Category: Moyen-Orient et Afrique du Nord

  • Gaza. rassemblement à Liège

    Ce 18 juillet 700 à 800 personnes se sont rassemblées à Liège devant l’Hôtel de Ville à l’appel de diverses organisations de solidarité avec la Palestine1 afin d’exiger l’arrêt des frappes sur Gaza et la fin de l’occupation. Le PSL était présent à ce rassemblement et cela a été l’occasion de diffuser les positions de notre internationale, le Comité pour une Internationale Ouvrière, et de notre section sœur en Israël-Palestine (le Mouvement Socialiste de Lutte) sur la façon d’organiser la résistance à l’occupation et la solidarité internationale avec le peuple palestinien. Dans une manifestation où dominait la communauté arabo-musulmane, notre position sur la nécessité de renouer avec les actions de masse de la première Intifada et sur l’importance de rallier les travailleurs israéliens à la lutte pour une Palestine libre socialiste et démocratique ont suscité l’intérêt.

    Si certains à gauche se sont offusqués de la dominante religieuse de la manifestation, nous considérons pour notre part que, sans renier ou cacher notre identité socialiste et révolutionnaire, nous devons faire front avec l’ensemble des militants pro-palestiniens y compris les travailleurs musulmans naturellement sensibles et mobilisés sur la question palestinienne. Nous voulons éviter les écueils du repli sectaire attendant le mouvement « pur ». Nous pensons qu’engager la discussion fraternelle avec les autres composantes du mouvement sur la meilleure stratégie à appliquer pour renforcer la solidarité avec la Palestine dans le respect des différences de chacun, mais sans concession sur le programme, reste la meilleure approche.

  • Gaza. Action de solidarité à Gand

    Jeudi dernier, une protestation de protestation contre la terreur d’Etat israélienne dans la bande de Gaza a eu lieu à Gand. Manifestants et militants de divers horizons se sont réunis face à l’Hôtel de ville, où ont pris place diverses prises de paroles. Voici quelques photos, la première série par Jean-Marie et la seconde par Thomas.

  • Gaza. Manifestation massive à Bruxelles

    Le massacre de Gaza entraine une profonde colère et a déclenché des actions de protestation un peu partout à travers le monde. Samedi dernier, une grande manifestation a eu lieu à Bruxelles, avec des milliers de participants, jusqu’à 10 000. Le cortège était particulièrement combatif. L’indignation est, à juste titre, tout simplement gigantesque face au massacre et à la politique délibérée du régime israélien pour faire couler le sang de Palestiniens innocents. Alors que les autorités ukrainienne et russe cherchent à s’accuser l’une l’autre autre de la responsabilité de l’attentat perpétré contre l’avion de la Malaysian Airways, le régime israélien ne mâche pas ses mots et n’a aucune honte à commettre un terrible bain de sang.

    Photos de PPICS.

  • Une approche socialiste du boycott d’Israël

    En 2013, le célèbre physicien britannique Stephen Hawking a décliné une invitation à être orateur lors d’une conférence tenue à Jérusalem, rejoignant ainsi d’autres personnalités défendant le boycott d’Israël d’une manière ou d’une autre. Cette campagne de boycott, après l’horreur de la guerre de Gaza en 2008-09, l’assassinat d’assistants humanitaires turcs, les attaques de la Flottille de la Liberté, la semaine d’attaques militaires à Gaza en novembre 2012 [ce texte datant de 2013 on pourrait encore bien entendu rajouter les bombardements actuels dont la Bande de Gaza est actuellement victime] peu compter sur un certain soutien. Comment, selon nous, les syndicalistes combatifs et les défenseurs des idées du socialisme doivent-ils réagir face aux campagnes de boycott ? Questions-réponses.

    Dossier de Judy Beishon, initialement publié dans le magazine Socialism Today en juin 2013

    Quelle est l’origine de cette campagne de boycott ?

    Il y a eu plusieurs appels à des sanctions et des boycotts, certains provenant même d’Israéliens, après le début de la deuxième Intifada palestinienne en 2000. Ce mouvement a été confronté à une répression particulièrement brutale de la part du régime israélien. Lors d’une conférence des Nations Unies contre le racisme tenue en 2001 en Afrique du Sud, des sanctions ont même été évoquées. Les délégués américains et israéliens ont quitté la conférence en réaction. En 2002, une série d’organisations palestiniennes ont lancé un appel au boycott. Et, en 2004, à Ramallah, une campagne de boycott académique et culturel a été lancée.

    Un an plus tard, un appel de la “société civile” en Palestine a suivi visant au “boycott, aux désinvestissements et aux sanctions” (BDS). Cet appel stipulait que la campagne doit être menée jusqu’à ce qu’Israël “se plie complètement aux lois internationales” et, par conséquent, mette un terme à l’occupation et la colonisation de toute terre arabe. Cela se réfère notamment aux territoires conquis par la Guerre des 6 Jours de 1967. Il a également été fait appel à la destruction du mur de séparation, à la reconnaissance des droits des citoyens palestiniens et au respect du droit au retour des réfugiés palestiniens.

    Ces revendications étaient soutenues, à juste titre, par la plupart des organisations de travailleurs et des syndicats de par le monde. Beaucoup soutiennent aussi l’appel BDS. Mais la plupart du temps, les syndicats sont, et c’est compréhensible, très sélectifs par rapport aux éléments de cette campagne qu’ils soutiennent.

    La solidarité internationale est-elle importante pour les Palestiniens ?

    Évidemment ! Les Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie vivent dans d’horribles conditions. Ils sont régulièrement attaqués par l’armée israélienne, qui vise à assassiner et à intimider. L’armée a pour ainsi dire totalement bloqué Gaza, alimentant ainsi le développement d’une énorme pauvreté, de la sous-alimentation, du chômage et des frustrations dans cette bande de territoire à forte densité de population. Les travailleurs du monde entier éprouvent un sentiment tout à fait légitime de colère et de dégoût vis-à-vis des brutalités et de la répression du régime israélien. Il est, dès lors, compréhensible que nombreux sont ceux qui veulent soutenir les campagnes de boycott ou de sanctions si cela peut avoir un effet. Le niveau de vie particulièrement bas, la discrimination et les aspirations nationales réprimées des réfugiés palestiniens dans les pays avoisinants et des Palestiniens en Israël même ne doivent pas être oubliés non plus.

    Un boycott peut-il jouer un rôle dans la lutte palestinienne ?

    Un certain nombre de formes de boycott peuvent renforcer la conscience autour du sort des Palestiniens et peuvent être utiles comme campagne complémentaire à d’autres actions et formes de soutien. Cela peut contribuer à la croissance du sentiment “d’isolement” ressenti à l’échelle internationale par la classe dirigeante israélienne. Cela peut aussi ajouter une pression pour l’obtention de concessions destinées à quelque peu améliorer le sort des Palestiniens. Dans certains cas, cela peut aussi mettre sous pression les bénéfices des capitalistes israéliens et des multinationales qui profitent de l’occupation israélienne.

    Mais de manière générale, il y a des limites à ce qu’un boycott peut réaliser. Le cœur de la lutte pour la libération palestinienne doit consister en une action de masse des Palestiniens eux-mêmes. Particulièrement sous contrôle et organisation démocratiques des travailleurs palestiniens eux-mêmes, cela sera incomparablement plus efficace pour la lutte palestinienne que toute action provenant de l’extérieur.

    Les Palestiniens ont organisé des actions massives lors de la première Intifada à partir de 1987 (voir notre article à ce sujet). Cela a conduit à une série de concessions dans le cadre du processus des accords de paix d’Oslo, ce à partir de quoi l’Autorité Palestinienne (AP) a été mise sur pied en 1994. Puisque ce processus n’a pas conduit à des améliorations concrètes et que d’autres occupations juives ont suivi, la deuxième Intifada (qui a commencé en 2000) a alors pris place. Malheureusement, cette lutte ne se basait plus sur des actions de masse mais sur des groupes et organisations secrets qui, par désespoir, se livraient à des attentats suicide et à d’autres attaques sur les citoyens israéliens.

    Ces dernières années, une nouvelle génération de Palestiniens est entrée en lutte. Cette génération a été influencée par le fantastique mouvement de masse de 2010-2011 en Tunisie et en Égypte. De grandes manifestations de Palestiniens ont eu lieu dans les territoires occupés et des actions massives ont également eu lieu en Israël, entre autres en solidarité avec les Palestiniens retenus dans les prisons israéliennes, mais il y a également eu des grèves contre la politique d’austérité. La « révolte des tentes » de 2011 fut ainsi le plus large mouvement social qu’Israël ait connu.

    Ces mouvements nécessitent un plan d’action permettant leur déploiement avec une escalade du mouvement contre la politique d’austérité et l’occupation. Une lutte de masse planifiée démocratiquement peut être dirigée contre divers éléments d’oppression comme le mur de séparation, le vol de terres, les barrages ou la violence systématique de l’armée israélienne.

    Les travailleurs et les pauvres tunisiens et égyptiens ont démontré à quel point des actions massives peuvent être efficaces, même si leurs révolutions n’ont pas encore mis fin à l’exploitation capitaliste. Des campagnes internationales pour un boycott ou des sanctions n’auraient pas pu écarter les dictateurs de ces pays, de même que la longue période de sanctions contre le régime de Saddam Hussein en Irak de la part des puissances occidentales capitalistes n’a pas mis fin au régime. Les sanctions impérialistes occidentales n’ont pas mis fin non plus au régime iranien. Ce régime utilise au contraire ces sanctions afin de raffermir son soutien, et ce sont les citoyens iraniens qui paient le lourd tribut que ces sanctions impliquent.

