Category: Contre le racisme

  • [VIDEO] manifestation antifasciste contre le NSV

    Ce jeudi 20 mars, 500 jeunes et syndicalistes s’étaient réunis à Anvers pour s’opposer au traditionnel défilé des militants du NSV (cercle étudiant officieux du Vlaams Belang) qui est le rendez-vous annuel de diverses organisations néofascistes. Faisant le lien entre la montée de l’extrême droite, l’aggravation des conditions de vie, la soif de profits de l’élite capitaliste et sa politique de « diviser pour mieux régner », les manifestant combatifs ont notamment scandé « des emplois pas de racisme, combattons le capitalisme! »

    => Rapport de la manifestation

    Vidéo de Jean-Marie Versijp

  • [PHOTOS] Manifestation antifasciste contre le NSV (2)

    Ce jeudi 20 mars, 500 jeunes et syndicalistes s’étaient réunis à Anvers pour s’opposer au traditionnel défilé des militants du NSV (cercle étudiant officieux du Vlaams Belang) qui est le rendez-vous annuel de diverses organisations néofascistes. Faisant le lien entre la montée de l’extrême droite, l’aggravation des conditions de vie, la soif de profits de l’élite capitaliste et sa politique de “diviser pour mieux régner”, les manifestants combatifs ont notamment scandé « des emplois pas de racisme, combattons le capitalisme! »

    => Rapport de la manifestation

    Photos de PPICS – banque d’images.

     

    =&gt; <em><a href=”http://www.socialisme.be/fr/8909/un-beau-succes-pour-une-manifestation-antifasciste-combative-et-unitaire”>Rapport de la manifestation</a></em>

  • [PHOTOS] Manifestation antifasciste contre le NSV (1)

    Ce jeudi 20 mars, 500 jeunes et syndicalistes s’étaient réunis à Anvers pour s’opposer au traditionnel défilé des militants du NSV (cercle étudiant officieux du Vlaams Belang) qui est le rendez-vous annuel de diverses organisations néofascistes. Faisant le lien entre la montée de l’extrême droite, l’aggravation des conditions de vie, la soif de profits de l’élite capitaliste et sa politique de “diviser pour mieux régner”, les manifestants combatifs ont notamment scandé « des emplois pas de racisme, combattons le capitalisme! »

    => Rapport de la manifestation

    Photos de Jean-Marie Versijp.

  • Pas de fachos dans nos quartiers, pas de quartier pour les fachos !

    20 mars : manif anti-NSV à Anvers

    Ce 20 mars, nous manifestons à Anvers en opposition à la marche de la haine organisée chaque année par le NSV, l’organisation étudiante officieuse du Vlaams Belang. Cette année, ces petits néonazis auront quelques fidèles supporters en moins puisque quatre militants de BBET (1) ont été condamnés à des peines de prison début février pour racisme, négationnisme et faits de terrorisme. Voilà le genre de personnage que l’on trouve dans les rangs de la manifestation du NSV.

    Tous les membres du NSV ne sont pas des néonazis fanatiques comme ceux de Blood & Honour. Toujours est-il que la marche du NSV est un lieu de rassemblement pour ces néofascistes dangereux. Cela a d’ailleurs – de façon très explicite – encore confirmé lors du procès des militants de Blood&Honour. Le dossier judiciaire indique que Tomas Boutens – principal inculpé et organisateur central de la branche flamande de Blood & Honour – s’était rendu chez un autre néonazi à son retour du Kosovo (où il était présent en tant que militaire belge) pour y rechercher des matraques qu’il comptait revendre dans le cadre de la manifestation du NSV…

    Ces néonazis s’en sont encore tirés à bon compte, Tomas Boutens écopant d’une peine de quatre ans. Et si le tribunal a jugé qu’il s’agissait de néonazis dangereux, il a tout de même été décidé de leur rendre une partie de leurs armes afin qu’ils puissent régulariser leur situation ! Le tribunal a donc réarmé des néonazis considérés comme dangereux. Cherchez la logique…

    Tomas Boutens manquera à l’appel cette fois-ci, mais le cercle étudiant d’extrême droite peut compter sur d’autres soutiens. Le porte-parole du Vlaams Belang, Filip Dewinter, est par exemple un habitué des manifestations du NSV. Et quand bien même le parti raciste n’est pas au mieux de sa forme électorale, ce serait une grosse erreur de considérer que le danger de l’extrême droite est passé.
    Le Vlaams Belang a remporté élection sur élection 20 années durant. L’autorité des partis traditionnels n’a cessé de s’affaiblir, au point que le phénomène n’a jamais été aussi important qu’aujourd’hui et est principalement reflété par l’essor de la N-VA. Mais si la N-VA a su causer l’effondrement électoral du Vlaams Belang, nous ne devons pas être aveugles : l’extrême droite semble parfois avoir les neuf vies d’un chat ! En France, Sarkozy avait lui aussi siphonné un temps les voix de l’extrême droite, mais nous voyons aujourd’hui le FN et Marine Le Pen caracoler en tête des sondages.

    Le Vlaams Belang est désespérément à la recherche de l’attention médiatique et veut revenir sur le devant de la scène. Une campagne est à peine lancée qu’une nouvelle est déjà frénétiquement préparée. Cette frustration se retrouve également à la base du parti. De jeunes radicaux, un peu à la marge, peuvent passer des paroles à l’acte et adopter des méthodes plus musclées contre des opposants politiques ou des personnes qui n’ont pas la ‘‘bonne’’ couleur de peau.

    Les préjugés racistes sont, hélas, loin d’avoir disparu et, dans ce contexte de crise et de pénuries sociales (logement, emploi,…), l’extrême droite peut instrumentaliser la colère en pointant du doigt des boucs émissaires. La meilleure riposte, c’est de s’en prendre à ce terreau et d’organiser un front de résistance contre l’austérité et pour un meilleur avenir pour tous. Voilà pourquoi la manifestation antifasciste contre le NSV du 20 mars prochain a pour slogan essentiel ‘‘Des emplois, pas de racisme’’. Cette manifestation dénoncera donc également la politique de droite menée à Anvers sous le mayorat de Bart De Wever.

    (1) Bloed, Bodem, Eer en Trouw – Sang, Sol, Honneur et Fidélité, branche flamande du réseau néonazi international Blood & Honour)

  • 20 mars : Manifestation antifasciste à Anvers

    Par Mathias (Anvers)

    Le jeudi 20 mars prochain, les Étudiants Nationalistes (NSV) tiendront leur annuelle marche de la haine, cette fois-ci à Anvers. Le NSV, une organisation étudiante d’extrême droite, est coutumier des insultes racistes, de la violence et des idéaux fascistes. Chaque année, la contre-manifestation est le plus grand événement antifasciste de Belgique.

