Category: Contre le racisme

  • Une rencontre internationale raciste et fasciste organisée à Louvain : Pour une action de protestation massive et non-violente !

    30 novembre – 11h Damiaanplein – Louvain

    Le NSV (Nationalistische Studentenvereniging, mouvement étudiant du Vlaams Belang) organise le 30 novembre prochain une rencontre internationale dans la ville de Louvain. Les orateurs invités à prendre la parole ne laissent planer aucun doute sur ce qui sera dit lors de cet événement : un représentant des jeunesses du groupe italien ouvertement fasciste Casa Pound côtoiera ainsi une figure de premier plan de la Garde hongroise, un groupe paramilitaire récemment interdit lié au parti d’extrême-droite Jobbik. Ils seront orateurs lors d’un ‘‘colloque’’ sur le thème de la ‘‘jeunesse révolutionnaire en Occident.’’ Tout cela dans une salle de l’Université de Louvain.

    Appel de la campagne antifasciste flamande Blokbuster et des Etudiants de Gauche Actifs

    Gianluca Iannone, de Casa Pound, a déjà pris la parole fin 2010 lors d’une réunion du NSV à Anvers où il aurait déclaré selon le site de droite Rechtsactueel : ‘‘Nous sommes les fascistes du 21e siècle. Nous utilisons de nombreuses méthodes qui correspondent au fascisme originel d’avant la Seconde Guerre mondiale et qui ne sont pas comparables avec le fascisme des années ’40-’45.’’ Le Vlaams Belang a visiblement trouvé cela suffisamment intéressant pour à nouveau inviter Casa Pound à parler en Belgique.

    Les Etudiants de Gauche Actifs et la campagne antifasciste flamande Blokbuster soutiennent l’action de protestation contre cette rencontre internationale de fascistes. Un appel a été lancé pour bloquer ce meeting. Pour nous, cette action ne peut rencontrer le succès qu’en étant basée sur une présence massive et dans le cadre d’une protestation non-violente. Nous pouvons bloquer cette rencontre sur base d’une campagne sérieuse et largement menée. Les actions individuelles similaires qui en reviennent à jouer au chat et à la souris avec la police ne seront utilisées que pour discréditer la résistance antifasciste auprès de sections plus larges de la population.

    Nous appelons également à immédiatement mobiliser pour les actions antifascistes à venir, comme la manifestation anti-NSV qui se tiendra en mars 2014 à Anvers, sous le slogan ‘‘ des emplois, pas de racisme’’. Le capitalisme en crise constitue un terrain fertile pour l’instabilité politique ainsi que pour le développement de groupes d’extrême-droite plus violents, comme Aube Dorée en Grèce. A l’instar du Front National en France, il n’est pas exclu d’assister au retour électoral du Vlaams Belang. L’extrême-droite ne peut pas être combattue s’en également s’en prendre au terreau qui permet sa croissance : notre antifascisme se place donc dans le cadre de la lutte contre le capitalisme et pour une société socialiste. Rejoignez-nous !

  • Montée des violences d’extrême-droite : pour une réponse sociale et socialiste

    Tout le monde à encore en tête le lynchage du jeune antifasciste Clément Méric, décédé à Paris le 5 juin dernier. Mais d’autres faits semblables ont pullulé récemment dans l’actualité française. Ainsi, le 13 juin, à Argenteuil (en banlieue parisienne), une femme voilée et enceinte a été humiliée, trainée par terre et battue au point d’en faire une fausse couche. Le 21 juin, à Metz, un Sénégalais a été roué de coups par des skinheads. Le même jour, à Bobigny, quatre militants des jeunesses communistes ont été attaqués et ont fini à l’hôpital.

    Par Clément (Bruxelles)

    La France n’est pas une exception en Europe. En Hongrie, le Jobbik multiplie ses attaques physiques et, début mai, le président d’une association de lutte contre l’antisémitisme a notamment été tabassé. En Grèce, les militants du parti Aube Dorée recourent de plus en plus souvent aux couteaux et matraques électriques contre des personnes immigrées ou d’origine immigrée. Jusqu’à la mort dans certains cas.

    Ces exemples sont révélateurs de la confiance politique que l’extrême-droite a pu gagner récemment. A côté d’une extrême-droite plus électoraliste, on a vu se développer des courants plus radicaux, ce qui a particulièrement été commenté dans le cas de la France, où les mobilisations réactionnaires contre le mariage homosexuel ont donné l’occasion à des groupuscules néofascistes radicaux d’élargir leur audience, de recruter et de laisser plus ou moins libre cours à leur violence.