    Les travailleurs doivent avant tout internationalement soutenir les Palestiniens dans la construction de leurs propres organisations de travailleurs indépendantes en dehors des ONG ou des politiciens pro-capitalistes. Ce n’est qu’alors que les masses palestiniennes pourront elles-mêmes décider de la manière de mener et d’organiser la lutte. Les syndicalistes peuvent créer des liens internationaux avec les travailleurs palestiniens organisés et leur offrir une aide matérielle. Des campagnes de boycott peuvent y contribuer pour autant qu’elles soient soigneusement choisies, mais elles ne doivent pas se substituer au soutien actif à la lutte de masse. Il est faux de croire qu’un boycott de l’extérieur – une forme d’action relativement passive – sera de nature à conduire à la libération de la Palestine.

    Dans la lutte contre l’occupation, les Palestiniens de Cisjordanie et de la bande de Gaza ont la tâche d’écarter les dirigeants politiques pro-capitalistes afin de poser les bases d’une société totalement différente : une société basée sur un programme socialiste qui sert les intérêts de la majorité de la population et pas ceux de l’infime élite au sommet.

    Comment se fait-il qu’une majorité des travailleurs israéliens soient pour un État palestinien mais pas pour les campagnes de boycott ?

    De plus en plus de juifs israéliens remettent en question l’occupation des territoires palestiniens. Pour l’instant, environ deux tiers de la population juive sont favorables à l’idée d’un Etat palestinien. Mais une intense propagande du gouvernement israélien et des médias est en cours pour justifier la prise de ces territoires en argumentant que c’est essentiel pour la sécurité du pays. Les attaques de roquettes tirées de Gaza sur des villes israéliennes sont utilisées pour justifier la répression, la construction du mur de séparation ou les limitations à la libre circulation des personnes et des biens. Officiellement, il s’agit de protéger les Israéliens. Cette instrumentalisation est renforcée par la peur d’attaques de la part d’autres pays de la région, de l’Iran en particulier. Dans le cadre de cette propagande réactionnaire, la campagne BDS est présentée par la plupart des politiciens israéliens comme étant antisémite et un rejet du débat démocratique.

    Beaucoup de juifs israéliens craignent à juste titre pour leur sécurité et veulent, dès lors, protéger le pays. Ceci, en plus de la propagande constante, fait qu’une grande partie de la population israélienne estime que les partisans d’une campagne BDS ne comprennent pas la situation en Israël. Beaucoup de juifs israéliens sont très critiques vis-à-vis de la violence de leur gouvernement à l’encontre de la population palestinienne mais, en même temps, ils ne voient pas pourquoi les travailleurs israéliens devraient être sanctionnés par les conséquences d’un boycott.

    Nous devons donc tenir compte du fait qu’une campagne de boycott peut servir la propagande du gouvernement israélien dans son propre pays et que cela peut creuser un fossé entre les travailleurs d’Israël et ceux du reste du monde. Il faut donc peser le pour et le contre entre ces conséquences négatives et les avantages.

    Faut-il alors éviter toute forme de boycott à cause du point de vue des travailleurs israéliens ?

    Pas nécessairement. Certaines formes de boycott ou de sanctions sélectives peuvent aider la cause palestinienne et, en même temps, être considérées comme moins hostiles par les travailleurs israéliens qu’un boycott général de tout ce qui provient d’Israël.

    ‘Sélectif’ pourrait, par exemple, signifier que l’exportation d’armes vers Israël soit visé ou alors boycotter des entreprises qui tirent leurs bénéfices de l’occupation en produisant des marchandises dans les colonies juives. Il est donc possible d’entreprendre des actions contre l’université d’Ariel dans les territoires occupés ou contre les ministres israéliens qui rendent des visites à l’étranger. Il existe donc de multiples possibilités pour donner un signal clair aux travailleurs israéliens que les actions sont dirigées contre l’establishment israélien et pas contre le commun des travailleurs. Cela serait encore renforcé en s’accompagnant d’une approche positive vis-à-vis de la lutte des travailleurs en Israël même.

    En 2011, une campagne de boycott de l’université d’Ariel a été signée par 145 académiciens en Israël. Depuis, ce chiffre a encore augmenté. Le soutien international d’académiciens pour cette campagne est très utile et meilleur qu’un boycott de tous les académiciens israéliens sans distinction.

    Des campagnes sont possibles aussi contre des entreprises non-israéliennes qui jouent un rôle dans l’oppression. Ainsi, l’entreprise Caterpillar produit des bulldozers qui peuvent être équipés de mitrailleuses. L’entreprise française Veolia fournit aussi des services à des colons juifs. En mai 2011, l’entreprise ferroviaire allemande Deutsche Bahn a dû renoncer à l’adjudication d’installation de voies pour la ligne entre Tel Aviv et Jérusalem afin qu’une partie de la ligne soit reconnue comme territoire palestinien par les Nations Unies.

    Il est important que les organisations de travailleurs palestiniennes soient consultées lors de chaque appel au boycott. Un appel général touche, en effet, des entreprises qui occupent des Palestiniens. Le gouvernement israélien peut, de plus, se venger par l’imposition de sanctions à l’Autorité Palestinienne ou au travers d’autres mesures. Mais, en ce moment, beaucoup de Palestiniens soutiennent le boycott quelles qu’en soient les éventuelles conséquences.

    Mais il faut remarquer qu’un boycott général de tout ce qui provient d’Israël n’implique pas seulement le risque de développement d’un fossé avec les travailleurs israéliens. Cela peut également détourner l’attention de ce qui est le plus efficace. Un certain nombre de produits sont d’ailleurs difficilement évitables. De plus, certaines pièces sont produites en Israël pour ensuite être assemblées dans d’autres pays et il n’est pas évident de voir le lien avec Israël. Beaucoup d’entreprises israéliennes essaient d’ailleurs de masquer leur origine sur le plan international en faisant passer des marchandises d’un pays à l’autre pour en dissimuler l’origine et ainsi devancer un éventuel boycott ou d’autres critiques.

    Un boycott des consommateurs est de plus difficile à suivre et à développer. Une telle campagne dépend, en effet, des décisions de divers individus et beaucoup disposent d’informations insuffisantes pour soutenir automatiquement la campagne. Les médias traditionnels n’accordent pas non plus beaucoup d’attention à la campagne. Cela reste souvent cantonné à des campagnes de petits groupes qui diffusent essentiellement via internet et elles ne sont pas toujours menées démocratiquement.

    Une campagne syndicale a potentiellement plus de possibilités. Les syndicats disposent des structures pour permettre une discussion démocratique, planifier une action et mobiliser leurs affiliés pour pouvoir la concrétiser efficacement. En 2009, les dockers d’Afrique du Sud à Durban ont par exemple illustré ce qui est possible en refusant de décharger un navire israélien.

    Une autre gros problème avec un boycott général, c’est que cela émane souvent de groupes ou d’organisations qui considèrent tous les Israéliens comme des colons et qui sont très hostiles aux travailleurs d’Israël, assimilant trop facilement ces derniers à des sionistes qui acceptent une idéologie raciste et sont incapables de jouer un rôle progressiste. Un certain nombre d’organisations ne reconnaissent même pas qu’une classe ouvrière existe en Israël.

    Une campagne BDS peut faire ressortir la colère contre les brutalités et toucher certains intérêts des capitalistes israéliens, mais des actions syndicales menées par les travailleurs israéliens peuvent toucher beaucoup plus durement les intérêts de ces capitalistes. Un boycott est embêtant pour la classe dirigeante israélienne, mais des actions déterminées des travailleurs israéliens constituent une bien plus grande menace pour leurs intérêts et, finalement, pour leur domination elle-même.

    Les travailleurs israéliens feront-ils vraiment quelque chose contre l’occupation ?

    Des mouvements de lutte émergent régulièrement contre les licenciements, les bas salaires et les coupes budgétaires dans les services publics ou autour de questions liées au lieu de travail. En 2011, comme déjà expliqué, un mouvement d’ampleur, “la révolte des tentes” a pris place contre des déficits chroniques de logement, de loyers trop chers et “l’inégalité sociale” en général. Il y a eu de grandes manifestations avec des centaines de milliers de participants. En 2012, il y a eu une grève générale de quatre jours pour pousser à des améliorations pour les travailleurs contractuels. Ces trois dernières années, il y a eu, entre autres, des actions de grève dans les hôpitaux, parmi les assistants sociaux, chez Haifa chemicals, dans les chemins de fer, à la compagnie aérienne et à beaucoup d’autres endroits.

    Dans beaucoup de conflits, les travailleurs juifs luttent aux côtés de leur collègues israélo-palestiniens contre les attaques de leurs patrons. Cela renforce l’unité à la base même si les dirigeants syndicaux essaient autant que possible d’éluder cette question et ne réagissent pas à la discrimination spécifique dont sont victimes les travailleurs palestiniens en Israël.

    Le gouvernement israélien a renforcé les attaques contre les droits démocratiques des Israélo-palestiniens mais aussi contre ceux de la population juive. Ainsi, en 2011, une nouvelle loi est sortie stipulant que quiconque appelle à un boycott d’Israël peut être poursuivi par la cible du boycott même si aucun « dommage » n’est causé.

    Qu’en est-il de l’occupation ?

    Il n’y a pas encore de grand parti des travailleurs israéliens capable de développer un programme dans lequel tant la lutte actuelle des travailleurs israéliens que le combat palestinien pour le droit à l’autodétermination seraient repris. Aujourd’hui, il n’est pas facile de savoir comment l’occupation peut être stoppée. Un développement ultérieur de la lutte des travailleurs des deux côtés de la division nationale et les étapes ultimes vers de nouveaux partis des travailleurs peuvent apporter du changement dans ce cadre.

