Category: Moyen-Orient et Afrique du Nord

  • Tunisie : arrestation d’un dirigeant syndicaliste proéminent à Sidi Bouzid

    Solidarité urgente

    Suite à leur participation aux manifestations qui a ont eu lieu le jour de l’assassinat de Mohamed Brahmi fin juillet, le syndicaliste Abdeslam Hidouri, militant révolutionnaire et dirigeant syndicaliste connu originaire de la ville de Menzel Bouziane (gouvernorat de Sidi Bouzid), ainsi que Ferid Slimani, un jeune de la région, se sont fait arrêtés hier mercredi 25. Ils sont accusés d’avoir porté atteinte aux établissements publics et d’avoir incendié le commissariat de la Garde nationale, lequel avait fait suite à la dégénérescence d’une manifestation pacifique de par l’intervention brutale des forces de police.

    L’unique preuve à l’appui de cette arrestation totalement arbitraire n’est autre qu’une vidéo de quelques secondes montrant les deux militants participer à la manifestation en question.

    L’appareil judiciaire tunisien s’en prend une fois de plus aux forgerons et agitateurs de la révolution tunisienne, afin de faire taire la colère qui traverse le pays, en cette période d’hiver traditionnellement propice aux explosions sociales dans le pays. Il y a quelques jours, un autre militant de gauche, Abdelhak Laabidi, s’était fait agresser à Beja par des milices du parti islamiste Ennahda, ce qui semble illustrer une stratégie d’intimidation à l’égard de figures emblématiques de la révolution.

    Le CIO et ses sympathisants en Tunisie condamnent fermement ces arrestations, ainsi que plus globalement, la politique de harcèlement systématique et de répression à l’égard des militants et des opposants tunisiens. Nous exigeons la libération immédiate et inconditionnelle d’Abdeslam et de Ferid.

    Un appel a été lancé pour un rassemblement ce matin jeudi devant le tribunal de première instance de Sidi Bouzid où ces derniers sont appelés à comparaitre devant le procureur de la république.

    Envoyez vos lettres de protestation pour exiger la libération de ces militants au Ministère de la Justice tunisien sur cette adresse : mju@ministeres.tn, avec copie à cwi@worldsoc.co.uk.

    • Libération immédiate d’Abdeslam Hidouri et de Ferid Slimani, ainsi que de tous les prisonniers d’opinion !
    • Non aux arrestations arbitraires et aux procès politiques !
    • Défense de tous les droits démocratiques !
    • Non à une nouvelle dictature !
    • Pour la poursuite de la révolution tunisienne – le pouvoir aux travailleurs et à la jeunesse !

  • Crise politique en Tunisie : des manoeuvres contre-révolutionnaires en cours

    Interview d’Hidouri Abdessalem, chercheur en philosophie, membre du bureau syndical régional de Sidi Bouzid pour l’enseignement secondaire

    A l’heure ou cette interview est publiée, la crise politique en Tunisie traverse son énième épisode. L’ampleur et la profondeur de la colère populaire contre le régime de la ‘Troika’, marquée par l’éruption quasi volcanique de protestations dans tout le pays à la suite de deux assassinats politiques de dirigeants de gauche cette année (l’un, celui de Chokri Belaid, en février, l’autre, de Mohamed Brahmi, fin juillet) constituent la toile de fond et la raison fondamentale de cette crise.

    Image ci-contre : “La révolution continue!”

    Les pourparlers qui se tenaient entre les partis gouvernementaux et ceux de l’opposition, appelés «l’initiative de dialogue national » viennent d’être suspendus ce lundi. En bref, «l’initiative de dialogue national » n’est rien d’autre qu’une tentative des classes dirigeantes de négocier un arrangement « par le haut » qui puisse apporter une solution à la crise politique tout en évitant que « ceux d’en-bas », à savoir les travailleurs et syndicalistes, la jeunesse révolutionnaire, les chômeurs, les pauvres, ne s’en mêlent un peu trop.

    En effet, lorsque les voix provenant de l’establishment, des grandes puissances et des médias traditionnels s’alarment des dangers d’un « vide politique » prolongé en Tunisie, ce n’est pas en premier lieu la montée de la violence djihadiste qu’ils ont en tête; leur principale crainte est que l’exaspération des masses explose à nouveau sur le devant de la scène.

    Le « dialogue national » vise à préparer une retraite ordonnée et négociée pour le pouvoir Nahdaoui, et la mise en place d’un gouvernement soi-disant «indépendant» et « apolitique ». Les discussions ont, officiellement du moins, buté sur le choix du nouveau Premier Ministre, discussions qui exposent à elles seules le caractère contre-révolutionnaire des manœuvres en cours. En effet, les différents noms qui ont circulé pour diriger un futur gouvernement sont tous soit des vétérans séniles de l’ancien régime, soit des néolibéraux pur jus.

    Bien sûr, tout cela n’a rien ni d’indépendant ni d’apolitique. De nouvelles attaques sur les travailleurs et les pauvres sont en cours de préparation, poussées entre autres par le FMI et les autres créanciers de la Tunisie; pour ce faire, les puissances impérialistes et les grands patrons tunisiens plaident pour un gouvernement suffisamment fort que pour être en mesure de maintenir les masses sous contrôle et leur faire payer la crise. C’est ainsi qu’il y a quelques jours, le gouverneur de la Banque centrale a déclaré que la Tunisie « a besoin d’un gouvernement de commandos pour sortir le pays de la crise».

    L’UGTT est de loin la force la plus organisée du pays. Aucun arrangement politique quelque peu durable ne peut être réglé selon les intérêts de la classe capitaliste sans au moins l’accord tacite de sa direction. Pour les travailleurs et les couches populaires cependant, le nœud gordien du problème réside précisément dans le fait que la direction de la centrale syndicale, au lieu de mobiliser cette force pour imposer un gouvernement ouvrier et populaire, pris en charge par un réseau national de comités de base démocratiquement organisés à tous les niveaux, se révèle être un partenaire très coopératif pour la classe dirigeante et les pays impérialistes, dans les tentatives de ces derniers d’imposer un gouvernement non élu au service du grand capital. Tant et si bien qu’elle joue honteusement le rôle moteur dans l’organisation et la médiation de ce « dialogue national ».

    Les dirigeants syndicaux, au lieu de mobiliser sérieusement leurs troupes, ont mis tous leurs efforts à tenter de démêler un accord derrière les rideaux entre les principaux agents de la contre-révolution. Tout cela couronné par l’approbation et la participation directe, dans ces pourparlers, des dirigeants du Front Populaire, malgré l’opposition manifeste d’une large couche de ses propres militants et sympathisants.

    Cette stratégie, comme l’explique Abdessalem dans l’interview qui suit, est une impasse complète, les dirigeants de la gauche et du syndicat délivrant de fait les intérêts de leurs militants sur l’autel des plans cyniques de leurs pires ennemis. Trotsky disait que dans une période de crise profonde du système capitaliste, les directions réformistes « commencent à ressembler à l’homme qui s’accroche désespérément à la rampe, cependant qu’un escalier roulant l’emporte rapidement vers le bas. »

    Cette métaphore résume assez bien le tableau tunisien aujourd’hui. Le pays est au bord d’une crise d’une ampleur sans précédent. Le 30 octobre, deux tentatives d’attentats-suicide ont été évitées dans des zones touristiques. Une semaine avant, dans la région centrale de Sidi Bouzid, au moins 9 membres des forces de sécurité ont été tués dans de violents affrontements avec des salafistes armés.

    En réaction, la section locale de l’UGTT appela à une grève générale régionale dans le gouvernorat de Sidi Bouzid, mot d’ordre rapidement suivi dans la région voisine de Kasserine, afin de protester contre ces tueries. Ce genre de réflexes indiquent où résident les forces sociales qui peuvent offrir une solution viable et autour de laquelle une véritable alternative politique peut et doit être construite à la misère et la violence croissantes du système actuel.

    Comme le mentionne Abdesslem, il existe aujourd’hui en Tunisie un paradoxe: « les vraies fabricateurs du processus révolutionnaire sont en-dehors de la scène politique ». Le CIO partage largement ce constat. C’est pourquoi il y a une urgence à reconstruire, à l’échelle du pays, une force politique de masse au service de ces « fabricateurs », indépendante des partis pro-capitalistes, et armé d’un programme socialiste clair visant à mettre les principales ressources du pays dans les mains des travailleurs et de la population.

    Il fut un temps où tel était le but affiché du programme de l’UGTT. Lors de son congrès de 1949, l’UGTT demandait ainsi “le retour à la nation des mines, des transports, du gaz, de l’eau, de l’électricité, des salines, des banques, des recherches pétrolières, de la cimenterie, des grands domaines et leur gestion sous une forme qui assure la participation ouvrière.” La réactualisation d’un tel programme, combiné avec des mots d’ordre d’action précis, pourraient revigorer la lutte de masses et transformer radicalement la situation.

    Les militants, au sein du Front Populaire et de l’UGTT, qui veulent poursuivre la révolution et refusent les manœuvres actuelles -et ils sont nombreux- devraient à nos yeux exiger le retrait immédiat et définitif de leurs dirigeants du dialogue national, et demander à ce que ces derniers rendent des comptes auprès de leur base pour la stratégie désastreuse qu’ils ont suivie. Au travers de discussions démocratiques, les leçons des erreurs, présentes et passées, doivent être tirées, menant à un processus de clarification et de ré-organisation à gauche, sur le type de programme, de stratégie et de tactiques nécessaires pour mener à bien la révolution.

    Les militants du CIO en Tunisie sont ouvert à discuter et collaborer avec tous ceux et toutes celles qui partagent ces considérations. Car c’est seulement par ce biais que l’ «outil » et le « programme » révolutionnaires nécessaires, qu’Abdesslem évoque à la fin de l’interview, pourront être forgés en vue des futures batailles.

    Depuis l’assassinat de Mohamed Brahmi, une vague de mobilisations sans précédent contre le régime d’Ennahda a secoué la Tunisie. Quel bilan tires-tu de ces mobilisations?

    Les mobilisations contre le régime d’Ennahda, provoquées par l’assassinat de Mohamed Brahmi, et de Chokri Belaid avant lui, expriment plus largement une reprise du processus révolutionnaire visant à la chute du gouvernement de la ‘Troïka’ et à la chute du système.