    Reconnaissons-le, le NSV n’a jamais cherché à cacher être d’extrême droite. L’an dernier encore, le NSV avait organisé une conférence internationale avec un orateur de Casa Pound (organisation autoproclamée héritière du fascisme italien). La liste des orateurs fascistes et néo-nazis, aux activités du NSV est toujours impressionnante, et le parti néonazi grec Aube Dorée peut compter sur une grande sympathie de la part de ses membres. Nous voilà prévenus.

    Cependant, nous ne pouvons nous en prendre à l’extrême droite sans dénoncer avec ardeur la responsabilité des partis traditionnels, qui recourent à la tactique du ‘‘diviser pour régner’’ afin d’instaurer leurs politiques d’austérité en divisant la résistance. Les Flamands sont montés contre les Wallons, les Belges contre les immigrés, les travailleurs contre les chômeurs, les seniors contre les jeunes, etc. À Anvers, les choses arrivent jusqu’au point où le bras droit de Bart De Wever, Liesbeth Homans, déclare que ‘‘le racisme est une notion relative (…) surtout utilisée pour excuser ses échecs personnels’’. La croissance du FN en France est un avertissement à ne pas prendre à la légère.

    Un seul mot contre l’austérité : Résistance

    À travers l’Europe, les travailleurs et la jeunesse sont aux prises avec un puissant rouleau compresseur néolibéral. Les conséquences, déjà horribles, ne font que s’aggraver : le taux de chômage dans la zone euro s’élève maintenant à 24,4%, 120 millions d’Européens risquent de sombrer dans la pauvreté et, partout, les services publics et sociaux sont démolis. En Grèce, la malaria est même de retour, après avoir été éradiquée du pays en 1974. Ce désastre social et économique constitue un terrain fertile pour la droite populiste et l’extrême droite. Pour les immigrés, les homosexuels et les militants de gauche, l’émergence de partis tels qu’Aube Dorée en Grèce représente un danger bien réel : ce parti néo-nazi recourt à une violence sanglante qui a déjà conduit à des meurtres.

    Quant à ceux qui s’élèvent contre l’austérité, à la base de la croissance de la misère sociale et des réactionnaires de tous poils, la répression leur fait face. Il n’y a rien d’autre à attendre de la part de responsables politiques incapables de trouver des réponses aux problèmes sociaux. En Belgique, tous les partis traditionnels soutiennent le principe des Sanctions Administratives Communales (SAC), qui criminalise la jeunesse et qui a déjà été utilisé pour frapper avec de lourdes amendes des manifestants. Les Étudiants de Gauche Actifs (EGA) soutiennent la campagne STOP-S.A.C. pour l’abolition des amendes S.A.C. (www.StopSAC.be)

    Pour une manifestation antifasciste non-violente !

    Pour une alternative sociale !

    L’extrême droite profite de la crise, mais n’a aucune solution pour en sortir. Elle ne fait que dévier l’attention des véritables responsables du marasme dans lequel est plongée notre société. Elle protège cette élite qui contrôle l’économie et la fait fonctionner dans le seul but de satisfaire sa cupidité. Se battre contre le fascisme et le racisme signifie également de s’en prendre à ce qui les alimente. Concrètement, cela veut dire de lutter contre le capitalisme et pour un autre projet de société : pour une société socialiste démocratique.

    Rejoignez Étudiants de Gauche Actifs et la campagne antifasciste flamande Blokbuster, manifestez avec nous le 20 mars prochain contre le NSV et l’extrême droite.

    Rendez-vous le 20 mars 19h00, gare d’Anvers-Berchem

    • Pas de reconnaissance du cercle étudiant fasciste NSV à l’Université d’Anvers !
    • Non aux Sanctions Administratives Communales et à la criminalisation de la jeunesse !
    • Organisons l’opposition aux politiques antisociales, à Anvers et ailleurs !
    • Des emplois, pas de racisme ! Pour des emplois décents, des logements abordables et un enseignement gratuit pour tous !
  • Antifascisme. Pourquoi manifester contre le NSV?

    Article par Geert Cool, porte-parole de la campagne antifasciste flamande Blokbuster

    Le Nationalistische Studentenvereniging (NSV, cercle des étudiants nationalistes) se présente comme un sympa petit club d’étudiants flamingants qui ne s’occupe que de l’organisation d’activités estudiantines (soirées de chants,…). En réalité, il s’agit du vivier du Vlaams Belang, ce milieu étant même plus radical que le parti d’extrême-droite. En dépit de la présence de quelques membres de la N-VA, le NSV reste essentiellement un lieu de formation pour de futurs cadres du Vlaams Belang.

     Lorsque le VB était au faîte de sa gloire électorale, le NSV a parfois dû quelque peu masquer son côté plus radical. Mais maintenant que le VB enregistre de moins bons résultats électoraux, l’attention des médias dominants est également moindre quant aux agissements de ses excroissances. Fin novembre dernier encore, le NSV a tenu à Anvers un meeting comprenant des orateurs internationaux dont le moins que l’on puisse dire est qu’ils sont controversés : le NSV a ainsi offert une tribune à un militant d’extrême-droite italien qui se proclame ouvertement héritier du fascisme de Mussolini ou encore à un pionnier d’une milice privée hongroise mise à l’index. Même le Vlaams Belang a trouvé l’événement risqué et n’a pas désiré mettre de salle à disposition du NSV.

    Ce dossier est destiné à examiner d’où provient le NSV ainsi que ce que préconise cette organisation.

    D’où vient le NSV ?

    Manifestation du 20 mars : page francophone de l’événement facebook

    Le NSV a été créé en 1976 pour regrouper des étudiants d’extrême-droite. Très vite, le NSV a également eu une aile d’écoliers avec le Nationalistische Jongstudentenverbond (NJSV) (Union des Jeunes Etudiants Nationalistes) où Filip Dewinter et Frank Vanhecke (à Bruges), Philip Claeys (à Bruxelles) ou encore Karim Van Overmeire (à Alost) ont notamment joué un rôle.

    Le NJSV a eu à son apogée quelque chose comme 18 sections (entre autres à Bruges, Anvers, Sint-Niklaas, Le Coq, Mol, Koekelare, Grammont,…). Son secrétariat national était basé à l’adresse privée de Filip Dewinter, qui habitait encore Steenkaai à Bruges, Dewinter étant le président national du NJSV. Les activités du NJSV brugeois, codirigé par Dewinter et Vanhecke, n’étaient pas spécialement ”fréquentables” : violence, racisme et défense ouverte du fascisme. Dewinter et Vanhecke organisaient aussi une bourse du livre “anticommuniste” où la police a saisi des livres révisionnistes (niant l’holocauste). Les membres du NJSV brugeois participaient également aux activités violentes de la milice privée ultérieurement interdite VMO (Vlaamse Militanten Orde, Ordre des Militants Flamands). Les responsables du VMO brugeois se sont chargés de la formation politique de Dewinter et Vanhecke.

