Category: Europe

  • Grèce: "Oui, un choix différent existait"

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    Des politiques socialistes sont nécessaires, pas les accords avec la Troïka !

    Interview de Nikos Kanellis, Conseiller municipal à Volos (Xekinima/ section du CIO en Grèce) par Sascha Stanicic (SAV’/section du CIO en Allemagne)

    Comment voyez-vous l’accord entre l’UE et le gouvernement Syriza ?

    Pour nous il est clair que c’est un pas en arrière par rapport à ce que Syriza et Alexis Tsipras ont dit avant les élections.

    Le premier problème majeur est la dette. L’accord, signé par le gouvernement, dit que le gouvernement grec (c’est-à-dire les travailleurs) payera le montant entier de la dette (environ 320 milliards d’euros), c’est-à-dire plus de 170 % du du produit intérieur brut. Avant les élections Syriza disait que la dette doit être sérieusement réduite par une conférence internationale comme celle qui a eu lieu en 1953 réduisant la dette externe de l’Allemagne.

    Nikos sera présent en Belgique pour la journée  "Socialisme 2015" ce 28 mars.
    Nikos sera présent en Belgique pour la journée “Socialisme 2015” ce 28 mars.
    La deuxième question importante est que le nouveau gouvernement a accepté que toutes les politiques mises en œuvre au cours des quatre prochains mois auront à être acceptées et validées par la Troïka (l’UE, la BCE et le FMI). Cette dernière ne sera dorénavant pas appelée « la Troïka », mais « les Institutions ».

    De plus le gouvernement s’engage, par l’accord, à n’appliquer aucune politique qui annulerait les lois des mémorandum précédents (c’est-à-dire les lois d’austérité drastique). Cela signifie que le gouvernement sera sous la pression d’un chantage permanent de la troïka et que « le programme de Salonique » (les mesures immédiates pour les couches les plus pauvres de société qui ont été présentées et votées par Syriza en septembre 2014) est remis en cause. Le seul point positif de l’accord consiste à ce que les mesures de rigueur validées l’automne dernier par le gouvernement précédent et la Troïka ne se poursuivront pas.

    Y avait-il une autre alternative pour Tsipras et Varoufakis que d’accepter l’accord avec la pression du gouvernement allemand, Schäuble et cie. ?

    Oui il y avait une alternative, oui il y avait un choix différent ! La grande majorité de la population grecque était en faveur « d’une ligne dure ». C’est pourquoi des manifestations massives ont été organisées dans tout le pays, même dans de petites îles, en faveur du gouvernement et contre le chantage de la Troïka et particulièrement du gouvernement allemand. Les sondages à la hausse montrent que 70-80 % des Grecs ont soutenu le gouvernement grec dans cette « bataille ».

    Xekinima (section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Grèce), aux côtés d’autres forces et même avec quelques députés Syriza, a proposé que Tsipras en appelle à la population grecque et appelle à un référendum à propos du dilemme « l’euro et l’austérité ou l’anti-austérité, des politiques en faveur des travailleurs et le retour à la drachme (monnaie grecque avant l’euro) ? ».

    Nous croyons fortement que si cette question avait été posée à la grande majorité des travailleurs grecs et des pauvres, ils auraient choisi de rompre avec l’euro. Bien sûr, en même temps, nous avons expliqué que le retour à la drachme ne fournirait pas, en soi, de solutions à la crise du capitalisme grec et que des politiques socialistes devraient être mises en œuvre immédiatement pour mettre l’économie sur le chemin de la croissance et dans l’intérêt des travailleurs.

    Comment les gens voient-ils ces développements ? Le soutien pour le gouvernement est fortement monté après les élections mais cela va t-il changer maintenant?

    Une grande partie de la société grecque soutient toujours le gouvernement parce qu’ils le comparent au gouvernement précédent de la Nouvelle Démocratie/PASOK, un des gouvernements les plus détestés, répressifs et anti-ouvriers de l’histoire récente. Les gens sont un peu soulagés qu’il n’y ait aucune nouvelle mesure de rigueur à l’ordre du jour ! En même temps, c’est clair (particulièrement parmi les couches les plus radicalisées) que le gouvernement recule massivement sous la pression des classes dirigeantes allemandes, européennes et grecques. Il est clair que le gouvernement ne mettra pas en œuvre les mesures immédiates promises avant l’élection et qu’il essaie d’accepter un compromis avec l’ennemi de classe. Donc parmi de nombreuses parties de la société, il y a de la confusion et partiellement une déception. Et ceci se voit clairement par l’absence de participation massive aux manifestations récentes.

    Que proposez-vous que le gouvernement et la gauche grecque fassent ?

    Le gouvernement devrait immédiatement prendre des mesures contre « la crise humanitaire », la pauvreté généralisée et massive dans laquelle vit la grande majorité de la population. Il devrait aussi avancer, comme promis, le retour aux conventions collectives, la hausse du salaire minimum à environ 670 euros (net, après les prélèvements sociaux et taxes sur une base de 751euro brut) par mois et supprimer la taxe foncière qui pèse lourdement sur les familles ouvrières qui ne peuvent pas la payer et risquent de perdre leurs maisons. De telles mesures, même basiques, remporteront le soutien enthousiaste de la société grecque.

    En même temps, Tsipras devrait expliquer qui sont les véritables responsables pour la dette (les banquiers, les capitalistes, les classes dirigeantes grecque, allemande et européenne dans leur ensemble) et immédiatement arrêter de la payer. Alors ils devraient effectuer des politiques socialistes : la nationalisation des banques sous le contrôle et la gestion des travailleurs et engager un vaste plan d’investissements publics, planifier l’économie et la mettre sur le chemin de croissance. L’économie devrait être « protégée » de la spéculation et du sabotage du capitalisme grec et européen, par le contrôle des capitaux et le contrôle du commerce extérieur.

    Il est clair que Tsipras ne choisit pas ce chemin. C’est pourquoi la pression d’en-bas, de la classe ouvrière et d’autres mouvements sociaux, est cruciale. Les forces de gauche qui comprennent cette perspective et qui ne sont pas d’accord avec l’approche sectaire ultra-gauche du KKE (le parti communiste grec) et d’ANTARSYA (« la gauche radicale anticapitaliste ») ont des tâches cruciales et historiques. D’une part, ils doivent organiser un mouvement de masse pour faire pression sur le gouvernement. D’autre part, ils doivent se réunir, discuter, coordonner et expliquer aux couches larges parmi la population la nécessité de politiques socialistes pour commencer à construire une alternative politique de masse révolutionnaire-socialiste.

  • Le gouvernement Syriza défie l'austérité européenne

    griekenland-300x187Trois semaines après les élections du 25 janvier, 81,3% des Grecs donnaient une appréciation positive ou très positive de l’activité du nouveau gouvernement. À la mi-février, un sondage réalisé par la chaine Alpha TV estimait que SYRIZA pouvait compter sur 45% des voix (contre 36% le 25 janvier). Ces chiffres sont aussi impressionnants qu’inaccessibles aux autres gouvernements, même en rêve. Le contraste entre le gouvernement SYRIZA et les autres est saisissant, il ne peut que susciter l’intérêt et l’enthousiasme. Au lendemain des élections déjà, une vaste opération était lancée pour forcer le gouvernement grec à finir sur les genoux. Toute possibilité de compromis a rapidement été éliminée, les seules options sur la table étaient de se soumettre à la Troïka (Banque centrale européenne, Union européenne, Fonds monétaire international) ou d’emprunter une voie alternative, celle du socialisme.

    Dossier de Bart Vandersteene

    Qu’un gouvernement populaire instaure une alternative à l’austérité représente certainement le pire cauchemar de l’establishment capitaliste européen. Pour ce dernier, le gouvernement SYRIZA doit échouer. Dans cet objectif, tous les moyens possibles et imaginables seront utilisés. La Grèce a besoin de ressources pour son secteur financier toujours malade et afin de refinancer sa dette souveraine. Les ministres des finances européens, la BCE et le FMI tiennent leur couteau sous la gorge du gouvernement grec. Ce qu’ils réclament n’est rien de moins qu’une capitulation totale. Ils ne veulent pas seulement des concessions, ils exigent que les dictats de la Troïka qui figurent dans les deux memoranda (qui regroupent les conditions nécessaires à l’obtention de ‘‘l’aide’’ européenne par la Grèce) soient scrupuleusement respectés par le nouveau gouvernement. Cela signifie plus de privatisations et plus de coupes budgétaires dans les services publics et la sécurité sociale, très exactement les recettes qui ont plongé la Grèce dans un drame social aussi profond.

    ‘‘La folie, c’est se comporter de la même manière et s’attendre à un résultat différent’’, selon la définition d’Albert Einstein. Pour de nombreux commentateurs, la politique européenne de ces dernières années peut donc être qualifiée de furieusement cinglée. ‘‘Ma préférence serait accordée à la cessation complète des politiques qui ont échoué ces cinq dernières années’’(1) a écrit l’économiste Münchau dans le Financial Times. Les dirigeants européens sont-ils fous ou représentent-ils avant tout un système absurde? La première éventualité nécessite de choisir des politiciens moins déséquilibrés. La seconde représente à première vue un cas plus difficile, car il contraint à élaborer une stratégie destinée à balancer le capitalisme dans les poubelles de l’Histoire.

    Un gouvernement SYRIZA en conséquence des luttes

    Ce gouvernement et ses pratiques ne tombent pas du ciel. Ils sont nés de la plus profonde crise qui ait affecté un pays d’Europe occidentale depuis les années ’30 et de l’héroïque résistance de la population contre les programmes d’austérité dramatiques imposés par l’establishment politique et économique grec et européen.