    La responsabilité des partis de l’establishment

    L’extrême-droite européenne ne doit pas sa croissance actuelle à ses seuls efforts. Les partis traditionnels qui bradent un par un les acquis du mouvement ouvrier et qui ont mené une politique de casse sociale pendant les 30 dernières années portent une responsabilité écrasante. En Grèce, le parti social-démocrate PASOK et les autres partis établis ont imposé une misère et un désespoir terribles à la population, éléments sans lesquels il est impossible de comprendre le développement d’Aube Dorée. L’essence même de cette austérité brutale est au cœur de la politique des partis traditionnels européens.

    Faute de pouvoir offrir des réponses sociales et un programme politique répondant aux besoins de la majorité, les partis bourgeois ont lancé le ‘‘cordon sanitaire’’ (en Belgique) ou le ‘‘front républicain’’ (en France) pour s’assurer un report de voix et continuer leur politique sans s’attaquer aux racines de la croissance de l’extrême-droite. C’est particulièrement cynique dans le cas du PS, qui avait ouvertement cherché à favoriser le FN pour affaiblir la droite officielle et éviter la débâcle électorale en 1986…

    Quelle approche de la lutte contre l’extrême-droite ?

    La stratégie à adopter contre l’extrême-droite est un grand débat. Certains ont longtemps défendu d’éviter de parler des néofascistes pour éviter de leur donner du crédit et ne pas leur faire de publicité. C’est la position qu’avait jusqu’il y a peu adopté le parti communiste grec (KKE), ce qui n’a pas empêché la croissance de la violence fasciste en Grèce. Cette attitude laisse les travailleurs et les jeunes à la merci de l’extrême-droite.

    Une autre attitude est de chercher à rassembler le plus largement possible en dépolitisant la lutte au maximum, au point parfois d’inclure des forces de droite ‘‘démocratiques’’. Cela revient dans les faits à s’associer avec les responsables du terreau sur lequel ce fléau s’est développé tout en occultant toutes les leçons à tirer des expériences antifascistes du passé.

    Face à l’attitude erronée adoptée par des forces de gauche – partis ou syndicats – la frustration et l’impatience peuvent conduire à une approche plus individualiste, en se laissant aller à une guerre de gangs à quelques uns pour casser du skinhead, sans chercher à largement mobiliser et politiser. Cela permet peut-être de se donner bonne conscience, mais cela décrédibilise surtout le combat antifasciste en la réduisant à l’image d’affrontements entre bandes rivales, et cela élude la question cruciale de construire une lutte plus massive.

    Pour nous, il est fondamental que le mouvement antifasciste adopte un programme qui ne se limite pas uniquement à dénoncer l’extrême-droite. Il faut répondre aux causes sociales de cette colère et canaliser celle-ci vers ses véritables responsables. Comme le dit le slogan : ‘‘Le problème, c’est le banquier, pas l’immigré’’ ! Sur cette base, il est possible d’impliquer de larges couches dans la lutte et de développer un soutien qui sort du cadre des milieux militants et convaincus.

    Seule la mobilisation des travailleurs et de la jeunesse et la résistance antifasciste est de nature à briser la confiance des groupes néo-fascistes violents. Leur violence n’est pas soutenue par les couches larges de la population. En répondant à leurs mobilisations et à leurs réunions par des mobilisations plus grandes encore, on peut rendre particulièrement difficile leurs possibilités de s’organiser, ce qui est nécessaire pour les empêcher de franchir des étapes suivantes dans leur offensive violente.

  • Bruxelles : Hommage antifasciste à Clément Méric

    A l’appel des Jeunes FGTB, une centaine de personnes se sont rassemblées ce samedi 8 juin à Bruxelles, à l’ULB, pour une marche à la mémoire du jeune militant antifasciste assassiné à Paris, Clément Méric. Le cortège s’est formé derrière un calicot "Clément, ni oubli ni pardon" de manière silencieuse. Après, une halte a été marquée devant la bibliothèque de science humaine et beaucoup d’étudiants en blocus sont sortis pour écouter un discours expliquant notre action. Ensuite, la marche s’est terminée devant le Square G, symbole de la lutte antifasciste à l’ULB. Un camarade a lu une déclaration qui appelait à intensifier la résistance antifasciste et dénonçait les partis traditionnels comme formateur du terreau sur lequel se développe l’extrême droite. Enfin, l’action s’est terminée par un chant des partisans et un vibrant NO PASARAN !