    Mais devant l’absence d’un programme clair et d’un groupe révolutionnaire suffisamment influent, ces mobilisations ont été manipulées par la bureaucratie nationale de l’UGTT, par les partis politiques libéraux et par la direction opportuniste des partis de gauche, dans le but de dépasser la crise par l’outil du « dialogue national », sans pousser ces mobilisations vers leurs véritables objectifs: la chute du système.

    Au nom de l’unité dans la lutte contre les islamistes, la direction de la coalition de gauche du Front Populaire a rejoint Nidaa Tounes (un parti dans lequel se sont réfugiées beaucoup de forces du vieil appareil d’Etat et de l’ancien régime), ainsi que d’autres forces politiques, dans l’alliance du ‘Front de Salut National’. Que penses-tu de cette alliance et quelles conséquences a-t-elle sur la lutte de masses?

    La scène politique actuelle en Tunisie est caractérisée par une sorte de tripolarisation: le pôle des réactionnaires islamistes avec Ennahda et ses alliés, le pôle des libéraux de l’ancien régime (avec à sa tête le parti Nidaa Tounes, regroupées sous la direction de Caid Essebsi), et en contrepartie à ces deux pôles, le Front Populaire et l’UGTT.

    A l’époque de l’assassinat de Chokri Belaid, la situation a changé : les forces dites « démocratiques » et « modernistes » se sont regroupées contre la violence et le terrorisme (dans un « Congrès de Salut ») : cette étape a marqué le début de l’impasse politique pour le Front Populaire, car la direction de celui-ci a commencé à faire alliance avec les ennemis de la classe ouvrière et des opprimés, associés à l’ancien régime de Ben Ali.

    Ces derniers sont en compromis indirect avec les islamistes aux niveaux des choix politiques et économiques du pays.

    En conséquence, la lutte de masse a été manipulée et freinée par la direction du Front Populaire et de l’UGTT, suivant le rythme du « dialogue national » et des intérêts de ses différents partis et de leurs agendas politiques.

    Fin juillet, il avait été rapporté que dans le gouvernorat de Sidi Bouzid, des formes de contre-pouvoirs locaux s’étaient mis sur pied, reprenant la gestion des affaires locales des mains des Nahdaouis. Qu’en est-il aujourd’hui?

    On peut dire que dans les régions intérieures, il y a une sorte de vide politique au niveau des services, de l’administration et de la sécurité. Dans les moments révolutionnaires, les mobilisations lèvent le slogan de l’autogestion, et à sidi Bouzid, nous avons essayé de construire un contre-pouvoir à travers les communautés régionales et locales.

    Mais face à la répression de la police, ainsi que du manque d’appui et de relais de ce genre d’initiatives à l’échelle nationale, on n’a pas pu dégager pour de bon le gouverneur régional de Sidi Bouzid.

    Depuis le début, la position de la direction nationale de l’UGTT a été de s’opposer au double-pouvoir, car ce dernier obstrue le «dialogue » et le « compromis » avec le régime, vers lequel cette direction pousse à tout prix.

    Peux-tu expliquer ce qui s’est passé le 23 octobre et dans les jours qui ont suivi?

    Le 23 octobre, selon la Troïka, est la date de la réussite de la transition démocratique (une fête politique), mais selon les autres partis et pour la majorité de la population tunisienne, c’est la date de l’échec. D’où les protestations massives qui ont repris de plus belle contre Ennahda ainsi que contre les terroristes.

    Mais une fois encore, les mobilisations du 23 et du 24 contre la Troïka ont été manipulées par les partis politiques en place pour améliorer leurs positions dans le dialogue national, et non pas pour la chute du système et du gouvernement.

    Quelle est selon toi la réalité du danger salafiste/djihadiste dans la situation actuelle? Quels sont les rapports de ces groupes avec le parti au pouvoir? Comment expliques-tu la montée de la violence dans la dernière période, et comment les révolutionnaires peuvent–ils face à cette situation?

    Quand on parle politiquement du pole islamiste, on parle d’un réseau d’horizon mondial, articulé avec certaines grandes puissances et avec les intérêts du capitalisme mondial, donc je crois qu’il est difficile de distinguer entre les djihadistes et Ennahda, ou même avec le parti salafiste ‘Ettahrir’.

    On peut considérer les salafistes comme les milices du gouvernent actuel, qui pratiquent la violence avec des mots d’ordre venus d’Ennahda, contre les militants, contre les syndicalistes…Leur objectif c’est de rester au pouvoir à l’aide de ces milices.

    Devant cette situation, je crois que les forces révolutionnaires doivent s’organiser de nouveau, pour continuer le processus dans les régions internes. Devant l’absence des outils et des moyens, cette tâche sera difficile, mais pas impossible.

    Quels sont à tes yeux les forces et les limites du rôle joué par l’UGTT dans la crise actuelle?

    D’une part la direction de l’UGTT a joué un rôle de secours pour tous les gouvernements transitoires depuis le 14 janvier 2011 jusqu’au 23 octobre 2013, entre autres à travers l’initiative du dialogue national. Actuellement elle fait le compromis avec les patrons (l’UTICA). D’autre part, les militants syndicalistes de base essaient de continuer le processus révolutionnaire.

    Quelles sont à ton avis les initiatives à entreprendre à présent pour la poursuite et le succès du mouvement révolutionnaire en Tunisie?

    Ce qui se passe en Tunisie et dans le monde arabe est un processus révolutionnaire continu, avec un horizon nationaliste et socialiste contre le capitalisme et le sionisme, mais actuellement on parle dans le processus d’un paradoxe: les « vrais fabricateurs » du processus révolutionnaire sont en-dehors de la scène politique, et les forces contre-révolutionnaires s’attellent au détournement du processus, donc nous sommes face à une révolution trahie.

    Les initiatives à entreprendre à présent pour la poursuite et le succès du mouvement révolutionnaire en Tunisie, c’est de continuer le processus avec des garanties concernant l’outil, le programme et le parti révolutionnaire. Sur le plan pratique il faut construire des comités locaux et régionaux pour la lutte.

    Quelles leçons/conseils donnerais-tu aux militants socialistes, syndicalistes, révolutionnaires en lutte contre le capitalisme dans d’autres pays?

    Les leçons et les conseils qu’on peut tirer du processus révolutionnaire selon mon point de vue c’est:

    • De viser le pouvoir dès le début du processus et lutter sur la base de tâches révolutionnaires bien précises. Car beaucoup des forces de gauches et de jeunes révolutionnaires et syndicalistes n’ont pas visé le pouvoir à Tunis, mais ont cru pouvoir pousser vers la réforme du système.
    • De s’unifier en tant que forces révolutionnaires contre nos ennemis, et de créer des groupes de lutte avec des moyens qui dépassent la théorie vers la pratique, c’est-à-dire agir sur le terrain jour et nuit.
    • De transformer le conflit avec les ennemis dans les mass media, pour créer une opinion publique contre les ennemis
    • De trouver un réseau de lutte capable de soutenir les protestations qui dépasse l’horizon national, vers l’international.
  • Quelle voie entre impérialisme, régimes militaires, forces laïques capitalistes et fondamentalistes religieux ?

    Révolution et contre-révolution au Moyen-Orient et en Afrique du Nord

    L’accord russo-américain conclu le 14 septembre dernier à Genève, destiné à placer l’arsenal chimique syrien sous contrôle international en vue de son démantèlement a, pour l’instant, éloigné la menace directe d’une intervention impérialiste en Syrie. Ce sanglant conflit dont sont victimes les masses syriennes est loin d’être pour autant résolu, et la destruction effective des stocks d’armes chimiques, en pleine guerre civile, est loin d’être garantie. Quelle est l’issue de sortie pour les masses, coincées entre les forces du régime dictatorial de Bachar el-Assad, celles des fondamentalistes islamistes et celles de l’opposition capitaliste ?

    Par Nicolas Croes

    Les médias dominant n’ont pas lésiné sur les images horribles de victimes tombées sous l’impact des armes chimiques. Le sensationnalisme, une fois de plus, a été lourdement utilisé dans le but de faire perdre toute distance par rapport aux évènements et de les réduire à leur apparence immédiate. Jouer sur l’émotionnel pour dévier toute réflexion n’est pas une pratique neuve, loin de là.

    Comme souvent, nous avons eu sous les yeux un véritable festival d’hypocrisie. Certains ont pu croire que le conflit syrien venait d’éclater, tant le contraste était grand avec la manière dont ont été traitées les dizaines de milliers de victimes tombées depuis plus de deux ans et demi en Syrie. L’indignation médiatique de l’establishment n’explose qu’en fonction des intérêts de ce dernier, à l’image de la couverture des conditions de vie des masses de toute la région – dominées par la misère, la famine, les inégalités sociales et régionales, l’absence d’avenir et la lutte pour les droits nationaux et démocratiques – dont il n’est question que très périodiquement et de manière totalement biaisée. Ce dernier point est pourtant fondamental.

    Hypocrisie aussi de la part de l’impérialisme américain pour qui le recours aux gaz toxiques est maintenant un crime contre l’humanité alors que le plus gros stock d’armes chimiques se trouve aux Etats-Unis et qu’aucune puissance n’en a fait usage avec autant d’enthousiasme, pendant la guerre du Vietnam entre autres. Il n’est pas le seul dans ce cas, le gouvernement allemand a ainsi récemment reconnu avoir autorisé l’exportation de produits chimiques vers la Syrie entre 2002 et 2006.

    Un mouvement révolutionnaire spontané, mais qui ne surgit pas de nulle part

    Cela fera 3 ans ce 17 décembre qu’une vague révolutionnaire a déferlé de Tunisie, puis d’Egypte, sur quasiment tous les pays de la région, du Maroc jusqu’au Yémen et au Bahreïn. Mais si les médias dominants ont concentré leur attention sur le rejet des dictatures et les aspirations démocratiques, la colère des masses se basait aussi puissamment sur la lutte pour des revendications sociales et économiques contre la pauvreté, le chômage de masse, le démantèlement des services publics (particulièrement sévère depuis les années ’90),… La jeunesse, dont le poids est monumental dans la région (66% de la population égyptienne a moins de 25 ans par exemple), n’avait aucune perspective d’avenir face à elle.