    Dans le journal commun du NSV et du NJSV, Anton de Grauwe a écrit : “Et naturellement, des termes tels que commandement, hiérarchie, ordre civil, discipline, éducation, autorité sont taxés de fascistes. Nous pouvons être fiers d’un tel fascisme.” Et en effet, dans les cercles du NJSV et du NSV, on était très fier du fascisme. C’est sans doute pourquoi Koen Dillen, dans le même numéro du périodique Signaal, a présenté le bourreau nazi Göring comme un idéaliste, ce qu’il a encore répété dans sa critique d’une biographie d’Adolf Eichman.

    Les membres du VMO et du NJSV brugeois ont régulièrement fait preuve de violence. Dans d’autres sections, c’était aussi le cas et les jeunes d’extrême-droite en étaient tellement fiers que lors des cantus (soirée de chants), ils chantaient des chansons destinées à glorifier leur propre violence : “le sang coule dans les rues, des rats crèvent dans les égouts mais nous n’en resterons pas là, tous ces gauchistes doivent mourir” disait ainsi le refrain de la chanson ”A mort” (sur la mélodie de Blauwvoet) qui se terminait par : “Toute cette vermine rouge doit être abattue. Repoussons-les, repoussons-les. Tous ces gauchistes à la tombe.” Nous ne pouvons qu’apprécier la subtilité du propos…

    Arrivé à Anvers pour y étudier, Dewinter a joué un rôle important dans le Nationalistisch Studentenverbond, nom du NSV de l’époque. Le NSV avait une tradition très radicale.

    Ainsi, le 7 mars 1984, il y eut une occupation du café d’étudiants ‘Het Stuc’ à Louvain, dont les portes avaient été forcée à coups de barres de fer et de bâtons. Un étudiant en a gardé des blessures incurables suite à une une fracture ouverte. A ce moment-là, Jurgen Ceder était président du NSV-Leuven. En 1985, une étudiante a été menacée d’un couteau à cran d’arrêt à l’UFSIA parce qu’elle demandait qu’un calicot portant le slogan “le NSV a gagné” (après une victoire électorale du Vlaams Blok…) soit enlevé. Cette même année, un commando du VMO et du NSV a attaqué une manifestation anti-missiles à Gand.

    Dans la deuxième moitié des années 1980 et au début des années 1990, le NSV a eu des difficultés à maintenir sa position. La percée électorale du Vlaams Blok, le 24 novembre 1991, a constitué un tournant à la suite duquel une nouvelle génération a repris en mains les traditions du NSV. Les années 1990 se sont déroulées suivant les mêmes recettes que dans les années 1980 : racisme ouvert, nostalgie pour le fascisme et, là où c’était possible, actions musclées et violentes. C’est de ces actions que vient son surnom de Rob Verreycken, qui devait lui aussi devenir une figure de premier plan du Vlaams Belang ; ‘Rob Klop’ (”Rob la frappe”).

    Dans une édition controversée des ‘nouvelles de l’association’ gantoise du NSV datant de décembre-janvier 1996-97, sous le titre “Egalité : un mythe”, un point de vue extrêmement raciste avait été avancé, à tel point que le NSV a tenté de détruire cette édition et que des militants du NSV s’en sont violemment pris à un nationaliste flamand de gauche qui avait confirmé l’authenticité de l’édition. En voici un extrait, traduit par nos soins : “Un nègre coiffé de bouse de vache et avec des dents burinées donne une meilleure image de la vraie nature d’un nègre qu’un nègre élevé comme un blanc et qui a appris à rouler en voiture et parle couramment une langue de blanc. La culture nègre est non seulement différente de la culture blanche, elle est aussi moins avancée et INFERIEURE par rapport à la culture blanche.” Rien à ajouter. Le président du NSV gantois de l’époque, Dieter Van Parys siège encore aujourd’hui au conseil communal d’Oostkamp pour le Vlaams Belang.

    A la même période, l’organisation écolière NJSV a un peu refait surface à Bruges. Dans le journal des membres de cette organisation, au milieu des années 1990, on pouvait lire, entre autres : “le NSDAP [le parti nazi, NDLR] n’existe hélas plus”“l’homosexualité reste une maladie à éradiquer”,… Le NJSV brugeois a aussi commencé, au milieu des années 1990, une violente campagne contre la gauche, les immigrés et les jeunes alternatifs. Cette violence a dégénéré, entre autres, avec un commando qui a conduit une attaque contre de militants faisant campagne contre le rôle joué par la multinationale pétrolière Shell au Nigéria et a fait irruption dans des cafés de jeunes alternatifs. La campagne antifasciste flamande Blokbuster a riposté par une campagne nationale contre la violence fasciste qui a rassemblé des centaines de manifestants début 1997.

    Le NJSV a connu une fin douloureuse lorsque l’un de ses chefs de file n’a manifestement plus supporté la pression des protestations contre la violence et a commis un acte de désespoir : l’ancien militaire a mis en scène un attentat à la bombe raté contre lui pour ensuite pourvoir accuser la campagne Blokbuster. Il a vite fini par avouer. Il était dangereux, certes, mais pas très malin.

    A la même époque, il y a eu une série d’incidents à Gand aussi, parfois avec les mêmes personnages que ceux qui faisaient du grabuge à Bruges. Les militants de gauche, surtout, ont à nouveau été pris pour cible. Des réunions d’Etudiants de Gauche Actifs (EGA, organisation étudiante du PSL) ont été attaqués et, lorsque le NSV n’a pas été reconnu à l’université pour cause de racisme et de violence, un groupe de 30 membres du NSV a pris en otage l’assemblée de la Convention politique et philosophique gantoise (Gentse Politiek en Filosofisch Konvent – PFK) du 27 janvier 1997. En mars 1998, des militants de Blokbuster ont subi une attaque de la part de membres du NSV au restaurant universitaire De Brug. Le militant de Blokbuster Eric Byl a dû être emmené aux urgences de l’hôpital Jan Palfijn. Quelques jours plus tard, des menaces de mort à l’encontre d’autres militants de Blokbuster, Els Deschoemacker et Geert Cool, ont suivi. Quelques squats anarchistes ont également été attaqués et/ou menacés. Blokbuster a de suite réagi par des mobilisations contre la violence fasciste. Depuis lors, les manifestations organisées par le NSV reçoivent chaque année une riposte antifasciste sous la forme d’une contre-manifestation qui est devenue aujourd’hui le plus grand événement antifasciste de Belgique.

