues. Le potentiel pour des actions reste grand, le mécontentement augmente et mènera à des nouvelles explosions.

    Sur le plan politique, l’espace grandit également pour la gauche conséquente. Qui n’a pas été impressionné par le récent sondage dans lequel le PTB est à 14,6% et devient le 3e parti de Wallonie, devant Ecolo et le cdH ? A Bruxelles, le résultat est également bon et le seuil électoral est dépassé en Flandre. Selon cette enquête, les deux élus du PTB à la chambre seraient 10 aux prochaines élections. Le PSL se réjouit de cette progression.

    Imaginez ce que 10 députés fédéraux et leurs multiples collègues au niveau régional pourraient signifier pour le mouvement syndical. Nos inquiétudes et nos revendications seraient autrement relayées au parlement. Cela forcerait ce dernier à ne pas tout simplement les ignorer. Les médias ne pourraient pas faire autrement que de tenir notre voix en compte.

    Ce serait l’occasion non seulement de dénoncer les inégalités, mais aussi de populariser le changement social et le socialisme. Des initiatives audacieuses – non seulement axées sur les élections, mais aussi et surtout sur les luttes sociales – placeraient résolument nos points de vue et nos propositions au centre de l’agenda politique.

    Les échéances électorales sont importantes, mais ce sont les mouvements sociaux, dans la rue, qui ont permis au mouvement des travailleurs d’imposer des réalisations concrètes. Voilà comment ont été obtenus la sécurité sociale ou le droit de grève. Une position forte sur le plan électoral peut renforcer le combat de la rue en le popularisant et en lui donnant une plate-forme plus large pour diffuser ses mots d’ordre.

    Mais une assise électorale plus importante, c’est encore insuffisant pour délivrer un changement politique. Des forces de gauche autrement plus majeures que le PTB n’y sont malheureusement pas arrivées. Il suffit de penser à SYRIZA en Grèce, qui a capitulé et qui applique maintenant la politique d’austérité de la troïka. Ou à Bernie Sanders, qui a voulu éviter de poursuivre sa révolution politique et a essayé de la dévier vers un soutien à Clinton, la candidate par excellence de l’establishment. Ils ne manquaient pas de bonnes intentions, au contraire d’un programme cohérent ainsi que d’une méthode pour assurer un rapport de forces visant à rompre avec la politique d’austérité.

    Nous espérons que le PTB en tirera aussi des leçons et qu’il ne tombera pas dans les mêmes pièges. Il nous semble ainsi très dangereux de participer à des coalitions, même sur le plan local des conseils communaux, avec la ‘‘gauche’’ de l’establishment. L’appel tactique pour un cartel avec le SP.a et Groen à Anvers – en sachant peut-être que ces deux partis allaient refuser – indique que le PTB est prêt à aller très loin pour participer à des coalitions. Les revendications et le programme que divulgue maintenant le PTB est adapté à ce qui est acceptable pour ces potentiels partenaires de coalition. Avec le temps, cela pourrait nuire à la résistance contre la pression de l’establishment pour rentrer dans la logique du système.

    Le PSL est partisan de la construction d’un large parti de lutte de gauche qui offrirait plus que le ‘‘votez pour moi la prochaine fois’’. La gauche radicale dans son entièreté, et le PTB en premier lieu, doit y jouer un rôle. L’existence d’un large parti de lutte dans laquelle tous ceux qui veulent combattre l’austérité trouveraient leur place et qui disposerait d’un programme ambitieux en rupture totale avec la logique du capitalisme est la meilleure garantie pour arracher un véritable changement. Vous voulez renforcer cette idée et soutenir notre programme? Rejoignez le PSL.

  • Faire chuter le gouvernement, et après ? Pour quelle alternative ?

    austerite_nuitsante

    La question de l’alternative à ce gouvernement est la plus cruciale pour le mouvement. Elle déterminera la confiance dans le potentiel de la lutte sociale pour stopper les attaques et faire chuter le gouvernement.