    Lors des élections de janvier 2013, un nouveau parti, Yesh Atid, a obtenu 17 sièges. Ce parti prétend représenter les classes laborieuses. Il s’agit d’un parti pro-capitaliste dirigé par le millionnaire Yair Lapid. Le parti rompt déjà ses promesses maintenant. Lapid est devenu Ministre des finances et mène une politique d’austérité dure. Mais la rapide percée de ce parti indique à quel point les électeurs cherchent une alternative aux politiciens établis.

    La population israélienne n’a rien à gagner d’un conflit national. C’est leur classe dirigeante qui veille à ce conflit et a intérêt à ce qu’il subsiste. La colère contre le pouvoir des “magnats” en Israël – qui s’est exprimée récemment dans une protestation de rue contre le nouveau budget – peut mener au développement de la conscience autour de la nécessité de construire une alternative de gauche face aux partis politiques établis.

    Si les Palestiniens des territoires occupés renforcent aussi leur lutte et s’il y a une approche positive tant des travailleurs juifs que des palestiniens pour leurs mouvements de lutte respectifs, des liens pourront se créer et la solidarité pourra être renforcée. Les deux mouvements de travailleurs en tireraient avantage. Un soutien plus large aux idées socialistes peut être un élément de ce processus. Cela peut constituer la base pour l’unique solution aux problèmes nationaux insolubles sous le système capitaliste, à savoir deux Etats socialistes existant côte à côte en Palestine et en Israël.

    L’appel aux désinvestissements peut-il donner quelque chose ?

    Naomi Klein estimait que l’appel aux désinvestissements constitue l’élément le plus important du BDS parce que les grandes entreprises détiennent le “véritable pouvoir” et pas les individus. Les multinationales auraient la possibilité d’imposer des sanctions. Mais leur motivation principale est le profit, pas les droits de l’Homme ou le niveau de vie des travailleurs. Habituellement, les grandes entreprises sont prêtes à travailler avec les régimes les plus oppresseurs pour autant que ce soit bon pour leur comptabilité.

    Cela a donc peu de sens de faire appel à la bonté des grandes entreprises ou de les supplier de faire quelque chose. La seule manière de les pousser à faire quelque chose est de les y forcer. Pour cela, le poids de la campagne dans la société doit être suffisamment grand. La seule force dans la société qui soit plus puissante que les grandes entreprises se trouve dans le mouvement ouvrier organisé.

    Des succès peuvent être enregistrés en faisant pression sur les entreprises pour désinvestir mais cette sorte de campagnes ne peut qu’être un complément. Le capitalisme est un système chaotique au niveau mondial. Si une entreprise désinvestit, il y en a d’autres pour prendre sa place. Pour le processus de paix à Oslo, beaucoup de multinationales ont répondu à l’appel au boycott contre Israël. Elles ne l’ont pas fait pour des questions de principe mais parce que le marché arabe était important. Une campagne de boycott à grande échelle n’a d’ailleurs pas mis fin à la répression de la population palestinienne.

    En tout cas, seul un soutien critique peut être apporté aux campagnes de boycott émanant de capitalistes du monde arabe. Leurs motivations ne sont, en effet, par essence, pas déterminées par les intérêts de la majorité des Palestiniens. Avec de telles campagnes et propagande, ils espèrent accroître leur soutien local alors qu’en fait, ils ont plus en commun avec les capitalistes israéliens qu’avec les travailleurs et les pauvres de leur propre pays. Ce sont les organisations de travailleurs et donc surtout les syndicats qui devraient décider quelles formes de boycott seront utilisées

    Le boycott contre l’apartheid en Afrique du Sud n’a-t-il tout de même pas été efficace ?

    Le boycott contre l’Afrique du Sud faisait partie d’une campagne contre l’apartheid au niveau mondial, mais cela n’a pas constitué le facteur décisif pour le renversement du régime. L’apartheid est tombé par le fait d’actions de masse de la classe ouvrière noire, entre autres, des grèves et de la désobéissance civile. L’économie Sud-africaine a d’ailleurs connu une croissance durant les années de boycott, tout comme l’économie israélienne a continué à croître depuis le début de la campagne BDS.

    Sous le régime de l’apartheid en Afrique du Sud, une écrasante majorité des travailleurs noirs sud-africains soutenaient le boycott contre l’élite blanche. En Israël, il n’y a pas une majorité de la classe ouvrière qui appelle à un boycott d’Israël. Nous devons le reconnaître, même si ça ne veut pas dire pour cela qu’aucune forme de boycott ne puisse être menée ou soutenue. Cela signifie, en revanche, que les socialistes et les organisations de travailleurs de par le monde doivent faire des efforts pour expliquer aux travailleurs israéliens qu’ils ne sont pas la cible du boycott et construire une approche qui se base surtout sur les contradictions de classe en Israël.

    Les syndicats internationaux peuvent-ils construire des liens avec la fédération syndicale israélienne Histadrut?

    La direction d’Histadrut a toujours eu de bons contacts avec l’élite israélienne. Elle joue un rôle similaire aux dirigeants syndicaux de droite dans d’autres pays. Elle essaie autant que possible d’éviter la lutte des travailleurs et de passer des accords avec les patrons alors que ces accords ne correspondent pas à ce que veulent les travailleurs, qu’ils soient juifs ou palestiniens.

    La direction d’Histadrut a soutenu la guerre brutale de l’armée israélienne à Gaza en 2008-09 et les attaques sur Gaza et la flottille de la liberté. Mais ces attitudes de la part des dirigeants syndicaux n’ont pas été le résultat d’un processus démocratique de consultation et de discussion avec la base syndicale. Différents éléments de la classe des travailleurs israéliens émettent régulièrement des critiques vis-à-vis des dirigeants d’Histadrut parce qu’ils ne défendent pas les intérêts de leurs affiliés. Ainsi, les travailleurs sociaux ont émis des critiques pendant et après leur grève en 2011. En 2012, une majorité du personnel des chemins de fer a décidé de quitter Histadrut après une lutte contre la privatisation. Ultérieurement, beaucoup se sont sentis obligés de se réaffilier parce qu’un juge a décidé que seul Histadrut pouvait représenter les travailleurs du rail.

    Il est important que les affiliés d’Histadrut écartent les dirigeants de cette fédération syndicale et les remplacent par des leaders qui soient sous contrôle démocratique des affiliés. Le maintien de liens entre les syndicats internationaux et les affiliés d’Histadrut (au nombre de 700.000 affiliés, soit la large majorité des travailleurs organisés en Israël, Palestiniens et immigrés compris) est nécessaire. Il est plus facile d’atteindre la base si des liens formels existent encore avec la direction. L’objectif ne doit cependant pas être de soutenir les dirigeants d’Histadrut mais plutôt d’établir un dialogue et un lien avec la classe ouvrière organisée en Israël.

  • Stop aux bombardements sur Gaza ! Stop à la terreur d’Etat israélienne !

    Plus de 100 Gazaouis ont été tués en une semaine, dont une vingtaine d’enfants.

    Le gouvernement israélien de Benjamin Netanyahu a lancé un terrible assaut fait de centaines de frappes aériennes sur la bande de Gaza, densément peuplée. Plus de 100 habitants y ont été massacrés en une semaine, dont 20 enfants. 400 personnes ont été blessés. Un tir a notamment frappé un rassemblement de supporters de football réunis pour regarder un match de la Coupe du Monde. Neuf d’entre eux ont été tués.

    Netanyahu affirme que cette brutalité est nécessaire pour contrer les tirs de roquettes accrus sur les villes israéliennes de la part de milices palestiniennes. Les Palestiniens sont très largement militairement sans défense contre les imposantes forces armées israéliennes. Les tirs de roquettes des milices ne sont pas dissuasifs pour le régime israélien et leur utilisation aveugle est contre-productive pour la lutte. La sauvagerie des bombardement effectués par le régime israélien est frappante, particulièrement en considérant le fait qu’il n’y a pas eu jusqu’ici le moindre décès israélien suite aux tirs de roquettes, ni même de blessé grave.

    Cette terrible offensive militaire ne résoudra rien. Netanyahu a rejeté les conditions du cessez-le-feu des dirigeants du Hamas à Gaza : la fin de l’offensive israélienne et la fin du blocus, la libération des prisonniers libérés en vertu d’un échange de prisonniers mais à nouveau arrêtés et l’assurance qu’aucun sabotage du nouveau gouvernement palestinien «d’unité» ne sera tenté. L’armée israélienne se prépare au contraire à lancer un assaut encore plus dévastateur – une invasion terrestre – qui augmentera le bain de de sang, particulièrement pour les Palestiniens.

    Toute la stratégie de la coalition de droite de Netanyahou a été de poursuivre l’occupation répressive des territoires palestiniens et de créer encore plus de “faits accomplis” sur le terrain à travers ses programmes de construction et d’expansion des colonies juives. Les Palestiniens des territoires occupés subissent une répression sévère faite d’incursions militaires régulières, un chômage et une pauvreté terribles et ils se retrouvent bloqués, séparés et confrontés à la confiscation permanente de leurs terres. Sur cette base, il est impossible d’en finir avec le conflit national : les Palestiniens n’ont d’autre choix que de continuer à se battre pour la libération nationale et pour des conditions de vie décentes.