    Pendant longtemps, les travailleurs et les jeunes ont placé leurs espoirs dans le parti social-démocrate le plus à gauche en Europe, le PASOK. Entre 1981 et 2009, ce parti de masse a systématiquement su s’attirer entre 38 et 48% des voix. Alors qu’en 2009, il récoltait encore 43,9%, six ans plus tard, seuls 4,7% des électeurs lui accordaient toujours leur confiance… Quand il a été clair que le PASOK défendait les intérêts des 1% les plus riches comme jamais à ce point auparavant, la sanction fut terrible. Les masses ont alors scruté l’horizon à la recherche d’une alternative. Si SYRIZA a su se faire remarquer, ce fut grâce à son attitude ferme et cohérente à l’égard de l’austérité. Le parti de gauche radicale a traduit sa volonté dans l’idée simple que la Grèce avait besoin de politiciens osant dire NON aux dictats de la Troïka et qu’un gouvernement de gauche serait en mesure de représenter les aspirations des Grecs ordinaires. En défendant ce message, SYRIZA est passé de 4,6% en 2009 à 16,8% en mai 2012, puis à 26,9% en juin 2012, à 36,3% en janvier 2015 et, selon les sondages, à 45% environ aujourd’hui.

    Ce gouvernement bénéficie également, du moins provisoirement, du soutien d’une couche de Grecs qui n’ont pas voté SYRIZA mais qui estiment que le parti fait tout pour tenir ses promesses électorales.

    C’est très différent de ce que les Grecs et nous-mêmes avons vécus… Ces engagements sont d’ailleurs impressionnants :

    – Il a promis de rompre avec la tradition de cupidité : les ministres voyagent en classe économique, ont revendu la couteuse flotte de véhicule des ministères et ont retiré les barrières Nadar qui encerclaient le parlement pour signifier que cette assemblée-ci n’avait pas à craindre la colère de la population.
    – Les grands symboles de lutte ont été récompensés. Les 600 femmes de ménage du ministère des Finances licenciées par le gouvernement précédent ont été réintégrées. Les autorités ont, de plus, expliqués que leur travail devait être plus valorisé, tandis que des ‘‘experts’’ financiers très couteux ont, quant à eux, été renvoyés.
    – Après des mois de résistance populaire, le nouveau gouvernement a promis d’enterrer le projet très polluant d’exploitation de mines d’or de la région de Chalkidiki par une multinationale canadienne.
    – Les personnes en retard pour rembourser leur prêt hypothécaire ne pourront plus être expulsées de leur maison et l’électricité ne peut plus être coupée.
    – Les travailleurs de la chaine radiotélévisée publique ERT, qui se sont battus durant des mois, sortent victorieux du conflit. L’ERT va à nouveau émettre et sera gérée par les structures que les travailleurs ont eux-mêmes construites durant le conflit.
    – Le salaire minimum a été restauré à 751 € par mois (les gouvernements précédents l’avaient diminué à 500€). Cela agit bien entendu comme pression à la hausse pour tous les autres salaires.
    – Les enfants d’immigrés nés en Grèce recevront la nationalité grecque.
    – Des fonctionnaires licenciés peuvent réintégrer leur emploi.

    Épreuve de force avec l’UE

    La date d’expiration du précédent Mémorandum arrivait en vue, le 28 février. Des négociations entre la Grèce et l’Union européenne ont donc eu lieu.

    Le nouveau ministre grec des Finances Yanis Varoufakis n’a pas vraiment pu compter sur des alliés lors des réunions avec les ministres des Finances européens. La Belgique, par la voix du ministre Van Overtveldt (N-VA), a rejoint la ligue des inflexibles pour qui il était hors de question de quitter la table sans une reddition grecque. L’Allemagne, la Finlande, les Pays-Bas et l’Autriche figuraient aussi dans ce groupe, au côté des pays baltes, de la Slovaquie et, plus étonnant, du Portugal, de l’Espagne, de l’Irlande,… Ces trois derniers pays se sont exprimés de manière particulièrement féroce contre tout compromis avec la Grèce. Pour ces gouvernements, qui ont eux aussi été sous la coupe de la Troïka, une victoire de la Grèce pour mettre fin à l’austérité serait dramatique. Une telle situation leur rendrait impossible de continuer à se cacher derrière l’adage selon lequel ‘‘il n’y a pas d’alternative’’ précisément au moment où des formations anti-austérité se développent dans leurs pays respectifs, avec Podemos en Espagne et l’Alliance Anti-Austérité en Irlande.

    Toute la question était de savoir dans quelle mesure ils parviendraient à forcer SYRIZA à faire des concessions. Depuis les élections de 2012, SYRIZA a déjà mis beaucoup d’eau dans son vin, il y avait donc suffisamment de raisons de croire que sa direction serait sensible à la pression et ouverte aux négociations. La menace de mettre à sec le gouvernement grec et les banques mais aussi l’absence de plan ‘‘B’’ pour SYRIZA a déjà conduit à pas mal de concessions.

    La Grèce a obtenu une prolongation de quatre mois de son programme de soutien. Mais en retour, son gouvernement a promis ‘‘de ne pas revenir sur les mesures des gouvernements précédents et de ne pas introduire de changements unilatéraux aux politiques et réformes structurelles qui auraient un impact négatif sur les objectifs budgétaires, la reprise économique et la stabilité financière, tels que déterminé par les ‘institutions’ [nouveau nom de la Troïka, ce terme étant trop compromis en Grèce]”.
    Le gouvernement de SYRIZA s’est de la sorte acheté un certain répit, mais il reste pieds et poings liés à un accord lui interdisant de réaliser une seule de ses nombreuses promesses électorales fondamentales. La Troïka continue de détenir tout le pouvoir entre ses mains.

    Un affrontement sur les défaillances de l’austérité européenne

    Les 18 autres ministres des Finances de la zone euro avaient pour objectif de maintenir la Grèce dans le carcan de l’austérité.

    Mais l’autorité de cette politique est mise sous pression, car elle se traduit par une période prolongée de très faible croissance, ce qui nécessite, à son tour, encore plus d’austérité. Il est frappant de voir comment les plus grands défenseurs du capitalisme mettent ainsi en garde les dirigeants politiques et économiques contre les conséquences de leurs actes. The Economist les a avertis que si Angela Merkel ‘‘continue à contrecarrer tous les efforts qui peuvent conduire à relancer l’économie et à éliminer la déflation, l’Europe sera condamnée à une décennie perdue qui sera encore plus débilitante que celle du Japon dans les années ‘90.’’ The Economist craint que cela ne provoque ‘‘une réaction populiste plus menaçante à travers l’Europe. Cela pourrait menacer la survie de l’euro et l’Allemagne en serait le plus grand perdant.’’(2)

    Même au récent Forum Économique Mondial de Davos, les discussions ont porté sur le thème ‘‘Comment sauver le capitalisme des capitalistes’’. Le ministre grec des Finances Varoufakis appartient à la catégorie d’économistes désireux de prioritairement sauver la croissance du capitalisme en repoussant les recettes néolibérales désastreuses. Un de ses collègues économistes travaillant pour le journal radicalement pro-capitaliste Financial Times lui a parlé en ces termes : ‘‘Mon conseil à Yanis Varoufakis serait d’ignorer les regards irrités et les menaces voilées et de tenir bon. Il est issu du premier gouvernement de la zone euro disposant d’un mandat démocratique pour se révolter contre un régime totalement dysfonctionnel qui a prouvé qu’il était économiquement inefficace et politiquement intenable. Si la zone euro veut survivre dans le système actuel, alors ce régime doit s’en aller.” (3)

    La direction politique actuelle de l’Union européenne ignore ce conseil. Elle s’accroche à la logique d’un capitalisme européen concurrentiel débarrassé des certitudes du passé : un emploi stable avec un revenu décent, une bonne sécurité sociale et des services publics. Selon elle, pour être capable de survivre face à la concurrence dans ce monde capitaliste globalisé, le taux de profit doit impérativement augmenter et les salaires doivent donc baisser. Afin de poursuivre la diminution continuelle des impôts sur les ‘entrepreneurs’, l’État doit être réduit à sa portion ‘adéquate’ et la dette publique doit être éliminée. L’Union Européenne et l’Union monétaire fournissent pour les capitalistes européens l’outil idéal pour créer une spirale négative de concurrence interne.

    Il n’est toutefois pas exclu que, sous la pression des mouvements de masse, l’Union soit obligée de changer son fusil d’épaule. Le succès du mouvement en Grèce et l’inspiration que cela entrainerait internationalement pourraient énormément accélérer le processus. Mais vers où? Si la règlementation concernant le déficit budgétaire devenait plus lâche et si les réformes néolibérales pouvaient être introduites plus tardivement, l’État pourrait à nouveau investir. Cela atténuerait certainement les souffrances actuelles de la population, sans pour autant offrir de solution fondamentale. L’impulsion que recevrait l’économie avec une baisse moins rapide du pouvoir d’achat de la population et des investissements de la part des autorités se verrait contrariée par la chute des investissements des capitalistes puisque le retour sur investissement ne se verrait pas amélioré. Il n’est pas possible de sortir de cette crise en restant enserré dans le carcan du capitalisme.

    SYRIZA tente-t-il de concilier l’eau et le feu ?

    Au cours des négociations avec l’Eurogroupe, Yanis Varoufakis semblait naïvement croire que ses arguments pouvaient l’emporter. La direction de SYRIZA n’était pas préparée au scénario d’une Union européenne inflexible et aucun plan ‘‘B’’ n’était prévu. La population n’était pas préparée à la situation telle qu’elle se profile.

    Xekinima, l’organisation sœur du PSL, milite activement en Grèce pour assurer que le gouvernement SYRIZA tienne bon et ne cède pas au chantage de l’establishment européen. Durant ‘‘Socialisme 2015’’ Nikos Kannelis (conseiller communal de Xekinima à Volos, élu sur une liste SYRIZA) nous donnera plus d’informations sur les développements cruciaux qui prennent place en Grèce et sur l’approche des marxistes révolutionnaires.
    Xekinima, l’organisation sœur du PSL, milite activement en Grèce pour assurer que le gouvernement SYRIZA tienne bon et ne cède pas au chantage de l’establishment européen. Durant ‘‘Socialisme 2015’’ Nikos Kannelis (conseiller communal de Xekinima à Volos, élu sur une liste SYRIZA) nous donnera plus d’informations sur les développements cruciaux qui prennent place en Grèce et sur l’approche des marxistes révolutionnaires.