    Par Els Deschoemacker

    Gouvernement impopulaire, vague de grèves de la base

    Nous sommes au milieu du nouveau plan d’action syndical contre les mesures d’austérité et les réformes de ce gouvernement. Le plan d’action a, à nouveau, été saisi avec enthousiasme. Le mécontentement largement répandu dans la société a atteint un nouveau point d’ébullition. Les sondages indiquaient que le gouvernement perdrait sa majorité au parlement lors de nouvelles élections. Dans le sillage des gardiens de prison, une vague de grèves initiées par la base s’est répandue, surtout en Wallonie, mais avec un début de répercussions en Flandre, surtout dans les chemins de fer. Une grève mieux organisée et coordonnée impliquant la base du côté wallon et ayant pour objectif de transmettre cette argumentation et mots d’ordre pour élargir le mouvement aurait pu facilement dépasser l’hésitation présente du côté flamand.

    Parmi les agents pénitentiaires, les cheminots, les éboueurs,… on prend conscience que le moment était présent pour tenter de faire passer des revendications qui semblaient impossibles à réaliser à d’autres moments. L’appel prudent de Timmermans de la FEB, fin mai, à se remettre autour de la table et à arrêter les provocations ainsi que son plaidoyer pour que l’Europe et le gouvernement envisagent des investissements publics “ciblés et réfléchis dans la mobilité, les prisons et la justice” illustre la crainte d’un mouvement de la base tel qu’en France. Timmermans a essayé de stopper la protestation en stoppant leur lutte à l’avant-garde.

    On a eu un moment l’impression que le gouvernement pourrait avoir des problèmes encore avant l’été. Il ne lui aurait alors plus été possible de lancer un troisième round d’austérité contre nous avant même que les deux premiers ne soient tout à fait exécutés. Cela aurait donné la possibilité aux travailleurs de commencer à construire une force politique alternative avec ces mêmes militants et activistes qui ont porté la lutte et aussi de commencer l’élaboration d’un programme basé sur les besoins de la société large.

    Le combat syndical est également politique, les nouvelles mesures contre lesquelles nous luttons sont politiques. Nous ne gagnerons pas si nous ne menons pas notre lutte sur ce terrain-là aussi. Une séparation artificielle entre terrains politique et syndical nous affaiblit. La lutte sociale montre le potentiel et rend les revendications plus concrètes.

    Une alternative politique

    Il est exact de dire qu’il n’y a pas d’alternative “toute prête” qu’elle n’est pas organisée et capable de prendre le pouvoir. Il est vrai que le PTB a le vent en poupe et, sur base des derniers sondages, il passerait de deux à dix sièges à la Chambre : deux en Flandre, sept en Wallonie et un à Bruxelles. C’est un énorme pas en avant, mais ce n’est pas encore la base de masse nécessaire à la formation d’un gouvernement de gauche. Selon Peter Mertens, le PTB veut “prendre des responsabilités dans la société aussi vite que possible” en “construisant le contre-pouvoir.” Il fait référence au mouvement de Sanders aux USA, mais aussi à l’Espagne ou à la France où “un contre-pouvoir se forme qui ne se limite pas à un parti, mais est porté par un large mouvement de personnes qui se conscientisent, s’émancipent et défient le pouvoir établi.”

    Il ajoute que “si nous voulons transformer ce contre-pouvoir en force réelle, il faudra bien sûr réunir plusieurs conditions. L’une d’elles est sûrement que nous devrons casser avec l’orientation politique actuelle de l’Union européenne. Nous n’entrerons pas dans un gouvernement qui fait ce que fait le social-démocrate Hollande en France.” Et encore “Nous devons construire un rapport de forces pour changer la politique de l’Europe. Et si c’est possible demain, nous rentrerons dans le gouvernement. Mais si c’est dans deux ans, alors, ce ne sera que dans deux ans.”

    Le PTB compte sur une radicalisation progressive à gauche et espère pouvoir en tirer les fruits en devenant incontournable à gauche. Il pense avoir besoin de dix à quinze ans pour cela.

    Il rate ainsi le potentiel et l’urgence de rassembler dès à présent les centaines de milliers de travailleurs qui ont mené la lutte il y a un an et demi en une force politique large et indépendante. Ceci est d’autant plus vrai si le mouvement devient capable de faire chuter le gouvernement. Un espace énorme se dégagerait alors pour construire une telle force avec une base de masse dans la société. Ainsi le momentum et la dynamique seraient utilisés pleinement.

    Front de lutte de la base ou front populaire avec le parti d’austérité de “gauche” ?