    Par Kadhem (Bruxelles)

  • Violence fasciste mortelle à Paris

    Suite aux mobilisations organisées par les réactionnaires français contre le mariage homosexuel au cours de ces derniers mois, l’extrême-droite est passée à l’offensive, de façon violente. Un jeune antifasciste vient d’en être brutalement victime, jusqu’à en mourir. Ce 5 juin, Clement Meric, un militant étudiant antifasciste, a été assassiné en pleine rue par des skinheads néo-fascistes. Il faut riposter contre cette violence néofasciste de la manière la plus appropriée : par une mobilisation de masse qui instaure une pression sur chaque tentative de l’extrême-droite d’aller de l’avant.

    Réaction de Blokbuster et Résistance Internationale, les campagnes antifascistes du PSL. Photo ci-contre : action des meurtriers néonazis des Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires (JNR)

    Ces derniers mois ont été marqués par quelques grandes manifestations opposées au mariage homosexuel. La droite réactionnaire a pu à cette occasion clairement démontrer qu’elle demeure toujours une force mobilisatrice tandis que l’ampleur de ces événements a renforcé la confiance de l’extrême-droite. Par ailleurs, le Front national de Marine Le Pen a pu jouer sur le mécontentement croissant éprouvé dans la population face aux politiques antisociales désastreuses de François Hollande au cours de toute l’année dernière, sur fond de perspectives économiques peu réjouissantes.

    Des groupes d’extrême-droite violents se sont sentis encouragés par ces développements, et certains militants néofascistes ont été plus audacieux. C’est ce qui a conduit à la mort du jeune antifasciste Clément Meric, battu à mort en pleine journée à Paris par un groupe de skinheads. Le principal accusé de ce crime est connu en tant que membre des Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires (JNR), une organisation dirigée par Serge Ayoub, individu qui est déjà venu à plusieurs reprises en Belgique dans le cadre des activités de groupuscules néonazis belges tels que Nation.

    Serge Ayoub a d’abord tenté de nier que les meurtriers étaient militants des JNR, pour ensuite adopter une approche différente en disant que les jeunes militants de gauche avaient commencé. Sur le site belge rechtsactueel.com, qui est animé par un employé du Vlaams Belang, on tente aussi de cadrer les choses dans "un autre contexte" en affirmant que les militants d’extrême-droite n’avaient rien provoqué et qu’ils n’en pouvaient rien si le jeune Clément avait fait une "chute accidentelle". Chez Nation, on dit aussi qu’il s’agissait d’une provocation de la part de militants de gauche tout en rajoutant que l’incident est une affaire purement personnelle, une "bagarre générale qui a mal tournée et non pas d’une agression préméditée d’un groupe contre un individu". La version de Serge Ayoub est donc défendue en Belgique tant par Nation que par rechtsactueel.com. Une nouvelle recrute de Nation, Kris Roman, a par contre déclaré hier sur Facebook: "Les antifas détournent les choses. (…) Si les antifas continuent à harceler les gens, d’autres "momies de gauche" suivront." La déclaration officielle de Nation sur les "provocations" de gauche s’accompagne donc de l’approbation officieuse de cette violence par ses militants.

    Les Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires (JNR) de Serge Ayoub ne constituent pas un club innocent. Serge Ayoub a pour surnom "Batskin" parce qu’il apprécie utiliser une batte de baseball dans des affrontements avec ses opposants politiques. Ce groupe tente de combiner une violence d’extrême-droite avec une rhétorique "sociale". Tout comme pour les autres groupes qui se réclament du "solidarisme", cet aspect social reste toutefois limité à la rhétorique, contrairement aux actes de violence et au racisme. Le parti grec Aube Dorée ne dirige par exemple pas son activité contre les responsables de la crise – les grands armateurs et les autres capitalistes grecs – mais contre les victimes de la crise qui ont une autre couleur de peau ou une autre opinion politique.

    Cette année, les JNR ont été à l’initiative d’une manifestation "contre l’impérialisme", selon leurs propres termes, qui a rassemblé environ 800 participants. Cette mobilisation était soutenue dans notre pays par Nation et les Autonome Nationalisten (Nationalistes Autonomes, un groupuscule néerlandophone). Les manifestants y avaient notamment déclaré leur soutien au dictateur syrien Bachar al-Assad. A la fin de l’événement, outre Serge Ayoub, Hervé Van Laethem, de Nation, était orateur. Le 1er mai de cette année, Serge Ayoub est encore venu à Bruxelles pour participer à la manifestation de Nation.