    La spirale sanglante actuelle a été déclenchée lorsque trois adolescents israéliens ont disparu et ont été plus tard retrouvés morts. Les forces militaires israéliennes ont alors lancé une infâme opération de punition collective dans les territoires palestiniens et des manifestations et attaques de nationalistes d’extrême droite ont eu lieu en Israël, qui ont conduit à l’horrible assassinat d’un jeune palestinien de Jérusalem-Est. En conséquence, des manifestations et émeutes généralisées de Palestiniens ont éclaté dans certaines régions d’Israël.

    Mais il y a également eu des manifestations anti-guerre menées conjointement par des Juifs et des Arabes à Tel Aviv, Jérusalem et Haïfa auxquelles a participé le Mouvement Socialiste de Lutte (section du Comité pour une Internationale Ouvrière, CIO, en Israël / Palestine).

    Les manifestations anti-guerre doivent être renforcées à travers le monde, de même qu’en Israël, pour s’opposer à la propagande nationaliste et à l’incitation à la haine de la part des dirigeants israéliens. Ce bain de sang n’est pas dans l’intérêt de la population israélienne. La majorité des Israéliens soutiennent la mise en place d’un Etat palestinien indépendant et sont favorables au démantèlement des colonies. Mais le gouvernement Netanyahu instrumentalise les meurtres des trois adolescents israéliens et les tirs de roquettes pour alimenter la peur des Israéliens et stimuler une répression sauvage. Cela n’apportera très certainement ni paix, ni la sécurité pour la population israélienne.

    Malheureusement, les responsables politiques pro-capitalistes des deux côtés de la fracture nationale n’ont pas de programme capable d’en finir avec la spirale de violence. Les masses palestiniennes doivent construire leurs propres organisations de base pour démocratiquement organiser leur défense et prendre des initiatives offensives basées sur la lutte de masse, notamment contre le blocus et contre les confiscations de terres. En Israël, à la suite du mouvement social sans précédent qui a impliqué des centaines de milliers de personnes en 2011, un nouveau parti des travailleurs doit être construit pour donner une expression concrète aux revendications de ce mouvement concernant l’accès pour tous à des logements décents, à de bons services publics, de meilleurs salaires, etc.

    Ce n’est que par la construction de nouveaux partis des travailleurs et de mouvements de masse dans la région que l’agenda des partis capitalistes pourra être contesté et rejeté. Les idées du socialisme pourraient alors commencer à prendre une forme concrète. La voie vers une Palestine socialiste et un Israël socialiste dans le cadre d’une confédération socialiste du Moyen-Orient pourra poser les bases d’un avenir sans guerre, ni terreur, ni pauvreté.

    • Stop au massacre ! Pour la fin des frappes aériennes et des autres attaques contre Gaza ! Non à cette guerre, celle d’un gouvernement israélien acquis à la cause du big business et des colonies!
    • Pour la fin du blocus de Gaza! Pour le retrait immédiat de l’armée israélienne des territoires Palestiniens. Le conflit national ne sera pas solutionné par des moyens militaires.
    • Pour une lutte de masse des Palestiniens, sous contrôle démocratique, afin de lutter pour une véritable libération nationale!
    • Pour des organisations indépendantes des travailleurs en Palestine et en Israël!
    • Pour un État palestinien socialiste et démocratique au côté d’un Etat israélien socialiste et démocratique, avec Jerusalem pour capitale commune et garantie des droits démocratiques pour toutes les minorités, dans le cadre de la lutte pour un Moyen Orient socialiste et pour la paix.

  • Israël-Palestine : Escalade de violence

    Extraits d’une série d’articles du site du Mouvement Socialiste de Lutte, section du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) en Israël-Palestine. Cet article est paru ce mardi 8 juillet sur le site du CIO, socialistworld.net.

    Au moment de publier cet article, le gouvernement israélien venait de lancer une nouvelle série de frappes aériennes et de bombardements sur la population assiégée de Gaza, au nom de l’opération “protective edge”. Depuis le début de cet assaut, le nombre de morts dans la bande de Gaza a dépassé la dizaine, dont deux enfants de moins de cinq ans. Au moins 75 Palestiniens ont été blessés depuis lundi. Il s’agit d’une nouvelle étape de cette escalade de violence de la part du gouvernement israélien qui menace de déboucher sur un conflit plus large.

    Le Premier ministre israélien Netanyahu et d’autres ministres du gouvernement se sont sentis obligés de condamner l’effroyable assassinat d’un adolescent palestinien, Mohammad Abou Khdeir, à Jérusalem-Est. Mais ce ne sont que des larmes de crocodiles. Les tragiques événements de ces dernières semaines reflètent les conséquences de leur politique d’occupation répressive continuelle sur les territoires palestiniens ainsi que leur programme agressif basé sur les colonies juives.

    Les incitations nationalistes israéliennes à la vengeance après l’assassinat brutal de trois adolescents israéliens, dont les corps ont été retrouvés le 30 juin dernier, ont été exprimées tant par Netanyahu que par d’autres représentants des partis au pouvoir. Ils veulent détourner l’attention de l’échec de leurs politiques et des conséquences catastrophiques qui en découlent. Ce gouvernement tout entier acquis à la défense des grandes entreprises et des colonies a maintenant bien du mal à garder le contrôle des événements qui ont surgi à la suite de ses actes.

    Une série d’attaques racistes commises à Jérusalem par des nationalistes israéliens d’extrême droite contre des travailleurs palestiniens et des passants – ce qui a notamment conduit à l’assassinat d’Abou-Khdeir le 2 juillet – a suscité une vague d’indignation, de protestations et d’émeutes dans les communautés palestiniennes de certaines régions d’Israël. Il s’agit du plus grand mouvement de protestation parmi les Arabes d’Israël depuis des années.

    Il y a également eu des manifestations et des rassemblements réunissant Juifs et Arabes à Jérusalem, Tel Aviv et Haïfa afin de s’opposer tant aux attaques d’extrême droite qu’au gouvernement.

    A mesure que les protestations palestiniennes se développaient, les médias israéliens se sont empressés d’accorder une grande attention aux cas les plus inquiétants de destruction de biens et d’attaques contre les Juifs, tout en minimisant le contexte d’incitation à la haine, de discrimination, d’agressions racistes et de colère contre l’occupation qui a conduit à ce que l’indignation s’exprime dans les rues.

    Les politiques gouvernementales sont responsables du terreau sur lequel s’est développé la colère qui émerge dans les événements actuels : occupation et blocus continuels dans les territoires palestiniens, grave discrimination contre les communautés arabes israéliennes dans tous les domaines et constante incitation aux attaques racistes. Les jeunes palestiniens voient leur avenir grossièrement bafoué par ce gouvernement de droite israélien, et ils sont descendus dans les rues afin de manifester d’exprimer leur rage et leur frustration.

    Les offensives du gouvernement

    Après avoir appris l’enlèvement des trois jeunes israéliens, le gouvernement Netanyahou a profité de l’événement pour promouvoir son agenda politique, en favorisant une atmosphère de propagande nationaliste, notamment afin de démanteler le gouvernement de coalition de l’Autorité palestinienne qui réunit le Fatah et le Hamas.

    Les services de renseignement israéliens ont suggéré que deux suspects des meurtres – qui n’avaient pas encore été pris – étaient de jeunes activistes du Hamas de Hébron. Le Hamas a toutefois nié toute responsabilité. Il est tout aussi possible que certains de ses partisans aient agi sans le consentement de leurs dirigeants ou encore que des personnes extérieures au Hamas aient commis ces meurtres.

    Le gouvernement a lancé une campagne militaire de punition collective dans les territoires occupés. Plusieurs palestiniens, principalement des jeunes, ont été tués par l’armée israélienne au cours des raids lancés sur la Cisjordanie et la Bande de Gaza.

    Les menaces de destruction des maisons des familles des suspects et la décision de démolir la maison de la famille de l’assassin d’un officier de police abattu près de Hébron sont des punitions collectives brutales contre des parents qui n’ont été reconnus coupables d’aucune infraction. Lors d’une de ces attaques, un bébé d’un mois a été blessé.

    Ces démolitions ne vont jamais “dissuader” l’organisation d’attaques terroristes; en fait, l’expérience démontre que cela est au contraire susceptible de renforcer la motivation des couches les plus désespérées de la société palestinienne pour mener des actes de représailles. Cette politique est principalement utilisé pour détourner l’attention de l’échec de la stratégie sécuritaire du gouvernement Netanyahu. Des mesures similaires n’ont jamais été infligées aux familles des tueurs juifs israéliens tels que Baruch Goldstein, un terroriste d’extrême droite qui a perpétré le massacre du Tombeau des Patriarches à Khalil / Hébron en 1994. Il avait tué 29 Palestiniens et en avait blessé plus de 120.

    Les tentatives des autorités israéliennes visant à ”décourager” les Palestiniens de commettre des attentats, des enlèvements et des tirs de roquettes ont largement prouvé leur faillite. Des milliers de personnes ont perdu la vie des mains des forces israéliennes sans qu’aucun problème n’ait été résolu. Toute cette ”guerre contre le terrorisme” des gouvernements pro-Big Business et pro-colonies n’a eu pour effet que plus de sang soit versé et que la situation soit encore plus compliquée.

    Au cours de la première Intifada palestinienne, en 1987-1993, le gouvernement israélien a essayé de renforcer le parti islamiste de droite Hamas afin de contrer les organisations palestiniennes laïques qui réclamaient la fin de l’occupation. Maintenant, le gouvernement est en guerre contre le Hamas, causant une détresse et un deuil inimaginable pour les Palestiniens, de la bande de Gaza en particulier. Cela pose les bases de la croissance de nouvelles organisations réactionnaires, y compris de groupes de type al-Qaïda.

