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‘‘Le front syndical est-il menacé?’’
C’est ce que titrait un article de l ‘Echo du 3 août dernier suite à l’interview de Marie-Hélène Ska dans laquelle elle déclarait à propos de Marc Goblet ‘‘je pense que je suis tout ce qu’il déteste : une femme, j’ai fait des études, je lis des dossiers. Je pense que cela l’énerve au plus haut point.’’ (Le Soir, 1er août) Marc Goblet a immédiatement réagi sur twitter : ‘‘Faux, ce que je n’aime pas c’est qu’on mette les intérêts des travailleurs après ceux du CD&V.’’ Puis, dans une interview donnée le lendemain, il a dit être surtout inquiété des raisons derrière ces déclarations et qu’il ‘‘espère que ce n’est pas pour remettre en cause le front commun et mettre fin à la mobilisation sociale.’’ (Site du Soir, 2 août)
Par Ben (Charleroi)
Une polémique personnelle ayant trop pris d’ampleur ?
Peut-être, mais pas vraiment, d’ailleurs il n’y a pas que Marc Goblet qui en prend pour son grade. A la question ‘‘pas tentée par le socialisme et ses valeurs de solidarité ?’’, Marie-Hélène Ska répond : ‘‘Ah non ! Je ne pourrais jamais. Il est dans le discours proche de ces valeurs mais j’ai vu l’exercice du pouvoir et à Charleroi, la solidarité, c’était ‘‘Je mets dans ma poche et je décide seul.’’ (Le Soir, 1er août) Di Rupo s’est senti obligé de répondre : ‘‘Madame Ska, en insultant de la sorte les militants socialistes, insulte une partie de ses propres membres : nombre de militants CSC sont également affiliés au Parti Socialiste.’’ Et il en profite pour l’appeler à ‘‘se ressaisir pour faire front dans la défense des travailleurs face à un gouvernement de droite.’’ (lesoir.be, 1er août) Ce qui nous rappelle la sortie de Marc Goblet lors du 1er mai dernier, lorsqu’il appelait la CSC à ‘‘redevenir un syndicat qui défende les travailleurs’’.
La formation du gouvernement avec le CD&V et sans le PS en est bien évidemment l’élément principal de ces tensions. D’un côté, la direction de la CSC a freiné la poursuite du dernier plan d’action, en signant l’accord salarial et en agitant la chimère du Tax Shift pour ne pas malmener son partenaire CD&V. De l’autre, la FGTB aimerait trouver le moyen de ramener le PS au pouvoir, Marc Goblet le signifiant très clairement avec sa sortie en ‘‘Action Commune’’ aux côtés du PS et de Solidaris. (L’Echo, 24 mars).
La CSC veut-elle rompre le front commun? Non !
Il faut faire une différence entre la direction syndicale et sa base, ainsi qu’entre des approches tactiques foireuses et ce qui peut passer pour une volonté d’abandonner la lutte. Pour rappel, le 10 février, le conseil général de la CSC a approuvé le projet d’accord social avec une majorité plus étroite que jamais : 49% pour, 45% contre et 6% d’abstentions. Et cela, dans le cadre d’un débat truqué où une pression énorme a été mise pour pousser à voter ‘‘oui’’ et où le vote ‘‘oui’’ est resté conditionné à la promesse de tout de même maintenir la lutte pour revenir sur les réformes antisociales (voir notre édition du mois de mars). Malgré l’énorme poids mort qu’est la direction de la CSC, la base, les militants et les délégués, étaient clairs quant à la nécessité de mener le combat contre ce gouvernement. C’est toujours le cas.
La FGTB a elle aussi son lot de poids morts et de tactiques foireuses. Entre le président du Setca, Erwin De Deyn, qui s’était empressé de déclarer début d’année que le Setca n’était pas favorable à de nouvelles grèves (Le Soir, 5 février) et les nombreux défenseurs du PS, ce n’est pas gagné non plus.
En fait, les directions syndicales jouent systématiquement un rôle de frein et, aujourd’hui, ce sont elles qui menacent le plus l’unité et le front commun syndical. Les élections sociales de mai 2016 se rapprochant, le phénomène ne fera que s’aggraver.
Face aux divisions au sommet, l’unité de la base
La conclusion s’impose, face aux divisions des directions syndicales, il faut construire l’unité de la base. Car ce n’est ni chez Marie- Hélène Ska – qui, quand on lui demande quels sont les hommes politiques qui portent le plus ses aspirations, pense à Verhofstadt et Dehaene, (Le Soir, 1er août) – ni chez Marc Goblet – lié au Parti Socialiste – qu’on trouvera la direction combative dont nous avons besoin.
Cette direction sera le produit de la lutte elle-même, elle viendra de la base des syndicats, des travailleurs et des délégués qui s’organiseront concrètement sur le terrain, se réuniront en assemblée générale pour discuter collectivement de la meilleure stratégie à adopter et qui, renforcés par leur travail collectif, pourront montrer le chemin vers un syndicalisme de combat unitaire.
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