    Le NSV aujourd’hui : toujours une bande raciste et violente
    Sous la pression de la protestation antifasciste et électorale du Vlaams Blok puis du Vlaams Belang, les jeunes du NSV ont dû se tenir à carreau depuis les années 2000. Cela a conduit de ci de là à une certaine frustration et à des fractions dissidentes suivant les lignes des anciennes traditions. Ainsi, une réunion des Etudiants de Gauche Actifs d’Anvers a été attaquée en octobre 2009 par un commando de ‘Camarades Autonomes’. Cette attaque est survenue après plusieurs provocations, y compris du NSV, qui avait une telle confiance en lui que l’attaque a été annoncée à l’avance. La charge a été stoppée net par un service d’ordre des Etudiants de Gauche Actifs et de Blokbuster.

    Mais, généralement, les néofascistes arrivaient sans problème au NSV. Ainsi, en 2005, une nouvelle section du NSV à Hasselt a été mise en place par un militant qui n’hésitait pas à faire des déclarations douteuses sur des forums internet. En voici une : ”Une fois que la démocratie se mêlera au chaos, j’espère qu’une main de fer fasciste sera là pour reprendre les choses en mains.” Et il n’y a pas eu que des figures de second rang qui ont été prêtes pour des actions musclées et punitives. Dans des discussions sur internet, le futur parlementaire flamand Tom Van Grieken a ainsi revendiqué l’indépendance flamande “par les armes si nécessaire” et, en tant qu’étudiant, il en est venu plusieurs fois aux mains avec des opposants politique. Et en 2004, une authentique charge a été menée contre la manifestation anti-NSV organisée par Blokbuster à Gand. Un groupe d’extrême-droite entraîné a procédé à une attaque physique à la suite de laquelle plusieurs antifascistes ont eu besoin de soins médicaux.

    Aujourd’hui, le NSV est face à un nouveau tournant. La croissance électorale du Vlaams Belang est stoppée et, au sein des cercles nationalistes flamands, il y a la forte concurrence de la N-VA. Au NSV, il semble y avoir plusieurs courants, de ceux qui regardent explicitement vers la N-VA à ceux qui préconisent un cap plus radical et voient, avec non pas la N-VA mais plutôt Aube Dorée comme exemple. Lorsque Filip Dewinter a déclaré, sous la pression des médias, que des partis tels que le NPD et Aube Dorée sont une “caricature”, le président du NSV à Anvers de l’époque, ‘Stijn v Boebel’ (il n’ose pas écrire sous son nom propre) a alors réagi par un article dans lequel il déclarait le NPD ‘brothers in arms’ (frères d’armes). Ce n’est pas étonnant quand on sait que le NSV-Anvers a déjà organisé un meeting avec Udo Voigt du NPD.

    Fin novembre 2013, le NSV a tenu un meeting international. Sous pression de la protestation, il n’a pas pu se tenir à l’université de Louvain et ils se sont ensuite rabattus sur Anvers. Ce n’était pas la première fois qu’un militant de Casa Pound était invité (une organisation italienne ouvertement fasciste), mais à ses côté se trouvait aussi un orateur de la Garde hongroise, une milice privée hongroise qui a été interdite. Même le Vlaams Belang trouvait le meeting à ce point discutable qu’il n’a pas mis l’infrastructure des locaux du parti à disposition.

    La direction du parti ferme les yeux sur tout ça. Que voulez-vous d’autre comme réaction dans un parti dont les mauvaises langues de ses propres rangs affirment que quelques dirigeants fêtent, chaque année, l’anniversaire d’Hitler le 20 avril… La violence n’est pas un problème non plus, du moment qu’elle n’attire pas trop l’attention des médias, car cela pourrait effrayer des électeurs. Mais sans ça, pas de problème. L’ancien président du VB, Bruno Valkeniers disait encore en 2007 dans une interview : “Le Vlaams Belang a toujours recruté dans les sphères du NSV. Beaucoup de membres du Belang comptaient parmi mes amis pendant mes années NSV. C’est vrai que ce n’était pas des enfants de chœur. Mais bon, quand on est jeune, on veut que ça bouge. Alors, on se radicalise. Je n’ai pas honte de cette violence de rue occasionnelle.” Occasionnelle ?

    Aujourd’hui, le VB est moins fort d’un point de vue électoral mais des exemples dans l’Europe entière montrent que l’extrême-droite et la droite populiste peuvent souvent connaître à nouveau une rapide progression. Il n’y a qu’à regarder ce qui se passe en France, où le Front National est, à nouveau, annoncé comme le plus grand parti dans les sondages. Sur fond de crise, un retour électoral n’est pas exclus, de même que l’apparition de groupes plus radicaux, comme les néonazis d’Europe de l’Est ou d’Aube Dorée en Grèce. Nous verrons peut-être les premiers signes de tels développements chez les jeunes générations. Ce n’est pas par hasard que les néonazis liés à Blood&Honour se rendent chaque année à la manifestation NSV.

    Une campagne solide qui maintient une forte pression antifasciste est importante pour étouffer dans l’oeuf tout éventuel développement d’un courant plus ouvertement néonazi en le démasquant et en répondant par la mobilisation.

  • Manifestation antifasciste contre le NSV : Des emplois, pas de racisme !

    20 mars 2014, 19h, gare d’Anvers-Berchem

    Le NSV (cercle des étudiants nationalistes, le groupe estudiantin officieux du Vlaams Belang) organise chaque année une manifestation – une marche de la haine – dans une ville universitaire flamande. Cette année, c’est au tour d’Anvers. Il y a heureusement systématiquement une contre-manifestation beaucoup plus imposante, ce qui limite l’espace dont peut profiter l’extrême-droite pour manifester ses idées dans la rue. Cette manifestation annuelle contre le NSV constitue la plus grande mobilisation antifasciste du pays, et ce fut également le cas lorsque le Vlaams Belang était électoralement plus robuste. Ce n’est toutefois pas parce que le VB a perdu des plumes sur le plan électoral que le danger est passé ! Les protestations antifascistes restent nécessaires !