    Le danger de l’escalade

    Dans le contexte du Ramadan, de l’instabilité régionale et de la pression internationale sur Israël, il semble que la majorité des chefs de l’armée et du gouvernement préférerait à ce stade d’éviter une escalade militaire majeure. Néanmoins, malgré cette réticence, ils ont décidé de poursuivre leurs attaques militaires sur Gaza, en représailles de l’augmentation des tirs de roquettes. Les troupes sont mobilisées le long de la Bande de Gaza et des réservistes ont été rappelés.

    Le gouvernement peut aussi répondre aux exigences du ministre Naftali Bennett et du conseil de Yesha (pro-colonies) en favorisant une nouvelle vague de construction de colonies. Netanyahu a parlé de l’établissement d’une nouvelle colonie au nom des adolescents israéliens assassinés, exploitant ainsi leurs décès afin de promouvoir l’agenda politique des colons de droite.
    Le danger d’une escalade de la violence dans les jours et semaines à venir est important, que ce soit à la suite d’attaques militaires, de répression policière des manifestations ou d’autres attaques terroristes.

    Les ministres Avigdor Lieberman et Naftali Bennett essayent de mobiliser un soutien en exploitant de façon raciste les sentiments de choc et d’insécurité de la population juive à l’aide d’une démagogie nationaliste. Tous deux plaident pour une offensive militaire majeure sur la Bande de Gaza. Ils appellent en d’autres termes à plus d’effusions de sang. Cela ne résoudra rien, mais causera simplement plus de perte humaines et de traumatismes. Les Gazaouis en souffriraient le plus, et de loin, mais la population israélienne n’échapperait pas à l’effusion de sang, comme en témoignent les tirs de roquettes.

    Lieberman, ministre des Affaires étrangères, a déclaré la fin de l’alliance de son parti avec le Likoud de Netanyahu sur base du désaccord concernant la politique à mener à Gaza. Lieberman a également utilisé la tension actuelle pour revenir sur l’idée de l’annexion par la force des communautés arabes en Israël vers un futur Etat palestinien. Il ne veut pas reconnaître les droits des citoyens palestiniens d’Israël et ne veut pas que ces collectivités soient en mesure de décider démocratiquement de participer ou non à la construction d’un Etat palestinien. Son objectif est de supprimer la minorité palestinienne en Israël.

    Toutefois, reflétant l’inquiétude d’une partie de l’élite israélienne, l’ancien chef des services de sécurité israéliens Yuval Diskin a accusé vendredi dernier le gouvernement de “la détérioration rapide de la situation en matière de sécurité” et a attaqué “l’illusion que tout peut être résolu avec un peu plus de force; l’illusion que les Palestiniens vont simplement accepter tout ce que nous faisons en Cisjordanie et ne pas réagir malgré leur colère, leur frustration et l’aggravation de la situation économique; l’illusion que la communauté internationale ne va pas imposer de sanctions contre nous, l’illusion que les citoyens arabes d’Israël ne vont pas descendre dans la rue en l’absence de solution pour leurs problèmes, l’illusion que l’opinion publique israélienne continuera d’accepter docilement les réponses incompétentes du gouvernement face à la fracture sociale que ses politiques n’ont fait qu’empirer alors que la corruption continue de ronger tout ce qui est bon, et ainsi de suite.” Il a averti que même si le calme revient “les vapeurs combustibles ne vont pas se dissiper, et si nous ne les dissipons pas, il y aura une situation encore plus grave à l’avenir.”

    Le développement des protestations

    Les actes désespérés de vandalisme et les attaques nationalistes contre des civils par une petite minorité de manifestants ne vont pas aider à l’arrivée d’un changement de politique de la part du gouvernement. Les conditions de vie des jeunes Palestiniens ne vont pas s’améliorer de cette manière. Ces actes vont aliéner les la population qui en est victime, et ce sera utilisé par le gouvernement comme excuse pour une répression plus sévère des manifestants au nom de la ”tolérance zéro”.

    Cependant, l’ampleur des protestations palestiniennes en Israël met en lumière non seulement la frustration et la détresse présentes, mais aussi sur le potentiel pour une lutte plus large contre le gouvernement, contre les attaques anti-palestiniens et contre l’occupation. Cette lutte nécessite la construction d’un grand mouvement de protestation organisé démocratiquement et unissant Juifs et Arabes sur base d’un programme et d’actions destinées à sérieusement inquiéter le gouvernement israélien et l’extrême droite.

    La mise en place de comités d’action dans les communautés où les manifestations se déroulent pourrait aider à organiser des mesures plus audacieuses pour faire avancer la lutte, avec notamment la construction de comité d’auto-défense démocratiquement élus pour faire face à la répression de l’Etat et pour prévenir les manifestations de finir en émeutes auto-destructrices et en attaques physiques nationalistes. Ces comités pourraient développer un ensemble de revendications pour la paix et la résolution des problèmes sociaux, ce qui pourrait mobiliser une large couche de Juifs et d’Arabes pour des manifestations communes, base pour la création de comités de travailleurs et d’organisations étudiantes.

    Beaucoup d’Israéliens détestent la barbarie de l’extrême droite et en ont assez des politiques gouvernementales qui n’ont apporté qu’un autre cycle de violence alors que la crise sociale s’approfondit. Un récent sondage a démontré un soutien croissant pour le parti travailliste et le Meretz, ce qui indique que malgré la réaction nationaliste actuelle, certaines couches de l’opinion publique israélienne sont intéressées par des partis considérés comme étant de gauche. Les sondages d’opinion continuent aussi d’indiquer que la majorité de la population israélienne soutient le démantèlement des colonies et la fin de l’occupation.

    Le Mouvement Socialiste de Lutte soutient la nécessité de la création d’un nouveau parti de lutte des travailleurs réunissant Juifs et Arabes afin de défendre les intérêts de tous les travailleurs et de mettre en avant une alternative socialiste claire contre l’inévitable tragédie d’une société aux mains des capitalistes et de la droite nationaliste.

    Nous exigeons :

    • Le renforcement des protestations contre l’extrême droite et le le gouvernement pro-capitaliste et pro-colonies de Netanyahu. Pour des manifestations conjointes de Juifs et d’Arabes – Non aux agressions nationalistes ! Pour la création de comités d’action dans les communautés où les manifestations ont lieu afin d’aider à l’organisation de la lutte.
    • Pour le droit de protester, pour la fin des brutalités policières. Pour un contrôle démocratique sur la police, en les soumettant à un contrôle démocratique exercé par des comités de police communautaires. Pour le retrait des policiers racistes.
    • Pour le retrait de l’armée des territoires palestiniens! Pour la fin de l’occupation et des colonies, pour la fin du siège de Gaza. Le conflit national ne sera pas résolu par des moyens militaires!
    • Pour la libération de tous les prisonniers politiques palestiniens. Pour un procès équitable des palestiniens et Israéliens soupçonnés d’atrocités dans le cadre du conflit, à travers des tribunaux publics, sous la supervision de représentant des travailleurs et des communautés des deux parts du conflit, avec l’implication des familles de victimes israéliennes et palestiniennes.
    • Pour un Etat indépendant palestinien socialiste et démocratique, au côtés d’un Isralël socialiste et démocratique, avec Jérusalem comme capitale commune, le droit au retour des réfugiés et des droits égaux pour les minorités, dans le cadre de la lutte pour un Moyen-Orient socialiste et pour la paix régionale.

    Unité contre la violence raciste

    • Le 2 juillet, environ 1.000 personnes ont participé à un rassemblement contre la violence nationaliste au centre de Jérusalem à l’appel de la campagne ”la Lumière à la place de la Terreur”. Après cela, des participants ont manifesté jusqu’aux bureaux du Premier ministre pour mettre en lumière la responsabilité de Netanyahu dans les événements actuels, puisqu’il a encouragé la violence de l’extrême droite.

    • Le jour d’après, plus de 1.000 manifestants se sont réunis place d’Habima à Tel Aviv, également afin de s’opposer à l’occupation des territoires palestiniens et à la politique du gouvernement.

    • Le 5 juillet, 300 Juifs et Arabes ont manifesté au centre de Haifa en réponse à une manifestation d’une trentaine de manifestants d’extrême droite qui criaient ”Mort aux Arabes” deux jours avant cela. Parmi les orateurs de cette contre-manifestation se trouvait Shay Galy, du Mouvement Socialiste de Lutte, qui a dénoncé que durant les prétendus pourparlers de paix, le gouvernement a : “en moins de 9 mois, approuvé la construction de 13.000 nouvelles habitations dans les colonies, détruit plus de 500 habitations palestiniennes en Cisjordanie et à Jérusalem Est, tué 61 palestiniens et blessé 1.100.” Il a ensuite développé les exigences suivantes : “Non aux attaques militaires à Gaza, non à la continuation de l’oppression en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Oui à une réelle sécurité tant pour les Palestiniens que pour les Israéliens.”

    • La famille d’un des trois adolescents israélien assassinés a publiquement condamné le meurtre du jeune Palestinien Abu-Khdeir et a contacté sa famille pour livrer ses condoléances. En parallèle, des Palestiniens de la région de Hebron se sont rendus à leur maison (qui ne se trouve pas dans une colonie) pour livrer leurs condoléances.