    La mort du jeune antifasciste a conduit à la tenue d’actions de protestations et de manifestations. Ce jeudi, il y avait notamment une grande manifestation de deuil et de colère. Des politiciens ont fait valoir qu’ils sont en faveur de l’interdiction des groupes néo-nazis. Nous ne sommes évidemment pas en faveur de laisser aux néo-nazis les possibilités de se construire, mais une interdiction sera insuffisante pour les arrêter. Nous avons besoin d’une riposte active de la part du mouvement des travailleurs.

    Seule la mobilisation et la résistance antifasciste est de nature à briser la confiance des groupes néo-fascistes violents. Leur violence n’est pas soutenue par les couches larges de la population. En répondant à leurs mobilisations et à leurs réunions par des mobilisations plus grandes encore, on peut leur rendre particulièrement difficile de s’organiser, ce qui est nécessaire pour les empêcher de franchir des étapes suivantes dans leur offensive violente.

    Face aux mobilisations qui renforcent les divisions – comme les actions homophobes – et contre l’extrême droite qui instrumentalise la colère ressentie contre la politique d’austérité, nous avons également besoin d’une réponse politique qui prenne à cœur la défense des intérêts des travailleurs et de leurs familles. Les partis établis et leur politique de casse sociale assurent que le terrain soit fertile pour le racisme et la division, ce sur quoi se basent les groupes violents. Aucune véritable réponse à l’extrême droite n’est à attendre de leur part. Nous avons à construire nous-mêmes ce relais politique. Le potentiel de lutte contre les politiques d’austérité sur le plan syndical et le plan politique est bien présent, le saisir pleinement est tout l’enjeu actuel des antifascistes et du mouvement des travailleurs en général.

  • Bruxelles : Appel à un rassemblement pour Clément Méric

    C’est avec tristesse et colère que nous avons appris le meurtre hier d’un militant du collectif antifasciste Paris-Banlieue et syndicaliste à Solidaires Étudiant-e-s, commis par des individus d’extrême-droite. Par ce communiqué, nous tenons à marquer notre solidarité envers ses camarades et à présenter nos condoléances à sa famille et à ses ami-e-s.


    Ixelles : Rassemblement sur l’avenue Héger (ULB) marche vers le Square groupe G et commémoration sur place.

    Accès : Tram 94, 25 et bus 71 ; arrêt ULB


    Alors qu’il sortait d’un magasin près de la gare Saint-Lazare, ce jeune militant étudiant a été lâchement agressé et battu à mort par des membres de l’extrême-droite radicale. Il est décédé des suites de ses blessures, dans la nuit, à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière.

    Une fois de plus, cette agression sauvage nous montre que le fascisme est une idéologie autoritaire basée exclusivement sur la violence, qui ne tolère aucune forme d’opposition. Une fois de plus, le fascisme nous montre son vrai visage : celui de la barbarie et de la mort. Le mouvement d’extrême-droite des « Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires » est aujourd’hui pointé du doigt. Rappelons que le 1er mai dernier, leur chef, Serge Ayoub, défilait à Bruxelles aux côtés du mouvement belge Nation.

    Nous refusons que les partis et gouvernements de l’austérité tentent de récupérer politiquement l’événement voire de donner un alibi à cet acte abjecte – ceux-là même qui par leurs discours ou leurs actes banalisent l’extrême-droite et créent les conditions pour qu’elle grandisse. Nous savons que Clément faisait partie de celles et ceux qui chaque jour luttent réellement face aux classes dominantes pour l’égalité et la justice sociale. Ne nous trompons pas : les extrêmes ne se valent pas. La gauche progressiste a toujours été et sera toujours du côté des dominés. Le fascisme, même lorsqu’il se cache derrière un discours social, est une idéologie profondément raciste, sexiste et homophobe qui sert les intérêts du capitalisme.

    Il est plus que nécessaire de continuer à lutter aujourd’hui contre la peste brune qui se répand de plus en plus en Europe depuis la crise économique. Que ce soit en Grèce, en Espagne, en France ou en Belgique, l’extrême-droite se montre de plus en plus agressive et n’hésite plus à se montrer au grand jour. Face à la montée du populisme et de l’extrême-droite, notre résistance doit être toujours plus forte.

    Nous considérons que la meilleure preuve de notre soutien et de notre solidarité est de poursuivre indéfectiblement la lutte antifasciste en Belgique et ailleurs contre ces organisations qui propagent la haine.

    « Ami, si tu tombes, un ami sort de l’ombre à ta place. » Pour nous, ces paroles ne sont pas un vain mot…

    Un camarade est tombé mais la lutte continue !