    Ces mouvements ne sont donc pas apparus comme par magie et, pour qui savait les voir, des signes avant-coureurs existaient sous la surface de la stabilité apparente des dictatures. En Egypte, on dénombrait ainsi 194 grèves par an entre 2004 et 2008 (essentiellement dans les centres textiles et autour du canal de Suez). Entre 2008 et 2010, il y a eu 1600 grèves chaque année. En Tunisie, le bassin minier de Gafsa s’était soulevé en 2008, donnant lieu aux troubles sociaux les plus importants connus en Tunisie depuis les ‘‘émeutes du pain’’ en 1984 et depuis l’arrivée au pouvoir de Ben Ali en 1987. Au Liban (en 2005) et en Iran (en 2009), des mobilisations de masse avaient également ébranlé les régimes en place. Même si ces deux derniers mouvements n’étaient pas directement liés aux thématiques sociales (l’assassinat de l’ancien président du conseil Rafic Hariri au Liban, imputé au régime syrien, et la fraude électorale massive lors des élections présidentielles en Iran), ces dernières étaient loin d’être absentes et constituaient d’ailleurs le principal danger pour les régimes en place.

    C’est pourquoi, à l’occasion de son 10è Congrès Mondial (début décembre 2010), le Comité pour une Internationale Ouvrière (dont le PSL est la section belge) avait déclaré dans son document consacré au Moyen Orient et à l’Afrique du Nord ‘‘tous les despotes et les régimes autoritaires de la région ont peur de mouvements de révolte de masse. Des mouvements en Iran ou en Egypte sont possibles, qui peuvent alors en inspirer d’autres. Si la classe ouvrière n’en prend pas la direction, ces mouvements peuvent prendre des directions très différentes.’’

    Les difficultés du processus

    Une colère massive qui s’exprime enfin n’est pas suffisante pour conduire à la victoire. Un processus révolutionnaire est par nature complexe et, même dans le cas du renversement de dictateurs, du chemin reste encore à faire jusqu’à l’effondrement du système. Les mouvements en Tunisie et en Egypte avaient réussi à surprendre l’impérialisme occidental et les forces régionales, qui plus est dans des pays à fortes traditions ouvrières (ce n’est d’ailleurs aucunement un hasard si Ben Ali, en Tunisie, et Moubarak, en Egypte, ont quitté le pouvoir à l’occasion de grèves), mais il était hors de question de laisser les choses se développer ainsi dans une région tellement cruciale. Au Bahreïn, les forces armées saoudiennes et émiraties sont rapidement et brutalement intervenues au secours du régime. La répression fut féroce, sous le regard bienveillant des alliés occidentaux. Là-bas, les travailleurs et les pauvres n’ont même pas pu compter sur des larmes de crocodile de Washington, Londres ou Paris. Ailleurs aussi (comme au Yémen), la répression fut sanglante, à peine commentée par de vagues déclarations d’indignation diplomatiques. Cela permet de remettre la ‘‘guerre humanitaire’’ en Libye et les menaces d’intervention en Syrie à leur juste place.

    L’intervention impérialiste en Libye ne visait en rien à défendre la population. Les puissances impérialistes occidentales avaient d’ailleurs conclu d’avantageux marchés avec Kadhafi sur la dernière période de son règne. Il était en fait surtout crucial pour l’impérialisme de parvenir à stopper la vague des révolutions avant qu’elle ne frappe également des alliés fiables tels que l’Arabie Saoudite et les États du Golfe. Pour récupérer le contrôle de la région et de ses matières premières, faire sauter un fusible comme Kadhafi était une option très envisageable. En Syrie, intervenir directement était une autre paire de manches. Les interventions n’étaient toujours pas finies en Irak et en Afghanistan que s’ajoutait celle de Libye, les divisions ethniques et religieuses plus fortes rendaient l’aventure extrêmement périlleuse, l’armée syrienne représentait une force d’un tout autre calibre et le régime disposait, comme aujourd’hui, d’alliés solides désireux de garder un pied dans la région (la seule base navale méditerranéenne russe est en Syrie).

    Mais si aucune intervention directe n’a eu lieu à l’époque, une aide matérielle, logistique et humaine est arrivée pour ‘‘soutenir’’ l’opposition (à partir des alliés de l’impérialisme américain à géométrie variable que sont l’Arabie Saoudite et le Qatar) et, surtout, pour assurer que la voie révolutionnaire soit déviée de cette manière. Les alliés saoudites et qataris ont cependant leurs intérêts propres, et ont fortement aidé au développement des forces fondamentalistes sur place. Il était devenu nécessaire que les Etats-Unis livrent eux-mêmes directement leurs armes afin de s’assurer eux-aussi une base de soutien (ce qui a – officiellement – commencé dès que l’accord de Genève a été conclu en septembre dernier).

    Une seule force favorable aux travailleurs et aux jeunes : eux-mêmes

    L’impact qu’aurait une intervention impérialiste directe en Syrie peut se mesurer à l’échec de l’intervention en Libye. Le peu d’infrastructures que possédait le pays ont été détruites par l’invasion et, plus de deux ans plus tard, des régions entières du pays restent incontrôlées, si ce n’est par des milices lourdement armées. Le conflit s’est, de plus, étendu au Mali.

    L’absence de perspectives d’un pouvoir alternatif stable pour l’impérialisme ainsi que le risque d’extension du conflit sont des dangers plus grands encore en Syrie. Le pays est devenu un terrain extrêmement complexe où se mêlent le Hezbollah libanais, l’Iran, la Russie et la Chine dans le camp pro-Assad et, d’autre part, Al Qaeda, l’Arabie Saoudite, le Qatar, la Turquie, l’Egypte (jusqu’au renversement des Frères Musulmans), les Etats-Unis et l’Union Européenne dans le camp de l’opposition. Chaque force en présence a également ses intérêts propres, sur fond de conflits entre sunnites (courant majoritaire de l’Islam) et chiites (courant minoritaire), de même qu’au sein de ces courants. Au Liban voisin déjà, les attentats meurtriers ont refait leur apparition. Le 15 août dernier, une bombe a explosé en plein fief du Hezbollah (chiite et pro-Assad), une attaque inédite dans un endroit aussi surprotégé. Une trentaine de personnes sont décédées et il y a eu plus de 300 blessés. Une semaine plus tard, deux mosquées sunnites ont explosé, causant 45 morts, avec une implication probable du régime syrien.

    Cependant, notre opposition résolue à toute intervention impérialiste ne nous place pas pour autant dans le camp de Bachar el-Assad ou dans celui de l’opposition syrienne de l’Armée Syrienne Libre (qui fourmillent d’anciennes figures du régime) ou des diverses forces djihadistes. Seule l’énergie des masses est en mesure de balayer à la fois l’impérialisme et les régimes réactionnaires de toutes sortes, pour autant qu’elles soient armées d’un programme et de méthodes capables de mobiliser par delà les divisions ethniques et religieuses.

    Cela ne saurait être possible que sur base d’un programme qui articule ses revendications autour de l’auto-défense des masses (à l’aide de la création de comités d’auto-défense non-sectaires et démocratiquement dirigés) en liaison avec la réponse aux questions sociales fondamentales (dans ce cadre, retirer les secteurs-clés de l’économie des mains des capitalistes pour les placer dans celles des travailleurs et des pauvres est un élément de première importance). A l’exemple de ce qui s’était développé de manière embryonnaire en Tunisie et en Egypte au début de la vague révolutionnaire, des comités de lutte et d’auto-défense ont le potentiel de constituer les germes d’un nouveau pouvoir basé sur la démocratie des travailleurs.

    L’ennemi de mon ennemi : un allié ?

    Dans le monde, nombreux sont ceux qui se sont réjouis de voir l’impérialisme américain si affaibli à travers le prisme de la crise syrienne. Au niveau interne, l’opposition à la guerre est tellement gigantesque (seuls 9% des Américains soutiennent une intervention) que les élus se sont retrouvés sous une pression monumentale, tant parmi les Républicains que parmi les Démocrates. Obama, en demandant le vote du Congrès, courait le risque d’essuyer le camouflet qu’a eu à subir le Premier Ministre britannique David Cameron, dont la volonté va-t-en-guerre a été bloquée par le Parlement, également sur fond d’une opposition massive dans la population.

    Il n’a du reste jamais été aussi difficile aux USA de réunir des alliés pour les accompagner dans une aventure guerrière. Seul le gouvernement français a clairement marqué son approbation, et le gouvernement turc semblait vouloir embrayer lui aussi. Mais, dans les deux pays, l’opposition aussi était de taille : 56% des Français et 72% des Turcs.

    A gauche, le principe ‘‘l’ennemi de mon ennemi est mon ami’’ garde toujours ses partisans, et c’est très certainement le cas vis-à-vis des Etats-Unis suite à la longue période de recul idéologique qui a suivi la chute de l’URSS combinée au statut de superpuissance hégémonique des USA depuis lors. Le courant dominant affirmant qu’il n’y avait pas d’alternative au capitalisme était très fort, et se limiter à l’anti-impérialisme et à une rhétorique ‘‘progressiste’’ où on parlait de société solidaire et non plus socialiste était une voie qui semblait plus facile à tenir. Certains avaient ainsi soutenu Ahmadinejad ‘‘l’anti-impérialiste’’ en Iran en 2009, allant jusqu’à déclarer que les mobilisations de masse étaient fomentées par la CIA… De façon similaire, nombreux sont ceux qui se sont fermement agrippés au prétexte de l’anti-impérialisme pour faire l’éloge de Bachar el-Assad, de son prétendu nationalisme progressiste et de sa prétendue lutte contre Israël en se cachant aussi derrière le soutien apporté à ce régime dictatorial par le Parti ‘‘Communiste’’ Syrien (membre du Front National Progressiste, le pilier du règne du parti Baath d’Assad).