  • Retour sur la Première Intifada (1987-1993)

    Le 9 décembre 1987, une insurrection populaire éclatait dans les territoires occupés (Cisjordanie et Gaza) pour s’étendre ensuite aux villes et villages arabes d’Israël. C’est la Première Intifada. La cause immédiate fut un accident de la route mortel entre un camion israélien et un taxi collectif palestinien dans la Bande de Gaza (déjà !). Mais la cause profonde était l’impasse dans laquelle se trouvait la lutte de libération palestinienne. La stratégie de l’OLP de Yasser Arafat était une faillite complète. Cette stratégie consistait à s’appuyer sur les pays arabes pour mener une lutte armée de libération de l’extérieur. Mais les pays arabes étaient divisés et avaient leurs propres agendas où la cause palestinienne ne pesait pas lourd. Par exemple, le Roi de Jordanie, Hussein, négociait en secret avec des officiels israéliens pour récupérer la Cisjordanie qu’il considérait comme une province de son royaume.

    C’est la direction intérieure clandestine de la résistance palestinienne qui a déclenché l’insurrection. Mais le mouvement a pris une telle ampleur qu’une situation de double pouvoir s’est instaurée. L’administration civile israélienne et les autorités municipales palestiniennes ne contrôlaient plus rien. Leurs directives n’étaient appliquées qu’avec l’accord de la direction du mouvement. La réalité du pouvoir était entre les mains de comités populaires élus dans les villes, les villages et les camps de réfugiés. Une direction de seconde ligne est ainsi apparue au niveau local. La force du mouvement était telle que le Roi Hussein s’est vu contraint de rompre les liens juridiques entre son royaume et la Cisjordanie. Dès lors, la « solution jordanienne » était torpillée et l’indépendance de la Palestine s’imposait comme seule solution réaliste à toutes les parties.

    Une répression féroce s’est abattue sur le mouvement : 1 162 Palestiniens (dont 241 enfants) y ont trouvé la mort. Des milliers d’autres ont été blessés et souvent estropiés à vie. Mais la répression n’est jamais venue à bout du mouvement. Des comités de femmes se sont mis en place pour assurer le ravitaillement lorsque les autorités israéliennes tentaient de briser la résistance en affamant la population.

    Le soulèvement a provoqué une polarisation dans la société israélienne entre ceux qui voulaient une accentuation de la répression et ceux qui soutenaient le droit à l’autodétermination du peuple palestinien. Même l’armée a été gagnée par le doute. Quelque 1.500 soldats ont refusé de servir dans les territoires et l’état-major s’est divisé.
    La direction extérieure de l’OLP a compris le danger d’une telle situation. En effet, elle n’avait aucune prise sur les évènements depuis Tunis où elle était réfugiée. Elle courait le risque d’être évincée par une nouvelle direction issue de la population. Elle a donc signé les Accords d’Oslo qui prévoient une autonomie limitée sur quelques parcelles de territoires occupés. Yasser Arafat a utilisé l’immense autorité dont il jouissait pour convaincre la direction intérieure de mettre fin au mouvement. Les comités populaires ont été remplacés par les fonctionnaires et la police de l’OLP : l’Autorité palestinienne était née. Les Israéliens ont multiplié les faits accomplis dans les territoires (construction de nouvelles colonies) et sans cesse différé les négociations sur le statut final des territoires. Cette impasse a débouché sur la Seconde Intifada.

    La Première Intifada doit sa défaite au fait que son prolongement politique, l’OLP, était un mouvement qui visait à établir un Etat bourgeois en Palestine. Pour gagner, il aurait fallu que le mouvement se dote de son propre instrument politique dans les territoires. Un instrument qui aurait cherché des alliés parmi les jeunes et les travailleurs en Israël plutôt qu’au sein de la bourgeoisie palestinienne en exil et des régimes arabes.

  • Israel/Palestine : Manifestation à Tel Aviv en opposition aux raids militaires

    Des nationalistes israéliens ont lâchement attaqué des militants du Mouvement Socialiste de Lutte, section du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO)

    Mouvement Socialiste de Lutte (CIO-Israël/Palestine)

    Le samedi 21 juin, quelques dizaines de manifestants, Juifs comme Arabes, et parmi lesquels des militants du Mouvement Socialiste de Lutte ont manifesté face au ministère de la défense, à Tel Aviv. Cette action de protestation visait à dénoncer l’instrumentalisation par le gouvernement israélien du tragique enlèvement de trois adolescents israéliens en Cisjordanie comme prétexte à une multiplication d’opérations militaires. Une sanction collective a été imposée à la population palestinienne.

    Jusqu’ici, cinq Palestiniens – dont deux enfants et un adolescent – ont été tués au cours de l’opération militaire israélienne lancée sur la Cisjordanie. Des centaines de personnes ont été arrêtées et emprisonnées sans procès. Le nombre de ‘‘détenus administratifs’’ dans les prisons israéliennes a presque doublé en une semaine.

    Les principales villes Palestiniennes, et particulièrement Khalil/Hebron, sont assiégées. En parallèle aux incursions quotidiennes en Cisjordanie, l’armée israélienne a effectué de nombreuses frappes aériennes sur Gaza.

    Pendant la manifestation, les militants du Mouvement Socialiste de Lutte ont expliqué qu’aucune de ces grotesques pratiques de répression et de sanction collective ne pourrait apporter la sécurité aux Israéliens ou aux adolescents enlevés. Au contraire, la politique du gouvernement met précisément en place les conditions pour une nouvelle aggravation de la situation et de potentielles nouvelles effusions de sang.

    Un petit nombre de voyous nationalistes israéliens s’est rendu à cette manifestation en espérant une confrontation avec les manifestants. Deux lâches nationalistes, qui n’avaient pas osé s’opposer physiquement à nous durant l’action ont suivi quatre d’entre nous alors qu’ils rentraient chez eux. Alors que nous marchions à travers un grand parking, ils nous ont attaqués par derrière, nous ont frappés à coups de poings et ont immédiatement pris la fuite lorsque nous avons commencé à les repousser.

    Trois des militants ont dû recevoir des soins médicaux à l’hôpital. L’un d’entre eux, Eyal Yablonko, a dû se faire poser des points de suture à l’arcade sourcilière et a ses lunettes brisées. Nous avons pu identifier les assaillants sur des photos et des vidéos, avec l’aide d’autres manifestants. Une plainte a été déposée au commissariat de police.

    Cette attaque n’était pas seulement dirigée contre notre organisation, mais contre toute voix critique vis-à-vis de l’action du gouvernement. Elle s’est passée dans un contexte où les membres du gouvernement et de larges parts des médias pro-establishment incitent à agir contre quiconque oserait soulever la question des motivations qui se cachent derrière les récentes attaques militaires.

    Netanyahu et son gouvernement essaient d’instrumentaliser l’enlèvement pour faire taire la contestation croissante à l’encontre de leur politique d’occupation, d‘expansion des colonies et d’emprisonnements sans procès. Cela inclut les diffamations racistes portées à l’encontre des députés de la population palestinienne en Israël et des membres palestiniens de la Knesset (le parlement) – comme Haneen Zoabi, qui a reçu des menaces de mort. Ils ont même dû subir un interrogatoire de police.

    Mais ces actes, comme la lâche agression contre les manifestants, ne feront pas taire les critiques contre les actions du gouvernement israélien et ne stopperont pas l’augmentation du mécontentement vis-à-vis de la politique du gouvernement et des élites capitalistes israéliennes au pouvoir.

    A côté du besoin d’une résistance de masse en Cisjordanie face aux raids militaires, les militants du Mouvement Socialiste de Lutte appellent à l’organisation de protestations plus larges, déterminées et bien protégées à l’intérieur d’Israël contre les opérations militaires, les occupations en cours, les colonies et l’emprisonnement sans procès.

  • Irak – L’héritage sanglant de la guerre du pétrole

    L’escalade du conflit sectaire menace de toucher les pays voisins

    A l’époque de l’invasion catastrophique et criminelle de l’Irak par Bush et Blair en 2003, le Comité pour une Internationale Ouvrière et ses sections (dont le PSL en Belgique, NDT) avaient averti qu’elle pouvait mener à l’éclatement de l’Irak ainsi qu’à une terrible guerre sectaire, ce qui commence à se jouer sous les yeux du monde entier.

    Judy Beishon, Socialist Party (CIO – Angleterre et Pays de Galles)

    Les impérialismes américain et britannique ont eux-mêmes posé les bases pour être confrontés non plus à un, mais à plusieurs Saddams ainsi que pour la croissance d’organisations terroristes de type Al-Qaïda, comme l’État Islamique en Irak et au Levant (EIIL) qui domine le Nord de l’Irak aujourd’hui. La tournure des évènements menace de déclencher un bouleversement dans toute la région aux conséquences profondes et certainement tragiques pour les populations.

    Pour justifier la guerre de 2003 et l’occupation conséquente – durant laquelle plus d’un demi-million d’Irakiens et des milliers de soldats occidentaux sont morts – Bush et Blair avaient prétendu débarrasser l’Irak de ses armes de destruction massive et poser les bases d’une démocratie. Ces armes de destruction massive n’existaient pas et l’intérêt de cette intervention impérialiste n’a jamais été d’instaurer la démocratie. Ce qui était visé, c’étaient les vastes réserves de pétrole irakien et un renforcement de leur influence au Moyen-Orient. En poursuivant ces objectifs, ils ont créé les conditions matérielles pour une longue période de conflit sanglant ethno-sectaire.

    Le renversement du dictateur Saddam Hussein et la ‘‘débaasification’’ ont retiré les musulmans sunnites de l’appareil d’Etat et de leurs emplois. Face à la forte résistance à laquelle l’occupation a dû faire face et pour vaincre les insurgés sunnites, l’impérialisme américain a recouru à la tactique du ‘‘diviser pour mieux régner’’ et a imposé un gouvernement corrompu dominé par les chiites, ce qui a fortement empiré les divisions au sein des habitants.