    Proposition de plateforme pour une contre-manifestation, par la campagne antifasciste flamande Blokbuster

    L’austérité, un terrain fertile pour l’extrême-droite

    Un rapport de la Croix-Rouge publié en octobre dernier a examiné les désastreuses conséquences de la politique européenne d’austérité. Pour pouvoir se nourrir, des millions d’Européens dépendent d’organisations caritatives. Le chômage des jeunes est en pleine explosion dans tous les pays et est actuellement de 24,4% dans la zone euro. Pas moins de 120 millions d’Européens vivent sous ou au niveau du seuil de pauvreté.

    Cette situation suscite angoisse et colère parmi la population, ce sur quoi tente de jouer l’extrême-droite en blâmant diverses minorités, et plus particulièrement les immigrés. Une organisation comme le parti néonazi grec Aube Dorée ne se contente pas de paroles, et plusieurs immigrés sont déjà décédés en Grèce du fait de ses actions. Des militants de gauche grecs ont aussi été victimes de cette violence fasciste, et le rappeur antifasciste Pavlos Fyssas a été assassiné en septembre dernier en raison de ses prises de position politiques. Dans les autres pays, les mesures d’austérité assurent que la montée en puissance de partis d’extrême-droite violents ne soit pas limitée à la Grèce.

    Les autorités locales participent à l’avalanche d’austérité

    Partout en Europe se développe un désert social en conséquence des mesures d’austérité. Les politiciens établis semblent ne pas pouvoir se réveiller, ils ne font que s’enfoncer plus encore dans la logique néolibérale. Tout au plus sont-ils pinaillent-ils entre eux sur le rythme que doit adopter cette politique de casse sociale. C’est ce à quoi nous assistons en Belgique également, y compris au niveau local depuis les élections communales de 2012. L’avalanche d’austérité est générale.

    Le collège échevinal anversois – sous direction N-VA – est aux premières loges de ce processus. La coalition au pouvoir à Anvers s’en ait déjà durement prise aux secteurs culturel et social : les CPAS ont vu leur budget raboté de 8,6 millions d’euros et les soins de santé de 2,75 millions. Au moment où l’impact de la crise se fait douloureusement sentir et que le taux de pauvreté augmente, ces mesures sont synonymes de catastrophe sociale. Parallèlement, le collège échevinal adopte une rhétorique de division, illustrée par les propos de Liesbeth Homans (bras droit de Bart De Wever) pour qui le racisme n’est qu’une excuse utilisée par les immigrés pour justifier leurs échecs. Ce discours ouvre grand la porte à l’extrême-droite. La nouvelle percée du Front National en France constitue à ce titre un sérieux avertissement.

    Contre la répression, contre les SAC !

    La seule ‘‘réponse’’ des politiciens établis face aux problèmes sociaux causés par leur politique, c’est la répression, notamment avec les Sanctions Administratives Communales (SAC). A Gand, les mendiants s’en sont vu imposer pour avoir fait la manche. A Anvers, on peut en recevoir pour quasiment n’importe quoi, même un ouvrier communal en a reçu une dans le cadre de son travail. L’arbitraire est des plus total, elles peuvent être imposées pour avoir jeté un noyau de cerise à terre ou avoir mangé un sandwich sur les marches d’une église, tout dépend de l’endroit où l’on se trouve. Un moyen bien pratique pour renflouer les caisses communales…

    Ces amendes SAC menacent également nos droits démocratiques en ouvrant la voie à la criminalisation de toute forme de protestation. Ainsi, à Anvers, des participants à une action de protestation contre Monsanto se sont vus infliger de telles amendes. Des campagnes comme StopSAC du côté francophone et TegenGAS en Flandre sont bien nécessaires.

    Ne laissons aucun espace à l’extrême-droite : NON au NSV !

    Le 30 novembre dernier, le NSV a organisé à Anvers un meeting en présence du président de Casa Pound, groupuscule italien se décrivant comme des ‘‘fascistes du 21e siècle’’. Ce n’était d’ailleurs pas la première fois que des fascistes italiens venaient rencontrer le NSV. Par le passé, le président du parti néonazi allemand NPD, Udo Voigt, et le négationniste britannique Nick Griffin ont également pu disposer d’une audience mobilisée par le NSV.

    Le NSV est l’organisation étudiante officieuse du Vlaams Belang, et s’en distingue par sa radicalité. Quand le porte-parole du VB Filip Dewinter a déclaré à la télévision qu’Aube Dorée n’est qu’une caricature, le président anversois du NSV a riposté avec une carte blanche où il qualifiait notamment le NPD allemand comme des ‘‘frères d’armes’’ du NSV. Laisser de l’espace au NSV ouvre la voie à l’importation des pratiques violentes d’Aube Dorée.

    Tout ce qui nous divise nous affaiblit !

    Ni la droite populiste ni l’extrême-droite n’ont de réponse face à la crise actuelle. Toute leur rhétorique de division ne sert qu’à rendre plus facile l’imposition de la politique d’austérité. Les véritables responsables – cette élite de nantis qui devient de plus en plus riche en dépit de la crise – n’ont rien à craindre de leur part.

    L’extrême-droite peut se construire sur base du mécontentement causé par la casse de nos conquêtes sociales. La lutte contre le fascisme et le racisme doit donc également s’attaquer à la logique d’austérité.

    Des emplois, pas de racisme !

    Faute d’une alternative crédible, certaines couches de la population peuvent se laisser séduire par les slogans populistes de l’extrême-droite. Avec le slogan ‘‘des emplois, pas de racisme’’, nous voulons souligner la nécessité d’une lutte unitaire pour une alternative qui réponde aux problèmes sociaux.

    • Pas de reconnaissance du cercle étudiant fasciste NSV à l’Université d’Anvers !
    • Non aux Sanctions Administratives Communales et à la criminalisation de la jeunesse !
    • Organisons l’opposition aux politiques antisociales !
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  • Le phénomène Dieudonné

    La France, et par ricochet tout une partie du paysage audiovisuel francophone, a vu augmenter une polémique autour de Dieudonné. Cet humoriste passé par la politique, est devenu un commentateur particulier et fortement controversé de la vie politique française. Le phénomène Dieudonné ne laisse personne indifférent : spectacles interdits, multiples procès intentés contre lui pour ses propos tenus lors de sketchs qui n’en sont plus vraiment,… Dieudonné a été même quasi propulsé au rang ”d’ennemi public numéro 1” par Manuel Valls, le ministre Français de l’intérieur.

    Par Alain (Namur)

    Dieudonné polarise les opinions. Cela force tout le monde à se positionner pour ou contre lui. De Nathalie Arthaud de Lutte Ouvrière en passant par Bernard Henry lévy, François Pirette, Nicolas Anelka et Tony Parker. Au-delà de ces personnalités, il y a une couche de jeunes principalement issus de l’immigration, habitants des quartiers populaires ou non, et aussi une couche de travailleurs qui apprécient sa posture ”anti-système”. Mais, au-delà de la posture, que signifie réellement le phénomène Dieudonné?

