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  • Piquet à Anvers: La grève des cheminots n'a pas été limitée au côté francophone

    berchem“Don’t mourn, organise” – Ne jetons pas l’éponge, organisons-nous!

    Mardi, gare d’Anvers Berchem, 22h. C’est traditionnellement à ce moment-là que se réunissent les militants à la gare pour lancer une grève. Même hier, quelques dizaines de personnes étaient présentes en dépit du mot d’ordre lancé par les responsables de l’ACOD (CGSP) et de l’ACV Transcom (CSC-Transcom) de ne pas faire de piquet de grève. Plus tôt dans la soirée, des réunions de militants de l’ACOD-Spoor (CGSP-Cheminots) et de l’ACV-Transcom avaient eu lieu. La colère contre les plans d’austérité qui vit parmi la base syndicale y avait été confirmée. La pression de la base pour mener des actions unitaire s’est également faite ressentir lors de ces réunions.

    Rapport de Geert, photos de Liesbeth

    Ce piquet de grève ne fut pas comme les autres. Une assemblée générale a eu lieu avec une discussion très animée. Les plans du gouvernement ont été discutés brièvement, mais l’objet de la discussion était surtout de savoir que faire pour construire la résistance.

    Le manque d’implication de la base dans la prise de décision des directions syndicales de ne pas soutenir la grève a été largement dénoncée. Un des militants qui a animé la réunion a fait référence au vieux slogan “Don’t moun, organise”, qui peut se traduire librement par “ne jetons pas l’éponge, organisons-nous”. Bien sûr, la frustration existe au sujet des dirigeants syndicaux et de leur attitude par rapport à la lutte, mais nous limiter à rester dans notre coin ne changera rien. Nous devons nous organiser afin de renforcer la solidarité et de clarifier à partir de la base syndicale que le mécontentement parmi le personnel ne connaît ni division communautaire, ni frontière de couleur syndicale. C’est ce qui est arrivé au piquet de grève de Berchem, qui a réuni des militants ACOD-Spoor, ACV-Transcom et OVS (SIC, Syndicat indépendant des cheminots). Il a également été prévu de participer aux piquets de grève des collègues de Bruxelles pour faire savoir que leurs collègues d’Anvers ont eu aussi arrêté le travail.

    Ce type de réunion est une excellente façon d’introduire la discussion entre collègues et de veiller à ce que la base décide elle-même de l’action à mener. En fait, toutes les actions doivent être préparées avec des réunions et assemblées du personnel. Il serait ainsi plus difficile de bloquer des actions du sommet en passant outre de la participation de la base. Cela nous permettrait également de développer une plateforme de revendications afin d’assurer que les syndicats ne commencent pas les négociations à partir d’une page blanche, mais en se reposant sur une plateforme d’exigences enthousiasmante pour al défense d’un transport public de qualité.

    Les participants au piquet n’ont fait part d’aucune confiance dans les négociations avec ce gouvernement. Le fait que la proposition de médiation indiquait expressément qu’elle resterait dans le cadre des plans de la ministre Galant a de suite démontré qu’il n’y aurait pas de véritable médiation. Le résultat était connu d’avance. Ce gouvernement de droite n’est pas disposé à faire des compromis, ce qui était déjà clair à la fin du plan d’action de 2014. Arrêter ces attaques antisociales exige de bloquer le gouvernement. Le plan d’action de 2014 l’avait fait vaciller. Un nouveau plan d’action crescendo et capable d’unifier à l’aide de mots d’ordre clairs jusqu’à la chute du gouvernement et en défense d’une alternative à la politique d’austérité est aujourd’hui plus que nécessaire.

    Les enjeux de la lutte des cheminots ne sont pas négligeables : un plan d’austérité qui se chiffre en milliards et un véritable massacre social, voilà ce que veut appliquer le gouvernement en prélude à la privatisation du rail. En cas de succès remporté contre le personnel ferroviaire, d’autres secteurs seront en ligne de mire. Défendre un transport public décent et de qualité est non seulement important pour les cheminots, mais aussi pour les voyageurs. C’est aussi une réponse au défi écologique et une manière de s’en prendre aux embouteillages. Les possibilités sont grandes pour atteindre et impliquer un public plus large dans ce combat, mais nous avons pour cela besoin de revendications et d’alternatives à l’austérité afin construire une pression en mobilisant sur l’enthousiasme.

    Spoorstaking Antwerpen Berchem / Foto's door Liesbeth

  • Douche froide pour les cheminots

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    L’attaque majeure contre le statut du personnel des chemins de fer nécessite la résistance du personnel et des usagers contre cette menace qui pèse sur nos transports publics. Les responsables des divers problèmes qui existent dans le rail essayent de se décharger de leurs responsabilités concernant les grèves, l’équipement défectueux, les retards, la réduction du service,… en accusant le personnel. Comme tout bon mensonge, il contient une part de vérité: les grèves résultent en effet d’une mauvaise gestion, celle-là même qui provoque les autres problèmes. Il n’est pas ici question des cheminots, mais du gouvernement et de la direction, qui investissent des ressources insuffisantes pour la prestation du service. Tout comme l’establishment capitaliste fait tout pour blâmer les chômeurs concernant le chômage et les pauvres au sujet de la pauvreté, le personnel des chemins de fer est accusé d’être responsable des problèmes du rail.

    Un conducteur de train nous explique comme suit la situation du rail, à l’aide d’une petite histoire :

    «Mon fils aime prendre un bon bain chaud. En raison de la hausse des prix de l’énergie, et aussi parce que je préfère dépenser mon argent pour d’autres choses, j’ai décidé d’économiser là-dessus. J’ai expliqué à mon fils qu’une fois tous les 18 bains, il devrait prendre un bain d’eau froide. Mon fils dénonce le fait qu’il n’a pas été consulté au sujet de cette décision et pointe d’ailleurs du doigt que je viens d’acheter une nouvelle voiture de sport de luxe filant à la vitesse d’un avion de chasse F35. Je lui ai répondu que ma décision doit être respectée, que ma parole fait loi! Voilà pour les méthodes d’enseignement modernes! Notre querelle a dégénéré, il refuse désormais de se rendre à la salle de bain et a choisi de rester sale. Il a ensuite, ce qui n’est pas mauvais de sa part, demandé à un médiateur d’intervenir. Mon meilleur copain, qui aime m’accompagner dans ma nouvelle voiture, s’est présenté comme médiateur indépendant. Il a dit à mon fils : va déjà prendre un bain d’eau froide, on pourra toujours parler après.»