    Durant sa campagne électorale, SYRIZA n’a pas abordé la thématique de la sortie de l’euro. Pour une grande majorité des Grecs, ce n’était pas une option à considérer jusqu’à tout récemment. Une bonne partie des Grecs estime spontanément que quitter l’Union monétaire, en restant sous le capitalisme, ne représenterait pas un pas en avant, voir même plutôt le contraire. L’establishment capitaliste européen sait pertinemment que la direction de SYRIZA n’a pas d’autre scénario en tête que celui de rester au sein de l’eurozone. Elle est par conséquent soumise à une énorme pression et reste sensible au chantage exercé sur elle.

    Les ambitions de ce gouvernement, répondre aux aspirations sociales et non aux dictats des banques, entrent en complète contradiction avec la législation et les visées de la zone euro. La direction de SYRIZA doit donc préparer la base du parti et la population à l’éventualité d’un Grexit (une sortie de la Grèce hors de l’eurozone) si le gouvernement grec reste fidèle aux principes qui l’ont conduit au pouvoir.

    Qu’importe que la Grèce se trouve en dehors ou au sein de l’Union européenne, la situation ne sera pas fondamentalement améliorée tant que les lois du libre marché et du capitalisme seront en vigueur. Sur base capitaliste, l’économie et les investissements ne peuvent positivement se développer qu’en générant des profits suffisants pour les 1% les plus riches. Cela est incompatible avec le programme de SYRIZA et avec les besoins des 99%.

    Le gouvernement doit préparer la population à une confrontation directe et lui soumettre une stratégie capable d’arracher la victoire. Oui, il faut négocier et tester les limites de ce qu’il est possible de faire dans le cadre des relations de forces actuelles au sein de l’Union européenne. Mais il faut parallèlement développer le mouvement social ainsi que son auto-organisation en Grèce de même qu’à l’étranger en s’engageant à répondre par une riposte sérieuse à chaque menace de mettre la population au pain sec et à l’eau. En réponse à la fuite des capitaux, il faut instituer un contrôle des capitaux. La collectivité a suffisamment payé pour sauver le secteur financier, autant qu’il soit placé sous contrôle et gestion publics. Voilà qui balayerait tout chantage financier en dégageant les moyens pour un vaste programme d’investissements publics. La menace des 1% de délocaliser les entreprises ou d’arrêter tout investissement afin de créer un cimetière social peut être coupée court par l’expropriation. Les secteurs clés de l’économie doivent être démocratiquement nationalisés avec pour objectif que la création des richesses soit utile à la majorité sociale et non pas consacrée à la maximisation des profits d’une infime minorité. Un tel programme offensif – traduit aux bons moments en slogans directs et en propositions concrètes – pourrait convaincre la majorité des Grecs d’emprunter la voie du socialisme et de préparer le terrain pour une Europe de la solidarité.

    À qui la faute?

    Un récent éditorial du Financial Times suggérait que la dette publique grecque réduisait le pays quasiment au rang d’esclave. ‘‘Pour être en mesure de rembourser ses dettes, la Grèce devrait fonctionner quasiment comme une économie esclave qui devra atteindre des années durant un excédent budgétaire primaire de 5% du PIB uniquement aux bénéfices de ses créanciers étrangers.’’ (4)
    La dette grecque est effectivement tel un roc pendu au cou de la population qui en supporte collectivement la charge. Cela est largement dû au casino financier mondial. L’un des endroits les plus lucratifs a longtemps été la Grèce. Les banques étrangères y ont engrangé de gigantesques gains spéculatifs année après année, tandis que les dettes ont été renvoyées à la population. Une autre portion de cette dette publique résulte du clientélisme instauré par l’élite politique et économique afin de graisser le système lui permettant de s’enrichir. L’exemple des Jeux olympiques organisés à Athènes en 2004 est particulièrement illustratif : les juteux contrats conclus entre les politiciens et leurs amis entrepreneurs ont finalement centuplé le montant initialement prévu pour l’organisation de l’évènement (11,5 milliards d’euros au lieu de 123 millions).

    De l’argent accordé à la Grèce par la Troïka, seuls 11% ont été utilisés pour soutenir les finances de l’État alors que la véritable crise humanitaire qui a lieu dans le pays a considérablement accru les besoins sociaux et que pendant ce temps, les 0,1% les plus riches n’ont pratiquement pas payé d’impôts. Le reste de l’argent prêté par la Troïka a totalement disparu dans le remboursement des dettes de jeu des requins du secteur financier international.

    La revendication de l’annulation de la dette publique doit être liée à celle de faire payer les véritables responsables. Grâce à la confiscation des profits spéculatifs, à l’imposition des fortunes et à la collectivisation du secteur financier, la société pourra récupérer ce qui lui a été volé. Ces exigences sont nécessaires pour répondre à la propagande qui vise à diviser les peuples d’Europe à l’instar de cette idée selon laquelle chaque Belge devrait payer les dettes des Grecs. Organisons la solidarité internationale avec leur lutte ! Une victoire remportée en Grèce renforcerait la lutte contre nos propres autorités austéritaires.

    Pour plus d’infos et d’analyses : Rubrique “Grèce” de ce site

    Notes

    1. Wolfgang Münchau; FT; 15 février 2015 Athènes doit tenir ferme contre l’échec des politiques de la zone euro
    2. The Economist, 31 janvier 2015, ‘‘ Go on, Angela, Make My Day’’
    3. Wolfgang Münchau; FT; 15 février 2015 Athènes doit tenir ferme contre l’échec des politiques de la zone euro
    4. Financial Times; 26 janvier 2015; La victoire électorale de SYRIZA est une chance de parvenir à un accord

  • Attaques terroristes à Copenhague

    Il faut une lutte unitaire contre les politiques de droite

    Les deux violentes attaques à l’arme automatique par un terroriste, le week-end dernier à Copenhague, ont fait 3 morts, blessé 5 policiers et laissé un pays en état de choc. Ces attaques doivent être clairement condamnées.

    Par Arne Johansson, Rättvisepartiet Socialisterna (section suédoise du Comité pour une Internationale Ouvrière)

    Au Danemark, comme en Suède et dans le reste de l’Europe, ces évènements ont naturellement ravivé les peurs de nouvelles attaques terroristes et d’augmentation du racisme, islamophobie comme antisémitisme. Il existe aussi un grand risque de montée des contrôles de police « radicalisés », de campagnes officielles contre toute forme de « radicalisme » et de surveillance d’état.

    La présence d’agents de police sur la scène des deux attaques a apparemment évité des désastres encore pires. C’était le cas lors de la première attaque, samedi après-midi, contre un meeting avec l’artiste suédois Lars Vilks, qui était menacé de meurtre depuis ses dessins du prophète Mohammed sous forme de chien. Puis, ce fut à nouveau le cas lors de la seconde, dimanche peu après minuit devant une synagogue du centre-ville de Copenhague où se tenait une Bat Mitzvah. Le choc et la peur de nouvelles attaques ont caractérisé la réaction de la communauté juive du Danemark et d’Europe.

    Des parallèles avec la France ?

    Ce schéma est d’une manière frappante similaire aux attaques terroristes à Paris, d’abord contre le magazine satirique Charlie Hebdo et ensuite contre un supermarché juif, même si cette fois elles semblent avoir été perpétrées de manière isolée par Omar Abdel Hamid El-Hussein. Ce dernier a, par ailleurs, été tué par la police dans la course-poursuite qui s’en est suivie. Deux jeunes hommes ont depuis été arrêtés, suspectés d’avoir aidé le tireur.

    L’assaillant était un natif danois de 22 ans, fils de réfugiés palestiniens, relâché de prison seulement deux semaines avant les attaques terroristes après avoir purgé une peine pour avoir poignardé un homme dans un train local. Omar El-Hussein aurait aussi été connu de la police antérieurement pour possession d’armes et des crimes liés à un gang.

    Il ferait aussi partie des 39 personnes listées « radicalisées » par le Service des Prisons et de la Probation danois. Il avait, entre autres, parlé ouvertement de son désir de partir en Syrie pour se battre pour « l’État Islamique ». Comme les terroristes français, il était donc déjà connu des services de renseignements de la police, le PET. Une heure avant la première attaque terroriste, El-Hussein avait aussi posté une vidéo prônant le djihad sur sa page Facebook.

    Deux personnes ont été tuées dans ces attaques. L’une était un réalisateur de films, à l’extérieur du meeting « Art, blasphème et liberté d’expression ». Un artiste anglais, une représentante du groupe féministe FEMEN et l’ambassadeur français, entre autres, participaient également à cet évènement. L’autre personne tuée est Dan Uzan, un garde du corps volontaire en dehors de la synagogue. « Je n’ose pas imaginer ce qu’il se serait passé si [le tireur] était entré dans le bâtiment », disait Dan Rosenberg Asmussen, présidant de la communauté juive, au journal danois EkstraBladet.

    Alors que les médias véhiculent l’image d’une attaque contre un meeting pour « la liberté d’expression », il est peu probable qu’il y aura une vague de réaction comparable à celle suite à l’attaque contre Charlie Hebdo. La « satire » de Lars Vilks et son comité de soutien sont perçus comme une dérision unilatérale de l’Islam. Une indication parlante des motivations de Vilks est la façon dont il explique sa propre présence à la Conférence islamophobe tenue à New York en 2012 sous le titre de « Stop à l’Islamisation des Nations ». Cela « faisait partie de son œuvre d’art », a-t-il dit. Quelles que soient ses opinions, cependant, elles ne justifient bien sûr pas l’attaque meurtrière contre son meeting, tout comme les politiques réactionnaires du gouvernement israélien ne peuvent justifier les tentatives de tuer des Juifs lambda dans une synagogue.