    Ce n’est hélas pas l’orientation du PTB. Au contraire. Pour faire court, le PTB appellerait à Anvers, le SP.a et Groen à un cartel lors des prochaines élections communales, dans le but faire chuter le bourgmestre De Wever de son trône. Le PTB pense-t-il pouvoir faire ça avec le SP.a et Groen dans le cadre d’une politique anti-austérité crédible ? Ces deux partis se seront-ils suffisamment transformés en partis anti-austérité à ce moment-là ? Et quels message et rôle donne-t-on entre-temps à la classe des travailleurs ? Attendre jusqu’à ce que les conditions soient réunies ?

    Au lieu de mettre tous ses œufs dans le panier de la SP.a et de Groen, le PTB devrait mettre tout en œuvre pour trouver une issue politique au mouvement en réalisant l’appel qui a été prononcé par la FGTB de Charleroi – Sud-Hainaut et d’unir les forces de gauche aux milliers de militants syndicaux pour former un parti de lutte de gauche large.

    Un appel dirigé vers la base syndicale pour mettre sur pied un nouveau mouvement politique large, composé des centaines de milliers d’activistes et militants syndicaux et construire un nouveau parti des travailleurs où une discussion libre et démocratique sur le programme et la stratégie est présente éveillerait un énorme enthousiasme. Le mouvement contre le gouvernement Michel montre qu’il existe une base de masse pour cela. Le manque d’initiative pour organiser cette base et l’impliquer mène le mouvement dans une impasse.

    Un programme qui rompt avec l’austérité

    Pour réaliser quoi ? Un programme d’investissements publics urgents dans nos services publics. L’arrêt et le retrait des privatisations. L’arrêt des attaques sur les pensions et prépensions et le retrait du relèvement de l’âge de la pension. La réduction du temps de travail plutôt que de faire plus d’heures pour moins de salaires. Et aller chercher les moyens où ils sont.

    Dans le dossier du Knack du 8 juin, le milliardaire Roland Duchâtelet trouve que le gouvernement se laisse “bousculer par l’extrême gauche”. Il nous ment en disant que la Belgique est “en tête de peloton en ce qui concerne les taxes et les impôts sur la fortune” et nous menace en disant “Si nécessaire, je déménagerai en Suisse.” Un impôt sur la fortune efficace exige la levée du secret bancaire, un cadastre des fortunes équilibré et la possibilité d’expropriation. Étant donné leur poids dans la société, il serait absurde de ne pas y lier cela à la nationalisation du secteur financier et des grandes entreprises sous contrôle et gestion démocratiques de la population. Ce n’est qu’alors qu’une taxe des millionnaires trouverait vraiment son sens : pas comme illusion d’un capitalisme géré socialement, mais comme mesure transitoire dans le cadre d’une transformation socialiste de la société.

    Le gouvernement essaie une fois de plus de nous berner avec la promesse de plus d’équité et un effort plus important des grandes fortunes. Mais qui y croit encore ? Si quelque chose se fait dans cette direction, ce ne sera que symbolique et surtout pour nous faire avaler de nouvelles économies de plusieurs milliards.

    Nous ne devons pas oublier les leçons de la Grèce. Non seulement en saisissant le momentum pour se débarrasser d’un régime d’austérité, mais aussi en luttant pour un programme qui casse avec l’austérité, l’UE et le capitalisme qui ne peut se maintenir que par l’exploitation et l’oppression !

  • A nouveau plus de 100.000 le 24 mai? 2e plan d’action : A bas le gouvernement et l’austérité

    agents_penitentiaires_17mai2016

    Nous sommes encore en plein dans les élections sociales. Quelle en est la participation? Quelle délégation progresse? Quelles seront les relations entre syndicats? C’est encore largement inconnu. Pour les patrons et les politiciens, nos militants sont égoïstes et nos candidats ignorent ce qui se passe au boulot. Dans les médias, les syndicats sont quotidiennement décriés. Pourtant, nous nous renforçons. Il n’y a jamais eu autant de candidats auparavant : 132.750 ! Le nombre de membres des syndicats a grimpé de 200.000 depuis 2006. 75% des électeurs flamands et 81% des francophones estiment que les syndicats sont importants pour défendre nos droits sociaux. Mobiliser cet immense réservoir de soutien en faveur d’une alternative aux politiques néolibérales, voilà tout l’enjeu du plan d’action des syndicats.