    En Belgique, le PTB et le Parti Communiste Wallonie-Bruxelles ont ainsi signé une déclaration opposée à une intervention militaire impérialiste en Syrie qui ne dit pas un mot sur la nature du régime syrien. Leur signature se trouve aux côtés de 63 Partis ‘‘Communistes’’, dont le Parti Communiste Syrien pro-Assad. Si nous comprenons bien le sentiment d’urgence que peut provoquer la menace d’une intervention, nous trouvons extrêmement dommageable pour le développement du mouvement anti-guerre de laisser le moindre espace aux forces pro-Assad, notamment dans l’émigration. Des incidents de cet ordre avaient d’ailleurs eu lieu lors d’un rassemblement anti-guerre à Bruxelles où, sur base d’une plateforme qui entretenait le flou concernant l’attitude à adopter face à la dictature, étaient intervenus des militants pro-Assad, qui s’en sont d’ailleurs pris physiquement à ceux qu’ils jugeaient trop critiques. Il est impossible de renouer avec la tradition d’un mouvement anti-guerre massif dans de pareilles conditions.

    Armer l’opposition ?

    Une autre approche, mais tout aussi erronée, est de soutenir les rebelles syriens en entretenant le flou sur leur caractère et les méthodes de soutien. Nous avons ainsi été extrêmement surpris de lire un communiqué de presse du NPA français (Nouveau Parti Anticapitaliste) où Olivier Besancenot demandait que la France ‘‘donne gracieusement des armes aux révolutionnaires syriens’’ tout en précisant… qu’il ne faisait ‘‘pas confiance’’ à l’Etat français ! Bien que précisant qu’il ne fallait pas que les armes finissent chez des djihadistes, il demandait tout de même : ‘‘qui peut avoir la légitimité de décider à la place des autres ?’’ En Belgique, cette approche est partagée par la LCR qui affirme que ‘‘le peuple syrien a besoin que des armes soient livrées aux forces de la rébellion’’. Mais qui livrerait ces armes ? Et à quel prix politique ? Nous pensons que le droit des peuples à décider d’eux-mêmes ne nous empêche pas d’être plus précis quant à l’orientation à donner à la lutte.

    Encore une fois, nous comprenons tout à fait où peut conduire le sentiment d’urgence, mais cette analyse des évènements avant tout ‘‘militaire’’ nous semble très insuffisante. Seules les méthodes de masse basées sur un programme de rupture avec le régime et ses bases économiques peut réunir au-delà des frontières confessionnelles, jusqu’à provoquer des ruptures au sein de l’armée. La meilleure manière de lutter contre les tanks d’Assad est d’œuvrer à les retourner contre lui.

    Les forces capables de défendre ce programme et ces méthodes en Syrie peuvent bien être limitées pour l’instant, pour autant qu’elles soient déjà organisées, mais il ne faut pas non plus oublier le contexte régional de révolution et de contre-révolution dont est issue la révolte syrienne de 2011. Dernièrement encore, plus d’un million de personnes ont manifesté dans les rues voisines de Turquie contre le gouvernement Erdogan, et là aussi le génie des mobilisations de masse est sorti de sa lampe.

    A ce titre, un programme et une approche internationalistes conséquents doivent être défendus dans toute la région, notamment en Tunisie et en Egypte où, si des dictateurs ont pu tomber, le pouvoir reste toujours aux mains de la même élite. Toujours sous l’argument de ‘‘l’ennemi de mon ennemi’’, en Tunisie, la direction du Front Populaire – appuyée d’ailleurs par certains partisans de l’organisation internationale de la LCR (le Secrétariat Unifié de la Quatrième Internationale, dont est également membre Besancenot) ainsi que par le Parti des Travailleurs de Tunisie (PTT, partenaire privilégié du PTB dans le pays) – a conclu un accord contre Ennhada, le parti islamiste au pouvoir, avec Nidaa Tounes, le parti laïc pro-capitaliste où se sont réfugiés nombre d’anciens laquais du dictateur Ben Ali. C’est la meilleure manière de démoraliser et de désorienter les travailleurs et les jeunes, tout en laissant à Ennhada et ses alliés l’argument que ce sont eux les vrais révolutionnaires, car ils ne sont pas alliés aux forces de l’ancien régime.

    Une perspective socialiste

    La crise du capitalisme, la perte d’autorité des élites et la riposte des masses en défense de leurs conditions de vie et pour gagner de nouveaux droits ouvrent de nouvelles perspectives pour que les idées socialistes gagnent une échelle de masse. Mais les millions de travailleurs et de jeunes qui sont aujourd’hui à la recherche d’une alternative et d’une méthode de lutte ont encore à faire leur expérience et à combler le fossé entre l’état de conscience général actuel (héritage des 20 dernières années de règne du néolibéralisme tout autant que des trahisons du stalinisme et de la social-démocratie) et les tâches qu’exige le renversement du capitalisme. Les forces de gauche doivent aider à faire avancer ce processus, et donc honnêtement tirer le bilan de leurs analyses passées et présentes.

    C’est dans ce cadre que le Comité pour une Internationale Ouvrière déploie son activité dans plus d’une quarantaine de pays, notamment dans cette région, afin de construire un instrument révolutionnaire international où se partagent les leçons des luttes passées et présentes afin de mieux coordonner le combat contre cette société capitaliste putride et construire une société débarrassée de la misère, de la guerre et de l’exploitation, une société socialiste.

  • Tunisie: le rappeur Klay BBJ acquitté!

    Une modeste mais importante victoire dans la lutte pour la liberté d’expression

    Le rappeur engagé Ahmed Ben Ahmed, alias Klay BBJ, qui avait été condamné par contumace à 21 mois de prison pour des chansons entravant soi-disant “les bonnes mœurs” (voir notre article à ce sujet) a été acquitté lors d’un procès en appel ce jeudi.

    Par des correspondants du CIO

    Klay, ainsi qu’un autre rappeur répondant au nom d’artiste de ‘Weld El 15′ (Alaa Yaacoubi), après avoir été violemment arrêtés sur scène et maltraités physiquement par la police à la suite d’un concert dans la ville de Hammamet au mois d’août, avaient été tous les deux condamnés à une peine d’emprisonnement de 21 mois, sans avoir été convoqués au tribunal ou même avoir été informés de la tenue de leur procès.

    Klay avait décidé de faire appel de cette décision, tandis que Weld El 15 est en cavale depuis sa condamnation. Un premier procès en appel le 26 septembre avait décidé d’une réduction de peine à six mois de prison ferme pour Klay. L’avocat du rappeur avait fait appel de ce nouveau verdict, ce qui a finalement conduit au récent acquittement, jeudi. L’avocat a déclaré que Weld El 15 ferait désormais appel lui aussi.

    Les militants et sympathisants du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) dans le monde entier avaient vocalement exprimé leur indignation face à la condamnation de ces jeunes artistes engagés (voir entre autres la vidéo ci-dessous, une chanson de rap produite par des partisans du CIO provenant de 5 pays différents), et réclamant l’abandon des poursuites à l’égard de Klay BBJ et Weld El 15).

    Il ne fait aucun doute que la pression qui s’était accumulée contre cette condamnation, nationalement et internationalement – incluant entre autres une lettre de protestation signée par 12 députés européens de gauche à l’initiative de Paul Murphy, parlementaire du Socialist Party (section du CIO en République irlandaise) – a contribué à la libération de Klay. Le CIO salue cette victoire importante, qui s’inscrit dans le cadre de la bataille acharnée qui se déroule actuellement en Tunisie contre les tentatives répétées de limiter la liberté d’expression et de faire taire toutes les voix critiques du régime en place.

    Nous nous félicitons également de l’initiative récente de rappeurs tunisiens d’avoir formé un syndicat national pour défendre leurs droits contre la répression de l’Etat. Ce genre d’initiatives pourrait encourager à lier la défense des droits des artistes ainsi que la lutte de la jeunesse des quartiers pauvres – desquels proviennent la grande majorité des rappeurs tunisiens – au mouvement ouvrier organisé.

    La lutte continue

    Le régime d’Ennahda s’est largement appuyé sur le code pénal hérité de l’ancien régime de Ben Ali, toujours en vigueur, et a reproduit des traits assez similaires à ce régime afin de faire taire ses opposants: brutalité policière, tortures, arrestations arbitraires, attaques contre les journalistes, et même assassinats politiques.

    Même au cours du procès en appel devant se prononcer sur le sort de Klay BBJ, des journalistes et des représentants d’ONG venus assister au procès, telles que Human Right Watch, ont été empêchés par la police d’entrer au sein du tribunal. Pendant ce temps, des dizaines de musiciens et autres artistes demeurent en prison ou dans la clandestinité.

    Ces exemples montrent que si une bataille a été gagnée, la lutte ne doit pas s’arrêter pour autant! Comme Klay BBJ le disait dans une lettre ouverte qu’il a écrit lorsqu’il était encore en prison: “La liberté d’expression, dans ce pays, la Tunisie, est limitée. Je dis toujours le droit mot, et jamais je ne baisserai la tête…No Pasaran”

  • Soudan : colère contre l’abolition de subsides pour le gaz

    Solidarité avec les travailleurs en lutte, les jeunes et les femmes !

    Les travailleurs, la jeunesse et les femmes opprimées sont sortis dans les rues du Soudan après que le régime tant haï d’el-Béchir (Front National Islamique) ait doublé les prix du fuel et du gaz de cuisine par l’abolition des subsides accordés auparavant. Les manifestants ont scandé des slogans comme ‘‘Le peuple veut la chute du régime !’’ et ‘‘Liberté, liberté !’’

    Par Halema, Socialist Party (CIO-Angleterre & Pays de Galles)

    La fin des subsides a aussi entraîné l’augmentation des prix de la nourriture. Les manifestants ont subi une répression violente des forces de l’Etat. La police a réagi en utilisant des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc. Jusqu’à présent, le régime a fait 60 victimes, et on ne compte plus les blessés. Dans les régions de Wad Nubawy, d’al-Thawra, et de al-Kalaklat, au sud de Karthoum, les manifestations ont été violemment réprimées par la police.

    Les manifestants ont été traqués par des voitures de polices pour ne pas qu’ils bloquent la rue principale d’al-Thawra. Des témoins disent avoir vu la police utiliser des balles réelles et des gaz lacrymogènes à Wad Nubawy et à al-Kalakat. Ils ont ajouté que des arrestations massives de jeunes ont eu lieu dans les quartiers sans que leurs parents en soient informés. Pendant 48 heures, Internet a été désactivé dans le pays.