    Réactionnaires

    Des dizaines de milliers de Danois ont participé aux manifestations de lundi contre le terrorisme. Le premier ministre du Danemark, Helle Thorning-Schmidt, a parlé du besoin de transparence et de cohésion, similairement à ce que le président français, Hollande, a dit après les attaques terroristes à Paris. Cependant, le message opposé, celui de la surveillance d’État et de contrôle renforcés de la société, a lui aussi été donné.

    « Il y a des forces obscures qui veulent nous faire du mal et nous devons donc donner une réponse forte. Nous allons faire l’expérience d’un Copenhague qui parait différent pour quelque temps », a dit le ministre de la Justice, Mette Frederiksen.

    Le président de l’UE, Donald Tusk, a promis l’implantation rapide d’une stratégie commune contre l’extrémisme et le terrorisme. Les chefs des gouvernements de l’UE y ont donné leur accord il y a quelques jours seulement. Il comprend des propositions telles que l’enregistrement systématique des passagers aériens, des contrôles forts des frontières extérieures de l’UE et l’augmentation de la coopération entre les services de renseignements.

    La Suède

    Ainsi, en Suède, le ministre de l’Intérieur social-démocrate, Anders Ygeman, a annoncé un effort parallèle avec une nouvelle stratégie antiterroriste nationale pour accélérer encore la forte augmentation des fonds pour plus de forces de police, de renseignements, de surveillance et de protection des institutions et des personnes. Ce type de décision avait déjà suivi les attaques terroristes ratées en 2010.

    Le journal suédois Dagens Nyheter liste certains des arguments-clés de la stratégie nationale contre le terrorisme comme « des mesures préventives contre les gens qui se radicalisent et sont recrutés pour participer aux batailles terroriste, des investigations urgentes pour incriminer les départs pour la guerre de terreur, l’incrimination du recrutement, du financement et de l’organisation de ces trajets ». Ygeman parle aussi de chercher une possibilité de vidéo surveillance bien plus extensive dans le cadre des lois qui existent.

    Jusque maintenant, il n’y a pas eu de proposition de centres de tortures comme ceux utilisés par les USA à Guantanamo Bay ou ceux délocalisés dans les dictatures pro-occidentales. Mais les risques d’avancées vers un développement de l’augmentation du contrôle et de l’enregistrement des opinions dans les endroits habités par beaucoup de migrants s’ajoutent à la frustration déjà en germe.

    La rhétorique à l’emporte-pièce de l’ancienne dirigeante sociale-démocrate, Mona Sahlin, qui a été nommée coordinatrice nationale contre « l’extrémisme violent », est inquiétante. Sahlin veut que les professeurs, les travailleurs sociaux et les dirigeants religieux aident la police secrète à espionner les enfants et les jeunes à risques pour détecter l’extrémisme violent. À la radio, à la télévision et dans les journaux, elle met sans arrêt à égalité ce qu’elle appelle « les trois grandes idéologies de la haine » – le djihadisme, l’extrême droite et l’extrémisme de gauche. Et elle a des difficultés à distinguer les critiques vives de l’oppression par l’État israélien et l’antisémitisme.

    Rättvisepartiet Socialisterna (section sœur du PSL en Suède), comme d’autres organisations de gauche, a souvent participé aux manifestations contre la terreur d’État israélienne dans les bombardements de Gaza, par exemple, mais a une ligne très claire contre l’antisémitisme. Nous avons très rarement entendu des slogans ou toute autre expression d’antisémitisme dans ces manifestations, dans lesquels on retrouve d’ailleurs régulièrement une organisation appelée « Juifs pour la paix ».

    Sahlin n’a aucun sens de la proportion. En exprimant sa condamnation de la terreur djihadiste et du nazisme violent, elle ajoute que le slogan « l’antifascisme est l’auto-défense » (une phrase utilisée par certains antifascistes pour indiquer qu’ils sont prêts à résister physiquement aux attaques contre eux) est un exemple de l’extrémisme de gauche tout aussi dangereux et violent. Le racisme violent ne doit jamais être assimilé à l’auto-défense contre celui-ci !

    Les politiciens au pouvoir en Suède, tout comme au Danemark et dans l’UE, ne sont pas capables d’admettre leur propre responsabilité politique dans l’extrémisme violent, causé par leurs politiques étrangères comme intérieures. L’auteur des attaques à Copenhague – comme ceux en France en janvier – vient apparemment d’un quartier ouvrier avec un haut niveau de chômage.

    Des politiques étrangères provocatrices

    Le journaliste et auteur danois, Cartsen Jensen, a demandé dans un article après l’attaque terroriste si « le Danemark officiel » ne pourrait pas s’en prendre à lui-même, « une nation auto-radicalisante » qui a délibérément mis le cap vers la confrontation. Il s’interroge aussi si c’est juste une coïncidence que les étincelles de terreur se soient propagées de Paris directement à Copenhague.

    « Le Danemark, avec la Belgique et le Royaume-Uni, sont les seuls pays européens à avoir participé aux 4 guerres des 12 dernières années – Irak, Afghanistan, Libye et maintenant celle contre l’État Islamique », écrit-il. Il rappelle que le Danemark a aussi dans son parlement le Parti du Peuple Danois, de droite et fortement xénophobe, qui pourrait devenir le plus grand parti aux prochaines élections et dont les opinions réactionnaires ont été adoptées par la majorité des partis au parlement. Plus la Suède est intégrée à l’OTAN et impliquée dans ce genre de guerres catastrophiques, comme dans la guerre aérienne contre la Libye et la nouvelle mission au Mali, et plus la menace correspondante va augmenter en Suède aussi.

    Mais comme l’explique un porte-parole de l’initiative « Copenhague pour la diversité », « la marginalisation, la discrimination et l’humiliation par une minorité est aussi un terreau pour le terrorisme ». Un autre facteur est aussi que la prison est un environnement qui consolide et radicalise le sentiment d’aliénation. Il semble que c’est exactement ce qu’il s’est passé avec Omar El Hussein.

    Heureusement, il y a certains espoirs au Danemark de développement d’un mouvement pour une autre société. Par exemple, il y a des contre-manifestations bien plus grandes contre les tentatives d’établir une branche danoise du mouvement xénophobe et islamophobe Pediga, qui voulait établir les marches racistes les lundis dans plusieurs villes danoises. Un autre facteur important est que, comme le montre un sondage récent, le soutien pour Enhedlisten, de gauche (Liste Unité ou Alliance Rouge-Verte), continue d’augmenter. À Copenhague, il a atteint 20% et a gagné le statut de plus grand parti de la capitale.

    À l’encontre des campagnes des partis dominants contre « toutes les formes d’extrémismes », il est important pour la gauche, tout en défendant le droit à la liberté de parole et d’expression, d’appeler à une lutte unie contre le terrorisme, le racisme, les politiques de droite et les guerres impérialistes. Les politiques socialistes sont nécessaires pour créer des emplois et des logements pour tous, via la nationalisation et la planification, de façon à en finir avec l’attirance des jeunes appauvris vers le terrorisme et la violence.

  • Arrestation d’activistes en Irlande : Interview de Paul Murphy

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    Plus d’une vingtaine d’activistes anti-austérité ont été arrêté une journée durant en Irlande, à partir du lundi 9 février dernier (voir nos articles à ce sujet). Parmi eux se trouvaient plusieurs mineurs d’âge, ainsi que le député Paul Murphy. Jeudi dernier, plus de 1.000 personnes se sont réunies face au ministère de la Justice pour protester contre ces arrestations éminemment politiques. Dans cette interview, réalisée pour le site socialistworld.net, le député de l’Anti-Austerity Alliance (AAA) et du Socialist Party (section irlandaise du Comité pour une Internationale Ouvrière et parti-frère du PSL) Paul Murphy nous parle de cette vague d’arrestations qui a frappé le milieu des opposants à la taxe sur l’eau.

    Plusieurs activistes ont été arrêtés dans le cadre de leur implication dans la campagne contre la nouvelle taxe sur l’eau qui vise à mettre fin à la gratuité de l’eau dans le pays. Pourquoi ne vous a-t-on pas simplement envoyé une citation à comparaître ?

    Vous pouvez tous nous arrêter, nous ne reculerons pas!
    Vous pouvez tous nous arrêter, nous ne reculerons pas!

    La procédure normale est effectivement de contacter les témoins ou les suspects et de convenir d’un rendez-vous pour un interrogatoire. C’est en tout cas ce traitement qui a été appliqué aux politiciens corrompus et aux banquiers interrogés ces dernières années au cours des enquêtes liées à l’effondrement du système bancaire. Comparer les traitements réservés aux super-riches et aux activistes contre la taxe sur l’eau est extrêmement révélateur des véritables priorités de la classe dirigeante et de la nature de l’Etat. Récemment encore, il a été révélé que des milliards d’euros sont cachés en dépôt dans des comptes bancaires secrets suisses détenus par des citoyens irlandais, à la banque HSBC. Les autorités irlandaises ont décidé de ne pas poursuivre ces fraudeurs alors que les grands moyens ont été utilisés pour charger les manifestants opposés à la taxe sur l’eau.

    Environ 100 agents de police ont arrêté une vingtaine de personnes pour avoir participé à une manifestation qui a bloqué la voiture de la vice-première ministre quelques heures, parmi lesquels trois élus de l’Anti-Austerity Alliance (AAA) et des militants locaux. La police est intervenue au domicile des militants, avant 7 heures du matin, les sortant de leurs lits pour les arrêter en face de leurs familles. Il s’agit clairement d’un acte politique destiné à criminaliser les manifestants et à décourager les gens de participer aux actions de protestation dans la période à venir. On a pu lire dans les médias que la police a l’intention de poursuivre les arrestations un certain temps. Parmi les personnes arrêtées, on trouve des adolescents de 14, 15 et 16 ans qui se préparaient à se rendre à l’école quand la police a débarqué chez eux. Cela instaure un climat de peur dans les quartiers où vivent ceux qui ont participé à la manifestation.