    • Antifa Bruxelles
    • CADTM
    • Collectif Alternative libertaire Bruxelles
    • Comac
    • Étudiants de gauche actifs (EGA)
    • Fédération bruxelloises des jeunes socialistes (FBJS)
    • Jeunes anticapitalistes (JAC)
    • Jeunes FGTB
    • JOC
    • Ligue Communiste des travailleurs (LCT)
    • Parti de Gauche (PG)
    • Parti socialiste de lutte/Linkse socialistische partij (PSL/LSP)
    • Union syndicale étudiante (USE)
  • Comment stopper les forces réactionnaires ?

    De l’extrême-droite aux conservateurs populistes

    La crise prolongée et sans issue du système capitaliste provoque une montée des formations et des idées d’extrême droite. Ceci n’est pas une coïncidence mais une conséquence logique d’une société qui précipite des millions de personnes dans la pauvreté et qui n’offre aucune perspective pour sortir de sa propre crise. Tant les milices fascistes d’Aube Dorée en Grèce que la montée des nationalistes et populistes réactionnaires de la N-VA en Belgique sont engendrées par les conséquences d’un système défaillant. Mais tous les éléments de la vague réactionnaire que nous voyons se former ne sont évidemment pas identiques. C’est pourquoi il est important de comprendre d’où proviennent ces formations réactionnaires, ce qu’elles représentent et comment elles peuvent être combattues.

    par Jarmo (Anvers). Article paru dans l’édition de mars de Lutte Socialiste

    Les conservateurs divisent pour régner

    Actuellement, en Europe, on voit apparaître des idées conservatrices qui paraissent appartenir à un lointain passé. En Belgique, les nouvelles autorités de la ville d’Anvers ne laissent pas passer une semaine sans une nouvelle déclaration controversée. L’affaire autour des t-shirts arc-en-ciel, le fait que les sans-papiers séropositifs ne recevront plus d’inhibiteurs de sida à moins de signer une déclaration de retour volontaire, l’augmentation des frais d’inscription communaux de 17 à 250 euros pour les ressortissants extracommunautaires,… tout cela fait partie d’une même évolution. Il s’agit d’une aile conservatrice pure et dure qui lance des idées pour lesquelles elle pense avoir retrouvé un terrain fertile. Dans une période de crise économique, tout est fait pour faire payer la facture aux salariés et permettre aux vrais responsables de s’en tirer à bon compte. La responsabilité des fermetures des usines Ford à Genk et d’ArcelorMittal à Liège est mise sur le dos des travailleurs, qui coûtent trop chers, alors que les patrons insatiables qui sacrifient tout sur l’autel de la maximisation de leurs profits restent impunis.

    De même, la crise grecque n’est due aux travailleurs grecs ‘‘paresseux‘‘ (lesquels travaillaient en moyenne davantage d’heures pour un salaire que la moyenne européenne, avant la crise, pour un salaire moindre) mais aux capitalistes grecs oisifs qui vendent le pays aux enchères et imposent une austérité meurtrière pour protéger leurs fortunes. Les partis traditionnels font vraiment tout pour éviter que les responsables ne soient pointés du doigt. Ils préfèrent attribuer les problèmes économiques aux masses d’Europe, lesquelles doivent en payer la facture.

    Un tel climat politique est un terrain très fertile pour des forces conservatrices et réactionnaires. A la question ‘‘pourquoi notre niveau de vie se détériore à vue d’œil ?‘‘ ils ont une réponse facile : ce sont les immigrés, les chômeurs, les Wallons, les Grecs, les femmes, les LGBT,… qui nous prennent tous nos sous. La société est divisée en deux camps : celui des ‘‘gens qui travaillent beaucoup‘‘ et celui des ‘‘profiteurs‘‘. Ce n’est en fait qu’une méthode visant à dissimuler le véritable gouffre qui divise notre société : celui entre salariés et capital.

    Du fait de l’absence d’une alternative de gauche, il est logique que le parti qui exprime ce raisonnement le plus clairement, qui n’est pas souillé par un passé politique pitoyable et bénéficie donc d’une image de chevalier blanc, soit le parti qui remporte les élections. En Belgique, la N-VA se nourrit du mécontentement éprouvé envers les partis traditionnels, tout comme le Vlaams Belang l’a fait avant elle. Mais la percée d’un nationalisme flamand moins grotesque que le néofascisme du Vlaams Belang ne signifie absolument pas que la lutte contre l’extrême droite est gagnée pour autant.