    La situation des masses était déjà critique. Le taux de chômage atteint les 20%. Plus de 2 millions d’habitants vivent dans la pauvreté et on estime que 300.000 personnes n’ont aucun accès à l’eau potable et à la nourriture.

    Un régime répressif

    Le Front National Islamique de Béchir est un régime répressif de l’aile droite de l’Islam politique. A son accession au pouvoir en 1989, sa première initiative a été de décréter le Public Order Act (loi sur l’ordre public), créé pour opprimer les femmes. L’article 152 du Criminal Act autorise la lapidation des femmes. Cela accorde un pouvoir disproportionné à l’exécuteur, qui devient à la fois juge, juré et bourreau.

    Le 27 septembre, les syndicats des médecins et des avocats au Soudan ont appelé à une grève générale après la prière du vendredi.

    Les syndicats, les organisations d’agriculteurs et les étudiants doivent armer leur lutte contre les hausses des prix et exiger que les ressources et l’économie du pays soient placées dans les mains de la collectivité, et réclamer un gouvernement où seraient présents les travailleurs et les pauvres.

    Il est urgent de construire un mouvement de masse de la classe ouvrière qui réunisse tous les opprimés de la société.

    Un programme socialiste sera aussi essentiel pour la classe ouvrière et les masses oppressées pour commencer à résoudre les problèmes du Soudan que sont le sous-développement, les ravages de la guerre, l’endettement et la pauvreté (le revenu moyen est de 1$ par jour). Un tel programme proposerait des solutions durables aux divers conflits ethniques et religieux du pays.

    Pour le retour des subsides au gaz et aux prix d’avant leur annulation, pour la construction d’un mouvement de masse des travailleurs et des pauvres !

  • Tunisie: Une nouvelle vague d'arrestations frappe les réseaux militants

    Le Samedi 21 septembre 2013, au quartier Lafayette à Tunis, vers 4h du matin, la police a fait une descente au domicile de Nejib Abid -activiste et fondateur de ‘‘Radio Chaabi’’, une des premières radios libres qui vit le jour après l’éviction du dictateur Ben Ali- et procédé à 8 arrestations totalement arbitraires.

    CIO en Tunisie

    Outre Nejib, Yahya Dridi, technicien son, Abdallah Yahya, cinéaste engagé, les musiciens Slim Abida, Mahmoud Ayed et Skander Ben Abid, ainsi que deux autres militantes, ont été embarqués, sans qu’aucune raison officielle justifiant leur arrestation ne soit communiquée.

    Tous sont des ‘enfants de la révolution’, que le régime envoie en prison pendant que les assassins, les terroristes et les hommes d’affaires corrompus bénéficient de la complaisance et de l’impunité de la clique au pouvoir.

    Leurs liens présumés avec l’acteur et réalisateur engagé Nasreddine Shili, aujourd’hui arrêté lui aussi, dans un état de santé précaire, et menacé de jusqu’à sept ans de prison pour avoir cassé un œuf sur la tête du Ministre de la Culture (!), semblent avoir été à l’origine de cette perquisition complètement illégale.

    Ces arrestations, qui suivent une série d’arrestations et de condamnations similaires, confirment un processus méthodique de répression contre les forces vives de la révolution, processus qui a connu une escalade dans les dernières semaines.

    L’acharnement judiciaire et policier qui frappe de nombreux militants, artistes, journalistes à l’heure actuelle en Tunisie révèle l’instrumentalisation de la justice à des fins politiques, dans un contexte de contestation populaire et de rejet large du pouvoir islamiste actuel.

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    Pour en savoir plus:

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    De manière croissante, le gouvernement actuel d’Ennahda reproduit les méthodes de la dictature de Ben Ali pour taire les voix d’opposition, par l’entremet des mêmes institutions policières et des lois qui ont formé la colonne vertébrale du système Ben Ali des années durant.

    Le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) et ses militants en Tunisie condamnent la vague de terreur et de répression en cours contre les opposants, et exige la libération immédiate et inconditionnelle de ces camarades et de tous les prisonniers politiques dans le pays.

    Nous voulons encourager tous ceux et toutes celles qui le peuvent à se mobiliser urgemment pour protester contre ces arrestations et contre la machine répressive de l’Etat tunisien.

    Tant que cet Etat sera aux ordres d’un gouvernement fonctionnant dans le cadre du système capitaliste, il ne pourra que recourir à une brutale répression contre les forces vives de la révolution. Dans ce sens, nous ne pouvons que nous opposer aux alliances de circonstance avec Nidaa Tounes, refuge politique de vieille garde de la dictature.

    • Non aux arrestations arbitraires et aux procès politiques !
    • Défense de tous les droits démocratiques !
    • Libération de tous les prisonniers d’opinion !
    • Non à une nouvelle dictature ! A bas le régime d’Ennahda !
    • Pour la poursuite de la révolution, pour un gouvernement révolutionnaire des travailleurs et de la jeunesse !
  • Syrie : La Russie fait une proposition concernant les armes chimiques

    La campagne anti-guerre doit se maintenir : NON à toute intervention impérialiste !

    Alors que le sommet du G20 qui se tenait en Russie prenait fin, les diverses puissances capitalistes internationales étaient divisées en deux camps opposés concernant l’opportunité de lancer une attaque militaire en Syrie. Pendant ce temps, la volonté guerrière d’Obama rencontrait une forte opposition au sein des deux principaux partis politiques américains.

    Judy Beishon, Socialist Party (CIO-Angleterre et Pays de Galles)

    Aux USA, les membres du Sénat et de la Chambre des représentants étaient sous la forte pression de l’opinion publique, largement opposée à une intervention militaire. Il était bien incertain qu’Obama puisse obtenir l’approbation qu’il souhaitait. Les dirigeants du parti Républicain étaient divisés entre un ‘‘réalisme prudent’’ à l’instar du sénateur Rand Paul et l’interventionnisme agressif de l’ancien candidat républicain à l’élection présidentielle John McCain.

    Les Démocrates, quant à eux, désirent éviter d’endommager la réputation d’Obama en votant contre lui, mais nombreux sont ceux qui craignent les conséquences qu’auraient un ‘‘oui’’. Pour Obama, perdre cette consultation constituerait un puissant coup porté à son prestige, à l’image de ce qu’a subi David Cameron face au refus du Parlement britannique. Voilà ce qui explique le changement d’attitude du gouvernement américain, vers d’éventuelles négociations concernant une supervision internationale des stocks d’armes chimiques syriens.

    Face à une défaite possible au Congrès américain, il semble bien qu’Obama ait reçu une bouée de sauvetage politique inattendue de la part de son homologue russe Vladimir Poutine. Poutine a proposé que le régime syrien place ses armes chimiques sous la supervision des Nations Unies afin d’éviter les frappes aériennes sous commandement américain contre les bases militaires du régime syrien.

    Une agression impérialiste n’est toutefois pas encore définitivement hors de vue. Tôt ou tard, en fonction des événements, il n’est pas exclu que David Cameron fasse par exemple son retour sur cette question en obtenant le soutien de dirigeant travailliste indécis Ed Miliband, dans l’opposition. La campagne anti-guerre doit être maintenue, avec l’implication de syndicalistes, de militants marxistes et autres. Il reste toujours d’actualité de clamer haut et fort : non à toute intervention impérialiste en Syrie ! Mais il faut aller plus loin.

    La machine de propagande est lancée

    Dans sa tentative de gagner un soutien aux Etats-Unis, la machine de propagande d’Obama a été utilisée à plein régime, notamment en utilisant des vidéos d’images de victimes d’attaques de gaz chimiques réunies par l’opposition syrienne et la CIA. Ces images sont horribles, mais la question de savoir qui est véritablement responsable de ces actes reste en suspend, qu’il s’agisse de Bachar Al-Assad, de commandants militaires agissant sans son approbation (comme le rapporte le journal allemand Bild, en affirmant se baser sur des écoutes de l’armée allemande) ou des forces d’opposition.

    De toute manière, la possibilité d’une attaque occidentale n’est pas fondamentalement basée sur l’emploi d’armes chimiques. Dans une lettre publiée par le Times le 5 septembre dernier, Lord Lamont (ancien ministre conservateur de Margareth Thatcher et de John Major) a rappelé qu’en 1988, l’Occident a fermé les yeux lorsque Saddam Hussein a utilisé du gaz moutarde et du gaz sarin contre les troupes iraniennes, tuant ainsi 20.000 personnes. Il a ajouté : ‘‘Un récent article paru dans le magazine US Foreign Policy a affirmé que les responsables américains qui ont donné connaissance à l’Irak des mouvements de troupes iraniennes savaient que des armes chimiques seraient utilisées contre eux.’’

    Aucun missile américain n’empêchera que de armes chimiques soient à nouveau utilisées, ne tombent dans les mains de terroristes ou soient cachées ailleurs. Une attaque américaine ne constituerait rien d’autre qu’un acte sanglant destiné à défendre le prestige de la classe dirigeante américaine aux Etats-Unis et dans le monde et à protéger ses intérêts au Moyen-Orient, après qu’Obama ait imprudemment déclaré que l’utilisation d’armes chimiques serait une ‘‘ligne rouge’’.

    D’autres répercussions seraient inévitables, comme de possibles attaques contre des bases américaines dans la région, des tirs de roquettes contre Israël, des attentats terroristes aux États-Unis et dans ses pays alliés ou encore une perturbation de l’approvisionnement en pétrole. Les tirs de missiles américains renforceraient également la perspective d’une escalade du conflit syrien et de sa propagation dans les pays voisins. Il y aurait également plus de réfugiés, alors que leur nombre atteint déjà le total phénoménal de six millions de personnes, à l’intérieur et à l’extérieur de la Syrie.

    Toute l’ironie du sort est que la population syrienne pourrait bien plus courir le risque d’être victime d’armes chimiques dans le cas de frappes américaines. Il a ainsi été prouvé que les frappes aériennes américaines contre les usines d’armes chimiques de Saddam Hussein lors de la guerre du Golfe de 1991 n’ont pas détruit le gaz sarin mortel qui était visé, mais l’ont simplement répandu jusqu’à 600 km des bases militaires détruites.