    Quelles sont les accusations retenues contre eux ?

    Les manifestants ont été arrêtés sous l’accusation de ‘‘séquestration’’. Il s’agit d’une accusation très grave qui revient quasiment au même qu’un enlèvement. La peine encourue peut atteindre les 15 ans de réclusion. S’ils s’appuient sur cela, ils n’iront nulle part. Mais ils peuvent encore faire appel à d’autres accusations comme infraction à l’ordre public.

    Quel est le contexte politique derrière ces arrestations ?

    Rassemblement de solidarité avec les militants arrêtés.
    Rassemblement de solidarité avec les militants arrêtés.

    Cette répression n’est pas arrivée par accident. La nouvelle taxe sur l’eau a conduit à une véritable explosion sociale ces derniers mois. En octobre, 100.000 personnes ont manifesté dans les rues de Dublin contre la taxe et d’autres manifestations de masse ont suivi en novembre et décembre. De très nombreux groupes locaux se sont organisés pour développer la campagne contre la taxe.

    En avril, les premières factures doivent parvenir aux ménages. Nous les invitons à boycotter ces factures, à refuser de les payer. Un boycott de masse instaurerait une sérieuse pression sur le gouvernement. L’enjeu est sérieux, et le gouvernement le sait. Voilà la raison derrière ces arrestations : tenter d’endommager le mouvement.

    Le Premier ministre irlandais, Enda Kenny, a déclaré que les actions de protestations concernent bien plus que la taxe sur l’eau. C’est au moins une chose sur laquelle nous pouvons être d’accord avec lui. Depuis 6 ans, une austérité des plus vicieuses a frappé le pays, imposée par les gouvernements irlandais successifs et par la Troïka. Les conditions de vie des travailleurs ont gravement été érodées. Les services publics ont été dévastés, les écoles et les hôpitaux sont en crise profonde. Le nombre de sans-abris atteint des records. Les plus vulnérables ont été les plus durement touchés, des milliers de personnes ont été plongées dans la pauvreté. La jeunesse a été poussée à émigrer à la recherche d’un meilleur avenir à un point inédit depuis la Grande Famine qui a touché le pays au milieu du 19ème siècle. Une gigantesque colère a ainsi été construite et la taxe sur l’eau, sans mauvais jeu de mot, a été la goutte qui a fait déborder le vase.

    Ce mouvement est une menace majeure pour l’establishment politique pro-austérité. Le gouvernement tombera très certainement si cette taxe peut être vaincue. Il est crucial de complètement changer la situation pour rendre extrêmement difficile à tout autre gouvernement de poursuivre l’application des politiques d’austérité. La chute du gouvernement actuel constituera un atout majeur pour l’avenir en ayant donné confiance dans la résistance active contre l’austérité et dans la lutte pour un autre type de société, où les besoins de la population seraient prioritaires.

    L’Irlande peut-elle rejoindre la Grèce et l’Espagne dans la lutte contre l’austérité ?

    La presse internationale se fait l’écho de la fable selon laquelle l’Irlande serait la ‘‘succes story’’ de la Troïka. C’est ce que veulent nous faire croire la Commission européenne, le gouvernement irlandais et les gouvernements austéritaires européens. Ce n’est tout simplement pas le cas. L’économie irlandaise se trouve dans une situation très précaire et la dette connait un record. Le remboursement de la dette publique et des intérêts paralyse l’économie : 8 milliards d’euros y sont consacrés chaque année.

    Parfois, on peut même entendre dans la presse internationale que les Irlandais se sont pliés de bonne grâce à la ‘‘médecine dure’’ de la Troïka. Encore une fois, c’est un mensonge. L’opposition à l’austérité a été massive mais, malheureusement, un mouvement de masse n’a jamais pris corps, en grande partie à cause du rôle de frein joué par les dirigeants syndicaux.

    L’élection du gouvernement Syriza en Grèce et la croissance de la gauche dans les sondages en Espagne a donné un véritable coup de fouet au mouvement contre la taxe sur l’eau et contre l’austérité en Irlande. Toute cette idée selon laquelle il n’y aurait pas d’alternative à l’austérité a reçu une claque sévère.

    Cela a ouvert un large débat au sein du mouvement contre la taxe sur l’eau au sujet de ce qui est possible à réaliser en termes d’alternative. Il est essentiel d’assurer que – à l’instar de ce qui s’est produit en Grèce et en Espagne – ce mouvement se traduise également politiquement. L’Anti Austerity Alliance veut relever ce défi politique en réunissant activistes locaux et militants syndicaux. Nous avons également appelé à ce que les divers groupes anti-taxe qui se sont développés à travers le pays considèrent également de présenter des candidats aux élections. Si cela se produit, l’opportunité d’une percée électorale importante serait réelle et cela représenterait un grand pas en avant dans la construction d’une voix politique pour la classe des travailleurs dans les années à venir.

  • La Pologne secouée par la plus grande lutte ouvrière depuis des années

    mines_polognesLe secteur des mines de charbon polonais a été secoué par deux grandes grèves en moins d’un mois. Deux des trois plus grandes compagnies minières, qui représentent une main d’oeuvre de 80.000 sur 100.000 mineurs de fond, ont été touchées par les grèves. La grève dynamique à Kompania W?glowa a duré 10 jours (du 7 au 17 janvier) et celle de Jastrz?bska Spó?ka W?glowa, l’un des principaux producteurs de coke en Europe, était toujours en cours lorsque, le 12 février dernier, le tribunal a décidé que cette grève était illégale. Le charbon représente plus de 50% de l’énergie produite en Pologne. Le secteur est surtout basé dans la région de Haute-Silésie. Les mineurs constituent une section de travailleurs massive et concentrée avec une position stratégique dans l’économie qui peut donner une direction aux luttes du reste de la classe ouvrière.

    Par Wojciech Orowiecki, Alternatywa Socjalistyczna (section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Pologne)

    Le 28 janvier, une grève illimitée a commencé à Jastrz?bska Spó?ka W?glowa (JSW), une compagnie qui emploie environ 26.000 mineurs dans 4 mines. L’extraction du charbon s’est complètement arrêtée. L’étincelle qui a mis le feu aux poudres était le licenciement disciplinaire de 9 syndicalistes de la mine Budryk en raison de leur action de solidarité avec la grève de Kompania W?glowa. Cette attaque contre les droits syndicaux a été lancée pendant le vote sur la grève dans le but d’intimider les mineurs, mais cela n’a fait qu’augmenter leur détermination. En résultat, plus de 98% des mineurs ont voté pour la grève, et ont même décidé d’accélérer son lancement.

    Début janvier, la direction de JSW parlait d’un accord collectif qui leur permettrait de geler les pensions des mineurs et de faire des coupes dans leurs avantages sociaux. Les mineurs ont demandé le retrait de ce plan et la ré-embauche des syndicalistes licenciés. Ils ont aussi demandé la démission de la direction de JSW, les mêmes conditions pour les travailleurs de toutes les mines (les travailleurs de certaines mines ont actuellement des salaires moins élevés) ainsi que la liquidation de la filiale JSW Szkolenie i Górnictwo (qui est en pratique une agence d’emplois temporaires) et l’emploi direct de tous les ouvriers par JSW sans intermédiaire.

    Les membres des syndicats disent que l’atmosphère est combattive, les mineurs font entendre leurs revendications dans une escalade d’actions et d’occupations des lieux de travail. La direction de JSW a déclaré que la grève est illégale et menace de plus de licenciements. Cependant, dès le vendredi 30 janvier, sous la pression des mineurs déterminés, ils ont commencé à reculer et ont promis de revenir sur la décision de licencier les syndicalistes.

    JSW est à 55% une propriété d’Etat, le reste appartenant à des actionnaires privés Après la privatisation partielle, le revenu du président de la compagnie a augmenté de 400%.

    Grève de Kompania W?glowa – Compromis pourri

    C’est déjà la deuxième plus longues actions des mineurs cette année. Le 7 janvier, le premier ministre polonais, Ewa Kopacz, a annoncé un plan de « réforme » de Kompania W?glowa, qui emploie environ 50 000 personnes, la plus grande en Pologne. Le plan incluait la liquidation de 4 mines, la vente d’une mine à une autre compagnie et la création d’une nouvelle compagnie avec les 9 autres mines. Cela signifierait le licenciement d’environ 5000 ouvriers et le transfert de 6000 autres vers d’autres mines. La nouvelle compagnie devrait fonctionner « selon les principes du marché », c’est à dire en supprimant la plupart des primes, en instaurant les semaines de 6 jours de travail et autres attaques contre les droits des ouvriers.

    Le même jour dans la mine de Brzeszcze, une des mines qui doit être liquidée, un rassemblement a eu lieu où les travailleurs ont décidé de lancer une action. Plus de 100 mineurs ne sont pas remontés à la surface, et d’autres mineurs se sont plus tard joints à eux. La gréve s’est étendue le jour suivant à l’ensemble des 14 mines de Kompania W?glowa, et plus de 2000 mineurs ont pris part à l’occupation de la mine en sous-sol.

    Des actions avaient lieu en surface également. Les ouvriers du traitement du charbon et les employés administratifs (en majorité des femmes) ont commencé à occuper les lieux de travail. Les femmes qui travaillent dans l’industrie minière ont joué un rôle exceptionnel dans l’organisation des rassemblements de soutien et le blocage des routes. A partir du 8 janvier, les rassemblements et les blocages de routes dans les villes où des mines sont menacées se sont tenus presque tous les jours. A Brzeszcze, (une ville de seulement 11 000 habitants), jusque 3000 personnes ont participé aux manifestations. Dans d’autres villes minières, il y a eu des manifestations de 10 000 personnes. Les habitants de la région réalisent que la fermeture des mines signifie le chômage de masse et l’appauvrissement de la population. Cette lutte a montré la solidarité parmi les mineurs, les autres travailleurs du secteur minier et la société locale comme elle ne s’était pas vue depuis des années.