    Solidarité avec les cheminots!

  • Non à la criminalisation des réfugiés, organisons-nous contre la violence raciste!

    europe_forteresseC’est au système qu’il faut s’en prendre, pas à ses victimes !

    la situation désespérée au Moyen-Orient est à la base d’un afflux de réfugiés en Europe et ailleurs. Le renforcement des interventions militaires est susceptible de mener à une nouvelle expansion régionale du conflit. Dans cette Europe ravagée par l’austérité, de nombreux demandeurs d’asile qui fuient la guerre et la misère ne trouvent que des abris insalubres tandis qu’ils ressentent une méfiance croissante de la part d’une partie de la population. La peur éprouvée après les attentats est stimulée par les gouvernements de droite, cela conduit à une multiplication des cas de discrimination et de violence contre les migrants.

    Par Fabian (Gand)

    Croissance du racisme et des discriminations

    Le bourgmestre d’Anvers, Bart De Wever, stimule une politique des fouilles arbitraires. Il existe de nombreux récits des personnes fouillées ou même arrêtées uniquement sur base de la couleur de leur peau. Un jeune d’origine immigrée a été arrêté au Shopping de Wijnegem et détenu trois heures parce qu’il ressemblait à un suspect. La création d’une atmosphère de suspicion a poussé des clients de l’hôtel Radisson à Anvers à appeler la police pour signaler… le Diable Rouge Radja Nainggolan ! Toute personne avec une peau un peu foncée ou un look un peu différent est maintenant un suspect. A Paris, un jeune a été fouillé parce qu’il portait un sweat-shirt anticapitaliste ! Le slogan ‘‘Résistance internationale contre le capitalisme et le racisme’’ était, selon le policier, un message de haine contre l’Etat français.

    La situation des migrants n’étaient pas réjouissante avant même ces attentats. Le ministre de l’Intérieur Jan Jambon (N-VA) avait lancé l’idée d’un badge visible d’identification pour les réfugiés. Cette proposition faisait trop rapidement penser aux étoiles jaunes imposées aux Juifs dans l’Allemagne nazie, elle a donc rapidement été balayée. Mais l’idée d’un statut temporaire pour les réfugiés (contrairement à la législation actuelle) est par contre restée sur la table. Cette idée est même soutenue par John Crombez, le président du SP.a !

    Les déclarations de Bart De Wever, fin septembre, concernant la nécessité d’adapter la Convention de Genève pour la protection des réfugiés avaient créé la polémique. De Wever défendait sa révision pour protéger la sécurité sociale. D’autres politiciens ont entre-temps repris cette approche et ne veulent pas que des réfugiés reconnus disposent de pleins droits dans un pays signataire de la Convention de Genève. Mais ce ne sont pas les réfugiés qui creusent le trou de la sécurité sociale ! C’est la politique d’austérité de ce gouvernement et des précédents ! Les ressources de la collectivité sont pillées par les cadeaux aux grandes entreprises.

    L’extrême droite se frotte les mains

    Ces manœuvres qui tentent de faire passer les mesures antisociales au second plan avec un écran de fumée de politique de diviser-pour-régner peuvent être instrumentalisées par l’extrême droite. Le Vlaams Belang défendait premièrement que le gouvernement fédéral avait transféré une partie de son austérité vers la Flandre, mais ce sont maintenant soudainement les réfugiés qui seront responsables de l’austérité. ‘‘Assainir sur l’asile, pas sur notre propre peuple’’ est devenu son sloganphare à grand renforts de comparaisons fantaisistes sur le luxe dans lequel vivent les réfugiés en Belgique. Tom Van Grieken, ke président du Vlaams Belang, a affirmé qu’un réfugié coûte 1.290 euros par mois alors que sa grand-mère ne touche qu’une pension de 1.083 euros par mois. Il ‘‘oublie’’ de dire que cet argent ne va pas dans les poches des réfugiés (personnel, infrastructure,…) et qu’une bonne partie tombe dans les caisses d’entreprises privées pour qui le secteur de l’aide aux demandeurs d’asile est une bonne opportunité. Van Grieken n’aime pas la nuance. Pourquoi n’exige-t-il pas plutôt l’augmentation des pensions (jusqu’au moins 1.500 euros nets par mois) ? Il est plus facile de trouver des boucs émissaires au bas de l’échelle sociale.

    Fondamentalement, l’extrême droite et les terroristes ont un agenda identique : diviser la population. L’extrême droite belge n’est pas encore capable de passer à la violence ouverte, cela ne serait pas accepté par des couches plus larges de la population. Mais les attaques sévères contre les conditions de vie de la population, la menace terroriste et la crise des réfugiés peuvent élargir l’espace dont peut disposer le racisme et la violence d’extrême-droite.

    De nombreux pays européens connaissent déjà une croissance des cas de violence contre les immigrés et les centres d’asile. Un bâtiment qui devait devenir un centre d’accueil pour réfugiés à Dresde (Allemagne) a été incendié après une manifestation du mouvement anti-immigré Pegida. En novembre, des néonazis ont attaqués des réfugiés à Magdebourg (Allemagne) à coups de battes de base-ball. En Suède, plusieurs incendies criminels ont touché des centres d’asile. A Göteborg, des appartements de membres de notre organisationsœur ont été victimes d’incendies criminels. Durant la semaine qui a suivi le 13 novembre, le nombre d’attaques racistes a triplé en Grande-Bretagne. Cette même semaine, il y a eu 32 rapports de crimes racistes en France commis contre des musulmans alors qu’il y a en moyenne quatre ou cinq rapports de ce type par semaine. Les femmes voilées ont particulièrement été visées.

    Et en Belgique ?

    L’extrême-droite flamande a déjà organisé diverses actions face à des centres d’accueil à Coxyde, St Nicolas, Zwijndrecht,… la participation était limitée. Le Vlaams Belang a activement soutenu une mobilisation Pegida à Anvers le 16 novembre, qui a rassemblé 200 militants d’extrême-droite selon les médias, entre autres Filip Dewinter et Tom Van Grieken.