    L’ambition politique la NVA est de chercher la confrontation ouverte avec le mouvement des travailleurs. La résistance sera d’envergure. Les mesures antisociales et répressives que le parti va mettre en place (l’austérité, la réduction des impôts, le maintien des intérêts notionnels, les sanctions administratives communales,…) risquent de rester en travers de la gorge d’une bonne partie de ses électeurs. Il est certain que le Vlaams Belang sera aux aguets. Le parti d’extrême-droite s’y prépare déjà en prenant une certaine distance avec son programme néolibéral d’antan pour retourner à une image plus ‘‘sociale‘‘ qui essaye de trouver la sympathie d’une couche de travailleurs qui en a marre de payer pour la crise.

    Le danger des groupes extrémistes réactionnaires est également présent

    Dans une telle situation il n’est pas étonnant que des groupes plus radicaux gagnent une confiance suffisante pour se montrer dans la rue. Le mois dernier, par exemple, un groupe néonazi a manifesté publiquement à Bruges contre la ‘‘violence de gauche‘‘. L’organisation étudiante nationaliste NSV trouve que le Vlaams Belang devrait ouvertement donner son soutien aux voyous grecs d’Aube Dorée. Bien que nous ne nous trouvions pas encore dans une situation similaire à celle de la Grèce, il est clair que la maladie que le capitalisme vit actuellement peut faire éclater les ulcères et les abcès les plus répugnants du système.

    Par ailleurs, Aube Dorée doit son succès au fait qu’elle a su donner une réponse claire – bien que fausse – à la question de la responsabilité des problèmes économiques actuels : les immigrés et les étrangers. Cette réponse, couplée à une rhétorique anti-austérité (la formation ‘‘traditionnelle‘‘ d’extrême droite LAOS avait perdu son soutien électoral à cause de son rôle dans la mise en place de l’austérité) ont permis à Aube Dorée de réaliser une percée électorale.

    Quand ils ne sont pas occupés à traquer les militants de gauche ou les immigrés dans la rue, ses membres organisent la distribution de nourriture aux pauvres et aux victimes de la crise. Mais ils en restent aux apparences et laisse bien tranquille le capitalisme grec. Chaque élu d’extrême-droit au Parlement a soutenu toutes les privatisations et on ne trouve nulle part d’appel au non-paiement de la dette du pays. Les perspectives d’Aube Dorée ne sont pas basées sur l’idée d’une confrontation avec les capitalistes grecs.

    Le 7 mars, à Louvain, le NSV organise sa marche annuelle de la haine sous le thème : ‘‘En résistance contre l’Union Européenne soviétique.’’ Ces étudiants néofascistes essayent aussi de s’appuyer sur une partie croissante de la population qui est dégoûtée par l’austérité imposée aux travailleurs par l’Union Européenne. En faisant référence à l’UE comme étant un ‘soviet‘, le NSV clarifie son incompréhension de ce que signifie le socialisme.

    L’Union Soviétique – laquelle était elle-même une caricature monstrueuse du socialisme – n’avait rien à voir avec l’Union Européenne sous sa forme actuelle. Le NSV dénonce uniquement ‘‘l’atteinte à la souveraineté des Etats membres‘‘ et non l’austérité sanguinaire que l’UE impose aux travailleurs dans les Etats membres. Après tout, ceci n’est pas exactement un thème susceptible d’éveiller l’indignation des néofascistes. Ce qui les intéresse plutôt, c’est de monter les travailleurs des divers Etats membres de l’UE les uns contre les autres, au bénéfice du capital. C’était d’ailleurs le programme réel du fascisme dans les années ’30, et cela reste le programme de ceux qui s’inspirent du fascisme aujourd’hui.

    Une opposition de gauche est la meilleure réponse

    Tant en Grèce qu’en Belgique – et n’importe où dans le monde où le populisme de droite ou l’extrême droite monte en puissance – la crise n’est pas l’unique responsable de la montée du conservatisme. L’absence de réponse claire de la gauche à la question de savoir qui doit payer pour la crise y est aussi pour quelque chose.

    L’unique manière de combattre l’extrême droite est de lier cette lutte à la lutte contre le système qui produit ce genre de formations réactionnaires. C’est sur le terrain fertile du chômage et du manque de perspectives que le racisme, le sexisme, l’homophobie et toutes sortes d’autres idées ayant pour but de diviser la classe des travailleurs, peuvent prospérer comme une moisissure sur un corps pourri.

    Les Etudiants de Gauche Actifs (EGA) et le PSL ont pour objectif de contribuer à la construction d’une alternative politique de gauche qui pointe du doigt les véritables responsables et propose un projet alternatif de société. Ce n’est que dans une société où règne un socialisme démocratique que les idées réactionnaires de tous poils pourront être jetées pour de bon dans la poubelle de l’histoire.