    Le plan d’action que la direction syndicale a présenté n’est pas des moindres (voir encadré). Il ne pouvait guère en être autrement: Kris Peeters est allé trop loin. Et qu’il ajoute, au beau milieu des Panama Papers, que nous vivons tous au-delà de nos moyens est incroyablement arrogant. Bientôt, les salaires et le droit de grève seront à l’agenda et alors pourra commencer cet été le véritable élagage selon Peeters. Il ne serait pas surprenant qu’un nouveau saut d’index survienne encore. Face à tant de foyers de lutte, la FEB en rajoute une couche en contestant la protection des délégués syndicaux.

    Casser la grève sous prétexte de “mission humanitaire”

    Le Premier ministre Charles Michel veut que “cette coalition unique change l’ADN de la société.” Comprenez: le gouvernement va à l’épreuve de force. Son attitude à l’égard de la grève des gardiens de prison montre jusqu’où il veut aller. Tout au long de l’année, les prisonniers doivent se soulager devant leurs codétenus en raison de cellules surpeuplées, mais quand les gardes désespérés décident d’entrer en grève, le gouvernement envoie les militaires pour «mission humanitaire». Si le gouvernement applique contre les grèves les mêmes moyens que contre les attentats, comment dès lors être surpris que l’extrémiste patronal Van Eetvelt suit la logique jusqu’à nous qualifier de terroristes?

    Armée ou pas, si nous sommes de retour à Bruxelles à plus de 100.000, le gouvernement sera secoué. C’est avec ce message qu’il faut aller vers nos entreprises : nos actions peuvent arracher de bons résultats. Nous ne devrions pas attendre la fin des élections sociales: la meilleure campagne électorale, c’est celle qui répond aux enjeux actuels. Il faut diffuser nos affiches et nos tracts, mais surtout également prendre le temps, avec le noyau militant, de convaincre l’ensemble des collègues de rejoindre le mouvement cette fois-ci. Pourquoi ne pas faire une liste de mobilisation complétée jour après jour ? Chaque secteur, chaque entreprise, chaque travailleur est à nouveau touché par au moins une des mesures. Nous devons en discuter et organiser des assemblées du personnel là où c’est possible. Pourquoi ne pas soumettre au vote le plan d’action afin de maximiser la participation?

    Mettre de côté les intérêts particuliers des patrons

    Personne ne participerait à une telle assemblée du personnel? On ne peut le savoir qu’en essayant. Mais même avec une présence décevante, vous pourrez au moins signaler que vous avez offert à chacun la possibilité de participer aux décisions. Le patron s’y oppose? Cette confrontation va au-delà de l’entreprise, il s’agit de la préservation de nos droits sociaux et ses intérêts particuliers doivent céder la place. Vous n’osez pas prendre la parole devant tant de gens ? Demandez à votre secrétaire ou si nécessaire à un délégué expérimenté votre secteur d’activité d’être invité comme conférencier. Votre entreprise est proche d’une zone résidentielle? Pourquoi ne pas demander aux voisins d’accrocher à leur fenêtre l’affiche de mobilisation ? Prenez des dispositions concrètes pour le 24 mai, à l’entrée de l’entreprise si possible. Amenez un mégaphone, des drapeaux, du café et une radio. Assurez-vous de l’animation au point de départ.

    Une manifestation et une grève, cela ne suffira pas, les enjeux sont trop élevés. La FGTB a raison de prévoir avant juillet une grève de 24 heures, le 24 juin. La menace serait sinon que l’attaque contre la semaine des 38 heures, contre les pensions des fonctionnaires et pour une flexibilité accrue soit débordée par de nouvelles mesures. Un certain nombre de centrales de la CSC ne l’entendent pas autrement. Mais ce n’est pas un hasard si le gouvernement prévoit son véritable travail de coupe pour cet été. Il espère moins d’attention et plus de clémence. Voilà pourquoi les syndicats doivent considérer leur plan d’action au-delà de l’été. La force des syndicats, ce sont les militants. Ils donneront forme au plan d’action dans l’entreprise et si possible dans les quartiers des environs également.

    Un taxshift? Ce gouvernement doit tomber!