    Un phénomène qui n’est pas nouveau

    Ce n’est pas la première fois qu’un artiste polarise autant l’opinion ou défraie la chronique dans l’histoire de France. Les artistes ne sont pas isolés du reste de la société, ils ont grandi et ont été éduqués dans celle-ci. De plus, ils ont un rôle particulier dans la division du travail qu’a établi le capitalisme. Afin d’assurer leur besoins, ils doivent s’assurer que leur art trouve un public qui a les moyens de se le procurer. D’une manière ou d’une autre, l’artiste reflète une image de ce qu’est la société dans ses rapports de classes.

    Un des plus grands écrivains de langue française du 20ème siècle fut aussi sujet à controverse. Louis Ferdinand Céline fut à son époque aussi un des sujets de polémique du paysage intellectuel français de l’époque. Malraux a écrit de lui : ”si c’est sans doute un pauvre type, c’est certainement un grand écrivain.”

    Toute proportion gardée, le parallèle est en effet intéressant avec Dieudonné. Céline fut l’auteur du désormais célèbre et magnifique ”Voyage au bout de la nuit”. Ce livre a été célébré par toute la critique. Le style de Céline a plusieurs particularités, mais une des principales d’entre elles est d’utiliser le langage populaire au contraire de ses contemporains qui écrivaient dans un français académique. Le point de controverse sur Céline porte sur le fait qu’il était connu pour être un antisémite notoire ainsi qu’un misanthrope.

    Son attitude lors de l’occupation allemande a été sujette à caution et il a été accusé de collaborationnisme. Il a aussi mis en œuvre son immense talent pour écrire les ordures antisémites que sont ”Bagatelles pour un massacre” en 1937 et ”L’école des cadavres” en 1938. Il se décrivait lui-même comme ”l’ennemi numéro 1 des juifs”. Léon Trotsky disait de lui en 1933 : ”Louis-Ferdinand Céline est entré dans la grande littérature comme d’autres pénètrent dans leur propre maison. Homme mûr, muni de la vaste provision d’observations du médecin et de l’artiste, avec une souveraine indifférence à l’égard de l’académisme, avec un sens exceptionnel de la vie et de la langue, Céline a écrit un livre qui demeurera, même s’il en écrit d’autres et qui soient au niveau de celui-ci. Voyage au bout de la Nuit, roman du pessimisme, a été dicté par l’effroi devant la vie et par la lassitude qu’elle occasionne plus que par la révolte. Une révolte active est liée à l’espoir. Dans le livre de Céline, il n’y a pas d’espoir.”

    Dieudonné est à l’image de Céline un personnage rempli de talent. Beaucoup de critiques le décrivent comme étant l’humoriste le plus doué de sa génération. Il a toujours décrit dans ses premiers spectacles, avec Elie Semoun, le quotidien des jeunes de cité dans les quartiers populaires. Par ce biais, il a touché à la politique et à son commentaire. Si l’on compare l’évolution de l’humour de Dieudonné depuis le début de sa carrière dans la année ’90 jusqu’à aujourd’hui, on ne peut que faire le parallèle évident avec la dégradation de la situation économique et sociale en France. Celle-ci est d’autant plus sévère dans les quartiers populaires français (ZUP) qui subissent plus fortement le démantèlement de l’état-providence aux niveaux des écoles, des logements sociaux, de l’infrastructure de loisir et de transport,… Depuis les années ’80, le chômage et l’exclusion sociale frappent massivement les jeunes de cités : la fermeture de l’usine Renault à Boulogne-Billancourt (Boulbi) est ainsi l’illustration que la racine des problèmes se trouve bien dans le système économique.

    L’artiste comme reflet de la société

    On peut lancer les pires insultes contre l’humour néfaste de Dieudonné ou le boycotter comme le veut une partie de l’establishment français, cela ne répondra pas aux causes qui poussent les gens à admirer sa posture de ”rebelle antisystème”. L’intervention de la France en Centrafrique est sa 40e opération militaire sur le continent africain. Après avoir soutenu les dirigeants contre qui elle prétend lutter, la bourgeoisie française est très mal placée pour donner des leçons de morale à Dieudonné.

    La plupart des jeunes qui admirent le soi-disant anti-impérialisme de Dieudonné n’ont pas encore rencontré dans leur quartier des anti-impérialistes véritables, ceux qui considèrent que l’ennemi de notre ennemi n’est nécessairement pas notre ami. Est seulement notre ami celui qui se bas pour les intérêts de la classe des travailleurs, contre ceux de la classe de ceux qui possèdent les leviers de l’économie. Ils apprécient donc l’ersatz que constitue Dieudonné en matière d’anti-impérialisme. L’establishment dirigeant dispose bien de ses propres pions qui commettent des atrocités, pourquoi donc, pensent beaucoup de ses partisans, critiquer Dieudonné qui défend Bachar en Syrie, a défendu Ahmadinejad en Iran ou, mais dans un autre registre, Chavez au Venezuela ? C’est le signe que la conscience de classe et la compréhension des méthodes de luttes efficaces contre le système capitaliste dans ces couches de la population sont à reconstruire.

    Dieudonné met en scène les nombreuses erreurs qui résident dans la conscience de ces couches sociales : que ce soit les théories du complot ou les théories négationnistes qui confirment une perte d’autorité des institutions de la bourgeoisie, que ce soit l’antisémitisme diffus qui est, entre autres, lié à l’impasse sur la question Palestinienne.

    Dieudonné donne corps à un ensemble de pensées et d’analyses qui ont remplacé l’analyse de classe dans les consciences. Le danger est que, sans une théorie juste, l’erreur pratique n’est jamais loin. Ainsi, à la mort du jeune antifasciste Clément Méric, Dieudonné a cru bon de défendre l’assassin Esteban Morillo et son groupe de néofascistes liés à Serge Ayoub et ses Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires (JNR). Cela devrait alerter les anciens des quartiers, car c’est justement aux Ayoub (qui fut plus connu sous le nom de batskin) qu’ils avaient à faire dans la rue.

    Dieudonné, un artiste qui ne défend pas notre classe et nos intérêts

    Dieudonné n’est pas de notre classe sociale, c’est un business man qui joue au prolétaire ‘victime’ du système. Avant les années 1980 et sa politique néolibérale (qui se base sur le chômage de masse pour détricoter le rapport de force des travailleurs notamment en faisant une pression à la baisse sur les salaires), le peuplement des quartiers populaires était composé d’immigrés qui travaillaient dans des usines où le travail était souvent rude : en tant que manutentionnaire, mineur, opérateur de production, femme de ménage ou encore docker. L’immigration en France était – et est toujours – pour sa plus grande part constituée de prolétaires. Des femmes et des hommes durs à la tâche ont contribué à créer les richesses dont se gavent en premier lieu les capitalistes français.