    Alternatywa Socjalistyczna (section polonaise du Comité pour une Internationale Ouvrière et parti-frère du PSL) appelle tout le monde à soutenir la grève des mineurs. Ensemble avec d’autres organisations de gauche et féministes et le syndicat Inicjatywa Pracownicza, nous nous sommes notamment joints aux piquets de solidarité le 14 janvier à Varsovie. Nous avons aussi produits des tracts pour les distribuer sur les lieux de travail dans différentes villes polonaises avec les revendications suivantes :

    • Non au plan de « réformes » du secteur minier du gouvernement
    • Préparation d’une grève générale régionale et construction du soutien pour une grève générale dans tout le pays
    • Nationalisation des mines et du système de distribution du charbon et de l’énergie sous contrôle ouvrier
    • Audit de la dette des mines et mise sous contrôle démocratique du prix de l’énergie et des profits des compagnies d’énergie
    • Pour une planification de l’économie démocratique et durable, pour l’intensification de la recherche sur de technologies de combustion écologiques. Pour une planification socialiste de la production qui permette des stratégies durables pour augmenter les sources d’énergie renouvelable et réduire les émissions de CO2 tout en conservant le rôle stratégique du charbon national.

    Beaucoup de travailleurs dans tout le pays ont compris la signification stratégique de cette bataille et ont montré de la solidarité envers les mineurs. Les syndicats de la chimie, des travailleurs de l’énergie et des infirmières ont exprimé leur soutien envers la grève, et les cheminots ont participé à la manifestation et ont aidé au blocage des camions le 12 janvier. Des actions de solidarité ont aussi été tenues dans les mines d’autres compagnies. Dans les sondages, 68% soutenaient les mineurs, et seulement 15% soutenaient le gouvernement. Le mardi 20 janvier, les représentants syndicaux de différentes branches se sont rencontrés pour décider du futur de l’action. Ils ont appelé à une grève générale.

    Pourtant les bureaucraties syndicales ont eu peur du développement de ce mouvement qui échappait clairement à leur contrôle. Le samedi 17 janvier, les dirigeants des syndicats de mineurs ont signé un accord avec Ewa Kopacz et ont annoncé triomphalement la fin de la grève. L’accord a été présenté comme une victoire pour les grévistes, pourtant il n’y a aucune garantie que les emplois et les avantages vont être maintenus.

    Cet accord prévoit de diviser une mine en deux pour en vendre une à une autre compagnie d’état, qui est sur le point d’être privatisée. 4 mines appartiendront à Spó?ki Restrukturyzacji Kopal? et pourront être reprises par des investisseurs privés. Les mines restantes de KW feront partie d’une compagnie nouvellement créée, ‘Nowej Kompanii W?glowej’.

    Ainsi, en pratique cet accord signifie davantage de division de KW et ouvre la voie à la privatisation de 4 mines. Ce n’est pas pour ça que les mineurs se sont battus ! Pendant la grève, il y a eu des déclarations de différents capitalistes qui ont vu la possibilité de racheter des mines pour une bouchée de pain. Bien sûr, ces soi-disant bienfaiteurs restructureraient alors les mines pour les rendre profitables. Pour les ouvriers des mines, cela n’amènerait que des licenciements et des pertes de revenus au nom des profits des nouveaux propriétaires privés. Il est possible que l’intention réelle derrière la liquidation des mines soit depuis le début de les vendre à prix réduit à des compagnies privées. De cette façon, le gouvernement Kopacz fait ce que toute une série de gouvernements a échoué à faire depuis des années – privatiser une partie du secteur minier et faire passer cela pour une concession envers les syndicats « trop exigeants ».

    L’accord ouvre la voie à de nouvelles attaques contre les conditions d’embauche des ouvriers des mines restantes, y compris l’introduction de la journée de 6 jours – les documents stipulent que ce serait « sujet à négociations ». En même temps, les documents déclarent que « les syndicats assureront des conditions pacifiques pour accompagner la réalisation du Plan de Réforme de Kompania W?glowa et la fin des actions des mineurs ». Cela montre à quel point la bureaucratie syndicale est coupée du vrai rôle d’un syndicat – la lutte pour les droits des travailleurs.

    Dans un texte suite à l’accord, AS écrivait : « La grève de 10 jours en Silésie a été la plus grande lutte des travailleurs depuis de longues années. Elle a montré la force de la classe ouvrière organisée et la possibilité d’une mobilisation immédiate de la population en solidarité avec les grévistes. Sous une direction plus décisive, cette lutte aurait pu renverser les attaques du gouvernement et amorcer la riposte contre les effets de 25 ans de capitalisme. Pourtant l’occasion a été manquée. La signature des accords avec les syndicats ne résout aucun des problèmes brûlants des mineurs.

    Pour garantir le contrôle sur leur grève dans le futur, les grévistes doivent créer leurs propres structures démocratiques, comme des comités de grève sur les lieux de travail et au niveau inter-lieu de travail, composé de représentants des ouvriers de tous les puits en grève. Toutes les décisions concernant la grève doivent être prises par ces organismes avec la plus forte participation possible de tous les grévistes. »

    Cela peut aussi s’appliquer à la lutte actuelle de JSW. Le licenciement de 9 syndicalistes à Budryk a été vu par beaucoup de travailleurs comme une rupture de l’accord (dans lequel le gouvernement promettait qu’il n’y aurait aucune conséquence disciplinaire contre les grévistes). Dans les mines de KW, des rassemblements sont maintenant tenus dans lesquels une partie des mineurs appellent à la reprise de la grève. Des actions dans les mines d’autres compagnies houillères ont été appelées le mardi 2 février. Les travailleurs de beaucoup d’autres secteurs ont aussi été radicalisés par les évènements des derniers mois. Ainsi la grève pourrait bientôt d’étendre à tout le secteur minier et à d’autres lieux de travail en Silésie.

  • Podemos, le Syriza espagnol ?

    podemosL’élection d’un gouvernement dominé par Syriza en Grèce a encouragé les forces de gauche anti-austérité à travers toute cette Europe ravagée par la crise, et même bien au-delà. Mais ce n’est nulle part plus le cas qu’en Espagne, là où Podemos, une force considérée comme le «  Syriza espagnol », prend de plus en plus d’ampleur.

    Par Danny Byrne, Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO)

    Les sondages mettent régulièrement Podemos en première ou deuxième position avec plus de 20% de soutien, menaçant la survie du système bipartite espagnol construit autour du Parti Populaire et du PSOE. Plus de 100.000 personnes ont encore tout récemment participé à la « marche pour le changement » qui a eu lieu à Madrid à l’appel de Podemos le 31 janvier dernier. L’année 2015 verra de nombreuses élections dans l’Etat Espagnol et Podemos sera à n’en pas douter une force avec laquelle il faudra compter.

    Podemos prévoit que son score va inexorablement augmenter dans ces élections jusqu’au point culminant de la prise du pouvoir. Même si la possibilité d’une majorité absolue paraît très mince, du moins à ce stade, les deux principaux partis capitalistes espagnols – le PP conservateur et le PSOE ex-social démocrate – pourraient être forcés de former une « grande coalition » destinée à freiner l’avance de Podemos. Une telle manœuvre ne ferait qu’accélérer la spirale mortelle de ces deux partis, tout particulièrement concernant le PSOE.

    A l’instar de Syriza, Podemos a frappé les esprits de millions de personnes qui l’ont considéré comme un outil potentiel pour en finir avec le cauchemar de l’austérité en Espagne et réclamer une vie digne après des années de déchéance. Podemos pourra-t-il tenir ses promesses et satisfaire ces aspirations ?

    Podemos était au devant de la scène lors du rassemblement de clôture de la campagne de Syriza, son dirigeant Pablo Iglesias rejoignant Alexis Tsipras dans son discours final aux cris de «  Syriza, Podemos, Venceremos » (« nous allons gagner » en espagnol). Cependant, alors que Syriza provient d’une alliance de groupes de gauche, Podemos a émergé en tant que nouveau mouvement, séparé des partis de gauche traditionnels.

    A bien des égards, le succès de Podemos est un produit de l’échec des organisations traditionnelles de la gauche et du mouvement des travailleurs. Alors qu’une nouvelle période de lutte des classes intense et de changement radical survenait, les directions de ces organisations – en particulier Izquierda Unida (Izquierda Unida, IU) – ont continué les vieilles politiques de collaboration et d’accords avec le système et les partis du patronat. Ainsi, pour les millions de personnes en lutte contre l’austérité (en particulier ceux qui viennent du mouvement d’occupations Indignados), la gauche traditionnelle et les syndicats paraissent plus comme étant une partie du système que comme une force qui mène la lutte contre celui-ci.

    Podemos est apparu comme une alternative avec un programme de gauche anti-austerité et un programme pour annuler la dette illégitime. Il a employé beaucoup de la phraséologie et des revendications des Indignados et d’autres mouvements sociaux et ne traîne pas la casserole d’avoir géré le système dans le passé, ce qui le rend attractif pour la nouvelle génération.

    « Le peuple »

    Centré autour de Pablo Iglesias et d’autres universitaires de gauche, Podemos a insisté sur l’existence de « la casta » – une caste politique corrompue de politiciens capitalistes. Cela a exploité le sentiment massif de rejet du capitalisme, exprimé par les Indignados dans un sentiment anti-parti. Podemos déclare représenter l’entrée « du peuple » dans la politique, par-dessus la tête des politiciens discrédités.