    L’organisation étudiante liée au Vlaams Belang, le NSV, a vite déplacé sa manifestation annuelle de mars vers novembre pour être capable d’instrumentaliser la crise des réfugiés. Mais cette manifestation, qui devait prendre place à Louvain, a été interdite en raison de la menace terroriste. Le soir-même, un concert antiraciste organisé par Comac avec le soutien des Etudiants de Gauche Actifs a reçu la visite de quelques militants du NSV qui voulaient intimider les participants.

    L’extrême-droite veut maintenant organiser différentes manifestations. Le 9 janvier, Pegida veut à nouveau manifester à Anvers avec le slogan ‘‘Terrorisme – islamisation – abus d’asile : nous en avons marre, fermez les frontières’’. Le 21 février, le Voorpost, le service d’ordre du Vlaams Belang, veut manifester à Gand sous le slogan : ‘‘En finir avec le terrorisme, fermer les frontières.’’ Jusqu’ici, les mobilisations de l’extrême-droite restaient très limitées. Mais en l’absence de réponse à ces actions, la confiance des racistes risque de croître. Cela peut mener à une escalade de la violence. Après une manif de Pegida à St Nicolas, un immigré a été tabassé. Nous voulons éviter cela et assurer la mobilisation antiraciste. Premier rendez-vous: action contre Pegida à Anvers le 9 janvier prochain.

    C’est au système qu’il faut s’en prendre, pas à ses victimes

    L’Europe et les différents gouvernements ne peuvent pas fournir de solutions aux problèmes. Ils se limitent à des propositions comme la construction de murs ou de clôtures pour physiquement arrêter le flux des réfugiés. En même temps, les interventions militaires en Syrie sont intensifiées. La politique d’austérité a déjà créé des contradictions sociales plus aiguës en Europe, toute une couche se voit totalement exclue de la société. Cette politique conduit à un flux des réfugiés et à une montée du racisme.

    Pour obtenir du changement, on doit s’attaquer aux véritables responsables. Les interventions impérialistes au Moyen-Orient, alimentées par le trafic d’armes et les accords conclus avec des régimes douteux, contribuent au problème des réfugiés. Il faut mobiliser des moyens pour offrir un avenir décent aux travailleurs et aux pauvres du Moyen-Orient, allons chercher cela dans les poches des riches et de ceux qui ont se sont enrichis dans la région, notamment les secteurs du pétrole et de l’armement.

    Une lutte unitaire de la base

    Le potentiel pour la solidarité et la lutte unitaire n’est pas négligeable. La grande manifestation ‘Refugees welcome’ de fin septembre à Bruxelles a réuni plus de 20.000 personnes. D’innombrables personnes ont aussi proposé leur aide (avec des dons, l’organisation de concerts de solidarité,…). Certains ont accueilli des demandeurs d’asile qui n’avaient plus de place dans les centres d’accueil. L’aide humanitaire est importante, mais elle ne suffit toutefois pas. Nous devons nous organiser politiquement pour arracher les conditions qui nous permettront d’avoir un avenir décent pour tous, avec ou sans papiers, ici et ailleurs.

    Les demandeurs d’asile et les réfugiés doivent s’orienter vers le mouvement des travailleurs, qui lui-même doit défendre de manière plus offensive les intérêts de tous. Tout ce qui nous divise nous affaiblit ! Laisser l’espace à des forces réactionnaires qui sèment la division va à l’encontre de nos intérêts. Il nous faut mobiliser contre l’extrême droite. Pegida en Allemagne a perdu son élan quand la pression des contreactions devenait plus massive et a exposé leurs divisions internes. A Lille, des néonazis ont été chassés d’un rassemblement après les attentats de Paris. Les participants n’acceptaient pas que l’extrême droite tente de transformer la douleur en haine islamophobe.

    A travers ces mobilisations et actions antiracistes, nous devons également répondre aux problèmes sociaux sur base desquels l’extrême droite mais aussi des fondamentalistes réactionnaires peuvent trouver du soutien : les contradictions sociales et l’aliénation. Il nous faut un programme social pour des emplois, des services publics, des logements,… – ce qui nous unit, en bref – comme meilleur réponse contre ceux qui nous divisent, tant les partis austéritaires que les fondamentalistes et l’extrême droite.

    Samedi janvier. Action contre la haine et la terreur. 15h, de coninckplein, Anvers

  • La Belgique, un ‘‘Etat en faillite’’ pour une population grandissante

    Etablir un marché du travail inclusif pour renforcer la cohésion sociale:
    Eradiquer la pauvreté, se mettre d’accord sur un programme en faveur de l’inclusion sociale

    Une opération militaire d’une ampleur inédite dans notre pays – suite à la nouvelle selon laquelle les attentats de Paris auraient été préparés depuis Bruxelles et surtout Molenbeek – devait prouver que la Belgique n’est pas un ‘‘Etat en faillite’’ contrairement à ce que la presse étrangère suggérait. Mais malgré toutes ces actions musclées, aucun résultat rapide n’a été obtenu, ni dans la recherche des présumés terroristes – et donc sur le plan de la sécurité à court terme – ni dans la lutte contre les causes du phénomène. Ces racines ne se trouvent pas en première instance dans l’existence de différents niveaux de pouvoir en concurrence les avec les autres, ni dans la composition asymétrique des différents gouvernements, mais bien dans le démantèlement des conquêtes sociales de la classe des travailleurs que l’on désignait sous le terme ‘‘d’Etat providence’’.

    Par anja Deschoemacker

    C’est aller un peu vite en besogne? Suivez un moment mon raisonnement. On dit aujourd’hui que la politique trop laxiste de l’ex-bourgmestre de Molenbeek, Philippe Moureaux (PS), aurait contribué à la situation actuelle. Dans le sens où la politique du PS se limitait à ‘‘intégrer’’ dans diverses institutions des individus des classes moyennes issus des communautés d’origines immigrées, sans offrir de perspective convenable à la grande majorité de ces communautés, c’est assez correct. Le nombre de fonctionnaires d’origine immigrée grandissait, tout comme ailleurs du reste, sans faire beaucoup de différence pour la vie quotidienne de la jeunesse de Molenbeek qui souffrait – et souffre toujours – du manque d’un enseignement de qualité, d’emplois et de logements décents.