    Dieudonné, lui, ne connait pas le dur labeur du prolo, il donne ses représentations à guichets fermés au prix de 40 euros la place. Certains opéras soi-disant réservés aux bourgeois sont meilleurs marchés. Il a construit un ”système Dieudonné” où il est sa propre marque. Le scandale lui sert de campagne marketing. Il serait intéressant de connaitre son patrimoine pour voir si ces fins de mois sont aussi difficiles que ça…

    Il réussit à se faire passer pour un antisystème parce que ceux qui devaient combattre le système ont arrêté de le combattre. Les organisations des travailleurs ont abandonné le combat contre le capitalisme et ce faisant, ils ont aussi abandonné l’encadrement idéologique et social de la classe ouvrière. Les bureaucraties syndicales et les partis de gauche, en premier lieu le PS et le parti communiste, ont abandonné depuis longtemps ceux qui étaient le plus loin des lieux de travail avec des délégations organisés, avant d’abandonner de plus en plus l’ensemble de la classe. Cela permet à tout un tas d’organisation réactionnaire de tout bord de proliférer dans les quartiers populaires. George Marchais, secrétaire général du PCF, parlait déjà à son époque (en 1981) de ”préférence nationale”! Il est dès lors difficile pour les jeunes issus de l’immigration de considérer ce type de parti comme le leur.

    Enfin, Dieudonné sépare plus qu’il n’unit la classe. Il s’est prononcé contre le mariage pour tous et a une conception totalement conservatrice de la famille et des valeurs morales. Cette dernière est un des instruments idéologiques qu’utilise la bourgeoisie pour nous asservir. La famille classique permet au capitaliste, entre autres, de ne pas avoir à payer pour la socialisation du travail domestique. Il se présente comme un militant pour la mémoire de l’esclavage et de la colonisation, mais il a la même morale que les anciens esclavagistes et colonisateurs.

    Dieudonné, comme artiste, n’est pas la cause mais le symptôme. Pour lutter contre les causes qui réussissent à engendrer un tel phénomène, seul un programme qui défend les intérêts des travailleurs et de leurs familles sera efficace. Ce programme, pour réellement s’attaquer aux causes, doit s’en prendre au capitalisme en France et partout dans le monde.

    La construction d’un nouvel outil de discussion collective des travailleurs, des jeunes et des allocataires sociaux est nécessaire pour que toute la classe écarte les fausses solutions et s’unisse de plus en plus massivement contre son seul adversaire: les 1% au sommet de cette société.

    Pour terminer, Trotsky avait dit à propos de Céline : ”Céline, tel qu’il est, procède de la réalité française et du roman français. Il n’a pas à en rougir. Le génie français a trouvé dans le roman une expression inégalée. Parlant de Rabelais, lui aussi médecin, une magnifique dynastie de maîtres de la prose épique s’est ramifiée durant quatre siècles, depuis le rire énorme de la joie de vivre jusqu’au désespoir et à la désolation, depuis l’aube éclatante jusqu’au bout de la nuit. Céline n’écrira plus d’autre livre où éclatent une telle aversion du mensonge et une telle méfiance de la vérité. Cette dissonance doit se résoudre. Ou l’artiste s’accommodera des ténèbres, ou il verra l’aurore.”Dieudonné a résolument choisi les ténèbres. Les prochaines luttes du prolétariat français, qui a de grandes traditions révolutionnaires, veilleront à ce qu’il y reste.


    Note : Un prochain article abordera plus en profondeur la question du sionisme et de l’antisémitisme.

  • Pas de salle pour le meeting fasciste du NSV à la KULeuven

    Les étudiants du Vlaams Belang, le NSV (Nationalistische Studentenvereniging, rassemblement des étudiants nationalistes), n’ont finalement pas d’autorisation pour organiser leur rencontre internationale fasciste à l’université de Louvain. Nous accueillons positivement cette décision de l’université de Louvain, mais restons vigilants.

    La décision de ne finalement pas permettre aux étudiants du Vlaams Belang d’organiser leur meeting est la conséquence directe de la pression de la protestation antifasciste. Un appel à tenir une action le jour-même du meeting avait été lancé, et de nombreux mails de protestation avaient été envoyés au recteur. C’est une victoire pour les antifascistes.

    Bien sûr, cela ne signifie pas que ce meeting n’aura pas lieu. Le NSV n’a pas encore communiqué d’éventuel déplacement de l’événement dans une autre salle, ou même dans une autre ville. La vigilance reste donc de mise.

  • Comment lutter contre Aube Dorée, le FN & Co ?

    En Belgique existe l’illusion que le danger de l’extrême-droite est passé. Il est vrai que le Vlaams Belang, dans les sondages, n’atteint plus que les 10% et qu’il peine à faire la une des médias autrement qu’avec les procès intentés par la marque de chaussures Louboutin contre Anke Van dermeersch (sénatrice du VB) qui a utilisé ces chaussures dans une campagne anti-islam… accusée d’être un plagiat par une artiste canadienne. Du côté francophone, l’extrême-droite est complètement invisible. Mais un bref regard porté au-delà de nos frontières suffit pour s’inquiéter.

    De l’espace pour l’extrême-droite

    L’instabilité politique est en forte hausse dans presque tous les pays européens, ce dont sont capables de profiter diverses forces populistes et d’extrême-droite. Dans une atmosphère d’aversion générale contre les politiciens établis, la tentation est grande de voter pour ceux qui critiquent le plus fortement l’establishment.

    Même des formations considérées comme proches de la mort ont réussi à se requinquer électoralement. En France, Marine Le Pen est même en première place pour les élections européennes avec 24% dans les sondages, et elle dépasse les résultats obtenus par son père à son pic lors des élections présidentielles de 2002. Même le Parti du Progrès norvégien, durement frappé par la tuerie de masse commise en 2011 par son ex-membre et ancien responsable jeune d’une de ses sections Anders Behring Breivik, a fait son grand retour sur la scène avec 16,3% aux élections de septembre dernier, avec une participation gouvernementale à la clé.

    La progression et/ou le retour des forces d’extrême-droite sont, en comparaison des années ’90, moins liés à des tentatives d’activement mobiliser un soutien avec des manifestations et des actions choc. Il s’agit essentiellement de campagnes électorales, dont l’effet peut également bien vite s’estomper. Mais ces succès renforcent la confiance de groupuscules plus extrêmes. De plus, le contexte de crise économique constitue un sol fertile pour le racisme et l’augmentation de la violence.