    Ses dirigeants ont mis Podemos en avant non pas comme un parti dans le sens traditionnel du terme, mais comme un « espace participatif » par lequel le peuple d’Espagne peut faire entendre sa voix politique dans son ensemble. Son fondement organisationnel n’est pas un réseau de sections ou de comités de la base, mais des « assemblées citoyennes » ouvertes à tous les citoyens espagnols. La direction de Podemos est élue par des primaires sur internet. Plus tard, des votes seront organisés concernant les questions politiques importantes sur base de consultations en ligne. Plus de 300.000 personnes se sont inscrites pour y participer.

    D’après ses dirigeants, cela signifie que « Podemos est le peuple ». Certaines contradictions sont toutefois présentes. N’y a-t-il pas une partie du peuple qui, plutôt que de vouloir en finir avec l’austérité, veut au contraire la défendre ? Il y a assurément des gens qui en bénéficient, comme les grands banquiers et les actionnaires à qui l’odieuse dette publique est payée, et qui font aprtie du « peuple ». Il est crucial pour le mouvement anti-austérité de comprendre que le peuple qui a besoin d’une voix politique, ce sont les travailleurs, les chômeurs, les jeunes, les pensionnés, etc. En d’autres termes, la classe des travailleurs prise au sens large, dont les intérêts vont à l’encontre de ceux d’un autre « peuple » : la classe capitaliste.

    Pour les révolutionnaires socialistes, impliquer la classe des travailleurs dans la politique signifie de les rendre actifs au sein de structures démocratiques qui permettent la discussion, le débat et la prise de décision collectifs concernant la politique et la stratégie du mouvement. Cela signifie bien plus qu’un simple clic occasionnel dans une élection ou un référendum en ligne.

    Podemos a des centaines de « cercles », ou sections, dans tout le pays, mais elles ont un rôle symbolique en ce qui concerne son fonctionnement. L’absence de cercles de masse dans les quartiers et les lieux de travail pour servir de briques à la construction de Podemos signifie qu’en pratique, il fonctionne vraiment du haut vers le bas. Podemos a une direction très restreinte – autour du secrétaire général Iglesias – qui décide de tout.

    Démocratie ?

    Cette manière de fonctionner, tout en se parant de phraséologie démocratique, assigne à la masse du peuple un rôle passif. Il s’agit d’un obstacle à la construction d’une force politique véritablement démocratique et massive pour la classe des travailleurs espagnole.

    Des dizaines de milliers de personnes sont sorties en rue pour « la marche pour le changement » pour finalement être simplement renvoyées chez elles après qu’on leur ait dit de voter pour Podemos quand le temps serait venu ! Une telle mobilisation aurait dû servir de point de départ pour un mouvement de masse durable de manifestations et de grèves destiné à renverser le gouvernement et à mettre fin à l’austérité. Une potentielle victoire électorale ne représente qu’un épisode de ce processus.

    La question est loin d’être académique étant donné les affrontements avec le big business et la Troika que provoqueraient l’adoption de mesures anti-austérité (comme cela s’est vu en Grèce). Tout gouvernement de gauche ne peut appliquer que les politiques qu’il est capable de défendre dans la rue et sur les lieux de travail. La mobilisation et l’auto-organisation de la classe des travailleurs est une préparation précieuse pour une telle éventualité.

    Les dirigeants de Podemos, reflétant d’une certaine façon ceux de Syriza, ont également viré vers la droite à mesure que leur soutien montait. Le programme initial de Podemos était un programme radical de gauche, qui promettait un revenu décent universel pour tous, le droit au logement et la nationalisation des secteurs stratégiques de l’économie. Cependant, au cours de ces derniers mois, les dirigeants ont modéré leur rhétorique, laissant tomber des promesses-clé comme la retraite à 60 ans et le non-paiement de la dette au nom du « réalisme » et du « contexte » international qui rend ces projets impossibles.

    Il est vrai qu’il existe un « contexte » qui agit contre les mesures nécessaires pour en finir avec la misère des travailleurs. Ce contexte, c’est celui de la domination continue des multinationales et des banquiers. Les marchés et les institutions (nationales comme européennes) vont agir contre tout gouvernement qui essaie de gouverner en faveur du peuple. Cependant, au lieu d’accepter cela et d’adapter son programme à ce qui est possible dans ce cadre, les mouvements de masse de la classe des travailleurs contre l’austérité ont besoin de lutter pour transformer ce contexte et briser ce cadre !

    Des politiques socialistes

    Seule l’organisation et la mobilisation de la classe des travailleurs et l’arrivée d’un gouvernement de gauche armé d’une politique révolutionnaire socialiste visant à remplacer la dictature des marchés par une démocratie des travailleurs basée sur la propriété publique démocratique des richesses peut faire face à cette tâche. Un tel gouvernement se lierait à la classe ouvrière de Grèce, d’Irlande, du Portugal et de toute l’Europe pour construire une fédération socialiste sur les cendres de UE capitaliste.

    Socialisme Revolucionario, l’organisation sœur du Parti Socialiste de Lutte dans l’Etat espagnol, lutte pour organiser un pôle révolutionnaire de la gauche, des travailleurs et des mouvements sociaux en défense d’une telle stratégie.

  • [VIDEOS] Rassemblement de solidarité avec la lutte anti-austérité en Grèce

    Voici ci-dessous une vidéo de la prise de parole de notre camarade Eric Byl lors de l'action de solidarité avec la résistance grecque contre l'austérité qui a eu lieu hier à Bruxelles, face à la Bourse. Eric a bien entendu abordé la situation en Grèce et la réaction de l'establishment capitaliste européen, mais il a aussi parlé de la résistance qui se développe en Irlande et de la nécessité de s'impliquer au maximum dans la lutte contre le gouvernement Michel et toute la politique d'austérité en Belgique. A la fin de son petit discours, Eric a été chaudement salué par Manolis Glezos, député européen de Syriza et héro national en Grèce. En mai 1941, il était monté au sommet de l'Acropole en compagnie d'un camarade afin de dérober le drapeau nazi qui y flottait depuis un mois, moment de l'entrée des troupes allemandes à Athènes. Il est par la suite resté très actif dans les luttes sociales et antifascistes.

    Éclairages sur la lutte contre la taxe sur l’eau en Irlande

    A la fin du rassemblement de solidarité avec les luttes du peuple grec, Eric a expliqué quels sont les enjeux du mouvement contre la taxe sur l’eau en Irlande dans le cadre d’un appel à la solidarité qui fait suite à l’arrestation de plus de 20 activistes la semaine dernière.

    Présentation du meeting international lors de la journée “Socialisme 2015”

  • Roumanie : 25 ans après la chute du stalinisme et l’avènement du capitalisme néolibéral

    roumanieUn nouveau parti anticapitaliste des travailleurs est nécessaire aujourd’hui.

    Par Vladimir Bortun, Socialist Party (CIO-Angleterre et Pays de Galles)

    Un quart de siècle s’est écoulé depuis que le régime de Ceausescu s’est écroulé dans ce qui a été le renversement le plus meurtrier des régimes staliniens d’Europe de l’Est. Où en est la Roumanie aujourd’hui après 25 années de capitalisme néolibéral ?

    Il n’y a aucun doute sur le fait que le régime de Ceausescu a été, tant au niveau politique qu’économique, le régime « communiste » le plus dur en Europe de l’Est, après la dictature de Hoxha en Albanie. Le régime stalinien en Roumanie a suivi une trajectoire circulaire. Les années 50 ont été marquées très fortement par le stalinisme à travers une collectivisation forcée et une politique de terreur. Les années 60 (arrivée de Ceausescu au pouvoir) ont apporté des standards de vie relativement corrects et un certain assouplissement de l’oppression bureaucratique – c’était la période « libérale » du stalinisme roumain qui a perduré jusqu’à la fin des années 70. Et finalement, les années 80 ont été une période de régression, aussi bien en termes de standards de vie que de liberté politique. Alors que l’économie était accablée par la dette étrangère et par des politiques intérieures inefficaces, la dictature du culte de la personne de Ceausescu asphyxiait de plus en plus l’espace public. Bien entendu, cette histoire conventionnelle et plutôt simpliste du « communisme » roumain ferme les yeux sur les complexités de chaque période : par exemple, les années 50 signifiaient aussi que pour la première fois dans leur vie, des millions de paysans ont eu accès à des soins de santé et l’éducation pour leurs enfants. Mes arrières grands-parents étaient de ceux-là.

    Cependant, alors que la dernière décennie de stalinisme en Roumanie était marquée à la fois par une augmentation de privations matérielles (y compris la pénurie de denrées alimentaires basiques telles que la viande et le lait) et par une oppression politique, les gens qui sont descendus dans les rues de Timisoara et puis de Bucarest en décembre 1989 ne réclamaient pas le capitalisme ou le libre-marché du laissez-faire. A l’instar des mineurs de Valea Jiului (la principale région minière de Roumanie) en 1977 ou des ouvriers de Brasov 10 ans plus tard, les participants de la révolution de 1989 réclamaient au départ la liberté d’expression et de meilleures conditions de vie. Concernant les lendemains de 1989, ils ont sans aucun doute obtenu la liberté politique mais très peu d’entre eux ont eu de meilleures conditions de vie (et on sait que la première a peu de valeur sans la seconde). La majorité des travailleurs qui sont descendus dans la rue en décembre 1989 ont vu leur emploi disparaitre dans les énormes vagues de fermetures d’entreprises et de privatisations qui ont touché l’industrie roumaine les vingt années suivantes. Privés non seulement de leur emploi mais aussi du sens d’appartenir à une société postcommuniste, ils sont devenus les principaux perdants d’une révolution qui a été possible grâce à eux et pour laquelle ils ont risqué leur vie. Et par conséquence, ce sont principalement eux qui aujourd’hui montrent des signes de nostalgie envers la période communiste – qui contrairement à aujourd’hui était une époque où eux et leur famille avaient une sécurité d’emploi, un logement, des soins de santé et l’éducation (qui bien sûr n’est pas suffisant, mais au moins nécessaire !).