    La prise de contrôle de Falloujah en janvier et maintenant de Mossoul (deuxième plus grande ville irakienne) par l’EIIL est considérée comme un désastre par le gouvernement américain, qui a complètement retourné la situation où ces milices sunnites avaient été expulsées de ces villes au cours d’assauts brutaux lancés par les Marines américains durant toute la guerre menée par les USA.

    A présent, l’impérialisme américain est sérieusement affaibli au Moyen-Orient suite à la série de désastres de sa politique étrangère, et à l’opposition de masse dans la région et aux USA contre ces interventions. Obama a été élu à la présidence en promettant la fin des guerres ratées en Irak et en Afghanistan, aussi a-t-il retiré les troupes d’Irak en 2011, et proclamé ensuite que l’assassinat d’Osama Ben Laden au Pakistan avait détruit le noyau d’Al-Qaïda. L’année dernière, Obama a encore été sous une pression de masse qui l’a empêché de bombarder les forces de Bachar el-Assad dans le cadre de la guerre civile syrienne. En Grande Bretagne, David Cameron a lui aussi été empêché de prendre cette direction.

    A cause de ces antécédents, ni Cameron ni Obama n’ont envisagé de renvoyer des forces terrestres nombreuses en Irak. Mais le fait qu’Obama augmente les approvisionnements de l’armée irakienne en armes et en matériel militaire et qu’il considère de bombarder les régions occupées par l’EIIL permet de mesurer l’inquiétude des stratèges impérialistes devant les avancées des milices sunnites. Cependant, les attaques aériennes, si elles sont effectuées, seront contre-productives et infligeront un bain de sang massif aux civils qui seraient inévitablement touchés, comme en témoignent les bombardements opérés en Afghanistan.

    Soulèvement sunnite

    Une partie de l’armée irakienne, qui compte près d’un million d’hommes (entraînés et équipés pour un montant de 30 milliards de livres sterling par les USA et la Grande-Bretagne), s’est désintégrée avant même l’offensive des quelques milliers membres de l’EIIL. Au cours de la prise de Mossoul, une ville de deux millions d’habitants, et d’autres villes dont Tikrit, l’EIIL a été aidé par des soulèvements de la minorité sunnite qui souffre d’une très forte discrimination et de fortes représailles sous le gouvernement chiite de Nouri al-Maliki, initialement imposé par les USA.

    L’ancien personnel de sécurité baasiste du régime déchu de Saddam Hussein fait partie de ceux qui ont rejoint l’offensive. Pendant ce temps, les forces kurdes Peshmerga ont utilisé la crise pour prendre rapidement la ville de Kirkouk, la considérant comme capitale de l’État kurde.

    Le gouvernement irakien a été laissé paralysé, sans le moindre contrôle réel sur tout le Nord de l’Irak, incapable même d’obtenir un quorum au Parlement pour introduire des mesures d’urgence. Plus d’un demi-million de réfugiés ont quitté Mossoul et les autres endroits capturés, craignant les bombardements du gouvernement, de l’EILL, ou des deux.

    L’une des grandes ironies de la situation actuelle est qu’il est dans les intérêts de l’administration américaine comme de son pire ennemi – le régime théocratique iranien – de soutenir l’infortuné gouvernement Maliki. L’élite iranienne était si perturbée par la situation critique de ses protégés chiites à Bagdad qu’elle a rapidement envoyé son général Suleiman à Bagdad pour aider à rassembler les milices chiites volontaires et les forces armées gouvernementales qui pourraient défendre la ville et ses alentours.

    C’est une autre humiliation pour les dirigeants américains : avoir besoin de coopérer avec un régime haï à qui ils ont imposé de lourdes sanctions. Cependant, pour justifier de discuter avec l’Iran, le sénateur Républicain Lindsey Graham a commenté : ‘‘Pourquoi avons-nous trouvé un accord avec Staline ? Parce qu’il n’était pas pire qu’Hitler. Nous devons discuter avec l’Iran pour s’assurer qu’ils n’utilisent pas cette opportunité pour prendre le contrôle d’une partie de l’Irak.’’

    Un autre ennemi juré de l’administration américaine, les forces de Bachar el-Assad en Syrie, sont aussi venues en aide à al-Maliki en lançant des attaques contre les bases de l’EIIL en Syrie. El-Assad avait auparavant fermé les yeux sur beaucoup des agressions de l’EIIL en Syrie parce qu’elles étaient surtout destinées à s’emparer du terrain d’autres milices islamiques qui étaient à l’avant-garde de la lutte contre son régime.

    Bagdad

    L’EIIL et d’autres milices sunnites ont déclaré qu’envahir Bagdad et les villes a majorité chiites ou mixtes au sud de la capitale faisait partie de leurs objectifs, mais il semble peu probable qu’ils puissent rapidement y parvenir étant donné le rapport de force en présence. Les milices chiites se réactivent, avec une nouvelle affluence, dont l’armée du Mahdi de Muqtada al-Sadr, qui a été impliquée dans la lutte contre l’occupation menée par les USA. Les forces iraniennes semblent les avoir appuyées.

    A Mossoul et dans d’autres endroits à majorité sunnite qui ont été balayés par l’EIIL, l’armée irakienne dominée par les chiites a été largement considérée comme un outil répressif manié par un gouvernement qui poursuit des objectifs sectaires contre les composantes non-chiites de la société. Des rapports crédibles parlent de dirigeants de l’armée irakienne qui auraient dissout leurs troupes en connivence avec l’EIIL, mais dans tous les cas, l’impopularité de l’armée dans les régions dominées par les sunnites a contribué au faible moral des soldats et aux désertions face à l’assaut islamiste. L’EIIL s’est construit une réputation de sauvagerie épouvantable contre les chiites – c’est une ramification d’Al-Qaïda que même Al-Qaïda renie – qui a ajouté à la peur des troupes en fuite.

    Des rapports ont émergé selon lesquels l’EIIL a exécuté des centaines de chiites et de soldats de l’armée irakienne désarmés dans les régions qu’ils ont prises et a auparavant fait beaucoup de victimes en Syrie. Ce bain de sang continue en sus de beaucoup d’autres atrocités commises en Irak par les milices sunnites contre les chiites et vice-versa ces dernières années.

    Cependant, même s’il pourrait ne pas y avoir de tentative d’invasion de Bagdad à court terme, il est peu probable que les forces restantes du gouvernement irakien soient capables de garder le contrôle de toutes les régions maintenant aux mains des milices sunnites ou du Peshmerga kurde. Certaines villes changent de mains – l’armée d’al-Maliki en a récupéré deux au Nord de Bagdad – mais le gouvernement a échoué à reprendre Falloujah en le bombardant depuis que l’EIIL s’en est saisi en janvier dernier.

    Quant à Kirkouk, les dirigeants de la zone kurde semi-autonome ont été enfermés dans une longue bataille contre les ministres d’al-Maliki sur qui va tirer profit de de la production de pétrole dans leur zone, une lutte dont ils voudraient bien se libérer en prenant le contrôle de Kirkouk comme une étape vers une indépendance de facto.

    L’EIIL

    L’EIIL, qui a beaucoup de combattants djihadistes étrangers dans ses rangs et de plus en plus de combattants des populations locales, a imposé un système islamiste répressif de la région de Raqqah en Syrie et veut l’étendre pour former un Califat islamiste en liant les régions irakiennes dont elle a pris le contrôle et éventuellement des parties du Liban et de la Jordanie. Ses dirigeants proclament la fin de la frontière entre l’Irak et la Syrie – des Etats dessinés par l’accord de 1916 entre les impérialismes britannique et français qui ont divisé les restes de l’Empire Ottoman entre ces deux puissances.

    Le journaliste Robert Fisk, parmi d’autres, a rapporté que l’EIIL est financièrement soutenu par de riches Arabes du Golfe, dont des membres de l’élite Saoudienne voisine, qui sont des alliés des USA mais aimeraient en finir avec le contrôle chiite de Bagdad. En Syrie, l’EIIL s’est enrichi en augmentant les taxes, par des kidnappings et d’autres extorsions et il a maintenant saisi d’énormes sommes d’argent des banques dont il a pris le contrôle à Mossoul et une grande partie de l’armurerie abandonnée par l’armée irakienne – en grande partie pourvue par les USA.

    Certains commandants de l’EIIL ont essayé de ne pas braquer les habitants des régions dont ils avaient pris possession alors que d’autres ont immédiatement mis en place des édits de la Charia disant aux voleurs qu’ils auraient les mains coupées, aux femmes de couvrir leur corps et d’éviter de sortir de chez elles, interdisant les partis politiques, et autres lois réactionnaires. Ces annonces ont effrayé une grande partie de la population, dont beaucoup de sunnites qui espéraient d’abord que l’EIIL allait au moins les délivrer de la discrimination, des arrestations et de la torture que le gouvernement Maliki leur fait subir.

    Répercussions

    Dans l’ensemble, la tournure récente des évènements va encore aggraver la terrible souffrance du peuple irakien, quelle que soit sa communauté. La perspective de l’escalade de la division sectaire menace aussi de toucher les pays voisins, dont la Turquie ou il y a déjà eu des enlèvements de plusieurs Turcs par l’EIIL, et qui de plus ne veut pas d’un Kurdistan indépendant.

    De plus, une fois encore, il y a des tensions en ce qui concerne les ressources de pétrole et l’économie mondiale, à mesure qu’augmente l’appréhension d’une possible interruption des grands champs de pétrole dans le sud de l’Irak.