    Les masses voient à travers les projets des gouvernements

    Ce qui se cache réellement derrière ‘‘l’humanitarisme’’ affiché par les gouvernements occidentaux afin de s’assurer le soutien de leur opinion publique est visible aux yeux de la majorité de la population des divers pays. Le soutien indéfectible des impérialistes occidentaux aux élites dirigeantes arabes répressives et dictatoriales ; le massacre de civils irakiens ; le soutien aux assauts du régime israélien contre Gaza ; l’assassinat de civils par des drones américains au Pakistan, en Afghanistan et au Yémen ; leur acceptation de la répression de l’armée en Egypte et beaucoup d’autres exemples illustrent que ces puissances savent soutenir une infâme brutalité lorsque cela leur convient.

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    Simplement s’opposer à l’intervention impérialiste est insuffisant, cela laisse la porte ouverte à un soutien au dictateur Assad. Pire, certains vont jusqu’à défendre l’idée erronée selon laquelle ‘‘les ennemis de nos ennemis sont nos amis’’. Il n’est pas non plus possible de prendre parti pour le camp des rebelles, liés soit à l’islam politique réactionnaire, soit à d’anciens dirigeants du régime. Chacune de ces forces défend des intérêts liés à l’exploitation et à l’oppression des masses. Notre seul camp, c’est celui de notre classe, celle des travailleurs, des jeunes, des opprimés ! Nous devons encourager son auto-organisation !

    Cette tâche est immense, mais la Syrie n’est pas isolée du reste du monde : les processus révolutionnaires sont contagieux et avancent par vagues. Les luttes de masse en Tunisie et en Egypte s’orientent vers la chute du système lui-même et pas seulement vers celle d’un gouvernement capitaliste autoritaire qui sera remplacé par un autre. La construction d’un rapport de forces vers un régime basé sur la satisfaction des besoins des masses aura ses répercussions sur la Syrie et ailleurs. L’élément crucial sera la construction d’instruments de lutte (comités, syndicat et parti) afin d’unir et de défendre les travailleurs et les pauvres par-delà leur religion ou leur ethnie.

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    Pour éviter de subir des pertes humaines et de s’embourber dans une intervention prolongée, les éventuelles frappes américaines prendraient très probablement la forme de missiles tirés à distance plutôt que de bombardements aériens. Cela endommagerait inévitablement les forces armées d’Assad, mais la Russie peut toujours le ravitailler, et sa supériorité militaire sur l’opposition syrienne pourrait être maintenue. Bachar Al-Assad profiterait en outre du ‘‘statut de victime’’, en particulier parmi sa base de soutien syrienne, russe et chinoise.

    La guerre civile en Syrie a engendré une dynamique horrible de régulières atrocités, et ce des deux côtés. En laissant faire le régime vicieux d’Al-Assad et les capitalistes en herbe de l’opposition (et ses nombreuses nuances de division et de sectarisme), la guerre est susceptible de perdurer jusqu’à ce que les deux côtés aient utilisé jusqu’au bout leurs capacités militaires.

    Beaucoup de puissances capitalistes étrangères se sont mêlées de ce conflit avec leurs prétendues ‘‘solutions’’ qui, toutes, illustrent leur faillite à offrir une solution capable de mettre un terme au cauchemar des masses syriennes.

    Seule la construction d’organisations non-sectaires basées sur la force des travailleurs, démocratiquement gérées et coordonnées les unes les autres peut montrer une voie de sortie qui ne soit pas un cul-de-sac. Ces instruments de lutte auraient également besoin d’organiser une résistance armée des masses tant contre les forces du régime d’Al-Assad que contre toutes les milices dirigées par des forces réactionnaires motivées par le profit personnel, la division religieuse ou ethnique, et la vengeance.

    Cette unité des travailleurs pourrait se développer grâce à l’attraction d’un programme de rupture anticapitaliste et socialiste posant clairement la question de la propriété collective des secteurs-clés de l’économie, dans le cadre d’une planification économique démocratiquement élaborée et visant à éliminer l’exploitation et la pauvreté.

  • Action contre l'intervention impérialiste en Syrie : le camp pro-Assad rend impossible le développement d'un large mouvement anti-guerre!

    Ce dimanche, une manifestation a eu lieu à l’initiative d’Intal devant l’ambassade américaine afin de s’opposer à la menace d’une intervention militaire en Syrie. Le PSL défend le droit à l’autodétermination des peuples et s’oppose au déclenchement d’une intervention militaire qui n’a pour but que de remplacer un dictateur par un autre, sans toucher au fond de l’oppression capitaliste.

    Par Julien (Bruxelles)

    • Syrie : Obama bat le tambour de guerre

    Depuis le début des mouvements révolutionnaires en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, le PSL s’est systématiquement placé du côté des pauvres et des travailleurs. Nous ne défendons pas les dictateurs comme Bassar Al-Assad en nous berçant d’illusions sur le fait qu’il constituerait un quelconque bouclier face à l’Islam politique fondamentaliste. Ni Assad, ni la direction des différents groupes rebelles ne se situent du côté des travailleurs et des pauvres. Les masses ont besoin d’un outil de classe indépendant pour renverser le régime et pour décider démocratiquement de leur avenir, tout en réunissant dans la lutte les travailleurs et les pauvres des diverses ethnies et religions. Les mouvements de masses en Tunisie et en Egypte ont montré que les masses sont capables de renverser des régimes à coups de grèves générales, de comités de quartiers, d’occupations,… ce qui doit servir d’exemple pour la Syrie. Ces mouvements ont montré que, dans la région, les masses sont prêtes pour une révolution et n’ont pas besoin de s’en remettre à une élite nationale pour rompre avec l’impérialisme et les sectes religieuses. Mais ils illustrent aussi que la révolution peut dégénérer faute de clarté quant à la nécessité de mettre fin aux causes de l’oppression et en cherchant à nouer des alliances avec des forces opposées aux intérêts de la classe ouvrière.

    Il est donc nécessaire de prendre ses distances, tant envers le régime d’Assad qu’envers les rebelles soutenus par l’Arabie-Saoudite, le Qatar et l’impérialisme occidental. Nous déplorons que l’appel d’Intal n’ait pas adopté cette approche en se limitant à manifester contre l’impérialisme. Cela a d’une part permis d’isoler la manifestation vis-à-vis des Tunisiens et Egyptiens, mais aussi vis-à-vis de jeunes et de travailleurs syriens qui s’opposent aux divers dictateurs de la région. D’autre part, cela a attirer des Syriens pro-Assad. Ces derniers n’ont pas hésité à, dans un premier temps, intimider nos membres qui vendaient notre journal (en Syrie, grâce à la dictature, les pro-Assad ne connaissent pas le problème d’être critiqués dans la presse) pour ensuite s’en prendre physiquement à un groupe d’Iraniens qui avait brandi des pancartes contre l’impérialisme et contre le dictateur Assad. Plusieurs manifestants se sont interposés pour les protéger – dont des membres et sympathisant du PSL, des JOC et d’Anonymous – mais la police est venue en aide aux agresseurs pro-Assad en nous repoussant en dehors de la manifestation, en arrêtant deux manifestants et en traitant les opposants à Assad (JOC, PSL, quelques Anonymous et Iraniens de gauche) comme des violents.

    Le PSL n’est pas non plus en accord avec la position de la LCR, qui n’est pas claire dans sa critique sur les rebelles et leur armement par l’impérialisme. D’un autre côté, elle s’exprime clairement contre une intervention militaire directe. Sur base de ce dernier point, nous ne comprenons pas pourquoi les organisateurs lui ont demandé de quitter la manifestation. Un mouvement anti-guerre ne peut se développer que sur base de l’espace laissé au débat et à la discussion, et non pas en cédant à la pression pour adopter une position unilatérale sous l’intimidation, pro-Assad dans ce cas-ci.

    La communauté kurde a déjà manifesté à Bruxelles, avec 350 personnes, contre les attaques d’Al-Qaïda dans la région kurde de Syrie et contre l’intervention militaire, tout en s’opposant également au dictateur. Le caractère de la manifestation de ce dimanche a assuré leur absence.

    Que se passera-t-il si les pro-Assad continuent à attaquer physiquement toute personne opposée au régime? Nous pensons que se limiter à l’anti-impérialisme n’est pas suffisant pour construire un mouvement anti-guerre large. Il est nécessaire de défendre une réelle alternative, une alternative socialiste, dans l’intérêt des pauvres et des travailleurs de la région!

  • Syrie : Obama bat le tambour de guerre

    mais tous les sondages montrent une majorité de la population opposée à toute intervention militaire impérialiste

    Dans le contexte de la préparation des débats qui prendront place la semaine prochaine au Congrès américain au sujet d’une intervention militaire américaine en Syrie, le président Obama a suggéré qu’il faudrait dépasser le cadre d’attaques ‘‘limitées et proportionnelles’’ destinées à ‘‘endommager les capacités de production d’armes chimiques en Syrie’’ et adopter une stratégie à plus long terme orientée vers un ‘‘changement de régime.’’

    Par Per-Åke Westerlund, Rättvisepartiet Socialisterna (CIO-Suède)

    Après le revers subi par Obama la semaine dernière quand le premier ministre britannique David Cameron a été battu et humilié par un vote à la Chambre des communes opposé à une participation des forces britanniques à une attaque contre la Syrie, l’administration américaine tente d’obtenir d’autres soutiens pour son projet guerrier. Les médias internationaux de droite ont lancé toute une campagne de propagande impérialiste visant à justifier une nouvelle guerre contre un pays du Moyen-Orient. Obama a commencé une tournée européenne, un voyage culminant avec sa participation au sommet du G20 à Saint-Pétersbourg en Russie, afin de tenter de persuader des dirigeants de soutenir sa stratégie.

    Le véritable caractère impérialiste de cette menace militaire est de plus en plus clair pour la population, partout à travers le monde. Le fait qu’Obama ne s’oppose pas le moins du monde à l’emprise croissante de l’armée sur le pouvoir en Égypte, où se taise à propos de la répression continue au Bahreïn (un petit pays arabe qui sert de base à la Cinquième flotte de la marine de guerre américaine), ne sont que les derniers exemples en date qui illustrent son hypocrisie.