    Ce n’est toutefois pas ça que veulent suggérer les partis du gouvernement fédéral, NVA et MR en tête. Selon eux, Moureaux n’aurait pas réagi assez fermement face au développement de courants radicaux dans les communautés musulmanes de sa commune. Nous avons assisté à ce qu’ils entendent par ‘‘action dure’’ : un état de siège à Bruxelles, des militaires dans les stations de métro et les gares, des perquisitions massives,… Mais cela ne marche pas non plus, pour autant que le but réel soit bien d’assurer la sécurité. Mais la sécurité ne pousse pas dans un désert social. Pas même avec l’armée au grand complet.

    Un autre élément mis en avant dans la presse internationale et sur lequel les partis flamands – partisans d’une réforme d’Etat intérieure à la Région bruxelloise qui verrait nombre de compétences passer des communes à la région – aiment bien jouer, c’est la chaotique et inefficace répartition des compétences en Belgique. Que ça soit souvent chaotique et inefficace, nous n’en doutons pas. Mais dans le cadre d’un capitalisme en crise, dans un pays basé sur la division de pouvoir entre ses communautés historiques, croire que cela pourrait aller mieux en transférant tout simplement encore un peu plus de compétences d’un niveau à un autre est une illusion et rien de plus.

    Ce dernier point n’est toutefois pas compris par le parti flamand officiellement de gauche, Groen. Son chef de file, Kristof Calvo, s’est jeté il y a quelques semaines sur le terrain de la guerre communautaire avec la proposition d’un référendum sur l’indépendance flamande en 2019. Cette proposition vise d’une part à démasquer la N-VA – va-t-elle oser appeler à l’indépendance, sachant qu’une large partie de son électorat actuel ne soutient pas l’idée – et d’autre part à clore ‘‘définitivement’’ la discussion communautaire en montrant qu’il n’y a pas de base massive favorable à l’indépendance.

    Le fait que cette proposition n’arrive que quelques semaines après la manifestation syndicale du 7 octobre – bien plus grande qu’attendue – illustre que Groen a d’autres priorités et veut jouer sur un autre terrain que celui du mouvement social. L’énorme mouvement de lutte qui s’est développé depuis l’arrivée au pouvoir du gouvernement de droite a justement eu pour effet de pousser la discussion dans la société sur un autre plan, vers une unité de classe contre la politique d’austérité, dans la direction d’une lutte que nous sommes en mesure de gagner. Ce n’est pas dans l’intérêt du mouve ment des travailleurs que des partis officiellement de gauche préfèrent se profiler sur la question nationale plutôt que sur la lutte de classe qui se déroule sous leur nez. Des partis de gauche qui mériteraient ce nom s’assureraient que les prochaines élections deviennent une punition vis-à-vis du gouvernement de droite en posant la question : qui doit payer pour la crise, les 99% de la population ou le 1% de méga-riches ?

    Aucune des propositions de Calvo pour une refédéralisation ne touche le cœur de la question, à savoir que la question nationale est une lutte pour la répartition des pénuries sociales et qu’il faut s’en prendre à ces manques pour que cette lutte puisse s’arrêter.

    Le sous-financement chronique dont souffre le système éducatif depuis des décennies a assuré que beaucoup de chouettes idées de ‘‘modernisation’’ tombent à l’eau, comme d’imposer le néerlandais comme deuxième langue obligatoire. Avec les médias et les partis fédéraux, dans le meilleur des cas, rien ne changera. Dans le pire, les tensions vont continuer de croître.

    Tout comme c’est le cas pour la sécurité et pour la crise économique, ni l’aile droite ni l’aile gauche de l’establishment ne peuvent offrir de réponse sur le plan communautaire qui puisse mener à des solutions. Les politiciens jouent sur les contradictions poussées à leurs limites dans le cadre du capitalisme. Ils n’ont pas de réponse face à la perte continuelle de pouvoir d’achat et de standard de vie de la majorité, ni face à l’exclusion quasi-totale de parts entières de la population sur base de nationalité ou de religion. Ces contradictions peuvent être temporairement pacifiées en période de forte croissance économique combinée à une lutte du mouvement des travailleurs pour que cette croissance arrive aussi, au moins partiellement, entre les mains de la majorité sociale.

    Mais depuis la fin des années 1970, c’est l’inverse que nous constatons. Non seulement les riches deviennent toujours plus riches, mais les pauvres sont aussi plus pauvres. Ni les problèmes communautaires, ni l’aliénation d’une partie de la jeunesse des communautés discriminées ne peuvent être résolus dans ce cadre. Seul le mouvement des travailleurs a la force potentielle de changer ce cadre et de construire une société dans laquelle tout le monde peut bâtir une vie digne d’un être humain. S’en prendre à la différence la plus importante et dominante entre les gens – la différence entre les classes sociales – va libérer l’espace pour permettre à tout le monde de vivre dignement et d’apprendre à voir dans les autres différences une source d’enrichissement au lieu d’une menace. Est

  • Grève des travailleurs de TéléMB

    teleMB02À l’annonce de ce qui ressemble très fort à une restructuration du personnel, les travailleurs de l’ASBL TéléMB (chaîne locale de la région Mons Borinage) sont entrés en grève le mercredi 9 décembre car ils refusent catégoriquement les propositions du Conseil d’Administration qui réclame la suppression de 6 à 7 postes. Cela représente entre un cinquième et un quart du personnel. Les raisons évoquées par la direction pour légitimer les licenciements sont inscrites dans une volonté de “refinancement sous conditions.”

    Par Max (Mons)

    D’après un délégué syndical, les conflits liés aux fonctionnement de la télé locale, son financement et son déficit ne datent pas d’hier. Des consensus pour voir perdurer dans la pérennité la chaine boraine ont déjà été trouvés par le passé. Il nous a exprimé sa volonté de voir se répéter ce résultat. C’est dans ce cadre que les employés se sont mis en arrêt de travail temporaire avec le soutien du SETCa.

    La lutte qui s’est engagée dans la boîte décrite par les travailleurs comme une entreprise familiale, où tous se connaissent très bien, trouve ses solides fondements dans la volonté de ne pas laisser 6 ou 7 d’entre eux sur le carreau. De plus, il est clair pour tous qu’une restructuration du personnel aura des effets on ne peut plus néfastes sur la qualité du service rendu à la collectivité du fait du durcissement des conditions et de la charge supplémentaire de travail.