    Un autre danger significatif dans le monde entier réside dans le retour chez eux de centaines de djihadistes endurcis par la guerre et traumatisés qui sont partis en Syrie et en Irak – des pays aussi divers et lointains que l’Arabie Saoudite, la Russie et la Grande-Bretagne. Ne voyant pas encore une alternative au système capitaliste pourrissant, autre que d’essayer de faire tourner l’horloge à l’envers pour revenir à l’époque de la persécution féodale, de la soumission des femmes, de la pauvreté terrible et de la justice sommaire, le danger d’une augmentation des attaques terroristes va arriver avec eux.

    La des travailleurs et les pauvres chiites, sunnites, kurdes et d’autres nationalités et de groupes ethniques et religieux en Irak n’ont rien à gagner d’aucun de ceux qui propagent le conflit sectaire d’où qu’il vienne. Les sunnites irakiens ont auparavant rejeté les prédécesseurs de l’EIIL et les ont expulsés de leurs communautés et beaucoup sont maintenant scandalisés par les actions de l’EIIL. La colère est très répandue parmi les chiites contre la corruption de Maliki et le sectarisme. Les sunnites, chiites et Kurdes souffrent tous autant de l’insécurité constante, du manque de services de base et du faible niveau de vie.

    Il y a eu beaucoup de cas dans l’Histoire ou le peuple d’Irak a montré son désir d’unité contre la division, comme en avril 2004 quand 200.000 chiites et sunnites ont manifesté à Bagdad contre l’occupation menée par les USA. La construction à la racine d’organisations démocratiques et non-sectaires, dirigées par la classe ouvrière, est essentielle, pour organiser la défense de toutes les communautés et mettre en avant un programme anticapitaliste comme seul moyen de sortir du bain de sang en cours, de la répression et de la pauvreté.

    Ce programme devrait défier et démasquer les intérêts personnels et l’avidité des dirigeants politiques et militaires pro-capitalistes qui luttent pour l’hégémonie dans tout l’Irak aujourd’hui. Il devrait expliquer la nécessité de les évincer du pouvoir et de les remplacer par des représentants démocratiquement élus de la classe des travailleurs qui appelleraient à une solution socialiste, dans l’intérêt de tous les travailleurs et les pauvres.

    Le Comité pour une Internationale Ouvrière soutient le droit à l’auto-détermination de toutes les nationalités et groupes opprimés, mais précise que les Etats résultants ne seront pas économiquement viables s’ils ne sont pas liés volontairement dans une confédération socialiste, dans ce cas-ci, des peuples d’Irak et de la région. Ce n’est que sur cette base qu’une réelle coopération pourra être accomplie, pour élever le niveau de vie de tous, en faisant le meilleur usage des ressources naturelles de la région.

  • Tunisie : l’activiste et blogueur Azyz Amami, et le photographe Sabri Ben Mlouka arrêtés

    Plus de 300 personnes se rassemblent pour exiger leur libération

    Par le groupe sympathisant du CIO en Tunisie

    Hier mardi 13 mai, le théâtre de El Hambra à Tunis était le lieu d’un rassemblement de quelques 300 militants, jeunes et activistes des droits de l’homme.

    Ils étaient là afin de protester contre l’arrestation dans la nuit de lundi à mardi du blogueur et activiste Azyz Amami et de son ami le photographe Sabri Ben Mlouka. Ces derniers ont été interpellés au port de La Goulette, au Nord de Tunis, lors d’un contrôle routier; les policiers les ont fait descendre de leur voiture et mis à genoux les mains sur la tête, avant de leur faire subir une fouille au corps -chose interdite par la loi, comme l’ont expliqué leurs avocats lors du rassemblement d’hier.

    Les policiers ont prétendu qu’Azyz et Sabri détenaient 700 grammes de résine de cannabis. L’accusation de détention ou consommation de cannabis est une méthode policière bien huilée sous le régime de Ben Ali, servant couramment de couverture à des arrestations à caractère politique.

    En outre, le père d’Azyz, qui a pu rendre visite à son fils au centre de détention de Gorjani à Tunis, a pu confirmer que ce dernier portait des traces de coups sur le nez et le corps, indiquant que les victimes se sont faites tabassées par la police.

    Quelque jours auparavant, Azyz Amami était l’invité d’un talk-show pour parler d’une campagne de sensibilisation qui a pour nom  « Moi aussi j’ai brûlé un poste de police », une campagne visant à défendre les jeunes révolutionnaires arrêtés sous des motifs fallacieux et souvent fabriqués de toute pièce, tels que la consommation de stupéfiants, ou le vandalisme de postes de police lors du mouvement révolutionnaire qui a fait tomber Ben Ali.

    Lors de cette émission, il a fait référence à la liste des 50 personnes accusées d’avoir incendié un poste de police en 2010-2011, et questionnait le fait que des acteurs de la révolution qui ont contribué à faire tomber la dictature sont aujourd’hui appelés à comparaitre devant la loi.
    Azyz avait par cette occasion rappelé que des vidéos étaient diffusées sur les réseaux sociaux où on pouvait voir 3 policiers incendier le poste de police de La Goulette le 14 janvier 2011. L’arrestation d’Azyz est-elle une vengeance des policiers de la Goulette, qui en voulaient à Azyz d’avoir « rafraichi la mémoire » aux Tunisiens?  Plus simplement, Azyz, figure symbolique et populaire de la révolution, est une voix dissidente et dérangeante pour le régime, que beaucoup dans les couloirs de l’appareil d’Etat rêvent de réduire au silence.

    Après le rassemblement tenue au théâtre de la Hambra et après que quelques intervenants aient pris la parole (le père d’Azyz, les avocats, des militants, certains membres de l’ANC,..), les personnes présentes au rassemblement, dont un groupe de sympathisants du CIO, ont entamé une marche protestataire jusqu’au ministère de l’intérieur, en criant le slogan « ministère de l’intérieur, ministère de la terreur » dans les rues du centre de Tunis.

    Le groupe sympathisant du CIO en Tunisie se joint aux voix exigeant la libération immédiate et inconditionnelle d’Azyz et Sabri, et soutient la mobilisation la plus large possible à cette fin, ainsi que pour en finir une fois pour toutes avec la loi 52*. Nous encourageons aussi tous ceux et toutes celles qui le peuvent à bombarder le Ministère de la Justice de lettres de protestation, à l’adresse e-mail suivante: mju@ministeres.tn, avec copie à cwi@worldsoc.co.uk. (voir le modèle de lettre de protestation en bas de l’article).

    Aujourd’hui c’est Azyz et Sabri, demain à qui le tour? L’absence d’une réponse de taille face à ces arrestations donnera confiance au régime pour aller plus loin dans ses tentatives de répression des opposants. Face à la vague d’austérité qui s’annonce, le gouvernement pro-capitaliste de Jomaa, la classe dominante et son appareil d’Etat savent qu’ils ne sont pas à l’abri d’une vaste riposte populaire, et ont toutes les raisons de vouloir neutraliser ceux et celles qui symbolisent la résistance à l’oppression et à l’exploitation.

    C’est pourquoi le nécessaire combat pour la défense des libertés démocratiques doit être rattaché à un combat plus large, mobilisant et organisant sans relâche la masse des travailleurs, des chômeurs et de la jeunesse du pays, pour la poursuite et la victoire de tous les objectifs de la révolution.

    *Stop aux arrestations arbitraires, halte au harcèlement judiciaire et policier des activistes politiques et syndicaux !

    *Défense de tous les droits démocratiques ! Non à la brutalité policière! A bas la loi 52*! Non au retour aux pratiques de l’ancien régime !

    * Libération immédiate et inconditionnelle d’Azyz Amami et de Sabri Ben Mlouka, et de tous les prisonniers politiques

    *Non à l’austérité – non au paiement de la dette, non aux plans de misère concoctés par Jomaa et les institutions capitalistes internationales

    *Pour la reconstitution urgente d’un front révolutionnaire large, sur une base militante et authentiquement socialiste

    *En 1989, lors de l’affaire de la « couscous connections » qui a impliqué le frère ainé de Ben Ali dans un trafic international de stupéfiants, une loi anti–stupéfiant a été instaurée à la demande de Ben Ali, au départ pour faire les yeux doux aux pays impérialistes. Cette loi, la loi 52, est depuis trop longtemps maintenant instrumentalisée par les pouvoirs en place afin de faire taire des opposants, militants de gauche, artistes, blogueurs et bien d’autres, en général emprisonnées pendant une année et soumis à une amende de 1000 dinars tunisien (environ 500 euros).

    Modèle de lettre de protestation :

    À l’attention de M. le ministre de la Justice de Tunisie

    Nous venons d’apprendre l’arrestation, dans la nuit de lundi à mardi, d’Azyz Amami et de Sabri Ben Mlouka. Cette arrestation s’est faite sous le couvert de consommation de cannabis, bien que tout le monde sache très bien que cette arrestation répond à des motifs tout autres, Azyz étant une figure connue du mouvement révolutionnaire tunisien. Nous avons également été informés du fait que les personnes interpellées se sont faites maltraitées par la police.

    Ces deux personnes n’ont jamais fait qu’exercer leur liberté d’expression la plus élémentaire, une raison semble-t-il suffisante, et de plus en plus courante en Tunisie, pour subir les foudres de l’appareil policier et judiciaire.

    Nous condamnons avec force ces arrestations et demandons la libération immédiate des deux concernés, ainsi que l’abandon complet et immédiat des charges qui pèsent contre eux.

    Soyez assuré que notre solidarité et indignation internationale ne faiblira pas tant qu’ils ne seront pas libérés, et plus largement, tant que la répression continuera à sévir en Tunisie.

     

     

     

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