    L’intervention militaire américaine qui pointe à l’horizon n’a rien à voir avec la protection des civils face à la féroce répression du régime de Bachar el-Assad, mais bien avec le renforcement de la domination impérialiste occidentale et américaine dans cette région cruciale. L’intervention ne va pas mettre un terme à la guerre civile de plus en plus sectaire qui a cours dans le pays, elle ne fera au contraire que l’aggraver.

    Cependant, les sondages révèlent une opposition massive de la part de la population des Etats-Unis, comme partout ailleurs, contre cette idée d’une intervention militaire en Syrie. Les manifestations anti-guerre grossissent de jour en jour ; et les diverses sections du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) y participent.

    En Belgique, dimanche prochain, le 8 Septembre, une manifestation est prévue à 17h face à l’ambassade américaine (Boulevard du Régent) à Bruxelles. Le PSL-LSP appelle à y participer. Plus d’informations peuvent être trouvées via ce lien.


    La résistance est croissante contre les plans impérialistes d’Obama

    Non à l’attaque américaine en Syrie !

    Une intervention militaire américaine en Syrie semble de plus en plus probable. Mais les projets guerriers d’Obama reçoivent beaucoup moins de soutien que ce qu’il avait escompté initialement, même parmi les alliés traditionnels des Etats-Unis.

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    La situation en Syrie :

    Les évènements qui avaient commencé en tant que mouvement d’opposition pacifique de la jeunesse, sous l’inspiration des révolutions en Égypte et en Tunisie, se sont transformés il y a deux ans en un conflit militaire qui est devenu de plus en plus sectaire et religieux, avec des massacres perpétrés de part et d’autre.

    Les dirigeants du régime proviennent essentiellement de la minorité alaouite, une branche dérivée de l’islam chiite. Le président el-Assad est soutenu par l’Iran et par son allié le Hezbollah libanais, tandis qu’il reçoit des armes de Russie, qui le soutient à l’ONU.

    Les rebelles sont dominés par des musulmans sunnites, qui constituent environ 70 % de la population du pays. Leurs représentants officiels sont étroitement liés à l’Arabie saoudite, au Qatar, aux États-Unis et à la Turquie.

    Le pays est divisé en zones militaires. L’armée d’el-Assad contrôle un corridor qui part du sud et qui va jusqu’à la côte de la mer Méditerranée en passant par Damas (la capitale). Cet été, le régime a repris le contrôle de la ville de Qousseir et de la région autour de Homs.

    Les forces rebelles contrôle la plupart du nord et de l’est de la Syrie, y compris la ville de Racca et une partie de la plus grande ville du pays, Alep. Les rebelles sont divisés entre eux ; il y a des combats entre les diverses milices regroupées au sein de la coalition dénommée “Armée syrienne libre”, dirigée par des renégats du régime el-Assad, et les puissants groupes islamistes extrémistes – comme la section locale d’Al-Qaïda, al-Nosra, et son rival au sein d’Al-Qaïda, les troupes de l’“État islamique d’Irak et du Levant”, qui a envoyé des milliers de combattants à partir d’Irak.

    La troisième zone rebelle, au Nord-Est, est la région du Kurdistan occidental, contrôlée par les troupes kurdes dirigées par leur parti, le PYD (Partiya Yekîtiya Demokrat, Parti de l’union démocratique). Les Kurdes constituent un dixième de la population syrienne. Leur région a récemment été attaquée par des islamistes, et des dizaines de milliers de personnes se sont enfuies au-delà de la frontière, vers l’Irak.
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    L’angoisse et la souffrance de la population dans la Syrie ravagé par la guerre ont déjà empiré à cause de la simple menace d’une intervention américaine. Après deux ans et demi d’une guerre civile sanglante, la Syrie est à présent un pays en ruines, où il n’y a rien à manger, pas d’électricité, pas d’eau, et la plupart des gens se sont retrouvé sans emploi. Plus de 150.000 personnes ont été tuées pendant ces deux dernières années, selon les déclarations de petites organisations socialistes dans la région qui s’opposent à la fois au régime d’Assad et au projet d’intervention américaine.

    Le flot de réfugiés n’a fait que s’intensifier au cours de ces dernières semaines. On trouve à présent plus de 2 millions de réfugiés dans les pays voisins, dont un million au Liban et un million réparti entre la Jordanie et la Turquie.

    Les images atroces de centaines de personnes tuées et de milliers de blessés suite au recours aux armes chimiques, publiées il y a deux semaines, ont choqué la population partout dans le monde. Obama et d’autres politiciens occidentaux ont profité de cette situation pour utiliser à leur avantage le sentiment populaire selon lequel ‘‘Il faudrait quand même faire quelque chose !’’

    Mais un grand flou demeure concernant ces accusations d’utilisation d’armes chimiques. Les enquêteurs de l’ONU ne devraient pas rendre leur rapport avant la mi-septembre. Le gouvernement américain prétend cependant avoir des preuves que le régime de Bachar el-Assad est derrière ces attaques chimiques. Ces preuves n’ont toutefois toujours pas été publiées. Et le souvenir des “preuves” de la présence d’armes de destruction massive en Irak (présentées afin de justifier l’invasion de 2003), qui s’étaient révélées montées de toute pièce, reste vivace.

    Les États-Unis eux-mêmes sont loin d’être innocents quand on parle de l’utilisation d’armes chimiques. De récentes révélations ont par exemple montré que la CIA a aidé Saddam Hussein à employer des armes chimiques lors de sa guerre contre l’Iran en 1980-88.

    Après la défaite humiliante du premier ministre britannique David Cameron devant son propre parlement, Obama a décidé d’attendre de recevoir le soutien du Congrès américain qui se réunira à Washington ce lundi 9 septembre. Pendant ce temps, d’autres alliés potentiels des États-Unis ont déjà refusé de leur accorder un soutien. La Ligue Arabe (qui représente différents gouvernements du monde arabe) et l’Otan ont déclaré être d’accord sur le fait de punir le régime de Bachar el-Assad, mais refusent de participer à une intervention militaire. La Jordanie s’est elle aussi déclarée contre toute participation à l’effort de guerre.

    Derrière Obama, le secrétaire d’État John Kerry et le vice-président Joe Biden ont eux aussi accusé le régime d’el-Assad d’être responsable des attaques chimiques, mais ont déclaré ne vouloir qu’une attaque ‘‘limitée’’. ‘‘Notre objectif n’est pas d’obtenir un changement de régime, mais de modifier le rapport de force en Syrie et de mettre un terme à la guerre civile. Nous interviendrons pour seulement un jour ou deux, puis nous partirons’’, a finalement dit Obama à CNN. Obama a de plus insisté sur le fait que cette intervention serait selon lui nécessaire pour la sécurité des États-Unis eux-mêmes. Cet objectif fort flou – “punir” – était aussi l’argument servi par Cameron afin de convaincre le Royaume-Uni de suivre les États-Unis dans leur guerre. Mais il a été battu à 285 voix contre et 272 pour au Parlement ; les députés ont en effet bien senti le sentiment anti-guerre qui vit dans le pays, en plus de la colère qui gronde contre la politique d’austérité extrême mise en place par le gouvernement de droite. Trente-neuf parlementaires issus du Parti Conservateur de David Cameron et des Libéraux-Démocrates (au pouvoir en coalition avec les Conservateurs) ont voté contre, tout comme l’opposition du Parti Travailliste. Et même si le Parti Travailliste reste, comme d’habitude, ouvert à un éventuel changement de position, Cameron a été forcé d’admettre qu’il est clair que ni le Parlement, ni le peuple britannique ne veulent voir la moindre intervention militaire. Un sondage effectué par la BBC a en effet montré que 75 % des Britanniques sont contre toute participation de leur pays à cette guerre.

    Les États-Unis connaissent un problème similaire avec leur propre opinion publique. Selon un sondage de l’agence Reuters, seuls 9 % de la population américaine sont absolument en faveur d’une intervention militaire en Syrie. Même en France, où le président Hollande est le premier à vouloir partir en guerre, la pression est grandissante pour un vote au Parlement avant toute prise de décision.

    Même des think tanks impérialistes, comme l’International Crisis Group (un club d’anciens politiciens internationaux), ont exprimé une profonde inquiétude quant au bien-fondé de ce projet de guerre. Selon l’IUnternational Crisis Group, cela pourrait conduire à une aggravation de la crise en Syrie et dans toute la région. Le même groupe mentionne également le fait que de pires massacres ont eu lieu bien plus tôt au cours de cette guerre civile, sans déclencher une telle réaction.

    Mais les États-Unis subissent une pression de deux côtés à la fois. Une attaque qui ne mènera à rien mis à part à la mort d’encore plus de civils ne renforcera pas la position d’Obama. En remettant ce plan à plus tard, cela donne la possibilité à la Maison Blanche de travailler l’opinion publique jusqu’à obtenir un soutien qui lui permettrait d’aller plus loin que le projet d’intervention “sur mesure” en “deux ou trois jours” dont on parle à présent.

    Quels facteurs suggèrent la possibilité d’une attaque américaine ?

    Obama aura à présent beaucoup de problèmes pour tout simplement laisser tomber cette affaire. Il a annoncé haut et fort au cours de ces derniers mois que l’usage d’armes chimiques constituait une “ligne rouge” à ne pas franchir sous peine de susciter une riposte immédiate de la part des États-Unis. Ce qui est en jeu ici est la puissance et le prestige de l’impérialisme américain, qui doit prouver qu’il est toujours capable de jouer le rôle de “gendarme du monde” – surtout vis-à-vis de l’Iran. Le Moyen-Orient est une région extrêmement importante sur le plan stratégique, en premier lieu à cause de son pétrole.

    L’impérialisme américain a perdu une grande partie de son aura après les guerres d’Irak et d’Afghanistan. La supériorité militaire et plus de 100.000 soldats dans chacun de ces pays n’ont pas pu livrer les victoires espérées, mais n’ont fait que laisser derrière eux des pays divisés, ravagés par les bombes et totalement détruits sur le plan économique.

    Six vaisseaux de guerre américains armés de missiles Tomahawk sont déjà stationnés dans la mer Méditerranée et dans le golfe Persique. Obama déclare que, en tant que commandant suprême des forces américaines, il a le droit d’ordonner une attaque même sans l’avis du Congrès, bien qu’il affirme également qu’il lui sera possible d’obtenir le soutien du Congrès lors de sa prochaine réunion.