    Le changement de politique à l’égard de gestion de TéléMB fait suite à la mise en place d’un nouveau bureau comptable qui maintenant met en avant un déficit, qui existe pourtant depuis longtemps, lié à une ”mauvaise gestion”. Mais une mauvaise gestion de le part de qui ?

    Il ne s’agit pas ici de la première attaque austéritaire sur des petites chaines de télés locales qui bénéficient d’une certaine indépendance médiatique. No télé, Canal C et d’autres télévisions régionales ont déjà fait l’objet de tentatives de restructuration. À chaque fois ce sont les subsides en eux-mêmes ou les sources subsidiaires qui sont mis en cause.

    Le Conseil d’Administration et son nouveau bureau comptable renvoie la balle de la mauvaise de gestion dans le camp des travailleurs déjà précarisés, qui travaillent par passion bien plus que pour la carotte. Ces derniers ne comprennent pas les décisions de la direction. En outre, la télé de proximité reste un avantage pour rendre compte de ce qu’il se passe à deux pas de chez nous.

    Les travailleurs directement percutés par ces attaques antisociales ne sont en rien responsables de la ”mauvaise gestion” de l’entreprise où l’on se tue à la tâche et où la solidarité, illustrée par l’arrêt collectif de travail, prédomine.

    Ce 16 décembre, le personnel a symboliquement bloqué les portes d’une salle de réunion pour forcer la direction à trouver une solution concernant ces licenciements. Les travailleurs ont finalement repris le travail aujourd’hui, la direction s’étant engagée à limiter les licenciements. Mais que veut dire “limiter”?

    Nous, travailleurs, voyons les richesses que nous produisons augmentées de manière exponentielle tandis que nos salaires stagnent ou pire, diminuent. Les crises à répétition d’un système à l’agonie qui balayent d’un revers d’austérité nos conditions de travail, nos entreprises publiques et dans ce cas-ci, le secteur culturel et médiatique, ne sont qu’un prétexte pour privatiser les secteurs publics et détruire nos acquis sociaux. Nous devons réagir de manière unitaire en soutenant les grèves des travailleurs de notre région ou de plus loin. La dynamique qui se crée automatiquement sur chaque arrêt de travail collectif ouvre les portes aux élans de solidarité qui sont heureusement encore monnaie courante dans le camp des travailleurs. La misère consécutive au laisser-aller en matière de sauvegarde de l’emploi dans la région qu’a engendré le manque de moyens et les attaques contre nos acquis sociaux pousse de plus en plus de personnes à remettre le système en question. Il ne saurait être autrement que d’utiliser cette frustration légitime pour aller chercher le soutient spontané des riverains envers les travailleurs de TéléMB. Il n’y a pas 1000 façons de se faire entendre. L’Histoire nous prouve que lorsque les travailleurs revendiquent collectivement, ils peuvent obtenir bien des choses.

    A ceux qui disent que la réaction est trop brutale pour une ”petite grève” dans une ”petite entreprise”, il faut répondre que celle-ci, plus celle-là et plus encore d’autres petites actions de contestation bien légitimes, forment un tout bien conséquent et marquent une volonté de plus en plus grande de sortir la tête de l’eau pour défendre nos conditions de travail sans cesse attaquées par la politique néolibérale. Cette volonté a d’ailleurs été illustrée par le succès des actions syndicales menées contre le gouvernement Michel. Organisons notre lutte contre les coupes budgétaires et pour le défense du services à la collectivité, à tous les niveaux de pouvoir!

     

  • COP21 : dirigeants et multinationales à Paris, le reste au ban

    londen

    Paris et Bruxelles tournent au ralenti. De très nombreux évènements et manifestations ont été interdits. Le Sommet climatique de Paris a toutefois été maintenu, mais pas dans son entièreté. Les mobilisations massives sont, elles, annulées en France comme en Belgique. Pourtant, la gravité de la situation environnementale nécessite une mobilisation d’ampleur !

    Par Emily (Namur)

    À partir du 29 novembre, 147 chefs d’États et de gouvernements, des milliers de représentants politiques et de scientifiques se retrouvent à Paris pour deux semaines de négociations. Le but affiché est de déboucher sur un accord limitant le réchauffement climatique à 2 °C – soit une réduction de minimum 40 % des gaz à effet de serre – et remplaçant le Protocole de Kyoto dès 2020.

    Toutefois, les textes sur lesquels se basent les négociations manquent cruellement d’ambition : absence d’objectifs intermédiaires de limitation des émissions de gaz à effet de serre, aucune mention d’une réduction des extractions de matière première fossile, etc. De beaux discours ne peuvent pas rencontrer les défis historiques auxquels nous devons faire face en la matière. Les scientifiques nous annoncent déjà que nous sommes en passe de franchir les 2 °C ce qui mettra davantage de pression sur la sécurité alimentaire, accroitra le nombre d’évènements climatiques extrêmes, élèvera le niveau des mers, etc. On observe déjà une augmentation de la température de 0,85 °C par rapport à la période pré-industrielle. Si aucun changement d’ampleur n’est opéré, elle s’élèvera de 4,6 °C d’ici la fin du siècle. Nous parlons de catastrophes qui entraineront des centaines de millions de déplacés et des dizaines de millions de morts.

    Au vu de l’urgence de la situation, l’interdiction de manifester à Paris à l’occasion de la COP21 est consternante. Nous n’avions déjà aucune illusion vis-à-vis de ce sommet, mais les choix opérés par les gouvernements sur ce qu’ils interdisent et autorisent illustrent leurs priorités. Les plus impactés par le réchauffement climatique – notre classe, celle des travailleurs, des jeunes et des pauvres – n’ont pas voix au chapitre. Seuls ceux responsables de celui-ci – les grandes entreprises – sont conviés, aux côtés des États qui les protègent, pour y défendre leurs intérêts et empêcher qu’un accord ne rogne leurs profits. L’interdiction des manifestations est une excellente nouvelle pour les grandes entreprises – telles qu’EDF (dont Electrabel est une filiale), BNP Paribas, BMW, etc. – présentes à Paris à travers le sponsoring du sommet, mais également grâce aux lobbys et aux gouvernements qui les y représentent.