  • Anvers : Ne laissons pas d’espace aux néonazis le 1er Mai !

    Un petit groupe de néonazis veut utiliser la journée internationale du travail – une journée de lutte et de solidarité pour le socialisme – pour mettre en avant son racisme et sa haine contre le mouvement des travailleurs. Il nous faut une réponse adaptée : ne leur laissons pas un millimètre d’espace !

    Par Geert Cool, porte parole de la campagne antifasciste flamande Blokbuster

    Le petit groupe de néonazis de la NSA (Nieuw-Solidaristisch Alternatief) a vu une excellente occasion pour lancer une provocation médiatisée à Borgerhout, l’un des districts d’Anvers. Avec Bart De Wever comme bourgmestre de la ville et une coalition locale à Borgerhout sans la N-VA mais avec le PTB, la N-SA pensait avoir plus de possibilités de recevoir le feu vert pour manifester à Borgerhout, alors que ses demandes des années précédentes pour manifester le 1er mai ont été refusées tant à Malines qu’à Gand. L’organisation d’une fête de quartier le 1er mai sur la place centrale de Borgerhout, la place Moorkens, va probablement mener à la révocation de l’autorisation.

    L’annonce de l’action néonazie a reçu pour réponse une déclaration de la FGTB et un appel du SETCa à venir manifester à Anvers le 1er mai. Un appel facebook pour une fête de quartier sur la place Moorkens a rapidement réuni 1.500 participants. Cela démontre le potentiel de résistance face aux néonazis. Tout au long des actions antifascistes de ces dernières années, nous avons toujours défendu la nécessité d’actions politiques avec des campagnes vers l’extérieur des milieux antifascistes traditionnels avec un contenu de réponses sociales contre les éléments de division comme le racisme, le sexisme ou l’homophobie.

    Il est vrai que la N-SA et son petit ‘Führer’ Eddy Hermy sont visiblement contents de l’attention qu’ils reçoivent actuellement. Mais ne faire qu’ignorer les actions des néonazis signifie qu’ils ont le champ libre pour tenter de se construire. Pourquoi devrions-nous leur faciliter la tâche ? Ne rien faire comporte le risque d’avoir plus difficile de mener la bataille lorsque le danger sera plus grand. Nous sommes donc en désaccord avec le PTB qui a immédiatement annoncé qu’il n’allait pas répondre aux provocations et ne pas organiser de contre-manifestation. Le PTB aurait mieux fait de lancer l’appel pour mobiliser sa base électorale autour de revendications sociales tant pour combattre la politique antisociale de De Wever & Co que pour limiter l’espace des néonazis dans les rues.

    Le fait qu’une campagne antifasciste active puisse engranger des résultats est chaque année à nouveau démontré avec la manifestation contre l’organisation étudiante officieuse du Vlaams Belang, le NSV. Cette année encore (le 7 mars dernier à Louvain), nous avons mobilisé quatre fois plus de manifestants antifascistes que les militants d’extrême-droite. La campagne parmi les étudiants a permis à la mobilisation de se faire connaitre et il était même très difficile au bout d’un moment pour l’extrême-droite de mener une réelle campagne. Très souvent, l’attitude des étudiants était de directement jeter leur tract nauséabond à la poubelle. Leur campagne s’est finalement limitée à une poignée d’affichages nocturnes. La campagne antifasciste Blokbuster se prépare déjà à organiser une nouvelle manifestation anti-NSV, à Anvers cette fois, en mars 2014.

    L’action de la N-SA sera plus limitée que la manif du NSV et les néonazis ne vont sans doute pas oser mener une campagne active à Borgerhout. Ils vont probablement être présents avec un petit groupe venu de l’extérieur. D’un autre côté, il y a un grand potentiel pour la mobilisation et la résistance de la population locale et le mouvement ouvrier en général. L’indignation et le soutien pour la fête de quartier sont déjà une indication de ce potentiel. Cela signifie qu’un rapport de forces très favorable aux antifascistes est possible ; un blocage complet est même une option. Mais un rapport de force ne tombe pas du ciel, il faut le construire avec une campagne destinée à transformer le soutien passif en mobilisation active.

    Nous pensons qu’une mobilisation antifasciste nécessite une approche politique. Sans une telle approche, le danger existe de voir fleurir des actions symboliques, tellement symbolique que seul l’élément moralisateur restera présent. Voire même pas. Et qu’arriverait-il si les néonazis eux-mêmes rejoignaient la fête apolitique ?