    Le danger de la violence fasciste

    Cela s’est particulièrement exprimé en Grèce, où les néonazis d’Aube Dorée ont célébré leur entrée au Parlement en déployant une violence de rue organisée contre les immigrés et les militants de gauche. Il était prévisible qu’il y aurait des morts à un moment donné, ce qui n’a pas manqué avec l’assassinat du rappeur de gauche Pavlos Fyssas, qui a déclenché des protestations massives contre la violence fasciste. L’Etat grec semble maintenant vouloir faire quelque chose contre la bête immonde fasciste, auparavant tolérée et même soutenue par certaines sections de l’establishment (entre autres parmi la police). Mais malgré le fait qu’il y a du sang sur les mains d’Aube Dorée, ce parti reste le troisième dans les sondages.

    Ailleurs en Europe, les néonazis essaient également de s’organiser pour recourir à la violence. Dans cette société où une couche croissante de jeunes sont totalement aliénés, on ne peut pas exclure que des formations comme Aube Dorée rencontrent un certain succès dans d’autres pays. Cela ne signifie toutefois encore pas que le fascisme est à nouveau à nos portes. Mais chaque pas posé en avant par ces forces réactionnaires constitue naturellement un danger, car il s’agit d’une arme servant à rompre l’unité des opprimés, à diviser la classe des travailleurs et donc à affaiblir sa lutte.

    Un potentiel pour la gauche

    Dans la perspective des élections européennes de 2014, l’attention sera très certainement grande pour les diverses formations d’extrême-droite, de droite populiste ou néofascistes qui renforceront leurs positions au Parlement européen. Mais rien ne permet d’affirmer que cette progression sera stable, il s’agit plus d’une expression de l’effondrement de la confiance envers les partis traditionnels et de la recherche d’une alternative. L’ampleur de l’espace laissé à ces forces réactionnaires s’explique par la période historique qui est derrière nous, par l’héritage de l’offensive néolibérale des années ‘90 qui suivit la chute du Mur de Berlin et par l’impact que cela a eu sur le mouvement des travailleurs. Cet espace peut toutefois être limité en construisant notre propre représentation politique. Dans une ère de crise systémique profonde, faite d’attaques sévères contre nos conditions de vie, la marge pour obtenir des réformes progressistes est limitée. Les forces de gauche sont bien plus rapidement confrontées au choix d’accepter le système capitaliste ou de le combattre dans la perspective d’une alternative socialiste.

    Le défi est gigantesque, de même que le nombre de complications qui peuvent survenir. Mais le potentiel de lutte et de renaissance des meilleures traditions du mouvement des travailleurs est encore beaucoup plus grand. C’est ce qu’illustrent les nombreuses actions de grève et les manifestations massives au Sud de l’Europe et ailleurs, de même que les merveilleuses protestations spontanées des écoliers en France suite à l’expulsion d’une collégienne d’origine kosovare et d’un lycéen arménien. Les lycéens sont immédiatement descendus dans les rues par dizaines de milliers.

    La meilleure riposte à offrir aux responsables de la politique asociale ainsi qu’à ceux qui en profitent avec leur message de racisme et division est une lutte de masse qui rassemble toutes les victimes du capitalisme.


    Comme un chat, l’extrême-droite européenne a neuf vies…

    Non, le danger de l’extrême-droite en Europe est loin d’être passé. Petit aperçu.

    • Grèce. Jusqu’il y a peu, c’était le LAOS qui était le principal parti d’extrême-droite du pays. Il entretenait notamment des liens avec le Vlaams Belang. Le LAOS a participé à un gouvernement d’austérité, ce qui l’a électoralement pulvérisé. Après cela, Aube Dorée a pris le relai, allant jusqu’aux 17% dans les sondages juste avant le meurtre de Pavlos Fyssas. Après cet assassinat politique, leur soutien a chuté jusqu’à 8 à 9%, un résultat supérieur au score obtenu aux élections de 2012. Le fait que près de 10% des Grecs désirent voter pour un parti de meurtriers illustre le désespoir à l’œuvre dans le pays, mais aussi le danger représenté par de tels groupes néonazis.
    • France. Le FN a déjà à plusieurs reprises connu des passages à vide, mais l’entreprise familiale des Le Pen est systématiquement parvenue à rebondir. En octobre, le FN a remporté une élection cantonale partielle à Brignoles, et Marine Le Pen flotte à 24% dans les sondages pour les élections européennes, pour la première fois.
    • Pays-Bas. Tout comme en France, la social-démocratie est sanctionnée pour sa politique de casse sociale. Le PvdA néerlandais (parti travailliste) court le risque de perdre deux de ses trois sièges européens. Actuellement, le parti le plus électoralement en forme est le Parti de la Liberté (PVV, droite-populiste) de Geert Wilders. Le parti de gauche SP est toutefois deuxième dans les sondages.
    • Autriche. Aux élections de septembre dernier, le FPÖ d’extrême-droite de HS Strache a fait figure de grand vainqueur avec 21,4%. Le parti a presque réussi à dépasser le parti conservateur ÖVP. De plus, le populiste de droite Stronich a obtenu près de 6% et, bien qu’à l’agonie, le BZÖ – scission du FPÖ – a quand même obtenu 3,5%.
    • Allemagne. En Allemagne, les néonazis du NPD n’ont jamais réalisé de percée. Mais cela ne veut pas dire qu’aucune possibilité ne s’offre à eux. Le parti AfD (Alternative für Deutschland), de droite-populiste, a raté de peu son entrée au Parlement en septembre dernier, le seuil électoral sera peut-être franchi aux élections européennes.
    • Grande Bretagne. Deux dirigeants de l’English Defence League (EDL), dont Tommy Robinson, ont démissionné de leurs fonctions suite à de médiocres résultats électoraux. A leurs côté, le parti de droite populiste UKIP (United Kingdom Independence Party) fait le plein de voix, caracolant actuellement à plus de 10% dans les sondages, au-delà de ce qu’obtiennent encore les Libéraux Démocrates qui partagent le pouvoir avec les conservateurs.
    • Norvège. Durant l’été de 2011, Anders Breivik a choqué le monde entier en massacrant des dizaines de jeunes. Auparavant, le tireur était politiquement actif au Fremskrittpartiet (parti du progrès, extrême-droite). Ce parti a perdu son soutien après le massacre, mais a réussi à faire son retour aux récentes élections. Il est même rentré dans la coalition gouvernementale.
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