    On ne peut pas laisser une minorité discuter de l’avenir de l’humanité. Nous avons plus que jamais besoin d’un mouvement autonome des jeunes, des travailleurs et des pauvres qui construise un rapport de force vers un changement de système, plutôt qu’un système qui exploite les deux seules sources de richesse : le travail humain et la nature. Nous devons utiliser chaque opportunité pour nous mobiliser, en liant les luttes sociales et environnementales, vers un contrôle et une gestion démocratique des ressources naturelles, du secteur énergétique et de la recherche, comme de tous les secteurs clés de l’économie, ainsi qu’une planification socialiste contre les immondes gaspillages et pénuries du système capitaliste.

    Socialist change, not climate change – Democratic planning, not private profit !

    => 10.000 Belges à Ostende !

    Nous appelons tout le monde à venir à Ostende et faire entendre sa voix pour une accord ambitieux et socialement juste sur le climat !

    Manifestation de dimanche 6 décembre, à midi, rassemblement à la gare. A l’initative de Climate Express et de la Coalition Climat.

  • Charleroi: Une grève bien suivie

    La Grève de ce lundi 23 novembre a été très bien suivie à Charleroi, démontrant la volonté de continuer la lutte contre les mesures austéritaires de ce gouvernement de droite. La forte présences aux différents piquets à prouvé que les travailleurs ne se sont pas laissés intimider par le climat de peur que le gouvernement et les médias contribuent à entretenir et à amplifier suite à l’horreur des attentats de Paris.

    Par Ben (Charleroi)

    De nombreux délégués étaient clairs quant aux fait qu’il ne fallait pas céder à la peur car c’est justement la politique austéritaire et antisociale que les différents gouvernements ont mené ces dernières décennies qui a créé les terroristes d’aujourd’hui. Le développement du chômage de masse, particulièrement chez les jeunes, le manque de perspectives d’avenir et le désinvestissement dans les services publics, tout cela a créé les bases pour augmenter le nombre de personnes poussé à la marge de la société, dans la délinquance ou pire comme on le voit aujourd’hui.

    D’autres discussions avaient pour sujet la question de la suite du plan d’action et la stratégie qu’ont devrait adopter pour en finir avec l’austérité et ce gouvernement. Beaucoup ont défendu l’idée que 24h de grève par-ci par-là ne seraient pas suffisant pour gagner quoique ce soit. Et même pire, que si on se limite a cela, il sera de plus en plus difficile de convaincre les travailleurs d’y participer.

    C’est pourquoi de nombreux délégués ont mis en avant la nécessité de discuter d’un plan d’action plus offensif sur la durée. Certains parlant de faire 3 ou 5 jours de grève d’affilée, d’autre carrément de grève « au finish ». Nos équipes ont participé a ces discussions avec enthousiasme, expliquant que selon nous, lancer immédiatement une grève « au finish » pourrait être risqué, car si cela pourrait contenter la minorité de délégués permis les plus combatif, un tel plan risquerait de laisser de nombreuses couches militantes sur le côté et de créer un fossé entre les délégations les plus combatives et la masses des travailleurs prête à s’engager dans la lutte. C’est pourquoi nous avons défendu l’idée d’un plan d’actions et de manifestations se construisant crescendo.

    Grève régionale du 23 octobre

  • Blocages routiers: deux poids deux mesures

    E40_guetapenAu milieu de la déferlante médiatique visant à criminaliser l’action syndicale, la RTBF s’est distinguée en nous offrant «le minimum syndical» d’objectivité, à savoir un bref rappel des nombreuses actions de blocage de la circulation autoroutière dans le cadre d’actions syndicales : routier, agriculteurs, et même… policiers.

    Par Jean (Luxembourg)

    La veille, RTL-TVI avait comme on pouvait s’y attendre fait preuve d’une parfaite dévotion à la cause patronale, allant jusqu’à nous offrir un lapsus révélateur dans ses titres incrustés qui annonçaient les «suites juridiques» des actions de la FGTB. On y parlait évidemment des suites judiciaires, mais on sentait à quel point les journalistes trépignaient d’impatience de pouvoir participer à de véritables suites juridiques, en rédigeant de nouvelles lois pour museler les syndicats.

    Or donc, grâce à ce trop bref aperçu des antécédents, on a appris 2 ou 3 choses :

    1. Le blocage des routes et autoroutes est en principe interdit par la loi
    2. Cela n’a pas empêché que des blocages se produisent à différentes occasion, sans entraîner de poursuites judiciaires.
    3. Visiblement, si l’on est agriculteur, chauffeur routier ou policier, il n’y a aucun problème pour bloquer les routes.
    4. Si on est militant FGTB, c’est plus compliqué :
      – Soit on demande préalablement l’autorisation à la police, comme l’avait fait la délégation des forges de Clabecq en 1997. Malgré, ou à cause de cette précaution, les ouvriers de Clabecq se sont engouffrés dans un guet-apens sur la bretelle de l’autoroute, avec des dizaines de policiers et d’autopompes qui ont surgit de leur cachette en quelques secondes, provoquant un chaos généralisé et 25 blessés.
      – Soit on ne la demande pas, et on doit faire face à d’autres problèmes.

    Au final, on ne sait pas très bien comment s’y prendre. Si on écoute les partis au pouvoir et la presse, mieux vaut oublier toute forme de résistance, et se jeter tout de suite dans le canal. Mais attention à ne pas obstruer les voies navigables… A vrai dire, on préfèrerait une autre solution. Du genre : appuyer résolument sur l’accélérateur de la lutte pour pousser le gouvernement vers la 1ère sortie!

    => A lire également : L’establishment essaye de criminaliser le mouvement syndical

  • Profitons du 7 octobre pour construire une lame de fond contre ce gouvernement et toute l’austérité

    7oct_01Le 7 octobre nous serons à nouveau mobilisés contre les mesures Tatchériennes de ce gouvernement. Après le plan d’action de l’automne 2014, beaucoup de questions restent ouvertes. Peut-on arrêter ce gouvernement ? Comment stopper l’austérité ? De quelle alternative disposons-nous face à la politique de plus en plus brutale du patronat? Nous voulons discuter de ces questions afin de trouver les meilleures réponses. Cela nous permettra, lors du prochain plan d’action, de lutter pour gagner.