    Une approche politique signifie d’expliquer d’où vient le danger de l’extrême- droite et comment nous y répondre. Des néonazis peuvent trouver un certain soutien sur base d’une aversion généralisée et de l’aliénation de la société, ce qui est renforcé en temps de crises, avec l’exclusion sociale pour une couche croissante de la population. Nous pouvons riposter en luttant pour un meilleur avenir : des emplois, des logements, des services publics,… au lieu de la haine du racisme, du sexisme, de l’homophobie,…

    L’implication du mouvement des travailleurs dans la lutte contre l’extrêmedroite est d’une importance capitale. La force potentielle de ce mouvement est très grande ; les syndicats organisent trois millions de membres dans ce pays ! Ce n’est pas aux communales mais aux élections sociales qu’il y a le plus grand nombre de candidats lors d’une élection en Belgique. Aucune autre force n’est capable de mobiliser à ce point.

    Si cette force potentielle est utilisée, il devient impossible pour les néonazis de faire une action à Anvers, qu’importe l’endroit. Cela ne veut pas dire que nous voulons que la marche traditionnelle du 1er mai à Anvers soit annulée ou remplacée par un autre type de manif. Bien sûr, nous espérons que la marche du 1er mai à Anvers va donner un message antifasciste clair. Mais la présence de beaucoup de syndicalistes et de militants politiques dans la ville peut être utilisée pour mener également une action antifasciste.

    Le danger que De Wever soit le vainqueur en cas d’affrontements et d’émeutes est réel. Comment l’éviter ? Si nous ne faisons rien et que les néonazis peuvent faire ce qu’ils veulent à Borgerhout, la possibilité de problèmes est très grande. C’est en organisant la colère contre le racisme et l’extrême droite que nous pouvons éviter les émeutes. En Allemagne, différentes villes ont été bloquées par des manifestations massives qui n’ont laissé aucune marge aux néonazis. Une action directe implique une participation de masse.

    La fête de quartier prévue peut jouer un tel rôle. L’occupation du centre de Borgerhout assurera qu’il sera impossible au néonazis de s’y rendre. Si cette fête n’est pas apolitique – et les partis établis vont tout faire pour que cela soit le cas – mais défend un message antifasciste combatif, il sera alors possible de mobiliser plus largement dans le quartier et de transformer le mécontentement passif contre le racisme en une implication active dans la résistance contre ce racisme et ses causes.

    Le 7 mars, un petit millier d’antifascistes ont manifesté à Louvain contre la marche de la haine des étudiants du Vlaams Belang. Avec une manifestation non-violente et une campagne au contenu politiquement développé, il est possible de réellement lutter contre l’extrême-droite. La situation en Grèce clarifie l’importance d’une lutte antifasciste combative et militante.

  • Manifestation antifasciste réussie à Louvain (1)

    Cette année, la manifestation antifasciste contre le NSV (le cercle étudiant officieux du Vlaams Belang) s’est déroulée à Louvain. Environ 800 manifestants antifascistes s’étaient réunis pour une manifestation non-violente contre le racisme et l’extrême-droite. Les étudiants du Vlaams Belang ont manifesté avec environ 250 participants, de dirigeants du VB aux membres du groupe néonazi Blood&Honour. Parmi les manifestants, de nombreux antifascistes francophones.

    Photos par Frederik (Limbourg)

  • Manifestation antifasciste réussie à Louvain (2)

    Cette année, la manifestation antifasciste contre le NSV (le cercle étudiant officieux du Vlaams Belang) s’est déroulée à Louvain. Environ 800 manifestants antifascistes s’étaient réunis pour une manifestation non-violente contre le racisme et l’extrême-droite. Les étudiants du Vlaams Belang ont manifesté avec environ 250 participants, de dirigeants du VB aux membres du groupe néonazi Blood&Honour. Parmi les manifestants, de nombreux antifascistes francophones.

    Photos par Pavel

  • Manifestation antifasciste réussie à Louvain (3)

    Cette année, la manifestation antifasciste contre le NSV (le cercle étudiant officieux du Vlaams Belang) s’est déroulée à Louvain. Environ 800 manifestants antifascistes s’étaient réunis pour une manifestation non-violente contre le racisme et l’extrême-droite. Les étudiants du Vlaams Belang ont manifesté avec environ 250 participants, de dirigeants du VB aux membres du groupe néonazi Blood&Honour. Parmi les manifestants, de nombreux antifascistes francophones.

    Par Nico (Liège)

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