    Un plan d’action qui s’étale sur 5 mois peut être très fort. Cela nous donne le temps nécessaire pour bombarder d’arguments les collègues. Mais l’été ne pourrait pas l’affaiblir ? Allons-nous à nouveau nous laisser rouler par un taxshift qui s’est avéré être une attaque contre notre pouvoir d’achat? Nous avons appris du plan d’action de 2014 que le gouvernement ne veut pas fléchir, il ne “négocie” que des détails. Pourquoi ne pas dire les choses comme elles le sont: le gouvernement lance une épreuve de force politique, son renversement est la seule réponse appropriée. Une grève politique? Ce ne sont pas les syndicats mais bien le gouvernement qui place chaque conflit social sur l’agenda politique. Quel est le problème avec une grève politique de toute façon ? Cela nous a donné la journée de 8 heures, le suffrage universel et les congés payés. Le gouvernement a beau jeu de parler de «valeurs occidentales», il veut nier les moyens qui ont permis de leur faire voir le jour.

    Ce gouvernement n’est pas fort. Sa politique économique est un échec. Le déficit budgétaire est à nouveau dans la zone de danger européenne. La dette publique est en augmentation malgré les taux d’intérêt plus bas. Avec la Finlande, notre pays est le seul en Europe à voir baisser son taux d’emploi. Et si demain les prix du pétrole augmentent à nouveau ? Que faire si la Banque centrale européenne ajuste sa politique de création monétaire et de bas taux d’intérêt ? Que faire si l’économie chinoise glisse vraiment dans la récession? Que faire si David Cameron perd le référendum sur le Brexit? Chez qui pensez-vous que le gouvernement ira encore frapper ? Si nous renversons le gouvernement, celui qui le suivra devra chanter sur un autre ton. Il sera confronté à une classe ouvrière plus consciente d’elle-même.

    Les syndicats peuvent redessiner le paysage politique

    Un mouvement qui balayerait par la grève le gouvernement et l’austérité conduira inévitablement à la question de l’alternative politique. Simplement revenir aux coalitions de centre-gauche qui appliquent l’austérité à un rythme plus lent serait une énorme déception. Les syndicats sont les plus grandes organisations du pays. Leurs appels sont massivement suivis. Beaucoup de jeunes, y compris des non-syndiqués, essayent à leur manière de renforcer la lutte sociale, avec Tout Autre Chose, Nuit Debout et d’autres mobilisations spontanées. Un deuxième plan d’action ne doit pas se limiter à stopper l’austérité ni à la chute du gouvernement. Il doit unir les forces dans l’entreprise, dans les quartiers et dans la rue pour instaurer une politique différente.

    Ailleurs en Europe, de nouvelles formations de gauche comme la coalition espagnole Podemos-Izquierda Unida défient les partis traditionnels. Depuis que Jeremy Corbyn s’est retrouvé président du parti travailliste, une guerre civile s’y déroule entre la droite blairiste et la gauche corbyniste. La campagne de Bernie Sanders aux États- Unis illustre le potentiel pour un parti qui rompt totalement avec les politiques de Wall Street. Une rupture des syndicats belges avec leurs «partenaires» traditionnels pour prendre une initiative audacieuse ouverte aux nouveaux mouvements sociaux, au PTB et à d’autres forces de la gauche radicale pourrait générer un enthousiasme débordant et, dans un délai de quelques mois, redessiner le paysage politique du pays. Le PSL y contribuera et continuera à lutter pour mettre fin à ce système obsolète de la propriété privée et du profit afin de promouvoir un socialisme démocratique et moderne où les connaissances et les ressources disponibles bénéficieraient à tous.

    [box type=”info” align=”alignright” width=”300″ ]

    • 24 mai : manifestation en front commun syndical
    • 31 mai : manifestation des services publics en front commun
    • 25 mai – 17 juin : actions à thème
    • 20 – 24 juin : sensibilisation dans les entreprises
    • 24 juin : grève générale de la FGTB (avec le soutien probable de centrales de la CSC)
    • 29 septembre : manifestation en front commun
    • 7 octobre : Grève générale en front commun

    [/box]

    [divider]

    Nous ne pouvons pas compter sur les médias dominants pour relayer nos points de vue et nos préocupations. Là aussi, on ne mord pas la main qui nous nourrit. C’est pourquoi il est important de soutenir une presse telle que Lutte Socialiste. Achetez notre journal auprès d’un militant pour 2 euros
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  • Le 1er mai redeviendra-t-il un jour de lutte pour la journée des 8 heures?

    temps_enfants_02Les mesures du vice-Premier ministre Kris Peeters donnent cette année un goût très amer au 1er mai. Le 1er mai est devenu la journée de lutte pour les huit heures en 1890 : huit heures de travail, huit heures de repos et huit heures de sommeil. Ce fut une revendication centrale du mouvement ouvrier des dizaines d’années durant. Cela devait rendre le travail soutenable. Kris Peeters et le gouvernement Michel considèrent les choses autrement. Ils ouvrent la porte à la journée de 9 heures et à la semaine de 45 heures, sans sursalaire.