    Il y a eu une chute brutale des conditions de vies juste après le processus brutal de privatisation et, particulièrement après 2009, lors des mesures d’austérité impitoyables. Cependant, ce qui a été tout aussi frappant, c’était le manque cruel d’opposition dans ce processus. D’un côté, le seul parti (supposé) de gauche important dans le pays, le Parti Social Démocrate (indiscutablement l’héritier du Parti Communiste), a appliqué avec enthousiasme les politiques néolibérales exigées par l’establishment capitaliste occidental.
    Au pouvoir pendant 12 des 25 dernières années (1990-1996, 2000-2004, et depuis 2012), le PSD a été un parti marqué par la corruption et l’oligarchie, avec une vision de plus en plus nationaliste, qui continue à appliquer l’agenda néolibéral de l’Union Européenne, des USA et du FMI. D’un autre côté, le mouvement syndical a été très largement marqué par une passivité sans cesse croissante, principalement due à la corruption de ses dirigeants et à leur lien fidèle avec le PSD. Ceci s’est exprimé au grand jour lors du plan d’austérité de 2010 – le plus dur en Europe de l’Est, avec 15% de coupes dans les pensions et les allocations sociales, 25% de coupes dans les salaires du secteur public, et la fermeture de plusieurs hôpitaux – contre lequel les syndicats ont montré très peu de résistance (les coupes dans les pensions ont été finalement déclarées illégales par la Cour Constitutionnelle de Justice).

    Mais pendant que le virage à droite du Parti Social Démocrate et des syndicats du pays est le reflet d’une tendance globale qui a caractérisé les 30 dernières années, au même moment il y avait une complicité discursive des élites intellectuelles et de la « société civile » en général qui a mené à l’hégémonie du néolibéralisme en Roumanie de façon rapide et radicale. Mettant sans cesse en avant une forme fondamentaliste d’anticommunisme (sans qu’il y ait une opposition « communiste » de gauche) et une allégeance dogmatique au capitalisme néolibéral, l’establishment intellectuel et civil de Roumanie a fourni la légitimité nécessaire pour appliquer les principes de base du néolibéralisme : privatisation, dérégulation, baisse des charges fiscales, coupes dans les dépenses publiques et attaques contre les droits des travailleurs etc. Le dogme néolibéral est devenu le paradigme incontesté dans la sphère publique roumaine – un prétendu nouveau « bon sens » auquel seuls pouvaient s’opposer des idiots ou des « crypto-communsites ».

    Cependant, l’hégémonie néolibérale a commencé à être mise à mal au cours de ces cinq dernières années par l’émergence de mouvements sociaux et intellectuels de gauche, tels que « CriticAtac » et le Front Commun pour le droit au Logement de Bucarest et « tranzit.ro » de Cluj (la deuxième ville de Roumanie). Avant tout, ces groupes ont commencé à reconstruire et re-populariser l’idée d’être de gauche en Roumanie, sans être immédiatement assimilé au stalinisme (ce qui se produit encore très souvent malheureusement). De plus, les protestations antigouvernementales de janvier 2012 qui ont éclaté suite au plan du gouvernement de centre-droite de privatiser le service des urgences médicales ont finalement amené à la démission de ce gouvernement (le même qui avait mis en œuvre les mesures d’austérité brutales en 2010). Ces contestations étaient indiscutablement les premières depuis la chute du stalinisme où l’on a pu voir et entendre publiquement en Roumanie des messages explicitement anticapitalistes et particulièrement contre le néolibéralisme. De tels messages ont eu plus d’impact en septembre 2013, quand des gens sont descendus dans la rue de Bucarest et de Cluj pendant plusieurs semaines pour protester contre le projet d’exploitation d’une mine d’or par une société canadienne, projet qui aurait eu des conséquences catastrophiques sociales et écologiques. Ces protestations se sont avérées être les plus massives en Roumanie depuis ces vingt dernières années. Elles ont fini par forcer le Parlement contrôlé par le PSD à rejeter le projet qui avait été soutenu auparavant par ce même parti à la tête du gouvernement.

    Plus récemment, le candidat du PSD lors des élections présidentielles de novembre dernier, l’actuel Premier Ministre, Victor Ponta, à la surprise générale a perdu au deuxième tour après une campagne extrêmement arrogante qui a aliéné une grande partie de la jeunesse et de la classe moyenne. Le gagnant a été le candidat de la coalition de centre-droit, l’Alliance chrétienne-libérale, Klaus Johannis. Jouissant de ses succès en tant que maire de Sibiu (une des principales villes de Transylvanie et capitale culturelle européenne en 2007) et issu de la minorité allemande, Johannis a été vu comme l’« outsider » qui reformera le système politique roumain pour un « nouveau départ ».

    Cependant, Johannis a été le candidat d’une coalition formée par le Parti Libéral Démocrate et le Parti Libéral National – deux partis néolibéraux, membres du Parti Européen Populaire, et encore plus loyal que le PSD aux intérêts du grand capital. Il est très probable que Johannis sera juste un autre allié fiable pour l’establishment néolibéral occidental en Europe du sud-est (comme un ami me l’a dit, la seule différence est que le nouveau président roumain pourra prendre les ordres de Merkel sans avoir recours à des traducteurs).

    Suite au troisième échec consécutif du PSD dans sa course aux élections présidentielles après avoir mené une campagne plutôt de droite-populiste, il y a un débat en cours, principalement sur Internet, à propos de la nécessité d’un nouveau parti pour la gauche roumaine. Beaucoup de commentateurs appellent à la création d’un parti de centre-gauche pragmatique qui défendrait les idées « sociodémocratiques » trahies par le PSD. Bien que ce dont la Roumanie a besoin tout de suite c’est d’un parti de gauche radicale qui s’opposerait au néolibéralisme en particulier, et au capitalisme en général. Bien sûr, un tel parti lierait le besoin de renverser le capitalisme à des campagnes et un programme axés plus sur des revendications spécifiques, telles que le salaire minimum, des logements sociaux ou les droits des travailleurs. Mener à bien des campagnes sur de telles revendications qui pourraient facilement attirer de nombreuses personnes, aiderait à mobiliser de larges couches de travailleurs et de jeunes et accroitrait la compréhension de la nature du système et le besoin de le renverser.

    L’histoire du vingtième siècle a prouvé qu’aucune réforme n’est pérenne sous le capitalisme ; au contraire, chaque réforme est une concession temporaire de la part d’une classe dominante menacée qui cherchera à se débarrasser des réformes aussi vite qu’elle le pourra (et la crise économique actuelle fait partie des ces opportunités-là). Donc, comme partout ailleurs, le but ultime d’un tel parti serait de remplacer le capitalisme par une économie démocratiquement contrôlée – une économie gérée par tous et dans les intérêts de tous.

    Bien que le lourd héritage du stalinisme et les 25 années de l’hégémonie du capitalisme rendent compliquée en Roumanie la tâche d’une opposition au capitalisme avec une position socialiste, aujourd’hui nous sommes sans aucun doute témoins du moment le plus favorable depuis la Révolution de 1989 pour prendre en main une telle tâche et tous les défis que cela implique.

  • La police irlandaise utilisée contre les protestations anti-austérité, mais la résistance se développe

    paularrested-300x160Ce lundi, le député irlandais Paul Murphy (élu de l’Anti Austerity Alliance et membre du Socialist party, le parti-frère irlandais du PSL) a été arrêté de même que deux conseillers municipaux et un autre activiste (voir notre article à ce sujet). Le lendemain, quatre nouvelles arrestations d’activistes ont à nouveau eu lieu. Ce fut pareil le mercredi et le jeudi, des mineurs ont même vu la police débarquer chez eux pour les emmener au poste.

    A chaque fois, les militants arrêtés ont été libérés après une journée en cellule. La police est utilisée dans l’objectif clair de tenter de briser la résistance de masse qui se développe depuis plusieurs mois contre la Taxe sur l’eau ou au moins pour essayer de miner le soutien au mouvement. Une instrumentalisation aussi ouvertement politique de la police est remarquable.

    La répression ne s’arrête pas là. Lorsque, de retour au Parlement, Paul Murphy a voulu interpeller le Premier ministre irlandais au sujet de cette action policière, il a été immédiatement réprimandé par le président du Parlement, qui a même exigé que l’on coupe le micro de Paul. Ce sont là des tentatives désespérées de mettre fin à une résistance anti-austérité tout à fait légitime. Mais le soutien aux militants arrêtés se développe. L’acteur Russell Brand a notamment publié une vidéo dans laquelle il proteste contre l’arrestation de Paul et appelle à soutenir la campagne de boycott de masse de cette taxe qui représente une nouvelle charge de plusieurs centaines d’euros par an pour chaque ménage.

    La presse francophone a également fait écho à cet événement. Nous avons déjà parlé sur ce site de l’article du Monde (En Irlande, l’Alliance anti-austérité rêve de marcher dans les pas de Syriza et Podemos), mais il y a également eu des articles sur le site de l’Humanité (Paul Murphy arrêté), d’Europe1 (Irlande : AAA, ce parti anti-austérité sur les traces de Syriza) et du site lepetitjournal.com (POLITIQUE – Paul Murphy arrêté hier matin par la Garda).

  • [PHOTOS] Grèce : Aucun pas en arrière!

    Alors que diverses actions de solidarité étaient menées dans diverses villes européennes hier, et notamment à Bruxelles, les mobilisations n'ont pas faibli en Grèce non plus pour s'opposer au chantage de la Troïka. Nos camarades grecs de Xekinima ont bien entendu activement participé à ces rassemblements combatifs. Les photos ci-dessous proviennent de Thessalonique. Plus de 10.000 personnes étaient présentes et nos camarades de Xekinima y disposaient d'un bon contingent. Leur bannière proclamait : “Aucun pas en arrière – répudiez la dette – nationalisez les banques – pour un contrôle social et ouvrier”.

    A Bruxelles, un nouveau rassemblement de solidarité prendra place ce dimanche, à 12h, à la Bourse.

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