    Par Alain (Namur)

    Un plan d’action qui  a largement suscité l’enthousiasme

    Si on regarde dans le rétroviseur, l’année passée à la même période, l’atmosphère sociale était quelque peu différente. Les discussions dans la société étaient focalisées sur les questions socio- économiques et sur les nouvelles mesures d’un gouvernement ouvertement de droite. Sur les lieux de travail, les lieux d’enseignements mais aussi dans nos discussions privées, chacun discutait des conséquences des mesures du gouvernement. Là où elles ont pu avoir lieu, les assemblées générales de travailleurs, et même d’étudiants, ont permis de démontrer la volonté de résistance contre ces mesures antisociales.

    Cette atmosphère a été reflétée par la réussite de toutes les dates du plan d’action. La manif des 150.000 du 6 novembre, les différentes dates de grèves régionales fin novembre/début décembre et la magnifique grève générale du 15 décembre ont démontré que le mouvement ouvrier belge était encore capable de se mobiliser et de modifier le rapport de force en sa faveur. Pas mal de discours ont été balayés : ceux qui pensaient que la division communautaire était fondamentale dans la société en ont eu pour leur compte, ceux qui pensaient (souvent les mêmes) que les syndicats étaient isolés ont aussi dû être surpris par le fait que ces derniers ont réussi à attirer dans l’action différentes couches sociales.

    La direction du mouvement n’a pas saisi l’énergie dégagée pour faire bouger les lignes

    Au soir du 15 décembre, le gouvernement – même si il ne l’a pas reconnu – était à terre. Aucun commentateur ne pensait possible que ce gouvernement parvienne à tenir toute une législature. La direction syndicale a pensé que ce serait suffisant pour entrer en négociation. Ils sont directement entrés en discussion avec le patronat en signant toute une série d’accords. Cela a laissé le temps à l’ennemi de reprendre son souffle. Le fait qu’une majorité de la population soit en faveur d’une taxe sur les fortunes même parmi les rangs des électeurs des partis de droite a été utilisé comme sortie de secours avec le tax-shift, le virage fiscal. La direction syndicale a dû mettre tout son crédit pour convaincre les militants de suivre cette orientation. Les militants n’ont suivi que parce que la lutte était toujours de mise. Le potentiel pour mener la suite du combat était bel et bien présent après janvier.

    Etait-il possible de faire tomber ce gouvernement ?

    L’opportunité de faire chuter ce gouvernement était présente, il aurait fallu une direction résolue à élargir le mouvement pour convaincre les réticents et durcir le mouvement. Au lieu de cela, on a laissé passer l’occasion et les thèmes dans l’actualité se sont concentrés sur d’autres sujets. L’attaque terroriste à Charlie Hebdo et le démantèlement sanglant d’une bande de présumés terroristes à Verviers a permis au gouvernement de se ressaisir. La direction du mouvement des travailleurs n’a pas imprimé son programme et son alternative sur cette question, ce qui a laissé l’opportunité au gouvernement de détourner l’attention des problèmes socio-économique.

    Aujourd’hui nous sommes aussi confrontés à une situation où les thèmes d’actualités ne sont pas centrés sur le socio-économique, mais plutôt sur les questions de migrations. Face à cette thématique comme face à beaucoup d’autres nous devons partir de la solidarité qui est le pilier de notre classe sociale. Beaucoup de politiciens parlent d’accueil et de solidarité. Nous pensons que pour vivre concrètement cet accueil et cette solidarité de manière inclusive, nous devons défendre nos mécanismes collectifs de solidarité. La sécurité social est l’instrument privilégié pour redistribuer les richesses créées par les travailleurs. Un emploi décent pour tous, des logements abordables et des services publics gratuits et de qualités sont essentiels pour faire face à la crise de l’accueil. L’arrêt des guerres et des politiques impérialistes est nécessaire pour résoudre la crise migratoire. C’est avec cette approche que nous pourrons unir les revendications des différentes couches qui subissent la crise dans notre société. Pour cela, le 7 octobre est une excellente occasion de défendre concrètement la solidarité dont tous les médias parlent ces temps-ci.

    La lutte sociale n’est pas sur ‘‘pause’’

    Beaucoup de militants combattif sont frustré de ne pas avoir pu poursuivre sur base de l’élan de la grève générale du 15 décembre. Mais nous devons faire attention à ce que nos frustrations ne nous fassent manquer de nouvelles opportunités. Les dossiers chauds sont nombreux sur la table. Avec la révision à la baisse de la croissance économique et les rentrées fiscales moins importantes, les autorités fédérales veulent trouver 456 millions d’euros à économiser (RTBF info, 22 septembre). Le gouvernement a aussi décidé de passer à la vitesse supérieure concernant la destruction de la SNCB et des services publics et de lancer une lourde offensive contre le droit de grève via l’instauration d’un service minimum. Des attaques terribles contre le personnel et contre les usagers sont à l’ordre du jour. Il y aussi la discussion sur le second pilier de pension et sur la flexibilité au travail. Ces dossiers n’ont pas directement le fort potentiel de mobilisation interprofessionnel que pouvaient avoir le saut d’index et l’augmentation de l’âge de la pension. Mais il faut s’attendre à des luttes sectorielles et par entreprises. Le mois de septembre avait ainsi été marqué par les conflits sociaux à Caterpillar, à la FN-Herstal ou encore chez GSK. La ‘‘paix sociale’’ n’est pas à l’agenda.

    Le temps passant, les conséquences de l’austérité se feront plus ressentir. La Libre a notamment titré ‘‘60% des exclus du chômage n’ont plus rien’’. l’Institut pour une Développement Durable a sorti une étude sur l’augmentation du nombre de bénéficiaire du RIS (+21% de bénéficiaire et +25% de dépense entre 2010 et 2015). La FGTB corrige chaque mois les chiffres de chômage, en recul uniquement sur base des exclusions du droit à recevoir des allocations. L’augmentation de la pauvreté et la destruction du tissu social va alimenter la colère sociale. Assurons que celle-ci soit organisée afin de stopper les causes qui la font surgir.

    Quel type de résistance dans la période à venir ?