    Peut-on éviter une attaque ?

    C’est très peu probable. Si l’opinion anti-guerre parvenait à forcer les députés à voter contre le projet d’intervention, Obama pourrait se cacher derrière cela, mais le fait d’annuler son projet affaiblirait fortement sa position.

    Qu’est-ce qui a retenu Obama jusqu’à présent ?

    Une nouvelle guerre serait très certainement une nouvelle défaite pour les États-Unis, tout en consommant une quantité invraisemblable de ressources dans un pays qui est déjà ravagé par la crise économique.

    Cette question a été résumée le mois passé par le général Mantir Dempsey, chef d’état-major américain, et commandant des troupes en Irak en 2003 et 2004. Pour prendre le contrôle des capacités d’armes chimiques de la Syrie, il faudrait selon lui ‘‘une zone d’exclusion aérienne combinée à des attaques aériennes et par des missiles de la part de centaines d’avions, sous-marins et autres engins. Il faudrait des milliers de soldats des Forces spéciales et autres fantassins afin d’attaquer et sécuriser les sites les plus importants. Les coûts seraient considérables : plus de 1000 milliards de dollars par mois.’’ Même une attaque limitée requerrait des centaines d’avions et de navires.

    Dempsey a aussi attiré l’attention sur le fait que les États-Unis n’ont aucun allié fiable du côté rebelle, alors que la plupart des batailles sont aujourd’hui de plus en plus menées par des milices djihadistes liées à Al-Qaïda. Selon lui, les dix dernières années ont démontré que ‘‘Nous devons anticiper et être prêts à des conséquences non-désirées de nos actions. Si les institutions du régime s’effondrent sans qu’il n’y ait une opposition valable pour en prendre le contrôle, nous allons sans le vouloir renforcer les extrémistes ou forcer l’usage des armes chimiques que nous voudrions justement bannir.’’

    Quel genre d’attaque américaine ? Combien de temps va-t-elle durer ?

    Sans doute s’agira-t-il d’une attaque par des missiles Tomahawk avec une puissance de feu massive, tirés à partir des quatre vaisseaux de guerre stationnés dans la Méditerranée. La Turquie a également proposé la mise à disposition de sa fameuse base aérienne İncirlik, comme c’était le cas au cours des deux guerres d’Irak.

    Dès le départ, on a parlé de frappes qui ne dureraient que quelques jours. Mais Kerry parle à présent d’une “stratégie” visant à accroitre le soutien pour l’opposition en Syrie, afin de ‘‘modifier la dynamique’’ de la guerre. Depuis cet été, les États-Unis ont ouvertement envoyé des armes aux groupes rebelles de leur choix.

    Personne ne croit qu’une attaque si brève puisse renverser le régime de Bachar el-Assad. Le bombardement du Kosovo et de la Serbie par l’Otan en 1999 a duré 78 jours, sans que Miloševic ne quitte le pouvoir. En Libye, Kadhafi n’a été renversé qu’au prix de 26.000 raids aériens sur 6000 cibles militaires.

    Comment les rebelles ont-ils réagi à la menace d’intervention américaine ?

    L’Armée syrienne libre (ASL) s’est prononcée en faveur de cette attaque, mais veut qu’elle soit étendue afin de détruire l’armée de l’air syrienne. Par contre, elle refuse toute invasion par des troupes au sol. La Coalition nationale syrienne critique le report de l’attaque par Obama, qui pour elle révèle un ‘‘manque de leadership’’ et démontre qu’Obama est un ‘‘président faible’’.

    On voit comme toujours énormément de confusion parmi les différents groupes de gauche. En Suède, les partisans des rebelles les plus proéminents au sein de la gauche, Gote Kilden et Benny Asman (tous deux membres du SUQI, Secrétariat Unifié de la Quatrième Internationale), ne s’opposent pas à une intervention américaine : ‘‘En tant que socialistes, nous ne sommes pas pacifistes, et ne renions donc pas à l’opposition le droit de dire oui à une intervention et d’en tirer un avantage militaire. L’opposition ne possède pas ce qu’elle désire le plus – ses propres armes afin de se défendre. Donc, bien entendu, nous ne nous opposons pas aux frappes aériennes à venir.’’ Ces partisans des rebelles sont passés à côté du fait que si la lutte en Syrie a bien débuté par une révolte populaire de masse, elle a depuis longtemps dégénéré en une brutale guerre civile avec des abus commis des deux côtés, tandis que les groupes djihadistes jouent un rôle de plus en plus grand dans la lutte contre el-Assad.

    Quel pourrait être le résultat d’éventuelles frappes aériennes ?

    Les frappes aériennes causeront d’énormes pertes civiles et encore plus de dégâts à l’infrastructure. Les “frappes de précision” et les attaques “sur mesure”, cela n’existe pas. Pour la population, cela signifiera plus de souffrances et d’incertitude.

    Pour l’armée syrienne, cela constituera un test très important. On a vu les armées irakienne et libyenne désintégrées dès le moment où elles ont été attaquées par la plus grande machine de guerre militaire du monde. Mais même l’intervention fort limitée en Libye a finalement duré plusieurs mois.

    Les faucons reconnaissent qu’une attaque entraînera des pertes civiles. Les missiles et les frappes aériennes causeront une destruction sans nom, alors qu’une attaque de courte durée ne va vraisemblablement pas permettre de chasser el-Assad du pouvoir ni de modifier le cours des évènements d’une quelconque manière. Mais si le régime est affaibli, les tensions entre les différents groupes rebelles vont s’accroitre. Le risque est donc de voir un chaos prolongé comme c’est le cas en Iraq ou comme on l’a vu au Liban pendant sa guerre civile.

    Les États-Unis et leurs alliés doivent en outre s’attendre à la vengeance des alliés de la Syrie, comme le Hezbollah libanais et l’Iran. Cela pourrait entraîner la propagation de la guerre à travers le Moyen-Orient, ce qui est d’ailleurs déjà en cours de préparation avec la hausse des attaques terroristes en Irak et au Liban.

    L’impérialisme américain sera encore plus détesté que jamais partout au Moyen-Orient. Le niveau de soutien accordé à cette attaque par la population occidentale sera plus faible que ce qu’il était au moment des guerres d’Irak et de Libye, et sera encore plus réduit dès le moment où les effets de cette guerre deviendront clairs.

     

    • Non à l’intervention impérialiste des États-Unis et de ses alliés en Syrie ! Retrait de toutes les troupes étrangères !
    • Construction de comités de défense non-sectaires d’auto-défense des travailleurs et des pauvres contre les attaques sectaires de tous les bords !
    • Droits nationaux, démocratiques et religieux pour l’ensemble des groupes ethniques !
    • Élections démocratiques pour une assemblée constituante révolutionnaire !
    • Pour une confédération socialiste volontaire du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord.
  • Tunisie : Liberté d’expression en danger !

    Deux rappeurs ont été condamnés pour avoir dénoncé la brutalité de la police – SOLIDARITE !

    Deux jeunes rappeurs tunisiens engagés ont récemment été condamnés à de lourdes peines de prison pour avoir écrit et chanté des textes critiquant la police ainsi que la corruption, le népotisme et la violence enracinés en son sein. L’un d’eux, “Weld El 15”, avait déjà été condamné en juin à deux ans de prison pour un de ses textes (‘‘El Boulicia Kleb’’ – ‘‘Les policiers sont des chiens’’), mais avait été libéré en juillet suite à l’indignation et aux actions de protestations que cela avait entraîné.

    socialistworld.net

    Précédemment déjà, alors que Klay BBJ était au Maroc, en février 2013, sa mère avait reçu la ‘‘visite’’ de deux policiers en civil qui lui avaient livré l’avertissement suivant : ‘‘Klay doit arrêter de faire des chansons qui parlent de politique.’’

    Le 22 août, les deux rappeurs ont été arrêtés alors qu’ils se produisaient sur scène à un festival à Hammamet. Weld El 15 a été violemment battu par la police face à la foule et, après sa libération, a dû se rendre à l’hôpital à cause de ses sérieuses blessures. Klay BBJ a quant à lui été tabassé durant sa garde à vue. Tous deux ont été relâchés après que leurs cartes d’identité aient été confisquées par la police. Une vidéo de la descente de police durant le concert peut être vue sur le lien suivant.

    Le 29 août, ils ont été inculpés et jugés par contumace pour avoir ‘‘agressé un agent de police en service’’, pour avoir ‘‘attaqué la morale publique’’ et pour ‘‘calomnies’’. Tous deux ont reçu un total de 21 mois d’emprisonnement. Ils n’avaient même pas été informés des charges qui pesaient sur eux ni du jour de leur jugement !

    Il s’agit d’un exemple très illustratif de la vague croissante de répression et de menaces qui s’est abattue sur un très large éventail d’opposants de gauche, d’artistes, de journalistes, d’intellectuels, de syndicalistes, etc., au cours de cette dernière période, de la part du parti d’Ennahda, le parti au pouvoir, et de ses sbires, de la police, des groupes salafistes et d’autres encore.

    Il s’agit aussi du cadre dans lequel il faut considérer la grève nationale organisée le 3 septembre dernier par le Syndicat national des journalistes tunisiens des stations de radio appartenant à l’Etat, qui se sont opposés à la nominations arbitraires de responsables à la solde d’Ennahda à la tête de ces médias et qui ont défendu la liberté de la presse contre la censure policière.

    Envoyez de toute urgence des lettres de protestation au ministère de la Justice tunisien afin d’exiger l’abandon des charges retenues contre Weld El 15 et Klay BBJ et pour défendre les droits fondamentaux d’expression contre les méthodes autoritaires du gouvernement de l’Etat tunisien et de la police : mju@ministeres.tn. Envoyez une copie de vos mails à cwi@worldsoc.co.uk.

    • Abandon de toutes les charges retenues contre Weld El 15 et Klay BBJ!
    • Pour la liberté de la presse, pour la liberté d’expression, pour le respect de tous les droits démocratiques !
    • Non aux menaces et aux attaques contre les opposants au régime d’Ennahda – Non à la brutalité policière!
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