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Magnette & le PS: tel un phénix qui renaît de ses cendres ?
La social-démocratie belge et européenne est en crise historique. C’est Paul Magnette, Ministre-Président wallon, qui le dit lui-même dans les toutes premières phrases de son livre ‘‘La gauche ne meurt jamais’’ sorti fin mai. En Belgique, il vrai, cela faisait très longtemps que le PS ne s’était plus retrouvé dans l’opposition au fédéral (1988…), attaqué à sa droite par le gouvernement Michel et à sa gauche par le PTB ainsi que par une fraction de la FGTB. Un des derniers sondages d’Ipsos montre des intentions de vote en baisse pour le PS, à 27% en Wallonie et 19% à Bruxelles(1).
Par Cécile (Liège)
Dans ce contexte, le livre de Magnette fait suite au grand ‘‘chantier des idées’’ lancé par un PS qui tente de se redéfinir et qui est secoué par des tensions internes (liées à la réélection de Di Rupo et aux critiques à propos de la bureaucratisation et à l’embourgeoisement du parti(2)). Si l’idée est, selon Di Rupo, de ‘‘redonner la parole aux militants’’, il s’agit surtout de resserrer les rangs parmi ces derniers et chez les délégués syndicaux.
Selon Magnette, la social-démocratie a besoin d’un ‘‘retour aux grandes idées’’. Selon lui, le PS n’est adepte ni de la troisième voie, ni du centre. La gauche ne doit pas courir après la droite, selon ses termes, mais ne doit pas non plus tomber dans le radicalisme. S’il accorde son soutien à Syriza en Grèce, il décrédibilise toute alternative anticapitaliste en Belgique. Il s’attaque là frontalement au PTB, qu’il dénonce comme du populisme de gauche utilisant des campagnes publicitaires et des slogans simplistes. S’il n’a peut-être pas tout à fait tort, cela est un peu court pour rejeter toute alternative à la prétendue ‘‘gauche’’ de Magnette & Co et pour décrédibiliser l’ensemble des courants politiques et des couches de la population qui veulent sortir du mode de production capitaliste.
‘‘Comment continuer à faire vivre des idées de gauche?’’ se demande Magnette. Selon lui, le contexte économique actuel n’est plus favorable aux idées progressistes que le socialisme défend comme l’égalité, la justice fiscale ou la diminution collective du temps de travail. Le hic, c’est que les politiques appliquées par le PS depuis des décennies ont elles aussi contribué à la création de ce grand contexte économique tant déploré par Magnette… Le bourgmestre de Charleroi déclare également que ‘‘l’on ne peut pas se contenter (…) de luttes contre les discriminations qui ne s’attaquent pas à l’ordre social intrinsèquement inégalitaire dont elles sont issues’’ (3) N’est-ce pas pourtant exactement la politique qui a été appliquée dans sa ville en 2013 avec le nouveau règlement de la mendicité visant à disperser les mancheurs et à interdire la mendicité le dimanche (4)? C’est là toute la différence entre des ‘‘idées’’, un discours et un programme politique fort et sérieux, qui met réellement en place les structures dans la société pour que ces idées puissent exister et se réaliser concrètement. Son livre commence par le constat d’une social-démocratie réformiste en crise. On en est encore plus convaincu après l’avoir lu.
Détail piquant; un millier de manifestants en front commun étaient dans la rue à Namur le jour même de la parution du livre, le 28 mai dernier, afin de dénoncer l’austérité dans la fonction publique de la Région wallonne. ‘‘Même si c’est Magnette qui est ici chez nous, on est quand même dans l’austérité’’ constatait un manifestant rappelant ainsi que les termes de ‘‘rigueur’’ (cher au PS) et ‘‘d’austérité’’ ont la même signification pour les travailleurs.
Ils n’ont donc pas manifesté avec le livre de Paul sous le bras…
(1) http://www.rtbf.be/info/belgique/detail_sondage-le-ps-fait-la-grimace-le-mr-sourit-et-maggie-de-block-rit?id=8896349
(2) http://www.lalibre.be/actu/politique-belge/di-rupo-assure-que-le-ps-se-porte-bien-54e9dad135701001a1df5084
(3) Magnette, La Gauche ne Meurt Jamais, p.44
(4) http://www.lesoir.be/250915/article/actualite/regions/hainaut/2013-05-28/charleroi-mendiants-devront-changer-commune-tous-jours