    Nous n’avons pas face à nous une période qui s’annonce de tous repos. Mais si nous voulons construire un mouvement pour arracher la victoire, nous devons disposer de mots d’ordre et d’une alternative clairs. Le 7 octobre est une bonne occasion pour discuter de ces mots d’ordre et de cette alternative politique. Mais après cette date, nous aurons à saisir chaque opportunité pour développer la lutte. Nous devons nous montrer solidaires de ceux qui seront dans le feu de la lutte avant nous, à l’instar des travailleurs de la SNCB qui ont annoncé un plan d’action avec une grève générale de 48 heures. Nous devons aussi développer une réponse basée sur la solidarité face aux crises de la migration qui ne sont que des symptômes de la crise fondamentale du système capitaliste.

    Les élections sociales représentent encore une excellente opportunité de discuter avec nos collègues de la nécessité de construire des délégations combatives. Le véritable adversaire de ces élections sociales, ce n’est pas l’autre couleur syndicale, mais bien le patronat et ses alliés. Nous devons mettre en place des équipes syndicales soutenues par la base qui pourront canaliser la colère présente dans la société vers un nouveau plan d’action. Modifier le rapport de force interprofessionnel, c’est encore la meilleure manière d’obtenir des acquis au niveau des entreprises.

    Ce sont ces éléments que le PSL veut discuter avec les militants et les activistes. Pour renforcer ce travail, rejoignez- nous dans nos débats et cafés syndicaux, diffusez notre presse et rejoignez- nous !

     

     

  • Contre Michel I : Lutter pour gagner! Avec une réelle alternative et des mots d’ordre clairs!

    LS205Tout comme de nombreux militants, le PSL ne ménage pas ses efforts pour faire un succès de la mobilisation du 7 octobre. Il le faut. Après tout, le gouvernement des riches ne cesse de bidouiller notre sécurité sociale, nos salaires et nos conditions de travail. Nous ne sentons pas que nous allons répéter les 150.000 manifestants du 6 novembre 2014. Nous sommes plus susceptibles d’être de 50 à 80.000. Cela reste encore beaucoup plus que tout autre mouvement social. Mais il est temps de réfléchir. De cette manière-là, on ne parviendra pas à arrêter tous ces gouvernements de droite, au fédéral et ailleurs.

    Par Eric Byl

    Tout ce que ce gouvernement touche se transforme en attaque contre la classe des travailleurs. Le virage fiscal (Tax Shift) initialement destiné à également faire contribuer les grandes fortunes est devenu un gigantesque transfert de moyens des poches des travailleurs vers les caisses des entreprises via les accises et l’augmentation de la TVA. Cela a conduit à un record… d’acquisitions d’entreprises. Si une poignée de compagnies d’assurance juge trop élevés les taux ‘‘garantis par la loi’’ des pensions complémentaires (le deuxième pilier), financées par les patrons, le gouvernement permet de les abaisser. Mais si des milliers travailleurs dénoncent l’exploitation, les autorités estiment leur attitude ‘‘conservatrice’’. Celui qui fuit l’exploitation dans son pays elles le qualifient de ‘‘profiteur’’. Celui qui s’enfuit lorsque cette situation tourne à la guerre, elles l’accusent de faire un voyage de plaisance en mer, puisqu’en Turquie, il n’y a quand même pas de guerre, prétend la N-VA. Pendant ce temps, celui qui a commencé à enseigner il y a 20 ans devra travailler de cinq à douze ans de plus que ses collègues qui partaient en pension à l’époque. La principale garantie sur le statut du personnel des cheminots, HR-Rail, ne va pas être supprimée en 2019 comme on l’avait craint, mais peut-être déjà en mars 2016.

    Ce sont là suffisamment de raisons pour descendre dans la rue. Entre autres parce l’effet de beaucoup de mesures ne va se faire sentir que maintenant. Mais cette fois-ci il n’y aura pas de mesures symboliques comme l’augmentation de l’âge de la retraite à 67 ans ou le saut d’index. La direction de la CSC peut bien prétendre qu’elle reste opposée à ces mesures, en réalité, elle a accepté la situation depuis longtemps. Dans la bouche du sommet de la CSC, ‘‘négocier d’abord, mener des actions ensuite’’, semble essentiellement signifier ‘‘aucune action’’. En mobilisant puis en en y allant seule, la direction de la FGTB pourrait mettre la CSC sous pression, mais cela n’arrive pas. Se pourrait-il qu’elle ne soit que trop heureuse de se cacher derrière l’attitude de la direction de la CSC pour ne pas sortir de son coin ?
    De nombreux collègues, tant de la FGTB que de la CSC, n’ont pas pardonné aux dirigeants syndicaux le fait que les sacrifices effectués durant le Plan d’action de 2014 ont été dilapidés dans des négociations interminables qui n’ont pour ainsi dire rien donné. Un nouveau plan d’action? OK, mais pas pour récupérer des miettes. A quoi peuvent bien servir les assemblées du personnel d’information avant l’action si nous dépendons des médias dominants pour les résultats ? Que les dirigeants syndicaux travaillent sur la communication externe, pourquoi pas? Mais pourraient-ils une fois également se concentrer sur la ‘‘communication interne’’ ou la ‘‘démocratie interne’’ comme nous l’appelons? Il n’y a pas de syndicaliste qui ne comprenne pas l’importance des porte-paroles, mais par porte-parole, nous entendons aussi ‘‘représentant’’, non seulement pour les médias, mais aussi et surtout pour la base, aux assemblées du personnel et aux réunions de militants.

    Au cours du précédent plan d’action, nous avions déjà averti que le mouvement des travailleurs ne s’utilise pas comme un interrupteur. Il faudra du temps pour reconstruire la confiance et l’enthousiasme de l’automne 2014. Nous devrions être particulièrement clairs sur le fait que nous nous rendons au combat pour gagner. La meilleure manière de le faire est de sortir avec une réelle alternative politique et des mots d’ordre clairs. Nous espérons nous tromper, mais on ne voit pas les dirigeants syndicaux organiser une lutte généralisée pour cet automne. Les militants ne doivent pas se laisser démoraliser. Au niveau sectoriel et au niveau des entreprises, des conflits durs nous attendent. Nous devons utiliser les élections sociales du printemps 2016 pour élire des syndicalistes combattifs. Ce gouvernement ne va pas s’arrêter là. A chaque victoire qu’il engrange il devient encore plus affamé de régression sociale. Les dirigeants syndicaux ont un peu dur à le comprendre, mais ils finiront par se rendre compte que ce gouvernement ne peut pas être arrêté par des arguments mais uniquement par l’action concrète.

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