    Par Eric Byl, édito de l’édition de mai de Lutte Socialiste

    Le premier “statut d’ouvriers” date de 1349, après la grande épidémie de peste. Pour s’assurer d’avoir suffisamment de personnes au travail, des salaires décents et des limites à la journée de travail ont été fixés légalement. Cela a ensuite pris des siècles aux exploiteurs pour faire machine arrière et ramener la journée de travail à 12 heures. Avec l’arrivée des machines à partir de 1770, le temps de travail a dû suivre “cette évolution” pour passer à 14 voire 16 heures par jour, y compris pour les enfants. À l’époque déjà, des problèmes étaient “pointés”. Voici comment on défendait le travail des enfants en 1848: “travailler sous le regard de leurs parents leur permet de ne pas prendre de mauvaises habitudes de paresse et de ne pas devenir des voyous.”

    L’introduction de la journée de 10 heures en Angleterre, le 1er mai 1848, était une première grande victoire. Mais ce sont les ouvriers de bâtiment de Sydney et Melbourne en Australie qui, le 21 avril 1856, ont les premiers imposés la journée des 8 heures avec une marche sur le parlement. Cette avancée fut possible grâce à la découverte d’or, une économie en plein essor et un afflux d’ouvriers qualifiés venant de Grande-Bretagne et bénéficiant de l’expérience de lutte du mouvement chartiste. Aux États-Unis, le 1er mai 1886, quelque 340.000 ouvriers sont partis en grève pour la journée des 8 heures. Elle a été introduite à certains endroits, mais, à d’autres, les dirigeants du mouvement ont été poursuivis. Ainsi, à Chicago, 8 ouvriers ont été condamnés dont 4 pendus. Malgré cela, quelques années plus tard, la fédération syndicale américaine a décidé de reprendre l’action pour la journée des 8 heures.

    Cette revendication fut centrale lors du Congrès de Paris de l’Internationale Ouvrière, en 1889. Lorsque le délégué des ouvriers américains a souligné la décision de faire grève le 1er mai 1890, le Congrès a repris cette date. Mais ce n’est que quand les capitalistes ont commencé à craindre pour leur survie – entre la Révolution russe d’octobre 1917 et les républiques des conseils de Bavière, de Hongrie et de Slovaquie en 1919 – que 15 pays ont instauré la journée des huit heures. En Belgique, la loi des huit heures a été votée en juin 1921. Il a encore fallu attendre jusque 1928 avant qu’elles ne soient appliquées largement. En 1964, la semaine des 45 heures a été introduite, celle des 40 heures en 1970 et celle des 38 heures en 2003.

    Kris Peeters remet tout cela en question. Par l’extension légale continuelle des heures supplémentaires, il était déjà possible de contourner la journée des 8 heures et la semaine de 38 heures, mais uniquement après concertation sociale et moyennant une compensation salariale ou un repos compensatoire. En comptabilisant le temps de travail sur base annuelle, le patron ne doit désormais plus tenir compte des négociations collectives. Il peut, quand ça lui chante, “demander” individuellement à un travailleur de prester jusqu’à 9 heures par jour et 45 heures par semaine, sans sursalaire du moment que le temps de travail ne dépasse pas, sur base annuelle, la moyenne de 38 heures par semaine. S’il y a moins de commandes et que le travail devient un peu plus supportable, il peut aussi nous renvoyer chez nous, même si cela ne nous convient pas. Et même si c’était sur base volontaire, avec les milliers de chômeurs qui cherchent un job, il faut déjà oser dire non.

    Pensez-vous que le gouvernement s’en tiendra là ? Selon Kris Peeters, ce n’est qu’un exercice et le vrai travail (de sape) doit encore commencer. Tant que le capitalisme existera, aucun acquis social ne sera définitif. Il est temps de nous réapproprier les traditions de nos prédécesseurs et de faire à nouveau du 1er mai une journée internationale de lutte.

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